Création Monétaire

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Création monétaire

La création monétaire, ou émission monétaire, est le processus par lequel la masse monétaire d’une zone
économique (comme la zone euro ou celle du Dollar américain) est augmentée.

Par le passé, les gouvernements et les banques centrales (BC) avaient de facto le monopole de création
monétaire, via l'émission de pièces (monnaies métalliques). Ce système permettait dans une certaine mesure
aux États de se financer, grâce aux revenus de seigneuriage.

Dans l'économie moderne où la monnaie est majoritairement scripturale, la création monétaire est
1, 2
aujourd'hui largement conduite par les banques privées, par l'émission de crédits . En effet, lorsqu'un
crédit est accordé, la banque crée la monnaie nécessaire à ce crédit par un simple jeu d'écriture dans un livre
3, 4
comptable . Ce système est parfois appelé le système de réserves fractionnaires. Cette création monétaire
est néanmoins contrôlée et limitée par la politique monétaire des banques centrales ou encore les ratios de
capitaux fixés par les autorités de supervision bancaire (tels que le comité de Bâle).

Pendant longtemps, les gouvernements bénéficiaient de la création monétaire grâce au financement


monétaire direct des dépenses budgétaires par les banques centrales (que l'on appelle péjorativement « la
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planche à billets » ). Néanmoins, cette pratique est désormais strictement interdite en zone euro (article 123
du traité de Lisbonne).

Depuis 2008, la plupart des banques centrales ont lancé de vastes programmes de création monétaire (le
quantitative easing), mais cette création monétaire se fait par le rachat d'actifs financiers aux banques
commerciales. Le quantitative easing constitue essentiellement une création de « monnaie centrale », qui
n'est utilisée que par les banques commerciales.

À moindre échelle, la création monétaire est également générée dans le cadre de paiements internationaux.
Par exemple, lorsqu'une entreprise reçoit un virement de l'étranger en devise étrangère (en contrepartie
d'une exportation de biens ou de services, par exemple), la banque qui tient son compte va créditer ce
4
compte en euro par création monétaire, et va acquérir une créance sur le pays étranger en question .

Création monétaire par la banque centrale


Les banques centrales ont le pouvoir de créer deux types de monnaies : la monnaie fiduciaire (pièces et
billets) ainsi que les réserves (aussi appelées monnaie centrale ou monnaie de base).

Pièces et billets

Les monnaies ayant une valeur propre égale à leur valeur nominale, comme les pièces de métal précieux
ayant quasiment disparu, il ne reste aujourd'hui que des monnaies fiduciaires, telles que les pièces et les
billets.
D'un point de vue comptable, les billets émis par la banque centrale ne sont rien d'autre qu'une
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reconnaissance de dette au porteur, inscrits à son passif quand elle les met en circulation . Chaque billet
valant par définition son montant nominal, la banque centrale peut émettre autant de billets qu'elle veut sans
déséquilibrer son bilan.

Chaque pièce ou billet matérialise ainsi une promesse de pouvoir disposer du bien que la monnaie
représente. L'émission n'est plus contrainte par un élément physique (ce qui est le cas pour les devises
modernes depuis l'abandon de l'étalon de change or).

Aujourd'hui, la création de pièces et de billets par la banque centrale est essentiellement effectuée en
fonction de la demande par le secteur bancaire, et en échange de monnaie centrale. L'effet de la création de
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pièces et de billets sur la masse monétaire globale est donc relativement limité, voire nul .

Financement monétaire public

Le financement monétaire (ou monétisation de dette) consiste pour une banque centrale à financer
directement le budget du gouvernement central. Ce processus est parfois appelé péjorativement la « planche
à billets ». Elle fait référence aux processus de production de monnaie physique, mais en pratique il s'agit
aujourd'hui plus d'écriture comptable.

La capacité des États et des banques centrales à créer massivement


de la monnaie ex nihilo est un outil économique puissant, qui peut
contribuer à stimuler l'économie, mais peut également la déstabiliser
durablement.

Les États ont fréquemment abusé de la création monétaire, par


exemple pour financer des guerres coûteuses, avec souvent des
8
conséquences graves sur l'économie notamment des crises
hyperinflationnistes.
La planche à billets : caricature
La crainte de ces abus a conduit la plupart des États à interdire le visant la politique inflationniste de
financement monétaire public : cette disposition est par exemple l'administration Lincoln pour soutenir
9
inscrite dans la Constitution allemande ou les traités de l'Union les dépenses de guerre après la
européenne (article 101 du traité CE, repris par l'article 123 du défaite des Nordistes à Bull Run.
10
traité sur le fonctionnement de l'Union Européenne (TFUE) issu
de la signature du traité de Lisbonne en 2007). Les déficits publics
doivent donc être financés par emprunts – très majoritairement obligataires – auprès d'organismes privés,
aux taux d'intérêt proposés par le marché.

La « planche à billets » n'a pas pour autant disparu. Si certains courants radicaux (libertarianisme, partisans
de l'étalon or…) souhaiteraient interdire ou drastiquement limiter la création de monnaie, ou la confier à des
acteurs non politiques, la plupart des économistes s'accordent à considérer qu'une création de monnaie
contrôlée, accompagnée d'une inflation raisonnable, font partie du fonctionnement normal d'une
11
économie .

Certains économistes notamment keynésiens considèrent que la relance monétaire (création massive de
monnaie pour relancer l'économie) peut être un moyen de répondre aux dépressions économiques graves et
12, 13
que le risque d'inflation est soit surévalué, soit un moindre mal .

Création monétaire par les banques privées


Dans le système monétaire actuel, la monnaie est essentiellement scripturale (par exemple, 91 % dans la
14
zone euro en 2017 ) : elle est créée par les banques par un jeu d'écritures, sur simple demande, et dans
certaines limites, en échange d'une promesse de remboursement (émission d'un crédit bancaire). Il y a ainsi
création monétaire lors de l'octroi d'un crédit, et destruction monétaire lors du remboursement de ce
15
crédit .
16
La Banque d'Angleterre décrit ainsi ce phénomène :

« À chaque fois qu'une banque fait un prêt, elle crée simultanément un dépôt sur le compte
en banque de l'emprunteur, créant ainsi de la nouvelle monnaie »
17
Le président de la BCE Mario Draghi (actuellement, la française Christine Lagarde) explique aussi :

« La vaste majorité de la monnaie est émise par les banques privées - les dépôts bancaires »

Mécanisme
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Lorsqu'une banque octroie un crédit à un particulier ou une entreprise , soit elle utilise les dépôts existants,
soit elle passe par un processus de création monétaire. Elle a alors recours à un simple jeu comptable : elle
inscrit dans son bilan une créance, ayant pour montant la somme qu'elle va prêter à son client, et augmente
19
le compte de dépôt de son client d'autant . Le crédit venant alimenter le compte de dépôt du client, c'est
l'expression « les crédits font les dépôts » qui est vraie et non l'inverse. On dit aussi parfois que la banque
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crée de l'argent « ex nihilo » . L'expression « les dépôts font les crédits » est, elle, appliquée lorsque la
banque utilise les dépôts existants et ne passe pas par un processus de création monétaire.

Le jeu d'écriture comptable est le suivant :

inscription de l'augmentation du dépôt du client (qui est, ici, le prêt de la banque à son
client) au passif du bilan de la banque, la monnaie sur le compte du client étant due par la
banque à son client.
inscription de la créance à l'actif du bilan de la banque, la monnaie due par le client étant
considérée comme un actif de la banque.

Le remboursement d'un crédit à la banque correspond à une démonétisation : la part de monnaie


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correspondant au prêt initial est détruite , ayant pour effet de diminuer la masse monétaire. La part de
monnaie correspondant aux intérêts revient à la banque.

Théorie des réserves fractionnaires

Ce mécanisme a été pendant un temps décrit sous l'appellation de « système de réserves fractionnaires » ou
le « multiplicateur monétaire ». Cette vision a pour caractéristique de penser la création de crédit comme
contrainte par la quantité de réserve (monnaie de base) disponibles dans le marché interbancaire, et le
niveau de réserves obligatoires. Selon cette vision, les banques « multiplient » la part de base monétaire
dont elles disposent lorsqu'elles effectuent des crédits, ceci dans la limite de capacité d'effet de levier
maximum.
22, 23, 24
Mais un nombre croissant (bien qu'encore marginal) de publications académiques nuancent voire
rejettent aujourd'hui la validité de cette théorie, et avancent que les banques privées n'ont pas besoin de
mobiliser des réserves en amont de l'émission d'un crédit. Autrement dit, les banques créent bien de la
monnaie en émettant des crédits, mais cette création monétaire n'est pas contrainte par l'existence d'un taux
de réserves obligatoires. Il n'y a donc pas non plus d'« effet multiplicateur de crédit ». En effet, le FMI
explique : « Les banques centrales modernes poursuivent des objectifs de taux d'intérêt et doivent fournir
autant de réserves que le système bancaire en demande pour ces objectifs. Ce fait va à l'encontre de la très
populaire théorie bancaire du multiplicateur de dépôts, qui explique que les banques font des prêts en
multipliant à répétition un montant initial de réserves de monnaies (monnaie centrale). » La Banque
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d'Angleterre explique également : « la demande de monnaie de base est plus certainement une
conséquence qu'une cause de la création de crédit bancaire ». En conclusion, la Banque d'Angleterre
affirme : « Certes, la théorie du multiplicateur de monnaie peut être une façon utile d'introduire la monnaie
et le fonctionnement des banques dans les manuels d'économie, mais il ne constitue pas une façon correcte
de décrire comment la monnaie est créée en réalité. Plutôt que de contrôler la quantité de réserves, les
banques centrales mettent en place leur politique monétaire en fixant le prix des réserves, c'est-à-dire par les
taux d'intérêt ».

Contrôle et limites de la création monétaire par le crédit

Facteurs de l'évolution de la création monétaire par le crédit

Bien que les banques commerciales puissent, en théorie, créer du crédit sans limite, en pratique, la création
monétaire globale des banques dépend de plusieurs facteurs :

Du désir d'encaisse liquide des agents économiques qui dépend étroitement de leurs
anticipations en matière de revenu, d'épargne, d'inflation ainsi que de l'idée qu'ils se font
de la solidité des placements possibles.
Des anticipations des banquiers qui, selon la conjoncture, privilégieront l'extension ou la
défense de leur bilan.
De l'action des autorités de régulation, par la réglementation ou par l'intervention.
Des autres sources de création monétaire qui l'alimentent plus ou moins généreusement
en dépôts (solde de balance des paiements, création monétaire par le trésor public là où
elle est possible).

Cette complexité où la confiance et les facteurs psychologiques jouent un rôle important, explique
l'instabilité associée à la création monétaire des banques et son rôle dans les mouvements de la conjoncture
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et dans le cycle économique .

Auto-régulation par le marché monétaire

Lorsqu’une banque prête de l'épargne préexistante ou crée de la nouvelle monnaie scripturale à la suite d'un
crédit accordé, elle crédite le compte à vue de son client qui va dépenser cette monnaie, c'est-à-dire la virer
aux comptes à vue de ses fournisseurs et salariés, une fraction seulement des comptes des bénéficiaires étant
tenus par cette banque. À l'inverse, la banque peut recevoir, dans les comptes de dépôts de ses clients, les
montants correspondant aux achats effectués par les clients d’autres banques.

Les banques doivent faire face aux fuites correspondantes aux besoins de monnaie banque centrale :
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réserves obligatoires (1 % dans la zone euro ) et demande de monnaie fiduciaire (estimé en moyenne à
15 % des dépôts à vue, mais variable suivant les périodes et les lieux).

Si chaque banque accorde des crédits en fonction de ses parts de marché de dépôts, les fuites se
compensent et le marché bancaire est équilibré. Mais si ce n'est pas le cas, pour ajuster leur trésorerie en
monnaie banque centrale, les banques vont se tourner vers le marché monétaire (Euribor, par exemple) qui
leur permettra de placer, auprès des autres banques et établissements financiers, leurs excédents ou d’obtenir
d'eux le financement de leurs besoins de monnaie centrale, après compensation journalière des mouvements
entre banques.

Les interventions de la banque centrale sur ce marché correspondent au « refinancement ».

Les opérations de la banque centrale sur les taux d'escompte et les opérations d’open market, conjointement
avec les règles de mises en pension de certains actifs monétaires, sont censées réguler ce marché. Du fait
d’une abondance excessive de liquidité des établissements financiers, les taux du marché peuvent devenir
inférieurs aux taux de refinancement de la banque centrale. En cas de tension sur le marché monétaire, une
mise à disposition de liquidité (refinancement) par la banque centrale est de nature à réguler la situation.

Lorsque (comme ce fut le cas en 2008) aucune banque ne fait plus confiance aux autres, il advient un
blocage des prêts inter bancaires ou un taux de prêt trop élevé. Cette situation bloque le marché monétaire
et impose des refinancements massifs par les banques centrales pour permettre aux banques commerciales
d'assurer leurs besoins de monnaie centrale.

Limitations par la politique monétaire et réglementation financière

La création monétaire par ce procédé reste soumise à des contraintes pratiques ou réglementaires qui la
maintiennent dans certaines limites :

Les clients d'une banque réclament régulièrement de la monnaie banque centrale (retrait
via un distributeur automatique de billets par exemple), une banque a donc besoin de
pouvoir acheter (par cession d'obligations éligibles) à la banque centrale une quantité de
billets généralement liée à la quantité de monnaie scripturale qu'elle accorde ; cette
quantité est variable suivant le lieu et la période mais peut être estimée en moyenne à
13 % des crédits ;
Des règles prudentielles sont imposées aux banques afin que les crédits qu’elles
accordent ne dépassent pas différents ratios (déterminés actuellement par les règles dites
de Bâle II) ; les fonds propres doivent représenter au minimum 8 % des crédits accordés,
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pondérés par le risque ;
La politique monétaire permet de jouer sur la quantité de crédit que les banques peuvent
offrir avec profit (donc la quantité de monnaie scripturale dans leurs comptes) :
La banque centrale exige des banques des réserves obligatoires : plus le total des
dépôts (dépôts à vue et dépôts à terme) de leurs clients est élevé, et plus il leur faut
déposer de fonds à la banque centrale. En faisant varier le ratio de réserves
obligatoires des établissements de crédit, la banque centrale fait varier la quantité
maximale de crédits (donc de monnaie) qui peuvent être octroyés. Le ratio actuel de
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réserves obligatoires dans la zone euro est de 1 % des dépôts ,
Les taux directeurs sont le principal outil de la politique monétaire : les
établissements de crédit empruntent sur le marché interbancaire ou empruntent aux
banques centrales à un taux d'intérêt défini par la banque centrale, le taux de
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refinancement, la monnaie banque centrale dont elles ont besoin . En augmentant
(respectivement en baissant) ses taux d'intérêt, la banque centrale rend plus difficile
(respectivement plus facile) l'accès au refinancement pour les banques
commerciales et induit un renchérissement du coût d'un crédit pour l'emprunteur
(ménage ou entreprise). De ce fait, une hausse du taux d'intérêt entraîne (toutes
choses égales par ailleurs) une baisse de demande de crédit. Une diminution du
taux de refinancement a évidemment un effet contraire ;
Dans certains cas les autorités peuvent aussi agir sur la quantité de crédit offerte par les
banques : en exerçant une pression plus ou moins amicale, en édictant des impératifs
légaux (c’était par exemple le cas en France dans le cadre des lois Debré dans les
années 1960), etc.

Autres types de création monétaire

Création monétaire par achat de devises

Toute entrée de devises, du moment qu'elle transite par une banque, est à l'origine d'une création monétaire
domestique, et inversement toute sortie engendre une destruction.

Monnaie alternatives ou quasi-monnaie

Les établissements de crédit ne sont pas les seuls à émettre de la monnaie fiduciaire. De la monnaie ou
quasi-monnaie, en quantité proportionnellement infime et quasiment négligeable, est également émise par
d'autres agents économiques.

Cette monnaie peut prendre un grand nombre de formes, scripturale ou matérialisée par un objet
représentatif : bons d'achat, chèques-cadeaux, titres restaurant, « points » comme les Nintendo Points ou les
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miles, la monnaie Canadian Tire , tickets de kermesse ou jetons de casinos, crédit d'heures, crédit
mutuel…

Les émetteurs sont tout aussi divers : entreprises, associations, système d’échange locaux, etc.

En période de crise ou de troubles (ce fut par exemple le cas dans de nombreux pays, dont la France, après
la première guerre mondiale), des collectivités ou des privés émettent des pièces et des billets appelés
monnaie de nécessité.

L'émetteur contrôle sa monnaie et lui applique les règles qui lui semblent adaptées ; il peut en contrôler le
taux de change et la convertibilité, lui donner les caractères d'une monnaie fondante, donner des droits de
tirage fixe ou progressifs aux participants (capital initial « offert » aux participants de jeux en ligne…).

Lorsque la quantité de monnaie ainsi émise devient significative, les autorités exigent que l'émetteur se
soumette aux régulations ordinaires des établissements de crédits, alors qu'elles peuvent être assez tolérantes
pour la même activité exercée plus modestement (ce qui par exemple conduisit PayPal à s'adapter).

Les droits de tirage spéciaux (DTS) du Fonds monétaire international constituent également la monnaie qui
lui sert d'unité de compte.

Controverse autour de la création monétaire

Risque systémique

La création monétaire, lorsqu'elle est excessive, peut poser des problèmes et augmenter le risque
systémique. Ainsi, dans les années qui ont précédé la crise des subprimes, les banques américaines ont
multiplié les crédits immobiliers aux emprunteurs ; entre 2000 et 2006, leurs encours ont plus que doublé,
provoquant une explosion des prix de l'immobilier de 171 % entre 1997 et 2007, et, in fine, une bulle
31, 32
immobilière . L'insolvabilité des endettés a déclenché l'éclatement de cette bulle et une crise financière
entraînant une crise économique mondiale. La responsabilité de la banque centrale américaine (Fed) ne
saurait être éludée puisqu'elle est responsable de la gestion quantitative des crédits, notamment par la
fixation des taux d'intérêt (banque centrale).

La création monétaire par le secteur privé peut également être dommageable si l'utilisation de la monnaie
créée est source d'instabilité. Il en est ainsi lorsque les banques privées procurent des fonds qui servent aux
opérateurs financiers à spéculer avec effet de levier. Cette pratique peut être à l'origine de gains ou de pertes
très importants. En cas de pertes des retombées et des effets de contagion peuvent se transmettre aux
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banques et porter atteinte à la sphère économique réelle .

Tendance inflationniste

Murray Rothbard, élève de Ludwig von Mises et également membre de l'école autrichienne d'économie a
dénoncé le système de réserves fractionnaires, en visant particulièrement Milton Friedman, comme dans
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Milton Friedman unraveled en 1971 . Il critique le processus de création de monnaie par le système de
réserves fractionnaires pour ses effets inflationnistes et assimile la création de monnaie ainsi faite à de la
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« magie » .

Propositions alternatives

Plus récemment, Maurice Allais considérait en 1999, dans La Crise mondiale aujourd'hui, comme
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« inappropriée » la structure de création monétaire actuelle . Il considère le système actuel comme instable
et risqué, les engagements et les créances n'étant pas nécessairement au même horizon et le risque d'un
retrait massif de liquidités par les épargnants étant toujours possible. Ainsi, selon Allais, « l'économie
mondiale tout entière repose aujourd'hui sur de gigantesques pyramides de dettes, prenant appui les unes
sur les autres dans un équilibre fragile ». Il appelle de ses vœux un système où la création monétaire ne
relève que de l'État, dans un cadre de régime de change fixe.

James Robertson et d'autres auteurs altermondialistes souhaitent ramener le processus de création monétaire
sous le contrôle de l'État et jugent que le système actuel n'est pas aligné « sur des principes de justice
économique et sur les réalités de l’ère de l’information, à tel point que la confiance dans la démocratie
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même en est sérieusement ébranlée » . Et d'ajouter : « le fait que ces banques commerciales créent
toujours ces fonds libellés en devises officielles et que cette création de monnaie génère des bénéfices
revenant au privé constitue un anachronisme flagrant ». Il préconise également que les banques centrales
soient seules créatrices de monnaie et que la monnaie créée soit affectée aux dépenses publiques. Les
banques de second rang n'auraient plus la possibilité de créer de la monnaie par l'emprunt, le tout dans un
système contrôlé par une banque centrale mondiale qui « devrait rendre compte aux gouvernements
membres ».

La monnaie pourrait être créée par le travail de ceux qui participent à la production des « vraies valeurs »,
celles auxquelles tout le monde tient : éducation, santé, sécurité etc. La création monétaire n'est qu'une
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définition : elle peut donc être modifiée .

Sources
Banque de France, « Le concept de banque centrale (http://www.banque-france.fr/fileadmi
n/user_upload/banque_de_france/archipel/publications/bdf_bm/etudes_bdf_bm/bdf_bm_7
0_etu_3.pdf) », bulletin no 70 d’octobre 1999
Banque d'Angleterre, « Money creation in the modern economy (http://www.bankofenglan
d.co.uk/publications/Documents/quarterlybulletin/2014/qb14q102.pdf)», 2014, Q1 by
Michael McLeay, Amar Radia and Ryland Thomas of the Bank’s Monetary Analysis
Directorate

Notes et références
1. Banque de France, « Qui crée la monnaie ? » (https://abc-economie.banque-france.fr/sites/d
efault/files/medias/documents/l_eco-en-bref_qui-cree-la-monnaie.pdf), avril 2017 (page
consultée le 30 mars 2018). Voir aussi la note d'information « Qui crée la monnaie ? » (http
s://abc-economie.banque-france.fr/sites/default/files/medias/documents/note-information_20
1509_monnaie.pdf), plus longue, de 2015.
2. « Monnaie pleine : une opportunité unique en Suisse pour changer la monnaie » (https://ww
w.larevuedurable.com/fr/economie/1195-monnaie-pleine-une-opportunite-unique-en-suisse-
pour-changer-la-monnaie.html), La Revue durable, numéro 60 intitulé « Des monnaies pour
une prospérité sans croissance », hiver-printemps 2017-2018, pages 26-29.
3. « Création monétaire » (http://www.lafinancepourtous.com/Decryptages/Dossiers/Creation-m
onetaire/La-creation-monetaire-comment-ca-marche)
4. « Banques et création monétaire : qui fait quoi ? », Le Monde.fr,‎21 septembre 2011 (lire en
ligne (https://www.lemonde.fr/economie/article/2011/09/21/banques-et-creation-monetaire-qu
i-fait-quoi_1575164_3234.html), consulté le 28 mars 2021)
5. « La monnaie banque centrale et les billets ne sont pas de la création monétaire » (http://ww
w.lafinancepourtous.com/Decryptages/Dossiers/Creation-monetaire/Les-Banques-Centrales
-creent-elles-de-la-monnaie)
6. Situation financière consolidée de l’Eurosystème au 20 août 2010 (http://www.ecb.int/press/p
r/wfs/2010/html/fs100824.fr.html).
7. « Les Banques Centrales créent-elles de la monnaie ? » (http://www.lafinancepourtous.com/
Decryptages/Dossiers/Creation-monetaire/Les-Banques-Centrales-creent-elles-de-la-monna
ie), sur lafinancepourtous.com (consulté le 6 août 2016)
8. Alternatives économiques, juillet 2000.
9. Art. 88 Grundgesetz.
10. Voir l'article 123 du TFUE sur Wikisource.
11. Économie internationale, 4e trimestre 2000.
12. Gabriel Galand et Alain Grandjean, La monnaie dévoilée, L'Harmattan, 1996.
13. Paul Krugman, End this depression now!, W. W. Norton & Company, 2012.
14. « Qui crée la monnaie ? » (https://abc-economie.banque-france.fr/sites/default/files/medias/d
ocuments/l_eco-en-bref_qui-cree-la-monnaie.pdf), sur banque-france.fr, avril 2017 (consulté
le 29 mai 2020)
15. Yoann Brun, Lou Dumez, Matthias Knol et Fabrice Tricou, Monnaie et financement de
l'économie, dl 2019 (ISBN 978-2-35030-634-6 et 2-35030-634-8,
OCLC 1134989408 (https://worldcat.org/fr/title/1134989408))
16. (en) « Money Creation in the modern economy », Bulletin de la bank of England,‎2014 (lire
en ligne (http://www.bankofengland.co.uk/publications/Documents/quarterlybulletin/2014/qb1
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17. (en) European Central Bank, « Cross-border markets and common governance » (https://ww
w.ecb.europa.eu/press/key/date/2015/html/sp151111.en.html), sur European Central Bank
(consulté le 6 août 2016)
18. « Création monétaire » (http://www.lafinancepourtous.com/Decryptages/Dossiers/Creation-m
onetaire/La-creation-monetaire-comment-ca-marche), sur la finance pour tous (consulté le
25 août 2017)
19. Audrey Fournier, « Banques et création monétaire : qui fait quoi ? » (https://www.lemonde.fr/e
conomie/article/2011/09/21/banques-et-creation-monetaire-qui-fait-quoi_1575164_3234.htm
l), sur Le Monde.fr, 21 septembre 2011 (consulté le 25 août 2017)
20. « Les mécanismes de la création monétaire » (https://www.droit-compta-gestion.fr/economie/l
a-monnaie/les-mecanismes-de-la-creation-monetaire/), sur droit, comptabilité, finance,
gestion (consulté le 25 août 2017)
21. Marie Charrel, « COMMENT FONCTIONNE LA CRÉATION MONÉTAIRE » (http://www.capit
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30 mai 2013 (consulté le 25 août 2017)
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23. (en) Ed Dolan, « Whatever Became of the Money Multiplier? », Ed Dolan's Encon Blog,‎
23 septembre 2013 (lire en ligne (http://www.economonitor.com/dolanecon/2013/09/23/whate
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24. (en) « The Truth about Banks -- Finance & Development, March 2016 » (http://www.imf.org/e
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25. (en) Michael McLeay, Amar Radia, Ryland Thomas, « Money creation in the modern
economy », Bank of England Bulletin,‎2014 (lire en ligne (http://www.bankofengland.co.uk/pu
blications/Documents/quarterlybulletin/2014/qb14q1prereleasemoneycreation.pdf))
26. « Banques et création monétaire : qui fait quoi ? » (https://www.lemonde.fr/economie/article/2
011/09/21/banques-et-creation-monetaire-qui-fait-quoi_1575164_3234.html), Le Monde, 21
septembre 2011.
27. Baisse du ratio de réserves obligatoires de 2 % à 1 % (http://www.banque-france.fr/fileadmin/
user_upload/banque_de_france/Politique_Monetaire/Mise_en_oeuvre_de_la_politique_mo
netaire/Lettre-information-12-du-12-decembre-2011.pdf), Banque de France, janvier 2012.
28. Izabella Hourd, Création monétaire: Le tour de magie dévoilé, 2017, 102 p.
(ISBN 978-1522042471, lire en ligne (https://www.fichier-pdf.fr/2017/08/11/creation-monetair
e-cours/creation-monetaire-cours.pdf)), p. 70
29. L’écart entre le taux d'emprunt sur le marché interbancaire (l’Eonia par exemple) et le taux de
la banque centrale est généralement faible (exceptions faites des périodes de crise de
liquidité), mais il est légèrement positif.
30. « L'argent Canadian Tire est là pour rester » (http://argent.canoe.ca/nouvelles/affaires/largent
-canadian-tire-est-la-pour-rester-5112009).
31. André Orléan, De l'euphorie à la panique, Éditions rue d'Ulm, 2009.
32. André Orléan, ouvrage cité.
33. François Chesnais (sous la coordination de), La mondialisation financière, Syros, 1996,
p. 80, 81 et 84.
34. (en) « Milton Friedman Unraveled » (https://web.archive.org/web/20131402211100/http://ww
w.lewrockwell.com/rothbard/rothbard43.html), 1971, paru dans The Individualist et repris sur
le site de Lew Rockwell (version en cache du 23 décembre 2014).
35. « Fractional Reserve Banking » (http://www.lewrockwell.com/rothbard/frb.html), Murray
Rothbard in The Freeman, 1995.
36. Maurice Allais, la crise mondiale d’aujourd’hui - Pour de profondes réformes des institutions
financières et monétaires, Éditions Clément Juglar.
37. James Robertson & John Bunzl, en anglais Monetary Reform - Making it Happen (http://ww
w.jamesrobertson.com/book/monetaryreform.pdf), et traduction française La réforme
monétaire – Bientôt une réalité ! (http://www.societal.org/docs/bunzl-robertson.pdf).
38. Jérôme Blanc et Marie Fare, « Les monnaies sociales en tant que dispositifs innovants : une
évaluation » (https://www.cairn.info/revue-innovations-2012-2-page-67.htm)

Voir aussi

Articles connexes
L'Argent Dette
Autorité des marchés financiers (France)
Banking school
Banque centrale
Crédit
Currency school
Crypto-monnaie
Dette publique
Devise (monnaie)
Dividende universel
Doctrine des effets réels
Histoire de la monnaie
Inflation
Loi du 3 janvier 1973 sur la Banque de France
Masse monétaire
Monétarisme
Monnaie
Monnaie dette
Monnaie fiduciaire
Monnaie privée
Monnaie souveraine
Réserves obligatoires
Seigneuriage
Système de réserves fractionnaires
Théorie quantitative de la monnaie
Zone monétaire

Liens externes
Comment fonctionne la création monétaire (http://www.capital.fr/statistiques-economiques/
la-lecon-d-economie/comment-fonctionne-la-creation-monetaire-847130), Capital, 30 mai
2013
Le mécanisme de la création monétaire (http://www.ecossimo.com/102-le-mecanisme-de-l
a-creation-monetaire.html), Ecossimo
La création monétaire : comment ça marche ? (http://www.lafinancepourtous.com/Decrypta
ges/Dossiers/Creation-monetaire/La-creation-monetaire-comment-ca-marche), La finance
pour tous, avril 2014
D'où vient l'argent ? (http://www.monde-diplomatique.fr/cartes/crise-banque-argent), Le
Monde Diplomatique, octobre 2011
[1] (http://www.coppolacomment.com/2017/10/money-creation-in-post-crisis-world.html)
Money creation in a post crisis world | Frances Coppola

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