Cours Droit Fiscal General l3 2023-2024

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UNIVERSITE DE DSCHANG

FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ET POLITIQUES

ANNEE ACADEMIQUE 2023/2024

COURS DE DROIT FISCAL GENERAL


Cycle de Licence Niveau 3

Par : Mathias METENBOU


Docteur /Ph. D en Droit Public
Chargé de Cours
BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE

I. OUVRAGES

ATANGA FONGUE (R), Contrôle fiscal et protection du contribuable dans un contexte


d’ajustement structurel : le cas du Cameroun ; Paris, l’Harmattan, 2006,342p.

BOUVIER (M), Introduction au droit fiscal général et à la théorie de l’impôt, Paris, 10e éd,
LGDJ, 2010.

GAUDEMET (P.M) et MOLINIER (J), Finances publiques, Tome 2, Fiscalité, Paris éd.
Montchrestien, 1993.

GEST (G) et TIXIER (G), Manuel de droit fiscal, Paris, LGDJ, 1986.

GROSCLAUDE (J) et MARCHESSOU (P), Droit fiscal général, Paris, 11e éd, Dalloz, 2017.

MARTINEZ (J.C) et DI MALTA (P), Droit fiscal contemporain, Paris, éd. Litec, 1989 (2T).

TOGOLO (O), Le droit fiscal en zone CEMAC, Cours en ligne.

TROTABAS (L) et COTTERET (J.M), Droit fiscal, Paris, Dalloz, 1987.

II.PRINCIPAUX TEXTES

Code général des impôts


INTRODUCTION GENERALE

Dans une approche simple, le droit fiscal désigne l’ensemble des règles juridiques
relatives à l’impôt. De manière plus élaborée et selon les professeurs TROTABAS et
COTTERET, le droit fiscal « c’est la branche du droit public qui règle les droits du fisc et
leurs prérogatives d’exercice ». Cette dernière définition construite autour de l’idée de
pouvoir fiscal, rend compte de la sujétion où se trouve le contribuable envers le fisc. Ceci ne
signifie pas pour autant que le contribuable est dépourvu des droits à l’égard du fisc.

Quelle que soit la définition que l’on donne du droit fiscal, son étude porte sur l’impôt
qui constitue son objet. Il importe donc dans le cadre de ce chapitre introductif, de préciser la
notion de l’impôt, les sources du droit fiscal ainsi que les caractères de cette discipline.

SECTION I : LA NOTION DE L’IMPÔT

L’impôt est une notion complexe dont il est difficile de trouver une définition qui soit
universelle aussi dans le temps que dans l’espace.

§1. La définition de l’impôt

Aucun texte législatif ou réglementaire ne s’attèle à définir la notion de l’impôt. L’on


doit donc recourir à la définition formulée en 1936 par le financier français Gaston JEZE pour
qui, l’impôt est « une prestation pécuniaire requise des particuliers par voie d’autorité, à
titre définitif et sans contrepartie, en vue de la couverture des charges publiques ».

L’intérêt de cette définition désormais classique, est qu’elle comporte l’essentiel des
éléments qui forment la nature intime de l’impôt indifféremment de la terminologie utilisée
pour le désigner (impôt, droits, taxe, contribution, cotisation) et qui permettent de le
distinguer des autres prélèvements obligatoires.

A. L’impôt est une prestation pécuniaire

Dans ses modalités, l’impôt est bien en principe un prélèvement sous forme pécuniaire
et ce contrairement aux modalités de règlement en nature qui ont pu exister dans un passé
lointain. Il est donc acquitté sous forme d’argent.

Le paiement en nature n’a pas disparu totalement dans le système fiscal contemporain.
En France subsiste la dation en paiement. Ce système exceptionnel de paiement de l’impôt
autorise dans les cas précis, les débiteurs des droits de succession ou de donation à acquitter
leur dette par la remise d’une œuvre d’art, de livres ou objets de collection.

B. L’impôt est une prestation perçue par voie d’autorité

L’impôt se distingue par là des contributions volontaires (dons, legs) et de l’emprunt.

C. L’impôt est une prestation perçue à titre définitif

L’impôt est une ressource définitive pour la collectivité publique bénéficiaire.


Contrairement à l’emprunt, il ne peut être remboursé, excepté le cas où il a été irrégulièrement
perçu.

D. L’impôt est perçu sans contrepartie en vue de la couverture de l’ensemble des


charges publiques

L’impôt se distingue à cet effet de la taxe et de la taxe parafiscale.

La taxe bien qu’étant un prélèvement obligatoire, rémunère un service rendu sans


toutefois qu’il y ait proportionnalité entre son montant et le coût du service. Exemple : la taxe
de développement local perçue en contrepartie des services de base rendus aux populations,
notamment l’éclairage public, l’assainissement, l’enlèvement des ordures ménagères, le
fonctionnement des ambulances, l’adduction d’eau, l’électrification.

Il convient toutefois de préciser que la contrepartie n’a pas besoin d’être effective pour
que la taxe soit due, elle est simplement potentielle.

Les taxes parafiscales sont prélevées dans un intérêt économique et social au profit des
organismes publics ou privés autres que l’Etat, les collectivités territoriales décentralisées et
leurs établissements publics administratifs. Elles sont donc affectées à des services précis
alors que l’impôt sert à la couverture de l’ensemble des dépenses publiques. Exemple :
Redevance audiovisuelle, Contribution Crédit foncier, Contribution au fonds national de
l’emploi.

Si la définition classique a le mérite de ressortir les critères qui permettent de


distinguer l’impôt des autres prélèvements obligatoires, elle s’avère fort incomplète au regard
des évolutions sensibles de l’impôt dans la société contemporaine.
§ 2. Les limites de la définition classique de l’impôt

La définition traditionnelle de l’impôt met l’accent exclusivement sur l’objectif


financier du prélèvement fiscal à savoir la couverture des charges publiques. S’il est
incontestable que c’est sa fonction première, de nos jours, le prélèvement fiscal poursuit aussi
des objectifs non financiers. L’impôt est de plus en plus un moyen de réalisation de certains
objectifs de politique économique et sociale de l’Etat.

Au plan économique l’impôt est un moyen d’action sur la conjoncture (lutte contre
l’inflation) et de transformation des structures (aménagement du territoire). Cette action
économique peut être globale (augmentation taux de la TVA) ou sélective (dégrèvement de
l’impôt accordé à certaines entreprises agrées) ou incitative (détaxation, exonération) ou
dissuasive (surtaxation).

Sur le plan social, l’imposition peut être un moyen de réaliser une redistribution de la
richesse entre les particuliers et ainsi assurer un nivellement de revenu et de fortune. L’action
sociale par l’imposition peut être ponctuelle et sélective : par exemple la taxation de l’alcool
et du tabac peut être un moyen d’une politique de santé publique.

C’est pour tenir compte de la transformation du rôle de l’impôt que les auteurs modernes
retiennent une définition large de l’impôt. C’est le cas de M. Lucien MEHL pour qui « l’impôt
est une prestation pécuniaire, requise des personnes physiques ou morales de droit privé et,
éventuellement, de droit public, d’après leurs facultés contributives, par voie d’autorité, à
titre définitif et sans contrepartie déterminée, en vue de la couverture des charges publiques
de l’Etat et des autres collectivités territoriales, ou de l’intervention de la puissance
publique ».

SECTION II : LES SOURCES DU DROIT FISCAL

Les sources du droit fiscal sont internes mais aussi les autres internationales.

§1. Les sources internes

La pyramide des normes comprend à son sommet la Constitution, ensuite les lois, les
règlements, la jurisprudence ainsi que la doctrine administrative.
A. La Constitution

Les dispositions constitutionnelles relatives à l’impôt sont peu nombreuses au Cameroun.


Le préambule de la loi constitutionnelle du 18 janvier 1996 portant révision de la Constitution
du 2 juin 1972 instaure le devoir fiscal en énonçant que : « Chacun doit participer en
proportion de ses capacités aux charges publiques ». Pour le reste, la Constitution se borne en
son article 26 à poser le principe de la légalité fiscale en réservant à la loi le pouvoir de la
« création des impôts et taxes, la détermination de l’assiette, du taux et des modalités de
recouvrement de ceux-ci ».
Mais ce principe ne fait pas obstacle à ce que le Parlement délègue au Président
de la République son pouvoir législatif. La Constitution prévoit expressément la possibilité
d’une délégation législative qui permet au Président de la République de légiférer par voie
d’ordonnance. C’est ainsi que chaque année, il est prévu dans les dispositions diverses de la
loi de finances que « le Président de la République est habilité à apporter, par voie
d’ordonnance, des modifications aux législations financière, fiscale et douanière ainsi qu’à la
Charte des investissements ».

B. La loi

La loi en vertu de l’article 26 de la Constitution, est la source principale du droit fiscal.


Elle intervient à un double niveau.

En premier lieu, seule la loi peut créer un impôt, modifier ou supprimer un impôt
ancien. Cette intervention du législateur peut prendre deux formes : celle d’une loi de finances
ou celle d’une loi ordinaire.

En second lieu, la loi doit chaque année autoriser le gouvernement à percevoir les
impôts. Cette autorisation est contenue dans la loi de finances de l’année.

L’essentiel de la législation fiscale au Cameroun est contenu dans loi n°2002/003 du


19 avril 2002 portant Code général des impôts. Dans sa structure actuelle, le Code général des
impôts, comprend trois Livres. Le Livre premier traite des types d’impôts. Le Livre deuxième
dénommé Livre des procédures fiscales (LPF) régit les procédures fiscales. Le Livre troisième
qui traite de la fiscalité locale reprend les dispositions de la loi n°2009/019 du 15 décembre
2009 portant fiscalité locale.
C. Le Règlement

Le pouvoir réglementaire en matière fiscale est essentiellement dérivé, subordonné,


d’application des règles posées par la loi. Il s’exerce par voie de décrets et d’arrêtés. Dans
l’exercice de ce pouvoir, le gouvernement ne peut pas édicter des règles contraires à la loi.

Le pouvoir réglementaire d’exécution de loi fiscale appartient non seulement à l’Etat


mais aussi aux collectivités locales. En effet, la loi se borne parfois à prévoir la création de
certains impôts ou taxes en laissant à l’organe délibérant des collectivités locales le soin de les
établir : cas des taxes locales facultatives. Mais le plus souvent l’ensemble du régime de
l’imposition est fixé par la loi, l’autorité décentralisée étant seulement habilitée à arrêter le
taux de l’impôt en respectant une certaine fourchette (ex. impôt libératoire)

D. La jurisprudence

La jurisprudence ne joue qu’un rôle mineur dans l’édification du droit fiscal. La loi
déterminant de façon précise et détaillée l’étendue et les modalités de l’obligation fiscale, la
mission impartie au juge paraît enfermée dans d’étroites limites notamment l’interprétation de
la loi fiscale.

C’est à l’occasion des litiges opposant le fisc aux contribuables dont ils sont saisis que
les tribunaux interprètent la loi fiscale et en comblent éventuellement les lacunes. Ces litiges
sont variés et relèvent respectivement de la compétence des tribunaux administratifs et
judiciaires.

La compétence principale incombe aux tribunaux administratifs qui dorénavant


connaissent du contentieux de l’imposition de tous les impôts au Cameroun. Celui porte sur
l’assiette et la liquidation de l’impôt. Cette compétence est élargie au recouvrement à la
contestation de la validité des mesures particulières de poursuites. Comme juge administratif
ordinaire, les tribunaux administratifs statuent sur le recours en annulation pour excès de
pouvoir dirigés contre les actes fiscaux réglementaires et sur les actions en indemnisation du
préjudice causé par les actes administratifs de l’administration fiscale.

La compétence des tribunaux judiciaires quant à elle est résiduelle. Le juge judiciaire
est seul compétent pour statuer sur la validité des mesures de poursuite de droit commun en
recouvrement forcé des impôts et pour réprimer le délit de fraude fiscale et les infractions
assimilées.

E. La doctrine administrative
Elle s’entend de l’ensemble des notes, instructions, circulaires, correspondances par
lesquelles l’administration fait connaître son interprétation des dispositions de la loi fiscale.
Ces documents sont signés soit par le Ministre chargé des finances, soit par le Directeur
général des impôts, soit par les Chefs de centre des impôts ou les Inspecteurs vérificateurs.

Sans être réellement contraignante, l’interprétation que l’administration donne des


textes dans ces documents a une portée juridique indéniable. Elle s’impose d’abord à ses
agents tenus à l’obéissance hiérarchique. Ensuite les contribuables peuvent l’opposer à
l’administration. La possibilité pour le contribuable d’opposer à l’administration sa
doctrine est consacrée par l’article L37 du L.P.F qui dispose que : « Il ne sera procédé à
aucun rehaussement d’impositions antérieures si la cause de celui-ci résulte d’un différend
portant sur une interprétation par le contribuable de bonne foi d’une disposition fiscale à
l’époque des faits formellement admise par l’administration fiscale ». Les contribuables ont
donc le droit à être traité conformément aux interprétations de la loi fiscale données par
l’administration.

§ 2. Les sources internationales

Elles sont constituées essentiellement des conventions fiscales internationales et des


normes communautaires.

A. Les conventions fiscales internationales

Il s’agit d’abord des conventions contre la double imposition qui sont conclues entre le
Cameroun et certains Etats dans le but de régler la situation fiscale des personnes
susceptibles d’être imposées du fait de leur activité, de leur domicile ou de leur revenu
dans chacun des Etats concernés.

Ces conventions conduisent le plus souvent à l’imposition dans un Etat et à l’exonération dans
l’autre ou à l’imposition dans l’Etat de la résidence principale ou de l’activité principale,
déduction faite de l’imposition subie dans l’autre Etat au titre des activités qui y sont
exercées.
En dehors des conventions contre la double imposition, des nombreux autres accords
internationaux comportent des dispositions fiscales ou à incidence fiscale : accords culturels,
accords pour la protection des investissements, accords de coopération technique.

Toutes ces conventions sont des traités internationaux, qui régulièrement ratifiées,
priment sur les lois internes.

B. Les normes communautaires

Elles émanent les unes de la CEMAC, les autres de l’OHADA.

Dans le cadre de la CEMAC anciennement (UDEAC), de nombreuses mesures ont été


prises touchant la fiscalité des Etats membres. Sur le plan douanier on peut citer le Code des
douanes commun aux Etats membres et le tarif douanier.

Dans la perspective de l’harmonisation de la législation fiscale des Etats membres, les


actes portant adoption des règles fiscales communes sont intervenues en matière de TVA,
d’impôt sur les sociétés, des droits d’enregistrement, du timbre et de la curatelle.

Pour ce qui est du droit OHADA, comme le reconnaît la Cour Commune de Justice et
de l’Arbitrage (CCJA) dans son Avis n°001/2001/EP du 30 avril 2001, le droit fiscal « ne fait
pas partie à ce jour des matières rentrant dans le domaine du droit des affaires harmonisées
tel que défini à l’article 2 du Traité relatif à l’harmonisation en Afrique du droit des affaires
». C’est de manière incidente, que le droit OHADA s’applique à certains aspects du droit
fiscal. C’est le cas de l’Acte uniforme sur l’organisation des procédures simplifiées de
recouvrement et les voies d’exécution qui régit les poursuites de droit commun prévue par les
articles L55 à L70 du LPF dans la mesure où elles mettent en œuvre les mesures
conservatoires, mesures d’exécution forcée et procédures de recouvrement déterminées par
ledit acte uniforme.

SECTION III : LES CARACTERES DU DROIT FISCAL

Réalisme et autonomie sont les deux caractères que la doctrine dans sa majorité
s’accorde à reconnaître au droit fiscal.

§ 1. Le réalisme du droit fiscal

Le réalisme procède du fait que la loi fiscale frappe des états de fait et non des
situations de droit.
Il en résulte que le droit fiscal se contente de constater l’existence de la matière imposable
sans s’intéresser au caractère licite ou illicite de son origine. La personne qui se livre à
l’exercice d’une activité illégale (la médecine) ou immorale (la prostitution) sera soumise à
l’impôt sur le revenu.

De même le réalisme conduit à écarter les conventions fictives que les contribuables
seraient susceptibles d’opposer au fisc pour masquer la réalité de la matière imposable. Le fisc
peut donc, si tel est son intérêt, restituer aux actes fictifs leur véritable caractère afin de
déterminer en conséquence l’impôt dû au Trésor.

§ 2. L’autonomie du droit fiscal

Elle est sans doute l’une des questions ayant alimenté le plus de controverse dans la
doctrine du droit fiscal. A la place de l’autonomie, certains auteurs préfèrent les termes de
spécificité, de particularisme pour établir que le droit fiscal a ses règles propres qui ne sont ni
celles du droit privé, ni celles du droit administratif.

Les défenseurs de l’autonomie du droit fiscal se fondent sur le fait que la loi fiscale
atteint des situations de fait sans avoir à rechercher comment ils sont définis par une autre loi.
De même, les définitions données par la loi fiscale sont naturellement indifférentes aux autres
lois. En effet la loi fiscale et la jurisprudence ont forgé des concepts et des procédures propres
au droit fiscal, même si la terminologie est empruntée ailleurs: domicile, revenu, transparence
fiscale.

PLAN DU COURS

PREMIERE PARTIE : LES OPERATIONS FISCALES

DEUXIEME PARTIE : LE SYSTEME FISCAL CAMEROUNAIS


PREMIERE PARTIE : LES OPERATIONS FISCALES

L’application individuelle de l’impôt se traduit par un ensemble d’opérations,


déterminées par la loi et réalisées par les services fiscaux ou sous leur contrôle tels le
recensement des redevables, la réception et la vérification des déclarations, la liquidation des
cotisations et leur recouvrement. Ces opérations peuvent être étudiées sous trois rubriques
correspondant aux trois missions imparties à l’administration fiscale 1 : imposer les
contribuables, contrôler leur situation, recouvrer les cotisations mises à leur charge.

CHAPITRE I : LES OPERATIONS D’IMPOSITION

Les opérations d’imposition sont celles qui conduisent à la détermination du montant


de la dette fiscale du contribuable à travers deux grands mécanismes : le mécanisme d’assiette
et celui de la liquidation de l’impôt.

SECTION I : L’ASSIETTE DE L’IMPÔT

L’assiette de l’impôt est l’ensemble des opérations destinées à la détermination de la


matière imposable (§. 1) et à l’évaluation des bases d’imposition (§. 2).

§ 1. La détermination de la matière imposable

Si la définition de la matière imposable c'est-à-dire l’élément sur lequel est assis


l’impôt est de l’entière compétence du législateur, il appartient à l’administration fiscale de
déterminer ensuite pour chaque contribuable la base d’imposition, en qualifiant l’élément

1
Ces tâches sont assurées principalement par les services fiscaux de base constituées par les Centres des Impôts
autrement appelés Unités de gestion que sont : les Centres Divisionnaires des Impôts (CDI) ; les Centres des
Impôts des Moyennes Entreprises (CIME) ; la Direction des Grandes Entreprises (DGE) ; les Centres
Spécialisées des Impôts (CSI).
Excepté les Centres spécialisés des Impôts, le rattachement des contribuables aux autres Unités de gestion est
fonction du chiffre d’affaires réalisé par ceux –ci. C’est ainsi que relèvent des :
- CDI, les contribuables qui réalisent ou déclarent un chiffre d’affaires hors taxes inférieur à cinquante
millions (50 000 000) de FCFA ;
- CIME, les contribuables qui réalisent ou déclarent un chiffre d’affaires au moins égal à cinquante
millions (50 000 000) de FCFA et inférieur à trois (3) milliards de FCFA ;
- DGE, les contribuables qui réalisent ou déclarent un chiffre d’affaires hors taxes au moins égal à trois
(3) milliards de FCFA. Toutefois, sans considération du chiffre d’affaires, relèvent d’office de la DGE
les contribuables qui opèrent dans les secteurs suivants : pétrolier en amont, minier à l’exclusion des
artisans miniers, gazier, téléphonie mobile, banque de premier ordre.

Les Centres Spécialisés des Impôts gèrent des catégories spécifiques des contribuables. Il existe actuellement
deux types : les Centres Spécialisés des Impôts des Professions Libérales et de l’Immobilier (CSIPLI) de Douala
et Yaoundé, le Centre Spécialisé des Impôts des Collectivités Territoriales Décentralisées et des Etablissements
Publics Administratifs de Yaoundé.
susceptible d’entrer dans le champ de la taxation. La détermination de la matière imposable
est à l’origine d’une certaine classification des impôts.

A. La distinction entre impôts réels et impôts personnels

Dans tous les cas, l’impôt est toujours supporté par une personne physique ou morale : le
contribuable.

Les impôts réels sont ceux qui frappent les biens d’un contribuable sans considération
de sa situation personnelle. C’est le cas des droits d’enregistrement, des droits de douane.

Les impôts personnels entendus stricto sensu frappent la personne sans considération
de ses facultés contributives. Ex. l’impôt de capitation dû en raison de l’existence de la
personne. Cet impôt tend à disparaître.

Au sens large, l’impôt personnel est un impôt qui tient compte de la situation
personnelle du contribuable. Il prend le nom d’impôt personnalisé. Comme les impôts réels ils
sont assis sur un bien (revenu, patrimoine, dépense). Mais ils sont aménagés intuitu personae.
Il est tenu compte de l’importance des facultés contributives (progressivité du tarif), souvent
appréciées par rapport à la situation personnelle du contribuable spécialement par rapport à la
situation familiale (aménagement familial de l’impôt).

B. Distinction impôt sur le revenu, impôt sur la dépense et impôt sur le capital
1) L’impôt sur le revenu est l’impôt assis sur la richesse c'est-à-dire sur la richesse produite
par le travail ou par le capital du contribuable. La notion fiscale de revenu peut varier selon
que l’on considère le revenu à l’entrée dans le patrimoine du contribuable (réalisation) ou à sa
sortie (dépense) ou encore comme une croissance du capital (plus-value).

Pour la langue courante, l’impôt assis sur le revenu c’est l’impôt assis sur la réalisation
du revenu, c'est-à-dire sur le profit ou le bénéfice.

2) L’impôt sur le capital encore appelé impôt sur la fortune atteint les éléments du patrimoine
du contribuable du fait de leur possession ou de leur acquisition à titre gratuit. Il frappe donc
la richesse acquise.

Au Cameroun, l’impôt atteint le capital ou le patrimoine à l’occasion de son


déplacement ou mutation. C’est dans ce groupe qu’il faut ranger les droits d’enregistrement
sur les ventes, donations et surtout, les successions.
3) L’impôt sur la dépense. L’impôt sur la dépense frappe les emplois du revenu ou du capital
affectés à l’acquisition des biens et services. Les dépenses considérées sont tantôt des
dépenses d’investissement (acquisition d’immeuble, de machines) tantôt les dépenses de
consommation (acquisition des denrées et de services)

C. Distinction impôts synthétiques et impôts analytiques

L’impôt analytique encore appelé impôt particulier ou spécial est celui qui atteint
séparément chacun des éléments du capital, chaque catégorie de revenu ou chaque opération
de dépense du contribuable.

Au contraire, l’impôt synthétique encore dit « général » ou « universel », atteint le


revenu ou le capital dans l’ensemble ou l’ensemble des dépenses effectuées au cours d’une
même période.

Le système fiscal camerounais comprend un impôt général sur la dépense (la TVA).
Les impôts particuliers sur les dépenses sont constitués par les droits de douane, les droits
d’accises (certains produits particuliers), les droits de mutation à titre onéreux perçus à
l’occasion de la circulation des capitaux (immeubles, valeurs immobilières, fonds de
commerce).

A l’impôt général sur le revenu des personnes physiques s’est substitué un impôt
analytique depuis la loi de finances 2015.

D. La distinction impôts directs et impôts indirects

La classification des impôts en impôts directs et impôts indirects est répandue dans les
systèmes fiscaux. Elle est consacrée par le langage courant, le vocabulaire politique, mais
aussi par la terminologie économique. La distinction se fonde généralement plusieurs critères
qui sont loin cependant de reposer sur une base scientifique rigoureuse.

L’on peut retenir le critère de l’incidence ou de répercussion économique d’après le


quel, l’impôt direct est celui qui est supporté définitivement par le contribuable lui-même.
Autrement dit la personne qui paie l’impôt (le redevable légal) est celle qui supporte
définitivement la charge.
Au contraire, l’impôt est indirect lorsque celui qui le paie au fisc (redevable légal) ne
joue que le rôle d’intermédiaire et se borne à l’avance de l’impôt dont il se remboursera lui-
même sur le véritable contribuable par voie de ricochet et de répercussion.

Il convient toutefois de relever que le phénomène de la répercussion est extrêmement


complexe. Certains contribuables (commerçants, sociétés) peuvent si les conditions du
marché le permettent éviter de supporter la charge de l’augmentation du taux de l’impôt en
augmentant leur prix, ou le répercuter sur les fournisseurs ou sur les salaires.

Tandis que les redevables des impôts indirects peuvent dans certaines circonstances
économiques (récession) être amenés à conserver définitivement la charge de l’impôt en
baissant les prix pour assurer leur vente.

Ainsi, en fonction des aléas de la conjoncture économique le même impôt sera tantôt
qualifié de direct, tantôt d’indirect.

§. 2. L’évaluation de la matière imposable

La matière imposable une fois définie, il doit être procédé à l’évaluation de son
montant.

Quels sont les moyens qui permettent d’accéder à cette connaissance des facultés
contributives ou de la matière imposable ? Cette question ne prend son plein développement
qu’à l’égard des impôts ad valorem par opposition aux impôts spécifiques. Il convient donc de
poser les bases de cette distinction avant d’étudier les méthodes d’évaluation de matière
imposable.

A. La distinction impôts ad valorem et impôts spécifiques

Dans la langue fiscale, l’impôt spécifique est celui qui est perçu sur l’unité matérielle du
produit frappé par la loi fiscale. Cette unité est habituellement définie en poids, volume ou
surface. L’impôt est calculé en multipliant le poids, le volume ou la surface par une somme
donnée (par exemple la Taxe spéciale sur les produits pétroliers : essence super 120 F/l ; gas-
oil 65 F/l).

Par opposition, on appelle impôt ad valorem celui qui atteint une matière imposable non
plus dans son unité, mais dans sa valeur monétaire. Il se calcule en pourcentage de cette
valeur.
L’évaluation de la base d’imposition de l’impôt spécifique est simple ; un calcul de la
superficie ou du volume, une pesée suffisent. L’impôt spécifique échappe ainsi à toute
difficulté de connaissance et d’évaluation que doit résoudre l’impôt ad valorem.

B. Les méthodes d’évaluation de la matière imposable

Il existe quatre procédés permettant d’avoir accès à la connaissance et à l’évaluation de la


matière imposable.

1) La déclaration contrôlée

La déclaration est l’acte par lequel le contribuable fait connaître au fisc l’existence de
la matière imposable, son montant et si possible tous les éléments nécessaires au calcul de
l’impôt.

Encore appelée méthode d’évaluation réelle ou du bénéfice réel, la déclaration repose


sur la bonne volonté, la sincérité et le sens civique du contribuable. Sa qualité essentielle qui
est l’exactitude de l’évaluation est compromise par le risque de fraude qui est son
inconvénient majeur. C’est pourquoi elle est assortie des contrôles stricts destinés tant à
prévenir la fraude qu’à en prouver l’existence.

Par dérogation au principe de la déclaration par le contribuable, le législateur


camerounais a consacré dans la loi de finances 2014 à travers l’article L 2 bis du LPF le
système de la déclaration pré remplie. C’est une procédure par laquelle l’Administration,
sur la base des renseignements à sa disposition sur les revenus, les biens ou toute autre
matière imposable d’un contribuable, adresse à ce dernier une déclaration assortie d’une
liquidation des impôts, droits et taxes y afférents.

La déclaration pré remplie est servie au contribuable en cas d’absence de déclaration


ou d’une insuffisance manifeste de déclaration. Elle est notifiée au contribuable contre
décharge.

Le contribuable qui accepte les termes de la déclaration pré remplie doit la retourner à
son Centre des impôts de rattachement, accompagnée des moyens de paiement dans un délai
de trente (30) jours à compter de sa réception.

Le redevable qui conteste les bases d’impositions ou le principe de l’impôt mis à sa


charge doit saisir le Centre des impôts émetteur de la déclaration pré remplie, d’une demande
de rectification dans délai d’un (1) mois à compter de la réception de la dite déclaration.
L’administration et le contribuable disposent dans ce cas d’un délai de trente (30) jours pour
arrêter les impositions définitives constatés par un Avis de mise en recouvrement (AMR).

A compter de la notification de l’AMR, le contribuable dispose d’un délai de trente


(30) jours pour s’acquitter de sa dette. Il peut en cas de désaccord contester les impositions
conformément aux dispositions du Livre des procédures fiscales.

2) L’évaluation forfaitaire

La méthode forfaitaire consiste à évaluer la matière imposable à partir d’un ou


plusieurs éléments qui sont considérés comme révélateurs de celle-ci parce qu’ils sont en
relation directe avec la matière imposable. C’est ainsi que le chiffre d’affaires peut être
retenue pour la détermination du bénéfice imposable. Le forfait peut être conventionnel
ou légal.
Le forfait est dit conventionnel lorsque la loi laisse au fisc et au contribuable le soin de
fixer d’un commun accord le montant de la matière imposable dans les conditions ou les
limites quelle fixe.

Le forfait est dit légal lorsque la loi fixe les éléments à partir desquels la base
d’imposition peut être reconstituée et qui sont supposées être en relation étroite avec la
matière imposable.

Le forfait peut être obligatoire, mais il est conçu le plus souvent comme une faculté à
laquelle les contribuables peuvent renoncer pour y substituer une évaluation réelle et exacte
de la matière imposable (bénéfice ou charge).

Le régime forfaitaire présente des avantages incontestables de commodité et de


sécurité tant pour l’administration et le contribuable, mais son inconvénient est d’aboutir à
une évaluation inexacte et le plus souvent inférieur à la réalité.

3) L’évaluation indiciaire

La méthode indiciaire consiste à évaluer la matière imposable à partir de certains


signes extérieurs aisément constatables et auxquels est attribuée une valeur représentative
donnée. Elle est applicable pour l’évaluation du revenu global dans les conditions prévues par
l’article 66 du CGI qui énonce que : « Est taxé d’office à l’impôt sur le revenu des personnes
physiques d’après les signes extérieurs de richesse, tout contribuable dont les dépenses
personnelles ostensibles et notoires sont supérieurs aux revenus qu’il déclare ou tout
contribuable, qui dans les mêmes conditions n’a pas souscrit de déclaration ». Le revenu
global imposable est déterminé en appliquant à certains éléments du train de vie le barème
fixé par le CGI.

Cette méthode apparaît beaucoup plus comme un procédé de contrôle de la déclaration


et non comme un moyen d’évaluation des revenus eux-mêmes.

4) L’évaluation d’office par l’administration

La procédure d’évaluation d’office connue sous le nom de taxation d’office n’est


utilisée par l’administration que lorsque le contribuable refuse sa collaboration et se soustrait
à ses obligations fiscales : défaut de déclaration, absence de réponse aux demandes
d’éclaircissement ou de justifications présentées par l’administration ; opposition à un
contrôle fiscal.

Cette procédure unilatérale qui présente le caractère d’une sanction est très rigoureuse.
Elle permet à l’administration sous le contrôle du juge d’employer tous les moyens possibles
pour déterminer les bases d’impôt. Il appartient au contribuable d’apporter la preuve de
l’inexactitude de l’évaluation en cas de contestation. Le renversement de la charge de la
preuve est souvent dangereux pour le contribuable car l’administration de la preuve contraire
est difficile.

SECTION II : LA LIQUIDATION DE L’IMPÔT

Une fois la matière imposable constatée et évaluée, il faut calculer le montant de la


dette du contribuable c'est-à-dire l’impôt dû. Le calcul ou la liquidation de la dette fiscale
s’effectue par application à la base imposable d’un ensemble des règles qui constituent le tarif
de l’impôt.

L’élément essentiel du tarif est le taux c'est-à-dire le pourcentage de la matière


imposable que représente le prélèvement opéré par le fisc. Lorsque le tarif de l’impôt
comporte plusieurs taux, ceux-ci constituent le barème de l’impôt (Barème des Traitements et
salaires de l’IRPP).

§ 1. Les techniques d’établissement du tarif


Les techniques d’établissement du tarif de l’impôt donnent lieu à la distinction entre
l’impôt de répartition et l’impôt de quotité.
A. Impôt de répartition

On dit qu’il y a impôt de répartition lorsque la loi fixe le rendement total de l’impôt
(contingent) pour l’ensemble du territoire. Le législateur répartit le contingent national entre
les régions. Chaque contingent régional est réparti entre les départements, le contingent
départemental entre les arrondissements, le contingent d’arrondissement entre les
contribuables au prorata des éléments d’imposition.

Ce procédé présente l’avantage que le rendement de l’impôt est connu à l’avance. Il a


l’inconvénient de porter atteinte à l’égalité devant les charges publiques. Il n’a jamais été
adopté au Cameroun et il est abandonné par presque tous les pays au profit de l’impôt de
quotité.

B. L’impôt de quotité

L’impôt de quotité ne fixe pas le rendement de l’impôt (produit définitif de l’impôt),


mais le taux, égal pour tous les contribuables, qui atteint la matière imposable.

§. 2. L’aménagement du tarif de l’impôt

Lorsqu’on admet le procédé de quotité il faut fixer le tarif permettant de calculer


l’impôt par rapport à la valeur imposable. Deux procédés sont alors possibles pour établir ce
tarif et le choix aboutit à la distinction capitale qui oppose deux types d’impôts : l’impôt
proportionnel et l’impôt progressif

A. L’impôt proportionnel
L’impôt proportionnel soumet la matière imposable à un taux constant quelle que soit
sa quantité. C’est le cas de l’Impôt sur les sociétés au Cameroun.
B. L’impôt progressif

L’impôt progressif soumet la matière imposable à un taux croissant à mesure que la


matière imposable augmente

La progressivité peut être aménagée de deux façons :

1) La progressivité globale

La matière imposable est répartie en fonction de son importance en catégories successives


auxquels sont affectés des taux croissants. La totalité de la matière imposable détenue par un
contribuable est frappée d’un taux unique dans la catégorie dans laquelle elle se trouve
classée. Exemple de barème :

Classe A 0 à 10 000 0%

Classe B 10 001 à 20 000 10%

Classe C 20 001 à 40 000 20%

Classe D Revenu > 40 000 30%

Un revenu de 25 000 F entre dans la classe C et subi un impôt de 25 000 x 20% =


5 000 F.

Simple dans son principe, la progressivité par classe a pour inconvénient de créer des
sauts bruts d’imposition entre les différentes classes. Une augmentation de la matière
imposable peut entraîner un accroissement plus important de l’impôt. Il en résulte de graves
injustices.

Ex. Revenu 19 900 F x 10% = 1 990 F

Revenu de 20100 x 20% = 4 020 F

Soit une différence d’impôt de 2 030 F pour une différence de 200 F de revenu.

Ainsi la progressivité par tranche est préférée à la progressivité globale.

2) La progressivité par tranche

La matière imposable n’est pas toute entière affectée d’un taux unique. Elle est décomposée
en tranche dont chacune est frappée d’un taux différent de plus en plus élevé au fur et à
mesure que l’on atteint les tranches supérieures. On procède à la liquidation séparée pour
chaque tranche et l’imposition totale est obtenue par l’addition des impositions dues pour
chaque tranche.
Exemple : barème IRPP applicable aux salariés au Cameroun

0 à 2 000 000 10%

2 000 001 à 3 000 000 15%

3 000 001 à 5 000 000 25%


Plus de 5 000 000 35 %

Ainsi, pour un revenu net imposable de 3 500 000 F, l’impôt dû est calculé comme
suit :

Tranche 0 à 2 000 000 (2000 000 x 10 %) = 200 000

Tranche 2 000 001à 3 000 000 (1000 000 x 15%) = 150 000

Tranche 3 000 001 à 3 500 000 (500 000 x 25%) = 125 000

475 000

§. 2. L’application du tarif de l’impôt

En principe, l’impôt de quotité se calcule en application du taux à la base


d’imposition. Mais l’impôt peut être calculé sur lui-même.

C’est ainsi qu’au lieu de créer de nouveaux impôts, le législateur greffe parfois
l’imposition complémentaire sur un impôt existant. Ce complément est calculé par application
d’un pourcentage au « principal », c'est-à-dire au produit l’impôt originaire ; il porte suivant
les cas le nom de « décime » ou de « centime ». Les centimes ou décimes peuvent être perçus
au profit de l’Etat, ils sont dits « généraux » ou au profit des collectivités locales : ils sont dits
communaux. Ex. les centimes additionnels communaux (CAC).

La liquidation est parfois prise en charge par l’administration. Dans ce cas, les
contribuables établissent et déclarent la base d’imposition. Les services fiscaux calculent les
cotisations fiscales et le portent à la connaissance du redevable par l’envoi d’un AMR. Mais
de plus en plus, c’est le contribuable qui procède à la liquidation en même temps qu’il établit
sa déclaration (IS, IR, TVA°).

Cette technique suppose de la part du contribuable un minimum de connaissances


techniques, sous peine de voir les erreurs se multiplier et un minimum de bonne volonté. Les
délais de recouvrement sont abrégés car la déclaration, la liquidation et le paiement sont alors
généralement simultanés.
CHAPITRE II. LES OPERATIONS DE CONTRÔLE FISCAL

Le contrôle de la situation fiscale des contribuables est une attribution essentielle de


l’administration des impôts sans laquelle tout pouvoir d’imposition serait voué à l’échec. Le
contrôle poursuit trois objectifs : la lutte contre la fraude fiscale, l’application correcte de la
loi fiscale par les contribuables souvent désorientées par la complexité et l’instabilité de la
législation, la tutelle des services fiscaux de base.

Le législateur dans le Livre de procédures fiscales, distingue le droit de contrôle qui


aboutit au redressement des bases d’imposition, des droits de communication, d’enquête, de
constatation des stocks et de visite, qui apparaissent plutôt comme des moyens d’information
de l’administration fiscale.

SECTION I : LE DROIT DE CONTRÔLE

Le droit de contrôle constitue la contrepartie normale de l’obligation faite aux


contribuables de produire les déclarations sincères et exactes de la matière imposable. Il
permet à l’administration de s’assurer du respect de cette obligation et de procéder le cas
échéant au redressement des situations irrégulières.

§ 1. Les modalités d’exercice du droit de contrôle

Le pouvoir d’assurer le contrôle de l’assiette de tous les impôts et taxes dus par les
contribuables incombe aux seuls agents des impôts assermentés ayant au moins le grade
d’inspecteur. Les contrôles peuvent être soit internes, soit externes.

A. Les contrôles internes


Dans cette catégorie figurent les demandes d’éclaircissement et de
justifications, les contrôles sur pièces et la procédure du dialogue de conformité.

1) Les demandes d’éclaircissement et de justifications

Les demandes d’éclaircissement et de justifications constituent des procédures dont


jouit l’administration dans le cadre du contrôle des déclarations souscrites ou des actes
déposés par le contribuable.

La demande d’éclaircissement a pour objet de provoquer les explications du


contribuable sur les énonciations de sa déclaration qui peuvent paraître obscures tant sur la
forme que sur le fond, sur les discordances relevées soit entre diverses parties de sa
déclaration, soit entre cette déclaration et des éléments détenues par le service ou les
déclarations antérieures dudit contribuable.

La demande de justifications quant à elle vise à obtenir du contribuable des éléments


de preuve ou, au moins, un commencement de preuves de ses allégations.
Qu’il s’agisse de la demande d’éclaircissement ou de justifications, les contribuables
doivent impérativement répondre dans un délai de trente (30) jours à compter de la réception
de la demande. A défaut, ils s’exposent à la taxation d’office pour la détermination des impôts
et taxes concernés par la demande.

2) Les contrôles sur pièce

Ils consistent pour l’administration à procéder au contrôle des déclarations souscrites


par le contribuable, depuis les locaux de l’administration sans envoi d’un avis préalable.

Ces contrôles se limitent à l’examen des déclarations, des actes utilisés pour
l’établissement des impôts et taxes ainsi que les documents déposés en vue des déductions,
des restitutions ou des remboursements.

En tout état de cause, le contrôle sur pièces est un contrôle de cohérence des
déclarations du contribuable et non un contrôle général de comptabilité.

3) La procédure du dialogue de conformité


Le dialogue de conformité est une modalité de suivi permettant à l’Administration de susciter de la
part du contribuable, à travers un échange contradictoire, la régularisation de sa situation déclarative,
sans encourir de sanctions.

Cette procédure est consacrée à l’article L 22 ter alinéa du LPF issue de la loi de finances 2023 qui
dispose que l’Administration peut, sur la base des déclarations souscrites par un contribuable ou
des informations extra comptables en sa possession, engager un dialogue de conformité
visant à clarifier, et le cas échéant à régulariser la situation fiscale de ce dernier. Il s’ensuit
que pour l’application de cette procédure, l’Administration doit s’appuyer sur une
insuffisance, une omission susceptible d’affecter l’exhaustivité, la sincérité et l’exactitude de
la déclaration du contribuable.

L’initiative de la mise en œuvre de la procédure du dialogue de conformité appartient à


l’Administration et plus précisément au Centre des Impôts de rattachement du contribuable
qui à cet effet, adresse à ce dernier une invitation écrite à une séance de travail huit (8) jours
au moins avant la date de sa tenue. Celle-ci doit préciser l’objet de la séance ainsi que les
éléments à produire le cas échéant. Le délai des échanges contradictoires dans le cadre du
dialogue de conformité ne saurait dépasser quarante-cinq (45) jours à compter de la date de la
première séance de travail y relative.

La procédure du dialogue de conformité, dans tous les cas, ne peut donner lieu directement à une
notification de redressement ou à une taxation d’office. Toutefois, elle peut déboucher sur :

- soit sur des régularisations spontanées lorsque le contribuable reconnaît le bien fondé des
observations de !'administration fiscale. Ces régularisations ne donnent pas lieu à application
des pénalités ;

- soit sur une programmation pour un contrôle fiscal lorsque des divergences subsistent entre
les parties au terme des échanges contradictoires.

Le dialogue de conformité donne obligatoirement lieu à un procès-verbal dressé et signé par les
deux parties.

B. Les contrôles externes ou sur place


Ils correspondent dans le cadre du droit de contrôle, à la vérification fiscale, qui
permet à l’administration d’obtenir sur place les renseignements ou de constater les
irrégularités. Pour éviter que la vérification ne devienne synonyme d’inquisition, germe
d’exaction, une certaine protection à la mesure du pouvoir de l’administration est accordée
aux contribuables.

1) Les types de vérification sur place

Le Livre des procédures fiscales permet de distinguer trois types de vérification ou de


contrôle sur place : la vérification de comptabilité, le contrôle ponctuel et la vérification de la
situation fiscale d’ensemble.

a) La vérification de comptabilité

Elle vise les contribuables astreints à présenter et à tenir les documents comptables. Elle
consiste en l’examen approfondie sur place de la comptabilité ou des documents en tenant lieu
afin de s’assurer de l’exactitude des déclarations souscrites par le contribuable. Elle peut être
soit générale soit partielle.
- La vérification générale de comptabilité
La vérification générale de comptabilité porte sur tous les impôts, droits et taxes de la
période non prescrite (4 ans). Autrement dit, elle s’exerce sur tous les impôts, sur plus d’un
exercice et ne peut excéder 4 ans.

- La vérification partielle de comptabilité

Elle se distingue de la vérification générale dans la mesure où elle a une portée plus
limitée au regard soit de la période couverte, soit des impôts et taxes objets du contrôle.

La vérification partielle peut porter sur l’ensemble des impôts, droits ou taxes dus mais au
titre d’un exercice fiscal, ou sur un impôt donné sur tout ou partie de la période non prescrite.

b) Le contrôle ponctuel

Il consiste au contrôle des impôts, droits et taxes à versement spontané sur une période
inférieure à un exercice fiscal. Lors du contrôle ponctuel, il ne peut être exigé des
contribuables que de simples pièces justificatives à l’instar des factures, des contrats, des bons
de commande ou de livraison.

Le dit contrôle ne saurait en aucun cas donner lieu à un examen approfondi et critique de
la comptabilité du contribuable.

c) La vérification de la situation fiscale d’ensemble (VSFE)


Tout contribuable relevant de l’IRPP peut faire l’objet d’une vérification de la situation
fiscale d’ensemble.

Elle permet à l’administration fiscale de s’assurer que les revenus déclarés par le
contribuable correspondent à ceux dont il a disposé. A cette occasion, le vérificateur peut
contrôler la cohérence entre, d’une part, les revenus déclarés et, d’autre part, la situation
patrimoniale, la situation de trésorerie et les éléments du train de vie du contribuable.

2) La procédure de la vérification sur place

Un formalisme garantissant les intérêts des contribuables caractérise la procédure de


vérification fiscale.
a) Les agents compétents pour la vérification
Seuls les agents des impôts assermentés ayant au moins le grade d’inspecteur, peuvent
procéder sur place à une vérification fiscale. Ils doivent être munis d’une carte professionnelle
et d’une copie de l’avis de vérification. C’est dire que les agents de grade inférieur peuvent
seulement intervenir au soutien des inspecteurs responsables du contrôle. .

b) Le lieu de la vérification

La vérification de comptabilité s’exerce au siège de l’entreprise ou au lieu de son


principal établissement. Dans l’hypothèse où le contrôle ne peut s’effectuer en ces deux lieux,
le contribuable doit expressément demander qu’il se déroule soit dans les locaux de son
comptable, soit dans les locaux de l’administration.
La VSFE s’exerce dans les locaux de l’administration ou dans les locaux
professionnels du contribuable vérifié.
c) L’avis de vérification

Le contribuable concerné doit être avisé de l’intention de l’administration de procéder


à une vérification de sa comptabilité ou de sa situation fiscale d’ensemble. Cette information
est faite au moyen d’un avis de vérification qui est une lettre envoyée sous pli recommandé ou
en mains propres avec accusé de réception ou par bordereau de décharge, quinze (15) jours au
moins avant la date prévue pour la première intervention sur place de l’inspecteur.

L’avis de vérification précise la nature de la vérification, les impôts concernés, et


mentionne sous peine de nullité de la procédure que, le contribuable a la faculté de se faire
assister d’un conseil fiscal agrée CEMAC et inscrit au tableau de l’ordre ou un Centre de
Gestion Agrée de son choix et de consulter sur le site internet de l’administration fiscale la charte
du contribuable vérifié. Lorsqu’il s’agit d’une VSFE l’avis de vérification doit comporter une
demande de relevé de compte.

Le délai prescrit pour l’envoi de l’avis de vérification ne s’impose pas pour les
vérifications inopinées. L’administration remet simplement un avis de vérification et un
exemplaire de la charte du contribuable en mains propres au contribuable, qui en accuse
réception dès la première intervention. Lors de cette intervention, l’administration se limite à
effectuer sur procès- verbal des constatations matérielles, sans pouvoir procéder à un examen
critique de la comptabilité.
d) Les reports de la vérification
Les vérifications sur place peuvent être reportées du fait de l’administration ou du
contribuable.

En cas de report de la date initiale de la première intervention à l’initiative de


l’administration, le service des impôts doit impérativement adresser au contribuable un avis
rectificatif.

Le contribuable peut également solliciter le report du contrôle, en formulant par écrit


et en motivant sa demande dans les 15 jours de la réception de l’avis. Le report doit être
expressément accepté par l’administration. L’absence de réponse de l’administration fiscale
dans le délai de 15 jours vaut acceptation.

e) Portée et durée de la vérification


Lorsque la vérification au titre d’un exercice fiscal donné, au regard d’un impôt ou
taxe ou d’u groupe d’impôts ou taxes est achevée, l’administration ne peut procéder à une
nouvelle vérification pour ces mêmes impôts ou taxes sur le même exercice fiscal.

Toutefois, lorsque l’administration a déposé une plainte pour agissements frauduleux,


elle peut procéder à une nouvelle vérification.

Dans le cadre de la vérification de comptabilité, la durée des opérations sur place ne


peut excéder trois (3) mois, sauf circonstances exceptionnelles dûment motivées.

Dans le cadre d’une VSFE, les opérations de contrôle devront être réalisées dans un
délai maximum d’un (1) an entre la date de réception de l’avis de vérification et la date de
remise de la notification de redressement, sauf circonstances exceptionnelles dûment
motivées. En cas de découverte d’une activité occulte (activité dont l’exercice n’a pas été
déclarée au service des impôts), ce délai est prorogé de six (6) mois.

La fin de toute vérification sur place doit être matérialisée par un procès –verbal de fin
des opérations.

§ 2. Les conséquences du droit de contrôle

Si l’exercice du droit de contrôle ne révèle aucune erreur ou omission, le contribuable


reçoit un avis d’absence de redressement, valant quitus fiscal, pour la période et l’impôt
contrôlé. Dans le cas contraire, le vérificateur procède au redressement des bases d’imposition
et le contribuable encourt des sanctions fiscales.

A. Le redressement des bases d’imposition

Le redressement des bases d’imposition vise à corriger les insuffisances ou les


inexactitudes parmi les éléments déclarés, voire même les omissions et les dissimulations. Il
se traduit par l’émission des impositions supplémentaires à la charge du contribuable. Il existe
plusieurs procédures de redressement fiscal mais le pouvoir de redressement de
l’administration est limité par des garanties reconnues au contribuable.

1) Les procédures de redressement


Le redressement des bases d’impositions à la suite d’un contrôle fiscal peut suivant les cas
être effectué à travers la procédure de redressement contradictoire, la procédure de la taxation
d’office ou celle de répression de l’abus de droit.

a) Le redressement contradictoire

Le recours à la procédure contradictoire obéit à des conditions précises et le recours à


l’arbitrage est prévu dans l’optique de s’assurer de la qualité du redressement.

- Les conditions de mise œuvre

Lorsque le contribuable a régulièrement souscrit à sa déclaration mais qu’un contrôle a


fait apparaître une insuffisance, une inexactitude, une omission ou une dissimulation, le fisc
ne peut normalement procéder à la rectification des bases d’imposition qu’en suivant la
procédure contradictoire.

- Le déroulement de la procédure contradictoire

L’administration adresse au contribuable une notification de redressement dans un


délai de soixante (60) jours à compter de la fin des opérations de contrôle sur place
matérialisé par procès-verbal de fin de contrôle, sauf circonstances exceptionnelles, sous
peine de nullité de procédure. Celle-ci doit être motivée et chiffrée, sous peine de nullité.

Le contribuable doit faire parvenir ses observations ou faire connaître son acceptation
dans un délai de trente (30) jours à compter de sa réception, sauf circonstances
exceptionnelles dûment motivées. Le défaut de réponse dans le délai vaut acceptation et les
impôts, droits et taxes ainsi rappelés sont immédiatement mis en recouvrement.
Si les observations formulées par le contribuable sont reconnues fondées, en tout ou
partie, l’administration doit abandonner tout ou partie des redressements notifiés. Si
l’administration entend maintenir les redressements initiaux, elle les confirme dans une lettre
de « réponse aux observations du contribuable » et informe ce dernier qu’il a la possibilité de
déposer une réclamation contentieuse suivant les dispositions du LPF.
Dans tous les cas, la réponse aux observations du contribuable est adressée à celui-ci
dans un délai de 60 jours à compter des observations du contribuable, sauf circonstances
exceptionnelles dûment motivées sous peine de nullité de la procédure.

En cas de réclamation contentieuse, la charge de la preuve de l’exactitude de redressement


incombe à l’administration.

- Le contrôle de la qualité des redressements

Le législateur à la faveur de la loi de finances 2023, consacre un dispositif de visant à améliorer la


qualité des émissions dans le cadre des contrôles fiscaux. C’est ainsi qu’il prévoit à l’ article L 28 bis (1)
du LPF que, le Directeur Général des impôts peut, à tout moment de la procédure de contrôle fiscal,
a v a n t l ’ é m i s s i o n d e l ’ a v i s d e m i s e e n r e c o u v r e m e n t , être saisi d'une demande
d'arbitrage sur certains chefs de redressement envisagés lorsque les divergences de vues entre le
contribuable et les services en charge du contrôle sont manifestes et les niveaux d'imposition
envisagés sont de nature préjudicier la poursuite de l'activité de l'entreprise.

La saisine du Directeur Général des Impôts d’un recours en arbitrage est subordonnée à deux
conditions cumulatives :

- les divergences de vues entre le contribuable et les services en charge du contrôle


doivent être manifestes au sujet d’un ou de plusieurs chefs de redressement envisagés

- les niveaux d'imposition envisagés doivent être de nature à préjudicier à la poursuite de


l'activité de l'entreprise.

La saisine du Directeur Général des Impôts peut être effectuée par toutes les parties prenantes au
contrôle en l’occurrence, le contribuable soumis au contrôle ou le service en charge du contrôle et cela
avant l’émission de l’avis de mise en recouvrement qui clôture le contrôle. Cette saisine du DGI pour
arbitrage suspend le décompte des délais de procédure de contrôle.
L'arbitrage rendu dans le cadre de ce recours lie le service en charge du contrôle.
b) La procédure de la taxation d’office

Le redressement contradictoire suppose que le contribuable ait tenu une comptabilité


régulière et déposé dans les délais ses déclarations fiscales. Mais si le contribuable adopte une
attitude de refus, le contrôle devient impossible et il encourt la taxation d’office. Celle-ci
s’applique dans les cas suivants :

- absence de dépôt des déclarations dans les délais ;

- refus de répondre aux demandes d’éclaircissement ou de justification ;

- défaut de désignation d’un représentant fiscal au Cameroun ;

- défaut de tenue ou de présentation de tout ou partie de la comptabilité ou pièce


justificative constaté par procès-verbal ;

- rejet d’une comptabilité considérée par l’administration comme irrégulière ;

- opposition à un contrôle fiscal.

Dans l’hypothèse du non-respect du délai de la déclaration, la taxation d’office n’est


possible que lorsque le contribuable n’a pas régularisé sa situation dans les 08 jours ouvrables
suivant la réception d’une lettre de relance valant mise en demeure de déposer sa déclaration

La procédure de la taxation d’office est unilatérale. En effet, les bases ou les éléments
servant de calcul des impositions arrêtées d’office sont directement portés à la connaissance
du contribuable au moyen d’une notification de redressement qui précise les modalités de leur
détermination. Les impositions en cause sont mises en recouvrement immédiatement.
Mention en est faite dans la notification de redressement qui précise que le contribuable
conserve le droit de présenter une réclamation contentieuse devant l’administration
conformément aux dispositions du LPF.

La charge de la preuve incombe au contribuable qui doit justifier par tous les moyens
que les impositions mises à sa charge sont exagérées ou non fondées.

c) La procédure de la répression de l’abus de droit


Cette procédure dite de la répression de l’abus de droit consacrée par l’article L 33 du
L.P.F2, donne le pouvoir à l’administration fiscale de contester certains actes passés par le
2
L’article L 33 du LPF énonce que « Toute opération conclue sous la forme d’un contrat ou d’un acte juridique
quelconque dissimulant une réalisation ou un transfert de bénéfice ou revenu effectué directement ou par
contribuable au motif qu’ils ne lui sont pas opposables. Il lui suffit à cet effet, d’établir que
ces actes soit ont un caractère fictif, soit ont été établis ou qualifiés en vue d’éluder ou
d’atténuer les charges fiscales que ledit contribuable aurait normalement supportées, eu égard
à sa situation et à la nature réelle de l’opération.

L’abus de droit prévu par le LPF ne peut être invoqué que pour redresser les bases de
l’impôt sur les sociétés, soit l’impôt sur le revenu des personnes physiques.

L’administration peut recourir à tous les moyens de preuve pour rétablir la nature de
l’acte objet de l’abus de droit. En cas de réclamation devant la juridiction contentieuse, la
charge de la preuve lui incombe.

2) Les limites du pouvoir de redressement

Le redressement de base d’imposition est limité par de garanties accordées aux


contribuables, notamment la prescription du pouvoir de reprise, le bénéfice de la
compensation, la garantie contre le changement de la doctrine administrative.

a) La prescription du pouvoir de reprise de l’administration


Le pouvoir de reprise ou de répétition de l’administration qui est la faculté de redresser les
erreurs ou fraudes commises par le contribuable à la suite d’un contrôle fiscal est limité dans
le temps.

Le délai de prescription de l’action en répétition est prévu à l’article L34 du LPF qui
énonce que « les omissions totales ou partielles constatées dans l’assiette de l’impôt, les
insuffisances et inexactitudes ou les erreurs d’imposition peuvent être réparées par
l’administration jusqu’à la fin de la quatrième année suivant celle au titre de laquelle l’impôt
ou la taxe est exigible ». Ainsi par exemple, en matière d’impôt sur le revenu, la déclaration
de revenu de 2020 peut être rectifiée ou redressée par l’administration jusqu’au 31/12/2024. A
l’expiration du délai, aucun redressement ne peut plus être poursuivi et la prescription est
acquise au profit du contribuable.

personne interposée n’est pas opposable à l’administration des impôts qui a le droit de restituer à l’opération
son véritable caractère et de déterminer en conséquence les bases des impôts sur les sociétés ou le revenu des
personnes physiques ».
La prescription peut être interrompue par le dépôt d’un avis de vérification, la notification
de redressement, la déclaration ou la notification d’un procès-verbal ou par tout acte
comportant reconnaissance de l’impôt de la part du contribuable.

L’interruption de la prescription a pour effet de substituer à nouveau un délai de quatre


ans.

b) Le bénéfice de la compensation
Les contribuables faisant l’objet d’une vérification simultanée de la TVA et de l’IRPP ou
de l’IS peuvent bénéficier de la déduction, au titre d’un exercice donné, des suppléments de
taxes afférents aux opérations effectuées au cours de ce même exercice, à condition d’en faire
la demande expresse préalablement à l’établissement des impositions (Art. L 39 du LPF).

c) Les garanties contre le changement de la doctrine de d’administration

Lorsque le redevable a appliqué un texte fiscal selon l’interprétation que l’administration a


fait connaître notamment par ses instructions ou circulaires publiées et qu’elle n’a pas
rapportée à la date des opérations en cause, elle ne peut poursuivre aucun rehaussement en
soutenant une interprétation différente. C’est le sens de l’article L 37 du LPF d’après lequel
« il ne sera procédé à aucun rehaussement d’imposition antérieure si la cause de celui-ci
résulte d’un différend portant sur une interprétation admise par le contribuable de bonne foi
d’une disposition fiscale à l’époque de faits formellement admise par l’administration
fiscale ».

La protection du contribuable est conditionnée par sa bonne foi c'est-à-dire qu’il ne doit
pas avoir induit l’administration en erreur pour obtenir une réponse ne correspondant pas à
l’effectivité de sa situation.

Ainsi, le contribuable de bonne foi ne saurait par conséquent subir de redressements de


son imposition antérieure, dès lors que sa situation était conforme à la qualification qu’en
avait faite l’administration, et qui se révèle erronée au moment du redressement. Dans ce cas,
la nouvelle doctrine n’est valable que pour l’avenir.

B. Les sanctions fiscales


Il s’agit des sanctions liées à l’assiette de l’impôt applicables en cas d’absence de
déclaration ou d’insuffisances, inexactitudes ou omissions constatées dans les déclarations. Il
existe à cet égard deux grandes catégories de sanctions : les sanctions administratives et les
sanctions pénales.

1. Les sanctions administratives

Il s’agit des sanctions fiscales proprement dites qui sont prononcées par l’administration
fiscale elle-même, sous le contrôle du juge de l’impôt.

Elles recouvrent les sanctions pécuniaires et les sanctions non pécuniaires.

a) Les sanctions pécuniaires


Elles comprennent d’une part les intérêts de retard et les majorations de droits et
d’autre part les amendes.
Les intérêts de retard et les majorations de droits sont prononcés par
l’administration dans les hypothèses d’insuffisances, d’omissions ou d’inexactitudes dans les
déclarations et qui ont conduit l’administration à effectuer les redressements.
L’intérêt de retard calculé sur la base des droits mis à la charge du contribuable est
égal à 1.5% par mois, plafonné à 50% à compter du premier jour du mois qui suit celui au
cours duquel la déclaration révélant une insuffisance est déposée jusqu’au dernier jour du
mois de la notification du redressement.

La majoration des droits, applicable en cas de redressements excluant la bonne foi du


contribuable, en sus de l’intérêt de retard, est de 30% en cas de mauvaise foi et 150% en cas
de manœuvres frauduleuses, sans préjudice des poursuites pénales.
En cas de taxation d’office consécutive à l’absence de déclaration précédée d’une mise
en demeure de déclarer, la majoration de la cotisation est de 100% ; portée à 150% en cas de
récidive.

Les amendes forfaitaires sanctionnent le dépôt, après une mise en demeure d’une
déclaration faisant apparaître un impôt néant (1000 000F), le non dépôt dans les délais légaux
d’une demande d’immatriculation (250000 F), la soustraction au droit de communication ou à
l’avis à tiers détenteurs (jusqu’à 500000F) et en cas de vente sans facture ou fausse facture
(100% transaction avec un minimum de 100000F).

b) Les sanctions non pécuniaires


Elles sont constitutives des sanctions particulières consacrées par le livre des procédures
fiscales. Elles consistent :

- en cas de taxation d’office consécutive au non dépôt de la déclaration d’une part, en la


perte du droit à déduction et du crédit de TVA et d’autre part, en la perte du droit à
imputation des déficits des exercices antérieurs ainsi que des crédits d’impôts en
matière d’impôt sur le revenu ;
- en cas de non-respect par les contribuables concernés des obligations déclaratives et
de paiement défini aux articles L1, L2 et L7 du LPF, à la déchéance du droit
d’exercer, à l’interdiction de soumissionner les marchés publics et d’importer.

2. Les sanctions pénales

Elles sont prononcées par les tribunaux correctionnels en cas d’infractions graves que
l’administration a jugé nécessaire de poursuivre.

a) Le délit général de fraude fiscale et les infractions assimilées


Le délit de fraude fiscale aux termes de l’article L107du LPF est constitué par le fait de
quiconque :

- Se soustrait frauduleusement ou tente de se soustraire frauduleusement à


l’établissement, au paiement, au reversement total ou partiel des impôts, droits et taxes
visés par le CGI ;

- Refuse expressément de faire sa déclaration dans les délais prescrits ;

- Dissimule une part des sommes sujettes à l’impôt ;

- Organise son insolvabilité ou met obstacle au recouvrement de l’impôt.

Les infractions assimilées au délit de fraude fiscale car punies des mêmes peines ont leur
siège à l’article L108 du LPF qui consacre le délit d’omission volontaire d’écritures ou de
passation d’écritures inexactes ou fictives, le délit d’organisation de la « grève d’impôt » et le
délit d’escroquerie en matière fiscale.
b) Les peines
Le délit de fraude fiscale est sanctionné des peines principales et des peines complémentaires.

*Les peines principales


Indépendamment des sanctions fiscales, les personnes coupables du délit de fraude
fiscale, sont aux termes de l’art .L107 du LPF, passibles d’une peine d’emprisonnement de
un(1) à cinq (5) ans et d’une amende 500 milles à 5 millions de francs ou de l’une de ces
peines seulement. En cas de récidive, ces peines sont doublées.

*Les peines complémentaires

Le tribunal correctionnel peut à titre complémentaire :

- Prononcer les déchéances prévues aux articles 30 et 31 du Code pénal ;

- Interdire temporairement, pendant une durée n’excédant pas 5 ans, le droit d’exercer
directement ou par personne interposée, pour son compte ou le compte d’autrui, toute
profession industrielle, commerciale ou libérale.

La poursuite du délit de fraude fiscale est subordonnée à la plainte préalable de

l’administration fiscale. En effet, aux termes de l’article L112 LPF, les plaintes sous peine

d’irrecevabilité sont déposées par le ministre chargé des finances suite aux procès-verbaux

établis par les agents assermentés de l’Administration fiscale, ayant au moins le grade

d’inspecteur et ayant pris une part personnelle et directe à la constatation des faits constitutifs

de l’infraction.

Le tribunal correctionnel compétent est celui dans le ressort duquel l’un quelconque des

impôts en cause aurait dû être établi ou acquitté.

SECTION II : LE DROIT DE COMMUNICATION, LE DROIT D’ENQUETE,


LE DROIT DE CONSTATATION DES STOCKS ET LE DROIT DE VISITE
Ils sont comme la vérification de comptabilité, des moyens d’investigation sur place de
l’administration fiscale. Mais, le droit de communication, le droit d’enquête, le droit de
constatation des stocks et le droit de visite ne peuvent donner lieu à une notification de
redressement. Autrement dit, ils peuvent précéder une vérification de comptabilité ou
permettre à l’administration de rassembler des éléments en vue des poursuites pour fraude
fiscale.

§ 1. Le droit de communication

Le droit de communication permet à l’administration de prendre connaissance auprès


des tiers des renseignements utiles à l’établissement de l’impôt.

Il ne peut être exercé qu’auprès des personnes limitativement prévues par la loi (art.L
43 du LPF).

Les agents d’impôts ayant au moins le grade de contrôleur ou assimilés sont


compétents pour exercer le droit de communication sur simple demande écrite. Un avis de
passage doit être préalablement adressé ou remis à l’intéressé lors de leur visite par les agents.
Celui –ci a 15 jours pour communiquer les informations demandées, à compter de la réception
de l’avis de passage. Le droit de communication s’exerce en principe sur place, mais les
agents des impôts peuvent prendre copies des documents concernés sous forme matérielle ou
immatérielle.

Le secret professionnel ne peut être opposé aux agents des impôts exerçant le droit de
communication. Sont néanmoins couverts par le secret professionnel, les informations
exclusivement relatives au dossier médical des patients, ou à la sécurité nationale et classées
« secret défense ».

Les agents des impôts sont tenus au secret professionnel et ne peuvent communiquer
les informations recueillies dans le cadre de leur fonction. Ils sont toutefois déliés du secret
professionnel à l’égard des membres du contrôle supérieur de l’Etat, des agents de trésor, des
douanes, des brigades économiques et du Procureur de la république agissant dans le cadre de
leur fonction.

§ 2. Le droit d’enquête
Le droit d’enquête a pour objet la constatation sur procès-verbal, des manquements
aux règles de facturation de la TVA. Il n’est donc exercé qu’auprès des personnes assujetties à
cette taxe.
Les agents des impôts ayant au moins le grade de contrôleur peuvent se faire
présenter et prendre copie sous forme matérielle ou immatérielle des factures, de la
comptabilité matières ainsi que des livres, des registres et des documents professionnels
pouvant se rapporter à des opérations ayant donné lieu ou devant donner lieu à la facturation
de la TVA. Ils peuvent également se faire présenter et prendre copie tous les documents de
douane justifiant la perception de la TVA à l’importation, la réalité d’exportation ou
l’application d’un régime suspensif.

§ 3. Le droit de constatation des stocks

Le droit de constatation des stocks est une procédure visant à déterminer les stocks
existants, les manquements constatés ou l’absence de tels manquements, au regard des règles
comptables fiscalement admises en matière de gestion de stocks.

L’exercice du droit de constatation des stocks est réservé aux agents des impôts ayant
le grade d’inspecteur, qui procèdent de façon inopinée à la constatation physique des stocks
portant sur un ou plusieurs produits, au titre de la période non prescrite.

Le caractère inopiné de cette procédure ne dispense pas de l’obligation de servir au


contribuable ou à son représentant un avis de passage au cours de la première intervention.

Dans les trente (30) jours qui suivent la fin de la procédure de constatation des stocks,
un Procès-verbal déterminant les stocks existants, les manquements constatés ou l’absence de
tels manquements est rédigé.
La procédure de constatation des stocks ne peut en elle-même donner lieu à une
notification de redressements. En tant que dispositif de recherche et de recoupements, elle
vise une programmation plus efficace des dossiers à vérifier par l’Administration fiscale.
Aussi, la constatation physique peut conduire au reclassement du contribuable à un régime
d’imposition, eu égard à l’ampleur des manquements constatés.

§ 4. Le droit de visite

Les agents des impôts ayant au moins le grade d’inspecteur peuvent, sur autorisation
du juge, procéder à des visites des locaux et lieux à usage professionnel, ainsi que des terrains
et des entrepôts ou locaux privés.

Lesdites visites s’effectuent entre 8heures et 20 heures ou en dehors de ces heures


lorsque l’accès au public est autorisé. Lors de la visite l’administration peut mettre en œuvre
des mesures conservatoires. La visite est sanctionnée par un procès-verbal constatant les faits
relevés. Ce procès-verbal est signé par les agents ayant participé à la visite et par le
contribuable.
CHAPITRE III. LES OPERATIONS DE RECOUVREMENT DE L’IMPÔT

Le recouvrement désigne l’ensemble des opérations qui concourent à la perception de


l’impôt une fois que celui-ci est liquidé. Il met en présence le redevable, débiteur de l’impôt,
et le comptable public, qui assume la responsabilité de l’encaissement. Le Livre des
procédures fiscales détermine les modalités de recouvrement de l’impôt en même qu’il
consacre de nombreuses garanties de recouvrement au profit de l’administration fiscale.

SECTION I. LES MODALITES DE RECOUVREMENT PAR


L’ADMINISTRATION DE SA CREANCE
L’administration charge certains de ses organes de recouvrer les impôts dus par le
contribuable. Le paiement sera l’aboutissement d’une procédure parfois complexe. Mais
encore faut-il au préalable que la créance de l’Etat ne soit éteinte.

§ 1. La prescription de l’action en recouvrement de l’administration

Une fois la dette d’impôt établie, c'est-à-dire reconnue certaine et exigible, le fisc
dispose d’un délai de quatre (04) ans pour agir en recouvrement. En effet l’article L89 du LPF
dispose que : « Les sommes dues par le contribuable pour les impôts, droits et taxes assis ou
liquidés en vertu des dispositions du CGI sont prescrites à leur profit après un délai de quatre
(04) ans suivant la date d’exigibilité si aucun acte n’est venu interrompre la prescription ».

Ainsi, « le Receveur des impôts qui n’a engagé aucune poursuite contre les redevables
retardataires pendant quatre années consécutives, à partir du jour de la mise en
recouvrement, perd son recours et est déchu de tous droits et toute action contre ces
redevables » (art. L90).

Ce délai de 4 ans ne peut néanmoins être invoqué dans les cas d’impôts retenus à la
source ou ceux dont le redevable n’est que le collecteur (ex. TVA).
La prescription quadriennale peut être interrompue par des poursuites, une citation en
justice ou une reconnaissance de dette (demande de délai, paiement d’un acompte). Elle peut
être suspendue par l’octroi du sursis au paiement. La prescription ne porte pas préjudice au
Trésor, puisque le Receveur des impôts négligeant reste personnellement débiteur de ces
sommes vis-à-vis du Trésor.
§2. Les agents du recouvrement

Au Cameroun, la compétence pour recouvrer les impôts, droits et taxes institués par le
Code général des impôts incombe au Receveur des impôts territorialement compétent. Aux
termes de l’article L 51(2) du LPF, le Receveur des impôts est un comptable public
assermenté. A ce titre, il est responsable personnellement et pécuniairement des sommes dont
il est chargé d’assurer le recouvrement. Cette responsabilité personnelle a pour objet de
garantir le Trésor contre la négligence éventuelle du Receveur ou son indulgence coupable à
l’égard de certains contribuables.
Le Receveur n’est dégagé de sa responsabilité que si la créance est reconnue
irrécouvrable et admise en non- valeur par décision du Ministre chargé des finances, après
avis du Directeur général des impôts, en concertation avec un représentant des groupements
socioprofessionnels.

§3. La procédure de recouvrement

La procédure du recouvrement de créance fiscale comprend deux étapes : la phase du


recouvrement amiable et la phase du recouvrement forcé.

A. Le recouvrement normal
Le paiement de l’impôt s’effectue en principe spontanément au moment du dépôt de la
déclaration pour les impôts, droits et taxes liquidés par le contribuable. A défaut, un titre
exécutoire en l’occurrence l’avis de mise en recouvrement est établi par l’administration pour
poursuivre le recouvrement.
L’Avis de mise en recouvrement constitue le titre exécutoire pour le recouvrement des
impôts, droits et taxes. Il est établi lorsqu’une déclaration liquidative n’est pas accompagnée
de moyens de paiement ou suite au dépôt d’une déclaration non liquidative, ou de la dernière
pièce de contrôle dans le cadre d’un contrôle fiscal.

L’AMR qui indique le montant de l’impôt dû (principal et éventuellement pénalités et


frais) et les délais de paiement, est rendu exécutoire par le chef de Centre des impôts
territorialement compétent et pris en charge par le Receveur des impôts de rattachement qui le
notifie au contribuable.

La notification de l’AMR au redevable lui ouvre un délai de quinze (15) jours pour
s’acquitter de sa dette. Ce délai est de trente (30) jours lorsque la dette fiscale est
consécutive à un contrôle fiscal hormis les cas de taxation d’office pour lesquels ce délai
demeure de quinze (15) jours.

Si le contribuable avant ce terme s’acquitte de sa dette, la procédure de recouvrement


est terminée. Avant le terme de ce délai, il a la faculté d’introduire une réclamation
contentieuse et de demander un sursis de paiement3 ou un moratoire4 qui, s’il est accordé est
suspensif de la procédure de recouvrement. Si par contre au terme de ce délai, il ne
s`acquitte pas et ne conteste pas, le Receveur des impôts est fondé à engager des poursuites en
recouvrement forcé.

B. Le recouvrement forcé

Les poursuites en recouvrement forcé des impositions sont deux ordres : les poursuites
de droit commun et les mesures particulières de poursuites. Ces poursuites sont
exercées par les porteurs de contraintes qui sont des agents de poursuites assermentés
commissionnés par le ministre des finances et jouant le rôle d’huissier de justice.

1) Les poursuites de droit commun

Aux termes de l’article L55 du LPF, « Les poursuites de droit commun comprennent
trois degrés : la mise en demeure valant commandement de payer, la saisie et la vente ». Ces
trois degrés constituent des poursuites judiciaires, c'est-à-dire que seuls les tribunaux
judiciaires sont compétents pour statuer sur la validité de ces actes. Il s’agit des voies
d’exécution de droit commun telles que prévues par l’AUVE, et qui comprennent aussi les
biens meubles que les immeubles.
a) La mise en demeure valant commandement de payer

Elle est notifiée au contribuable par le Receveur à défaut de paiement dans le délai des
sommes mentionnées dans l’AMR sous réserve de sursis de paiement en cas de contestation.

La notification de la mise en demeure valant commandement de payer emporte


obligation de paiement de la dette concernée dans un délai de 8 jours. Faute de quoi il sera
procédé à la saisie des biens meubles du contribuable.

3
Le sursis de paiement est la possibilité offerte au contribuable qui conteste ses impositions de ne pas payer
ses cotisations ou la fraction contestée du principal ainsi que les pénalités afférentes jusqu’au règlement du litige.
4
Le moratoire renvoie à une décision de l’administration fiscale qui consiste à reporter ou à échelonner sur une
certaine période, le paiement d’une dette fiscale exigible. Le non-respect d’une échéance de paiement entraîne la
caducité d’office du moratoire et l réactivation immédiate des mesures de recouvrement forcé par le Receveur
des Impôts compétent sur la totalité de la dette.
c) La saisie

Elle se traduit par la saisie conservatoire, la saisie attribution des sommes d’argent, et
la saisie vente.

La saisie conservatoire est une mesure de garantie consistant à rendre indisponibles


les biens mobiliers corporels ou incorporels du redevable.

La saisie attribution est la procédure par laquelle l’agent de poursuites appréhende


entre les mains d’un tiers les sommes d’argent appartenant au redevable débiteur.

La saisie vente est l’acte par lequel, l’agent de poursuites procède à la saisie et la vente
des biens meubles corporels appartenant au débiteur pour se faire payer.

c) La vente
Elle est organisée un mois après la saisie s’il n’y a pas eu extinction de la dette. Elle ne
peut intervenir que sur autorisation exclusive de Directeur Général des Impôts ou du juge.

A titre exceptionnel, l’administration fiscale peut, en dernier recours, comme tout


créancier, faire procéder à la saisie et à la vente des biens immeubles du débiteur
conformément aux dispositions de l’AUPSRVE (Acte uniforme portant organisation de
procédures simplifiées de recouvrement et voies d’exécution).

2. Les mesures particulières de poursuites

Elles sont constituées d’une panoplie de mesures d’exécution de nature fiscale que
l’administration peut mettre en œuvre pour contraindre les contribuables à s’acquitter de leur
dette. Il s’agit de :

a) L’avis à tiers détenteur


C’est l’acte par lequel le Receveur des impôts compétent oblige les dépositaires,
détenteurs ou débiteurs des sommes appartenant ou devant revenir aux redevables d’impôts,
de pénalités et de frais accessoires dont le recouvrement est garanti par le privilège du Trésor,
à verser en lieu et place de ceux-ci, les fonds qu’ils doivent à concurrence des impositions
dues par des redevables.

L’ATD a pour effet d’affecter dès réception, les sommes dont le versement est ainsi
demandé, au paiement des impositions.
b) La contrainte extérieure
Elle est établie par le Receveur des impôts assignataire à l’adresse d’un autre Receveur
d’impôts ou d’un comptable du Trésor lorsque le contribuable dispose des créances chez ces
derniers ou en cas de changement de domicile de celui-ci. Elle donne mandat au Receveur des
impôts ou au comptable du Trésor assignataire, d’avoir à exercer les poursuites à l’encontre
de celui-ci.

c) Le blocage des comptes bancaires

Il peut être ordonné par le Receveur Régional des impôts territorialement compétent
ou les Receveurs des Impôts des Unités de gestion spécialisée sans préjudice à d’autres
sanctions, en cas de non règlement à l’échéance, après une mise en demeure des sommes
dûment liquidées.

d) La fermeture d’établissement

Le Receveur régional des impôts territorialement compétent ou les Receveurs des


Impôts des Unités de gestion spécialisée, peuvent procéder à la fermeture de l’établissement
ou des établissements en cas de non règlement, après mise en demeure des sommes dûment
liquidées.

Elle prend fin immédiatement avec le paiement des sommes dues.

e) La mise en fourrière d’un véhicule

Elle s’effectue à la suite des contrôles des agents de la DGI habilités à constater les
infractions liées au refus de présenter les pièces suivantes : carte grise en cours de validité,
patente de transport, timbre automobile, taxe à l’essieu, et ceci dans le respect des règles de
procédures propres en la matière. Elle prend fin immédiatement avec le paiement intégral des
sommes dues.

f) L’exclusion des procédures spécifiques

Le non- paiement, après mise en demeure, des impôts, droits et taxes donne lieu à une
interdiction temporaire de soumissionner des marchés publics, de se porter acquéreur d’une
entreprise publique en voie de privatisation , de participer aux opérations boursières, de
soumissionner les titres d’exploitation forestières ou de solliciter la délivrance des voitures
sécurisées ; et à une interdiction définitive en cas de récidive.
Aux termes de l’article L81 du LPF, « les mesures particulières de poursuites sont des
actes administratifs. Elles peuvent être contestées devant le juge administratif suivant les
dispositions du LPF » c'est-à-dire, suivant la procédure du contentieux de l’imposition.

En plus du recouvrement forcé, le contribuable encourt comme pénalité un intérêt de


retard 1,5% par mois de retard. Celui-ci est 10% par mois de retard sans excéder 30% de
l’impôt dû en principal pour les cas particuliers d’impôts à versement spontané.

SECTION II : LE PAIEMENT PAR LE CONTRIBUABLE DE SA DETTE

Le paiement pose entre autres le problème de la personne chargée du paiement et celui


des modes de paiement.

§ 1. Les personnes chargées du paiement : la distinction du contribuable et du


redevable
Le contribuable est celui au nom duquel la dette d’impôt a été juridiquement établie.
C’est le cas de la S.A en matière de l’IS, du commerçant en matière de TVA.

Toutefois, la loi peut en effet autoriser le fisc à réclamer le paiement de l’impôt, non pas à
celui au nom duquel l’impôt a été juridiquement établie, mais à une personne distincte du
contribuable : le redevable de l’impôt.

Cette hypothèse est relativement rare. Le plus souvent, le contribuable doit payer
personnellement l’impôt : contribuable et redevable ne font qu’un et les deux termes sont
employés alors indifféremment.

La distinction du redevable et du contribuable présente un grand intérêt dans trois


hypothèses :

- Lorsqu’un tiers est tenu solidairement responsable au paiement de la dette fiscale d’un
contribuable (V. solidarité de paiement) ;

- Lorsqu’un tiers est détenteur de deniers du contribuable (Avis à tiers détenteur, saisie
– attribution qui sont des moyens de poursuites envers le tiers détenteur).

- En cas d’établissement de l’impôt par voie de retenue à la source. La retenue à la


source consiste à demander au débiteur du revenu (employeur par exemple) de retenir
et de verser lui-même au Receveur des impôts l’impôt dû par le bénéficiaire de ce
revenu (salarié). C’est donc une somme nette d’argent d’impôt que reçoit le
bénéficiaire du revenu qui est le contribuable, le payeur est le redevable.

§. 2. Les modes de paiement

Actuellement au Cameroun, le paiement des impôts et taxes se fait suivant les


modalités suivantes :

- par virement bancaire ou par voie électronique ;


- en espèces exclusivement auprès des guichets de banques ou des agents financiers
agréés pour les localités ne disposant pas d’agences bancaires
- par télépaiement obligatoirement pour les entreprises relevant des unités de gestion
spécialisées (CIME, DGE, CSI)
Tout paiement donne lieu à la délivrance d’une quittance. La quittance correspondant
au paiement est générée par les systèmes d’information habilités.

Un contribuable à jour de ses obligations fiscales peut se faire délivrer par


l’administration une attestation de conformité fiscale5.

SECTION III. LES GARANTIES DE RECOUVREMENT DE


L’ADMINISTRATION

5
L’attestation de conformité fiscale est un document délivré par l’administration fiscale à la demande du
contribuable et qui certifie que celui-ci est à jour de ses obligations déclaratives et n’est redevable d’aucune dette
fiscale exigible à la date de sa délivrance. Elle est délivrée en ligne à partir du système informatique de
l’administration fiscale. La durée de sa validité est de trois (3) mois à compter de sa date de signature
L’attestation de conformité fiscale qui tient lieu de certificat d’imposition ou de non-imposition et de
bordereau de situation fiscale est l’unique document valable dans toute procédure administrative à titre de
justificatif de la situation fiscale d’un contribuable.
Sont conditionnés à la présentation d’une attestation de conformité fiscale en cours de validité :
- les transferts de fonds à l’étranger des contribuables professionnels ;
- la délivrance des attestations d’exonération et de prise en charge des impôts et taxes ;
- le règlement des factures et subventions par l’État, les collectivités territoriales décentralisées, les
établissements publics, les sociétés partiellement ou entièrement à capital public et les entreprises privées dont la
liste est fixée par le Ministre en charge des Finances ;
- les opérations d’exportation ;
- les demandes de visas auprès des missions diplomatiques et consulaires.
La mise en œuvre du privilège d’action d’office et le déclenchement des poursuites ne
suffisent pas à protéger les intérêts du fisc. Celui-ci doit être assuré que sa créance pourra être
recouvrée en toutes hypothèses, même en cas de défaillance. Trois principales garanties sont
accordées à cet égard : le privilège du Trésor, l’hypothèque légale et la solidarité de paiement.

§1. Le privilège du Trésor

Les créances fiscales sont affectées du Privilège du Trésor qui confère une priorité de
paiement au Trésor quand il entre en concurrence avec d’autres créanciers et autorise le
Receveur des impôts à utiliser l’avis à tiers détenteur.

Le privilège du Trésor aux termes de l’article L 81 du LPF, s’étend sur tous les biens
meubles, immeubles et effets mobiliers du contribuable en quelque lieu qu’ils se trouvent,
dans les conditions de rang définies à l’article 107 de l’Acte Uniforme OHADA relatif aux
sûretés.

Les sommes dues qui sont garanties par le privilège du Trésor doivent être publiées au
greffe du tribunal compétent. Le privilège du Trésor s’exerce pendant une période de deux ans
à compter de la date de mise en recouvrement.

§2. L’hypothèque légale

L’hypothèque est une sûreté réelle qui, sans dessaisir le propriétaire du bien
hypothéqué, permet au créancier, s’il n’est pas payé à l’échéance, de faire vendre le bien en
quelques mains qu’il se trouve et de se payer sur le prix de cette vente.

L’article L85 du LPF consacre au profit de l’administration fiscale une hypothèque


légale sur tous les biens immeubles du redevable pour le recouvrement des impositions
fiscales qui relèvent de la compétence du Receveur des impôts. Cette hypothèque prend rang à
la date de son inscription à la Conservation foncière. Elle ne peut être inscrite qu’à partir de la
date de mise en recouvrement des impositions concernées et des pénalités y afférentes.
§3. La solidarité de paiement

Les Receveurs chargés du recouvrement des impôts, droits et taxes peuvent agir sur
certains tiers solidairement responsables du paiement de la dette fiscale du contribuable. Cette
solidarité est consacrée par le LPF, qui rend l’AMR régulièrement établi exécutoire non
seulement à l’encontre du contribuable qui y est inscrit mais encore « contre ses représentants
ou ayants droit ».
C’est de même que le tiers détenteur est solidaire du paiement des sommes réclamées
en cas de négligence coupable, défaillance avérée ou de complicité établie. En cas de cession
quelles que soient les conditions, le cessionnaire peut être tenu pour responsable solidairement
avec le cédant du montant des impôts émis et restant à émettre.

Chacun des époux vivants est solidairement responsable des impositions assises au
nom du conjoint au titre de l’impôt sur le revenu des personnes physiques, lorsqu’ils vivent
sous le même toit à l’exception des situations prévues dans le CGI.
Tel est aussi le cas, lorsque le recouvrement de certains impôts, droits, taxes et
pénalités dus par les sociétés a été totalement compromis ou lorsque l’insolvabilité de celles –
ci a été organisées par des manœuvres frauduleuses des personnes qui exercent en droit ou en
fait, directement ou indirectement la direction effective de ces sociétés. Ces personnes sont
tenues solidairement responsables du paiement des dits impôts et pénalités.

Le jeu de solidarité répond aux mêmes principes de droit civil. Chaque débiteur
solidaire peut être contraint pour la totalité et le paiement fait par un seul libère les autres
envers le fisc qui a le libre choix du débiteur solidaire auquel il est demandé le paiement de la
dette.

DEUXIEME PARTIE : LE SYSTEME FISCAL CAMEROUNAIS

Les impôts en vigueur au Cameroun sont actuellement presque tous rassemblés dans le
CGI. Leur étude pose le problème de leurs classifications.
Le Livre premier du CGI qui traite des impôts et taxes présente dans divers titres les
catégories d’impôts comme suit : Impôts directs (Impôt sur les sociétés et Impôt sur le revenu
des personnes physiques) ; Taxe sur la valeur ajoutée et droit d’accises; Impôts et taxes
diverses (taxes sur les jeux de hasard et de divertissement, taxe spéciale sur le revenu) ;
Fiscalités spécifiques (taxe spéciale sur les produits pétroliers, fiscalité du secteur minier, la
fiscalité forestière, régime fiscal de concession de service public) ; Enregistrement, timbre et
curatelle .

Le Livre troisième intitulé Fiscalité locale traite des impôts et taxes perçus au profit
des collectivités territoriales décentralisées : impôts communaux, centimes additionnels
communaux sur les impôts et taxes de l’Etat, taxes communales, impôts et taxes des région.
A l’évidence il ne se dégage pas les critères constituant la clé de cette classification
faite par le législateur. Il n’existe pas par ailleurs de classification juridique fondée sur un
critère qui rende compte de l’ordonnancement de tous les régimes d’imposition.

C’est pourquoi en renonçant à toute classification juridique des régimes d’imposition,


l’accent sera mis particulièrement sur les impôts les plus importants quantitativement et le
plus intéressants du point de vue des techniques mises en œuvre. Ainsi se justifie le choix
sélectif porté sur l’étude de l’impôt sur les sociétés (IS), de l’impôt sur le revenu des
personnes physiques (IRPP), et de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA).

CHAPITRE I : L’IMPÔT SUR LES SOCIETES (I.S)

L’impôt sur les sociétés est un impôt sur l’ensemble des bénéfices ou revenus réalisés
par les sociétés et autres personnes morales.

SECTION I : LE CHAMP D’APPLICATION DE L’IS


Le champ d’application se définit eu égard aux personnes imposables (critère ratione
personae), à la périodicité de cet impôt (critère ratione tempori) ainsi qu’à la source de la
matière imposable (critère ratione loci)

§ 1. Les personnes imposables

En principe, l’IS frappe toutes les personnes morales, sociétés ou autres. Cependant
l’assujettissement n’est pas toujours intégral, en outre le législateur prévoit un certain nombre
d’exonérations.

A. Les personnes totalement assujetties à l’IS

Certaines personnes morales sont obligatoirement assujetties à l’IS, soit à raison de


leur forme, soit de leur objet, d’autres ne le sont qu’à titre facultatif.

1) L’assujettissement obligatoire

Sont assujetties obligatoirement à l’IS :

a) Les sociétés de capitaux (les sociétés anonymes même unipersonnelles, les


sociétés à responsabilité limitée (Sarl) même unipersonnelles, les sociétés de fait,
les sociétés coopératives et leurs unions).
b) Les établissements publics, les organismes d’Etat jouissant de l’autonomie
financière et toutes autres personnes morales se livrant à une exploitation ou à
des opérations de caractère lucratif, de même que les sociétés civiles qui se
livrent à une exploitation ou à des opérations de nature commerciale, industrielle,
artisanale ou agricole (ex. achat d’immeuble en vue de la revente, location
d’établissements industriels ou commerciaux.

c) Les établissements de micro finances.

2) L’assujettissement facultatif ou par option

Les sociétés de personnes (par opposition aux sociétés de capitaux) peuvent opter
pour l’IS. Il s’agit des sociétés en nom collectif, des sociétés en commandite simple, des
sociétés de participation et des syndicats financiers. Cette option est également ouverte aux
sociétés civiles lorsqu’elles ne sont pas assujetties à l’IS de plein droit.

L’option est irrévocable et ne peut être exercée par des sociétés de fait ou les sociétés
de personnes issues de la transformation antérieure des sociétés de capitaux. Pour être valable,
l’option doit être signée par tous les associés et notifiée à l’Inspecteur des impôts du lieu
d’imposition dans les trois (03) mois du début de l’exercice fiscal.

B. Les personnes assujetties partiellement à l’I.S

Certaines personnes ne sont assujetties à l’IS que sur une partie de leur revenu. Les
hypothèses sont nombreuses :

a) C’est ainsi qu’à défaut d’option, l’IS s’applique aux sociétés de personnes à la
part des bénéfices correspondant aux droits :

- des commanditaires dans les sociétés en commandite simple ;

- des associés non indéfiniment responsables ou dont les noms et adresses n’ont pas été
communiqués à l’administration dans les sociétés en nom collectif, les sociétés de
participation et les syndicats financiers.

b) Les sociétés coopératives agricoles et d’élevage et leurs unions ne sont imposables


que pour les opérations de vente effectuées dans un magasin de détail distinct de leur
établissement principal, les opérations de transformation portant sur les produits ou sous-
produits autre que ceux destinés à l’alimentation de l’homme et des animaux ou pouvant être
utilisés à titre de matières premières dans l’agriculture, l’élevage ou l’industrie, et les
opérations qu’elles effectuent avec des non sociétaires.

c) Enfin, les établissements publics autres que les établissements scientifiques


d’enseignement et d’assistance, ainsi que les associations et collectivités territoriales
décentralisées sont passibles à l’IS, à raison de la location de leurs immeubles bâtis ou non
bâtis, des revenus de capitaux mobiliers non soumis à l’impôt sur le revenu des valeurs
mobilières dont ils disposent ainsi que toute autre activité à but lucratif.

C. Les personnes morales exonérées de l’IS

Pour des raisons d’ordre social ou économique, ou afin d’éviter une double
imposition, de nombreuses exemptions ont été établies par le législateur.

Ainsi, sont normalement exonérées de l’IS, les sociétés coopératives de production,


de transformation, conservation et vente de produits agricoles et d’élevage et leur union
fonctionnant conformément aux dispositions légales qui les régissent , sauf pour les
opérations énumérées à l’article 4 (1) du CGI ; les syndicats agricoles, pastoraux, et leurs
coopératives d’approvisionnement et d’achat fonctionnant conformément aux dispositions les
régissant ; les caisses de crédits agricole mutuels ; les sociétés et unions de secours mutuel ;
les établissements privé d’enseignement lorsqu’ils ne poursuivent pas un but lucratif ; les
sociétés d’investissement à capital variable (SICAV) pour les bénéfices réalisés dans le cadre
de leur objet légal ; les groupements d’intérêt économique (GIE), pour la quote-part de leur
bénéfice distribuée à leurs membres personnes physiques.

§. 2. L’application de l’impôt sur les sociétés dans le temps

L’IS est assis sur les bénéfices obtenus sur une période de 12 mois correspondant à
l’exercice budgétaire (1er janvier au 31 décembre). Toutefois, les entreprises qui commencent
leur activité au cours des six (6) mois qui précèdent la date de clôture obligatoire peuvent
arrêter leur premier bilan à la fin de l’exercice budgétaire suivant celui au cours duquel a
commencé leur activité.

§. 3. L’application territoriale de l’IS

Aux termes de l’article 5 du CGI, « Les bénéfices passible de l’IS sont déterminées
en tenant compte uniquement des bénéfices obtenus dans les entreprises exploitées ou sur les
opérations réalisées au Cameroun, sous réserve des dispositions des conventions
internationales ». En conséquence, les bénéfices résultant des opérations réalisées à l’étranger
ne sont pas imposables au Cameroun.

SECTION II : LE BENEFICE IMPOSABLE

L’IS frappe le bénéfice net.

§. 1. La notion de bénéfice net

Le CGI donne une double définition du bénéfice net imposable.

D’après l’article 6 (1) « le bénéfice imposable est le bénéfice net déterminé d’après
les résultats d’ensemble des opérations de toute nature effectuée par l’entreprise au cours de
la période servant de base à l’impôt y compris notamment des cessions d’éléments
quelconque de l’actif, soit en cours, soit en fin d’exploitation ».

L’article 6 (2) énonce que « le bénéfice net est constitué par la différence entre les
valeurs de l’actif net à la clôture et à l’ouverture de la période dont les résultats doivent
servir de base à l’impôt diminuée des suppléments d’apports et augmentée des prélèvements
effectués au cours de cette période par les associés. L’actif net s’entend de l’excédent des
valeurs d’actif sur le total formé au passif par les créances des tiers, les amortissements et les
provisions justifiées ».

La première définition par son caractère général fait ressortir que le bénéfice passible
de l’impôt se présente comme le résultat de l’ensemble des opérations de toute nature réalisée
par l’entreprise.

La seconde définition plus précise que la précédente permet d’englober dans le


résultat imposable tout enrichissement constaté par l’augmentation de l’actif, même dans des
circonstances où l’entreprise est restée passive.

§ 2. Les éléments concourant à la détermination du bénéfice net imposable


Le bénéfice net s’obtient en défalquant du résultat de l’exercice c'est-à-dire du
bénéfice brut d’exploitation augmentée des gains accessoires ou exceptionnel, l’ensemble des
charges de gestion dites charges déductibles.
A. Les résultats de l’exercice

Ils comprennent le bénéfice brut d’exploitation augmentée des gains accessoires et


exceptionnel.

1) Le bénéfice brut d’exploitation

C’est le produit de l’activité industrielle ou commerciale proprement dite. Selon les


règles comptables, il est constitué essentiellement par la différence entre d’une part, le total
formé par les ventes de l’exercice et le stock existant à la clôture de cet exercice, d’autre part
les achats de l’exercice augmentés du stock d’ouverture, et s’il s’agit d’une entreprise
industrielle, des frais de main d’œuvre et de fabrication (salaire des ouvriers, force motrice,
entretien et outillage etc.).

2) Les gains accessoires et exceptionnels

Tous les revenus ou profits accessoires qu’une entreprise réalise au cours de


l’exercice doivent en principe être compris dans le bénéfice imposable. Ce sont, entre autres
les ventes de déchets et sous- produits, les loyers des immeubles appartenant à l’entreprise ou
loués par elle, les ristournes et rabais obtenus, les intérêts des créances, les redevances de
concession d’exploitation de brevet, les revenus de valeurs mobilières (actions et obligations)
qui constituent le portefeuille de l’entreprise, les bénéfices de change, profits de construction,
profits de caractère agricole ou non commercial.

Les gains exceptionnels réalisés par les entreprises sont imposables. Il en est ainsi
pour les subventions d’exploitation, les subventions d’équipement, les indemnités
d’expropriation, d’éviction ou d’assurance, les dégrèvements portant sur les impôts
antérieurement déduits ;…

Cette liste n’est pas limitative. Mais le problème le plus important et le plus
complexe est celui de l’imposition des plus-values réalisées à l’occasion de la cession
d’éléments d’actif immobilisé, soit en ours, soit en fin d’exploitation. Celles-ci doivent en
effet, être retenues pour la détermination du bénéfice imposable.

B. Les charges déductibles

L’article 7 du CGI énumère un certain nombre de frais et charges qu’il est nécessaire
de déduire des résultats de l’exercice pour obtenir le bénéfice net imposable. Sont ainsi
déductibles : les frais généraux, les charges financières, les pertes proprement dites, les
amortissements, les provisions et les reports déficitaires.

1) Les frais généraux

Ce sont les dépenses de caractère général nécessaires à la marche de l’entreprise, qui


ne comportent aucune contrepartie pour son patrimoine et provoque ainsi une diminution de
son actif net. Sont considérés comme tels : les dépenses du personnel et de main d’œuvre, les
dépenses relatives aux locaux, matériel et bureau, les frais divers et exceptionnels, les primes
d’assurance, les libéralités, dons et subventions.
Toutefois, la déductibilité des frais généraux est subordonnée à des conditions très
restrictives définies par le CGI.

C’est ainsi que qu’à titre illustratif ;

- les rémunérations allouées à un salarié ne sont admises en déduction des résultats que
dans la mesure où n’étant pas excessives par rapport au service rendu, elles correspondent
à un travail effectif et sont conformes aux normes conventionnelles.

- le montant de locations concédées à une société est admis dans les charges à la seule
condition qu’il ne présente aucune exagération par rapport aux locations habituelles
pratiquées pour les immeubles et installations similaires.

2) Les charges financières

Les intérêts servis aux associés à raison des sommes qu’ils laissent ou mettent à la
disposition de la société en sus de leurs parts de capital, quelle que soit la forme de la société
sont admis en déduction dans la limite de ceux calculés aux taux des avances de la Banque
Centrale majorés de deux (2) points.

3) Les pertes proprement dites

Sont déductibles du bénéfice :


-les pertes proprement dites constatées sur les éléments de l’actif immobilisé ou
réalisable ;

- les pertes relatives aux créances irrécouvrables ayant fait l’objet d’épuisement de
l’ensemble des voies et moyens de recouvrement amiable ou forcé prévu par l’AUVE.
4) Les amortissements

Du point de vue économique et comptable, l’amortissement est la constatation en


écritures de la dépréciation définitive que subissent, par suite de l’usure du temps, de
l’obsolescence ou tout autre motif, de nombreux éléments de l’actif immobilisé de
l’entreprise. Il permet à l’entreprise de reconstituer à l’expiration d’une durée probable
d’utilisation de ces éléments, un capital égal en valeur nominale à son prix de revient
d’origine, ou, le cas échéant réévalué.

Concrètement au plan fiscal, l’amortissement est une déduction opérée sur le


bénéfice pour tenir compte de la diminution de valeur ou de la dépréciation subie par un
élément figurant à l’actif immobilisé (immeuble, machine).

Les amortissements sont calculés chaque exercice de manière que leur montant
cumulé corresponde au prix de revient de l’immobilisation à l’expiration de la durée normale
d’utilisation du bien.

5) Les provisions
Les provisions sont des prélèvements effectués sur le bénéfice en vue de faire face à
des pertes ou charges nettement précisées et que les évènements en cours rendent probables,
d’où la nécessité de les prévoir : créances douteuses, réparation indispensables, litiges en
cours, impôts non encore établis.

Elles sont déductibles à condition qu’elles aient été effectivement constatées dans les
écritures comptables de l’exercice et figurent au relevé des provisions qui est joint à la
déclaration des résultats. En aucun cas, il ne sera constitué des provisions pour des charges
qui sont par nature prises en compte l’année de leur ordonnancement.

6) Les créances et dettes libellées en devise

Les pertes de change ne peuvent donner lieu à constitution des provisions


déductibles. Toutefois, les écarts de conversion de devises ainsi que les créances et dettes
libellées en monnaie étrangère par rapport aux montants initialement comptabilisés sont
évalués à la clôture de chaque exercice en fonction du cours de change et prise en compte
pour la comptabilisation du résultat imposable de l’exercice.
7) Le report déficitaire

En cas de déficit subi pendant un exercice, ce déficit est considéré comme une
charge de l’exercice suivant et déduit du bénéfice réalisé pendant cet exercice. Si ce bénéfice
n’est pas suffisant pour que la déduction puisse être intégralement opérée, l’excédent est
reporté successivement sur les exercices suivants jusqu’au quatrième (4 e) exercice qui suit
l’exercice déficitaire.

De manière générale, les charges de valeur égale ou supérieure à 100 000FCFA, par
opération ne sont pas admises en déduction lorsqu’elles sont payées en espèce. ‘

SECTION III : LES MODALITES D’IMPOSITION

Elles concernent d’une part le lieu d’imposition et les déclarations du contribuable,


et d’autre part le calcul et le paiement de l’IS.

§. 1. Le lieu d’imposition et les déclarations

A. Le lieu d’imposition

L’IS est établi sous une côte unique au nom de la personne morale ou association
pour l’ensemble de ses activités imposables au Cameroun, au siège de la direction de ses
entreprises ou à défaut au lieu de son principal établissement. Toutefois, pour certaines
entreprises, la déclaration et le paiement effectués auprès de la structure chargée par voie
réglementaire de leur gestion. C’est le cas des entreprises relevant d’une unité de gestion
spécialisée (DGE, CIME, CSI).
Pour les personnes morales situées hors du Cameroun et ayant des liens de filiale ou
d’interdépendance avec d’autres personnes morales ou entreprises installées au Cameroun, le
lieu d’imposition sera le même que celui des personnes morales ou entreprises avec lesquelles
elles ont ces liens.

B. Les obligations déclaratives (art. 18 CGI)

Pour l’assiette de l’IS, les redevables sont tenus de souscrire une déclaration des
résultats obtenus dans leur exploitation au cours de la période servant de base à l’imposition
au plus tard :
- le 15 mars pour les contribuables relevant de la structure en charge des grandes
entreprises (DGE)
- le 15 avril pour les contribuables relevant des Centres des impôts des moyennes
entreprises (CIME) et des Centres spécialisés des impôts (CSI);

- le 15 mai pour les contribuables relevant des Centres divisionnaires des impôts
(CDI) Ladite déclaration est présentée conformément au système comptable OHADA. Les
redevables doivent en outre fournir obligatoirement les documents établis conformément au
plan comptable OHADA.

Les personnes morales n’ayant pas opté pour l’IS ou qui en sont exonérées
demeurent également soumises à ces obligations.

La déclaration est obligatoirement accompagnée du Document d’Information sur le


Personnel (DIPE) qui doit être présenté selon le modèle fourni par l’administration.

§ 2. Liquidation et paiement de l’IS

A. Le calcul de l’IS

Le Taux normal est fixé à 30% majoré de 10% de centimes additionnels


communaux (CAC), soit un taux global de 33,5% sur le bénéfice imposable. C’est celui
applicable aux grandes entreprises.

Taux réduit 25% majoré de 10% au titre des CAC, soit 28% applicable
exclusivement aux Petites et Moyennes Entreprises (PME), à savoir les entreprises qui
réalisent un chiffre d’affaires annuel hors taxe inférieur à trois (3) milliards de FCFA.

Pour les entreprises bénéficiant d’un régime fiscal dérogatoire ou d’un régime fiscal
incitatif particulier, le taux applicable est celui de 35% majoré de 10% de centimes
additionnels communaux soit 38.5%.

B. Paiement de l’IS

L’IS est acquitté spontanément par le contribuable au plus tard le 15 du mois suivant
par voie d’acompte représentant un pourcentage du chiffre d’affaires réalisé au cours de
chaque mois. C’est ainsi que s’agissant des personnes assujetties au régime du réel, un
acompte représentant 2% du chiffre d’affaires réalisé au cours de chaque mois est payé au
plus tard le 15 du mois suivant. Cet acompte est majoré de 10% au titre de Centimes
additionnels communaux.
Certaines opérations consacrées par l’article 21 (3) du CGI donnent lieu à la
perception d’un précompte aux taux prévus. La somme précomptée constitue un acompte à
faire valoir sur les acomptes mensuels ou trimestriels.

L’impôt calculé en fin d’exercice par le contribuable est diminué du montant des
acomptes payés au cours de l’exercice. Le solde est acquitté en un versement unique au plus
tard le 15 mars.

Le montant de l’impôt dû par chaque société ne peut être inférieur à celui qui
résulterait de l’application de 2% du chiffre d’affaires global réalisé au cours de l’exercice
précédent. C’est le minimum forfaitaire de perception. Toutefois, pour les contribuables
relevant du régime simplifié, ce taux est fixé à 5%.
Par chiffre d’affaires global, il faut entendre le chiffre d’affaires hors taxes su toutes
les opérations entrant directement dans le cadre des activités de la société.

Ce minimum de perception est majoré de 10% au titre des centimes additionnels


communaux.
CHAPITRE II : L’IMPÔT SUR LE REVENU DES PERSONNES
PHYSIQUES

L’impôt général sur le revenu des personnes physiques au Cameroun actuellement en


vigueur résulte de la loi n°2002/14 du 30 décembre 2002 portant loi de finances de l’exercice
2003. Avant cette loi, le revenu des personnes physiques subissait un système d’imposition à
double étage. D’abord la taxe proportionnelle frappait à des taux différents les catégories de
revenus ou « cédules » définies par la loi et ensuite un impôt complémentaire, à savoir la
surtaxe progressive se superposait en frappant le revenu net global du contribuable.

La surtaxe progressive était un impôt fortement personnalisé, permettant la pratique


des abattements, la progressivité et la prise en compte des charges familiales. L’IRPP était un
impôt unique par foyer établi au nom du chef de famille et comprenant le revenu de sa femme
et ceux des enfants à charge.

La reforme contenue dans la loi de finances 2013 consacre un impôt général car,
l’IRPP est assis sur le revenu global net réalisé par le contribuable et correspondant à la
somme des revenus nets catégoriels définis par la loi. A la différence de l’ancien IRPP, les
taxes proportionnelles disparaissent. Il n’est plus tenu compte de charges familiales, et
l’imposition n’est plus établie au seul nom du chef de famille. Il est cependant maintenu
l’abattement à la base de 500 000F sur le revenu global net et le barème progressif compris
entre 10% et 35%.

La loi n°2014/026 du 23 décembre 2014 portant loi de finances de la République du


Cameroun pour l’exercice apporte des nouveaux aménagements à l’IRRP. Celui –ci n’est plus
assis sur le revenu global net mais sur les revenus nets catégoriels réalisés par les
contribuables au cours de l’année. En outre, il est instauré un système d’imposition dual, qui
sépare l’imposition des revenus en deux sources. Le barème progressif s’applique désormais
uniquement aux traitements et salaires après un abattement de 500 000F tandis les autres
catégories de revenus sont soumis au taux proportionnel.

SECTION I : LE CHAMP D’APPLICATION DE L’IMPOT SUR LE REVENU DES


PERSONNES PHYSIQUES
L’IRPP est un impôt dû par toute personne physique ayant au Cameroun son
domicile fiscal en raison de l’ensemble de ses revenus mondiaux.
Pour déterminer son champ d’application, il convient de préciser les personnes
imposables et la territorialité de l’impôt.

§ 1. Les personnes imposables

L’impôt sur le revenu est dû par les personnes physiques. Mais toute personne
physique percevant un revenu n’est pas nécessairement assujettie à l’IR.

A. Les personnes physiques

Seules les personnes physiques sont imposables dans la mesure où elles bénéficient
des revenus entrant dans l’assiette de l’IR. Il s’agit :

- de toute personne physique ayant au Cameroun son domicile fiscal sous réserve des
conventions internationales ;
- des associés des sociétés en nom collectif et des commandités des sociétés en commandite
simple n’ayant pas opté pour l’impôt sur les sociétés pour la part des bénéfices sociaux
correspondants à leurs droits dans la société ;
- des personnes physiques membres des sociétés civiles, sociétés en participation et des
sociétés de fait non passibles de l’impôt sur les sociétés.
B. Les personnes exemptées

Sont affranchis de l’IRPP (art. 27 CGI) :


- les chefs de mission diplomatique, les consuls, les agents des missions
diplomatiques et consulaires de nationalité étrangère titulaire d’une carte diplomatique
délivrée par le Ministère des Relations Extérieures, mais seulement dans la mesure où le pays
que ces missions représentent accorde les avantages analogues aux agents diplomatiques et
consulaires camerounais ;

- les membres du personnel des organisations internationales de statut diplomatique,


mais seulement dans la mesure où la Convention d’Etablissement ou l’Accord de
Siège des organisations internationales prévoit expressément cette franchise ;

- les personnels administratifs et techniques des missions diplomatiques, postes


consulaires et organisations internationales dès lors qu’il est établi qu’ils sont soumis à
l’Impôt sur le Revenu dans leur pays d’origine ;
- les personnes physiques, exclusivement pour leurs activités soumises à l’impôt
libératoire.

§ 2. Le champ d’application territoriale de l’IRPP

En principe l’IRPP, sous réserve des conventions internationales est dû par toute
personne physique ayant au Cameroun son domicile fiscal en raison de l’ensemble de ses
revenus mondiaux.

Sont considérés comme ayant leur domicile fiscal au Cameroun, les personnes qui
ont au Cameroun leur foyer ou leur lieu de séjour principal, les personnes qui exercent au
Cameroun une activité professionnelle salariée ou non, à moins qu’elles ne justifient que cette
activité y est exercée à titre accessoire, et les personnes qui ont au Cameroun le centre de leur
intérêt économique. De même les fonctionnaires ou agents de l’Etat exerçant leurs fonctions
dans un pays étranger et qui ne sont pas soumis à l’impôt dans ce pays.

Cependant pour les personnes dont le domicile fiscal est situé hors du Cameroun,
elles sont passibles de l’IRPP quant à leurs gains de source camerounaise c'est-à-dire ceux
réalisés, acquis ou payés au Cameroun.

En plus, les personnes de nationalité camerounaise ou étrangères ayant ou non leur


domicile fiscal au Cameroun qui recueillent de bénéfices ou revenus dont l’imposition est
attribuée au Cameroun par une convention internationale relative à l’élimination de la double
imposition sont assujettis à l’IRPP.

Les personnels des organisations internationales et des missions diplomatiques et


consulaires recrutés localement ou non et n’ayant pas la qualité d’agent diplomatique au sens
des conventions internationales demeurent assujettis de plein droit à l’IRRP au Cameroun.

SECTION II : LA DETERMINATION DE L’ASSIETTE DE L’IRPP

L’assiette de l’impôt est déterminée pour chaque type de revenus nets catégoriels
dont dispose le contribuable au titre d’une année d’imposition, après abattement d’un montant
forfaitaire de 500 000F en ce qui concerne les traitements et salaires.

Ces revenus nets catégoriels sont au nombre de six (6) à savoir :


- les traitements, salaires, pensions et rentes viagères ;

- les revenus des capitaux mobiliers ;

- les revenus fonciers ;

- les bénéfices artisanaux, industriels et commerciaux ;

- les bénéfices des exploitations agricoles ;

- les bénéfices des professions non commerciales et assimilées.

§ 1. Les traitements, salaires, pensions et rentes viagères

Cette catégorie de revenus est de loin quantitativement la plus importante. La double


déclaration par le bénéficiaire et le débiteur des revenus laisse peu de place à la dissimulation.

A. Définition
Cette catégorie de revenus n’est pas définie par la nature ou les caractères d’une
activité mais l’énumération des sources de revenus soumis à l’impôt et ceux qui en sont
exonérés.

1. Les revenus imposables


Sont imposables, les revenus provenant de traitements publics et privés, des salaires,
indemnités, émoluments, les pensions et rentes viagères, les gains réalisés par les producteurs
d’assurance, les voyageurs - représentants – placiers, lorsque l’activité rétribuée s’exerce au
Cameroun. Les pensions et rentes viagères sont réputées perçus au Cameroun lorsque le
débiteur y est établi.

2. Les revenus exonérés

L’article 31 du CGI énumère les allocations, indemnités, rentes viagères, pensions


qui sont affranchies de l’impôt. De cette liste hétéroclite, on peut retenir :

- les allocations spéciales destinées à couvrir les frais inhérents à la fonction ou à


l’emploi dans la mesure où elles sont effectivement utilisées conformément à leur
objet et ne sont pas exagérées ;

- les allocations ou avantages à caractère familial ;


- les allocations, indemnités et prestations servies sous quelle forme que ce soit par
l’Etat, les collectivités et établissements publics en vertu des lois et décrets
d’assistance et d’assurance ;

- les indemnités temporaires, prestations et rentes viagères servies aux victimes


d’accidents de travail ou leurs ayants droit ;

- les rentes viagères servies en représentation de dommages-intérêts en vertu d’une


condamnation prononcée judiciairement pour la réparation d’un préjudice corporel
ayant entraîné pour la victime une incapacité permanente totale l’obligeant à avoir
recours à l’assistance d’une tierce personne pour effectuer les actes ordinaires de la
vie ;

- le complément forfaitaire de solde servi aux fonctionnaires ;

- les pensions pour blessure et invalidité accordées aux hommes qui ont servi aux forces
armées ;

- les bourses d’études ;

- le capital perçu à titre de pensions ou indemnité pour décès ou en compensation


consolidée pour décès ou blessures ;

- les majorations de salaires résultant de l’application de l’index de correction servi aux


fonctionnaires et agents de l’Etat des missions diplomatiques et consulaires en poste à
l’étranger ;

- les gratifications allouées aux travailleurs à l’occasion de la remise des médailles du


travail par le ministère chargé du travail.

B. La détermination du revenu imposable

1. Le revenu brut

Pour la détermination de la base d’imposition, il est tenu compte de traitement,


indemnités, émolument, salaires, pensions et rentes viagères ainsi que tous les avantages en
nature ou en argent accordés aux intéressés.

L’estimation des avantages en nature est établie selon le barème ci-après appliqué au
salaire brut taxable.
- Logement : 15%

- Electricité : 4%

- Eau : 2%

- Par domestique : 5%

- Par véhicule : 10%

- Nourriture : 10%

- Téléphone : 5%

- Carburant : 10%

- Gardiennage : 5%

- Internet : 5%

Les autres avantages en nature sont estimés à leur coût réel.

2. Le revenu net

Le montant net du revenu imposable est déterminé en déduisant du montant brut des
sommes payées et des avantages en nature ou en argent accordé, les frais professionnels
calculés forfaitairement au taux de 30% ainsi que les cotisations versées à la CNPS au titre de
la retraite obligatoire. Le montant résultant de l’application de l’abattement forfaitaire est
plafonné à 4 800 000F par an.

Le revenu imposable est égal au revenu net moins l’abattement de 500 000F

§ 2. Les revenus de capitaux mobiliers (RCM)

A. Champ d’application
Il s’agit d’une catégorie hétérogène qui comprend plusieurs types de revenus.

1. Les revenus imposables

Sont imposables au titre de RCM :

- les produits des actions, parts de capital et revenus assimilées ;


- les revenus des obligations ;

- les revenus de créances, dépôts, cautionnements et comptes courants ;

- les gains réalisés à l’occasion de la cession d’actions, d’obligations et autres parts de


capital ;

- les revenus tirés des actifs numériques.

- les remboursements des sommes mises à la disposition de l’entreprise par un associé


ou gérant, au titre d’avances ou de prêts, lorsque l’apport ou l’avance consenti à la
société a été effectué en espèce.

2. Les revenus exonérés

Sont affranchis de l’IRPP :

- les intérêts des comptes d’épargne pour les placements ne dépassant pas 10 millions
de francs ;

- les intérêts des comptes d’épargne logement ;

- les intérêts des bons de caisse, la plus-value nette globale réalisée à l’occasion de la
cession d’actions, d’obligations et autres parts de capital effectués par les
particuliers, dès lors que le montant est inférieur ou égal à 500 mille F.CFA ;

- les intérêts rémunérant les emprunts extérieurs d’une durée au moins égale à 7 ans.

B. Détermination de la base d’imposition

Le revenu imposable est déterminé comme suit :

- pour les produits des actions, parts de capital et revenus assimilés, par le montant brut des
dividendes versées ;

- pour les obligations, effets publics et emprunts, par l’intérêt ou le revenu distribué durant
l’exercice ;

- pour les primes de remboursement, par la différence entre la somme remboursée et le taux
d’émission des emprunts ;
- pour le revenu de créances, dépôts et cautionnement, par le montant brut des intérêts,
arrérages ;

- pour la cession d’actions, obligations et autres parts de capital, par la plus-value nette
globale résultant de la compensation effectuée entre les plus ou moins-values réalisées au
cours de l’exercice sur chaque catégorie de titre détenu par le contribuable.

§ 3. Les revenus fonciers (RF)

A. Définition

Elle consiste en la détermination des revenus imposables et des revenus exonérés.

1. Les revenus imposables

Sont imposés dans la catégorie des revenus fonciers, lorsqu’ils ne sont pas inclus
dans les bénéfices d’une entreprise industrielle, commerciale ou artisanale, d’une exploitation
agricole ou d’une profession non commerciale :

- les revenus provenant de la location des immeubles bâtis ou non au Cameroun ;

- les plus-values réalisées par la personne physique sur les immeubles bâtis ou non
acquis à titre onéreux ou gratuit ;

- les parts d’intérêts des membres des sociétés civiles immobilières n’ayant pas opté
pour l’IS.

2. Les revenus exonérés

Il s’agit des revenus des immeubles appartenant à l’Etat et aux collectivités


territoriales décentralisées.

B. Détermination de la base d’imposition

1. Le revenu de la location des immeubles

Aux termes de l’article 48 (1) du CGI, le revenu net imposable est égal à la
différence entre le montant du revenu brut effectivement encaissé et le total des charges de la
propriété admises en déduction.
Les charges de la propriété, déductibles pour la détermination du revenu net sont
fixées forfaitairement à 30% du revenu brut, sauf justification de frais réels exposés.

2. La plus-value réalisée sur les immeubles

La plus-value imposable réalisée par les personnes physiques sur les immeubles bâtis
ou non acquis à titre onéreux ou gratuit est égale à la différence entre le prix déclaré par les
parties et la valeur du bien à la dernière mutation, laquelle comprend le cas échéant, les frais
de construction et/ou de transformation de l’immeuble dûment justifiés.

Pour la détermination de la base d’imposition il est tenu compte comme charges


déductibles : des frais réels afférents à la dernière mutation lorsque celle-ci avait été faite à
titre onéreux ; des frais réels afférents à la dernière mutation, non compris les droits
d’enregistrement lorsque cette mutation a été faite à titre gratuit.

§ 4. Les bénéfices artisanaux, industriels et commerciaux (BIC) °

A. Revenus imposables
Sont considérés comme bénéfices artisanaux, industriels et commerciaux pour
l’application de l’IRPP, les bénéfices réalisés par les personnes physiques dans les entreprises
exploitées au Cameroun et provenant de l’exercice d’une profession commerciale,
industrielle, artisanale ou d’une exploitation minière ou forestière. Il en est de même du
bénéfice réalisé par les concessionnaires des mines et des carrières, les amodiataires et sous
amodiataires des concessions minières, les titulaires des permis d’exploitation des mines et
carrières, les explorateurs de mines de pétrole et de gaz combustible.

Présentent également le caractère de bénéfices industriels et commerciaux, les


bénéfices réalisés par les personnes physiques ci-après :

- les personnes se livrant à des opérations d’intermédiaire pour l’achat ou la vente


des immeubles ou des fonds de commerce qui, habituellement, achètent en leur nom les
mêmes biens en vue de les revendre ;

- les personnes qui procèdent au lotissement et à la vente après exécution des travaux
d’aménagement et de viabilité, de terrains leur appartenant ;
- les personnes qui donnent en location un établissement commercial ou industriel
muni du mobilier et du matériel nécessaire à son exploitation, que la location comprenne
ou non tout ou partie des éléments incorporels du fonds de commerce ou d’industrie ;

- les personnes qui louent ou sous-louent en meublés tout ou partie des immeubles
leur appartenant ;

- les personnes qui, à titre principal ou accessoire, exploitent les jeux de hasard. et de
divertissement.

B. Détermination de la base d’imposition

L’évaluation de la base d’imposition est fonction du régime d’imposition.

1. Le régime simplifié
Le bénéfice imposable des contribuables soumis au régime simplifié est constitué par
le résultat d’exploitation découlant de leur comptabilité selon le système minimal de
trésorerie, tel que précisé par l’Acte uniforme OHADA relatif au droit comptable.

2. Le régime réel Il
concerne les contribuables dont le chiffre d’affaires annuel est égal ou supérieur à 50 millions.

Le bénéfice imposable est déterminé comme en matière d’IS.

§ 5. Les bénéfices agricoles (BA)

A. Les revenus imposables

Entrent dans la catégorie de bénéfice de l’exploitation agricole, les revenus réalisés


soit par les fermiers, métayers, soit par les propriétaires exploitants eux-mêmes.

B. Détermination de la base d’imposition

Le bénéfice imposable des exploitants agricoles soumis au régime réel est déterminé
comme en matière de BIC.

Le bénéfice des exploitants agricoles soumis au régime simplifié d’imposition est


constitué de l’excédent de recettes provenant de la culture, de l’élevage et autres produits sur
les dépenses nécessitées par l’exploitation en cours d’exercice.
Il est en outre tenu compte pour cette détermination d’une part, de la production
stockée à la clôture de l’exercice et d’autre part, des amortissements des éléments de l’actif
immobilisé dans les conditions fixées à l’article 7-D du CGI.

§ 6. Les bénéfices des professions non commerciales (BNC)

A. Les revenus imposables

Aux termes de l’article 56 du CGI, sont considérés comme provenant de l’exercice


d’une profession non commerciale ou comme revenus assimilés aux BNC, le bénéfice des
professions libérales (Avocat, Médecin, Architecte, Experts comptables, etc.) , des charges et
offices dont les titulaires n’ont pas la qualité de commerçants, les revenus non salariaux des
sportifs et artistes et les bénéfices de toutes opérations, exploitations lucratives et sources de
profit ne se rattachant pas à une catégorie des bénéfices ou revenus.

Ces bénéfices comprennent notamment :

- les produits des opérations de bourse effectuées par les particuliers ;

- les produits des droits d’auteurs perçus par les écrivains ou compositeurs et par leurs
héritiers ou légataires ;

- les produits perçus par les inventeurs au titre, soit de la concession de licence
d’exploitation de leurs brevets, soit de la cession ou concession de marque de fabrique
ou formule de fabrication ;

- les rémunérations allouées aux membres des Conseils d’Administration des


établissements publics, des entreprises du secteur public et parapublic à quelque titre
que ce soit ;
- les allocations de toute nature, telles que les primes, gratifications, indemnités et
perdiem alloués aux membres des commissions et des comités ad-hoc ou permanents,
ainsi qu’aux membres de toutes les entités publiques et parapubliques ;
- -les sommes, primes, allocations ou rémunérations de toute nature versée aux
sportifs quel que soit leur domicile.
- Les revenus générés sur les plateformes numériques par les particuliers qui y réalisent
les opérations de vente d’un bien, de fourniture d’un service ou d’échange ou de
partage d’un bien.
Les greffiers et autres titulaires de charge sont passibles de l’IRPP suivant les règles
applicables aux bénéfices des charges et offices, d’après le montant de leur bénéfice net
déterminé sous déduction des traitements et indemnité qui leur sont alloués et qui sont rangés
dans la catégorie de traitement et salaires.

B. Détermination de la base d’imposition

Le bénéfice imposable est évalué suivant le régime simplifié et le régime du réel.

1. Le régime simplifié
A l’exception des professions libérales, le bénéfice des contribuables soumis au
régime simplifié est constitué par l’excédent de recettes sur les dépenses nécessité par
l’exercice de la profession. Toutefois, en ce qui concerne les rémunérations pour frais
d’études, de consultation ou d’assistance payées aux personnes domiciliées à l’étranger, elles
ne sont déductibles que dans la limite de 15% du chiffre d’affaires.

2. Le régime du réel
L’évaluation réelle s’opère comme en matière de BIC.

SECTION IIII. LIQUIDATION DE L’IMPOT SUR LE REVENU DES


PERSONNES PHYSIQUES

Pour le calcul de l’IRPP, il est consacré une dualité de tarif l’un, progressif
applicable pour les traitements et salaires et l’autre, proportionnel pour les autres catégories
de revenu.

§1. TARIF DE L’IRPP APPLICABLE AUX SALARIES

L’impôt sur le revenu des personnes physiques applicable aux salariés est calculé
par application du barème ci –après sur le revenu net des traitements, salaires et pensions
viagères :

De 0 à 2 000 000 10%

De 2 000 001 à 3 000 000 15%

De 3 000 001 à 5 000 000 25%

Plus de 5 000 000

35%
§2. TARIF DE L’IRPP APPLICABLE AUX AUTRES CATEGORIES DE
REVENUS

Les autres catégories de revenus sont soumises aux taux proportionnels.

A. L’application du taux de 30%


Pour les contribuables qui réalisent les bénéfices industriels et commerciaux, les
bénéfices non commerciaux (autres que les rémunérations alloués aux membres des Conseils
d’Administration, aux membres des commissions et comités et aux sportifs), les bénéfices
agricoles, les revenus fonciers, l’impôt est calculé par application du taux de 30%.

L’impôt calculé ne peut être inférieur à 2% du chiffre d’affaires réalisé au cours de


l’exercice, majoré de 10% au titre des centimes additionnels communaux. Ce minimum de
perception est porté pour les contribuables relevant du régime simplifié à :
- 3% pour les commerçants non importateurs ;
- 5% pour les producteurs, les prestataires de service et les commerçants
importateurs.

B. L’application du taux réduit


Il est appliqué pour le cas spécifique des revenus des capitaux mobiliers un taux
libératoire de 15% sur le revenu imposable et 10% pour les revenus et les autres bénéfices
non commerciaux que sont : les rémunérations allouées aux membres des Conseils
d’Administration, aux membres des commissions et comités et aux sportifs. Ce taux est
de 5% les revenus générés sur les plateformes numériques.
Dans tous les cas, l’impôt calculé et le minimum de perception sont majorés de 10%
de centimes additionnels communaux.

SECTION IV. DECLARATION ET PAIEMENT DE L’IRPP

En principe, l’IRPP est établi et acquitté spontanément par le contribuable lui-même.

§. 1. Le lieu d’imposition

L’IRPP est établi au lieu de la résidence du contribuable lorsque celui-ci a une


résidence unique au Cameroun. En cas de pluralité de résidences au Cameroun, il est assujetti
à l’impôt au lieu où il est réputé posséder sa résidence principale. Les personnes domiciliées à
l’étranger, les fonctionnaires et agents de l’Etat exerçant leurs fonctions dans un pays
étranger, lorsqu’ils sont redevables de l’IRPP et lorsqu’ils ne possèdent pas de résidence au
Cameroun, sont imposables, les premières au lieu de leurs principaux intérêts au Cameroun, et
les secondes au siège du service qui les administre.

§ 2. La déclaration du contribuable

Tout contribuable professionnel assujetti à l’IRPP est tenu de souscrire une


déclaration annuelle des résultats de son exploitation au plus tard le 15 mars de chaque année.

Les contribuables non professionnels qui bénéficient des revenus des traitements,
salaires, pensions, rentes viagères, et/ou des revenus des capitaux mobiliers et des revenus
fonciers et d’une manière générale des revenus passifs, sont tenus de souscrire une déclaration
annuelle récapitulative de revenus au plus tard le 30 juin de chaque année auprès du centre
des impôts de leur lieu de résidence.
La déclaration annuelle récapitulative de revenus peut être souscrite directement en
ligne à partir d’un formulaire fourni par l’administration.
§. 3. Le paiement de l’IRPP

L’IRPP est acquitté spontanément par les contribuables au plus tard le 15 mars
suivant la fin de l’exercice sous déduction des retenues à la source et acomptes opérés au
cours de l’exercice.

A. Paiement par retenu à la source Sont


retenus à la source :

- l’impôt dû par les salariés par l’employeur lors de chaque paiement des sommes
imposables. Toutefois les employeurs sont dispensés de l’exécution des retenues sur les
salaires de leurs employés percevant moins de 62 000 F brut par mois.

- l’impôt sur les RCM pour les personnes qui effectuent le paiement des produits
visés.

- les revenus fonciers bruts au taux de 15%. Cette retenue est effectuée
exclusivement par les administrations et établissements publics, les personnes morales et
entreprises individuelles soumises au régime réel et du régime simplifié. Les loyers versés aux
entreprises relevant du régime du réel et relevant exclusivement des unités de gestion
spécialisées ne subissent pas ladite retenue.
La retenue est effectuée par la personne qui paie les loyers, à charge pour elle d’en
reverser le montant au Centre des impôts du lieu de situation de l’immeuble, au plus tard le
15 du mois qui suit le paiement effectif du loyer.

Les loyers acquittés par les contribuables ne relevant pas du champ de la retenue à la
source, sont soumis à l’impôt sur le revenu foncier au taux libératoire de 10%, majorée de
10% au titre des CAC. Cet impôt est acquitté sur déclaration du propriétaire, bénéficiaire des
loyers au plus tard le 15 du mois qui suit la fin de chaque trimestre.

Les plus-values réalisées sur les immeubles bâtis ou non font l’objet d’un
prélèvement libératoire de 5% effectué par le notaire pour le compte du vendeur.

B. Paiement par voie d’acompte

Sont soumis à un acompte l’impôt sur le revenu au titre des bénéfices artisanaux,
industriels et commerciaux (BIC), des bénéfices agricoles et des bénéfices non commerciaux
(BNC). L’impôt est acquitté par les contribuables de la manière suivante :

- un acompte de 5% du chiffre d’affaires réalisé au cours de chaque mois par les


contribuables relevant du régime simplifié est acquitté au plus tard le 15 du mois suivant ;

- un acompte égal à 2% du chiffre d’affaires réalisé au cours du mois est payé au


plus tard le 15 du mois suivant, par les contribuables soumis au régime réel.

L’impôt annuel définitif dû est diminué des montants des acomptes payés au cours
de l’exercice. Les trop perçus font l’objet d’une imputation sur les acomptes futurs et en cas
de cessation d’activités, ils sont remboursés.

SECTION V. LES REGIMES D’IMPOSITION DES PERSONNES PHYSIQUES ET


MORALES
La législation camerounaise à travers le Code général des impôts consacre 5 régimes
d’imposition applicables aux personnes physiques et aux personnes morales. II s’agit : du
régime l’impôt libératoire, du régime simplifié, du régime réel, du régime des organismes à
but non lucratif et du régime des contribuables non professionnels. Les trois premiers
considérés comme de droit commun contrairement aux autres tiennent compte en principe du
chiffre d’affaires réalisés par les contribuables.
§ 1. Les régimes d’imposition de droit commun
Applicables aux personnes morales et personnes physiques notamment celles
réalisant les bénéfices industriels, artisanaux, commerciaux, agricoles et non commerciaux, ils
sont déterminés sauf cas spécifiques en fonction du chiffre d’affaires annuels hors taxes
réalisés par les contribuables.

A. Le principe

En fonction du chiffre d’affaires réalisés par les contribuables, le législateur


distingue trois régimes d’imposition.

1. Le régime de l’impôt libératoire


A l’exception des exploitants forestiers, des officiers publics ministériels et des
professions libérales, relèvent de l’impôt libératoire, les entreprises individuelles qui réalisent
un chiffre d’affaires annuel inférieur à 10 millions.

2. Le régime simplifié

Relèvent de ce régime les entreprises individuelles et les personnes morales qui


réalisent un chiffre d’affaires annuel égal ou supérieur à 10 millions de et inférieur à 50
millions de francs à l’exception des transporteurs de personnes et des entreprises de jeu de
hasard et de divertissement.

Les contribuables soumis au régime simplifié, doivent tenir leur comptabilité


conformément au système minimal de trésorerie (SMT) prévu par l’Acte Uniforme OHADA
relatif au Droit comptable et à l’information financière.

3. Le régime réel

Les entreprises individuelles et les personnes morales qui réalisent un chiffre


d’affaires annuel hors taxes égal ou supérieur à 50 millions de francs sont soumises au régime
du réel.

Toutefois, relèvent d’office du régime réel sans considération du chiffre d’affaires :

- les contribuables des secteurs pétrolier, minier, gazier, du crédit, de la micro


finance, de l’assurance et de la téléphonie mobile ;
- les contribuables qui justifient d’un agrément à l’un des régimes de la loi fixant les
incitations à l’investissement privé au Cameroun (la loi n° 2013/004 du 18 avril 2013).

- les titulaires des charges notariales.

Les contribuables soumis au régime réel doivent tenir une comptabilité


conformément au système normal prévu par l’Acte Uniforme OHADA relatif au Droit

B. Cas spécifiques

Ils concernent les transporteurs interurbains de personnes et les entreprises de jeux


de hasard et de divertissement qui prennent en considération des critères autre que le chiffre
d’affaires.

1. Régime spécifique des transporteurs interurbains de personnes


Relèvent du régime simplifié les personnes physiques ou morales effectuant le
transport interurbain des personnes par minibus et car de moins de 50 places et exploitant au
plus cinq véhicules.

Sont soumises au régime du réel, les personnes physiques ou morales réalisant les
opérations suivantes :

- le transport interurbain des personnes par minibus et car de moins de 50 places


exploitant plus de 5 véhicules ;
- le transport de personnes par car d’au moins 50 places quel que soit le nombre de
véhicules exploité.

2. Régime spécifique des entreprises de jeu de hasard et de divertissement

Relèvent du régime simplifié, les personnes physiques et morales exploitant des baby-
foot dont le nombre de machines est compris entre 10 et 25, des flippers et jeux vidéo dont le
nombre est compris entre 5 et 15 ainsi que les exploitants des machines à sous dont le nombre
est compris entre 3 et 10.

Relèvent du régime réel, les personnes physiques et morales exploitant des baby-foot
dont le nombre de machines est supérieur à 25, des flippers et jeux vidéo dont le nombre de
machine est supérieur 15 ainsi que les exploitants des machines à sous dont le nombre est
supérieur à 10.
§ 2. Les autres régimes d’imposition

Dans l’optique d’élargissement de l’assiette fiscale, le législateur a aussi créé le


régime des organismes à but non lucratif et le régime des contribuables non professionnels

A. Le régime des organismes à but non lucratif

Consacré par la loi de finances pour l’exercice 2022, relève de ce nouveau régime,
toute entité dotée de la personnalité juridique ou non, publique, privée ou confessionnelle, y
compris les fondations, qui n’a pas pour but la recherche de bénéfices aux fins de distribution
entre ses membres et dont l’activité n’est pas en concurrence avec celles réalisées par les
entités à but lucratif. Il s’agit notamment des organismes internationaux et des ONG, des
établissements publics et les CTD, ainsi que leurs régies de service publics, des sociétés ou
organismes reconnus d’utilité publique, des offices publics d’habitation à bon marché, des
associations de toute nature, de droit ou de fait, les mutuelles, les clubs et cercles privés, des
organismes de prévoyance et de sécurité sociale, des établissements publics et confessionnels
d’enseignement et de santé et d’une manière générale, tout organisme ayant ou non une
personnalité juridique et dont la mission principale n’est pas la réalisation d’activités
commerciales.

Les organismes à but lucratif sont exonérés de la contribution de patente, de l’impôt


sur les sociétés et la taxe sur la propriété foncière.

Toutefois, ils demeurent passibles de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur les
biens et services acquis dans le cadre de leur fonctionnement, des droits d’enregistrement et
de timbre, de l’impôt sur le revenu des capitaux mobiliers sur leurs placements, des retenues
d’impôts et taxes pour lesquels ils sont redevables légaux.

Par ailleurs, les organismes à but lucratif à but lucratif sont assujettis à la TVA
lorsqu’ils réalisent des opérations taxables prévues par le CGI. De même l’impôt sur le revenu
est prélevé à un taux préférentiel de 15% majoré de 10% au titre des centimes additionnels
communaux, sur la quote-part de leurs activités commerciales.

De manière générale, les organismes à but lucratif sont soumis à l’obligation


d’immatriculation fiscale et doivent tenir une comptabilité distincte pour la part de leurs
activités à caractère commercial.
B. Le régime des contribuables non professionnels
Consacré par la loi de finances 2024, le régime des contribuables non professionnels
concerne les personnes bénéficiant exclusivement des revenus des traitements, salaires,
pensions, rentes viagères, et/ou des revenus des capitaux mobiliers et des revenus fonciers, et
d’une manière générale de tout revenu passif.
En leur qualité de redevable réel, les personnes relevant du régime des contribuables
non professionnels lorsqu’elles ne sont exonérées, sont soumises au paiement de l’impôt sur
le revenu des personnes physiques dans les catégories des traitements et salaires et les revenus
fonciers, les droits d’enregistrement, la taxe sur la propriété foncière ainsi que la taxe sur la
fortune immobilière.

En tant que redevable légal, elles sont soumises au paiement de la taxe spéciale sur le
revenu et des retenues sur salaires.
Les personnes relevant du régime des contribuables non professionnels sont astreintes
à l’obligation de déclaration récapitulative annuelle de leurs revenus au plus tard le 30 juin.
CHAPITRE III : LA TAXE SUR LA VALEUR AJOUTEE

La taxe sur la valeur ajoutée applicable à partir du 1 er janvier 1999 est la forme
moderne de taxe sur le chiffre d’affaires, qui est un impôt général sur la dépense. En effet,
c’est le chiffre d’affaires (total de recettes brutes encaissées à l’occasion des affaires réalisées
avec les tiers dans l’exercice de l’activité professionnelle) du redevable qui constitue l’assiette
de l’impôt.

L’originalité de la TVA qui est une taxe à paiement fractionné, est le mécanisme de
la déduction. La logique de la TVA est de frapper la valeur ajoutée au produit par chaque
producteur et chaque distributeur. Pour ce faire, Il eut semblé a priori plus simple de
déterminer à chaque stade de production ou de distribution la valeur ajoutée (prix de vente
moins prix d’achat) et de lui appliquer le taux de l’impôt ; la taxe globale grevant le produit
supportée par le consommateur final étant égale à la somme des taxes partielles ayant grevé
au niveau de chaque intermédiaire la valeur ajoutée par ce dernier.

Cette déduction dite « base à la base », n’a pas été retenue par le législateur qui lui a
préféré un système de déduction « taxe sur taxe ». Le taux de l’impôt s’applique lors de
chaque opération à la totalité du prix de vente, mais le vendeur déduit de la taxe ainsi calculée
(TVA brute), la taxe ayant grevé ses achats et ne verse au Trésor que la différence (TVA
nette).

Ainsi, la TVA ne grève le prix d’un produit ou d’un service qu’une seule fois, mais
son paiement est fractionné. Par le jeu de ce mécanisme, c’est en définitive la valeur ajoutée
au produit à chaque stade qui se trouve être, la base d’imposition.

SECTION I: LE DOMAINE D’APPLICATION DE LA TVA

Déterminer le champ d’application consiste à rechercher les personnes et les


opérations soumises à cet impôt et le lieu où les opérations ont été effectuées.

§. 1. Les personnes imposables

Les personnes imposables ou assujetties à la TVA, sont aux termes de l’article 125
du CGI, les personnes physiques ou morales, y compris les collectivités territoriales
décentralisées et les organismes de droit public qui réalisent à titre habituel ou occasionnel et
d’une manière indépendante des opérations imposables entrant dans le champ d’application de
la TVA, quelles que soient leur forme juridique, leur situation juridique à l’égard des autres
impôts, la nature et la forme de leur intervention.

Les personnes physiques et morales ne sont cependant assujetties qu’à condition


qu’elles relèvent du régime réel c'est-à-dire celles dont le chiffre d’affaires annuel hors taxe
est égal ou supérieur à 50 millions. Autrement dit les personnes soumises au à l’impôt
libératoire ou au régime simplifié sont exclues du champ d’application de la TVA.
§. 2. Les opérations imposables

En principe, toutes les opérations relevant d’une activité économique effectuée par
les assujettis sont imposables. Le législateur énumère expressément les opérations imposables
et celles qui sont exonérées de la TVA.

A. Le principe de l’imposition des opérations relevant d’une activité économique


effectuée par les assujettis
Aux termes de l’article 126 (1) du CGI, seules les opérations accomplies dans le
cadre d’une activité économique effectuée à titre onéreux sont assujetties à la TVA.

Les activités économiques s’entendent de toute activité de production, de prestation


de service et de distribution y compris les activités extractives, agricoles, agro-industrielles,
forestières, artisanales et celles des professions libérales ou assimilées.

B. Les opérations imposables par détermination expresse de la loi

Elles figurent à l’article 127 du CGI et comprennent :

1) La livraison des biens et les livraisons à soi-même6

2) Les prestations de services à des tiers et les prestations à soi-même7


6
La livraison des biens consiste en un transfert du pouvoir de disposer d’un bien meuble corporel comme
propriétaire même si ce transfert est effectué en vertu d’une réquisition de l’autorité publique. L’échange,
l’apport en société et la vente à tempérament sont assimilés à la livraison des biens.
Par livraison à soi-même, il faut entendre les opérations que les assujettis réalisent, soit pour le besoin de leur
entreprise, soit pour d’autres besoins dans le cadre de l’exploitation, à l’exclusion toutefois de prélèvements
effectués pour les besoins normaux du chef d’une entreprise individuelle, et de livraison à soi-même par tout
particulier pour ses besoins propres, et par tout groupement pour les besoins personnels de ses membres, lorsque
ces livraisons portent sur les locaux qui servent à l’habitat principal.
7
Les prestations de services à des tiers s’entendent de toutes les activités qui relèvent du louage d’industrie ou
du contrat d’entreprise par lequel une personne s’oblige à exécuter un travail quelconque moyennant
rémunération et, d’une façon générale, de toutes les opérations autres que les livraisons de biens meubles
3) Les opérations d’importation de marchandises

4) Les travaux immobiliers

5) Les opérations immobilières de toute nature réalisées par les professionnels de


l’immobilier

6) Les ventes d’article et matériel d’occasion faites par les professionnels.

7) La cession d’éléments d’actifs non compris dans la liste de biens exonérés visés à
l’article 241 du Code de douane.

8) Les opérations réalisées par les entreprises agréées au régime de la zone franche.

9) Les ventes de produits pétroliers importés ou produits au Cameroun.

10) Les jeux de hasard et de divertissement….

C. Les opérations exonérées

Certaines opérations qui seraient normalement passibles de la TVA, en sont


exonérées par une disposition expresse de la loi. Ces opérations exonérées de la TVA sont
énumérées à l’article 128 du CGI.

Parmi celles-ci, on peut citer à titre d’exemple :

- Les tranches de consommation dites sociales au profit des ménages et relatives aux
biens suivants :

 Eau : à hauteur de 20 m3 par mois ;

 Electricité : à hauteur de 220 KW par mois.

- Les opérations de composition, d’impression, d’importation et de vente des journaux


et périodiques à l’exclusion des recettes de publicité, les intrants et les biens
d’équipement destinés à ces opérations, acquis par les sociétés de presse ou d’édition
de journaux périodiques.

corporels.
Les prestations de service à soi-même s’entendent de services que les assujettis réalisent, soit pour les besoins
de leur entreprise, soit pour d’autres besoins dans le cadre normal de leur activité.
- Les biens de première nécessité figurant à l’annexe I du CGI ;

- Les examens, consultations, soins hospitalisation, travaux d’analyse et de biologie


médicales et les fournitures de prothèses effectuées dans les formations sanitaires.

§. 3. La territorialité de la TVA

La TVA est due à raison des opérations réalisées au Cameroun, même lorsque le
domicile ou le siège social du redevable réel est situé en dehors des limites territoriales du
Cameroun.

Une opération est réputée réalisée au Cameroun lorsque s’agissant d’une vente,
celle-ci est faite aux conditions de livraison de la marchandise au Cameroun et pour d’autres
opérations lorsque le service rendu, le droit cédé ou l’objet loué, sont utilisés ou exploités au
Cameroun.

La TVA est établie au lieu de la prestation ou de l’utilisation du service, de la


production ou de la première mise à la consommation. Lorsque ce lieu est différent du siège
social ou du principal établissement, le redevable est tenu de désigner à l’administration
fiscale audit lieu, un représentant solvable accrédité, résidant sur le territoire du Cameroun qui
y est solidairement responsable, avec lui, du paiement de la TVA.

SECTION II: LA DETERMINATION DE LA TVA BRUTE OU FACTUREE

La détermination de la TVA facturée exige que l’on recherche le moment auquel elle
est due, ce qui permet de se pencher sur les concepts de fait générateur et d’exigibilité, ensuite
que l’on définisse son assiette, et enfin le taux qui doit être appliqué.

§. 1. Fait générateur et exigibilité de la TVA

La loi définit distinctement les deux notions. Chacune d’elle correspond à des
évènements différents selon la nature des opérations réalisées.

A. Le fait générateur
Il s’entend comme l’évènement par lequel sont réalisées les conditions légales
nécessaires pour l’exigibilité de l’impôt. Il permet de déterminer le régime juridique
applicable en cas de changement de la législation.

Aux termes de l’article 133 du CGI, le fait générateur est constitué par :

- la livraison des biens et marchandises s’agissant des ventes, les échanges et des
travaux à façon ;

- l’exécution des services et travaux en ce qui concerne les prestations de services et


travaux immobiliers ;

- l’encaissement du prix pour les autres opérations imposables ;

- l’introduction des biens et marchandises sur le territoire en ce qui concerne


l’importation ;

- l’acte de mutation, de jouissance ou l’entrée en jouissance, pour la location de terrains


non aménagés ou de locaux nus effectué par les professionnels de l’immobilier.

B. L’exigibilité

L’exigibilité de la TVA s’entend comme le droit que les services chargés du


recouvrement peuvent valoir à un moment donné auprès du redevable, pour obtenir le
paiement.

En pratique, elle présente un intérêt essentiel pour la TVA. En effet, elle détermine la
période (mois, trimestre, année) au titre de laquelle le montant des opérations imposables doit
faire l’objet d’une déclaration par celui qui a réalisé ces opérations, corrélativement, la date à
laquelle le droit à déduction de la taxe facturée au client prend naissance chez celui-ci.

Elle coïncide avec la réalisation du fait générateur pour les livraisons des biens et est
constituée par l’encaissement du prix, des acomptes ou avances s’agissant des prestations de
service et des travaux immobiliers.

Elle intervient pour :

- les mutations d’immeubles, à la date de mutation ou du transfert de propriété ;


- les importations, au moment de l’enregistrement de la déclaration de mise à la
consommation des biens ;

- les opérations de crédits à la consommation ou de crédit-bail réalisé par les établissements


financiers, à l’échéance des intérêts ou des loyers

§. 2. La base d’imposition

En principe, la TVA s’applique au prix de vente des biens ou au prix de services.


Cependant, le prix imposable n’est pas exactement le prix effectivement supporté par le client.
Certains éléments du prix doivent être intégrés à base d’imposition et d’autres en sont exclus.

A. Les éléments compris dans le prix imposable

Ils correspondent à toutes les sommes, valeurs, avantages, biens ou services reçus ou
à recevoir par le fournisseur ou le prestataire y compris les subventions directement liées au
prix de ces opérations. Au prix, il faut ajouter le cas échéant, tous les frais accessoires aux
livraisons et services facturés au client, les impôts, droits et taxes à l’exception de la TVA, les
compléments de prix acquittés à des titres divers par l’acquéreur du bien ou le client.

B. Les éléments exclus du prix imposable

Sont par contre exclus de la base d’imposition :

- Les escomptes de caisses, remises, rabais et ristournes à condition qu’ils figurent sur
une facture initiale ou facture rectificative ;

- Les distributions gratuites de biens dans le cadre de la publicité ou de la promotion


commerciale ;

- Les débours qui ne sont que remboursement des frais facturés pour leur montant exact
à l’acquéreur des biens ou au client ;

- Les encaissements qui ne sont que la contrepartie d’une affaire, tels que les intérêts
moratoires et les indemnités de contrats.

§. 3. Taux de la TVA

La TVA camerounaise connaît une dualité de taux :


Le taux général de 17,5% majoré de 10% de CAC, soit un total de 19,25%
applicable aussi bien pour les biens et services produits localement que pour les biens
importés. Il s’applique à toutes les opérations non soumises au taux zéro.

Le taux zéro s’applique aux exportations des produits taxables. Ce taux permet la
déduction de la TVA payée en amont.

SECTION III : LE REGIME DES DEDUCTIONS

Toute originalité de la TVA repose sur le droit de déduction. C’est en vertu de ce


principe que la taxe porte sur la valeur créée par le producteur ou le vendeur, c'est-à-dire la
valeur ajoutée au produit fabriqué ou vendu.

« L’ingéniosité » de ce système permet de purger complètement les produits de toute


imposition antérieure grâce aux paiements fractionnés.

Le principe du droit de déduction s’énonce clairement de façon suivante : la TVA


qui a frappé en amont le prix d’une opération imposable est déductible de la taxe applicable à
cette opération.
Simple dans son principe, le droit à déduction est complexe dans son application.

§. 1. Les conditions de déduction

Le droit à déduction de la TVA est subordonné à des conditions de forme, de délai et


de fond.

A. Les conditions de forme

Pour bénéficier du droit à déduction, les assujettis à la TVA doivent être


immatriculés et soumis au régime réel.

En outre la TVA déductible doit figurer sur une facture dûment délivrée à travers le
système de suivi de facturation électronique de l’administration fiscale par un fournisseur
immatriculé, inscrit sur le fichier du contribuable actif au moment de la facturation, soumis au
régime du réel et mentionnant son numéro d’identifiant unique . (Ces conditions ne sont
toutefois pas exigées des fournisseurs étrangers), soit sur la déclaration de mise à la
consommation (D3,D4,T6 bis) en cas d’importation ; soit sur une déclaration spéciale
souscrite par le redevable lui-même en cas de livraison à soi-même.
B. La condition de délai

Le droit à déduction prend naissance au moment où la taxe déductible devient


exigible c'est-à-dire au moment où le fournisseur en devient lui-même redevable.

Cependant, la TVA qui a grevé les éléments du prix d’une opération imposable est
déductible au cours du mois auquel elle se rapporte.

En tout état de cause, le droit à déduction est exercé jusqu’à le fin du deuxième
exercice qui suit celui au cours duquel la TVA est devenue exigible.

C. Les conditions de fond

La déduction ne concerne que la TVA ayant grevé les biens et services qui sont
réputés avoir permis la réalisation par le contribuable des opérations taxées.

Par exemple les matières premières et fournitures nécessaires liées à l’exploitation


qui s’intègrent dans le processus de production des biens et services ; les achats des biens et
marchandises nécessaires liés à l’exploitation.

N’ouvrent pas à déduction la taxe ayant grevé les opérations de l’article 144 du CGI,
par exemple :
- les dépenses de logement, d’hébergement, de restauration, de réception et de
spectacle ;

- les importations de biens liées à l’exploitation, non utilisés et réexportés en


l’état ;

- les biens et services acquis par l’entreprise mais utilisés par les tiers, les
dirigeants ou le personnel de l’entreprise.

Pour les opérations taxables d’une valeur au moins égale à cent mille (100 000) F
CFA, le droit à déduction n’est autorisé qu’à condition que lesdites opérations n’aient pas été
payées en espèces.

§. 2. Les régimes particuliers de déduction

Ils concernent la situation des entreprises partiellement assujetties à la TVA et celles


qui ont des secteurs distincts d’activités.
A. Situation des entreprises réalisant des opérations partiellement assujetties à la
TVA
Les entreprises qui ne réalisent pas exclusivement les opérations taxables ou
assimilées ne peuvent pas récupérer la totalité des taxes acquittées à l’occasion de leur
acquisition de biens et services.

Ainsi, pour les assujettis qui ne réalisent pas exclusivement des opérations ouvrant
droit à déduction, la déduction s’opère par application d’un prorata. Ce pourcentage de
déduction s’applique tant aux immobilisations, qu’aux biens et services.

Ce pourcentage de déduction est calculé à partir de la fraction du chiffre d’affaires


afférente aux opérations imposables suivant les modalités fixées par l’article 147 du CGI.

Cette fraction est le rapport entre :

- Au numérateur, les opérations ayant effectivement donné lieu à la collecte de la TVA


et les exportations des produits taxables.

- Au dénominateur, le montant des recettes de toute nature réalisé par l’assujetti.

B. Situation des entreprises qui ont des secteurs distincts d’activités


Certains assujettis ont des secteurs d’activité qui ne sont pas soumis à des
dispositions identiques au regard de la TVA. La prise en compte des secteurs d’activité
distincts est subordonnée à la tenue de comptabilité séparé par secteur d’activité et la TVA est
intégralement déductible ou non selon les secteurs d’activités.

Le non- respect de cette condition remet en cause l’option et le prorata est applicable
de plein droit.

§. 3. La régularisation des déductions

La régularisation consiste dans le reversement au Trésor d’une fraction de la taxe


dont la déduction a été initialement opérée.

La TVA déduite par une entreprise lors de l’acquisition d’un bien d’équipement peut
faire l’objet d’une régularisation. Ainsi l’entreprise qui cède une immobilisation avant la fin
de la quatrième année à compter de son acquisition, est tenue de reverser une somme égale à
la TVA qu’elle a déduite initialement diminuée d’un cinquième par année ou fraction d’année
depuis son acquisition.
De même, le reversement de la TVA initialement déduite est intégralement exigé en
ce qui concerne les services et biens ne constituant pas les immobilisations lorsque ceux-ci
ont été utilisés à des opérations non soumises à la TVA.

SECTION IV : LES OBLIGATIONS FISCALES DES REDEVABLES DE LA TVA


Pour l’essentiel, elles sont relatives à la tenue des documents comptables et à la
facturation, à la déclaration et au paiement de la TVA.

§. 1. Les obligations comptables et de facturation

Les assujettis à la TVA doivent :


a) être immatriculés ;
b) tenir une comptabilité conforme au système comptable normal prévu par le droit
comptable OHADA ;

c) délivrer à leurs clients des factures mentionnant obligatoirement les éléments


suivants :
- le numéro d’identifiant unique du fournisseur et du client ;
- la date de facturation, le nom, la raison sociale, l’adresse et le numéro du registre
du commerce du fournisseur ;
- l’identité complète du client ;
- la nature, l’objet et le détail de la transaction ;
- le prix hors taxe ;
- le taux et le montant total toutes taxes comprises dû par le client ;

- la mention « exonérées » ou « prise en charge Etat » le cas échéant, par produit.

§. 2. Les obligations déclaratives

La TVA est liquidée au vue des déclarations dont le modèle est fourni par
l’administration fiscale.

Les redevables sont tenus de souscrire leur déclaration dans les 15 jours de chaque
mois suivant celui au cours duquel les opérations ont été réalisées.

Les déclarations doivent être déposées au Centre des impôts territorialement


compétents ou auprès des unités de gestion spécialisées. Si au cours du mois, aucune
opération taxable n’a été réalisée, une déclaration doit néanmoins être souscrite, comportant la
mention Néant sous la ligne « opérations taxables ».

§. 3. Le paiement de la TVA

Le montant de la TVA est payé directement et spontanément par le redevable au


moment du dépôt de la déclaration. Ces paiements sont transférés à un compte ouvert à la
BEAC dont le solde net est viré au Trésor public.

Pour les fournisseurs de l’Etat, des collectivités territoriales décentralisées, des


établissements publics administratifs et des sociétés partiellement ou entièrement à capital
public et de certaines entreprises du secteur privé dont la liste est fixée par voie réglementaire,
la TVA est retenue à la source lors du règlement des factures et reversée à la recette des
impôts ou, à défaut, au poste comptable territorialement compétent dans les mêmes conditions
et délais appliqués aux autres transactions.

Lorsque le montant de la TVA déductible excède le montant de la TVA exigible, cet


excédent constitue un « crédit d’impôt » c'est-à-dire une sorte de créance de droit déductible
sur le trésor.

En principe ces crédits d’impôts générés par le mécanisme de déduction sont


imputables sur la TVA des périodes ultérieures jusqu’à épuisement sans limitation de délai.

Les crédits trimestriels cumulés, supérieurs à 10 millions de francs sont soumis au


Directeur général des impôts pour validation. Ils sont reportés sur les périodes ultérieures à
compter du mois suivant celui de leur validation.

Les crédits TVA non imputables sont sur demande des intéressés et sur autorisation
expresse du Directeur général des impôts, compensés pour le paiement de la TVA, des droits
d’accises ainsi que des droits de douanes, à condition que les opérateurs économiques
concernés justifient d’une activité non interrompue depuis plus de deux ans au moment de la
requête, et qu’ils ne soient pas en cours de vérification générale ou partielle de comptabilité.
Les crédits de TVA peuvent faire l’objet de compensation et éventuellement de
remboursement à condition que leurs bénéficiaires ne soient pas débiteurs d’impôts et taxes
compensables de quelque nature que ce soit et que ces crédits soient justifiés.

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