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04 - Erreur Médicamenteuse

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L’erreur médicamenteuse :

faisons le point !
Journée thématique Pharmaco et Matériovigilance –
jeudi 3 octobre 2019
Contexte
• OMS 2017 : « Défi mondial pour la sécurité des
patients » visant à réduire de 50 % les événements
graves évitables des erreurs de médication dans le
monde au cours des 5 prochaines années. 3 aspects :
– Situations présentant un risque élevé
– Polymédication
– Transition des soins
• Différentes études ENEIS
• Rapport HAS (oct 2018) : 28 EM sur 288 EIGS
– Biais de déclaration
– Principalement des erreurs d’administration (20/28)
– Mise en jeu du pronostic vital pour 23/28 EM soit >80%

2
Qu’est ce qu’une erreur https://www.ansm.sante.fr/D
eclarer-un-effet-

médicamenteuse?
indesirable/Erreurs-
medicamenteuses/Signaler-
une-erreur-
medicamenteuse/(offset)/1

• « L'erreur médicamenteuse est l'omission ou la


réalisation d'un acte non intentionnel impliquant
un médicament durant le processus de soins.
Elle peut être à l'origine d'un risque ou d'un
événement indésirable pour le patient »
(ANSM 2019)

• Caractéristique principale : elle est ÉVITABLE

3
Quelles sont les sources d’une EM ?
• Mauvaise conception du médicament et de
l’information qui lui est relative (confusion de
dénomination, conditionnement inadapté,
problème d’étiquetage ou de notice
d’information, etc.),
• Organisation systémique du processus de prise
en charge thérapeutique du patient (organisation
du circuit du médicament, facteurs humains,
facteurs environnementaux, pratiques
professionnelles, etc.)

4
Comment les détecter?

• Recueil des EI en interne : logiciel, FEI…


• RMM, CREX …
• Vigilances PV, MV, HV
• …

 Ouvrir les tiroirs, Communiquer !!

5
Comment la caractériser?
1. Produit de santé impliqué
2. Qualification de l’EM (niveau de réalisation)
3. Etape de survenue
4. Nature de l’EM
5. Cause de l’EM
6. Gravité de l’erreur médicamenteuse

Dictionnaire de l’erreur médicamenteuse SPFC 2006

6
1. Produit de santé impliqué?
• Médicament(s) : nom de spécialité, DCI,
dosage, forme galénique, volume,
concentration
• Traitement du patient
• Protocole ou stratégie thérapeutique
• Dispositif médical associé
• Autre produit de santé

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2. Qualification de l’EM
• Erreur avérée : le patient a reçu un médicament
erroné, une dose incorrecte, via une mauvaise
voie, ou selon un mauvais schéma thérapeutique
• Erreur potentielle : une erreur s’est produite
mais elle est interceptée avant l’administration du
produit au patient
• Risque d’erreur : circonstance ou événement
susceptibles de provoquer une erreur,
identification d’un danger potentiel pour le
patient
8
Sur le portail de signalement des EI
https://signalement.social-sante.gouv.fr/

9
3. Etape de survenue de l’erreur initiale
• Prescription
• Dispensation comprend l’analyse pharmaceutique de l’ordonnance si elle existe, la
préparation éventuelle des doses à administrer, la mise à disposition d’informations et
conseils nécessaires au bon usage du médicament, la délivrance en elle-même

• Préparation : étape de la préparation extemporanée d’un médicament à


administrer, assurée par:
– le patient lui-même,
– un membre de son entourage
– un professionnel de santé

• Administration : survient au moment de l’administration du médicament à


un patient, quel qu’en soit l’auteur y compris le patient lui-même, appréciée par
toute déviation par rapport à la prescription, ou par rapport aux termes de l’AMM
• Suivi thérapeutique : survient après (à la suite ou à distance de l’étape
d’administration) la mise en œuvre d’un traitement médicamenteux et concernant
tout acte de soin relatif à la surveillance du médicament.
• Logistique des produits de santé

10
4. Nature de l’erreur (1/2)
• Erreur de médicament : liée au choix d’un médicament , quelle que soit l’étape du
circuit.
– erreur de substance active ou de spécialité.
– erreur de choix du médicament vis-à-vis de l’indication, des contre-indications,
d’allergies connues, d’interactions avec la thérapeutique existante ou d’autres facteurs
• Erreur de dose : liée au choix d’un dosage ou d’une concentration erronée du
médicament souhaité
• Erreur de posologie ou de concentration : liée au choix du bon médicament au
bon dosage mais à un rythme d’administration ou à une quantité de substance active
sélectionnée erronée
• Erreur de voie d’administration : liée au choix d’une autre voie d’administration que
celle recommandée dans le RCP
• Erreur de débit d’administration : liée à la vitesse d’administration notamment lors
de l’utilisation de pompe à perfusion ou de seringue électrique
• Erreur de technique d’administration : liée à une méthode, un moyen ou un
procédé erroné/inapproprié lors de la manipulation/utilisation d’un médicament

11
4. Nature de l’erreur (2/2)
• Erreur de patient : confusion d’identité d’un patient
• Erreur de moment d’administration : écart par rapport à l’heure ou l’instant de
l’administration du médicament souhaité prévu dans le RCP
• Erreur de durée d’administration : écart par rapport à la période de traitement
prévue dans le RPC
• Erreur d’omission : absence, oubli d’un médicament ou d’un examen qui aurait dû être
prévu, planifié, donné ou pris
• Erreur de forme galénique : choix d’une forme pharmaceutique erronée/ inadaptée
• Médicament périmé, détérioré ou mal conservé : emploi d’un médicament au-
delà de sa date d’utilisation, d’un médicament altéré ou ayant été conservé dans des
conditions non prévues par le RCP
• Erreur de suivi thérapeutique et clinique : inclus les interactions
médicamenteuses, une allergie déjà connue, une contre-indication, une indication non
reconnue, état clinique (tension artérielle, INR, glycémie…), une redondance thérapeutique,
un problème thérapeutique ignoré…

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5. Causes de l’erreur (1/2)
Diagnostiquer les causes et les facteurs contributifs à la survenue de
l'EM d’après LA REMED (LA REVUE DES ERREURS LIÉES AUX
MÉDICAMENTS ET DISPOSITIFS ASSOCIÉS Version 2.0 - SFPC 2014) :
250 causes classées en 8 domaines
• Facteurs liés aux produits de santé (Pds) : médicament
ou DM (propriétés, aspects, gamme, conditionnement, étiquetage et
dénominations, information, conditions d'emploi…)
• Au patient : pathologies, comorbidités, environnement social et
familial, comportement, communication, aptitude aux soins…
• Au professionnel de santé : qualification, compétences,
aptitudes techniques, Etat physique ou psychologique, capacités
relationnelles, motivation, adaptations
• Aux pratiques et procédures opérationnelles: pratiques
générales, protocoles ou procédures, pratiques logistiques des Pds,
pratiques liées à la prescription, à la dispensation, à l'administration /
implantation, au suivi clinique, pratiques liées aux transitions, à
l’éducation thérapeutique
13
5. Causes de l’erreur (2/2)
• A l’équipe : communication, dynamique et interactions,
encadrement et supervision
• A l’environnement de travail : charge et conditions de
travail, locaux et mobiliers, fournitures et équipements,
informatique, hygiène et maintenance
• A l’organisation et management : attribution des
responsabilités, gestion des compétences et des effectifs,
formation continue et apprentissage, planifications des
taches, organisation de proximité, culture Qualité
Risques Sécurité
• Au contexte institutionnel : contexte réglementaire et
économique, gestion du personnel, politique de sécurité
des liens, liens avec d’autres structures

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6. Gravité de l’erreur médicamenteuse

L’échelle de gravité pour le patient comporte 5 niveaux


qui vont aider à l’analyse de l’erreur :
• mineure : sans conséquence clinique
• significative : surveillance indispensable mais sans
conséquence clinique
• majeure : conséquences cliniques temporaires
• critique : conséquences cliniques permanentes
• catastrophique : mise en jeu du pronostic vital ou
décès

15
Pourquoi déclarer les EM ?
• L’analyse a posteriori de l’erreur ou d’un risque d’EM
permet de :
– la caractériser et de qualifier sa nature, son type, la gravité de ses
conséquences cliniques pour le patient, l’étape de réalisation dans la
chaîne de soins.
– conduire à la modification des pratiques et à la mise en place d’actions
correctives (information des professionnels de santé, du grand public,
modification des conditions d’utilisation, retrait du médicament sur le
marché…)
• Mise en place de barrières de sécurité pour prévenir,
intercepter, rattraper les erreurs médicamenteuses et
leurs conséquences

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Où déclarer?

Sur le portail national de


signalement des événements
sanitaires indésirables

https://signalement-sante.gouv.fr

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CIRCUIT DE SIGNALEMENT DES ERREURS MEDICAMENTEUSES (EM)
PAR UN PROFESSIONNEL DE SANTE
Erreur médicamenteuse avérée Risque d’EM
EM potentielle
AVEC effet indésirable SANS effet
indésirable
Grave Non grave
Décès, Mise en jeu du pronostic vital,
Probable déficit fonctionnel permanent

Portail de signalement :
Appel ARS « Erreur médicamenteuse sans effet »
+
Portail de signalement :
« Evénements indésirables
graves associés aux soins »

+
Portail de signalement : Portail de signalement :
« Pharmacovigilance » « Pharmacovigilance »

Structure
destinataire de ARS Centre Régional de Pharmacovigilance (CRPV) ANSM
la déclaration
Portail national de signalement : https://signalement-sante.gouv.fr
Toutes les EM déclarées sont prises en compte

Parmi celles-ci, on retrouve des erreurs


marquantes

De quoi s’agit-il ?

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Les erreurs marquantes
• EM identifiées par les CRPV transmises
rapidement à l’ANSM
• EM isolées ou groupe d’EM (cluster)
• EM ayant une « racine produit »
= Médicament identifié comme facteur
contributif
• Détection d’un signal avéré ou potentiel

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Les erreurs marquantes
• Dérivées des « cas marquants »
• Cas marquant = Un ou plusieurs cas d'effets
indésirables [médicamenteux] pouvant constituer
un signal potentiel et porté(s) à la connaissance
de l’ANSM (BPPV février 2018).
• Arbre décisionnel de dépistage d’une erreur
marquante
– Testé par les CRPV et l’ANSM
– Mis en place depuis la disparition du guichet des
erreurs médicamenteuses

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Sélection « erreurs marquantes »
Erreur médicamenteuse
enregistrée dans la BNPV

Médicament Cause humaine


identifié comme Mésusage Never Event « pure » (erreur
facteur contributif de patient)

A entrainé ou A entrainé ou
aurait pu aurait pu
entraîner un effet entraîner un effet
grave non grave

Conséquences Conséquences
potentielles avérées

22
ET MAINTENANT…
LE QUIZ !

23
Incroyable…
• Femme de 34 ans ayant présenté des vertiges, une
sensation de malaise, des acouphènes et des douleurs
(pli des coudes et genoux) suite à l'administration
pendant 3-4 jours d'une posologie de TAVANIC
(lévofloxacine) 3 fois supérieure à celle prescrite, sur
une indication erronée de son pharmacien d'officine.

Type avérée /potentielle


Nature patient / médicament / dose / posologie
Étape prescription / dispensation / administration
Cause communication / étiquetage / humaine

24
Incroyable…
• Femme de 34 ans ayant présenté des vertiges, une
sensation de malaise, des acouphènes et des douleurs
(pli des coudes et genoux) suite à l'administration
pendant 3-4 jours d'une posologie de TAVANIC
(lévofloxacine) 3 fois supérieure à celle prescrite, sur
une indication erronée de son pharmacien d'officine.

Type avérée /potentielle


Nature patient / médicament / dose / posologie
Étape prescription / dispensation / administration
Cause communication / étiquetage / humaine

25
EM grave…
• Femme de 70 ans, traitée par XARELTO (rivaroxaban)
au long cours pour des phlébites à répétition, qui
présente, un choc hémorragique quelques heures
après la réalisation d'une biopsie ostéomédullaire en
crête iliaque dans le cadre d'un bilan de
pancytopénie.
• XARELTO n'avait pas été arrêté avant l'examen.
Type avérée /potentielle
Nature patient / médicament / suivi / posologie
Étape prescription / administration / suivi
Cause communication / étiquetage / humaine
26
EM grave…
• Femme de 70 ans, traitée par XARELTO (rivaroxaban) au
long cours pour des phlébites à répétition, qui présente, un
choc hémorragique quelques heures après la réalisation
d'une biopsie ostéomédullaire en crête iliaque dans le
cadre d'un bilan de pancytopénie.
• XARELTO n'avait pas été arrêté avant l'examen.

Type avérée /potentielle


Nature patient / médicament / suivi / posologie
Étape prescription / administration / suivi ??
Cause communication / étiquetage / humaine
Déclaration: CRPV, ARS (évolution défavorable), CREX/RMM

27
EM = never event
• Homme de 80 ans, initialement pris en charge pour un syndrome
infectieux avec hypotension et désaturation à 74 %. Traitement par
oxygénothérapie.
• Environ 15 minutes après administration de MEOPA par erreur due
à une confusion avec un obus d'oxygène, survenue d’une
somnolence avec persistance de détresse respiratoire.
• Evolution favorable après retrait du MEOPA et remise en place de
l'oxygénothérapie.

Type avérée /potentielle


Nature patient / médicament / suivi / posologie
Étape prescription / administration / suivi
Cause communication / étiquetage / humaine

• Conduite à tenir ?

28
EM = never event
• Homme de 80 ans, initialement pris en charge pour un syndrome
infectieux avec hypotension et désaturation à 74 %. Traitement par
oxygénothérapie.
• Environ 15 minutes après administration de MEOPA par erreur due à une
confusion avec un obus d'oxygène, survenue d’une somnolence avec
persistance de détresse respiratoire.
• Evolution favorable après retrait du MEOPA et remise en place de
l'oxygénothérapie.

 Type avérée /potentielle


 Nature patient / médicament / suivi / posologie
 Étape prescription / administration / suivi
 Cause communication / étiquetage / humaine ???
• https://www.youtube.com/watch?v=FdjSH9jnym4&app=desktop
• CAT :
– Analyse des causes profondes
– Information spécifique

29
Une interaction
• Appel d’un patient de 34 ans, ancien toxicomane traité par méthadone qui vient
de se voir prescrire du nalméfène (SELINCRO®) pour sevrage alcoolique.
• La consultation de la notice lui indique :
«Ne prenez jamais SELINCRO :
– si vous si vous prenez des médicaments contenant des opioïdes, comme par exemple la
méthadone ou la buprénorphine ou certains antidouleurs (tels que la morphine,
l’oxycodone ou d’autres opioïdes)
– si vous êtes dépendant(e) ou avez récemment été dépendant aux opioïdes. Il se peut
que vous présentiez des symptômes aigus de sevrage aux opioïdes (tels que nausées,
vomissements, tremblements, transpiration et anxiété) »
• Le médecin n’a pas pris connaissance du passé du patient et du traitement de
substitution en cours.
• Le patient n’en avait pas parlé.

 Type avérée /potentielle


 Nature patient / médicament / suivi thérapeutique
 Étape prescription / administration / suivi
 Cause communication / dénomination / humaine

30
Une interaction
• Appel d’un patient de 34 ans, ancien toxicomane traité par méthadone qui vient
de se voir prescrire du nalméfène (SELINCRO®) pour sevrage alcoolique.
• La consultation de la notice lui indique :
«Ne prenez jamais SELINCRO :
– si vous si vous prenez des médicaments contenant des opioïdes, comme par exemple la
méthadone ou la buprénorphine ou certains antidouleurs (tels que la morphine,
l’oxycodone ou d’autres opioïdes)
– si vous êtes dépendant(e) ou avez récemment été dépendant aux opioïdes. Il se peut
que vous présentiez des symptômes aigus de sevrage aux opioïdes (tels que nausées,
vomissements, tremblements, transpiration et anxiété) »
• Le médecin n’a pas pris connaissance du passé du patient et du traitement de
substitution en cours.
• Le patient n’en avait pas parlé.
 Type avérée /potentielle
 Nature patient / médicament / suivi thérapeutique
 Étape prescription / administration / suivi
 Cause communication / dénomination / humaine

31
La dernière…
• Arrêt cardio-respiratoire chez une patiente de 39 ans ayant
reçu par erreur 2 ampoules de 8 mg de noradrénaline
MYLAN au lieu des 2 ampoules de SPASFON prescrites.
Evolution favorable après prise massage cardiaque, CEE.
• Ampoules de Noradrénaline rangées très près des
ampoules de SPASFON.
• Fin de journée, service en sous-effectif.
Type avérée /potentielle
Nature patient / médicament / suivi / posologie
Étape prescription / administration / suivi
Cause conditionnement / étiquetage / humaine

32
La dernière…
• Arrêt cardio-respiratoire chez une patiente de 39 ans ayant
reçu par erreur 2 ampoules de 8 mg de noradrénaline
MYLAN au lieu des 2 ampoules de SPASFON prescrites.
Evolution favorable après prise massage cardiaque, CEE.
• Ampoules de Noradrénaline rangées très près des
ampoules de SPASFON

Type avérée /potentielle


Nature patient / médicament / suivi / posologie
Étape prescription / administration / suivi
Cause dénomination / étiquetage / humaine

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Supports de communication
Vidéos, affiches et flyer pour favoriser les déclarations
• ANSM déc 2018 : film et flyer
• CH Lunéville : https://www.youtube.com/watch?v=vYECxe0S_XY
• Documents, flyer, films réalisés par les établissements de santé pour la SSP

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