Adama Bictogo - Alassane Ouattara Est Notre Candidat Naturel

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INTERVIEW POLITIQUE CÔTE D’IVOIRE

Adama Bictogo : « Alassane


Ouattara est notre candidat
naturel »
Présidentielle de 2025, arrivée de Tidjane Thiam à la tête du PDCI,
opérations de déguerpissement à Yopougon… Le président de
l’Assemblée nationale ivoirienne répond aux questions de Jeune
Afrique.

Adama Bictogo, le président de l’Assemblée nationale ivoirienne, à Abidjan, le 2 juin 2023. © Issouf
SANOGO pour JA

Florence Richard
Publié le 16 avril 2024 Lecture : 7 minutes.

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Il rentre tout juste de La Mecque. Fin mars, il était à Genève pour


participer à l’Assemblée de l’Union interparlementaire (UIP), en tant
que président de l’Assemblée nationale ivoirienne. Adama Bictogo est
un homme très occupé. En février, il s’était illustré, dans son pays, en
déplorant les opérations de déguerpissement menées, sans
information préalable, dans la commune abidjanaise de Yopougon,
dont il a été élu maire en septembre 2023.

Loyal à l’égard d’Alassane Ouattara depuis un quart de siècle, ancien


secrétaire exécutif du Rassemblement des houphouëtistes pour la
démocratie et la paix (RHDP), le parti présidentiel, Adama Bictogo, 61
ans, revient sur l’actualité ivoirienne et la prochaine élection
présidentielle en Côte d’Ivoire.

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Jeune Afrique : Vous avez été élu en septembre dernier maire de la


commune abidjanaise de Yopougon, où les services du district
autonome d’Abidjan ont mené des opérations de déguerpissement
– dont vous n’aviez pas été informé au préalable. Vous vous êtes
ému des conditions dans lesquelles elles ont été réalisées. Quelle
est la situation aujourd’hui ? Ces opérations vont-elles se
poursuivre ?
Adama Bictogo : Je tiens d’abord à dire que nous adhérons tous à la
vision du gouvernement, qui entend renforcer la modernisation du
district d’Abidjan, en prenant en compte les zones à risque afin d’éviter
de nouveaux drames pendant les pluies diluviennes.

Mais ce qui me paraît aussi essentiel, c’est la sensibilisation et


l’information des populations avant toute opération de ce type. Nous
avions souhaité la mise en place d’un comité bipartite avec le district
afin d’élaborer en amont la cartographie des quartiers concernés au
sein de la commune et de réaliser ce travail de sensibilisation. Cela n’a
pas été le cas. Naturellement, les populations, non informées, ont été
surprises, et cela a provoqué une vive émotion.

A lire :  Du perchoir à Yopougon, le retour en grâce d’Adama Bictogo

Le gouvernement a aussitôt pris la mesure du désarroi des familles,


sans domicile du jour au lendemain. Le président de la République a
demandé au Premier ministre, Robert Beugré Mambé, de prendre des
dispositions. Ainsi, 1 290 familles ont pu bénéficier d’indemnités pour
se reloger temporairement. Pour les propriétaires, un site de
recasement a été identifié. Et une « cellule d’aménagement des
quartiers précaires » a été mise sur pied sous l’égide du Premier
ministre afin de programmer les prochaines opérations. Rien ne se
fera désormais sans concertation préalable avec les élus locaux. Cette
concertation permanente entre nous s’impose, pour le bien-être de nos
populations.
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Il vous a été reproché au sein de votre famille politique, le RHDP,


d’avoir publiquement contesté la méthode du district, désormais
dirigé par Ibrahim Cissé Bacongo…

À aucun moment on ne m’a reproché d’avoir mené une politique de


proximité avec mes administrés. Il était évident et important, en tant
que premier magistrat de la commune de Yopougon, que je me tienne
à leurs côtés.

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Cela étant, le ministre-gouverneur et moi-même sommes issus du


même camp politique et il était bon que nous ayons une concertation.
C’est ce que souhaitaient toutes les instances du parti. Assurément, il
n’y a ni conflit de compétence ni guerre de leadership entre nous. Il
appartient tout simplement à chacun de s’approprier les textes en
ayant à l’esprit que l’humain prime avant tout, conformément à la
vision du président Alassane Ouattara.

A lire :  Entre Bictogo et Bacongo, les déguerpissements de la discorde

Comment comptez-vous financer tous les chantiers indispensables


à la commune ? Quelles sont vos priorités ?

L’amélioration du cadre de vie et de l’environnement figure parmi mes


priorités. Nous devons revenir aux fondamentaux pour moderniser et
rééquiper la commune. Avec une superficie de plus de 160 km2 et une
population de 1,6 million d’habitants, Yopougon est aujourd’hui la
plus grande zone résidentielle d’Abidjan. Plus qu’une commune, c’est
une ville à part entière. Malheureusement, les services urbains de
base, tels que l’électricité et l’eau potable, n’ont pas suivi. Nous allons
renforcer la cartographie sanitaire en démarrant d’ici à la fin du mois
de mai les travaux de construction de six nouveaux centres de santé.

Pour une meilleure mobilité, il faut aussi des routes et des voies
réhabilitées. Selon notre cartographie des infrastructures routières,
Yopougon a besoin de 38 km de bitume. Notre plan, chiffré à environ
25 milliards de F CFA [plus de 38 millions d’euros], sera entièrement
financé par l’État avec lequel nous négocierons un remboursement
échelonné sur sept ans. De plus, en accord avec les transporteurs et
une société promotrice, nous lancerons bientôt les travaux de la
première gare ultramoderne, dotée de toutes les commodités. Nous
comptons également construire le futur palais de la culture de
Yopougon. Ces deux grands projets d’infrastructure seront financés
grâce à un partenariat public privé́ communal dans le cadre d’un BOT
(Build, Operate, Transfer).

Enfin, l’insécurité demeure une préoccupation de tout instant. Pour


moi, le maintien de l’ordre et la sécurité publique sont des sujets
essentiels, pour lesquels il est primordial d’établir un lien solide entre
les acteurs de la sécurité. Ainsi, à Yopougon, la police municipale, que
j’envisage de reformer avec la nomination d’un nouveau chef, collabore
étroitement avec les forces de sécurité nationales, à savoir la police, la
gendarmerie, les sapeurs-pompiers, la sécurité civile. Je vous donne
rendez-vous en septembre 2024 pour un premier bilan de mon action
à Yopougon.

Dans dix-huit mois, c’est la présidentielle. Alassane Ouattara n’a


pas encore fait part de ses intentions. Souhaitez-vous qu’il se
présente ?

Je considère que le bilan du président de la République plaide en sa


faveur au regard du travail accompli, du niveau de développement
atteint par la Côte d’Ivoire. Quand on regarde le budget de l’État
depuis sa prise de fonctions, en 2011, il a presque triplé.

A lire :  En Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara et l’hypothèse du quatrième


mandat

D’un point de vue constitutionnel, il a le droit d’être candidat en 2025


et, en tant que président en exercice, il demeure le candidat naturel du
parti. Mais, comme vous le savez, l’acte de candidature obéit à une
décision personnelle. C’est donc à lui de la prendre. Mais pour le
président de l’Assemblée nationale et membre du RHDP que je suis,
en l’état, il est notre candidat naturel.

S’il ne devait pas y aller, pourriez-vous faire acte de candidature ?

La question n’est pas à l’ordre du jour. Nous ne pouvons pas nous


projeter tant que le chef de l’État ne s’est pas prononcé. Je continue à
mener à bien ma mission en tant que président de l’Assemblée,
conformément à ma feuille de route.

Je suis à l’écoute du président. J’ai toujours répondu présent à son


appel et à toutes les missions qu’il m’a confiées. Il lui reviendra
d’indiquer le cap. Je ne doute pas qu’il désignera le candidat du RHDP
en tenant compte des attentes des populations et des réalités sur le
terrain. Quoi qu’il en soit, nous devrons être unis afin d’éviter de
tomber dans le piège de la division systématique, qui ferait le jeu de
nos adversaires.

Laurent Gbagbo est inéligible en raison de sa condamnation en


2018. Selon vous, doit-il pouvoir être candidat et obtenir sa
réinscription sur les listes électorales ?

Il ne m’appartient pas de décerner un brevet d’éligibilité à l’ancien


président Laurent Gbagbo. Vous évoquez une condamnation, cette
question relève de la justice.

Début avril, Alassane Ouattara et Guillaume Soro se sont parlé au


téléphone. Une première depuis plus de cinq ans. Êtes-vous
favorable au retour en Côte d’Ivoire de l’ex-président de
l’Assemblée nationale ?

Si le chef de l’État et l’ancien président de l’Assemblée ont eu à


échanger au téléphone, cela ne peut que bénéficier au renforcement de
la cohésion sociale. Naturellement, j’y suis favorable. En homme de
consensus, je crois au grand rassemblement. Le projet de société du
président s’articule autour de la Côte d’Ivoire solidaire, qui prend en
compte toutes les filles et tous les fils du pays, où qu’ils se trouvent.

Que Guillaume Soro rentre en Côte d’Ivoire, je n’y vois aucun


inconvénient. Le tout est de se conformer aux règles qui régissent le
fonctionnement de la République.

A lire : [Enquête] En Côte d’Ivoire, un fantôme nommé Guillaume Soro

L’élection de Tidjane Thiam à la tête du Parti démocratique de


Côte d’Ivoire (PDCI) et sa probable candidature à la présidentielle
sont-elles une source d’inquiétude pour le RHDP ?
Notre parti, avec à sa tête le président de la République, n’a jamais été
inquiété par qui que ce soit. Quel que soit l’adversaire, nous avons
toujours répondu présent à toutes les compétitions. Depuis une
quinzaine d’années, notre parti a remporté toutes les élections locales,
législatives et présidentielles. Et nous disposons au sein de notre
formation d’hommes politiques de très haut niveau.

Ceci étant, je ne suis pas de ceux qui banalisent ou minimisent


l’adversaire. Une compétition est une compétition. J’ai du respect pour
Tidjane Thiam, que je connais, dont je connais la famille. C’est un
frère. Sur le plan politique, je ne porterai pas de jugement non plus,
car il appartient à un parti que je respecte, qui a plus de soixante-
quinze ans d’existence et au sein duquel on trouve des personnes
compétentes. D’ailleurs, nous sommes tous de la même grande famille
des houphouëtistes.

A lire :  En Côte d’Ivoire, les premiers pas compliqués de Tidjane Thiam à la


tête du PDCI

Seriez-vous favorable à ce que cette famille se réunisse à nouveau


au sein d’une même formation ?

Une alliance ne peut être possible qu’entre personnalités politiques


partageant la même vision pour le pays et la même idéologie. J’estime
par ailleurs qu’il est bon que les Ivoiriens aient la possibilité de choisir
entre différents programmes politiques, entre ceux qui se considèrent
comme de gauche et ceux, comme nous, qui se considèrent comme des
libéraux. C’est ma vision. Cela étant, je pense que nous pouvons garder
de bonnes relations.

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Élection présidentielle en Côte d’Ivoire 2025 Adama Bictogo

Alassane Ouattara RHDP

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