Cours
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Les sociologues ont montré le caractère social des comportements individuels. Les individus
entretiennent des relations sociales entre eux et font partie de groupes sociaux plus ou moins
vastes. Ils appartiennent à une famille, ils travaillent dans une entreprise, ils peuvent adhérer à
club sportif, à un syndicat, ils sont les membres d'une nation… Au sein de ces différents
groupes, des manières de vivre ensemble se développent, parfois communes à l’ensemble des
groupes, parfois spécifiques à certains d’entre eux. Ces règles de vie en société, appelées aussi
normes sociales, s'appuie sur un ensemble de valeurs propres aux groupes.
Les valeurs sont des idéaux collectifs plus ou moins formalisés qui orientent nos conduites
(l’égalité, la liberté, l’honnêteté, l’argent,…sont des valeurs). Elles dépendent du groupe
social d'appartenance (les valeurs promues par les religions ne sont pas les mêmes que celles
de la Mafia) et de la société globale (les valeurs collectives des sociétés traditionnelles ont
laissé la place aux valeurs individualistes des sociétés modernes).
Les normes sociales sont des modèles de comportement socialement acceptés qui découlent
du système de valeurs de la société ou des groupes sociaux et qui régissent les conduites
individuelles et collectives (le respect d'autrui implique des règles de politesse, les
interdictions du meurtre, du vol, et l'aide aux personnes en danger...).
Ces normes peuvent être :
- formelles, autrement dit formulées explicitement sous forme de lois, de règlements et
de codes officiels (droit pénal, code de la route,…) : on parlera aussi de normes
juridiques.
- informelles consistants en préceptes et conventions qui, tout en n’étant pas l’objet de
lois, sont supposés être respectés par les individus (les règles de politesse, les règles de
comportement à table...). Dans ce cas, on parlera plus volontiers de moeurs, de
coutumes.
Les règles de vie en société sont extérieures à l'individu et impérative selon Emile Durkheim.
Les individus doivent s'y conformer sous peine de sanctions de la part du groupe ou de la
société. Il faut donc s'interroger sur les moyens qu'utilisent la société et les groupes sociaux
pour rendre les individus conformes aux attentes du groupes ou de la société.
Le contrôle social désigne l’ensemble des processus par lesquels les membres d’un groupe
entraînent les acteurs sociaux à respecter et reproduire les modèles de comportements
conformes aux valeurs et aux normes en vigueur. Il s’agit donc de voir comment la société
procède pour faire respecter les règles.
Norme : désigne une règle de conduite dont la transgression est sanctionnée. Elles sont
spécifiques à un groupe social ou à une société.
Les normes informelles (normes sociales) sont des principes ou des modèles de conduite
propre à un groupe sociale ou à une société imposée de manière informelle par la coutume ou
les usages sociaux. Elles régulent les comportements par des sanctions positives ou négatives.
Les normes informelles font l’objet de sanction informelles comme la désapprobation, la
moquerie, l'exclusion du groupe, etc.
Les normes formelles (normes juridiques) sont des normes qui tendent à organiser le
fonctionnement de la société ou d'un groupe social par des règles de droit. Elles sont inscrites
dans un texte juridique (code pénal, code civil, règlement intérieur). Elles sont générales (elles
s'appliquent sur tout un territoire), impersonnelles (elle vaut pour toutes les personnes) et
obligatoires (elles sont imposées). Elles font l'objet de sanctions juridiques (formelles).
Si la socialisation des individus consiste en une intériorisation des normes sociales en vigueur
au sein d'un groupe ou d'une société, toute transgression de ces normes semble a priori faire
obstacle au lien social. Pourtant, y a-t-il véritablement lieu d'opposer normes et déviance ?
Le contrôle social désigne l’ensemble des processus par lesquels les membres d’un groupe
entraînent les acteurs sociaux à respecter et reproduire les modèles de comportements
conformes aux valeurs et aux normes en vigueur.
Au sens large le contrôle social consiste à édicter des normes sociales et juridiques fondées
sur un ensemble de valeurs et à les faire respecter afin d’obtenir une certaine conformité
sociale ce qui doit permettre d’obtenir également une certaine cohésion sociale
Au sens restreint, il comprend les mesures destinées à faire respecter les règles et à
sanctionner la déviance.
Le contrôle social est lié à l’existence de normes et à leur intériorisation par les membres du
groupe social (donc au processus de socialisation).
Rappel : Normes: règles de conduite qui guident les comportements de chacun. Les normes
sont liées à des principes moraux: les valeurs. On peut distinguer les normes sociales (ou
informelles) et les normes juridiques (ou formelles).
La socialisation est un de ces moyens. Elle correspond au processus par lequel un individu
apprend et intériorise, tout au long de sa vie, les normes et les valeurs en vigueur dans la
société. Si l’individu est bien régulé, il a intériorisé les normes et les valeurs de sa société. Il
va adopter un comportement conforme par un simple contrôle social interne : La marche à
pied, le fait de se tenir assis en cours, s'habiller,..résultent de ce processus d'apprentissage.
Les sanctions sont une autre façon d’obtenir que l’individu se conforme aux normes sociales.
Il existe des sanctions négatives ( punitions…) ou positives ( compliments…) que s’attire un
individu selon qu’il transgresse les normes ou qu’il s’y conforme
On distingue :
Les sociologues ont mis en avant plusieurs grandes évolutions dans les sociétés occidentales
développées :
II La deviance
Dans Outsiders, le sociologue américain Howard Saul Becker construit une théorie
interactionniste de la déviance, en réaction à la tradition fonctionnaliste de Merton qui définit
la déviance comme la transgression d’une norme définie d’un commun accord. Il refuse, en
particulier, du fonctionnalisme l'idée que la déviance soit le produit de facteurs sociaux pesant
sur les individus. L'acte déviant est pour lui le résultat d'un double processus qui se construit
dans l’interaction entre les individus.
Premièrement, l'acte doit être défini comme déviant par la société. Il faut donc se poser la
question de savoir qui a produit la norme. Becker s'intéresse ainsi à ce qu'il nomme les
entrepreneurs de morale, c’est-à-dire aux acteurs qui se mobilisent pour qu'une activité
donnée soit catégorisée socialement comme déviante.
Ainsi Edwin Sutherland s'interrogeait déjà sur le traitement modéré réservé à la délinquance
en col blanc : des « actes commis par des individus de statut social élevé en rapport avec leurs
activités économiques et professionnels », qui sont bien des actes délinquants mais qu'« on
traite comme si ce n'était pas le cas avec pour effet et peut-être pour but d'éliminer tous les
stigmates faisant référence au crime ».
Ainsi, en France, les milieux d'affaire ont réussi a faire passer des lois faisant disparaître un
certain nombre de délits financiers.
Aujourd'hui, les condamnations en rapport avec la législation économique et financière
représentent moins de 1 % de la délinquance sanctionnée par les tribunaux ce qui explique la
faiblesse de la "délinquance en col blanc".
Par ailleurs, un certain nombre d'enquêtes ont montré qu’un individu aisé, commettant un acte
délinquant, échappait beaucoup plus facilement aux poursuites qu’une personne de milieu
populaire. La surreprésentation des milieux populaires dans les statistiques criminelles
officielles est donc partiellement un artefact produit par les modes d'enregistrement statistique
de la criminalité.
Un déviant n’est donc pas celui qui transgresse une norme, mais celui auquel cette étiquette
est appliquée avec succès. Ceci explique que les groupes sociaux soient inégalement
représentés dans les statistiques de la délinquance: certains ont réussi à rendre légitime leurs
normes sociales alors que d’autres ne parviennent pas à masquer leurs transgressions des
normes dominantes.
III La delinquance
D'un point de vue juridique, la délinquance englobe : Les crimes jugés en cours d'assise
(assassinat, viol, vol avec violence...peine + de 10 ans) - Les délits (tribunaux correctionnels)
concernent des faits moins graves (recel, vol, rixe..peine - de 10 ans). - Les contraventions (
tribunaux de police ou des juridictions de proximité) concernent les faits les moins graves
(injures, menaces, non respect du code de la route...) - Les incivilités sont des actes qui
dérangent la vie quotidienne. Certaines sont sanctionnées par la loi et d’autres non (tapage
nocturne, non respect du passage piéton…) (la sonnerie du portable au cinéma…). Ces
incivilités peuvent être plus dérangeantes qu’un crime car elles dégradent les conditions de vie
de tous et créent un sentiment d’insécurité imaginaire ou réel
L’observation des statistiques policieres depuis les années 2000 montre que :
-Les deux-tiers des actes délinquants sont des vols et leur part a quasiment doublé au cours
des trente glorieuses. Dans le détail, le type de vol le plus important numériquement demeure
le vol de voiture et de deux roues. Toutefois on constate que les vols ont baissé depuis. La
généralisation de systèmes anti-vols performants contribue à cette évolution à la baisse depuis
les années 2000. En revanche, les vols simples et les vols avec violence commis sur des
particuliers, le plus souvent sur la voie publique ne diminuent pas ce qui contribue au
sentiment de la montée de la délinquance.
- Le nombre d'atteintes aux personnes a été multiplié par 5,6 depuis 1950 et représente de nos
jours plus de 13% des crimes et délits ce qui pourrait faire croire à une société de plus en plus
violente et ce qui accroît le sentiment d'insécurité.
- La délinquance financière appelée aussi la "délinquance en col blanc" (fraude au fisc, abus
de confiance, abus de biens sociaux, travail au noir...) après avoir fortement augmenté au
cours des années 1960, a vu sa part diminuer depuis. Elle représente de nos jours 10% des
crimes et des délits.
Toutefois s’interroger sur une évolution de la « délinquance » n’a pas beaucoup de sens car
cet ensemble regroupe artificiellement des catégories d’infraction dont la nature, les auteurs,
les victimes et les circonstances sont très différents
On note des difficultés du chiffrage de la délinquance
-Les sources statistiques sur la délinquance proviennent de différentes sources.
*Les sources policières : diffusées annuellement depuis 1972, ces statistiques sont publiées
mensuellement depuis 2002 par le Ministère de l’Intérieur et, depuis 2004, par l’Observatoire
National de la Délinquance.
Elles fournissent quatre types d'information :- Les « faits constatés » - Les « faits élucidés » -
Les « personnes mises en cause » - Les indicateurs répressifs (gardes à vue)
*Les sources judiciaires : Elles se composent : - Des statistiques des personnes mises en
causes qui sont poursuivies. - Des statistiques des personnes condamnées.
* Mélanger plus d’une centaine de genres d’infraction différents (du meurtre au défaut de
permis de pêche, du non-paiement de pension alimentaire à l’escroquerie à la carte bancaire),
très diversement connus et enregistrés, appeler l’ensemble « La délinquance » et dire qu’il a
augmenté ou baissé tel ou tel mois ou année est en réalité un raisonnement dénué de sens.
*Les chiffres dépendent de l'intensité du contrôle policier. Une recherche plus active de
clandestins augmente le nombre de prises. L'abandon des recherches des petits vols diminue
l'importance du phénomène (ils ne sont consignés que dans la « main courante »). Une
présence policière dissuade les délinquants (l'influence du plan Vigipirate). Une moins bonne
implantation de la police dans une région peut paradoxalement faire baisser les chiffres en
décourageant les individus à porter plainte. À l'inverse, à nombre égal de délits et à efficacité
égale des services de police, ces chiffres augmenteraient si on augmente les effectifs de police
sur le terrain. Le pourcentage global d’élucidation de l’ensemble des faits constatés est
donc un chiffre qui n’a pas de sens. Il peut être baissé ou augmenté artificiellement, selon que
les policiers et les gendarmes ont traité plus ou moins tel ou tel contentieux dans la période
concernée.
*Les personnes mises en cause ne sont pas toutes des délinquants. D’abord il ne s’agit que
des personnes suspectées dans la petite partie des faits constatés qui ont été élucidés, et que
cette élucidation est de surcroît très variable selon les genres d’infractions. Pour ces deux
raisons, rien ne permet de penser que les personnes « mises en cause » sont représentatives de
la population délinquante. Ensuite que les personnes suspectées par la police ne seront pas
forcément reconnues coupables par la justice. Une partie des classements sans suite opérés par
les magistrats du parquet correspond en effet à des affaires dans lesquelles les policiers n’ont
pas respecté les procédures ou bien n’ont pas apporté de preuves suffisantes.
*Enfin, ces statistiques ne sont que le reflet d'un certain ordre social à un moment
donné. Un simple changement de la norme ou de la loi modifie profondément les statistiques
de la délinquance.
Chiffre inconnu car on n’est jamais vraiment sur de qui n’a pas porté plainte par exemple.
Les enquêtes de victimation sont des enquêtes menées auprès d’un échantillon représentatif de
la population. L’enquête consiste à recueillir les déclarations des personnes interrogées sur les
actes délinquants dont elles ont été victimes.
Les données des enquêtes de victimation diffèrent des statistiques policières et judiciaires car
certaines victimes ne portent pas plainte mais vont déclarer lors de l’enquête de victimation
avoir été victime d’agressions et certains actes délinquants n’ont pas de victimes (leurs prises
en compte dépendent donc des activités de police)
Les enquêtes de victimation ne permettent pas d’évaluer le chiffre noir des actes de
délinquance car elles comportent des limites. Ces enquêtes offrent un nouvel éclairage sur la
délinquance. Elles sont complémentaires aux statistiques policières et judiciaires, c’est-à-dire
qu’elles permettent de mieux analyser les actes de délinquance et leur évolution.