968-Texte de L'article-3045-1-10-20230114
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968-Texte de L'article-3045-1-10-20230114
Emile AIFA,
Enseignant-Chercheur,
Maître Assistant à l’Université de Parakou- Bénin
Centre de Recherche en Entrepreneuriat, Croissance et Innovation (CRECI),
Author(s) agree that this article remain permanently open access under the terms of the Creative Commons
Attribution License 4.0 International License
Résumé
De par leurs rôles et importance dans la stratégie de réduction de la pauvreté, les Institutions de
MicroFinance (IMF) représentent, dans les pays en développement, - qui concentrent
majoritairement en leur sein les plus démunis - un instrument dont la pérennité est
indispensable. En effet, du remboursement des crédits qu’elles offrent, dépend essentiellement
leur survie, C’est cette problématique qu’a tenté d’aborder cette recherche ayant pour périmètre
d’expérimentation la Caisse Locale de Crédit Agricole Mutuel (CLCAM) Bohicon exposé à un
taux relativement élevé d’impayés. L’objectif recherché étant de comprendre si le niveau élevé
de ces impayés dépend essentiellement de l’ancienneté des bénéficiaires de crédits (sociétaires),
pour y arriver, l’approche méthodologique utilisée a consisté à s’appuyer sur le modèle logit.
A l’issue des travaux, les résultats obtenus indiquent que les impayés sont liés non seulement à
l’ancienneté du sociétaire du fait de l’asymétrie d’information, mais aussi aux variables tels que
l’exercice d’autres activités génératrices de revenu, le défaut de la tenue d’une comptabilité
régulière, le défaut de statut de gestionnaire de l’exploitation, objet du crédit.
Mots clés : Ancienneté ; Asymétrie d’information ; Crédit ; Impayé ; Microfinance.
Abstract :
Because of their roles and importance in the poverty reduction strategy, Microfinance
Institutions (MFIs) represent, in developing countries, - which mainly concentrate among them
the poorest - an instrument whose sustainability is essential. Indeed, the repayment of the credits
they offer essentially depends on their survival. It is this problem that this research attempted
to address, having as its experimental scope the Caisse Locale de Crédit Agricole Mutuel
(CLCAM) Bohicon exposed to a relatively high default rate. The objective sought being to
understand whether the high level of these unpaid debts depends essentially on the seniority of
the beneficiaries of credits (members), to achieve this, the methodological approach used
consisted in relying on the logit model. At the end of the work, the results obtained indicate that
unpaid debts are linked not only to the seniority of the member due to the asymmetry of
information, but also to variables such as the exercise of other income-generating activities. ,
the failure to keep regular accounts, the lack of the status of farm manager, object of the credit.
Key words : Seniority ; Asymmetry of information ; Credit ; Default ; Microfinance.
Introduction
Le rôle que jouent de nos jours les IMF (Institution de MicroFinance) dans le processus de
croissance, de développement économique des nations et de lutte contre les exclusions et la
pauvreté n’est plus à démontrer (Azocly (2007), Yunus (2009), (Acclassato, 2010), (Dahoun et
al., 2013)). En dépit de ces rôles, leur importance et leur capacité à fournir des services
financiers aux populations exclues des systèmes bancaires classiques, elles sont à une phase
critique de leur évolution (Nzongang et al. (2000), Ndour (2011), Essomba et al. (2013), Olibé
(2015)). Le challenge auquel elles font face aujourd’hui reste l’institutionnalisation et surtout
la pérennité à fournir les services (microcrédit, microépargne, etc.) dont elles sont investies. En
effet, la pérennité d’une entreprise désigne sa survie et sa durabilité dans l’exercice de ses
activités (Bekele et Workul, (2008) ; Mignon, (2009) ; Djoutsa Wamba et Hikkerova, (2014)).
Dès lors, une structure est pérenne lorsqu’elle vit longtemps et que son activité est continue et
dure dans le temps. Sa pérennité dépend alors de sa capacité à dégager le maximum d’output
avec le package d’inputs à sa disposition, donc de son efficacité technique. Au nombre des
outputs d’une IMF, le crédit reste le produit principal. Or, une IMF ne peut octroyer le crédit
de façon durable que si son portefeuille de crédit est en parfait état. C’est dire toute
l’importance et tout l’attachement que ces structures devraient porter à la gestion du portefeuille
de crédit et le risque auquel il est exposé.
Le risque dans les opérations de crédit s’explique par le fait que les remboursements des crédits
sont rarement assurés intégralement, les débiteurs pouvant être défaillants, surtout lorsqu’ils
acquièrent une certaine ancienneté dans le processus. C’est pourquoi un fort taux d’impayé
infecte non seulement la viabilité des IMF mais aussi met en cause leur pérennité. Dans ce
contexte, il est évident que la survie d’une institution financière de même que la sécurité des
épargnants dépendent en partie des techniques de gestion d’impayés. La CLCAM (Caisse
Locale de Crédit Agricole Mutuel) Bohicon, en tant qu’IMF, ne pourrait faire exception à ce
principe fondamental de management.
En effet, la CLCAM (Caisse Locale de Crédit Agricole Mutuel) qui est une IMF du réseau
FECECAM (Faîtière des Caisses d’Epargne et de Crédit Agricole Mutuel), « destinée à offrir
des services financiers aux femmes, aux hommes, à des groupements et des artisans, du monde
rural, ainsi que les autres individus à faibles revenus et à ceux du secteur informel des zones
urbaines et périurbaines », occupe une position stratégique de par l’importance de son encours
de crédit (premier au classement 2020), dans la plus grande ville du Département du Zou au
Bénin qu’est Bohicon. Cependant, malgré cette importance relative, cette structure a enregistrée
des taux d’impayés de 29,83% en 2018, de 40,54% en 2019 et de 43,27% en 2020. Dans cette
comptabilité, les impayés ont rapidement évolué de façon grandissante et ont dans leur majorité
concerné les sociétaires anciens, c’est-à-dire ceux qui ont bénéficié par le passé de plus de deux
crédits déjà. Cette croissance des impayés dans cette structure est devenue du coup une situation
préoccupante, surtout que la tendance risque de perdurer si rien n’est fait. Elle peut mettre en
cause non seulement la crédibilité de l’institution, mais peut à terme compromettre son
existence.
En effet, plusieurs études ayant traité de la problématique de la pérennité des IMF (Honlonkou
et al., 2001 ; Ahouangbo, 2006 ; Azokly, 2010) ont identifié plusieurs facteurs, très
déterminants des difficultés de remboursement des crédits par les bénéficiaires. Il s’agit
notamment des facteurs que sont : le défaut de suivi des crédits mis en place, le non-respect des
procédures, la complicité des responsables, les catastrophes naturelles, le défaut de garanties
valables, etc. Cependant, pour ce qui est de la CLCAM de Bohicon, cette préoccupation devrait
être nuancée, étant donné les dispositions d’ordre réglementaire, pratique et procédural qu’on
y observe. A la CLCAM Bohicon, le suivi est régulier, les demandes de crédit font l’objet
d’études minutieuses de faisabilité et les crédits sont octroyés dans un délai raisonnable.
Seulement, quand on se rend compte que dans le registre des impayés, plus de 60% concerne
les anciens sociétaires, on est en droit de se demander si ce statut privilégié (d’ancien sociétaire)
ne favorise-t-il pas le défaut de remboursement à bon escient des crédits, sous le couvert d’une
asymétrie d’information. C’est pour répondre à cette problématique que nous réfléchissons sur
ce thème : «Ancienneté, asymétrie d’information et impayés dans une institution de micro
finance : cas des crédits agricoles à la CLCAM Bohicon ».
L’intérêt de la présente recherche est de servir non seulement de support à la stratégie d’octroi
de crédit à la FECECAM, mais aussi de soubassement pour la prise de décision dans le cadre
du rayonnement du réseau au plan national. En effet, cerner les facteurs qui déterminent
actuellement les impayés dans les localités à grand potentiel économique comme Bohicon, peut
aider à la mise en place de crédits visant à garantir la stabilité et la durabilité des CLCAM.
Ceci étant, cette réflexion s’ouvre d’abord sur le cadre contextuel ainsi que les observations du
terrain. Elle aborde ensuite le cadre théorique et fait objet de définitions conceptuelles et de
revue de littérature. Elle se penche enfin sur le cadre empirique qui fait la présentation et
l’analyse des résultats, en même temps qu’il suggère des implications de politiques
économiques.
1. Cadre contextuel
Avant d’aborder l’analyse proprement dite des impayés dans la CLCAM Bohicon, centre
d’intérêt de la présente recherche, il est important de faire un aperçu sur l’historique des
CLCAM et la procédure de mise en place de crédit.
1.1. Historique des Caisses Locales de Crédit Agricole Mutuel (CLCAM)
Les CLCAM, ayant pour sommet faîtière la FECECAM (Fédération des Caisses d’Epargne et
de Crédit Agricole Mutuel), sont nées des cendres de la Caisse Nationale de Crédit Agricole
(CNCA), qui en est un ancêtre lointain. En effet, jusqu’en 1975, le financement des activités
économiques étaient assurés par les banques, les caisses nationales d’épargne (CNE), le centre
des chèques postaux (CCP) et la caisse nationale de crédit agricole (CNCA). Cette dernière qui
était une société bancaire d’économie mixte créée par l’ordonnance no 75-59 du 22 aout 1975,
modifiées successivement par les ordonnances no 76-31 du 11 juin 1976 et no 77-37 du 26
septembre 1977 est devenue aujourd’hui le réseau FECECAM. La FECECAM a connu des
débuts liés au contexte rural puisqu’elle est le prolongement des caisses régionales et locales de
crédit agricole mutuel (CRCAM et CLCAM), coopératives d’épargne et de crédit régies par
décrets no 77-37 du 25 février 1977, contrôlées aussi bien par des organisations paysannes et
des paysans individuels que par l’ex CNCA. Le réseau n’ayant pas connu une réelle gestion
coopérative, bref, une gestion performante, les caisses n’étaient pas perçues comme de
véritables entreprises susceptibles de fournir des services et de générer des produits en vue
d’atteindre leur autosuffisance opérationnelle. La CNCA a été liquidée en décembre 1987
comme toutes les autres banques nationales, suite à une crise de liquidité bancaire générale.
Cette situation a amené plusieurs bailleurs de fonds a décidé d’investir dès 1990 sur un projet
de réhabilitation de ces institutions. Le collège des présidents CRCAM demandent alors la
création d’une fédération. Celle-ci sera constituée en 1993 donnant naissance à la FECECAM.
Prenant conscience des expériences douloureuses du passé, le réseau FECECAM adopta une
politique de proximité à travers une large implantation dans le pays. Tout au long de son histoire
jusqu’à tout récemment, la FECECAM semble avoir été marquée par des épisodes de croissance
intense, mais aussi par des fluctuations importantes au niveau des problèmes de gouvernance.
En effet le réseau couvre l’ensemble du territoire national et compte au 31 décembre 2019, 33
caisses locales, 31 agences, 76 guichets ; soit au total 140 points de service. Sa mission est
d’offrir aux populations rurales et urbaines des services financiers et non financiers
décentralisés afin d’améliorer leur condition de vie tout en assurant la pérennité du réseau.
Devenue de nos jours, Faîtière du fait de certaines restructurations, ce réseau de coopérative
d’épargne et de crédit est structuré à deux niveaux. Au premier palier on trouve les caisses
locales de crédit agricole mutuel (CLCAM) qui sont des caisses d’épargne et de crédit dans les
arrondissements et les communes, avec des points de services. Le deuxième palier est la faitière
qui assure la coordination du réseau et sa représentation au niveau national, avec les huit (08)
délégations techniques régionales au niveau des départements. La CLACM Bohicon, une
composante de cette entité ainsi structurée, est une coopérative d’épargne et de crédit ; un
système financier décentralisé à caractère corporatif régie par la loi 2012-14 du 21 mars 2012
portant règlementation des SFD créée le 1er aout 1985. Elle exerce son activité sur l’agrément
no A.14.0086.M suivant l’arrêté no 2167/MEF/DC/CSSFD/CA/CRSSFDD du 05 aout 2014 par
le ministre de l’économie et des finances.
1.2. Le crédit à la CLCAM Bohicon
D’une population de plus de 400 000 habitants en 2021, la ville marchande de Bohicon abrite
une CLCAM d’un sociétariat d’environ 183601 individus composé essentiellement
d’agriculteurs qui bénéficient des prestations diverses en matière de crédits dont principalement
le Crédit à l’Agriculture, à l’Elevage et à la Pèche (CAEP). Il s’agit de crédits accordés aux
agriculteurs, éleveurs et pêcheurs pour financer le cycle d’exploitation de leurs activités. Ces
types de crédit couvrent non seulement leurs besoins en financement de court terme mais aussi
l’acquisition d’outils et d’autres équipements. Ils sont octroyés suivant la procédure ci-après
(Manuel de procédure FECECAM).
Avant la formulation de la demande de crédit par les bénéficiaires des formations leurs sont
données sur des thématiques comme la gestion des groupements à caution solidaire ; l’étude
financière. Tous les nouveaux clients individuels sont informés sur les conditions et le processus
de mise en place de crédit. Ensuite ils sont mis en relation avec un agent de crédit sur rendez-
vous donné par l’agent administratif de crédit. A la réception de la demande, l’agent de crédit
collecte par un entretien toutes les informations nécessaires à l’identification du demandeur de
crédit, de son activité, du lieu d’exercice de cette activité et du lieu de résidence actuelle du
demandeur de crédit. L’agent de crédit procède ensuite à la visite des clients pour s’assurer de
l’existence des activités ; de la bonne moralité et la réalité des informations fournies. Suit après
l’analyse des dossiers réalisés par l’agent de crédit. Cette étape est essentiellement consacrée à
l’évaluation de la capacité de remboursement de l’emprunteur ; sa capacité d’endettement ;
l’examen de l’environnement socio-économique du secteur d’activité ; à l’identification du
besoin réel du crédit et à l’évaluation objective des garanties et donne son avis favorable ou
défavorable sur le dossier. Le dossier est ensuite transféré au chef d’agence qui donne son avis
avant de le présenter au comité technique, qui se charge de vérifier la conformité et le respect
des normes de crédit. La dernière décision revient au comité de crédit qui décide de la validité
ou non du dossier et de déterminer le montant à octroyer. Les dossiers validés sont les seuls à
être programmés pour le décaissement.
Après le déblocage du prêt, les agents de crédit doivent suivre quotidiennement l’état des
remboursements attendus des clients à partir du logiciel SYSDE SAF. Pour les clients en
impayés, les agents de crédit les font un rappel de remboursement. Suite à cela si le client reste
toujours en impayé il est organisé mensuellement un recouvrement qui consiste à visiter le
domicile des clients pour un remboursement immédiat ou pour le constat des causes réels de
l’impayé. En cas de décès de l’emprunteur ou de son incapacité totale de remboursement,
l’assurance se charge du montant restant dû en impayé et offre une somme de 100.000 francs
CFA à la famille de l’emprunteur
Toutes ces dispositions n’ont pas empêché, la CLCAM de s’exposer à des résultats peu
intéressants en termes d’impayé, comme on peut le constater dans le tableau suivant.
Tableau 1 : Situation des imapayés à la CLCAM Bohicon, juin 2018-décembre 2020
Période Juin 2018 Décembre Juin 2019 Décembre Juin 2020 Décembre
2018 2019 2020
Encours 548 325 692 584 325 617 659 841 272 699 523 141 745 986 213 752 146 388
crédit
(A)
Impayés 153 009 522 174 362 299 222 132 002 283 602 545 298 960 215 325 462 483
(B)
% (B/A) 27,90 29,83 33,66 40,54 40,07 43,27
Source : CLCAM Bohicon
A travers ce tableau, l’on se rend compte que le montant des impayés a évolué de manière
progressive et graduelle de période en période. L’évolution croissante du taux d’impayé est la
preuve de cette situation peu reluisante, à laquelle il convient de trouver des solutions
pertinentes dans le but de garantir la bonne fonctionnalité de la CLCAM. Dans ce contexte, une
revue préalable de la littérature devient nécessaire afin, d’une part, de nous éclairer, et d’autre
part, de servir de support à notre démarche méthodologique.
Dans le souci de rendre plus compréhensif le développement qui suit et éviter d’éventuelles
confusions, il nous a paru nécessaire de clarifier les concepts d’asymétrie d’information et
d’impayés avant d’aborder l’état des connaissances antérieures sur notre problématique.
En effet, il y a asymétrie d'information lorsque sur un marché, les agents économiques en relation
(qui contractent ou qui échangent) ne sont pas au même niveau d'informations, l'un d’eux
disposant d’une information déterminante que l'autre n'a pas. L’asymétrie d’information est
donc une situation où « un agent économique est mieux informé qu’un autre sur ses propres
caractéristiques et les actions qu’il va entreprendre » (Varian, 1992) dans un contrat qui les lie.
Les problèmes d’information, influencent généralement le fonctionnement des marchés, et de
façon particulière celui des marchés financiers. Dans une situation d’information imparfaite et
asymétrique entre les établissements financiers et les emprunteurs, les derniers sont privilégiés
car ils ont une meilleure information sur leur propre risque de défaillance (Honlonkou et al.).
L’asymétrie d’information est, dans ce cas, liée aux comportements flous des contractants qui
sont libres de changer de conduites durant la mise en œuvre du contrat lorsque des incitations
ne sont pas suffisantes à les remettre dans le « bon sens ». Cette situation résulte du fait que les
contrats en question se déroulent dans la durée. Goyer (1995), citée par Ngongang (2015),
distingue trois types d’asymétrie d’information : « l’asymétrie d’information ex ante qui résulte
de l’incapacité du prêteur à évaluer correctement la demande de financement de l’entreprise ;
elle est à l’origine du phénomène de sélection adverse sur le marché du crédit (Stiglitz et Weiss,
1981) et est susceptible de conduire le banquier à limiter son offre de financement et à exclure
du marché les entreprises les plus risquées, en particulier les PME . (Psillaki, 1995) ; l’asymétrie
d’information on going, relative à l’incapacité du prêteur à s’assurer de l’usage des fonds
distribués. Le prêteur supporte alors un risque de substitution des actifs (Jensen et Meckling,
1976) ou aléa moral (Stiglitz et Weiss, 1981) ; l’asymétrie d’information ex post, marquant
l’incapacité d’observer les performances de l’entreprise ».
Selon Bouet (2005), l’introduction de l’hypothèse d’asymétrie d’information dans la théorie
économique, à partir d’Akerlof (1970), a été un élément fondamental d’innovations théoriques
et de relecture des faits économiques. Elle a permis de comprendre des échecs de marché, des
insuffisances d’incitation (Bouet, 2005). En effet, l’asymétrie d’information est souvent
caractéristique de la plupart des marchés, et surtout des marchés financiers. Elle explique en
partie l’échec de la mise en œuvre efficiente des contrats de crédit. Les prêteurs et les
emprunteurs ne disposent que rarement de la même information ; et cette situation
d’information imparfaite peut conduire à des problèmes de non remboursement des crédits,
donc à des impayés. Les IMF disposent généralement de peu de moyens pour avoir des
informations complètes sur leurs débiteurs. C’est donc cette situation particulière d’information
incomplète qui favoriserait le comportement des sociétaires (surtout s’ils sont anciens) à ne pas
s’efforcer à rembourser le crédit obtenu. Ils tombent de ce fait en impayé. C’est dire que le
niveau de plus en plus élevé des impayés à la CLCAM Bohicon résulterait sans nul doute d’un
phénomène d’asymétrie d’information qui conditionne les sociétaires au non-respect de leur
engagement. Parallèlement, cette IMF croit détenir d’informations complètes sur les sociétaires
(bénéficiaires de crédit), surtout les anciens qui, par le passé, ont affiché de bons comportements
dans le remboursement de leurs crédits. On peut, de ce fait, émettre l’hypothèse (H) que : le
niveau de plus en plus élevé des impayés dépendrait beaucoup plus de l’ancienneté des
sociétaires ; et on formule :
H : les impayés sont fortement corrélés à l’ancienneté des bénéficiaires de crédit.
En effet, de par le respect des contrats antérieurs passés avec la CLCAM, les bénéficiaires de
crédit ont fait preuve de confiance. Celle-ci aurait sans doute rassuré et motivé l’IMF dans sa
décision d’octroi de crédits supplémentaires. Ce faisant, elle n’aurait plus cherché à approfondir
le degré de connaissance qu’elle a de ses sociétaires dans leur évolution. Il s’ensuit dès lors une
asymétrie d’information, laquelle déterminerait le non remboursement des crédits à eux
consentis par la CLCAM. Ces impayés ont pour inconvénient majeur de fragiliser le
fonctionnement des structures financières et surtout des IMF. Dans les faits les impayés sont de
nature diverse (BCEAO, 2020). A cet effet, Azokli (2010) estime que la notion d’impayé est
un terme général qui est utilisé sous différent
aspect de non remboursement de crédit. Pour cet auteur, « il existe plusieurs types d’impayés
suivant l’âge ou le stade où l’on se trouve en matière de recouvrement ».
En microfinance, un crédit est considéré comme étant impayé lorsque l’une des trois conditions
suivantes se présente :
- le montant d’une des échéances n’est partiellement pas payé à la date de l’échéance;
- le montant d’une des échéances est payé avec retard;
- le montant d’une des échéances n’est pas du tout payé.
Selon Ahouangbo (2006), l’impayé est une situation dans laquelle des remboursements de
crédit sont en retard. « Les impayés, appelés aussi arriérés ou retard de remboursement,
mesurent le pourcentage d’un portefeuille de crédit qui est à risque. Des échéances impayés
ou en retard sont des remboursements dont l’échéance est dépassée ; des crédits en retard sont
des crédits sur lesquels au moins un remboursement est retard ».
Pour la BCEAO (2020), un crédit ou « un prêt est dit en impayé si l’emprunteur ne l’a pas
entièrement remboursé à la date convenue dans le contrat de crédit ». Autrement dit, même dans
le cas d’un crédit « à échéance multiple, si à une échéance, le bénéficiaire ne s’est pas
entièrement acquitté du principal et des intérêts prévus au contrat, le crédit se trouve en situation
d’impayé ».
Le terme « impayé » est d’ailleurs une notion qui recouvre plusieurs situations. La BCEAO
(2020) en distingue plusieurs types, ainsi qu’ils se définissent, suivant son instruction relative
au déclassement des crédits impayés.
• le crédit en retard de paiement est un crédit impayé dont l’âge est compris entre 0 et 3
mois ; dans le réseau, un tel crédit est considéré comme un crédit sain et ne fait pas objet
de provision en fin d’année ; mais néanmoins il doit faire l’objet d’un suivi extra
comptable par le chargé de prêt ;
• le crédit irrécouvrable est un crédit dont l’âge excède 12mois, il est aussi dit « crédit
apuré ». Ce type de crédit ne fait plus objet de provision mais il est simplement passé
en perte. La créance irrécouvrable cause donc de grands dommages à la caisse parce
que l’intégrale du nominal en impayé est considérée comme perdue. Mais le fait qu’il
soit irrécouvrable ne veut pas dire que le recouvrement cesse sur ce type de crédit. En
effet, si l’apurement du crédit apuré est beaucoup dommageables à la caisse, les
recouvrements obtenus sur ce type de prêt constituent également des sources de produits
exceptionnels pour la caisse et donc contribuent à améliorer le résultat de fin d’année ;
• le crédit contentieux est l’impayé qui quel que soit son âge est en phase de recouvrement
par voie judiciaire. Il n’existe dans le réseau aucun système de suivi comptable de ce
type de créance. Il peut arriver qu’un crédit n’étant pas échu fasse l’objet d’une
procédure contentieuse et se trouve donc dans cette catégorie. Il peut être ainsi lorsque
le bénéficiaire a par exemple détourné le crédit de son objet, l’IMF peut dans ce cas
engager immédiatement le recouvrement et ceci peut déboucher sur un contentieux
avant même la date normale de l’échéance ;
• le crédit en souffrance est un crédit dont les remboursements accusent un retard de
paiement de plus de 90 jours. Dès lors, la totalité de l’encours du crédit échue ou non,
doit être déclassée dans cette rubrique. Ces crédits doivent faire l’objet d’une provision
en fin d’exercice. Le montant de la provision est déterminé, selon la durée des retards
observés dans le paiement des échéances.
2.2. Synthèse de quelques travaux antérieurs :
Dans la littérature sur la microfinance, plusieurs auteurs se sont intéressés à la notion d’impayés.
Loin d’évoquer toutes leurs études, nous passons en revue quelques-unes afin de nous en servir
pour élucider notre argumentation et définir notre démarche méthodologique.
En effet, des études ont étés réalisés sur « la problématique de remboursement de crédit dans
les systèmes financiers décentralisés (SDF) » et garantie des prêts aux petits opérateurs
économiques.
Edmond (1994) considère qu’ « une trop grande socialisation du crédit pour les campagnes
agricoles et la non-couverture des besoins financiers par les acteurs socio-économiques
entrainent le détournement des crédits de la part des clients ». En revanche, Chao-Beroff (1999)
fait remarquer que « la période où le prêt est octroyé est un facteur à prendre en considération,
car elle pourrait affecter le remboursement ». En effet, estime-t-il « si l’IMF tarde à accorder le
prêt à cause des formalités administratives trop contraignantes, le crédit peut être accordé à un
moment où le client n’en manifestera plus le besoin réel. Le crédit serait ainsi inefficacement
utilisé; ce qui pourra occasionner d’éventuels impayés ».
A leur suite, une étude faite par Honlonkou et al. (2001) a eu pour but d'identifier les facteurs
explicatifs du remboursement des crédits dans les IMF au Bénin. Au moyen de deux modèles
Tobit, les auteurs ont abouti aux résultats selon lesquels la performance des IMF en matière de
remboursement est liée aussi bien aux caractéristiques des caisses (caractéristiques du gérant,
supervision adéquate après l’obtention du crédit, aux activités financières) qu’aux
caractéristiques des clients (sexe, proximité géographique de la caisse, type de garantie, volume
d’activités, l’expertise accumulée dans l’activité à financer et la taille de l’emprunt). Ces mêmes
résultats permettent entre autres de conclure « que les garanties
immatérielles ont plus d’influence positive sur les taux de remboursement que celles
matérielles ». L’étude recommande donc que « les IMF accordent plus d’importance aux
facteurs de motivation de l’emprunteur dans l’octroi des crédits ».
Parallèlement à leur analyse, les travaux de Wampfler (2001) visent la défaillance du système
de gouvernance comme déterminante des situations critiques dans le secteur de la microfinance.
« Cette défaillance est souvent manifestée par le manque de clarté dans la responsabilité des
différentes parties prenantes, le manque de responsabilisation de l'opérateur extérieur, le conflit
entre opérateurs extérieurs et la fédération, la propriété de réseau non clairement définie ». Afin
d’y remédier, l’auteur propose l’instauration des rigueurs dans la procédure d’octroi des crédits.
Dans le prolongement de son analyse, il indique que l’une des méthodes de réduction des
créances en souffrance est l’étude minutieuse des dossiers de prêt avant l’octroi de crédit. Pour
finir, il suggère qu’un suivi régulier des crédits octroyés soit instauré dans les procédures phares
de ces institutions.
Ahouangbo (2006), estime quant à lui, que l’IMF (Institution de Micro Finance) est la première
personne responsable des impayés même si parfois la cause semble être externe. D’après lui,
du moment où c’est l’IMF elle-même qui fixe ses principes, qui génère sa culture de
remboursement, qui inculque la discipline de crédit à ses employés et ses clients, elle doit
pouvoir prévoir les évènements qu’elle ne put contrôler. Les causes des impayés, selon lui sont
d’abord liées à l’institution, et dans une moindre mesure, imputables à l’emprunteur et à
d’autres paramètres externes.
Pour lui, les causes liées à l’institution sont de plusieurs ordres, à savoir : le retard de déblocage
des crédits, les dossiers de prêt mal étudiés (montant surévalué ou sous-évalué), l’insuffisance
ou le manque de suivi, le non-respect des procédures de mise en place du crédit par certains
agents de crédit. Les causes liées à l’emprunteur peuvent être, selon lui : l’incompréhension du
contrat de prêt, la mauvaise foi, la mauvaise gestion, le détournement de l’objet du crédit, le
manque de caution solidaire ou le manque de solidarité. L’auteur identifie comme causes
probables externes : les aléas climatiques (sécheresse, cataclysme naturel, incendie) et les
mesures de répression à l’encontre des vendeurs de rue.
En complément des études précédentes, le problème de garantie a été évoqué par Hudon et
Ouro-Koura (2007) dans une étude menée au Togo sur les facteurs contingents du taux de
remboursement au sein des IMF. Les auteurs ont trouvé que « les crédits en caution solidaire
ont de faible chance d’échec alors que les crédits soutenus par des garanties réelles donnent lieu
à plus de défaillance que les autres ». Hudon et Ouro-Koura (2007) indiquent par ailleurs que
les variables explicatives tels que le rang du crédit, l’objet du prêt, le lieu de résidence de
l’emprunteur et l’âge de l’emprunteur ont une influence significative sur le taux de
remboursement de crédit.
Dans une analyse plus restrictive et descriptive, et analysant la situation des impayés au
PADME-Bénin, Adjimavo (2000) trouve que celle-ci (situation des impayés) est liée non
seulement à la mauvaise gestion, mais aussi au manque de professionnalisme des
administrateurs des IMF et à la mauvaise volonté des clients. Selon lui, les retards ou les
impayés pénalisent l’institution, puisque les montants restent immobilisés dans la main des
clients, ce qui influence négativement la trésorerie de l’IMF.
Tout en abondant dans le même sens que Ahouangbo (2006), Azocly (2010) dans ses analyses,
a aussi regroupé les causes des impayés en trois catégories : les causes liées à l’institution
(l’insuffisance ou manque de suivi des clients financés, dossiers de prêts mal étudiés, violation
par le staff des politiques et procédures de mise en place de crédit, fraude des agents) ; les
causes liées à l’emprunteur (mauvaise gestion de l’entreprise, le non investissement du crédit
dans l’entreprise, mauvaise foi); les causes externes (les catastrophes naturelles telles que les
inondations, la sécheresse, l’invasion des criquets migrateurs, le tremblement de terre, maladie
du client débiteur ou de ses proches, décès d’un proche du client ou de lui-même).
A l’issue de cette brève revue, l’on constate que les causes des impayés sont multiples et
variables, d’un auteur à un autre et d’une institution à une autre. Toutefois, en nous fondant sur
ces diverses analyses, nous comptons affiner notre démarche empirique qui tiendra compte des
spécificités de la CLCAM de Bohicon.
3. Cadre empirique de l’étude
L’objectif principal de cette recherche étant d’appréhender le poids relatif du facteur
« ancienneté » dans l’expression des impayés de la CLCAM de Bohicon, il n’y va pas sans
passer par l’identification des facteurs explicatifs de ces impayés. Il nous faut, dès lors dériver
un instrument d’analyse adéquat nous permettant de faire des interprétations concordantes.
3.1. Démarche méthodologique et modèle d’analyse
Le choix d’un modèle statistique d’analyse dépend certes du phénomène étudié mais surtout de
la nature et de la structure des données. En conséquence, la validité des résultats dépendra de
la compatibilité du modèle avec les données disponibles. Dans le cas d’espèce, il s’agit pour
nous de dégager les facteurs liés aux circonstances dans lesquelles un crédit acquiert le statut
d’impayé. Ces facteurs dépendent aussi bien des caractéristiques individuelles (sexe, âge,
niveau d’instruction, statut matrimonial, enfants à charge etc.) que celles socio-économiques
(statut professionnel, revenu du travail, activité complémentaire, etc.)
Autrement dit, il s’agit d’expliquer la survenue ou non de l’événement : "le crédit obtenu
devient impayé ". La variable expliquée ou dépendante représente le « risque » que le crédit
obtenu devient impayé, et qui ne peut prendre que deux modalités. Cette variable qualitative
dépendante ainsi définie est une variable dichotomique ; les variables explicatives représentent
certaines des caractéristiques individuelles et socio- économiques citées plus haut.
A cet effet, le modèle d’analyse qu’on retiendra ne peut être qu’un modèle dichotomique. Par
ailleurs, un modèle dichotomique incorpore une variable dichotomique. En conséquence la
spécification linéaire standard ne lui convient pas. Les méthodes d’estimation des moindres
carrés ne s’y prêtent pas et se révèlent donc inadaptées. D’où l’utilisation d’une régression
logistique.
Le traitement informatique sous SPSS permettra d’estimer les paramètres du modèle Logit par
la méthode du maximum de vraisemblance, de déceler les relations qui existent entre la variable
dépendante (éventualité qu’un crédit tombe en impayé) et les variables indépendantes
(caractéristiques individuelles et socio-économiques du sociétaire, etc.). Le logiciel STATA
version 9 nous aidera à calculer les effets marginaux.
Pour l’élaboration d’un modèle explicatif de crédit impayé à la CLCAM Bohicon, il nous a
fallu avoir les informations à partir des dossiers individuels d’un échantillon de 100 sociétaires,
tirés au hasard, dont 50 en situation d’impayé et 50 qui ne le sont pas. Les informations ainsi
recueillies ont fait l’objet d’un recoupement sur la base d’une enquête terrain complémentaire
et de vérification, aux fins surtout d’éviter une éventuelle asymétrie d’information.
Il faut souligner qu’à la lumière des études antérieures sur les déterminants du non
remboursement des microcrédits dans les IMF (Honlonkou et al., 2001 ; Ahouangbo, 2006 ;
Azokly, 2010), cet échantillon a fait l’objet d’un travail préalable de vérification. Ce travail a
consisté à s’assurer que chacune des réalisations de l’échantillon a bénéficié d’un suivi régulier
de la part de la CLCAM et n’a subi aucune catastrophe naturelle.
En effet tous les dossiers de l’échantillon ont, entre autres, pour caractéristiques communes :
- le suivi régulier de leur réalisation,
- le respect de toute la procédure en matière d’octroi de crédit,
- le montage et l’évaluation corrects des dossiers de demande de crédit,
- le suivi d’une formation en gestion (commerciale, comptable, financière, etc.),
- la présentation de garantie fiable,
- le respect du délai de déblocage de crédit.
Ceci dit, la variable dépendante est la variable qualitative « crédit obtenu devient impayé »
notée Y, codifiée comme suit :
5 = entre 40 ans et 50
ans
6 = plus de 50 ans
La régression logistique permet d’expliquer la probabilité p qu’un jeune diplômé ait de succès
dans l’entreprenariat au moment de l’enquête par l’ensemble de variables indépendantes
présentées ci-dessus.
𝑝
Le logit de p est : 𝑙𝑜𝑔𝑖𝑡(𝑝) = 𝑙𝑛 (1−𝑝) = 𝑏0 + 𝑏1 𝑥1 + 𝑏2 𝑥2 + ⋯ +𝑏𝑗 𝑥𝑗
Source : Auteur
1Probabilité que le coefficient soit égal à zéro ; statistique de wald avec Logit.
De ces résultats, on dérive l’équation suivante de la situation (d’impayé ou non) d’un bénéficiaire de
crédit (sociétaire) de la CLCAM Bohicon.
𝑳𝒐𝒈𝑺𝑩𝑪 = −𝟖, 𝟎𝟔𝟏 + 𝟎, 𝟏𝟒𝟕𝑺𝒆𝒙 + 𝟎, 𝟏𝟕𝟎𝑨𝒈𝒆 − 𝟐, 𝟖𝟑𝟔𝑵𝒊𝒗 − 𝟐, 𝟖𝟔𝟕𝒃𝟒 𝑺𝒎𝒂 − 𝟏, 𝟎𝟓𝟎𝑬𝒂𝒄
+ 𝟎, 𝟏𝟏𝟓𝑵𝒂𝒄 + 𝟔, 𝟔𝟔𝟒𝑩𝒕𝒄 − 𝟒, 𝟒𝟔𝟖𝑺𝒈𝒂 − 𝟔, 𝟖𝟖𝟗𝑻𝒄𝒓 + 𝟑, 𝟓𝟕𝟏𝑬𝒂𝒈 + 𝟔, 𝟓𝟗𝟐𝑷𝒔𝒊
Ainsi définie, la probabilité pour un bénéficiaire de crédit de la CLCAM Bohicon de tomber en situation
d’impayé sera obtenue par la formule p (i) = 1/ 1+e-z , où z = log .
Nous pouvons donc conclure, en nous appuyant sur cette équation et les effets marginaux
(générés dans le tableau 3) que la situation d’impayé d’un sociétaire de la CLCAM Bohicon est
une fonction positive :
- de l’ancienneté du sociétaire. Ceci révèle que plus un sociétaire développe de relations
contractuelles avec l’institution (CLCAM Bohicon) et acquiert de notoriété par ses usages et
bonnes pratiques en matière de crédit, plus il est prédisposé à devenir défaillant à cause surtout,
de la vérification peu rigoureuse et de l’attention moins soutenue des Responsables à son
endroit. En effet, ces derniers en totale confiance, du fait de l’expérience du sociétaire qui avait
maintes fois déjà donné la preuve de sa solvabilité, sont moins exigibles de lui. Ce faisant, ils
sont « négligents » des informations actualisées sur le bénéficiaire qui, par un phénomène
d’asymétrie d’information, profite pour se désintéresser du remboursement normal du crédit
obtenu ;
individuelle comme celle observée généralement avec les sociétaires des IMF. La raison
fondamentale en est que le risque de confusion des patrimoines individuel et sociétal est vite
établi, pour laisser place aux détournements et autres improvisations, phénomènes explicatifs
du non remboursement de crédit à bonne date.
Il est à noter que les variables : sexe, âge, niveau d’études, enfants charge, nature de l’activité
ne sont pas significatives. ; et donc, ne pourraient avoir d’influence sur le risque du sociétaire
de tomber dans une situation d’impayé.
Dans ces conditions, les principales implications de politiques économiques pour permettre à
la CLCAM Bohicon de mieux adapter son crédit à son sociétariat s’énoncent comme suit :
- actualisation des informations sur tout demandeur de crédit, qu’il soit nouveau ou
ancien, avant l’octroi dudit crédit ;
- suivi rigoureux de l’exploitation du bénéficiaire du crédit et exigence de la tenue
obligatoire de sa comptabilité ;
- exigence pour le bénéficiaire d’être le propre gestionnaire de l’exploitation, objet de
crédit,
- implication du partenaire (conjoint ou conjointe) du bénéficiaire au processus d’octroi
du crédit ou, s’il y a lieu, de faire de lui une caution complémentaire ;
- sensibilisation des bénéficiaires de crédits sur l’importance du remboursement du crédit
obtenu, acte fondamental et important pour la survie de l’IMF, qui représente leur « poule aux
œufs d’or ».
Conclusion
Les IMF constituent un groupe d’intermédiaires financiers au service des couches défavorables.
Elles jouent un rôle capital dans le soutien et le développement des activités génératrices de
revenus, à travers l’allocation des crédits aux agents à besoins de financement et n’ayant pas
accès au système bancaire classique. Cependant leur survie, voire leur pérennité passe surtout
par la rentabilité de leur portefeuille de crédits, source principale de leurs revenus. Dès lors,
dans le contexte où le risque de non remboursement de ces crédits est perceptible, il s’avère
nécessaire que les déterminants qui s’y rapportent soient connus et maîtrisés. C’est à ce titre
que la présente recherche a tenté d’identifier les principales causes des impayés dans la CLCAM
de Bohicon, actuellement en situation complexe. Pour atteindre cet objectif, nous avons choisi
comme démarche méthodologique d’enquêter sur un échantillon de 100 sociétaires (dont 50 en
situation d’impayé). A l’issue de cet exercice, nous avons abouti aux résultats qu’il est possible
de prévoir la chance de remboursement ou le risque d’impayé que peut courir la CLCAM dans
sa décision d’octroi de crédit à un sociétaire qui le sollicite. Ainsi donc, la situation d’impayé
d’un bénéficiaire de crédit est une fonction positive de son ancienneté, de l’exercice d’autres
activités génératrices de revenus par lui et de la situation d’impayé que vit un membre de son
entourage (voisin, parent ou ami) et une fonction négative de la tenue d’une comptabilité
régulière pour son exploitation, de sa situation de marié et de son statut de gestionnaire de son
exploitation objet du crédit reçu. Cette étude se révèle donc un outil d’aide à la décision, à la
portée des responsables et décideurs de la CLCAM Bohicon. Elle permet de prédire, de
conjecturer voire d’anticiper sur le comportement futur (situation d’impayé ou non) d’un
sociétaire qui sollicite un crédit. Ses résultats rejoignent en partie ceux d’Azocly (2010) qui
indexent « la mauvaise foi de l’emprunteur » comme un des facteurs explicatifs du mauvais
remboursement des crédits dans les IMF. En outre, cette étude présente la limite d’être
circonscrit à la seule CLCAM de Bohicon, mais elle pourrait inspirer d’autres études de même
nature, étendues à toutes les IMF du Bénin.
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d'éducation pour les autorités en charge de la promotion du secteur au Bénin. Essai de
b- De 25 à 30 d- de 30 à 40 ans
Oui
Non
Q5. Quelle est la nature de votre activité, objet du crédit en cours ?
a- Agriculture c- Pêche
b- Elevage d- Artisanat et transformation
Q6. Exercez-vous une activité génératrice de revenu autre que celle faisant l’objet de crédit ?
a- Oui
b- b- Non
Q8. En dehors du crédit en cours, combien de fois aviez-vous déjà bénéficié de crédit à la
CLCAM Bohicon ?
a- Une fois b- Deux fois
c- Trois fois d- Plus de trois fois
…………………………………………………………………………………………………
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……………………………………
Q13. Avez-vous un crédit en situation d’impayé à la CLCAM Bohicon ?
a- Oui b- Non
Q16. Quel est votre appréciation des prestations de services de de la CLCAM Bohicon ?
Q17. Donnez quelques suggestions pour l’amélioration des services de la CLCAM Bohicon
…………………………………………………………………………………………………
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