Les Philosophes Lumières Idées Et Textes
Les Philosophes Lumières Idées Et Textes
Les Philosophes Lumières Idées Et Textes
Pour trouver la vérité, ils s’appuient sur l’expérience et non sur la tradition. Les philosophes dénoncent
les oppressions, la monarchie absolue, les abus de pouvoir comme la censure. Ils luttent contre
l’obscurantisme qui est une attitude d’opposition à la diffusion du savoir. Pour eux, la société doit être
fondée sur le mérite et non sur l’hérédité. Ils revendiquent un contrat social et introduisent les valeurs de
liberté et d’égalité.
Le mouvement des lumières se propage en Europe tout au long du XVIII siècle. Il propose une
conception de l’homme capable de dissiper les ténébres de l’ignorance pour penser par lui-même. Les
écrivains et philosophes défendent des valeurs nouvelles et contribuent à la transformation profonde de la
société. Des personnes ont appris à lire. Les journaux se sont multipliés : les gens lisaient et étaient de plus
en plus désireux d’échanger des idées. Les écrivains lumières défendent la liberté de pensée et s’opposent à
la censure qui faillit nouire le grand projet du siècle : l’Encyclopédie.
On assiste au XVIII siècle à une grande révolution scientifique qui augmentent l’intérêt que portent les
gens à la recherche scientifique. Buffon écrit « L’Histoire Naturelle », les frères Montgolfer créent le
premier objet volant, Lavoisier découvre la composition de l’eau. En Angleterre, James Watt crée la
machine à vapeur qui sera à l’origine de la révolution industrielle au XIX siècle.
Le XVIII siècle utilise l’image de « lumière »pour exprimer la volenté d’éclairer les hommes par la raison.
Le rayonnement de la science remplace celui de la religion. Les savants, les écrivains et les philosophes
luttent contre l’aveuglement des préjugés, les croyances absurdes et les superstitions héritées des siècles
précédents.
- Exercer l’esprit critique : les lumières revendiquent un état d’esprit et une démarche scientifique, le
rationalisme, fondés sur l’expérience, l’analyse des faits et le raisonnement logique.
- Combattre les préjugés : les lumières opposent la passion de la vérité aux superstitions et la
diffusion des connaissances à la censure exercée par le pouvoir
- Multiplier les formes de la polémique : les lumières militent à travers une littérature de combat,
qu’ils mettent au service des idées nouvelles : lettres et dialogues argumentatifs, contes
philosophiques, essais, pamphlets, dictionnaires.
- Le regard de L’Autre : l’écrivain philosophe fait découvrir au lecteur ses préjugés à travers le
regard qu’un étranger porte sur la société européenne.
- La tolérance et la raison : l’homme des lumières dénonce au nom de la raison le fanatisme
religieux, les superstitions et toutes les formes d’aveuglement qui rendent intolérant.
- L’égalité et la justice : l’esprit critique s’exerce à l’encontre des privilèges de la noblesse et du
clergé pour réclamer une monarchie éclairée, soucieuse de justice et d’égalité.
- Le bonheur naturel : les artistes, marqués par le récit des grands voyageurs, imaginent des sociétés
heureuses au contact de la nature.
1- Critique de la politique :
Les philosophes lumières s’opposent à l’absolutisme et au régime d’ordre divin. Ils combattent le
despotisme politique et le gouvernement autoritaire et censeur. De même, ils s’attaquent à l’exercice de la
torture non justifié et ils réclament justice et tolérance.
"Monarchie absolue : (Gouvernement) Forme de monarchie dans laquelle le corps entier des citoyens a cru
devoir conférer la souveraineté au prince, avec l’étendue et le pouvoir absolu qui résidait en lui
originairement et sans y ajouter de restriction particulière, que celles des lois établies. Il ne faut pas
confondre le pouvoir absolu d’un tel monarque avec le pouvoir arbitraire et despotique ; car l’origine et la
nature de la monarchie absolue est limitée par sa nature même, par l’intention de ceux de qui le monarque
la tient, et par les lois fondamentales de son État. Comme les peuples qui vivent sous une bonne police sont
plus heureux que ceux qui, sans règles et sans chefs, errent dans les forêts ; aussi les monarques qui vivent
sous les lois fondamentales de leur État sont-ils plus heureux que les princes despotiques, qui n’ont rien qui
puisse régler le cœur de leurs peuples, ni le leur".
Les lumières dénoncent le fanatisme, les abus de la religion qui pousse le pouvoir spirituel à tout contrôler
de manière excessive. L’objectif des lumières est de lutter contre les superstitions attachées à des pratiques
religieuses, Diderot par exemple critique le mécanisme classique et s’interroge sur la relation qui relie
l’homme à son créateur. De même, les philosophes lumières sont contre la pratique courante qui consiste à
obliger les citoyens d’avoir la même religion que son souverain. Ils prônent la liberté de culte et la tolérance
religieuse. La plus part des lumières sont des déistes, c’est à dire des partisans d’une religion naturelle.
De plus les lumières dénoncent l’esclavage, qui a connu un développement notamment en Afrique, voltaire
en particulier s’oppose à ce type de caractère déshumanisant.
"Mais quoi ! Sera-t-il permis à chaque citoyen de ne croire que sa raison, et de penser ce que cette raison
éclairée ou trompée lui dictera ? Il le faut bien, pourvu qu'il ne trouble point l'ordre car il ne dépend pas de
l'homme de croire ou de ne pas croire mais il dépend de lui de respecter les usages de sa patrie ; et si vous
disiez que c'est un crime de ne pas croire à la religion dominante, vous accuseriez donc vous-même les
premiers chrétiens vos pères, et vous justifieriez ceux que vous accusez de les avoir livrés aux supplices".
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3- la société
L’objectif ultime des lumières est de faire propager l’information, d’éclairer le peuple par la raison, c’est
pourquoi le projet de L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert présente la synthèse de l’esprit des
lumières. Ils cherchent à travers ce projet de diffuser le savoir et instaurer les principes d’une société
fondée sur l’égalité et la justice.
"Chaque homme, dans le fond de son cœur, a droit de se croire entièrement égal aux autres hommes ; il ne
s’ensuit pas de là que le cuisinier d’un cardinal doive ordonner à son maître de lui faire à dîner ; mais le
cuisinier peut dire: « je suis homme comme mon maître, je suis né comme lui en pleurant ; il mourra comme
moi dans les mêmes angoisses et les mêmes cérémonies. Nous faisons tous deux les mêmes fonctions
animales. Si les Turcs s’emparent de Rome, et si alors je suis cardinal et mon maître cuisinier, je le prendrai
à mon service ». Et ce discours est raisonnable et juste ; mais en attendant que le grand Turc s’empare de
Rome, le cuisinier doit faire son devoir, ou toute société humaine est pervertie".
L’Encyclopédie (1751-1772)
D’origine grecque, le terme encyclopédie signifie le « cercle des connaissances ». Quelques tentatives ont
déjà été menées, mais c’est bel et bien avec les Lumières que l’entreprise encyclopédique va prendre son
essor. Cette œuvre colossale dont la publication s’est étalée sur plus de vingt ans sous la direction de
Diderot, et des dizaines de collaborateurs. Elle est considérée comme un « monument de progrès de l’esprit
humain » et le symbole du combat philosophique des lumières.
Les objectifs :
L’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, de Diderot et
d’Alembert. Elle a pour but de mettre en avant les sciences et de diffuser le savoir au plus grand nombre.
Mais cette entreprise de vulgarisation scientifique devient un moyen de lutte et une arme politique qui lutte
contre l’obscurantisme. Les philosophes trouvent dans l’Encyclopédie qui leur permet de diffuser les idées
les plus hardis, et ils offrent par là une synthèse de leurs idées. Les articles qui critiquent la politique et la
religion sont présentés sous des titres camouflés afin de s’échapper à la censure.
Les idées :
Les articles techniques se limitent pour la plupart à fournir une documentation professionnelle. En revanche,
en matière politique, religieuse et philosophique, l’Encyclopédie contribue à répandre des idées nouvelles :
- Abandon du respect craintif pour la religion (nous sommes des hommes avant d’être des chrétiens »,
Diderot, article « Raison »)
- Préférence pour le libéralisme politique d’une monarchie « éclairée »
- Lutte en faveur des grandes libertés : de pensée, d’expression, de diffusion des idées ;
- Refus de toute contrainte abusive : torture, arbitraire juridique, esclavage ;
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Une planche de l’Encyclopédie : la taillanderie ou la fabrique d’outils en métal.(doc.4)
L’Encyclopédie est d’abord un projet de vulgarisation scientifique qui fait le point sur les connaissances et le
savoir de l’époque. C’est pourquoi toutes les disciplines sont présentes et tous les spécialistes sont sollicités.
Les techniques sont largement représentées et mises en valeurs. Ainsi que le travail de l’artisan est valorisé.
Les planches viennent enrichir le texte de détails précis en ajoutant aux textes une qualité esthétique
frappante. Aux dix-sept volumes de texte viennent s’ajouter onze volumes de planches gravées décrivant
les savoirs et les techniques.
TD2 :
Article « Fanatisme » de
« Le fanatisme est à la superstition ce que le transport est à la fièvre, ce que la rage est à la colère.
Celui qui a des extases, des visions, qui prend des songes pour des réalités, et ses imaginations pour des
prophéties, est un fanatique novice qui donne de grandes espérances ; il pourra bientôt tuer pour l'amour de
Dieu. Barthélemy Diaz fut un fanatique profès. Il avait à Nuremberg un frère, Jean Diaz, qui n'était encore
qu'enthousiaste luthérien, vivement convaincu que le pape est l'Antéchrist, ayant le signe de la bête.
Barthélemy, encore plus vivement persuadé que le pape est Dieu en terre, part de Rome pour aller convertir
ou tuer son frère: il l'assassine; voilà du parfait: et nous avons ailleurs rendu justice à ce Diaz.
Polyeucte, qui va au temple, dans un jour de solennité, renverser et casser les statues et les ornements, est un
fanatique moins horrible que Diaz, mais non moins sot. Les assassins du duc François de Guise, de
Guillaume prince d'Orange, du roi Henri III, du roi Henri IV, et de tant d'autres, étaient des énergumènes
malades de la même rage que Diaz.
Le plus grand exemple de fanatisme est celui des bourgeois de Paris qui coururent assassiner,
égorger, jeter par les fenêtres, mettre en pièces, la nuit de la Saint-Barthélemy, leurs concitoyens qui
n'allaient point à la messe. Il y a des fanatiques de sang-froid: ce sont les juges qui condamnent à la mort
ceux qui n'ont d'autre crime que de ne pas penser comme eux; et ces juges-là sont d'autant plus coupables,
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d'autant plus dignes de l'exécration du genre humain, que, n'étant pas dans un accès de fureur comme les
Clément, les Chastel, les Ravaillac, les Damiens, il semble qu'ils pourraient écouter la raison.
Il n'est d'autre remède à cette maladie épidémique que l'esprit philosophique, qui, répandu de proche
en proche, adoucit enfin les mœurs des hommes, et qui prévient les accès du mal; car dés que ce mal fait des
progrès, il faut fuir et attendre que l'air soit purifié. Les lois et la religion ne suffisent, pas contre la peste des
âmes ; la religion, loin d'être pour elles un aliment salutaire, se tourne en poison dans les cerveaux infectés.
Que répondre à un homme qui vous dit qu'il aime mieux obéir à Dieu qu'aux hommes, et qui en conséquence
est sûr de mériter le ciel en vous égorgeant ?
Lorsqu'une fois le fanatisme a gangrené un cerveau, la maladie est presque incurable. J'ai vu des
convulsionnaires qui, en parlant des miracles de saint Pâris, s'échauffaient par degrés parmi eux: leurs yeux
s'enflammaient, tout leur corps tremblait, la fureur défigurait leur visage, et ils auraient tué quiconque les eût
contredits.(....)
Ce sont presque toujours les fripons qui conduisent les fanatiques, et qui mettent le poignard entre leurs
mains; ils ressemblent à ce Vieux de la montagne qui faisait, dit-on, goûter les joies du paradis à des
imbéciles, et qui leur promettait une éternité de ces plaisirs dont il leur avait donné un avant-goût, à
condition qu'ils iraient assassiner tous ceux qu'il leur nommerait. Il n'y a eu qu'une seule religion dans le
monde qui n'ait pas été souillée par le fanatisme, c'est celle des lettrés de la Chine. Les sectes des
philosophes étaient non seulement exemptes de cette peste, mais elles en étaient le remède; car l'effet de la
philosophie est de rendre l'âme tranquille, et le fanatisme est incompatible avec la tranquillité. Si notre sainte
religion a été si souvent corrompue par cette fureur infernale, c'est à la folie des hommes qu'il faut s'en
prendre. »