Chapitre 1: comportement in situ et en laboratoire Master 1 Géotechnique

Chapitre 1:
Comportement in situ et en laboratoire

I. Introduction

I.1 Définition

La rhéologie est l'étude du comportement mécanique des corps. On étudie expérimentalement

la réaction d'un corps solide à l'action d'un champ de contrainte en lui appliquant une force de
valeur croissante et en mesurant la déformation totale produite.

En fonction des résultats obtenus, on distingue 3 modèles rhéologiques fondamentaux.

a) Les corps élastiques

La déformation est réversible et proportionnelle à l'intensité de la contrainte (figure 1a). Le

temps n'intervient pas dans la déformation. Le modèle pratique est donné par un ressort à
spires parfaitement élastique et sans masse (figure 1b).
σ

ε
Figure 1a: Corps élastique Figure 1b: Modèle analogique: ressort

b) Les corps plastiques.

La déformation ne se produit qu'à partir d'un certain seuil de contrainte. Lorsque ce seuil est
atteint, la déformation se produit sans qu'il soit possible d'augmenter la valeur de la contrainte
(figure 2a). La déformation conserve la valeur atteinte lorsque la contrainte cesse. Le modèle
rhéologique est un patin frottant sur une surface horizontale; si on tire sur le patin, il se
déplace lorsque la force de traction atteint un certain seuil (figure 2b).

ε
Figure 2a: Corps plastique Figure 2b: Modèle analogique: patin

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c) Les corps visqueux

La valeur de la déformation dépend de la durée d'application de la contrainte. Pour une

contrainte donnée non nulle, la déformation se fait à vitesse constante. Après suppression de
la contrainte, le système conserve son état final. Le modèle est réalisé par un piston perforé se
déplaçant dans un liquide parfait: si on tire sur ce piston, il se déplace quelque soit la
contrainte.
t

ε
Figure 3a: Corps visqueux Figure 3b: Modèle analogique: piston (amortisseur)

I.2 Comportement des corps réels

Les corps réels ne sont jamais parfaitement élastiques, plastiques ou visqueux. De plus, leur
comportement peut changer au cours de la déformation. Dans le cas général, ils combinent les
propriétés des 3 types fondamentaux. On peut citer:
a) Modèle de Saint-Venant (ou modèle de Prandtl): décrit un comportement solide
élastique linéaire parfaitement plastique (élasto-plastique) sans écrouissage ; les
déformations sont élastiques sous faible contrainte (sous le seuil de plasticité). Il est
modélisé par un ressort et un patin assemblé en série

Figure 4a: Comportement élastique parfaitement plastique Figure 4b: Modèle Prandlt

b) Modèle de Saint-Venant généralisé: décrit le solide élasto-plastique écrouissable, il

est représenté par des ressorts et des patins sont associés en série ou en parallèle.

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σ Pic

Figure 5: Comportement élasto-plastique avec écrouissage

c) Modèle de Bingham : ressort en série avec un patin en parallèle avec un amortisseur ;

modèle d’un corps élasto-viscoplastique

Figure 6: Modèle de Bingham

II. Comportement du sol: essais en laboratoire:

Parmi les essais en laboratoire qui permettent de décrire et d'étudier le comportement du sol on a:

II.1 Essai oedométrique:

Le but de l'essai oedomètrique est de déterminer le comportement d’un sol soumis à une
contrainte verticale croissante en empêchant toute déformation latérale ε2 = ε3 = 0 (figure 7).

Figure 7a: Bâtit de l'oedomètre Figure 7b: Principe de l'oedomètre

Cet essai permet de suivre l'évolution dans le temps du tassement du sol sous une charge
constante, présenté sur courbe nommée courbe de consolidation (figure 8). Il permet aussi de
déterminer la courbe de compressibilité (figure 9) et ainsi en déduire le tassement d’un
massif de sol sous l’effet d’une charge quelconque.

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0.1 t50 t100 Log t Temps t en

0 Sc cm

50 S50

100 S100
C1 C2
ΔH
tassement
Figure 8: Courbe de variation de hauteur en fonction de lg t sous une contrainte σ: courbe de
consolidation

e σ'v0 σ'p
e0 Cs

Cc

log σ'v
Contrainte effective

Figure 9: Courbe oedométrique de compressibilité

En simplifiant, on obtient une première droite de faible pente et une seconde droite de pente
beaucoup plus élevée. L’intersection des 2 droites est la contrainte de pré-consolidation
maximum que le sol a connue dans son histoire. Cet essai permet de connaître l’état initial du
sol.
Si la contrainte effective actuelle σ’v0 est égale à la contrainte de pré-consolidation σ’p ,
 le sol est normalement consolidé ;
Si la contrainte effective actuelle σ’v0 est inférieure à la contrainte de pré-consolidation σ’p ,
 le sol est surconsolidé ;
Si la contrainte effective actuelle σ’v0 est supérieure à la contrainte de pré-consolidation σ’p ,
 le sol est encours de consolidation.
Les pentes des 2 droites Cs et Cc rendent compte de la compressibilité du sol, respectivement
dans le domaine surconsolidé et dans le domaine normalement consolidé.

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II.2 Essai de cisaillement

Principe de l'essai

L'essai consiste à soumettre le sol à un cisaillement direct suivant un plan imposé.

L'éprouvette de sol est placée à l'intérieur de deux demi-boites qui peuvent se déplacer
horizontalement l'une par rapport à l'autre. Un piston permet d'exercer sur le sol un effort
normal N constant pendant toute la durée de l'essai. La semi-boite supérieure est entrainée
horizontalement à vitesse constante. La force de cisaillement T est mesurée à l'aide d'un
anneau dynamométrique. Des capteurs de déplacement (horizontal et vertical) sont placés
pour mesurer respectivement le déplacement relatif des deux demi-boites (déplacement
horizontal) et pour mesurer la variation de hauteur de l'échantillon (déplacement vertical:
tassement ou gonflement).

Figure10:a)Bâtit de cisaillement b) principe de l'essai, c) Echantillon cisaillé à la boite de cisaillement

But de l'essai
L'essai de cisaillement permet de fournir les caractéristiques du cisaillement de sol. Pour
chaque essai, on impose une contrainte verticale σ et on mesure la contrainte de cisaillement τ
et le déplacement horizontal Δl et tassement ou le gonflement ΔH. Ce qui permet de tracer:
1) La courbe de la contrainte de cisaillement" τ" en fonction du déplacement horizontal
" Δl" figure 11.
2) La courbe de tassement " ΔH" en fonction du déplacement " Δl" figure 12.
τ

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Pic
τfp
Sable dense

τff Etat critique

Sable lâche

Δl

Figure 11: Courbe de la contrainte de cisaillement" τ" en fonction du

ΔH

Etat critique
Dilatance

Δl

contractance
Etat critique

Figure 12: Courbe de tassement " ΔH" en fonction du déplacement " Δl"

On détermine ensuite les paramètres de cisaillement:

τfp: résistance de cisaillement lorsque la courbe présente un pic.
τff: résistance au cisaillement à l'état final de la courbe.
L'ensemble des essais permet de:
 Tracer la courbe d'évolution des résistances de cisaillement τff en fonction de la contrainte
normale σ'i pour le cas des courbes sans pic figure 13a.
 Tracer la courbe d'évolution des résistances de cisaillement (τfp, τff) en fonction de la
contrainte normale σ'i figure 13b.
 On déduit ensuite l'angle de frottement intérieure υ'f et la cohésion C'f pour le cas 1, et (υ'f,
υ'p) et (C'f, C'p) pour le cas 2.

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τ τ σ3 '
τff τff
τff
τff σ2 '

τff τff
σ1 '

σ1 ' σ2 ' σ3 ' σ Δl

Figure 13: Courbe d'évolution des résistances de cisaillement τff en fonction de la contrainte
normale σ'i (cas des courbes sans pic)

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