0% ont trouvé ce document utile (0 vote)
26 vues32 pages

Entendre 211

Transféré par

Jocelyn Deschênes
Copyright
© © All Rights Reserved
Nous prenons très au sérieux les droits relatifs au contenu. Si vous pensez qu’il s’agit de votre contenu, signalez une atteinte au droit d’auteur ici.
Formats disponibles
Téléchargez aux formats PDF, TXT ou lisez en ligne sur Scribd
0% ont trouvé ce document utile (0 vote)
26 vues32 pages

Entendre 211

Transféré par

Jocelyn Deschênes
Copyright
© © All Rights Reserved
Nous prenons très au sérieux les droits relatifs au contenu. Si vous pensez qu’il s’agit de votre contenu, signalez une atteinte au droit d’auteur ici.
Formats disponibles
Téléchargez aux formats PDF, TXT ou lisez en ligne sur Scribd
Vous êtes sur la page 1/ 32

2 Éditorial Novembre 2013 - Entendre

Le mot du président
Par Steeve Tremblay, AQEPA Québec Métro

Nous voilà déjà rendus au mois de novembre. Que le temps passe vite! Tout particulièrement,
lorsqu’il se passe plein de choses, que tout bouge. L’AQEPA est en pleine effervescence. Pour
ceux d’entre vous qui étaient présents à l’Ermitage Saint-Antoine du Lac-Bouchette,vous
avez pu rencontrer notre nouvelle équipe. Notre nouvelle directrice, Édith Keays, nous a parlé
de son désir d’améliorer l’image de l’AQEPA, d’assurer une plus grande
notoriété pour que tous les partenaires des différents milieux (santé, scolaire,
etc.,) travaillent avec nous encore plus et que tous les dossiers que nous
défendons deviennent leurs, que toutes les régions travaillent main dans la
main, que nous ayons tous une VISION COMMUNE. Nous sommes membres de
Entendre
l’AQEPA et solidaires les uns des autres. Revue de l’Association du Québec
pour enfants avec problèmes
auditifs, est publié par les publications
Fin de semaine familiale – Cuvée 2013 – Semer des graines de champion Entendre, un service de l’AQEPA.

De plus, nous avons inauguré cette année, un nouveau site pour la tenue Fondateur : Pierre J.G. Vennat
de notre événement annuel, l’Ermitage St-Antoine, situé dans la magnifique Révision : Aurélie Chartier et Edith
région du Lac-Saint-Jean. Keays
Mise en page : Aurélie Chartier
Pour une première, je crois qu’on peut dire que l’expérience fut des plus
ISSN 0318-9139
agréables et positive. Ajoutez à cela que nous avons été reçus comme des rois
Dépôt légal : Bibilothèque nationale
par les membres de la région Lac-Saint-Jean, qui ont aussi fortement contribué du Québec Bibilothèque nationale
à l’organisation de l’événement, étant la région hôte. Merci Christiane Giard du Canada
et Johanne. Soulignons aussi le fameux Vins et fromages offert par la région Impression : Imprime-Emploi
Saguenay. Merci Jean-François Charrette et….
La rédaction laisse aux auteurs
Semer des graines de champion - Nous avons eu droit à de grands moments. Je et aux publicitaires l’entière
pense au discours du jeune nageur Philippe Ouellet, il nous a tous impressionnés responsabilité de leur texte. Les titres,
les sous-titres ainsi que la mise en
avec des paroles d’une rare intensité pour un si jeune homme : Objectifs à
pages sont toutefois la responsabilité
atteindre, franche camaraderie, espoir. Lisez l’article qui le concerne, il vous de la rédaction. La revue ne publie
fera revivre les beaux moments partagés. Je pense également aux jeunes aucun texte anonyme, mais peut
qui nous ont partagé leur vécu, Éva Dufresne qui a fait un témoignage très exceptionnellement accepter
ouvert, empreint d’humour et de ténacité, Geneviève Nadeau à travers qui un pseudonyme, à condition de
nous avons ressenti la dureté de l’intimidation à l’école. Je pense enfin aux connaître le nom et l’adresse de
parents qui nous ont témoigné leurs expériences, leurs craintes et leurs espoirs. l’auteur.

Tous les textes publiés dans Entendre


Fin de semaine familiale – Cuvée 2014 - L’autonomie des parents et des (à moins d’avis contraire spécifié
jeunes par l’auteur) peuvent être reproduits
sans demande d’autorisation, mais
avec mention obligatoire de la
Je suis heureux de vous dire que les membres du conseil d’administration, à la source. La correspondance, les
lumière du sondage de satisfaction effectué et aussi à la lumière des projets demandes d’abonnements ou
très emballants de notre direction, se sont entendus pour que nous retournions de renseignements et les opinions
à l’Ermitage St-Antoine du Lac-Bouchette en 2014. Toutefois, ce sera avec doivent être adressées à :
NOS moniteurs, pleins de surprises et petits avant-goûts : un méchoui le samedi
soir, tout le monde ensemble. Alors, l’Ermitage Saint-Antoine n’a qu’à bien se La revue Entendre 3700 rue Berri,
tenir, l’AQEPA arrive! bureau A -446, Montréal (Québec)
H2L 4G9
(514) 842-8706
Je vous laisse maintenant avec notre directrice pour qu’elle vous fasse part de
[email protected]
tous ces changements qui déjà se mettent en place. Oserai-je dire qu’ils sont
précurseurs d’une nouvelle épopée? Pourquoi pas!
Novembre 2013 - Entendre Éditorial
3
Dans ce numéro Le mot de la directrice
Dossier : Fin de semaine familiale
provinciale
4 - La conférence d’ouverture de
Philippe Ouellet « Le vilain petit ca- Par Édith Keays
nard »
6 - L’intimidation, témoignage de Les nouvelles couleurs de l’AQEPA
Geneviève Nadeau
8 - Transition école-travail-vie active Depuis plusieurs mois, nous travaillons en étroite collaboration avec Tangente
Atelier donné par Frank Bouchard Communication afin de recréer l’image de l’AQEPA. Ce nouveau numéro
9 - Atelier : La réadaptation pour les de la revue Entendre marque donc le lancement de notre nouveau logo et
enfants de 0 à 5 ans de notre nouveau site web qui sera prochainement en ligne.
10 - Groupe de discussion 0-5 ans
12 - Témoignage de Carole Potvin Ce nouveau logo, porteur d’un message d’espoir et souhaitant représenter
13 - Témoignage de Éva Dufresne l’épanouissement des enfants, marque un renouveau au sein de notre
association. Si l’automne teinte le Québec de rouge et d’ocre, notre logo se
Dossier : Les modes de commu- teinte de bleu et de vert et insuffle l’énergie, la jeunesse et la sensibilité.
nication Le nouveau site web répondra davantage aux attentes de nos membres et
des personnes désirant s’informer sur la surdité des enfants et les dossiers que
15- Les modes de communication : nous défendons tels que le dépistage précoce.
plusieurs options possibles
16 - Témoignage parent : La diversité Également, tous les outils de communication seront revus et revisités, je pense
des langues pour mieux s’adapter au manuel pour les parents, aux dépliants pour notre programme Plaisir de
18 - Démystifier la langue parlée lire, lettres, cartes professionnelles et encore plus.
complétée pour mieux comprendre
son utilisation Tout ce que nous entreprenons vise à assurer une plus grande notoriété,
20 - La prise de décision quant au à nous donner encore plus de crédibilité et nous faire bénéficier d’un plus
mode de communication : une grand rayonnement. Nous voulons sensibiliser les différents milieux, offrir des
réflexion… services encore mieux adaptés, obtenir plus de financement et créer encore
22 - La LSQ dans le milieu scolaire plus de partenariats.
24 - Les besoins et les services en
interprétation scolaire au Québec : L’AQEPA se dote d’une nouvelle énergie pour relever de nouveaux défis
points de vue sur l’organisation des et répondre encore mieux à ses missions : favoriser l’épanouissement et
services et la mobilité des interprètes l’intégration des enfants avec problèmes auditifs, utiliser son expertise
26 - La communication des enfants inégalée et la force de son réseau pour informer et soutenir les parents et
d’âge scolaire porteurs d’un implant faire la promotion de la cause dans la société.
cochléaire
28 - Témoignage parent : Le choix Toute l’équipe est là pour vous! C’est ensemble que nous réussirons!
des parents
29 - Le français signé

Lecture
30 - La petite chronique littéraire du
Centre de documentation de l’IRD

Supplément : Photos de la Fin de


semaine familiale
4 Retour sur la fin de semaine familiale Novembre 2013 - Entendre

La conférence d’ouverture de Philippe


Ouellet « Le vilain petit canard »
Par Sylvie Carrau

La fin de semaine familiale, ce rendez-vous tant attendu par tous, nous


réserve chaque année des moments-chocs, des moments privilégiés,
des instants choisis qui enrichissent nos conversations et notre réflexion.
Cette année, le coup d’envoi a été donné par Philippe Ouellet.

Je pourrais vous présenter ce jeune homme comme le ferait un


éditeur sur la page de couverture d’un livre : « Philippe Ouellet, 19
ans, malentendant de naissance, sportif invétéré, bardé de médailles,
personnage brillant, charismatique, à l’élocution riche et précise,
d’une maturité étonnante, et à l’avenir fort prometteur ».

Philippe ne s’épanche pas sur ses réussites, mais sur son parcours
de vie. Il se présente tel qu’il est, charmant, profondément humain,
reconnaissant envers ses parents, plein d’espoir et de confiance, tout
en ayant un jugement juste sur la vie et sur sa vie.

Sa surdité découverte dès son jeune âge entraîna chez ses parents la
panoplie de sentiments que nous connaissons tous : le choc, le déni,
la panique, l’effondrement, puis la dédramatisation, la recherche
d’aide, le cheminement parents-enfants pour arriver à l’acceptation
et à la phase proactive.

Philippe insiste sur la phase d’acceptation, nécessaire pour adopter des


comportements positifs qui vont aider à développer le plein potentiel
de l’enfant. On a tendance à changer la perception que nous avons
de notre enfant, alors qu’il reste le même qu’avant le diagnostic.
Nous devons changer certaines choses dans notre environnement
(alarme à incendie, aide auditive, téléphone, etc.. ) et notre façon
de communiquer (langage, signe, visuel…), mais pas notre perception
des capacités de notre enfant.

Le titre de sa conférence, judicieusement choisi, « le vilain petit canard »,


s’adresse avant tout aux parents. Une différence, dans notre cas, la surdité peut être perçue comme un handicap,
faire l’objet de la part de la société, de moqueries et d’exclusion. Mais cela peut devenir, avec le temps et selon le
point de vue, un atout puissant, un moteur de propulsion, un motif de dépassement de soi, faire aussi bien et même
mieux que les autres. Philippe va, tout au long de sa conférence, à travers sa propre histoire, donner des pistes aux
parents afin de permettre à leurs enfants de réussir malgré les obstacles.

Période du 0-5ans : la lecture a joué un grand rôle dans sa vie, sa mère lui lisait des dizaines d’histoires tous les
soirs. Au-delà de son pouvoir éducatif et d’ouverture sur le monde, cela lui a permis de tisser un lien affectif, privilégié,
magique et unique avec sa mère. Puis les jeux de société pour apprendre à gérer toutes sortes de situations, les
nombreuses sorties pour développer tous les sens, le toucher, le goût, le visuel, l’imagination, une de ses préférées…
aller à l’épicerie pour croquer dans les fruits de toutes sortes de couleurs.

L’école : Philippe a commencé en prématernelle en classe adaptée, puis a été intégré en classe ordinaire avec le
soutien d’une interprète. Il a suivi un programme sport-étude de la 6e au secondaire 5, un DEC en science et poursuit
actuellement ses études en kinésiologie à l’Université de Laval.
Novembre 2013 - Entendre Retour sur la fin de semaine familiale
5
L’interprète : personne clé
dans le parcours de Philippe, une
seconde mère, mais qui a le rôle
de le diriger et non de l’éduquer.
Les stratégies adoptées évoluent
avec la courbe d’apprentissage de
l’élève. L’objectif est clair : viser le
plein potentiel de développement,
l’autonomie, l’intégration de l’élève.
Cela demande une démarche
responsable et volontaire de
l’enfant.

Les embûches : Philippe connaît


des pertes subites momentanées
et inexpliquées d’audition. Dans
ces moments, coupé du monde,
Philippe ressent des périodes
de démoralisation intense, en
vieillissant, il les gère mieux, mais les
vit encore très difficilement. Comme
toujours, Philippe choisit ses mots,
il ne parle pas de handicap, de l’oblige à en faire le point central. Comme dans un conte d’Andersen,
limite ou de dysfonctionnement, Philippe affirme sans hésitation que Philippe a un message à transmettre
mais d’embûche. Ce joli mot nous sa surdité a fait de lui un personnage à toutes les personnes sourdes ou
fait comprendre qu’il ne faut pas différent. Et nous pouvons constater malentendantes :
tomber dans le piège du pessimisme, sans hésitation que Philippe a
mais savoir rebondir, contourner et su développer son potentiel
chercher de l’aide, indispensable à
la réussite.
d’intelligence. Trouve quelque
Le soutien des parents reste un L’avenir : durant sa courte
vie, Philippe a été exposé à de
chose qui fait de
toi une personne
incontournable, mais il existe aussi
beaucoup de ressources, il faut nombreuses expériences culturelles
travailler avec les intervenants, en et sportives, il a pratiqué une kyrielle
équipe, orthophoniste, psychologue,
preneur de notes, tuteur, interprète,
d’activités plus ou moins intensément.
Nageur de haut niveau et champion unique. Fais de
ta surdité une
soutien pédagogique, etc. paraolympien, il a parcouru le monde.

force. Utilise
Sortir de sa zone de confort, découvrir,
L’acceptation : les questions s’ouvrir est une philosophie, un
intrapersonnelles ne l’ont pas principe de vie qui coule dans ses
épargné, le « pourquoi moi ? ». Les
crises, les déceptions, les moments
veines, ne jamais se fermer de portes.
cette particularité
pour te
de découragement sont venus Son avenir, il le perçoit comme
régulièrement parsemer son chemin. tout jeune étudiant qui a pour

propulser, te
La démarche d’acceptation est un préoccupations de finir ses études et
processus lent qui, bien canalisée, devenir autonome financièrement.
laisse le temps à l’introspection et à
la reconstruction. Philippe a atteint
une maturité impressionnante, il
Philippe a confiance en l’avenir, les
progrès en réadaptation et les progrès
développer au-
a vite compris que comme tout
personnage, il est un tout et non une
de la technologie font des personnes
malentendantes des personnes tout à delà des autres.
chose, que sa surdité n’est qu’un fait adaptées à la société.
élément de sa personne et rien ne
6 Retour sur la fin de semaine familiale Novembre 2013 - Entendre

L’intimidation, témoignage de Geneviève Nadeau


Par Christianne Giard

M
a surdité a été découverte plus fort que les bruits ambiants. En
Geneviève nous a raconté sa alors que j’étais petite, parce troisième année, la direction voulait
que j’étais peu verbale et que m’envoyer dans une classe spéciale
vie en milieu scolaire, de la je ne répondais pas aux questions qui pour jeunes handicapés. Après
maternelle jusqu’à présent. appareillée, mais laOndécouverte
m’étaient posées. m’a ensuite
de
de nombreux pourparlers, je suis
finalement restée dans mon école,
Elle livre aux parents un tous ces bruits, que je n’entendais mais j’ai dû reprendre ma troisième
pas auparavant, m’effrayaient. année. À cause de cela, j’ai perdu
aspect de son vécu afin Heureusement que ma mère était là les amis avec lesquels je cheminais
pour me stimuler ; elle découpait des depuis la maternelle.
que ceux-ci aient un œil mots pour me les faire apprendre.
J’étais la seule qui présentait un tel
sur leur jeune, puisque handicap dans mon école et les
l’école est un des premiers De 5 à 12 ans jeunes n’étaient pas sensibilisés ; ils
avaient peur de moi et me disaient
lieux où le jeune devra se À l’école, il a fallu sensibiliser les des méchancetés qui me faisaient
pleurer. Après l’école, ils pouvaient
défendre. Voici ce qu’elle professeurs pour qu’ils
le système F.M. me permettant
utilisent
me bousculer ou même me tabasser.
C’est pourquoi je préférais ne pas
nous en dit… d’entendre la voix du professeur
socialiser avec eux, mais m’enfermer
dans mon monde. Je m’inventais
des mécanismes de défense que
cette situation s’arrête, mais ça ne
réglait pas le problème. J’en suis
même arrivée à me coucher très
tard pour avoir l’air « maganée » et
je me faisais vomir. J’avais peur des
autres, peur du rejet et peur de me
faire tabasser. Je pouvais en parler
avec ma mère, mais quand celle-
ci demandait des comptes à la
directrice ; cette dernière disait que
tous les enfants faisaient cela. Le
professeur disait que tout allait bien,
elle voyait bien ce qui se passait,
puisque j’étais toujours seule et je
n’étais jamais choisie dans une
équipe, mais préférait ne rien dire.

De 13 à 17 ans
La sixième année a été la pire de
toutes. Oui, j’ai eu une interprète,
mais en LSQ alors que j’étais oraliste.
Il a fallu encore une fois m’adapter
au nouveau milieu, aux nombreux
déplacements, à tous les professeurs
et sensibiliser ces derniers. Il a fallu
faire des ajustements pour les cours
Novembre 2013 - Entendre Retour sur la fin de semaine familiale
7
d’anglais : je suivais les cours, mais je mes professeurs. J’ai décidé
ne passais pas les examens. J’ai eu de m’accepter comme je suis Programme de lutte contre
du temps supplémentaire pour faire en comprenant qu’il n’est pas
les examens, seule dans un local. nécessaire d’aimer tout le monde, l’intimidation à l’école
C’étaient de bons moyens pour mais l’important c’est de respecter les
autres. J’ai fait la paix avec le passé Le ministre du Patrimoine canadien,
m’aider, mais au niveau social… pas
et pardonné l’impardonnable ; c’est James Moore a lancé lundi un
très bons puisque les autres disaient
le moyen de surmonter ses blessures projet de lutte à l’intimidation et à
que je trichais.
et de les dépasser. la discrimination dans les écoles.
J’avais une amie qui me protégeait,
« L’intimidation est un problème
cependant dès qu’elle était
absente, les autres en profitaient
L’intimidation sérieux pour de nombreux jeunes et
leur famille. Nous croyons qu’il est
pour être méchants : ils pouvaient
Il semble que 52 % des jeunes du important d’investir dans un projet
me bousculer, m’humilier, me rejeter,
primaire se font intimider. Il est axé sur la prévention de ce fléau,
faire des comparaisons dégradantes,
important de bien évaluer le problème a déclaré le ministre Moore. Les
et ce même dans l’autobus. J’ai
puisqu’on peut parler d’intimidation jeunes qui y participeront auront
commencé à avoir des pensées
quand c’est une répétition de faits la chance de devenir des leaders
suicidaires et j’ai été dirigée en
sur une courte durée. En général, dans leur école, leur organisme et
psychologie avec une intervenante
la personne intimidée garde ses leur milieu. »
elle-même vivant avec une surdité.
distances et a peur de dénoncer ses
agresseurs. Les parents doivent être L’annonce a été faite dans le
Les choses ont changé en secondaire
présents pour leur jeune afin que ce secteur de Kanata, à Ottawa, à
IV, alors que je devais présenter un
dernier puisse se confier s’il a des l’école que fréquentait le jeune
texte argumentaire en français oral ;
problèmes. Jamie Hubley, qui s’est enlevé la
j’ai décidé de m’inspirer de mon
vie en 2011 après avoir été victime
problème auditif et présenter à mes
Maintenant, il y a un protocole dans d’intimidation pendant des années
pairs ce que je vivais, en me disant
les écoles et ceci doit refléter les lois parce qu’il avait ouvertement
en désaccord avec leurs gestes et
que le Québec a mises en place et les exprimé son homosexualité. Le
comportements. J’ai eu un succès
faire respecter. Il faut que tous nous père du défunt et conseiller à la
incroyable en touchant autant les
soyons impliqués et dénoncer ces Ville d’Ottawa (Kanata-Sud), Allan
élèves que mon professeur et ceci a
abus. Par exemple, dans les autobus Hubley, a participé à l’annonce.
eu pour effet d’arrêter l’intimidation
scolaires le chauffer doit surveiller et
dans ma classe.
éviter que de tels actes se produisent. Le programme sera mis en place
Pour moi, l’intimidation doit être par l’entremise de la Croix-Rouge
Au Cégep, j’ai fait les sciences
punie, des excuses doivent être faites canadienne, qui aura pour mission
humaines pour aller en psychologie.
à la victime si celle-ci est d’accord et de former des milliers de jeunes afin
Ce fut de nouvelles adaptations, une
surtout il faut faire le suivi ; trouver un qu’ils organisent des ateliers contre
nouvelle interprète LSQ et il fallait
comportement de remplacement au le harcèlement et l’intimidation
faire de l’anglais comme les autres.
besoin. dans leur communauté.
J’ai eu de la difficulté à obtenir
les services ; certains professeurs
Dans un premier temps, 2400
collaboraient, mais d’autres non.
J’ajouterais
J’en profite pour dire aux parents et qu’en premier animateurs âgés de 13 à 17
ans seront formés à donner des
aux jeunes de se battre pour obtenirlieu, c’est aux parents
ateliers sur la prévention. Chacun
des services puisque c’est un droit d’informer leurs jeunes et de de ces animateurs s’engagera
pour nous. les sensibiliser aux différences. à sensibiliser au moins 20 autres
Il faut comprendre et savoir jeunes dans leur collectivité.
La deuxième année a été très
stimulante, puisque j’ai développé comment se comporter face à
« L’annonce d’aujourd’hui répond
de la confiance en moi en étant une personne qui présente une
à nos prières et à nos souhaits
prudente pour me protéger des différence en se souvenant que
de permettre à plus de gens de
méchancetés, en luttant afin de c’est d’abord UNE PERSONNE.
recevoir cette aide rapidement »,
prendre ma place (parfois contre
C’est le rôle du parent de a affirmé M. Hubley.
moi-même), en posant des questions,
en créant des liens pour avoir des donner l’exemple et de montrer Source : Radio Canada
amis et en demandant l’aide de à leur jeune à être tolérant.
8 Retour sur la fin de semaine familiale Novembre 2013 - Entendre

Transition école-travail-vie active


Atelier donné par Frank Bouchard
Par Lorrayne Marchand

Frank Bouchard, conseiller à la formation et à l’employabilité au CAMO, nous a exposé ces différentes options et
fourni une liste des services déployés facilitant l’inclusion sociale de nos jeunes.

Nos charmants petits « bouts de collégiales en vue d’une technique pas hésiter à consulter cet
de leur choix. organisme d’aide à l’emploi.
chou » ont vieilli. Ils sont devenus
progressivement de fiers adolescents Mais, peu importe le parcours Nous remercions énormément
ayant passé (ou presque) le tumulte du choisi, nos jeunes peuvent toujours M. Bouchard pour cet atelier
secondaire. Maintenant, ils sont presque bénéficier de services spécifiques à complet et enrichissant. Les parents
prêts à affronter la vie adulte. Ils veulent leur condition. Ainsi, ils ont la possibilité en sont sortis très satisfaits et confiants
d’accéder à des bourses d’études pour l’avenir de leur(s) enfant(s). Les
s’affranchir et devenir autonomes. Et qui pouvant leur permettre de recevoir discussions se sont poursuivies tout
pense autonomie pense forcément travail les services adéquats (interprète, au long de la fin de semaine sur ce
et liberté ! preneur de notes, système MF…). sujet très préoccupant.
Entre autres, il existe un service d’aide

O
n reconnaît que ce passage à l’intégration (SAIDE) dans tous les En terminant, j’ajouterais une
ne s’effectue pas toujours sans Cégeps pour accompagner le jeune touche personnelle. La préparation
heurts. Cependant, plusieurs tout au long de ses études collégiales. au marché du travail se planifie
options s’offrent à eux ; plusieurs dès le plus bas âge. Développons
services ont été mis sur pied afin de Malgré tout, il peut y avoir une ombre chez nos jeunes la confiance en soi,
faciliter ce passage à la vie adulte. au tableau. Qu’arrive-t-il si, en fin de l’autonomie, l’habileté à résoudre
compte, nos jeunes férus de diplômes les problèmes de la vie courante,
On sait qu’il n’est pas donné à tous nos ne se trouvent pas de travail ? le respect des consignes, la
jeunes de parcourir le cheminement Question inquiétante que se posent sociabilité, la capacité de travailler
régulier de la maternelle au Cégep les parents et les jeunes. Il faut prendre en équipe, le pouvoir d’une
ou à l’université. En effet, ce ne sont en compte l’importance du choix de rétrospection efficace sans oublier
pas tous les jeunes qui choisissent cours versus les possibilités d’obtention la maximisation de leurs points forts.
l’université. Quelles sont les options d’un emploi dans le domaine choisi,
offertes à ces jeunes ? Après avoir ainsi que le réalisme dans le choix Et voilà, notre jeune vivant avec une
terminé le secondaire, il y a possibilité du travail que l’on choisit. Dans tous surdité est « tout fin prêt » pour la vie
d’effectuer un DEP, diplôme d’études les établissements d’enseignement, il adulte et le marché du travail ! Que
professionnelles. Mais si le jeune n’est existe un service d’orientation scolaire lui souhaiter de mieux ?
pas rendu à ce niveau, il peut passer et professionnelle dont les jeunes
un test de développement général peuvent bénéficier. La meilleure des chances dans sa
(TDG). Ce test consiste à vérifier et recherche d’emploi !
à noter les compétences générales Maintenant, notre jeune a réussi
du jeune selon des critères précis. ses études dans un domaine qui lui Le document résumant les propos
S’il réussit le test, il peut accéder au convient et non contingentées. Que de Franck Bouchard est disponible
DEP de son choix moyennant certains faire si, malheureusement, il ne trouve sur notre site. www.aqepa.org
prérequis exigés. pas de travail ?

Le jeune peut également choisir Est-ce une question de non-confiance, Contact Camo :
55, avenue du Mont-Royal Ouest
de terminer son secondaire dans d’une mauvaise présentation à
Bureau 300
un centre pour adultes et se l’entrevue, d’un CV incomplet ou Montréal (Québec) H2T 2S6
diriger vers le Cégep par la suite. d’un autre problème ? Si oui, il existe Téléphone : (514) 522-3310
Même si ce parcours s’avère ardu, ce qu’on appelle le SEMO qui vient en Sans frais : 1 888 522-3310
Courriel : [email protected]
certains choisissent cette option aide aux jeunes dans leur recherche
http://www.camo.qc.ca/
afin d’entreprendre des études d’emploi. Le cas échéant, il ne faut
Novembre 2013 - Entendre Retour sur la fin de semaine familiale
9
Atelier : La réadaptation pour les enfants de 0 à 5 ans
Guylaine Harvey et Sandie Poulain du CRDP Jonquière

Les deux intervenantes ont présenté


les étapes émotionnelles lors de la
prise de connaissance de la surdité
de son enfant.

Le diagnostic le choc :
Lorsqu’un parent apprend que son
enfant a une surdité, les émotions
prennent le dessus et jouent aux
montagnes russes. Le lourd travail
des professionnels (audiologistes,
orthophonistes, etc.) commence.

La remise en question :
Suite au diagnostic, il arrive parfois
que les parents sentent que quelque
chose est différent chez leur enfant.
Ce qui les conduit à prendre les
devants et faire passer des tests à L’acceptation :
leur enfant. D’autres ne le voient Par la suite, le processus naturel Tout le monde, parents,
pas immédiatement et c’est une
personne extérieure qui les incitera
d’adaptation continue. Les parents
se posent toujours des questions,
enfants et professionnels
à passer des tests. Les résultats sont
souvent un choc pour les parents,
notamment sur le bonheur de leur doivent travailler
enfant. Puis vient le temps de la
même s’ils avaient un doute depuis rencontre, des papiers, des conseils, ensemble pour aller
le début. des tests (une fois de plus). chercher tout le potentiel
La culpabilité : Tout ceci permet d’évaluer les de l’enfant et le faire
Plusieurs sentiments accompagnent
besoins réels de l’enfant, mais aussi
comment les parents peuvent et
progresser. Petit à petit
ce processus. Les parents peuvent
ressentir de la culpabilité ou remettre
doivent s’adapter. Le but est de les parents apprennent
faire comprendre aux parents qu’ils
en question le diagnostic. Ils sont
peuvent avoir une vie normale à « vivre avec » et à
déroutés. Ils ne savent pas ce qui
va se passer ni ce qu’ils doivent
malgré la surdité de leur enfant et
être heureux.
s’adapter.
faire. Parfois, c’est tout de même
un soulagement. Les parents

Votre publicité ici !


peuvent enfin mettre un mot sur
ce qui « n’allait pas ». Cela va leur
permettre d’agir maintenant. Ce
sont les professionnels qui vont guider
et rassurer les parents tout au long du
processus.

L’attente :
Nous contacter au
Celle des services de réadaptation
peut s’avérer être longue, même
si les enfants sont prioritaires sur les
adultes.
514-842-8706
Retour sur la fin de semaine familiale Novembre 2013 - Entendre
10
Groupe de discussion 0-5 ans, suite à la conférence
d’ouverture de Philippe Ouellet
Par Nicole de Rouin

La période suivant le diagnostic amenant des pistes de solution, en bonne façon d’apprendre à se
le dirigeant vers quelque chose de séparer de ses parents parce qu’il
de surdité – on l’espère avant constructif. Il faut donner à l’enfant était quand même bien entouré
5 ans ! – en est une de grand l’occasion d’explorer différentes de ses coéquipiers et de son
questionnement pour les parents. En activités, de découvrir ses intérêts et entraîneur. Quelle que soit l’activité,
ses talents, et de valoriser les aspects l’enfant a accès à un autre cercle
effet, c’est pendant cette phase que de sa personne qui sont autres que la de référence, et « quand on fait
nous devons, dans notre capacité surdité. Comme Philippe le précise, des choses en gang, ça passe plus
c’est sûr que le succès qu’il a connu facilement ». On en comprend
de parents, prendre le plus de dans le sport a aidé à consolider son que la surprotection de la part
décisions, tout en ayant le moins estime de soi, mais il ne faut pas sous- des parents n’est peut-être pas la
d’expérience et de connaissances à estimer le plaisir de s’appliquer et de meilleure stratégie à adopter !
prendre du temps pour soi. Il explique
notre disposition. Notre groupe de que si les efforts de l’enfant et des Bien sûr, ce ne sont pas tous les enfants
parents ne faisait pas exception. parents sont axés exclusivement sur qui aimeront faire du sport. Mais il y
l’école et la réussite académique, a aussi l’art, la musique, le théâtre

U
n tour de cercle pour faire cela peut devenir très lourd. et autres. « L’important, dit Philippe,
connaissance et la discussion c’est d’essayer plein d’affaires.
était amorcée. Fait surprenant, Selon Philippe, c’est la curiosité qui Dans le fond, c’est pareil comme
les trois enfants concernés ont eu droit amène l’enfant plus loin et il faut donc pour les enfants entendants. » Il faut
à un test de dépistage de la surdité à la la stimuler. s’assurer que l’enfant développe
naissance. Ainsi, deux d’entre eux ont ses forces pour que l’attention de
reçu un diagnostic de surdité à l’âge Philippe nous apprend qu’il a fait son l’enfant (et des parents !) ne soit
de trois mois. La surdité du troisième premier voyage en avion sans ses pas centrée sur sa surdité. Il faut
enfant n’a malheureusement pas parents à l’âge de 12 ans. Il n’a pas éviter de mettre des limites. La seule
été détectée lors de ce test, et le eu à convaincre ses parents de le vraie limitation est que l’enfant
diagnostic a été retardé jusqu’à l’âge laisser partir. Il en conclut que le séjour n’entend pas comme les autres. Le
de trois ans et demi. L’inquiétude des de trois semaines était un peu long, rôle du parent est donc d’outiller
parents ne semble toujours pas être mais que c’était une expérience l’enfant, de le « faire découvrir
prise en compte par les professionnels nécessaire. Il ajoute que c’était une le potentiel que la vie offre ».
de la santé, alors que, selon l’Ordre
des orthophonistes et audiologistes
du Québec, il s’agit bien d’un des
critères justifiant une consultation.

Au plaisir de tous, Philippe Ouellet


est venu se joindre à nous, et la
discussion s’est orientée d’abord
vers l’acceptation de la surdité.

L’enfant sourd n’est pas comme les


autres ; c’est tout. Il faut simplement
l’accepter.

En tant que parent, il faut aider


l’enfant à accepter cette différence
tout en évitant de s’apitoyer sur lui.
On doit faire preuve d’empathie, en
Novembre 2013 - Entendre Retour sur la fin de semaine familiale
11
Nous avons ensuite abordé le sujet de
la fratrie et ses relations avec l’enfant
vivant avec une surdité. Il est ressorti
que la fratrie passe un peu par les
mêmes étapes que les parents dans
l’acceptation de la surdité, c’est-
à-dire qu’ils peuvent aussi faire du
déni, exprimer de la colère, se retirer
face à la différence, penser ne plus
connaître l’enfant, etc. Évidemment,
c’est plus simple lorsque l’enfant
vivant avec une surdité est l’aîné
puisque les enfants qui suivent
n’auront pas eu connaissance de
la période d’acceptation, de deuil,
et d’adaptation, puisqu’ils n’auront
pas connu l’enfant sourd autrement.
Néanmoins, c’est le rôle du parent
d’intervenir entre les enfants et de
profiter des occasions pour expliquer
et faciliter les relations entre les frères
et sœurs. Mais, comme il a déjà été
mentionné, on prône l’empathie et
non l’apitoiement.

Certes, avoir un enfant vivant avec en nous disant que juste avec les autres enfants de son groupe,
une surdité implique de nombreux l’anglais qu’il a appris à l’école, il peut servir à consolider ses acquis et
rendez-vous. Et, bien sûr, l’enfant est capable de bien fonctionner le permettre de faire la transition à
n’est pas toujours un participant lorsqu’il voyage à l’étranger. L’enfant l’école avec plus de confiance.
enthousiaste à toutes ces thérapies. est comme une éponge et absorbe
Mais le consensus du groupe est énormément d’informations. Encore
qu’il faut continuer et que les une fois, pourquoi mettre des limites ? En tant que parents, nous
effets bénéfiques se font sentir à Il vaut mieux donner à l’enfant toutes apprenons à nous fier à
long terme. Le développement du les possibilités et voir comment il notre instinct. Chaque enfant
langage se fait graduellement et évoluera. est différent et il n’est pas
peut parfois stagner ; on regarde la
progression et il faut être patient. Il ne faut pas non plus sous-estimer
obligatoire de suivre toutes
l’influence de l’environnement. La les recommandations des
Il faut laisser le temps de s’adapter, garderie par exemple, parce que professionnels surtout si
parent et enfant. L’adaptation au l’enfant passe beaucoup de temps certaines peuvent aller à
port des appareils, par exemple, dans ce milieu. On choisit donc ce l’encontre de nos sentiments
se fait graduellement. Au départ, que l’on considère comme le meilleur
les parents se sentent maladroits environnement et on évalue la
à l’égard du bien-être de
et les enfants, surtout très jeunes, progression de l’enfant. Si tout semble notre enfant. En tant que
les enlèvent, les mangent et les bien aller, ça va ; sinon, on regarde les parents, nous avons peur de
manipulent. C’est un passage. autres options. nous tromper, d’infliger des
dommages irréparables à
Nous avons également abordé la Oui, la prématernelle à quatre ans
question de langue, à savoir s’il est est accessible et recommandée pour
notre enfant, mais c’est peu
possible pour un enfant vivant avec les enfants vivant avec une surdité, probable. Et il ne faut pas
une surdité d’apprendre plus d’une mais il est aussi tout à fait possible que oublier qu’il est possible de
langue, et quelle langue prioriser. ce cheminement ne corresponde changer d’idée si la situation
Le sujet est d’une importance pas aux besoins de tous les enfants. change. Ce n’est pas la fin
particulière lorsque les parents ont Une année de plus en garderie, où
une langue maternelle autre que le l’enfant commence à être à l’aise
du monde et on peut corriger
français. Philippe nous a encouragés et à interagir naturellement avec le tir.
Novembre 2013 - Entendre
12 Retour sur la fin de semaine familiale
Témoignage de Carole Potvin
Par Suzanne Marcotte

Carole Potvin nous parle de son sœur cadette, d’être privée de ses
vécu comme parent. Très tôt après parents aussi souvent et d’avoir à
la naissance de sa Karen, elle avait comprendre que sa sœur aînée avait
déjà l’impression qu’il y avait quelque beaucoup de besoins. Carole qui accompagnait sa fille
chose de différent avec sa fille. À l’âge matin et soir ; tout en prenant ce
d’un an on a diagnostiqué une surdité Quand Karen a reçu ses lunettes et ses temps pour l’aider à développer son
et, à deux ans, un important problème prothèses auditives, elle ne les a jamais langage et lui apprendre à compter.
de vision ; ceci expliquait pourquoi enlevées, comprenant l’apport qu’ils
Karen avait de fortes réactions quand lui procuraient. L’orthophoniste qui Carole a souvent eu à se défendre
les gens l’approchaient. Plus tard, travaillait avec sa fille lui avait même face aux problèmes. Par exemple, la
les médecins ont diagnostiqué la dit qu’elle ne parlerait jamais, mais fois où un professeur ne voulait pas
maladie de Stickler. c’était ne pas connaître cette mère porter le système MF pour ne pas…
déterminée… puisque Karen parle. Le froisser sa blouse… !
soutien des membres de l’AQEPA l’a

C
arole dit se souvenir d’un aidé à accepter les craintes pour son Il a fallu beaucoup d’acharnement
homme qui avait un handicap enfant et de s’en libérer. Christianne pour sensibiliser les gens à la surdité,
et qui venait seulement quand Giard, une orthophoniste qui milite ce handicap invisible. Les gens ne
elle travaillait, ceci l’interpellait dans l’AQEPA, était son soutien et comprennent pas tout ce que ces
beaucoup parce qu’elle se sentait son accompagnatrice dans toutes jeunes doivent faire pour fonctionner
inconfortable en sa présence, les situations qui se présentaient sur sa comme leurs pairs : ce sont des
probablement parce qu’on ne route de parent. battants. Elle dit qu’elle est de
sait pas comment agir avec ces l’époque des « parents bâtisseurs ».
personnes. On remarque souvent
le handicap au détriment de la Carole Potvin était toujours au premier
personne qui se cache derrière. rang pour défendre les intérêts de sa
fille : elle était toujours présente lors
Aujourd’hui, elle comprend mieux, des plans d’intervention ; sa fille a eu
en voyant la personne dans son une interprète dès le primaire, et ce
ensemble. Selon elle, sa fille pourra jusqu’au secondaire. Une fois rendue
faire évoluer son entourage en étant au secondaire, Karen a eu un fauteuil
ce qu’elle est. De plus, Carole affirme roulant et… un chien Mira, de plus
qu’elle a toujours eu l’appui de son elle fréquentait une classe régulière.
conjoint pour avancer dans la vie Carole s’est fait des alliés auprès des
malgré les difficultés qu’ils ont dû directions scolaires.
affronter pour que la société fasse
une place à Karen. Karen a maintenant 28 ans. Plus
jeune, on a dû l’opérer pour changer
Après le choc, Carole s’est prise en un genou et les deux hanches ce qui
main pour aider sa fille. Il n’y avait C’est ainsi qu’avec d’autres ne l’empêchait pas de faire de la
pas encore autant de ressources ni membres de notre association, ils nage synchronisée. Elle vient d’avoir
de centre de réadaptation au Lac ont commencé à développer des un implant cochléaire et est en
St-Jean. C’est la pédiatre qui lui a services au Lac-Saint-Jean. Une réadaptation. Elle en est heureuse.
conseillé d’aller à l’hôpital Sainte- formation en français signé a été Karen a toujours aimé dessiner et elle
Justine, pour aller chercher un offerte aux professeurs pour aider aime l’art, la peinture. Elle vit avec
diagnostic et des informations. Elle Karen à développer son langage ses parents, mais ces derniers ont
est allée à Montréal pour passer un oral. Sa fille fréquentait une classe pour but de la rendre autonome.
test d’une journée, mais y est restée spécialisée dans une école régulière Elle a appris aux gens la tolérance.
une semaine parce que les médecins à l’école St-Sacrement d’Alma. Ils lui Tout le monde se souvient d’elle
voulaient trouver la cause de la ont appris à bien produire les sons par son positivisme, sa volonté et sa
surdité. Cela a été difficile pour la pour se faire comprendre. C’est détermination.
Novembre 2013 - Entendre Retour sur la fin de semaine familiale
13
Témoignage de Éva Dufresne
Par Geneviève Bédard

Éva Dufresne est une jeune fille se souvient du bandage à son réveil. parole. Les ensei-
pétillante de 18 ans qui nous Mais, surtout, elle se souvient d’avoir gnants la sou-
a généreusement partagé son entendu quelques semaines plus tard tiennent lorsqu’elle
expérience de vie sur une note de le son de l’eau qui coule, la radio rencontre des difficultés en classe.
légèreté très rafraîchissante. Née et le vent dehors… GÉNIAL dit-elle !
en Chine et adoptée à l’âge de Forte de la nouvelle confiance que Elle nous raconte fièrement avoir eu
six mois, on lui a diagnostiqué une lui insuffle son implantation récente, à deux reprises des méritas pour ses
surdité profonde à 21 mois à la suite elle décide qu’elle se sent prête à bonnes notes et sa persévérance.
desquels elle a été appareillée. fréquenter l’école de son frère et Comme elle aime travailler fort et
sa sœur, l’école régulière. Elle en aime étudier, tout se passe bien. Elle
avait assez de son école où le climat est même dans le groupe enrichi en

E
lle nous parle ensuite de la était dur et ponctué de batailles et mathématiques. Elle se remémore
petite sœur qui est entrée dans d’intimidation. avec nous son bal de secondaire V et
sa vie lorsqu’elle avait un an en nous dit avoir l’intention de faire son
y référant comme à sa « poupée À sa grande déception, on refuse Cégep en sciences de la santé, car
vivante ». Elle nous raconte son de l’intégrer. Comme elle n’est pas elle veut aider les gens malades.
enfance sur un ton qui nous laisse de ceux à qui on dit non facilement,
voir à quel point elle perçoit sa vie notre jeune Éva n’écrit à nul autre que Au niveau des sports, elle a essayé
d’abord comme une vie d’enfant Jean Charest lui-même. Comme il ne la natation, mais a abandonné,
et, ensuite, seulement bien après, lui répond pas, elle s’inscrit finalement car elle n’entendait rien. Elle essaie
une enfant vivant avec une surdité. dans un collège pour jeunes filles. aussi de se mettre au piano, mais
Après avoir fréquenté une garderie cela s’avère très difficile. Après un
régulière, elle a fréquenté une Enfin, elle y fait sa place. Elle s’y sent peu de découragement, elle trouve
école spécialisée où elle a reçu bien, elle a des amies. Elle fonctionne « son » sport, le patinage artistique.
des services d’orthophonie et où bien sur le plan académique. Éva a Elle est intégrée dans le groupe et
les classes étaient composées de gagné de l’estime de soi, elle va vers compétitionne au niveau junior. Pour
seulement quatre ou cinq enfants. toutes les autres filles pour faire leur Éva, l’important est de participer aux
connaissance. compétitions et les médailles importent
Son parcours scolaire serait devenu peu. C’est pourtant dans le cadre de
plus ardu après que la commission On l’invite à des fêtes, on la la pratique de ce sport qu’elle aime et
scolaire ait insisté pour qu’elle fasse complimente sur la qualité de sa qu’elle vivra une expérience difficile
sa troisième année sur deux ans. où l’arrivée d’une nouvelle changera
Cela fait en sorte qu’elle entreprend la dynamique du groupe et elle se
son secondaire alors qu’elle n’a pas retrouvera douloureusement exclue.
fait ses cinquième et sixième années Les choses se rétablissent le jour où
du primaire. On peut facilement elle se fâche et crie dans la chambre
imaginer qu’elle avait un énorme avec ses coéquipières. Avec humour,
défi devant elle. Elle se rappelle avoir elle nous dit être capable de mordre,
surtout eu des amis malentendants de grafigner et de griffer. Elle nous dit
mis à part les amis de sa sœur fièrement avoir « eu la paix » ensuite !
qu’elle fréquentait un peu. Éva Lorsqu’elle nous raconte sa crise
nous partage ensuite l’hésitation d’appendicite comme l’événement
qu’elle ressent lorsqu’on lui propose le plus marquant de sa vie, ça rappelle
l’implant cochléaire. Elle se souvient aux parents que nous sommes que
d’un choix difficile pour lequel elle a nous devons garder à l’esprit que nos
beaucoup questionné deux amis qui enfants sont D’ABORD des enfants.
avaient été implantés très jeunes. La surdité n’est qu’une des multiples
Ils la convainquent des avantages. facettes de leur vie.
En février 2007, elle est opérée.
Elle nous raconte son angoisse, Merci Éva, pour ta fraîcheur !
14 Page des jeunes Novembre 2013 - Entendre

Les aventures de Danucci


Par Danielle Juneau, AQEPA Mauricie-Centre-du-Québec

La fin du monde n’est toujours pas arrivée et je continue mon travail de journaliste reporter. Dans ce numéro-ci,
je me trouve à Carnac en Bretagne, pour visiter les alignements de Carnac. Ces derniers figurent parmi les plus
anciennes réalisations humaines en Europe et comprennent le plus grand ensemble mégalithique du continent. Leur
signification reste un mystère malgré les milliers d’hypothèses émises. Il est clair aujourd’hui que ces pierres furent
érigées presque deux mille ans avant les pyramides d’Égypte et que,
par exemple, Stonehenge avait été bâtie longtemps avant que
Mycènes ne devînt une cité importante. On estime que la plupart
des mégalithes d’Europe ont été érigés entre le Ve et le IIe millénaire
avant J.C. Les peuples d’alors possédaient indiscutablement les
compétences techniques requises pour de tels travaux. Mais quelle
était la signification de ces monuments et pourquoi, tout à coup,
disparurent-ils d’Europe ? Voilà un point qu’aujourd’hui encore il est
bien difficile d’élucider.

La plus forte concentration de mégalithes se trouve à Carnac, au


cœur de la lande bretonne. On y trouve, sur environ 8 km, plus de
pierres levées que nulle part ailleurs en Europe. Aujourd’hui, il reste
environ 3000 menhirs à Carnac, mais il y en avait peut-être le double
à l’origine. Certains ont subi les ravages du temps, d’autres ont servi
de matériaux de construction, d’autres encore ont été emportés par des amateurs de souvenirs. Le site de Carnac
a attiré au cours des siècles une foule de visiteurs cherchant à percer le mystère du lieu. Celle qui a été retenue est
celle que les architectes de Carnac avaient de grandes connaissances en astronomie et avaient placé les pierres de
façon à étudier les mouvements des corps célestes, ou pour s’en servir comme d’une énorme horloge astronomique
pour déterminer les moments propices aux labours ou aux semailles. Peu importe l’hypothèse, Carnac continuera
d’attirer chaque année des milliers de visiteurs comme moi par exemple. Regardez la magnifique photo.

Source : wikipedia.org/wiki/Carnac_stones

Veuillez lire ce que Danucci vous signe Les verbes qui bougent
Les quatorze verbes de mouvement qui suivent ont perdu

a la prochaine
la moitié de leurs lettres. À toi de les reconstituer en allant
chercher dans la liste de droite la partie qui leur manque.

1. Enja ___ ___ ___ GER


2. Rou ___ ___ ___ PER
Amuse-toi à colorier mon ami Peanut qui 3. Grim ___ ___ ___ CER
grimpe dans mes arbres 4. Bou ___ ___ ___ CHER
5. Sau ___ ___ ___ ALLER
6. Ram ___ ___ ___ CER
7. Escal ___ ___ ___ RIR
8. Mar ___ ___ ___ ER
9. Péd ___ ___ ___ MBER
10. Lan ___ ___ ___ LER
11. Jog ___ ___ ___ PER
12. Jou ___ ___ ER
13. Cou ___ ___ ___ TER
14. Dan ___ ___ ___ ADER
Novembre 2013 - Entendre Les modes de communication
15
Les modes de communication : plusieurs options possibles
Lyne Lafontaine, personne-ressource - Services régionaux de soutien et d’expertise en déficience auditive, région de Montréal

Lorsque les parents apprennent que leur enfant présente une surdité, ils ressentent toute
une gamme d’émotions. Parmi celles-ci, la crainte de ne pouvoir bien communiquer avec
lui. Accompagnés de professionnels œuvrant en surdité, ils réfléchissent au mode de
communication qui conviendra le mieux à leur enfant tout en songeant peu à peu à sa
scolarisation.
Il y a plus de vingt ans, on choisissait compétents en la matière. Les jeunes Cas 3. Un élève développe à la fois
le mode de communication en oralistes qui ont besoin d’interprétation une langue orale et la LSQ. Vers trois
fonction du degré de surdité : n’ont pas toujours accès à ce service. ans, il reçoit un implant cochléaire.
l’oralisme était recommandé pour Par la suite, son langage oral se
les enfants présentant une surdité Pour plusieurs enfants, le choix du développe mieux qu’avant, il s’oriente
moins sévère et la communication mode de communication sera clair en oralisme pour sa scolarisation tout
gestuelle pour ceux dont la surdité et ne sera pas remis en question. en poursuivant son apprentissage de
était sévère à profonde. Depuis Pour d’autres, la décision sera moins la LSQ. Il peut donc fréquenter autant
l’avènement de l’implant cochléaire, évidente. Parfois, c’est le jeune qui les entendants que les Sourds.
on ne peut plus raisonner ainsi. En décide de changer de mode pour
effet, on connaît maintenant plusieurs diverses raisons. À titre d’exemple, Cas 4. Un élève est éduqué par ses
enfants présentant une perte auditive voici quatre cheminements issus parents en LPC, puis est scolarisé avec
sévère à profonde et porteurs d’un de cas réels qui illustrent de tels un interprète LPC au primaire et au
implant cochléaire qui développent changements. secondaire. À l’âge adulte, il travaille
la langue orale et réussissent à être comme informaticien et réalise qu’il
intégrés dans leur école de quartier. Cas 1. Un élève est scolarisé au aimerait s’intégrer davantage à la
On connaît aussi des enfants porteurs préscolaire et au primaire en communauté sourde. Il décide de
d’implants qui communiquent en LSQ oralisme. Il a déjà appris quelques suivre des cours de LSQ et est heureux
et sont scolarisés dans cette langue. signes en LSQ, mais ne communique de fréquenter cette communauté.
Enfin, des enfants présentant d’autres pratiquement pas dans cette
problématiques en plus de la surdité langue. Au secondaire, il découvre la Parents et intervenants doivent donc
nécessitent d’autres moyens de communauté et la culture sourde lors faire preuve de flexibilité et tenir
communication (communication d’une activité sociale. Il développe compte des besoins et capacités des
tactile, pictogrammes, etc.). un sentiment d’appartenance envers enfants, adolescents et jeunes adultes
ce groupe, décide d’apprendre la sur les plans de la socialisation, de la

A
u Québec, l’accès LSQ et poursuit sa scolarisation avec scolarisation et de l’intégration au
aux différents modes d’autres élèves sourds. Il apprécie marché du travail. Voici quelques
de communication est d’avoir accès à l’information de cette suggestions aux parents :
généralement possible dans manière. Il continue à communiquer
l’ensemble des centres de en français avec des entendants et - Informez-vous sur les différents
réadaptation, mais en milieu n’a pas de difficulté en français écrit modes de communication : oralisme,
scolaire, les offres de service peuvent dans toutes les disciplines. oralisme avec LPC, approche bilingue
différer. Ainsi, sur le plan gestuel, (LSQ-français écrit), français signé et
la scolarisation est possible en LSQ Cas 2. Une élève commence sa renseignez-vous sur les résultats de
dans la région métropolitaine dans scolarité en milieu gestuel au primaire. ces approches.
le cadre d’une approche bilingue Elle change d’école pour apprendre
combinant la LSQ au français écrit, le LPC et décide de poursuivre - Réfléchissez au temps et à l’énergie
mais ailleurs, on offre généralement au secondaire régulier avec une que vous êtes prêts à investir.
un service d’interprète en LSQ ou en interprète orale LPC afin d’accéder à
français signé. L’accès au langage l’information directement en français. - Le plus important, c’est que votre
parlé complété (LPC) 1 est de plus Elle continue de fréquenter des amis enfant développe le plus tôt possible
en plus possible dans les régions sourds tout en fréquentant des amis une langue de référence riche qui
du Québec à condition d’avoir entendants. lui permettra d’associer des mots
des interprètes et des intervenants et des phrases à ses expériences
Les modes de communication Novembre 2013 - Entendre
16
et de communiquer efficacement.

L’accès à plus d’une langue est possible pour une bonne partie des enfants. Elle est même souhaitable puisque deux
des compétences clés pour l’emploi identifiées par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain2 et par un
bon nombre des 2244 employeurs consultés par le Ministère de l’Éducation du Québec3 sont la maîtrise de la langue
maternelle et la maîtrise d’une langue seconde. Ainsi, un enfant communiquant en français peut apprendre l’anglais ;
s’il communique en LPC, il peut ensuite découvrir le Cued English. Un enfant qui communique en LSQ peut plus tard
apprendre l’American Sign Language (ASL). Un enfant communiquant en LSQ peut également apprendre le LPC.
Théoriquement, tout est possible.

Références :
1
Le LPC est un système de codes accompagnant la lecture labiale dans le but de faciliter la perception visuelle de la langue française.
2
CHAMBRE DE COMMERCE DU MONTRÉAL MÉTROPOLITAIN (2003) Jeu de clés pour l’emploi
3
MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION (1998). Indicateurs de l’éducation, pp. 102-103

Témoignage parent : La diversité des langues pour


mieux s’adapter
Julie St-Hilaire

David-Alexis est né avec routine à la maison, mais il fallait lui 5 ans afin de se familiariser avec
les concepts de la vie scolaire. Un
faire acquérir le plus de vocabulaire
une surdité neurosensorielle possible afin de bien le préparer autre enfant vivant avec une surdité
pour l’école. C’est alors que son était dans cette classe. Cela a
bilatérale diagnostiquée audiologiste et son orthophoniste permis à David-Alexis de bénéficier
nous ont proposé d’instaurer quelques d’une interprète gestuelle. Il a alors
à l’âge de deux ans et signes naturels et quelques signes appris plein de nouveaux signes
et son langage s’est beaucoup
demi. Il présentait alors un de la LSQ dans le but d’augmenter
sa connaissance de concepts et développé. Il était fin prêt pour sa
sérieux retard de langage. d’enrichir son vocabulaire. David- maternelle. À l’école, il est toujours
accompagné d’une interprète.
Alexis a tout de suite démontré un
Il a été pris en charge par intérêt pour les signes ce qui nous
a motivés à en apprendre le plus
le centre de réadaptation possible. Par contre, le choix du
de Jonquière. mode de communication
Notre famille et le personnel de la
garderie ont soutenu notre démarche
a beaucoup varié avec les

A
u départ, en tant que parents, en s’investissant dans l’apprentissage années bien que David-Alexis
nous voulions que notre enfant de quelques signes avec nous. ait toujours su s’y adapter.
soit le plus oraliste possible. À ce D’ailleurs, les intervenants du centre
moment, il n’était pas question pour de réadaptation ont tout mis en place
nous de faire des signes avec lui. Nous pour nous organiser une formation Il a commencé par la LSQ, ensuite,
participions du mieux que nous le selon les besoins de David-Alexis. Tous faute de ressources en LSQ, il a reçu
pouvions aux thérapies d’orthophonie. les éléments étaient au rendez-vous de l’interprétariat en français signé
pour le développement du langage accompagné de gestes naturels. En
Mais, il fallait bien se rendre à de notre garçon. première année, la LPC a été tentée,
l’évidence que notre fils ne possédait mais les codes ont été difficiles à
pas beaucoup de vocabulaire. Il se À 4 ans, il a commencé l’école en apprendre pour lui. Alors maintenant,
débrouillait en ce qui concernait la intégrant une classe de maternelle puisqu’il a tout récemment obtenu
Novembre 2013 - Entendre Les modes de communication
17
un implant cochléaire, il reçoit de
l’interprétariat oral accompagné
de signes à l’occasion. David-Alexis
fonctionne bien à l’école, mais
son interprète lui est d’un soutien
incroyable.

À la maison, nous mettons l’accent


sur l’oral et n’utilisons les signes qu’à
l’occasion avec David-Alexis. Par
contre, nous nous sommes remis dans
l’apprentissage du français signé, car
notre fille, Chloé, présente une surdité
beaucoup plus importante que son
frère. L’instauration des signes a été
bénéfique pour elle. Dès le départ,
elle a manifesté un intérêt marqué
en tentant de reproduire nos gestes.
À ce jour, elle signe une dizaine de
mots et en comprend environ une
vingtaine. Son langage devrait bientôt
se développer, car elle vient tout juste
de recevoir un implant cochléaire.

Finalement, au départ nous étions réticents à l’idée de communiquer à l’aide de signes avec nos enfants. Nous
avons compris que c’est en appuyant le langage parlé avec des signes que nous renforcerions leur langage et leur
vocabulaire et que c’est de cette façon, que nous parviendrons à les rendre le plus oraliste possible. Du moins, nous
en avons la preuve avec David-Alexis qui s’exprime bien et qui est compris en public. Il présente encore un retard
de vocabulaire qui devrait, à force de travailler, s’amoindrir. Pour Chloé, le pronostic est bon puisqu’elle a reçu son
implant en bas âge.
18 Les modes de communication Novembre 2013 - Entendre

Démystifier la langue parlée complétée pour


mieux comprendre son utilisation
Audrey Dupont - Doctorante en éducation à l’Université de Sherbrooke

Qu’est-ce que la LPC ?


La langue parlée complétée (LPC), des sons prononcés et les sons langue orale, mais avec un soutien
le langage parlé complété ou jumeaux – qui produisent la même pour pallier les difficultés de lecture
l’oralisme avec soutien LPC sont tous image labiale, ex. coûte et goutte – labiale, la compréhension est
des synonymes. La LPC n’est pas ne sont pas représentés par les mêmes accrue. Aussi, puisqu’il s’agit d’une
une langue à part entière comme codes. Alors pour faire le comparatif façon visuelle d’illustrer la langue,
la langue des signes québécoise avec la LSQ où un signe correspond à l’apprentissage de l’écrit est facilité
(LSQ), il s’agit avant tout D’un mode un mot ou une idée, en LPC, chaque au regard entre autres de la syntaxe
de communication en soutien à code correspond à un assemblage et de la correspondance entre les
l’apprentissage de la langue orale. entre la consonne et les voyelles qui graphèmes et les phonèmes. En
Ce système de communication composent le son. effet, l’utilisation unique de la lecture
visuel utilise huit configurations de la labiale ne permet souvent que 30 %
main à cinq endroits sur le visage et de la compréhension d’un message
inclut la lecture labiale. La main du Que permet la LPC ? oral. Avec la LPC, on passe à 95 %
locuteur est placée près du visage du message perçu, ce qui permet
et complète les mouvements des Dans les recherches, ce sont surtout
à la personne sourde d’identifier la
lèvres. La LPC est maintenant utilisée les avantages sur les apprentissages
structure grammaticale et les mots
dans un peu plus de 50 langues, scolaires qui attirent l’attention.
prononcés.
dont le français.

À quoi sert la LPC et à qui


est-elle destinée ?
L’objectif de la LPC est de permettre
aux personnes présentant une
déficience auditive de différencier
visuellement les sons prononcés et
surtout réduire les ambiguïtés de la
lecture labiale grâce à des codes
manuels. La LPC s’adresse à toutes
les gravités de surdité, de légère à
profonde.

Inventée sous le nom de Cued


Speech en 1967 par un Américain, la
LPC utilise des codes manuels définis
et distincts de ceux de la langue
des signes québécoise. D’ailleurs,
contrairement à la LSQ, la LPC
calque la structure orale du français.
La langue orale est donc la langue
première de l’enfant et la LPC devient
un soutien visuel à cette dernière.
Ainsi, une représentation manuelle
(les codes) est attribuée à chacun
Novembre 2013 - Entendre Les modes de communication
19
La LPC permet également quelques dizaines d’heures et son Associations européennes et américaines de
rapidement l’intégration scolaire des utilisation ne ralentit que très peu le LPC :
- http://www.lesmainspourledire.be/langage-
enfants sourds en milieu entendant, débit de la parole lorsqu’il est bien parle-complete-lpc.php
parfois dès les premiers cycles du débit de la parole lorsqu’il est bien - http://alpc.ch/
primaire, sinon au secondaire. Aussi, maîtrisé. Toutefois, un entraînement - http://www.lpcbelgique.be/
il n’est pas rare de voir des enfants quotidien est nécessaire pour parvenir - http://www.alpc.asso.fr/
- http://www.cuedspeech.org/
utiliser la LPC dans les contextes à l’utiliser avec toute la spontanéité et
scolaires et pas du tout en contexte la fluidité du discours oral et suivre le Référence image :
social. Bien que la LPC soit un outil débit normal de la parole, ce qui n’est - http://www.adapeda85.fr/dossiers/lpc.htm
de communication, ce sont souvent pas toujours évident pour tous. Ainsi,
Références sur la LPC
les locuteurs et les interprètes qui pour certains parents, l’apprentissage - Alegria, J., & Leybaert, J. (2005). Le langage
codent et les élèves, eux, décodent. de la LPC demeure superficiel et ne par les yeux chez l’enfant sourd : lecture, lec-
D’ailleurs, on peut considérer la demeure utile que pour de nouveaux ture labiale et langage parlé complété. Dans
LPC comme une mesure de soutien mots ou dans des environnements C. Transler, J. Leybaert & J.-É. Gombert (dir.),
L’acquisition du langage par l’enfant sourd : les
temporaire et avant tout scolaire qui bruyants. signes, l’oral et l’écrit. Marseille : Solal éditeur.
n’est plus utile lorsque la personne - Cuny, F., Dumont, A., & Mouren, M. C. (2004).
comprend bien l’oral (et ses Les techniques d’aide aux jeunes enfants sans
subtilités !) et intègre le marché du Où apprend-on la LPC ? langage. Neuropsychiatrie de l’enfance et de
l’adolescence, 52, p.490-496
travail. - Hage, C., & Leybaert, J. (2006). The Effect of
Au Québec, les services octroyés
Cued Speech on the Development of Spoken
À cet égard, bien qu’il n’existe pas en déficience auditive le sont Language. Dans P. E. Spencer & M. Marschark
de statistiques fermes à ce sujet, principalement en fonction des (dir.), Advances in the spoken language devel-
des recherches ont soulevé que les commissions scolaires et de leur opment of deaf and hard-of-hearing children.
territoire. Actuellement, la Commission Oxford : Oxford University Press.
enfants utilisant de façon précoce - LaSasso, C., & Crain, K. L. (2003). Research and
la LPC semblent bénéficier d’une scolaire Marie-Victorin, sur la Rive- Theory Support Cued Speech. Odyssey, 5(1),
meilleure compréhension du français Sud de Montréal, est la seule à 30-35.
oral et présentent un développement disposer d’une école qui scolarise - Leybaert, J. (2011). La langue française Parlée
systématiquement en LPC. Toutefois, Complétée (LPC) : Fondements et perspec-
qui se rapproche étroitement de tives. Marseille : Solal.
celui d’un enfant n’ayant pas de il existe différentes initiatives et à - Leybaert, J., & Alegria, J. (2003). The Role of
surdité. différents degrés de services LPC un Cued Speech in Language Development of
peu partout dans la province. Aussi, Deaf Children. Dans M. Marschark & P. E. Spen-
certains centres de réadaptation, cer (dir.), Oxford Handbook of Deaf Studies,
Language, and Education. Toronto : Oxford
Que ne permet pas la LPC ? organismes communautaires et University Press.
centres de formation continue offrent - Reynolds, S. E. (2007). An Examination of Cued
Comme la LPC est avant tout un des cours de LPC aux familles qui Speech as a Tool for Language, Literacy, and
mode de communication oraliste, désirent l’apprendre. Bilingualism for Children Who Are Deaf or Hard
of Hearing. (Master of Science in Deaf Educa-
elle ne fait pas le lien ni avec la tion, Washington University School of Medicine,
Communauté Sourde ni avec la Washington).
Culture Sourde. Les enfants n’ont
donc pas nécessairement de Avantages et des limites de la LPC
modèles sourds autour d’eux. Sur une
Avantages Limites
autre note, il faut aussi savoir que la
LPC ne traduit visuellement qu’une • Permet une meilleure • Ne fait pas lien avec la
partie du discours ; elle ne traduit pas compréhension de la langue Communauté et la Culture
l’intonation comme à l’oral ou le sens orale Sourde
des mots comme certains signes en • Permet un meilleur • Il est parfois difficile de trouver
LSQ. La LPC n’est donc uniquement apprentissage de la langue des interprètes maîtrisant la LPC
que la transcription visuelle des sons. écrite (surtout au niveau collégial et à
la formation professionnelle)
• Difficulté à acquérir un débit
Comment apprend-on la LPC ? • S’apprend rapidement rapide avec la parole sans
pratique quotidienne
Contrairement à la langue des • Les enfants présentant d’autres
signes québécoise qui demande un • S’adresse à tous les types de déficiences (intellectuelle,
investissement de temps nécessaire surdité langagière) peuvent avoir de la
à la maîtrise d’une langue étrangère, difficulté à apprendre les codes
il est possible d’apprendre la LPC en et leur signification
Les modes de communication Novembre 2013 - Entendre
20
La prise de décision quant au mode de
communication : une réflexion…
Anne-Marie Bergeron et France Henry, orthophonistes

...................................................... Plusieurs critères influencent le choix évident pour certains parents,


mode de communication privilégié mais heurtant pour d’autres)
dans une famille, dont assurément s’impose généralement pour l’enfant
En réfléchissant à la rédaction le degré de surdité et les besoins dont l’accès à la parole est limité.
de cet article, un brusque recul communicatifs de l’enfant. La La Langue des Signes Québécoise
dans le passé nous est apparu. surdité, de légère à profonde, aura (L.S.Q.) est alors une très bonne
un impact sur le développement de entrée permettant à l’enfant de
En 1979, Mesdames Josette la parole et du langage, mais à des communiquer efficacement, d’avoir
degrés différents. La préoccupation accès à une langue complète et
Lefrançois, professeure à quasi universelle chez les parents est entière ainsi qu’aux connaissances.
l’Université et Monique Gauthier, que leur enfant apprenne à parler Mais comment naviguer à travers
orthophoniste, écrivaient une afin d’interagir avec leur entourage. toutes ces alternatives et prendre
brochure intitulée « Quel mode Ils ont des attentes, s’interrogent sur les bonnes orientations pour son
de communication choisir pour les moyens de parvenir à cet objectif enfant ?
et sont inquiets quant aux résultats
notre jeune enfant déficient possibles. Outre la parole, avoir un Les parents doivent alors consulter
auditif ? ». moyen de communiquer et avoir différentes ressources, partager
accès à une langue restent des leurs attentes avec leurs interve-
Une préoccupation toujours enjeux primordiaux. nants, leurs incompréhensions, leurs
actuelle ? craintes... Ils sont en droit d’avoir
À ce stade, les parents doivent des informations précises quant au
aller chercher des informations portrait auditif et communicatif de
En 2013, le vrai choix des parents importantes : le degré de surdité de leur enfant et d’avoir un pronostic
qui nous rencontrent reste leur enfant, le type d’appareillage clair. Le clinicien, sans imposer ses vi-
encore d’apprendre à vivre optimal, l’accès potentiel au monde sions, doit toutefois les guider sur le
avec leur enfant à qui on vient sonore et surtout à la parole. Ils potentiel de leur enfant, se position-
doivent également considérer ner et suggérer la meilleure option
de diagnostiquer une surdité. l’âge et les besoins communicatifs afin d’optimiser son développement
Ils ont alors à consulter une de leur enfant. En effet, les parents tout en considérant les souhaits des
multitude de professionnels qui ont à s’adapter à cette réalité et à parents. Un travail en collaboration
les guideront dans un monde où cheminer vers des options qui ne sont s’impose : parents et intervenants
s’offrent, voire s’entrechoquent pas toujours vraiment un choix. sont des alliés pour le bien-être de
l’enfant vivant avec une surdité. Ce
depuis longtemps, des On parle d’oralisme pour l’enfant qui « choix » n’est pas définitif, il consiste
philosophies d’intervention, des apprend à parler principalement à plutôt en un cheminement afin de
méthodes, des approches, des l’aide de son audition, avec le port toujours s’assurer de satisfaire les be-
prothèses auditives toujours d’aides auditives ajustées. L’utilisation soins de communication de l’enfant.
plus performantes. de stratégies facilitantes (accès à
la lecture labiale, gestes naturels, Une fois l’intervention dans un
quelques signes…) lui permet alors mode oral ou gestuel démarrée,
Comment favoriser le de mieux communiquer. La Langue il faut observer comment évolue
développement du langage Parlée Complétée (L.P.C.) peut l’enfant avec les moyens mis à sa
et optimiser la communication également être envisagée. Elle disposition. Une foule de questions
pour l’enfant sourd dans sa consiste en un code manuel produit peuvent alors vous pister quant à
près du visage pour compléter la son évolution : votre enfant fait-il des
famille, avec son entourage et lecture labiale et ainsi permettre progrès en langage lui permettant
dans la société ? l’entière visualisation de tous les sons d’entrer en interaction avec son
...................................................... de la parole. L’usage des signes (un entourage ? Vit-il des réussites ?
Novembre 2013 - Entendre Les modes de communication
21
Fait-il les apprentissages attendus ? Si l’évolution tarde à venir et que la communication ne s’installe pas, il faut alors
chercher des explications. Chaque enfant est unique et la surdité à elle seule ne peut pas toujours tout expliquer. Par
exemple, un enfant avec des troubles d’apprentissages en aura dans une modalité orale ou gestuelle… Un enfant né
de parents ne maîtrisant pas la langue française aura, quant à lui, plus de défis qu’un autre… Un très grand prématuré
aura de l’énergie à mettre dans toutes les sphères de son développement… Et si le mode de communication utilisé
n’était pas le bon ? Ou s’il ne répondait plus aux besoins de l’enfant à cause de changements importants ? Il est
toujours temps et il devient encore nécessaire de s’adapter...

La clé est là : votre enfant et vous, ses besoins, sa famille et la société dans laquelle il sera appelé à évoluer. L’approche
favorisée doit répondre à ces conditions, l’enfant n’est alors pas au service d’une méthode instaurée dans un milieu,
mais ce dernier adopte plutôt un contexte d’intervention personnalisé. Pendant la petite enfance, les hésitations sont
nombreuses, normales et permises. Quand vient le temps de la scolarisation, l’enfant doit être orienté vers différentes
écoles où la flexibilité quant aux options offertes n’est pas toujours au rendez-vous… d’où des remises en question
supplémentaires. Serait-il possible d’avoir un jour une école où toutes les philosophies se côtoieraient, qu’elles soient
orales ou gestuelles, se respecteraient, où la langue française et la LSQ auraient leur place et où chaque enfant
pourrait y être outillé avec ce qui répond le mieux à ses besoins, ni plus ni moins ? Le rêve est permis, mais le mot de
la fin, ce sont les pionnières en intervention précoce des années 80 qui l’ont écrit :

« Soyez à l’écoute de ses besoins à lui. Recherchez ce qui rendra votre enfant heureux, épanoui et pleinement lui-
même. Bref, soyez à l’écoute de votre enfant, peut-être vous aidera-t-il à faire le bon choix… »*

*Gauthier, M. & Le François, J. Quel mode de communication choisir pour notre jeune enfant déficient auditif ? L’oralisme ou la Communication
Totale ? Brochure no. 6, AQEPA, Montréal, 1980.
NB. Dans ce texte, l’enfant « sourd » réfère à tout enfant vivant avec une surdité, peu importe son degré et peu importe le mode de communication
privilégié.

© Jean-François Isabelle
Les modes de communication Novembre 2013 - Entendre
22
La LSQ dans le milieu scolaire
Par Suzanne Villeneuve, int. a, Université du Québec à Montréal

...........................................................
Chaque mode de communication Dans le milieu de la surdité au en diverses formes. Pour s’y retrouver,
comporte des particularités et Québec, on réfère aux deux grands voyons comment les deux modes
il est difficile, voire déchirant, modes de communication par les de communication se déclinent en
d’identifier le plus adéquat pour un termes gestuel et oral. En fait, ces activités interprétatives.
enfant. Benoit Virole, docteur en modes de communication consistent
surtout en deux modalités : d’une part Un enfant pour qui on choisira une
psychopathologie à Paris, réputé
la modalité visuospatiale, et d’autre modalité gestuelle utilisera la LSQ
dans le monde de la surdité, part la modalité auditivo-orale. La pour s’exprimer et pour comprendre.
recommande1 de donner le plus première, souvent appelée modalité Certains parents s’expriment en
de variété (ne pas se limiter à un gestuelle, correspond à la langue des signes, mais ils conservent l’ordre
seul mode) afin que l’enfant se signes québécoise (LSQ), une langue des mots en français (parce qu’il
dirige naturellement vers ce qui lui naturelle qui possède une structure est difficile pour une personne qui
convient le mieux au fil du temps. grammaticale propre et différente de débute en signes de produire la
Une personne peut aussi changer celle du français. syntaxe de la LSQ). Dans le milieu de
de mode de communication la surdité, on appelle cela le pidgin.
selon le contexte et selon son Au Québec, c’est la langue des
signes utilisée par la majorité des À son entrée à l’école, s’il est
niveau académique. Ainsi, on a
personnes sourdes gestuelles. La accompagné d’un interprète,
souvent vu des étudiants oralistes langue des signes américaine (ASL) l’enfant sera exposé à l’une ou
opter pour le mode gestuel pour est utilisée surtout par les personnes l’autre des formes d’activité
mieux suivre le débit et la durée sourdes des milieux anglophones. Le interprétative selon son besoin. Les
des cours du collégial. français est la langue qui correspond enfants n’obtiennent pas toujours le
......................................................... à la modalité orale, peut se décliner service auquel ils ont droit, mais les
parents peuvent l’exiger : certaines
commissions scolaires n’offrent pas
d’interprétation pendant toutes les
heures de présence en classe (ex. :
il n’y a pas d’interprètes pendant la
période de bibliothèque ou pendant
le cours d’éducation physique),
alors que d’autres écoles offrent une
couverture complète des heures
de classe (et même des heures de
préparation aux interprètes).

Au niveau collégial et universitaire,


toutes les heures sont couvertes et
les interprètes ont automatiquement
des heures de préparation pour
s’assurer de donner un service de
qualité. L’étudiant a aussi droit à des
preneurs de notes en classe.

Les différentes activités interprétatives


qui risquent de lui être offertes sont :
l’interprétation (gestuelle) ou la
translittération (interprétation orale).
© Jean-François Isabelle L’activité qui consiste à traduire
Novembre 2013 - Entendre Les modes de communication
23
d’une langue à une autre dans une sont même signées). Les formes communication totale qui n’est pas
situation d’interaction s’appelle de de translittération orale sont la une activité interprétative, mais
l’interprétation. Pour que ce terme production sur les lèvres du message une méthode d’enseignement qui
soit juste, il doit y avoir un transfert en français sans les sons : consiste à utiliser la parole (avec
linguistique entre deux langues le son), les signes de la LSQ, les
naturelles comme c’est le cas • sans soutien gestuel, c’est-à- gestes, les mimes, les images, etc.
pour le français et la LSQ. Le travail dire sans que les mains soient en dans le but de faire comprendre le
cognitif de cette activité consiste à : mouvement ; contenu d’une matière à l’élève.
écouter le message dans la langue
de départ, le mettre en mémoire de • avec soutien gestuel de gestes Les parents d’enfants vivant
travail, le traduire dans la structure naturels, ce sont les gestes que font avec une surdité ne sont pas les
de la langue d’arrivée, et produire généralement les entendants, par seuls à s’intéresser aux modes de
cette traduction tout en continuant exemple pour dire non de l’index communication. En effet, aujourd’hui,
à écouter le message (dont le flot est qui oscille. De plus, les lettres la communication hybride (parole
continu). L’interprétation peut aussi de certains mots et des noms et signes) est à la mode auprès des
se faire entre deux langues signées propres qui risquent de poser parents dont les enfants n’ont pas
comme la LSQ et l’ASL (American problème (ex. : p, b et m sont des de surdité. On entend parler de
Sign Language), habituellement par sosies labiaux) sont tracées dans BabySigns : les parents montrent les
des personnes sourdes bilingues. l’espace ou dans la main gauche mots à l’oral accompagnés des signes
du translittérateur pour aider le correspondants à leurs enfants dans
Dans le milieu de la surdité, la destinataire à reconnaître le mot ; le but d’aider la communication, de
translittération orale est l’activité qui désamorcer des crises et de stimuler
consiste à faciliter la communication • avec soutien des signes de la LSQ, l’intelligence.
entre les malentendants (ou il utilise la structure du français
sourds oralistes) et les entendants avec des signes ; 1
Virole, B. (2013) « La surdité en pas de
deux », Conférence donnée au 2e Colloque
qui s’expriment en français. Les
international de réadaptation sur la surdité, la
translittérateurs effectuent un travail • avec soutien de la langue surdicécité et les troubles du langage et de
cognitif qui consiste à écouter le parlée complétée (LPC) 3. C’est l’audition, 2 mai 2013.
message, y repérer les passages les la production orale du français 2
Pour des raisons historiques, le français signé
plus difficiles pour la lecture labiale complétée par des formes de est surtout utilisé dans l’est de la province.
et pour faire les modifications la main (configurations) qui
nécessaires. représentent les sons de la 3
On voit souvent l’expression inexacte : le
langue orale. Huit configurations langage parlé complété ; ce n’est pas le
langage qui est complété, mais la langue.
Par exemple, remplacer le mot peuvent être produites sur cinq
« gens » par le mot « personne » emplacements près du visage de
est plus facile en lecture labiale la personne qui parle pour aider le
Pour en savoir davantage sur la langue
lorsque le contexte le permet (on destinataire à mieux comprendre des signe québécoise, nous vous invitons à
ne changerait pas le mot dans l’oral. lire les dossiers de l’Office des personnes
une dictée par exemple). Le
handicapées du Québec intitulés « État
translittérateur reformule de façon Ces activités coexistent. Aucune
inaudible le message en le rendant n’est meilleure qu’une autre, mais de la situation de la langue des signes
plus facilement lisible sur les lèvres l’une d’elles sera privilégiée selon québécoise » et « La langue des signes
pour le destinataire. le besoin particulier de l’enfant. québécoise : des moyens pour améliorer
Tant en interprétation qu’en
Il n’y a pas de transfert linguistique translittération, le discours doit être les services offerts aux personnes
vers une autre langue, mais un naturel et les frontières de phrase sourdes gestuelles ». Ces documents
transfert vers une autre forme d’une bien posées pour que la personne sont disponibles ici :
même langue. Les variantes de la sourde ou malentendante effectue
translittération sont : le français signé le traitement cognitif nécessaire à
et la translittération orale. la compréhension du message. Ce http://biblio.uqar.qc.ca/archives/336500.
sont des activités complexes qui pdf
Le français signé2 est un mode nécessitent une formation de haut
de communication produit par niveau. http://www.ophq.gouv.qc.ca/fileadmin/
des signes qui suivent la structure
du français dans un mot à mot
documents/Rapports/OPHQ_Rapport_
Dans le milieu scolaire au Québec,
intégral (les déclinaisons de verbes on entend aussi parler de la LSQ.pdf
Les modes de communication Novembre 2013 - Entendre
24
Les besoins et les services en interprétation
scolaire au Québec : points de vue sur l’organisation
des services et la mobilité des interprètes
(1ère partie)
Par Anne-Marie Parisot et Suzanne Villeneuve
Cet article est le premier d’une série de trois qui visent à présenter quelques résultats de l’analyse de contenu de
discussions de groupe (Focus Group) sur les services d’interprétation visuelle1 dans le domaine scolaire du point de
vue des utilisateurs (n=13), des interprètes (n=8) et des employeurs d’interprètes (n=8). L’étude complète, financée par
l’OPHQ, visait l’analyse statistique (sondage) et de contenu (discussions) de répondants des trois groupes sur une série
de thèmes s’appliquant à tous les secteurs dont l’écart entre les besoins et les services, l’organisation des services, la
place du privé, les compétences des interprètes, la place du scolaire, etc2. Ce premier article portera sur la structure
des services et plus spécifiquement sur la mobilité des interprètes scolaires. Le prochain portera sur les compétences
des interprètes scolaires et le dernier sur l’interprétation des cours d’anglais et l’éducation aux adultes. Les catégories
d’analyse du contenu des discussions sont les constats sur l’état de la situation actuelle, les préoccupations des
participants et les pistes de solutions apportées.

D
e tous les thèmes abordés dans le MELS de l’interprétation des d’interprètes formés, problème
les groupes de discussion, les activités parascolaires ; de rétention, nombre d’heures
éléments liés au sous-thème • l’absence d’uniformité quant insuffisant, cumul de contrats dans
scolaire sont les plus fréquents et les à la compréhension du rôle de plusieurs secteurs, etc.].
plus nombreux. Les participants ont l’interprète [ni des interprètes ni
parlé du scolaire plus souvent et plus • du milieu qui n’est pas sensibilisé] ; On suggère qu’une réorganisation
longtemps que de tous les autres • l’absence de système de suivi sur plus centralisée des services
sujets. la qualité de l’interprétation ; permettrait notamment de favoriser
• le problème irrésolu de la mobilité des interprètes et ainsi de
Chacun des thèmes abordés a l’interprétation des cours mieux combler les besoins du secteur
été mis en lien, à un moment ou d’anglais ; scolaire, que ce soit en disponibilité
à un autre avec le scolaire par les • l’absence d’uniformité dans la de personnel, en spécificité des
participants. Selon les employeurs et gestion de l’offre de services pour besoins linguistiques ou en gestion
des interprètes du domaine scolaire l’interprétation des DEP. [formation, évaluation] de la qualité
ayant participé aux groupes de du service. Un système favorisant la
discussion, l’interprétation scolaire Cependant, plusieurs participants, mobilité des interprètes permettrait
est spécifique et doit être considérée notamment les utilisateurs sourds entre autres d’éviter par exemple
isolément des autres domaines et des interprètes, soulignent que qu’un interprète soit dédié à un
dans l’organisation des services ces spécificités ne constituent pas seul élève et que des habitudes
d’interprétation. Entre autres raisons des raisons suffisantes pour isoler la s’installent, parfois à tort et nuisant
évoquées par les participants3 pour gestion des services d’interprétation au développement de l’autonomie
justifier la singularité du travail de scolaire des autres services. de l’élève.
l’interprète scolaire, se trouvent :
On évoque d’une part les problèmes On constate que les interprètes
• le problème concernant de gestion des services au scolaire ne se déplacent pas d’une
les remplacements des [difficulté de recrutement, absence commission scolaire à une autre,
interprètes (pas de banque de d’uniformité dans les processus mais que plusieurs interprètes
remplacement, pas de possibilité d’évaluation et dans l’exigence de travaillent à la fois au scolaire et
d’échange de personnel ; compétence, etc.] et d’autre part au sociocommunautaire. Tous les
• le suivi d’un élève sur de la réalité actuelle des travailleurs groupes de participants à l’étude
nombreuses années par le même [petit nombre d’interprètes formés, s’entendent pour suggérer une
interprète ; problème de rétention, nombre certaine mobilité du personnel pour
• l’absence de prise en charge par d’heures insuffisant, cumul de contrats mieux servir la clientèle :
Novembre 2013 - Entendre Les modes de communication
25
• les utilisateurs soutiennent qu’il interprètes et employeurs] quant à
faut regrouper les services l’écart entre les compétences exigées La recherche sur l’implant
de tous les domaines sous un et les compétences réelles des cochléaire récompensée par le
guichet unique pour permettre interprètes scolaires. Les utilisateurs
notamment aux interprètes de services ont notamment émis des prix Lasker-DeBakey
scolaires d’être remplacés plus préoccupations en ce qui a trait à
facilement en cas d’absence ; l’absence de système standardisé L’Australien Graeme Clark,
• les interprètes proposent qu’une d’évaluation des interprètes à l’Autrichienne Ingeborg Hochmair
structure soit mise sur pied l’embauche. Les participants et l’Américain Blake Wilson ont
pour permettre une rotation suggèrent de : reçu le prix Lasker-DeBakey. Ils sont
d’interprètes au scolaire • trouver des moyens de favoriser récompensés pour leurs travaux
en favorisant une certaine le décloisonnement de la gestion sur le développement de l’implant
alternance auprès des élèves ; en silo par les commissions cochléaire moderne.
• les employeurs qui jugent scolaires pour la gestion des
« capitales » la formation et services d’interprétation C’est l’équipe de Graeme Clark
l’évaluation des interprètes [recrutement, embauche, etc.]. (université de Melbourne) qui a
scolaires proposent que : pour la première fois mis au point
- les interprètes les moins De l’analyse des groupes de un implant cochléaire à trois
compétents soient conservés discussion, il est ressorti que le rôle électrodes en 1979.
pour faire des remplacements ; de l’interprète scolaire semble mal
- la formation générale des compris à la fois par les interprètes Ingeborg Hochmair et son mari
interprètes prend en compte et par le milieu. Nous croyons qu’il Erwin Hochmair ont conçu l’implant
les spécificités du scolaire serait pertinent que les responsables cochléaire autrichien au début des
incluant les différents modes des services scolaires se mobilisent années 1980 en se fondant sur les
de communication ; pour mettre en place des mesures de travaux de Konrad Burian.
- un système unique sensibilisation et de formation.
d’évaluation obligatoire pour Blake Wilson est quant à lui à
tous soit mis en place ; Notes l’initiative du système de codage
- une étude approfondie de la parole CIS (pour continuous
officialise le rôle de l’interprète 1
Les services d’interprétation visuelle interleaved sampling) présenté en
scolaire. se définissent très largement comme 1991. Cette avancée a représenté
i) le transfert linguistique d’une langue une nette amélioration de la
Les interprètes et les employeurs orale (français ou anglais) à une langue compréhension de la parole pour
des signes (LSQ ou ASL-American Sign les malentendants appareillés.
apportent la suggestion de la mise Language), et ii) la translittération de
sur pied d’une banque provinciale la forme orale à la forme visuelle (sur
d’interprètes, de façon à assurer Chaque année et depuis 1946,
les lèvres) d’une langue majoritaire (le
la mobilité du personnel interprète la fondation Lasker pour la
français ou l’anglais).
dans les commissions scolaires, et de 2
Parisot, A.-M. et S. Villeneuve (2013) « Les compréhension, le diagnostic, la
permettre de trouver des remplaçants, besoins et les services en interprétation prévention, le traitement, et la
et ce tant pour l’interprétation que la visuelle. Perceptions des utilisateurs, des guérison d’une maladie décerne
translittération4. interprètes et des employeurs », rapport trois prix, dont celui concernant la
déposé à l’OPHQ, juillet. Le rapport a été recherche médicale clinique.
déposé à l’OPHQ en juillet dernier et sera
Notre étude montre qu’il serait disponible sous peu sur le site Internet du Source : http://www.audition-infos.org/
profitable pour le ministère de Groupe (http://www.unites.uqam.ca/
l’Éducation, du Loisir et du Sport surdite/).
d’entreprendre une action visant à 3
Les raisons évoquées concernent
Réponse des jeux de la page 14
encourager la mobilité du personnel principalement le secteur primaire et
scolaire, non seulement pour trouver secondaire. Réponse à la phrase signée de Danucci
des remplaçants aux interprètes
4
La translittération orale est souvent
appelée interprétation orale dans le
Danucci signe « à la prochaine ».
lorsqu’ils s’absentent, mais également
milieu de la surdité.
pour permettre une rotation
d’interprètes auprès des élèves vivant Réponse des verbes qui bougent
avec une surdité. Par ailleurs, une Enjamber, rouler, grimper, bouger, sauter,
importante préoccupation a été ramper, escalader, marcher, pédaler, lancer,
exprimée par les participants des jogger, jouer, courir, danser.
groupes de discussion [utilisateurs,
Les modes de communication Novembre 2013 - Entendre
26
La communication des enfants d’âge scolaire
porteurs d’un implant cochléaire
Projet de recherche du département d’orthophonie de l’Université du Québec à

Trois-Rivières

Par Élise Rivard, étudiante à la maîtrise en orthophonie, Université du Québec à Trois-Rivières

L
Sous l’impulsion de Madame es motivations derrière ce projet capacités langagières d’en enfant
de recherche sont multiples. à celles d’un groupe d’enfants du
Louise Duchesne, orthophoniste et D’abord, peu d’études ont même âge (et obtenir par exemple
professeure-chercheure au nouveau jusqu’ici été menées sur les impacts un âge équivalent).
département d’orthophonie de de l’implantation cochléaire sur la
communication des enfants d’âge Sur le plan langagier, plusieurs tests
l’Université du Québec à Trois- scolaire. Or, la communication mesurant la taille du lexique réceptif
Rivières, est né le projet de recherche affecte tous les aspects de la vie d’un et expressif ainsi que la forme
enfant. Elle joue un rôle prédominant grammaticale des phrases peuvent
« La communication au cœur de la sur le développement social de être utilisés. Ces tests permettent de
participation sociale chez les enfants ceux-ci ainsi que sur leur réussite recueillir un ensemble de données
porteurs d’un implant cochléaire : académique. valides et très utiles pour juger
du développement du langage
perspectives croisées des parents De plus, des difficultés sur le plan des enfants porteurs d’implants
et des enseignants ». L’objectif de de la communication peuvent cochléaires. Cependant, ces
l’étude est d’abord de comprendre avoir un effet sur la capacité d’un données nous renseignent très
enfant à bien gérer son stress, ses peu sur la manière dont se
la perception des parents d’enfants émotions et son comportement. La débrouillent ces enfants, sur le plan
d’âge scolaire ayant reçu un implant communication en soi est essentielle de la communication, dans leurs
cochléaire alors qu’ils étaient tout puisqu’elle permet aux êtres humains différentes activités quotidiennes.
d’exprimer leurs besoins et leurs
jeunes quant à la communication désirs. Elle permet également de De plus, certains auteurs
de leur enfant dans les principales socialiser avec les autres, de partager mentionnent que des enfants
activités de la vie quotidienne, c’est- et transmettre de l’information et réussissant bien aux épreuves
surtout, elle permet à chacun d’entre cliniques formelles peuvent tout de
à-dire à l’école, à la maison et dans nous de devenir un participant actif même vivre certains obstacles pour
la communauté. Dans un deuxième au sein de notre société. communiquer au quotidien. Ainsi
temps, l’étude vise à recueillir la plusieurs questions nous intéressent :
Deuxièmement, plusieurs études ont comment se vit la communication
perception des enseignants qui ont été menées afin de mieux comprendre des enfants porteurs d’un implant
travaillé auprès d’enfants porteurs les bienfaits de l’implantation cochléaire à l’école, à la maison,
d’un implant et de tracer un portrait de cochléaire pédiatrique sur le plan dans la communauté ? Comment
de l’audition, du développement de se passe la communication avec
leur perception sur la communication la parole et du langage. Toutefois, si leurs amis, leur famille ou encore
de ces enfants à l’école. Finalement, les avantages de cette technologie avec des étrangers ? Jusqu’à quel
ont été démontrés à maintes reprises, point peuvent-ils pleinement réaliser
les points de vue des parents et des les outils formels habituellement leurs habitudes de vie ?
enseignants seront comparés afin utilisés pour évaluer le langage ne
d’obtenir un portrait plus complet présentent pas un portrait tout à fait Ce projet de recherche vise
complet de la communication de donc à compléter les données
de la communication des enfants ces enfants au quotidien. Les tests retrouvées dans la littérature
porteurs d’un implant. utilisés dans la majorité de ces études scientifique. Le but de l’étude est
visent le plus souvent à comparer les d’approfondir les connaissances
Novembre 2013 - Entendre Les modes de communication
27

sur la communication des enfants


porteurs d’un implant cochléaire en Dans le cas où vous seriez Votre participation
allant recueillir la perception des intéressé(e) à participer à l’étude,
parents et des enseignants.
nous vous invitons à contacter
permettra de faire
En effet, alors que les parents jouent notre équipe d’assistantes de avancer la recherche
un rôle de premier plan dans le
développement communicationnel
recherche. sur l’implantation
et social de leurs enfants, leur point cochléaire au Québec.
de vue fournira une importante Si vous êtes un enseignant et
quantité d’information sur les
que vous avez travaillé auprès De plus, toutes les
bénéfices réels de l’implantation
cochléaire chez leur enfant au d’un jeune enfant porteur d’un données recueillies
quotidien. implant cochléaire dans les 5 demeureront strictement
Pour recueillir leurs perceptions, dernières années alors qu’il confidentielles.
des entrevues d’une durée était âgé entre 6 et 14 ans,
approximative d’une heure seront
menées auprès de ceux-ci. De vous pouvez contacter Stéphanie
Références :
la même façon, les enseignants McNicoll à l’adresse de courriel
pourront fournir des informations McLeod, S. (2004). Speech pathologists’
privilégiées sur le fonctionnement
suivante : stephanie.mcnicoll@
application of the ICF to children with
communicatif des enfants porteurs uqtr.ca. speech impairment. International Journal
d’un implant en milieu scolaire of Speech-Language Pathology, 6(1), 75-
en remplissant un questionnaire 81.
électronique. Si vous êtes un parent qui avez
McLeod, S., & McCormack, J. (2007).
un enfant porteur d’un implant Application of the ICF and ICF-Children
Le projet de recherche a obtenu
l’approbation du Comité d’éthique cochléaire depuis un minimum and Youth in children with speech
impairment. Communication présentée à
de la recherche avec des êtres de 5 ans et que votre enfant la Seminars in Speech and Language.
humains (CEREH) de l’Université
du Québec à Trois-Rivières en
est âgé entre 7 et 14 ans, vous McLeod, S., & Threats, T. T. (2008). The
plus d’être subventionné par le pouvez contacter Élise Rivard, ICF-CY and children with communication
Fonds québécois de la recherche disabilities. International Journal of
[email protected]. Speech-Language Pathology, 10(1-2), 92-
– société et culture (FQRSC). Une
109.
équipe de recherche composée
de deux étudiantes à la maîtrise Pour toute autre question Punch, R., & Hyde, M. B. (2011).
en orthophonie de l’Université du
Québec à Trois-Rivières procède
concernant le projet, vous Communication, psychosocial, and
educational outcomes of children with
présentement au recrutement de pouvez contacter la chercheure cochlear implants and challenges
participants. responsable, Mme Louise remaining for professionals and parents.
International journal of otolaryngology,
Élise Rivard étudiante de deuxième Duchesne, louise.duchesne@uqtr. 2011.
année est responsable du volet ca. Stevenson, J., McCann, D., Watkin,
parent alors que Stéphanie
P., Worsfold, S., & Kennedy, C. (2010).
McNicoll, étudiante de première The relationship between language
année, est responsable du volet L’équipe peut également être development and behaviour problems in
enseignant. Leur but ultime est children with hearing loss. Journal of Child
de recruter de 20 à 25 parents et
jointe par téléphone, au 819-
Psychology and Psychiatry, 51(1), 77-83.
environ 75 enseignants. 376-5011, poste 3264.
Les modes de communication Novembre 2013 - Entendre
28
Témoignage parent : Le choix des parents
Par Chantal Bénard

Nous sommes une famille de presque pas. On découvre qu’il a ne sais pas ce qui s’est passé durant
aussi un TDAH avec hyperactivité. cet été-là, mais à leur retour, il
L’AQEPA Montréal-Régionale. Nous sommes encore une fois plus était comme un arbre plein de
Daniel, mon conjoint, et moi, que découragés. bourgeons au printemps. Les mots
sont mis à sortir ! WOW !!! ENFIN.
Chantal, sommes parents de Nous sommes rendus dans le choix
2 enfants soit Léonie 12 ans, d’une école pour la prématernelle. L’année scolaire qui a suivi, soit la
Nous hésitons beaucoup entre l’école maternelle, il a rattrapé une bonne
entendante, et Émile, 8 ans, Gadbois située à Montréal et l’école partie du retard énorme qu’il avait.
vivant avec une surdité profonde Saint-Jude située à Longueuil. Même
les spécialistes qui côtoyaient Émile à Aujourd’hui à 8 ans, Émile a reçu son
avec implants cochléaires. ce moment-là étaient très tranchés deuxième implant. Sa prochaine
quant au choix de son mode de année scolaire, soit la troisième
Quand j’ai eu la demande d’écrire année, il intégrera l’école régulière
communication. Étant donné que
dans la revue sur ce sujet, j’ai pris avec un interprète en LPC. Nous
nous demeurons sur la Rive-Sud de
quelques jours pour y réfléchir, me sommes TRÈS FIERS du travail qu’il a
Montréal, nous avons choisi l’école
demandant de quoi j’allais parler. accompli.
Saint-Jude.
Dès que mon crayon s’est mis à écrire
sur ma feuille, les mots se sont mis à
À cette école, il utilise le LPC. Le LPC
défiler. Nous avons choisi pour lui le mode
est un codage manuel des sons de
la langue française. Les mouvements oraliste croyant que socialement
Notre aventure a débuté lorsqu’à ça serait beaucoup plus facile. Par
codés de la main sont associés à
18 mois, le pédiatre d’Émile m’a dit : contre, je vois notre choix d’implant
la parole. Nous y allons donc nous
« c’est très grave, j’ai un soupçon de comme une alternative. Si un jour il
parents, pour l’apprentissage de ce
surdité ». Mon Dieu, le monde venait opte pour le mode gestuel, il aura la
LPC.
de s’écrouler. Nous étions sidérés. possibilité de le faire. Si nous avions
Que faire ? Après tous les tests, opté dès le départ pour le gestuel, il
Sincèrement, à la maison, nous
l’audiologiste confirme la pensée du n’aurait plus de choix pour le futur.
y allons à un tout mélangé. Nous
pédiatre soit une surdité profonde, En tant que parents, nous décidons
utilisons le français appuyé par de la
quasi totale aux deux oreilles. Elle nous pour les enfants, car l’opération se
LSQ et quand le mot est trop difficile
suggère l’inscription pour l’implant fait quand ils sont tout petits.
à dire nous le codons. Après une
cochléaire. Moi, parent, je décide
année entière, il n’y a pas beaucoup
de l’avenir de mon fils. Comme
d’amélioration. Nous sommes
nous voulions offrir à Émile toutes les Par contre, je peux vous confirmer
sincèrement très découragés.
possibilités, nous optons donc pour que lorsque les piles de son implant
l’implant. Afin de communiquer et sont déchargées, il faut vite trouver
L’été suivant, Émile et sa sœur sont
lui permettre de développer son des piles, car il dit : « qu’il veut
allés au camping de l’AQEPA avec
langage, nous devons apprendre les entendre ».
les moniteurs gestuels et oralistes. Je
mots de base pour enfant en LSQ.
Nous devions nous trouver un mode de
communication, et ce rapidement,
car notre petit bonhomme voulait
communiquer. Pour demander à sa
sœur de jouer avec lui, il lui donnait
une claque. Je peux vous assurer que
ce n’était pas l’idéal.

Après 2 ans de port d’implant,


d’orthophonie, Émile ne parle
Novembre 2013 - Entendre Les modes de communication
29
Le Français Signé
Par Myriam Gagnon
Interprète gestuelle, Enseignante en adaptation scolaire pour la CSRS
Directrice des Services éducatifs Chansons pour vos yeux
[email protected]

Plusieurs types de langages gestuels la même façon, peu importe sa nombreuses dans ces régions.
existent, et ce dans plusieurs pays du signification. Par exemple qu’une
monde. Au Canada, on en compte fleur « pousse » ou que l’on « pousse » Le point fort du Français Signé est sa
trois principaux : l’ASL (American quelqu’un, ce sera le même signe. précision. Près de 1600 signes sont
Sign Language), la LSQ (Langue des Cette règle représente la différence existants, ce qui permet de trouver
Signes Québécoise) et le Français fondamentale entre le Français Signé le bon signe pour le mot à signer.
Signé. On voit également des codes et la LSQ. ¹ Par contre, si on utilise ce code de
afin d’aider à la lecture labiale, tel langage dans un échange entre
que la LPC (langage parlé complété). Les signes sont répertoriés dans des plusieurs personnes, on remarque
Ce dernier permet d’enlever toutes dictionnaires à l’aide de dessins très vite qu’il n’est pas rapide de
ambiguïtés sur les sons prononcés. supportés par un système de flèches converser puisque dans sa version
afin de démontrer le mouvement à « pure », on doit signer tous les mots.
Le Français Signé consiste à mettre un réaliser. C’est pourquoi plusieurs adolescents
signe sur chacun des mots articulés. abandonneront quelques signes, on
Il respecte la grammaire française Le Français Signé est un mode de obtiendra alors du Pidgin.
ce qui favorise l’apprentissage de communication utilisé principalement
la lecture et de l’écriture. Il compte en milieu scolaire. Au primaire, il En conclusion, le choix d’un langage
plusieurs catégories de signes : permet à l’enfant de suivre chaque ou d’un autre dépend du type et
alphabet, chiffres, déterminants, mot et notion enseignés à l’école. Il est du niveau de gravité du problème
temps conjugués, préfixes et suffixes très utile lors de dictées par exemple. auditif. Les parents éclairés de toutes
et signes de ponctuation. Le Français Signé est alors employé les possibilités qui s’offrent à eux
dans une version, disons « pure ». Au pour leur enfant choisiront le meilleur
Le Français Signé utilise le plus secondaire, il évolue et quelques outil pour le développement de ce
possible les signes de la LSQ. Il assure mots sont laissés de côté. On parle dernier.
suffisamment de ressemblance avec alors de Pidgin puisque des signes
celle-ci pour permettre aux enfants d’autres langages vont s’y greffer.
vivant avec des problèmes auditifs Le Français Signé est majoritairement
de communiquer avec les membres utilisé dans les régions de l’est du Référence :
de la communauté sourde. ¹ Québec. Facilement maîtrisable
puisqu’il suit les mêmes règles que la 1. Paul Delage & Claudette Tremblay
La règle de base du Français Signé langue française, les ressources pour (1983), Le Français Signé
est qu’un mot doit être signé de apprendre ce code de langage sont

Votre publicité ici !


Nous contacter au
514-842-8706
Lecture Novembre 2013 - Entendre
30
La petite chronique littéraire du Centre de
documentation de l’IRD
Par Jade St-Vincent

Disponibles pour le prêt au centre de documentation :


Manuel d’enseignement de la LPC chez des enfants sourds en début de
scolarité primaire
Brigitte Lejeune, Gabrielle Miesse.- Paris : Elsevier Masson, 2012.- 116 p.- ISBN 9782294726729.-
65.95 $

La langue française Parlé Complétée (LPC), combinaison de lecture labiale et


d’information manuelles, est l’un des moyens de communication visuelle destinés
aux enfants sourds, en parallèle d’un appareillage adapté.

Les auteurs de cet ouvrage ont mis au point des exercices ludiques, qui doivent
être utilisés régulièrement et sur de courtes périodes, en vue d’enseigner à
l’enfant sourd le décodage de la LPC.

Expérimentée avec des enfants en début et fin de scolarité primaire, cette


méthode d’exercices adaptés à la tranche d’âge 5-9 ans aidera l’enfant à
décoder les mouvements de la main associés aux mouvements de la bouche et
du visage.

Avec ce manuel, les auteures proposent aux orthophonistes enseignant la LPC


un support permettant une grande souplesse d’utilisation : les consignes peuvent
être simplifiées ou complexifiées, la progression des exercices peut s’adapter aux
compétences de chaque enfant.

Un CD-Rom comprend l’ensemble des exercices et planches de jeu du livre,


imprimables en couleurs, pour faciliter l’utilisation de la méthode.

Les habiletés préalables à la communication


Claire Audet.- Montréal : Éditions de l’Hôpital Sainte-Justine, 2001.- 147 p.- ISBN 2922770192.-
26.25 $

Le développement de la communication s’inscrit naturellement dans l’évolution


de l’enfant : il sourit, regarde, babille, bouge, se met à marcher et finalement, à
parler. Cependant, dans les cas où il existe une entrave au développement, tel
un handicap physique ou intellectuel, les parents et les intervenants s’inquiètent
au sujet du délai d’apparition du langage de l’enfant. Ils se questionnent aussi
sur les processus en jeu dans le développement de la communication, de
plus, ils s’interrogent quant aux façons de stimuler l’enfant le plus efficacement
possible. C’est avec le souci de répondre aux besoins pressants des gens ainsi
préoccupés par le devenir langagier des enfants qui ne communiquent pas, que
ce document a été élaboré. Il se veut donc une référence pratique définissant
principalement la nature et le rôle des habiletés préalables à la communication,
tant du point de vue cognitif que langagier.
Novembre 2013 - Entendre Nos associations
31
L’AQEPA est un regroupement d’associations régionales de parents, un lieu de référence
et d’expertise dans le domaine de la surdité. Sa mission est de promouvoir et développer
tous les services nécessaires à l’inclusion sociale des jeunes vivant avec une surdité.

Nos AQEPA par région


Président fondateur AQEPA Lac-Saint-Jean
André Rochette C. P. 174
Roberval G8H 2N6
Exécutif provincial [email protected]
3700, rue Berri, bureau A -446 présidente : Nataly Joncas
Montréal H2L 4G9 secrétaire : Christianne Giard
Téléphone : 514 842-8706 trésorier : Dave Grimard
Ligne sans frais : 1 877 842-4006
Télécopieur : 514 842-4006 AQEPA Mauricie/Centre-du-Québec
[email protected] 3550, rue Cherbourg, bureau 212
Site Internet : www.aqepa.org Trois-Rivières G8Y 6S6
président : Steeve Tremblay Téléphone : 819 370-3558
secrétaire : Christianne Giard Télécopieur : 819 370-1413
trésorière : Isabelle Gélinas [email protected]
première vice-présidente : Suzanne Marcotte présidente : Johanne Fournier
deuxième vice-président : Mario Nadeau vice-présidente : Nicole Bistodeau
secrétaire-trésorier : Mario Nadeau
AQEPA Abitibi-Témiscamingue
C.P. 583 AQEPA Montréal Régional
Amos J9T 3X2 3700, rue Berri, bureau A -436
[email protected] Montréal H2L 4G9
président : Benoît Bergeron Téléphone : 514 842-3926
vice-présidente et secrétaire : Sylvie Verville Télécopieur : 514 842-4006
trésorier : Alain Jean [email protected]
président : Pierre Lazure
AQEPA Bas-Saint-Laurent secrétaire : Denise Desrosiers
C.P. 53 trésorière : Chantal Bénard
Rimouski G5L 7B7
[email protected] AQEPA Outaouais
président : François Jean [email protected]
secrétaire : Marianne St-Hilaire Téléphone sans frais : 1 877 842-4006
trésorier : Sylvain Lacroix
AQEPA Québec Métro
AQEPA Côte-Nord 6780, 1ère Avenue, bureau 330
[email protected] Québec G1H 2W8
Téléphone sans frais : 1 877 842-4006 Téléphone : 418 623-3232
[email protected]
AQEPA Estrie présidente : Caroline Émond
825, Rue Short secrétaire : Nicolas Giroux
Sherbrooke J1H 2E9 trésorière : Isabelle Gélinas
[email protected]
président : Almir Omercevic AQEPA Saguenay
secrétaire : Annie Quenneville 205, rue Lacordaire, Chicoutimi G7G 3Y8
trésorière : Suzanne Marcotte [email protected]
présidente : Sylvie Tremblay
AQEPA Gaspésie /Iles-de-la-Madeleine secrétaire : Hélène Gagné
[email protected] trésorière : Sonia Simard
Téléphone sans frais : 1 877 842-4006
Vous vivez avec une surdité ?
La Fondation est là pour vous aider !

Prothèses auditives : possibilité de recevoir la deuxième prothèse auditive


non payée par la RAMQ.

Camps : paiement d’un camp de vacances durant l’été pour les


jeunes sourds, malentendants ou oralistes.

Athlètes-Sports : possibilité de recevoir une contribution financière pour


participer à des compétitions.

Bourses d’études : au niveau collégial ou universitaire, pour un stage


ou pour participation à des congrès et colloques nationaux ou
internationaux.

Projets éducatifs des écoles primaires et secondaires : visant à favoriser


la réussite scolaire des enfants sourds, malentendants ou oralistes.

Création d’une entreprise : subvention au démarrage de petites


entreprises.

Achat des livres : pour développer le goût de la lecture

Pour informations ou Pour envoi de la demande d’aide financière, contactez-nous !

Fondation des Sourds du Québec


3348, boul. Mgr Gauthier, Québec (Québec) G1E 2W2
Télécopieur : (418) 666-0123 - Courriel : [email protected]

Vous aimerez peut-être aussi