La Pratique de L'accouchement Naturel Par Les Sages-Femmes: To Cite This Version
La Pratique de L'accouchement Naturel Par Les Sages-Femmes: To Cite This Version
La Pratique de L'accouchement Naturel Par Les Sages-Femmes: To Cite This Version
sages-femmes
Méganne Pajot
UNIVERSITE DE CLERMONT-AUVERGNE
UNIVERSITE DE CLERMONT-AUVERGNE
Je tiens à remercier toutes les personnes qui m’ont soutenue et épaulée lors de ce travail
de recherche et plus particulièrement :
❖ Toutes les sages-femmes ayant participé à cette étude. Je vous remercie d’avoir partagé
vos expériences, ce fut un plaisir d’échanger avec vous et de découvrir la richesse de
vos pratiques.
❖ Ma famille pour son soutien tout au long de ces études. Merci d’avoir cru en mes
capacités et de m’avoir toujours épaulée.
❖ Mr Benoît Chastanet pour ses nombreuses relectures et son aide précieuse dans la
réalisation de ce mémoire.
❖ Mes amies de promotion Janys, Elodie, Elsa et Lou pour tous les beaux moments passés
ensemble durant ces années d’études.
Liste des abréviations
- AAD : Accouchement à Domicile
- AI : Auscultation Intermittente
- ANSFL : Association Nationale des Sages-Femmes Libérales
- APAAD : Association professionnelle de l’accouchement accompagné à domicile
- APD : Analgésie Péridurale
- ARCF : Anomalie du Rythme Cardiaque Fœtal
- CTG : Cardiotocographe
- CIANE : Collectif Interassociatif Autour de la Naissance
- CNGOF : Collège National des Gynécologues-Obstétriciens Français
- CU : Contraction Utérine
- DD : Décubitus Dorsal
- DI : Détroit Inferieur
- DL : Décubitus Latéral
- DM : Détroit Moyen
- DS : Détroit Supérieur
- DREES : Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques
- EE : Effort Expulsif
- HAS : Haute Autorité de Santé
- HDD : Hémorragie de la Délivrance
- INSEE : Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques
- LOSA : Lésions Obstétricales du Sphincter de l’Anus
- NICE : National Institute for Health and Care Excellence
- OMS : Organisation Mondiale de la Santé
- PT : Plateau Technique
- RCF : Rythme Cardiaque Fœtal
- SF : Sage-Femme
- TV : Toucher Vaginal
- VP : Variété Postérieure
Table des matières
Introduction .............................................................................................. 2
Résultats .................................................................................................. 25
I. Caractéristiques de la population étudiée ............................................... 25
Discussion................................................................................................ 46
I. Atteinte des objectifs ............................................................................... 46
Conclusion .............................................................................................. 59
Bibliographie ..............................................................................................
Annexes .......................................................................................................
1
Introduction
L’approche de la naissance a été durant de nombreuses années marquée par une
hypermédicalisation de l’accouchement. Après une prise de conscience générale de
l’impact de cette hypermédicalisation, on observe ces dernières années, un retour à des
prises en charge moins interventionnistes (1). Les pratiques systématiques sont
abandonnées afin de ne garder que celles qui restent scientifiquement justifiées. En
témoignent les recommandations émises par la Haute Autorité de Santé (HAS) en 2017 :
« Tant que les risques obstétricaux, réévalués en continu restent faibles, la HAS
recommande de limiter les interventions techniques et médicamenteuses au minimum
nécessaire dans le respect du choix des femmes » (2).
2
Revue de la Littérature
3
Dès les années 70, la médicalisation systématique de l’accouchement fait naître
un sentiment de doute chez les femmes, partagées entre la sécurité de la pratique en milieu
hospitalier et une impression de déshumanisation de la naissance. Des mouvements
féministes et des démarches d’empowerment font émerger le besoin de retrouver un
accouchement plus physiologique. Apparaît alors un engouement pour le retour à un
accouchement plus naturel (1).
4
De plus en plus de femmes rédigent des projets de naissances et expriment leurs
souhaits concernant leur accouchement. En effet, en 2011, 57% avaient des volontés
particulières, contre 36% avant 2005. Les projets de naissance sont également plus
nombreux : 7% avant 2005 contre 18% en 2009 (11).
5
1) Les Salles Natures
Les salles natures sont développées au sein des maternités ; il s’agit d’espaces
aménagés permettant un accouchement naturel dans un environnement le moins
médicalisé possible. L’accès à ces salles physiologiques repose sur des critères d’accueil
obstétricaux et pédiatriques. Différents accessoires sont disponibles pour permettre aux
femmes de gérer la douleur de manière naturelle : baignoires de dilatation, suspensions,
ballons... L’environnement se veut le plus agréable et apaisant possible : lumières
tamisées, musique... Cette alternative est notamment proposée aux couples qui souhaitent
un accouchement sans péridurale (14).
6
l'accouchement et de ses suites, sous la responsabilité exclusive des sages-femmes ».
D’après la loi du 6 décembre 2013 : « la maison de naissance doit être contiguë à une
structure autorisée de l’activité de gynécologie obstétrique avec laquelle elle passe
obligatoirement une convention et avec laquelle un accès direct est aménagé, permettant,
notamment, un transfert rapide des parturientes en cas de complication ».
L’expérimentation a pris fin en 2020, les résultats sont positifs avec un niveau de sécurité
satisfaisant et une très faible fréquence d’intervention, ce qui va conduire le législateur à
en augmenter le nombre dans les années à venir (3).
La pratique de l’AAD est légale, mais reste une pratique minoritaire et marginale
en France puisqu’au premier janvier 2022, selon les données de l’APAAD, les sages-
femmes pratiquant les AAD n’étaient que 76. La proportion d’accouchements à domicile
est très faible en France alors qu’en comparaison cette pratique est beaucoup plus
répandue dans nos pays voisins (20).
Une autre explication est la charge de travail importante qu’induit cette pratique
et la nécessité d’être très disponible pour ses patientes (23). Enfin, il existe un problème
important d’assurance professionnelle. Aujourd’hui, les sages-femmes souhaitant
pratiquer des AAD doivent souscrire une assurance professionnelle. Cependant, celle-ci
représente un coup majeur. En effet, ces montants peuvent atteindre 25 000 à 30 000 euros
par an ce qui peut limiter le nombre de professionnels souhaitant s’investir dans ce type
7
de pratique (23,24). La cour européenne des droits de l'homme affirme que « les États
membres doivent prévoir une législation permettant aux parents qui font le choix d'un
accouchement à domicile d'être accompagnés par des professionnels ». Malgré cela, face
à l’impossibilité de souscrire de telles assurances, le nombre de sages-femmes
accompagnant les naissances à domicile reste très faible et ne permet pas de répondre à
la demande. On voit alors apparaître des accouchements non accompagnés à domicile,
qui peuvent mettre en danger la vie des mères et des nouveau-nés (23).
L’accouchement à domicile est une pratique qui attire de plus en plus de couples
comme en témoigne le sondage de janvier 2021, crée par l’APAAD : les résultats
concernant 1 062 femmes montraient que parmi elles, environ 36% des femmes
pourraient vouloir accoucher à domicile. Cependant, l’offre de soin actuel ne permet pas
la prise en charge d’autant de patientes, puisque l’accouchement accompagné à domicile
n’est pas véritablement intégré au système de santé actuel et les sages-femmes libérales
assurant ces AAD sont peu nombreuses (4).
1) L’accouchement en France
Dans les maternités françaises, selon l’enquête nationale périnatale de 2016, parmi
les femmes qui ont accouché par voie basse, on constate qu’au début des efforts expulsifs
88,5% des femmes étaient en position gynécologique, 8,4% en décubitus latéral, 1,8%
assis, accroupie ou debout et 1,2% à quatre pattes ou à genoux. A l’expulsion, 95,5% des
femmes étaient en position gynécologique, 2,9% en décubitus latéral, 0,8% assis,
accroupie ou debout et 0,7% à quatre pattes ou à genoux (13).
8
dans un établissement spécialisé, 0.5% à domicile ou dans un autre lieu avec assistance
(médecin ou sage-femme), 0.1% à domicile sans assistance et environ 2% n’avaient pas
été déclarées. Si ces naissances hors structures spécialisées étaient, dans certains cas,
voulues par des femmes qui souhaitaient accoucher chez elles, elles pouvaient parfois être
subies : déclenchement impromptu de l’accouchement (26). Selon le rapport de
l’APAAD, les accouchements à domicile représenteraient seulement 0.14% des
naissances (27).
9
des données factuelles et actualisées (selon l’Evidence Base Midwifery) et les
recommandations nationales (émises par la HAS) et internationales (émises par l’OMS).
Durant l’accouchement, différents stades ont été décrits par la HAS. Le premier
stade du travail comprend une phase de latence, qui commence avec les premières
contractions régulières et potentiellement douloureuses, avec ou sans modification du col,
et une phase active, qui débute autour de cinq centimètres de dilatation cervicale et se
termine à dilatation complète. Le deuxième stade du travail commence à dilatation
complète et se termine lors de la naissance de l’enfant. Il existe une phase passive ou
phase de descente et une phase active ou phase d’expulsion qui débute avec les efforts
10
expulsifs. Le troisième stade du travail débute à la naissance de l’enfant et s’achève avec
la délivrance, c’est-à-dire l’expulsion du placenta (12).
- Délivrance naturelle : le placenta est évacué à l’aide d’une tierce personne qui, d’une
main empaume le fond utérin et de l’autre, exerce une traction douce sur le cordon, vers
le bas, afin de guider sa sortie. Afin d’éviter que les membranes se déchirent, le placenta
est recueilli dans les mains de l’opérateur puis est vrillé sur lui-même.
B) La mécanique obstétricale
Dans un premier temps, le fœtus doit s’engager dans le DS. Pour cela, il doit
orienter son crâne dans un des diamètres obliques du DS qui mesurent 12,5 à 13cm
(Figure 1). La présentation doit réduire ses dimensions d’une part, grâce au
chevauchement des os du crâne, et d’autre part, grâce à une flexion de la tête sur le tronc
(Figure 2). Ainsi, il présentera un plus petit diamètre : le sous occipito-bregmatique
mesurant 9,5cm (36).
Les parties osseuses du bassin sont reliées entre elles par des articulations qui
permettent de modifier les diamètres du bassin. Ainsi, en jouant sur la mobilité du bassin
la progression du fœtus dans le bassin serait facilitée :
- Les mouvements de nutation obtenus par la flexion des cuisses sur le bassin et par le fait
de se pencher en avant permet d’augmenter les diamètres du détroit inferieur et ainsi
faciliter le dégagement. A l’inverse, la contre nutation obtenue notamment par l’extension
des cuisses facilite l’engagement du fœtus par l’augmentation des diamètres du DS (38).
- Les mouvements d’antéversion du bassin (bascule en avant) orientent le fœtus vers l’axe
de la concavité sacrée ce qui facilite sa descente et sa rotation. La rétroversion du bassin
(bascule en arrière) va quant à elle orienter le fœtus dans l’axe de dégagement du DI (37).
- La rotation externe des fémurs permet d’agrandir les diamètres du détroit supérieur en
induisant un rapprochement des ischions. La rotation interne des fémurs induit un
écartement des ischions et donc un agrandissement du DM et du DI au détriment du
détroit supérieur. Enfin, des mouvements de bascule d’avant en arrière permettent une
rétropulsion du coccyx et donc une augmentation du DI (39,40).
12
➢ La technique de « l’inversion vers l’avant » (Figure 3) permettrait au fœtus, se présentant
en transverse ou en siège, de se tourner en présentation céphalique. Cette technique
consiste à s’agenouiller sur le bord d'un canapé ou d’un lit et à reposer les avant-bras au
sol. La position peut être réalisée pendant 30 à 45 secondes plusieurs fois par jour en fin
de grossesse. Pendant le travail, cette technique serait intéressante en cas de stagnation de
la dilatation, d’asynclitisme, de variété postérieure ou de défaut d’engagement (42).
13
C) Description des Positions et travaux de Bernadette de Gasquet
Dans la littérature, les positions sont classées en deux groupes selon l’angle que
fait la ligne reliant les centres des troisième et cinquième vertèbres lombaires avec
l’horizontale. Lorsque cet angle est inférieur à 45°, la position est considérée comme
horizontale et à contrario si l’angle est supérieur à 45°, la position est verticale (33).
1) Positions verticales
➢ Posture assise : sur une chaise, sur un ballon, en étirement asymétrique (Figure 5) etc. La
bonne position doit éviter le tassement et la cambrure du dos. On peut combiner à cette
position des balancements hypnotiques, des étirements (Figure 6), ou encore de la
suspension (48).
Figure 5 : Position assise en étirement asymétrique Figure 6 : Position assise sur un ballon, appui
en avant
14
➢ Posture accroupie
En position accroupie (Figure 7), les pieds doivent être écartés de la largeur du
bassin, ils doivent rester parallèles et le dos doit être droit afin d’éviter la cambrure. Cette
posture permettrait de plaquer le fœtus contre le dos de sa mère, ce qui le mettrait dans
l’axe de descente (48). Cette position est intéressante au moment de l’expulsion
puisqu’elle entraine une nutation du bassin et peut agrandir le DI de 2cm (38).
2) Positions horizontales
Les positions horizontales peuvent diminuer les douleurs dans le bas du dos, la
sensation de pesanteur pelvienne et d’appui sur le périnée. Elles limitent les effets de la
gravité sur les viscères et le syndrome cave (compression de la veine cave inférieure qui
qui peut entrainer une hypotension maternelle et une mauvaise oxygénation fœtale) (38).
La femme peut être debout, penchée en avant, en appui sur un meuble (Figure 8).
Elle peut aussi adopter la position à quatre pattes, avec le ventre dans le vide ou le ventre
posé sur un coussin. Les avants bras peuvent être en appui sur un ballon (Figure 9).
La parturiente est allongée sur le dos, les jambes peuvent être relevées à l’aide
d’un coussin d’allaitement ou d’un ballon (Figure 11). Une galette peut être positionnée
sous les fesses de la patiente afin que le bassin reste mobile. Le DD favorise le repos de
la parturiente, et peut diminuer la douleur et la fréquence des contractions (48).
Figure 11 : Décubitus dorsal, jambes relevées Figure 12 : Position gynécologique galette sous les fesses
16
➢ Décubitus Latéral (DL)
Dans cette position, la jambe de la femme (droite si DLG/ gauche si DLD) peut
être relevée à l’aide d’un étrier ou d’un coussin d’allaitement (Figure 13). Cette position
permet : d’éviter la cambrure, de maintenir l’utérus plaqué contre le dos, de laisser libre
le sacrum. L’angle entre le fémur et le rachis doit être inférieur à 90°. Cette position peut
être intéressante afin de favoriser l’engagement du fœtus dans le bassin, limiter le
syndrome cave et diminuer les tensions dans les reins (48).
La position en décubitus latéral peut être réalisée avec une jambe en hyperflexion :
le genou supérieur doit être plus bas que la hanche ; celui-ci est calé grâce à un étrier ou
un cale pied (Figure 14). Cette posture favorise l’étirement (favorable à la poussée en
expiration), libère le sacrum et permet au fœtus de progresser dans une trajectoire sans
virage (le sacrum devenant presque rectiligne).
17
D) Impact des postures sur la mécanique de l’accouchement
F. Venditelli a, quant à elle, réalisé une revue des méta-analyses comparant les
positions verticales et les positions horizontales durant le deuxième stade du travail. La
revue a étudié 17 essais randomisés. Les résultats ont montré qu’en position verticale, on
observait une diminution des déchirures du troisième degré à l’accouchement, des
douleurs ressenties par les femmes au moment des contractions utérines et des anomalies
du rythme cardiaque fœtal (ARCF). La revue ne retrouvait pas de différence
statistiquement significative concernant le taux de césarienne et d’extractions
instrumentales entre les deux groupes. Cependant, les positions verticales ont montré une
augmentation des hémorragies de la délivrance (HDD) (50).
La revue des méta-analyses de Gupta et al. a comparé 30 essais portant sur 9 015
femmes. Les résultats retrouvent, dans le groupe position verticale, une réduction de la
18
durée du deuxième stade du travail, des accouchements assistés, du taux d’épisiotomie et
des anomalies du rythme cardiaque fœtal. Les positions verticales n’ont pas montré de
différences statistiquement significatives quant au taux de césariennes, de déchirures
périnéales du troisième ou quatrième degré, de nombre d’enfants admis en soins intensifs.
Enfin, les positions verticales ont été associées à une augmentation des déchirures du
second degré et une augmentation des pertes sanguines supérieures à 500 ml (51).
Les études ont montré que les postures verticales peuvent être intéressantes lors
des différents stades du travail mais le niveau de preuves reste faible quant aux bénéfices
ou risques liés à ces positions. On considère donc qu’il n’y a pas de position meilleure
qu’une autre. Cependant, le changement de position et la déambulation ont montré un réel
bénéfice. Il convient alors de laisser à la femme la possibilité d’alterner les positions en
fonction de son ressenti et du soulagement que ces dernières lui procurent (12).
E) Recommandations Internationales
1. Les postures
Ainsi, face aux résultats de ces études, les autorités compétentes ont émis des
recommandations (12). D’après le Collège National des Gynécologues-Obstétriciens
Français (CNGOF) : « il parait possible de conseiller largement les positions verticales
lors de l'expulsion, tout en étant vigilant sur le risque hémorragique ».
19
Selon la HAS : « il n’existe pas de posture particulière ayant fait preuve de sa
supériorité. En l’absence de contre-indication et sous réserve d’une surveillance
maternelle et fœtale préservée, il est recommandé d’encourager les femmes à adopter les
postures qu’elles jugent les plus confortables lors du second stade du travail ».
2. L’enregistrement cardiotocographique
- L’auscultation intermittente (AI) : chez des femmes en bonne santé, présentant un bas
risque obstétrical durant la grossesse et avant l’accouchement, une auscultation du RCF
discontinue peut être réalisée. L’AI est réalisée avec un stéthoscope de Pinard ou une
sonde Doppler, toutes les 15 minutes, pendant une contraction et immédiatement après
durant au moins une minute. L’auscultation doit être réalisée en vérifiant conjointement
le pouls maternel et doit être répétée en cas de changement significatif, comme la rupture
spontanée des membranes ou l’augmentation de l’intensité de contractions utérines (12).
Selon la HAS, « après avoir préalablement informé la femme des bénéfices et des
risques de chaque technique, il est recommandé de laisser le choix à la femme d’une
surveillance continue (par CTG), ou discontinue (par CTG ou AI) si les conditions
d’organisation de la maternité et la disponibilité permanente du personnel le permettent
20
(à savoir un praticien par femme en cas d’AI) ». Les femmes doivent également répondre
aux critères d’éligibilité définis par la HAS (12).
➢ « Hands ON » : « consiste à maintenir la tête fœtale fléchie par une pression exercée sur
l’occiput avec une main alors que l’autre main maintient le périnée postérieur. L’objectif
de cette manœuvre étant d’empêcher la déflexion brutale de la tête fœtale afin de limiter
le risque de déchirure périnéale ».
➢ « Hands Poised » : les mains de l’opérateur sont près de la tête fœtale afin d’intervenir en
cas de déflexion trop rapide de la tête fœtale (12).
21
Population et méthode
I. Population de l’étude
❖ Critères d’inclusion :
1) Type d’étude
2) Objectifs de l’étude
L’objectif principal de l’étude était d’analyser les pratiques des sages-femmes afin
de déterminer comment elles s’adaptent aux positions qu’adoptent les parturientes durant
le travail et l’accouchement naturel.
22
Les objectifs secondaires étaient de décrire :
➢ Les postures proposées par les sages-femmes pour favoriser le déroulement du travail
et leurs indications précises.
Les entretiens ont été enregistrés grâce à un dictaphone après un recueil oral du
consentement de la personne interrogée puis, ils ont été retranscrits à l’écrit, à l’aide d’un
outil de traitement de texte. Les documents et enregistrements ont été conservés sur une
clef USB exclusivement dédiée à la réalisation de l’étude. Les noms des sages-femmes
ont été remplacés par des numéros afin de conserver l’anonymat des participantes.
4) Déroulement de l’étude
23
et l’ANSFL. Les associations ont relayé sur leurs réseaux sociaux la lettre d’information.
Par la suite, les sages-femmes intéressées par l’étude ont fait part de leur volonté d’y
participer par l’envoi d’un mail à l’enquêtrice.
Le recrutement a été fait par le biais d’une information orale auprès des sages-
femmes au cours de stages en milieu hospitalier puis, par l’envoi de mails aux sages-
femmes potentiellement intéressées. Au total, six mails ont été envoyés, trois sont restés
sans réponse. Trois sages-femmes hospitalières ont été interrogées. Les sages-femmes
ciblées pour la réalisation des entretiens exerçaient en maternité de type 1, 2 et 3.
Les entretiens ont été menés sur une période de quatre mois allant d’octobre 2021
à janvier 2022. Le phénomène de saturation des données a été observé lors de la
réalisation des derniers entretiens. « La saturation renvoie au point où, dans une
recherche, toute donnée nouvelle n’apporte aucun élément nouveau à la compréhension
du phénomène à l’étude » (57).
Dans un premier temps, les entretiens ont été retranscrits et analysés de manière
individuelle. Par la suite, des thèmes principaux ont été identifiés ; les idées ont été
structurées par thèmes et sous thèmes à l’aide de tableaux permettant ainsi une analyse
thématique du contenu. « Il s’agit, en somme, à l’aide des thèmes, de répondre petit à
petit à la question générique type, rencontrée dans divers projets d’analyse : Qu’y a-t-il
de fondamental dans ce propos, dans ce texte, de quoi y traite-t-on ? » (58).
Le projet d’étude a été soumis au Délégué de la Protection des données qui a émis
une autorisation écrite le 21 juillet 2021.
24
Résultats
Douze sages-femmes ont participé à l’étude. Les entretiens ont duré entre 30
minutes et deux heures avec une durée moyenne d’environ une heure. Les caractéristiques
des sages-femmes interrogées sont décrites dans le tableau ci-dessous (Tableau I).
25
Formations
Parmi les 12 sages-femmes interrogées, neuf d’entre elles ont suivi des
formations, après l’obtention du diplôme d’état, qui les ont aidées dans la pratique de
l’accouchement naturel. Les formations suivantes ont été citées par les sages-femmes :
Aussi, les sages-femmes ont rapporté l’importance des lectures. Selon la SF8 :
« accompagner des naissances naturelles exige de nous le meilleur, exige qu’on soit
formées à aider les femmes à gérer la douleur, ça passe par des formations mais aussi
par les lectures personnelles, on doit avoir des ressources pour accompagner les
femmes ».
26
La moitié des sages-femmes interrogées ne respectaient pas d’intervalle strict pour
réaliser l’auscultation du RCF durant cette phase mais six effectuaient des monitorings
continus de 20 minutes toutes les deux heures.
Concernant l’auscultation durant la phase active du travail, les pratiques des sages-
femmes sont décrites dans le tableau II ci-dessous.
Monitoring continu AI toutes les 30 min AI toutes les 15 min AI sans rythme fixe
1 SF Hospitalière
27
B) Méthodes de surveillance de l’avancée du travail
Tableau III : Techniques de surveillance de l'avancée du travail employées par les 12 SF interrogées
Moyens de Surveillance Clinique Nombre de sages-femmes
TV 12
Observation du comportement de la femme 12
Observation des postures adoptées par les femmes 8
Analyse des vocalises 6
Observation du soulèvement du sacrum 4
Dilatation de l’anus 3
Coloration de la ligne violette 2
Mobilité des os iliaques 1
28
Les deux autres SF respectaient un intervalle de maximum quatre heures entre chaque
TV. La SF11 expliquait : « parfois le TV peut être délétère, dans le sens ou ça peut être
désespérant pour la femme de se dire que le travail n’est pas si avancé que ce qu’elle
espérait, de se dire qu’elle ne tiendra pas, que ça va encore être long donc qu’elle ne va
pas y arriver... ». Pour la SF1 : « parfois je n’ai pas besoin de faire de TV car je suis
l’avancée du mobile fœtal grâce à mes observations ». Cependant, certaines sages-
femmes qui accompagnent les accouchements en plateau technique déclaraient devoir
respecter les protocoles hospitaliers et donc effectuer des TV à intervalle régulier (SF5).
Parmi les 12 sages-femmes interrogées, six d’entre-elles ont décrit des phases bien
précises durant l’accouchement naturel. Ces phases sont décrites grâce à une analyse
comportementale de la femme qui accouche naturellement.
Cinq phases ont été décrites par les SF1,2,4,6,7 et 12 et résumées ci-dessous :
o Entre deux et cinq centimètres : « il s’agit du pré-travail actif, la femme est contente
d’entrer en travail, elle est souriante, fait appel à son cerveau cognitif, elle est
capable de répondre, de déambuler mais marque une pause pour gérer la douleur
durant les contractions. Les mouvements sont fluides et nombreux » (SF2).
29
- Phase Active après cinq centimètres :
« En phase active, la femme marque vraiment une pause pendant la contraction parce
qu’elle a besoin de se concentrer et de respirer. Il y a un changement comportemental,
la femme commence à avoir le rouge aux joues, les yeux sont de plus en plus fermés, elle
parle de moins en moins » (SF12). « En phase active, les contractions sont plus intenses
et plus fréquentes, la femme cherche des positions de soulagement, elle bouge mais ne
déambule pas » (SF13).
- Phase de quiétude :
- Phase de désespérance
« La phase de désespérance peut avoir lieu avant ou, le plus souvent, après la phase de
quiétude. La femme à l’impression qu’elle va mourir, qu’elle ne va pas y arriver, les CU
sont plus intenses, plus fortes et longues ; c’est une phase d’angoisse physique et morale,
pas toujours à dilatation complète, elle est liée au cocktail hormonal (adrénaline et
ocytocine). Il y a souvent des pleurs à ce moment-là et un besoin de réassurance » (SF12).
- Phase d’expulsion
« Quand le fœtus est entre l’étage supérieur et moyen du bassin, la poussée va survenir
seulement à l’acmé de la contraction. Plus le fœtus va descendre plus on va voir
apparaitre le réflexe de poussée dès le début de la contraction » (SF1).
30
si elle se positionne instinctivement sur la contraction sans réfléchir c’est qu’on est à un
stade plus avancé ». Pour la SF10 : « au moment où la femme va être à dilatation
complète elle va chercher sa position, généralement elle a envie de se mettre à l’équerre,
sur les genoux en appui en avant ». Pour la SF12, durant la dernière phase du travail « la
femme va souvent chercher une position accroupie ou proche du sol ».
Certaines sages-femmes s’aidaient des postures adoptées par les femmes pour
définir la position du fœtus. Pour la SF9 : « si le fœtus est en variété postérieure la femme
va chercher des positions penchées en avant car elles auront une douleur localisée en
bas du ventre et en bas du dos […], la douleur ne sera pas diffuse au niveau du ventre
contrairement à une femme qui a un fœtus en variété antérieure ». Pour la SF5 : « Si le
fœtus est haut et bute sur le détroit supérieur la femme va chercher à s’étirer. S’il a le
dos en postérieur les femmes vont chercher des positions à quatre pattes souvent ou elles
vont se lever pendant la contraction ».
d) Observations corporelles
31
La dilatation de l’anus et la coloration de la « ligne violette » sont aussi des
indicateurs pour certaines sages-femmes de l’avancée du fœtus dans le bassin. Trois
sages-femmes ont déclaré observer la dilatation de l’anus pour suivre l’avancée du fœtus
dans le bassin. La SF1 expliquait : « Quand la femme est à dilation complète, je suis la
modification de la ligne violette et la dilatation de l’anus. Parfois je n’ai pas besoin de
faire un TV car je suis l’avancée du mobile fœtal grâce à ces observations ». Deux sages-
femmes ont déclaré utiliser la ligne violette afin de surveiller l’avancée du travail.
Pour la SF11 : « avec le suivi global on connait les femmes depuis plusieurs mois,
on voit les changements dans leur façon d’être : leur façon de gérer les contractions, leur
conscience, le moment où elles déconnectent, la phase de désespérance où elles peuvent
réclamer la péridurale. Dans cette phase de désespérance, si je ne connaissais pas bien
la femme que j’accompagne et à quel point elle est investie dans son projet, j’aurais tout
fait pour la soulager très vite. Comme je la connais bien, je me dis que non, on va y
arriver à ce projet, elle en est capable ».
32
chose mais juste être là. Les femmes ont parfois besoin de se sentir en sécurité par notre
présence ».
La plupart du temps les sages-femmes ont déclaré laisser les femmes se posturer
de manière autonome afin qu’elles suivent leurs sensations, qu’elles écoutent leurs corps.
Aussi, dans certaines situations, les professionnelles proposaient aux femmes des
postures particulières.
o Posture à quatre pattes ou posture penchée vers l’avant (SF3, SF4, SF5)
33
o Posture du « Side-lying Release » ou « relâchement latéral ». « Cette posture est à
utiliser en cas de variété postérieure, quand le travail est long, quand les femmes ont
très mal, quand elles commencent à craquer alors que ce n’est pas la fin du travail.
Il faut faire 5 contractions de chaque côté, c’est dur car elles ont mal mais à la fin il
se passe quelque chose : elles ont moins mal, elles vont rompre la poche des eaux ou
avoir envie de pousser » (SF4).
o Position ventre dans le vide, par exemple, position quatre pattes penchée en avant
(bassin plus haut que le buste). Il s’agissait de la position la plus utilisée en cas de variété
postérieure puisque huit sages-femmes sur 12 utilisaient cette position.
La même idée est retrouvée dans le discours de la SF5 qui expliquait que, dans
certains pays, les postures penchées en avant sont très utilisées pendant la grossesse dans
le but de favoriser la position du bébé dos en avant. La sage-femme expliquait à ses
patientes qu’il faut éviter, en fin de grossesse, la posture assise sur le canapé car elle
favorise le tassement vers l’arrière et donc, les variétés postérieures. Selon elle, les bonnes
34
positions en fin de grossesse sont les postures allongées sur le côté ou assises mais sur un
ballon. Cette sage-femme incitait ses patientes à travailler les exercices de sophrologie et
de relaxation qu’elle propose en préparation à la naissance dans la position quatre pattes
(en appui en avant sur un ballon et avec un traversin sous les fesses). Ces exercices durent
une vingtaine de minutes. La sage-femme conseillait aux femmes de réaliser chez elles
des exercices de bascule de bassin à quatre pattes durant la grossesse.
a) L’auscultation
D’une manière générale, les positions prises par les femmes ne rendaient pas plus
compliquée la surveillance du rythme cardiaque fœtale. Selon la SF6 : « les bruits du
cœur sont entendus peu importe les positions que prennent les femmes, elles vont
légèrement déplier les jambes pour me laisser poser mon capteur, mais dans la mesure
où l’écoute ne dure qu’une minute ce n’est pas trop dérangeant pour elles ». Pour réaliser
l’auscultation intermittente, les sages-femmes utilisaient surtout des doppler portables,
qui sont pour la majorité étanches et peuvent donc aussi être utilisés dans la baignoire.
35
La réalisation du TV en position autre que gynécologique était plus difficile pour
certaines sages-femmes. Ainsi, pour avoir un examen le plus fiable possible, certaines
demandaient à leurs patientes de se mettre sur le dos pour l’examen : « en position autre
que gynécologique, je n’arrive pas à comprendre ce que je sens, mon examen sera moins
fiable que si la femme est sur le dos », « comme je leur demande de se rallonger parfois
les femmes ne veulent finalement plus du TV, quand c’était une demande de leur part »
(SF6). « Pour les TV j’essaie de m’adapter aux positions mais c’est difficile car ce ne
sont pas les mêmes repères. Pour la dilatation ça va, mais pour l’engagement du bébé et
sa position c’est plus difficile, donc à ce moment-là je fais les TV en décubitus dorsal,
mais j’essaie toujours quand même » (SF10).
Lors de l’accouchement naturel, les efforts expulsifs (EE) étaient peu guidés par
les sages-femmes : seulement deux sages-femmes ont déclaré les guider. Les EE étaient
parfois guidés par les sages-femmes hospitalières. Ces dernières ont expliqué que les
protocoles auxquels elles étaient soumises, ne leur autorisaient que 30 minutes d’EE avant
de devoir appeler le médecin de garde. La SF9 expliquait : « les efforts expulsifs ne sont
pas forcément guidés au début, mais si le timing se rapproche des 30 minutes, on va les
guider ». Certaines sages-femmes donnaient des indications aux femmes aux moment des
EE. Pour la SF4 : « ce que je dis c’est : doucement, souffle-le ton bébé […], protège ton
périnée, laisse-le venir, laisse la contraction amener ton bébé, ça doit brûler mais n’aie
pas peur. Par contre, je ne dis pas « pousse, pousse, encore encore », ça c’est seulement
quand il y a des anomalies de rythme, quand l’accouchement doit aller vite ». De la même
36
manière pour la SF11 : « si les efforts expulsifs sont trop puissants, je calme la femme
pour qu’elle reprenne pied, qu’elle pousse en soufflant ».
Les sages-femmes ne guidant pas les EE expliquaient: « Une femme qui accouche
sans péridurale sait quand pousser » (SF4). « Quand le fœtus arrive sur le périnée, je ne
veux pas engendrer une déchirure parce qu’elle m’écoute moi et pas son périnée. A la fin
de la poussée je lui dis c’est super, sinon pendant la poussée je ne parle pas » (SF1). Pour
la SF7 : « C’est très important de ne pas aller à l’encontre du réflexe expulsif. Il ne faut
pas remettre les femmes sur le dos quand elles sentent l’envie de pousser et ne surtout
pas intervenir au risque de faire remonter le fœtus ».
Enfin, le « hands off » est une technique qu’on employé cinq sages-femmes.
Parmi elles, la SF4 déclarait : « Je me prépare seulement à mettre mes mains pour amortir
la chute de bébé. Sans APD la femme sent et contrôle la vitesse du dégagement du fœtus,
elle change de position si ça la brûle trop. Ça arrive qu’elles commencent à pousser
puisqu’elles changent de position au couronnement (petit ou grand couronnement) ».
Lors de l’expulsion, la sage-femme doit s’adapter aux positions prises par les
femmes afin d’accompagner la phase d’expulsion.
37
Le tableau IV présente ci-dessous les positions prises par les sages-femmes en fonction
des postures d’accouchement.
38
L’accouchement naturel pouvait avoir lieu sur une table d’accouchement, sur une
combi track, un tabouret d’accouchement, un lit etc. Le matériel (ciseaux, clamps, pinces
...) était disposé sur le matelas ou par terre, à proximité en cas de besoin. En milieu
hospitalier, les sages-femmes veillaient à ce que la sonnette soit également à proximité.
d) Gestion de la délivrance
o « Si la femme n’est pas trop fatiguée je lui propose de se mettre debout et d’attraper son
placenta » (SF6).
o « Quand le placenta vient, je mets un bassin sous la femme qui pousse debout ou
accroupie. Si la délivrance tarde, je propose à la femme de se lever et d’aller faire pipi
et généralement, le fait qu’elle se soit mobilisée fait venir le placenta » (SF1).
o « Si le placenta ne vient pas, je lui demande de s’accroupir pour que la gravité aide le
placenta à se décoller ; la plupart du temps ça suffit » (SF4).
39
Sur les 12 sages-femmes interrogées, trois effectuaient une délivrance dirigée,
quatre réalisaient une délivrance naturelle ou spontanée et cinq laissaient la patiente
choisir. La SF6 expliquait : « la délivrance naturelle est le plus souvent ce qui correspond
aux attentes des femmes ayant ce projet d’accouchement naturel ». D’une manière
générale, lorsque la délivrance était « naturelle » ou « spontanée », les sages-femmes
n’étaient pas actives lors de cette phase et intervenaient le moins possible. Afin de
favoriser la sécrétion d’ocytocine et donc la délivrance placentaire : le calme, l’intimité,
la chaleur, l’obscurité étaient de nouveau requis. Selon la SF7 : « La femme peut ressentir
le besoin de pousser et de changer de position, d’utiliser la gravité pour expulser le
placenta ». Ainsi, la délivrance était dite « spontanée ». Les quatre sages-femmes
pratiquant la délivrance naturelle ou spontanée s’adaptaient aux besoins de la femme. Si
celle-ci était fatiguée et ne souhaitait pas se verticaliser, la délivrance était faite par une
légère traction sur le cordon. La délivrance était alors dite « naturelle ». Si le placenta
tardait à se décoller alors la sage-femme demandait à la femme de se verticaliser.
Les positions prises par les femmes ne permettaient pas l’utilisation d’un sac de
recueil. Afin de quantifier les pertes sanguines, les sages-femmes utilisaient des champs
et des alèses pendant l’accouchement. Les alèses étaient pesées en cas de saignements
subnormaux. Le sac de recueil était utilisé une fois que la femme se rallongeait au moment
de la délivrance.
Ergonomie
Peur du jugement
Manque de
de la part de
formation
l'équipe médicale
Implication
Gestion de la
auprés de la
douleur de l'autre
patiente
40
A la question : « Considérez-vous qu’un accouchement dans une position autre
que gynécologique est plus difficile à réaliser pour la sage-femme ? », les sages-femmes
ont mis en évidence des difficultés notamment en termes d’ergonomie :
o Pour la SF1 : «si je devais travailler à l’hôpital et faire 2-3 accouchements par jour où je
suis à genoux, je pense qu’à 40 ans ce serait compliqué, mais en faisant quelques
accouchements dans le mois, c’est gérable. Il faut y penser, s’il y a toujours aussi peu de
sage-femme en salle de naissance et que toutes les femmes veulent un accouchement
naturel, je pense qu’ergonomiquement ce sera compliqué ou bien il faudrait des lits
d’accouchements en hauteur, pour qu’on puisse être autour et pas assises par terre ».
o Pour la SF5 : « lors d’accouchement postural en plaisantant je leur dis que je vais leur
facturer un forfait ostéopathe ; on est très impliquées et on se mobilise beaucoup ».
o Pour la SF12 : « on a plus mal au dos, mais il faut apprendre à écouter notre corps et à
prendre des positions plus confortables pour nous même ».
o Pour la SF8 exerçant en milieu hospitalier : « on n’est pas à l’aise pour se placer, on ne
sait pas trop comment se mettre, on va avoir des positions peu ergonomiques et moins
confortables, on a le dos en compote après ». « La position gynécologique est plus
confortable pour la sage-femme, je ne le cache pas, c’est ce qu’on fait le plus souvent à
l’hôpital donc on est plus à l’aise quand la femme est en position gynéco ».
- La SF9 expliquait : « Le fait de faire des accouchements dans des positions variables ce
n’est pas plus difficile, mais c’est l’environnement autour qui n’est pas évident. Il faut
avoir une équipe qui approuve ce mode d’accouchement, avec certaines personnes, on se
sent plus ou moins soutenue. Pour certains, ce n’est pas évident de changer ses habitudes
de travail quand ça fonctionne bien. L’installation est plus compliquée et moins
confortable pour nous. S’il y a une situation d’urgence, on est plus facilement dépourvue.
Je sais que si quelqu’un rentre dans le box, je vais avoir une remarque sur la position
donc je réfléchis toujours à une solution de repli sur le dos rapide ».
- Pour la SF8 : « ce n’est pas facile de changer les habitudes de service, cela rajoute aussi
du travail pour le ménage car c’est moins propre d’où la réticence de certains membres
du personnel à l’hôpital ».
41
- La SF10 témoignait : « Encore maintenant, je passe pour la sage-femme qui fait des
choses un peu bizarres, par mes collègues ou même les étudiantes » ; ce n’est pas habituel
d’accoucher des femmes dans d’autres positions qu’en décubitus dorsal. »
- Pour la SF12 : « Pour moi le plus difficile dans le suivi global, c’est sortir du moule
hospitalier et de se sentir marginalisée dans notre pratique. J’aimerais bien, à terme,
accompagner des accouchements à domicile mais je ne le ferais pas dans le climat actuel,
tant que l’accouchement à domicile ne sera pas favorisé en France ».
Gérer la douleur de la femme était également une difficulté soulevée par les sages-
femmes. Pour la SF8 : « c’est plus difficile et prenant émotionnellement car on est plus
impliquées, on doit supporter et gérer la douleur de la femme ». Pour la SF11 : « La phase
de désespérance est particulièrement difficile à gérer, faire face à la femme qui
commence à perdre pied, qui demande la péridurale [..] savoir quoi lui proposer, faire
la différence entre douleur et souffrance, [..] on a envie de tout faire pour la soulager vite
alors qu’il faut savoir pousser la femme pour qu’elle arrive à aboutir à son projet […],
il faut avoir des armes pour gérer cette phase ».
L’implication exigée et le temps de présence sont des problématiques qui ont été
soulevées par les sages-femmes hospitalières. Pour la SF8 : « si on doit s’occuper de 3-4
femmes en même temps, on ne peut pas accompagner convenablement les femmes ». Pour
la SF9 : « accompagner un accouchement naturel, ça puise beaucoup, tout comme nos
conditions de travail à l’hôpital, si on est sur une garde chargée où on doit avoir une
disponibilité mentale très forte, c’est compliqué d’être disponible pour la femme ».
42
➢ Selon la SF3 : « les observations de la femme et les phases de l’accouchement naturel
devraient être enseignées ; je suis sortie de l’école et quand j’ai découvert à travers mes
lectures ce que c’était vraiment qu’un accouchement, je me suis dit : mais pourquoi je ne
savais pas tout ça ? Pourquoi je découvre ça que maintenant ? ».
➢ Pour la SF4 : « réfléchir la mécanique d’accouchement, dans une position autre que
couchée sur le dos, la première fois que tu as une dame qui va accoucher autrement tu
peux te dire mais comment va sortir l’enfant ? dans quel sens ? si je dois faire un geste
comment je vais m’y prendre ? ».
Formation
initiale de
Sage-Femme
Séances de
Péridurales préparation à
déambulatoir la naissance
es ou moins axées sur la
dosées gestion de la
douleur
Favoriser
la mobilité
spontanée
de la
femme Augmenter
les
alternatives à
1 femme - 1
sage-femme l'
accouchement
en milieu
hospitalier
Importance
de l'enviro-
nnement
43
en stage, tu ne vois pratiquer que d’une seule façon, que des accouchements sous
péridurale, tu ne peux pas être formé à la gestion de la douleur ». Pour la SF7 : « La
douleur peut bloquer l’avancée du travail donc il faut savoir la prendre en charge ».
De plus, certaines sages-femmes ont relevé le fait que des séances de préparation
à la gestion de la douleur pourraient être bénéfiques à toutes les femmes, même celles
souhaitant une APD. Elles expliquaient que la gestion de la douleur était nécessaire à
toutes les femmes qui entrent en travail avant de pouvoir bénéficier de l’APD, qui est
généralement posée après trois centimètres de dilatation. Les femmes devraient être plus
informées sur les bénéfices de la mobilisation durant le travail et le posturage devrait être
d’avantage proposé. Pour la SF10 : « certaines femmes qui ont une péridurale sont
demandeuses d’accoucher sur le côté par exemple, je pense qu’il faut tenter, essayer et
repasser sur le dos si nécessaire mais il faut au moins le proposer ». Pour la SF8 : « La
majorité des femmes ne demandent pas à accoucher autrement qu’en position
gynécologique, parce qu’elles savent que c’est comme ça à l’hôpital, qu’on va les mettre
sur le dos à l’accouchement. Si en préparation à la naissance on leur expliquait qu’il
existe d’autres alternatives, peut-être qu’il y aurait plus de demandes ».
44
L’ouverture de plus de plateaux techniques et maisons de naissances pourrait
également répondre à la demande croissante d’accouchements naturels. La SF7
expliquait : « Je freine mon activité parce que j’ai trop de travail : je refuse parfois 20
femmes par mois. Il y a une forte demande, mais peut être que ces femmes en maternité
pourraient accéder au respect de leur projet de naissance si les sages-femmes étaient
formées à ça ».
L’environnement est lui aussi important pour que la femme se sente rassurée et
puisse créer sa bulle. Pour la SF8 : « l’univers cosy est important pour l’accouchement,
la froideur de l’environnement hospitalier, le matériel médical et l’asepsie » peut avoir
un impact sur l’accouchement. Selon la SF7 : « si la pièce et le sol sont froids la femme
n’aura pas envie de déambuler, il faut qu’il fasse au moins 23 degrés, sombre, que
l’environnement soit rassurant ; il faut conseiller aux femmes de personnaliser la salle ».
Les SF1 et 10 ont soulevé un autre frein à la mobilisation : la place centrale du lit
dans la salle d’accouchement. La SF1 expliquait : « avoir un lit au milieu d’une pièce
c’est une sorte d’injonction implicite pour la femme d’aller se mettre sur ce lit […] pour
moi le lit devrait être sur le côté. Si la femme est tentée de ne pas bouger elle va avoir
mal et demander une péridurale alors que si elle avait continué à bouger, elle aurait
réussi à gérer ses CU ».
Pour la SF3, le fait de pouvoir être une sage-femme pour une femme, permettrait
de mieux répondre aux projets de naissance des femmes à l’hôpital : « Quand on fait 10
naissances en 10 heures, on accouche juste les femmes et ça s’arrête là », « Déjà qu’on
a du mal à faire des surveillances adéquates alors posturer voilà... ».
45
Discussion
Les témoignages, recueillis lors des entretiens, ont permis aux sages-femmes de
partager leurs pratiques concernant l’accompagnement de l’accouchement naturel. Ainsi,
les entretiens ont permis de répondre à l’objectif principal de l’étude qui était d’analyser
comment les sages-femmes s’adaptent aux positions prises par les femmes durant le
travail et l’accouchement. Les sages-femmes interrogées privilégient des techniques
alternatives comme ; l’auscultation intermittente et l’observation du comportement de la
femme, afin de s’assurer du bien être maternel et fœtal tout en laissant aux parturientes
une liberté posturale. Ces méthodes de surveillance sont peu invasives et permettent aux
femmes de rester concentrées sur la gestion de la douleur. En effet, les auscultations sont
réalisées dans la position adoptée par la femme. Les touchers vaginaux sont peu
nombreux et ne sont pas obligatoirement réalisés dans une position gynécologique.
Durant l’accouchement, les sages-femmes adaptent leurs interventions et leurs postures
aux positions que prennent spontanément par les femmes. Les sages-femmes ont
cependant soulevé la difficulté en termes d’ergonomie que cela représentait.
46
en milieu hospitalier. Cependant, la multiplicité des pratiques a imposé de limiter le
nombre de participants à l’étude. De fait, le travail de recherche se trouve impacté, en
raison du temps nécessaire à la conduite de chaque entretien (une heure environ).
L’échantillon étudié reste limité, ce qui interroge sur la représentativité de l’étude.
a) Durant le travail
47
sages-femmes hospitalières interrogées, toutes ont déclaré utiliser l’auscultation
intermittente afin d’assurer la surveillance fœtale chez des femmes souhaitant accoucher
sans APD. Cependant, l’échantillon très faible de sages-femmes hospitalières interrogées
ne permet pas d’avoir des résultats représentatifs de la population hospitalière générale.
Ainsi, on peut s’intéresser à d’autre études menées sur des échantillons plus larges comme
le mémoire de fin d’études de G. Foret en 2018, intitulé : « Le suivi clinique du travail
des parturientes sans analgésie péridurale : quelles pratiques ? ». G. Foret a étudié 100
dossiers de femmes, accouchant sans APD, en maternité de type 2 et 3. Ses résultats
montrent que les sages-femmes hospitalières essaient de moins médicaliser
l’accouchement lorsque la femme souhaite un accouchement naturel puisque la
surveillance était intermittente dans 32% des cas. Cependant, dans 68% des cas la
surveillance était continue chez des femmes ne bénéficiant pas d’APD (59).
48
principalement réalisé sur demande de la femme ou en cas de suspicion de stagnation.
Des méthodes alternatives étaient privilégiées par les sages-femmes comme l’observation
du comportement de la femme, ce qui leur permettait d’avoir des informations concernant
l’avancée du travail, sans avoir à examiner la femme. Grâce à leur expérience
professionnelle, les sages-femmes ayant l’habitude d’accompagner des naissances
naturelles ont développé des capacités d’analyse du comportement de la femme.
L’analyse des postures, des vocalises, de la ligne violette ou encore des mouvements du
bassin permettaient aux sages-femmes de s’assurer de l’avancée du travail. Cependant,
ces méthodes sont subjectives et personnelles, elles exigent d’avoir un opérateur
expérimenté et leur fiabilité reste à démontrer.
49
b) Durant l’accouchement
50
CNGOF : « le contrôle manuel du dégagement de la présentation et le soutien du périnée
postérieur, lors de l’expulsion semblent diminuer le taux de LOSA (Lésions Obstétricales
du Sphincter de l’Anus) et c’est pour cela qu’il est recommandé de contrôler
manuellement le dégagement de la présentation céphalique et de soutenir le périnée
postérieur » (64). Cependant, une étude récente de Pierce-Williams et al., publiée en
2019, laissait apparaître d’autres résultats. L’incidence de déchirures périnéales sévères
était similaire entre les groupes « hands on » et « hands off ». Il n'y avait pas de différence
significative concernant l'incidence de périnée intact, de déchirures du premier, deuxième
et du quatrième degré. La technique « hands on » était associée à un risque accru de
lacérations au troisième degré (2,6 vs 0,7 % dans le groupe hands off) et d'épisiotomie
(13,6 vs 9,8 % dans le groupe hands off) (65). Cependant, en France où la technique
« hands on » est très majoritairement utilisée, les déchirures du troisième et quatrième
degrés sont plus faibles que dans les pays utilisant la technique hands off (12). Ces études
ont, pour la plupart, été réalisées chez des femmes bénéficiant d’une analgésie péridurale.
Il semblerait intéressant d’effectuer des études chez des femmes accouchant
naturellement, afin d’évaluer l’impact réel des pratiques des sages-femmes au moment de
l’expulsion.
Toutes les sages-femmes interrogées ont déclaré s’adapter aux positions prises par
les femmes durant le travail et l’accouchement. Cependant, les résultats de l’enquête
périnatale de 2016 montraient qu’au moment de l’expulsion 95,5% des femmes étaient
en position gynécologique. Dans son mémoire de fin d’études G. Foret, retrouvait les
résultats suivants : sur 100 accouchements sans APD en milieu hospitalier, 91% avaient
été réalisés en position gynécologique (59). Ainsi, on peut s’interroger sur la liberté
posturale de la femme qui accouche naturellement en milieu hospitalier.
51
➔ Délivrance
Parmi les sages-femmes interrogées lors de l’étude, cinq d’entre elles délivraient
aux patientes une information éclairée concernant les bénéfices et les risques de la
délivrance naturelle ou spontanée. Après avoir été informées, les femmes prenaient de
manière autonome la décision concernant la gestion de la délivrance. Il parait intéressant
de ne pas imposer aux femmes une pratique systématique mais de leur laisser la possibilité
de choisir après avoir eu une information éclairée.
52
l’accompagnement global étaient : un suivi réalisé par une même personne avant, pendant
et après l’accouchement, un accouchement avec le moins possible de médicalisation ainsi
que le respect du projet de naissance. Les motivations suivantes étaient retrouvées :
l’intimité, la qualité de la relation avec la sage-femme, un accompagnement personnalisé
et une liberté pendant l’accouchement (position, mouvement…) (19).
La plupart des sages-femmes ayant témoigné disaient proposer aux femmes des
solutions en cas de variétés postérieures ou en cas de stagnation du travail. S’il a été
prouvé que le changement de position et la déambulation ont un réel intérêt dans la
réduction du temps de travail, il n’a cependant pas été mis en évidence l’intérêt d’une
position particulière dans la prise en charge d’une stagnation du travail (39,49,67).
Au cours des entretiens, les SF2 et SF5 ont expliqué proposer aux femmes des
postures ventres dans le vide durant la fin de la grossesse afin de favoriser la présentation
du fœtus dos en avant. Dans la littérature, certains auteurs se sont intéressés au potentiel
bénéfice de cette position comme Kariminia et al. dans leur étude publiée en 2004. Les
résultats montraient que « l'exercice ventre dans le vide, avec balancement pelvien à
partir de 37 semaines de grossesse jusqu'au début du travail, n'a pas réduit l'incidence
de la position postérieure persistante de l'occiput à la naissance » (68).
53
Au moment de l’accouchement, huit sages-femmes parmi les 12 interrogées ont
déclaré utiliser la position ventre dans le vide afin de faire tourner les variétés postérieures
en antérieures. Une méta analyse a été réalisée par Levy et al. sur le sujet et publiée en
2021. Selon cette étude, l'adoption d'une posture à quatre pattes n'augmenterait pas le taux
de positionnement antérieur de l'occiput fœtal au moment de l'accouchement (67).
54
pendant le travail pour améliorer la rotation des variétés postérieures (VP) (72). Ainsi,
selon ces études, il existerait un intérêt à positionner les femmes en DL du côté
homolatéral au dos du fœtus avec de faire tourner les VP en antérieure. Ces résultats
semblaient peu connus puisqu’aucune sage-femme interrogée dans notre étude n’a
mentionné utiliser cette position afin de faire tourner des variétés postérieures. La
majorité des sages-femmes utilisaient la position « quatre pattes » qui n’a pourtant montré
aucune preuve concernant la rotation des VP. Cependant, davantage de données sont
nécessaires afin d’évaluer avec un niveau de preuves satisfaisant l’intérêt des postures
dans la rotation des VP. Des études comprenant des échantillons plus importants
devraient être réalisées, afin de pouvoir évaluer le réel bénéfice des positions dans la
rotation des VP.
Même si l’utilisation de certaines postures n’a pas fait ses preuves, la variation
des positions prises durant le travail et la déambulation restent bénéfiques pour la gestion
de la douleur et pour la bonne progression de la dilatation (39).
55
cours de ses entretiens auprès de sages-femmes hospitalières, a mis en évidence que la
plupart des sages-femmes pensaient que l’accompagnement et la prise en charge seraient
plus adéquats si les conditions de travail étaient améliorées. Elle évoquait également un
frein pour les sages-femmes lié au manque de formation initiale (74).
Durant les entretiens, six sages-femmes sur douze interrogées ont rapporté un
manque de connaissances sur l’accouchement naturel et l’intérêt de la mobilisation au
moment de leur formation initiale. La SF12 témoignait : « Quand je gérais les
accouchements sans péridurale à l’hôpital, je me sentais impuissante car je n’avais pas
d’arme pour accompagner les patientes, on n’est pas formé à l’école pour gérer ça. En
sortant de l’école, j’étais capable de gérer une hémorragie de la délivrance, un diabète
[…] ; par contre, comment favoriser la mécanique de l’accouchement, comment gérer la
douleur (etc.) je n’avais aucune notion ».
D. Noirclère, dans son étude publiée en 2010 a mis en évidence que le pourcentage
de sages-femmes ayant reçu une information durant leurs études sur l’intérêt de la
mobilisation diminuait avec l’ancienneté. Il semblerait donc que les sages-femmes soient
de plus en plus sensibilisées durant leurs études à l’intérêt de la mobilisation. De plus, ce
sont les sages-femmes les plus jeunes qui utilisaient le plus les salles de pré travail.
Concernant les raisons pour lesquelles les sages-femmes ne mobilisaient pas les femmes
durant l’accouchement, les motifs suivants étaient mis en avant : charge de travail trop
importante, absence de connaissance sur les bénéfices de ces pratiques, manque
d’information des femmes sur le sujet, ou encore difficultés à capter le RCF. Enfin, les
difficultés rencontrées par les sages-femmes interrogées dans son étude concernaient la
protection de la table d'accouchement, la quantification des pertes sanguines, le fait de
pouvoir rapidement repasser à une position d'intervention en cas de complication, ou
encore trouver sa place en tant que sage-femme (75). La quantification des pertes
sanguines a été la difficulté majeure rencontrée par les sages-femmes. Ces résultats
peuvent être mis en relation avec la pratique des sages-femmes libérales interrogées lors
des entretiens. En effet, la majorité des sages-femmes interrogées expliquaient qu’au
moment de l’accouchement, l’utilisation du sac de recueil était rendue difficile compte
tenu des diverses positions prises par les femmes. Lors de l’accouchement, la plupart
d’entre elles utilisaient donc des garnitures qu’elles pesaient en cas de besoin, afin
d’évaluer les pertes sanguines. Ainsi, la quantification des pertes n’a pas été une difficulté
soulevée par les sages-femmes interrogées. De même, le retour rapide à une position
d'intervention n’était pas, pour la majorité des sages-femmes interrogées, un frein
56
puisqu’elles expliquaient qu’une femme sans APD, était capable de se mobiliser
facilement et donc de revenir rapidement en position gynécologique si besoin (SF10).
57
La maternité des Bluets à Paris a recours à ce type d’analgésie et dans son étude E.
Aimé a recueilli le retour d’expérience des sages-femmes. Ainsi, selon les sages-femmes
des Bluets, l’analgésie déambulatoire ne représentait pas une charge de travail
supplémentaire. Selon elles, les patientes prenaient spontanément des positions adaptées
et menaient mieux les efforts expulsifs, les altérations du RCF et les difficultés
d'engagement leur semblait moins fréquentes et la satisfaction des patientes était
améliorée (77).
V. Projet d’action
58
Conclusion
L’analyse des pratiques des sages-femmes accompagnants des accouchements
naturels a permis de mettre en évidence un principe fondamental : intervenir à bon escient
pour ne pas altérer le processus physiologique de l’accouchement. En effet, une femme
qui accouche naturellement doit pouvoir se connecter à son cerveau primitif et libérer un
cocktail hormonal lui permettant de gérer la douleur, de mettre au monde leur enfant et
délivrer le placenta. Ce processus ne doit pas être perturbé par des interventions
extérieures qui doivent rester limitées et se faire le plus discrètement possible. Les
touchers vaginaux sont peu nombreux, l’auscultation est, si possible discontinue et les
efforts expulsifs peu dirigés. La sage-femme doit développer son sens de l’observation
afin de suivre l’avancée du travail : analyser le comportement de la femme, ses postures...
Les témoignages des sages-femmes ont mis en évidence des freins liés à
l’accouchement naturel, que ce soit en termes d’ergonomie mais aussi concernant le
manque de formation qui représente une difficulté majeure dans l’accompagnement
d’accouchements naturels. La gestion de la douleur de l’autre, l’implication exigée, le
manque de soutien par l’équipe professionnelle et la peur du regard des autres sont des
difficultés auxquelles les sages femmes doivent faire face.
59
En somme, malgré cela, l’accompagnement d’un accouchement naturel reste riche
et gratifiant pour les sages-femmes. Les professionnelles interrogées ont conscience des
bénéfices de la mobilisation de la femme durant le travail et l’accouchement, elles
proposent des solutions dans le but de favoriser cette mobilisation. En effet, en 2016,
95,5% des femmes accouchaient en position gynécologique alors qu’aucun bénéfice n’a
été démontré quant à l’utilisation de cette position d’accouchement. Sur ce constat, les
sages-femmes interrogées préconisaient de renforcer la formation initiale sur les
techniques non médicamenteuses de gestion de la douleur. Elles encourageaient
également à proposer des mises en situations sur l’accouchement en position alternative
à l’école de sages-femmes. Fortes de ces savoirs faire, les sages-femmes seraient plus à
l’aise et pourraient permettre aux femmes d’accoucher dans d’autres positions. De plus,
développer la péridurale déambulatoire durant le travail pourrait permettre de soulager la
douleur des femmes tout en leur permettant de rester mobiles et actives durant leur
accouchement.
60
Bibliographie
2. Haute Autorité de Santé (HAS). Mieux accompagner les femmes lors d’un
accouchement [Internet]. has-sante.fr. 2018 [cité 16 mars 2022]. Disponible sur:
https://www.has-sante.fr/jcms/c_2823161/fr/mieux-accompagner-les-femmes-lors-d-un-
accouchement
10. APAAD. A propos de nous [Internet]. apaad.fr. [cité 16 avr 2021]. Disponible sur:
https://www.apaad.fr/?page_id=179
11. CIANE. Enquête sur les accouchements : respect des souhaits et vécu de
l’accouchement, document n°3. [Internet]. CIANE; 2012 [cité 12 avr 2021]. Disponible
sur: https://ciane.net/wordpress/wp-content/uploads/2012/09/EtudeSouhaits.pdf
14. Collectif National des Sages-Femmes de France (CNSF), Association Nationale des
Sages-Femmes Cadres (ANSFC), La Conférence Nationale des Enseignants en
Maïeutique (CNEMa), L’Association Nationale des Etudiants Sages-Femmes (ANESF),
CIANE. Contribution commune : la filière physiologique en obstétrique [Internet]. 2015
[cité 16 avr 2021]. Disponible sur: https://docplayer.fr/20844095-Contribution-
commune-la-filiere-physiologique-en-obstetrique.html
17. ANSFL. L’accompagnement global. [Internet]. ANSFL; 2002 [cité 16 avr 2021].
Disponible sur: https://ansfl.org/document/laccompagnement-global/
21. APAAD. Sécurité et qualité des accouchements assistés à domicile en France : analyse
des données de l’année 2019. [Internet]. APAAD; 2020 [cité 14 nov 2020]. Disponible
sur: https://www.onssf.org/wp-content/uploads/2020/11/RAPPORT-2020-
CONSOLIDE.pdf?fbclid=IwAR2GynJJvtwEwJbQexzx4syUHN1_q-
DyI_t7qQGbbiqEkodnamIPndqvTJI
25. APAAD. Sécurité et qualité des accouchements assistés à domicile en France : analyse
des données de l’année 2019. [Internet]. APAAD; 2020 [cité 12 avr 2021]. Disponible
sur: https://www.apaad.fr/wp-content/uploads/2020/11/RAPPORT-2020-
CONSOLIDE.pdf
26. Bellamy V. Les 784 000 naissances de 2016 ont eu lieu dans 2 800 communes. Insee
Focus [Internet]. 2017 [cité 16 avr 2021];(92):1‑4. Disponible sur:
https://www.insee.fr/fr/statistiques/3047024
32. Le Haut Conseil à l’égalité entre les hommes et les femmes (HCE). Les actes sexistes
durant le suivi gynécologique et obstétrical. Des remarques aux violences, la nécessité
de reconnaitre, prévenir et condamner le sexisme. [Internet]. Paris: HCE; 2018 [cité 7
nov 2020] p. 1‑164. Report No.: 2018-06-26-SAN-034,. Disponible sur:
https://www.haut-conseil-
egalite.gouv.fr/IMG/pdf/hce_les_actes_sexistes_durant_le_suivi_gynecologique_et_obs
tetrical_20180629.pdf
35. Desseauve D. Pour une meilleure compréhension du rôle des positions d’accouchement
en mécanique obstétricale : analyse biomécanique des postures segmentaires [Internet]
[Doctorat : Biomécanique.]. [Poitiers]: Université de Poitiers; 2018 [cité 2 déc 2020].
Disponible sur: http://nuxeo.edel.univ-poitiers.fr/nuxeo/site/esupversions/1872d570-
317b-4827-9ef7-e6bc13fdd7c1
36. Cunningham FG, Leveno KJ, Bloom SL, Spong CY, Dashe JS, Hoffman BL, et al.
Normal Labor. In: Williams Obstetrics [Internet]. 24e éd. New York, NY: McGraw-Hill
Education; 2013 [cité 21 mars 2022]. Disponible sur:
https://accessmedicine.mhmedical.com/content.aspx?bookid=1057§ionid=5978916
2
40. Philippeau J-M, Hamel O, Pecot J, Robert R. Rôle biomécanique des ligaments
sacroépineux et sacrotubéral sur la stabilité de l’articulation sacro-iliaque. Morphologie
[Internet]. 2008 [cité 30 mai 2021];92(296):16‑30. Disponible sur:
https://doi.org/10.1016/j.morpho.2008.02.003
41. Spinning Babies. What is Spinning Babies? [Internet]. Spinning Babies. [cité 22 mars
2022]. Disponible sur: https://www.spinningbabies.com/about/what-is-spinning-babies/
42. Spinning Babies. Forward-leaning Inversion. Technique for Easier Birth. [Internet].
Spinning Babies. [cité 22 mars 2022]. Disponible sur:
https://www.spinningbabies.com/pregnancy-birth/techniques/forward-leaning-
inversion/
43. Spinning Babies. Side-lying Release. Ease pain in pregnancy and birth. [Internet].
Spinning Babies. [cité 22 mars 2022]. Disponible sur:
https://www.spinningbabies.com/pregnancy-birth/techniques/side-lying-release/
44. Jacquin D. Il était une fois le bassin. Les Dossiers de l’Obstétrique. 2008;(373):1‑8.
45. Rebozo Manteada. For Comfort in Pregnancy and Birth. [Internet]. Spinning Babies.
[cité 22 mars 2022]. Disponible sur: https://www.spinningbabies.com/pregnancy-
birth/techniques/other-techniques/rebozo-manteada-4/
46. Cohen S, Celeste T. Rebozo Technique for Fetal Malposition in Labor. J Midwifery
Womens Health. 2015;60(4):1‑7.
47. Spinning Babies. Monthly Update: Online courses, tips for an empowered breech
pregnancy, events, and more! [Internet]. Spinning Babies. 2020 [cité 29 mars 2022].
Disponible sur: https://www.spinningbabies.com/monthly-update-online-courses-tips-
for-an-empowered-breech-pregnancy-events-and-more/
49. Lawrence A, Lewis L, Hofmeyr GJ, Styles C. Maternal positions and mobility during
first stage labour. Cochrane Database Syst Rev [Internet]. 2013 [cité 22 nov
2020];8(CD003934):1‑131. Disponible sur:
https://doi.org/10.1002/14651858.CD003934.pub3
50. Venditelli F. Position allongée ou verticale durant le 2ème stade du travail : revue des
méta-analyses. In: 28e Journées de la Société française de Médecine Périnatale. Paris :
Arnette; 1998. p. 167‑76.
51. Gupta JK, Sood A, Hofmeyr GJ, Vogel JP. Position in the second stage of labour for
women without epidural anaesthesia. Cochrane Database Syst Rev [Internet]. 2017 [cité
25 avr 2021];5(CD002006):1‑99. Disponible sur:
http://dx.doi.org/10.1002/14651858.CD002006.pub4
52. Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Recommandations de l’OMS sur les soins
intrapartum pour une expérience positive de l’accouchement : transformer le soins des
femmes et des nourrissons pour améliorer leur santé et leur bien-être. [Internet]. OMS;
2018 [cité 21 mai 2021]. Disponible sur:
https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/272434/WHO-RHR-18.12-fre.pdf
54. Nunes RD, Locatelli P, Traebert J. Use of the purple line to diagnose cervical dilatation
and fetal head station during labor. Int J Gynaecol Obstet. 2018;141(2):250‑1.
55. Shepherd A, Cheyne H, Kennedy S, McIntosh C, Styles M, Niven C. The purple line as
a measure of labour progress : a longitudinal study. BMC Pregnancy Childbirth
[Internet]. 2010 [cité 4 avr 2022];10:1‑54. Disponible sur: https://doi.org/10.1186/1471-
2393-10-54
59. Foret G. Le suivi clinique du travail des parturientes sans analgésie péridurale : quelles
pratiques ? [Mémoire : Sage-femme]. [Paris]: Université de Versailles Saint Quentin en
Yvellines; 2018.
62. Lemos A, Amorim MM, Andrade AD de, Souza AI de, Filho JEC, Correia JB.
Pushing/bearing down methods for the second stage of labour. Cochrane Database Syst
Rev [Internet]. 2017 [cité 18 mars 2022];3(CD009124):1‑88. Disponible sur:
https://doi.org/10.1002/14651858.CD009124.pub3
66. Begley CM, Gyte GM, Devane D, McGuire W, Weeks A, Biesty LM. Active versus
expectant management for women in the third stage of labour. Cochrane Database Syst
Rev [Internet]. 2019 [cité 6 mars 2022];2(CD0007412):1‑141. Disponible sur:
http://dx.doi.org/10.1002/14651858.CD007412.pub5
67. Levy AT, Weingarten S, Ali A, Quist-Nelson J, Berghella V. Hands and knees
posturing and fetal occiput anterior position : a systematic review and meta-analysis.
Am J Obstet Gynecol MFM [Internet]. 2021 [cité 12 mars 2022];3(4):100346.
Disponible sur: https://doi.org/10.1016/j.ajogmf.2021.100346
68. Kariminia A, Chamberlain ME, Keogh J, Shea A. Randomised controlled trial of effect
of hands and knees posturing on incidence of occiput posterior position at birth. BMJ.
2004;328(7438):490.
69. Herrer Purroy L, Gascón Domínguez M de los Á, Asín Valimaña J, Espartosa Larrayad
M, Martín Risco M, Hamam Alcober N, et al. Utilización del rebozo como método no
farmacológico de activación del trabajo de parto. Revista Electrónica de Portales
Medicos [Internet]. 2021 [cité 22 mars 2022];16(6):1‑291. Disponible sur:
https://www.revista-portalesmedicos.com/revista-medica/utilizacion-del-rebozo-como-
metodo-no-farmacologico-de-activacion-del-trabajo-de-parto/
72. Ridley RT. Diagnosis and intervention for occiput posterior malposition. J Obstet
Gynecol Neonatal Nurs. 2007;36(2):135‑43.
73. Lucas C. Étude des pratiques posturales maternelles au cours du premier stade de
travail. [Mémoire : Sage-femme]. [Clermont-Ferrand]: Université Clermont 1; 2016.
74. Berton E. Les sages-femmes et les postures d’accouchement : étude des pratiques
actuelles dans trois maternités des hauts de France. [Mémoire : Sage-femme]. [Lille]:
Université catholique de Lille; 2020.
75. Noirclère D. La mobilité des parturientes en salle de naissance : la pratique actuelle des
sages-femmes. [Mémoire : Sage-femme]. [Metz]: Université de Lorraine; 2010.
76. Gunia C. La mise en place de la péridurale déambulatoire : les freins et les leviers.
[Mémoire : Sage-femme]. [Paris]: Université Pierre et Marie Curie; 2015.
77. Aimé E. Réflexion sur la mobilité des parturientes qui bénéficient d’une analgésie
péridurale. [Mémoire : Sage-femme]. [Nancy]: Université de Lorraine; 2014.
Annexes
Annexe I : Grille d’entretien
Informations générales :
➢ Quelles sont les postures que vous proposez aux femmes pour favoriser le
déroulement du travail et leurs indications précises ?
➢ Avez-vous suivi des formations qui vous ont aidé dans votre pratique des accouchements
naturels ?
- Si oui : Quel type de formation ? Que vous ont-elles apporté dans votre pratique ?
❖ Quelles sont vos pratiques cliniques habituelles lors d’un accouchement naturel
concernant :
❖ Vos pratiques / techniques obstétricales sont-elles modifiées lorsque les femmes adoptent
une position autre que gynécologique pour l’accouchement ?
❖ Comment adaptez-vous vos pratiques aux positions qu’adoptent les femmes lorsqu’elles
ne sont pas en position gynécologique ?
o Positionnement de la sage-femme :
o Positionnement du matériel :
o Positionnement de l’accompagnant :
o Efforts expulsifs :
o Gestion de l’expulsion :
o Recueil des pertes :
o Positionnement de la sage-femme :
o Positionnement du matériel :
o Positionnement de l’accompagnant :
o Efforts expulsifs :
o Gestion de l’expulsion :
o Recueil des pertes :
o Positionnement de la sage-femme :
o Positionnement du matériel :
o Positionnement de l’accompagnant :
o Efforts expulsifs :
o Gestion de l’expulsion :
o Recueil des pertes :
❖ Selon vous et d’après votre expérience, quels peuvent être les bénéfices pour une femme
à accoucher dans une position autre que gynécologique ?
❖ Considérez-vous qu’un accouchement dans une position autre que gynécologique est plus
difficile à suivre pour la sage-femme ? Pourquoi ?
❖ Selon vous, existe-t-il des freins à posturer les femmes dans des positions autres que
gynécologiques au moment de l’accouchement ?
❖ Selon vous, quelles solutions pourraient favoriser l’adoption de postures autres que
gynécologiques lors de l’accouchement ?
Annexe II : Lettre d’information à l’intention des participantes
LETTRE D'INFORMATION
Investigateurs :
- PAJOT Méganne, étudiant(e) sage-femme à Clermont-Ferrand
- sous la direction de Madame Parayre Inès, sage-femme enseignante.
Madame, Monsieur,
Vous avez été invité(e) à participer à une étude appelée « La pratique de l’accouchement
naturel par les sages-femmes ».
2. L’étude en pratique
L’étude menée est une étude qualitative de type descriptive, il s’agit d’une enquête de
pratique via des entretiens semi-dirigés. Un enregistrement audio sera réalisé, les données
seront conservées anonymement sur une clef USB puis cryptés.
3. Confidentialité et sécurité des données
4. Vos droits
Votre participation à cette étude est entièrement libre et volontaire. Vous êtes libre de
refuser d’y participer ainsi que de mettre un terme à votre participation à n’importe quel
moment, sans encourir aucune responsabilité ni aucun préjudice de ce fait.
Ecole de Sages-Femmes
Centre Hospitalier Universitaire de Clermont-Ferrand
Université Clermont Auvergne - Site universitaire DUNANT
5ème étage - R1
28 place Henri Dunant - TSA50400
63001 Clermont-Ferrand cedex 1
5. Obtention d’informations complémentaires :
Si vous le souhaitez, vous pourrez durant toute la durée de l’étude contacter les
responsables pour obtenir des précisions ou des informations complémentaires : PAJOT
Méganne, étudiant(e) sage-femme
Introduction : De nos jours, de plus en plus de femmes souhaitent être actrices de leur accouchement qui se
veut moins médicalisé, plus naturel. Les sages-femmes doivent trouver un équilibre entre respect du processus
physiologique de l’accouchement et surveillance médicale.
Objectifs : Analyser les pratiques des sages-femmes pour déterminer comment elles s’adaptent aux positions
prises par les femmes durant l’accouchement naturel et comment elles parviennent à s’assurer du bon
déroulement du travail. Recenser leur interprétation clinique quant aux postures adoptées par les femmes.
Décrire les postures qu’elles proposent pour favoriser le travail et les difficultés rencontrées.
Méthode : Une étude qualitative de type descriptive a été réalisée. Douze entretiens semi-dirigés ont permis
de recueillir le témoignage de sages-femmes pratiquant en milieu hospitalier, à domicile et en plateau
technique.
Résultats et Discussion : Les sages-femmes adaptent leurs pratiques lors de l’accouchement naturel en réalisant
une surveillance médicale discrète : elles favorisent l’auscultation intermittente et l’observation de la femme.
Elles ont décrit des postures permettant selon elles, de favoriser le travail. Cependant, aucune étude scientifique
ne prouve leur réel bénéfice. Durant l’accouchement, les professionnelles prennent des positions amenant
parfois des difficultés ergonomiques. Les sages-femmes ont également soulevé un manque de formation sur le
sujet.
Conclusion : Les sages-femmes ont su développer, au cours de leur expérience professionnelle, une expertise
sur le sujet. L’augmentation du personnel en milieu hospitalier, l’évolution de la formation initiale et
l’augmentation des lieux d’accouchements alternatifs permettrait, dans les années à venir, de répondre aux
mieux à la demande d’accompagnements plus personnalisés.
ABSTRACT
Background : Nowadays, more and more women wish to be actresses of their childbirth which they wish less
medicalized, more natural. Midwives must find a balance between respecting the physiological process of
childbirth and medical supervision.
Objective : To analyze the practices of midwives to determine how they adapt to the positions taken by women
during natural childbirth and how they manage to ensure the smooth running of labour. Identify their clinical
interpretation of the postures adopted by women. Describe the postures they propose to promote labor and the
difficulties encountered.
Method : A descriptive qualitative study was carried out. Twelve semi-directed interviews collected the
testimony of midwives practicing in hospitals, at home and in technical facilities.
Results and Discussion : Midwives adapt their practices during natural childbirth by carrying out discreet
medical supervision: they promote intermittent auscultation and observation of the woman. They described
postures which, in their view, facilitate labour. However, no scientific study proves their real benefit. During
childbirth, the professionals take positions that sometimes lead to ergonomic difficulties. Midwives also raised
a lack of training on the subject.
Conclusion : Despite this, midwives have been able to develop, during their professional experience, an
expertise on the subject. The increase in staff in hospitals, the evolution of initial training and the increase in
alternative birthing places will make it possible, in the years to come, to respond better to the demand for more
personalized support.