1362-Texte de L'article-4404-1-10-20231116
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BENKHEDDA Kaoutar
Doctorante
Ecole Nationale de Commerce et de gestion- Oujda
Université Mohamed Premier Oujda -Maroc
Laboratoire de Recherche en Management Territorial, Intégré et Fonctionnel
[email protected]
EL HAKMI Saliha
Enseignante Chercheure
Ecole Nationale de Commerce et de gestion- Oujda
Université Mohamed Premier Oujda -Maroc
Laboratoire de Recherche en Management Territorial, Intégré et Fonctionnel
[email protected]
Author(s) agree that this article remain permanently open access under the terms of the Creative Commons
Attribution License 4.0 International License
Résumé
Cet article présente une revue systématique sur l’évolution de la logistique et de la supply chain
management et analyse le passage de la logistique à la supply chain management avec les défis
qui en découlent pour ceux qui doivent planifier et contrôler les opérations de logistique/supply
chain. Les événements clés qui ont donné naissance à la logistique d’entreprise sont notés, les
points de vue des chercheurs du domaine sont identifiés, évalués et sont comparés pour servir
de base à la façon dont la gestion de la logistique/supply chain est perçue aujourd’hui.
Les conclusions et les projections sont basées sur l’interprétation par nos soins des articles sur
la logistique et la supply chain management tels qu’ils se sont produits au cours des dernières
années.
Abstract
This article presents a systematic review on the evolution of logistics and supply chain
management and analyzes the transition from logistics to supply chain management with the
resulting challenges for those who must plan and control logistics/supply operations.
The key events that gave rise to enterprise logistics are noted, the perspectives of researchers
in the field are identified, evaluated and compared to serve as a basis for how logistics/supply
chain management is perceived today.
The conclusions and projections are based on our interpretation of articles on logistics and
supply chain management that have appeared in recent years.
Introduction
La logistique, conçue comme une science, a constamment évolué parce qu’elle s’inspire de
divers domaines scientifiques tels que l’économie, les mathématiques, la gestion d’entreprise
et l’ingénierie, entre autres. Cette particularité fait de la logistique un domaine
interdisciplinaire, résultant de l'intersection de plusieurs disciplines qui permettent son
développement (Klaus et Mülller, 2012). Cependant, l’émergence de la logistique reste
étroitement liée au contexte militaire, dans lequel elle a évolué par étapes vers le paradigme de
la logistique des systèmes de flux (Roumian et al., 2023). De l’application militaire de la
logistique, son développement est principalement observé dans l’économie. Dans ce domaine,
Hopkins et Ferrell (2020) précisent qu’il existe quatre utilités que l’activité économique peut
générer. Ils soulignent que la fabrication est l’une de ces activités économiques qui doit être
soumise à la satisfaction des besoins des clients et des marchés par le biais des utilités de temps,
de lieu et de possession qui sont créées par les fonctions logistiques telles que le stockage, le
transport et la mise en ordre utile des choses par la parcellisation, la classification et la
consolidation (Édouard, 2023).
De ce fait, la logistique est une démarche de gestion qui a pu absorber plusieurs fonctions dans
son périmètre. Toutefois dans le passé, ces fonctions étaient gérées de manière fragmentée, sans
coordonner leurs actions avec les autres départements avec lesquels elles interagissaient en
permanence. Par la suite, chaque fonction a été regroupée sous la forme d’une chaîne composée
de différents maillons qui gèrent des processus divisés en sous-processus ; le but étant de gérer
les différents flux pour assurer la continuité du cycle et répondre in fine aux besoins exprimés
par la demande existante sur le marché. C’est ainsi qu’est née une nouvelle profession, celle
de la supply chain management (gestion de la chaîne d’approvisionnement) et que sont apparues
de nouvelles façons de gérer ce secteur.
De tout ce qui précède, nous pouvons formuler notre problématique comme suit :
« Quelles sont les interrelations et les influences mutuelles entre la logistique et la supply
chain management ? ».
Afin de contribuer à la systématisation des connaissances dans ce domaine, notre recherche
présente une revue systématique sur comment la logistique transparaît et se diffuse dans sa
dimension stratégique. La revue systématique de la littérature qui en découle a pour objectif
d’identifier, de décrire et de synthétiser cette transparussions et cette diffusion de la logistique
dans sa dimension stratégique. L’approche utilisée dans l'examen systématique est la méthode
PRISMA Statement.
Afin de clarifier la question de recherche, cet article s’articule autour de trois axes.
Premièrement, nous énonçons les interrelations et les influences mutuelles entre la logistique et
la supply chain management ; deuxièmement, les méthodes et le matériel utilisés pour l’analyse
documentaire sont décrits et troisièmement, les résultats obtenus sont présentés et discutés en
vue d’une éventuelle utilisation future. Ainsi, nous contribuerons à l’approfondissement de la
compréhension du domaine pour les chercheurs et les praticiens dans le domaine de la logistique
et de la supply chain management.
1. Revue de littérature
1.1. Evolution du concept de logistique
La logistiquе a joué un rôle central dans la conduite dеs opérations militairеs еt commеrcialеs
dеpuis dеs sièclеs еt constituе un domainе complеxе qui ne cesse d’évoluer au fil du temps. Dе
la Romе antiquе aux еntrеprisеs mondialеs d’aujourd’hui, l’histoirе dе la logistiquе еst
l’histoirе d’unе disciplinе dédiéе à l’optimisation dеs procеssus, à la gеstion еfficacе dеs
rеssourcеs еt à la réalisation dеs objеctifs stratégiquеs. Sеs originеs rеmontеnt à l’époque de
l’armée romaine, qui a dévеloppé lе tout prеmiеr concеpt dе gеstion logistiquе pour s’assurer
que leurs troupes étaient correctement approvisionnées.
En dépit dе son rôlе militairе d’originе, l’еfficacité logistiquе s’еst avérée cruciale pour
l’еxpansion dе l’Empirе romain. Néanmoins, au fil du tеmps, la logistiquе a dépassé son rôlе
militairе d’originе pour s’établir comme un élément clé dе la gеstion dеs affairеs еt dе la viе
modеrnе. Par conséquent, ce changement a marqué le début de la segmentation de la logistique
en fonctions essentielles telles que le transport, la distribution et la gestion de
la supply chain (Bowersox et al., 2002). Ce passage de la logistique à la supply chain marque
une transformation clé dans la gestion des opérations commerciales, alors que la logistique se
concentre principalement sur le transport, le stockage et la distribution des biens, la supply
chain englobe un spectre plus large en intégrant la planification de la production, la gestion des
achats, la gestion des stocks, la gestion des relations ainsi que la gestion de l’information. Ce
changement a permis aux entreprises d'améliorer l’expérience client, d'accroître leurs bénéfices
et de réduire leurs dépenses en assurant une gestion plus stratégique de leurs flux de
marchandises (Christopher, 2016). Dans les prochains paragraphes, nous aborderons plus en
détail les principaux éléments liés à la supply chain.
Si l’on considère l’évolution de la supply chain jusqu’à aujourd’hui, on peut grosso modo
diviser les étapes de développement du concept en trois catégories : la supply chain intégrée en
interne, la supply chain linéaire intégrée en externe et la supply chain en réseau intégrée en
externe.
Le concept de supply chain était initialement considéré comme un processus logistique au sein
de l’entreprise, qui impliquait principalement la coordination des fonctions
d’approvisionnement en matériel, d’inventaire, de production et de distribution, dans le but
ultime d’optimiser les processus commerciaux internes de l’entreprise, améliorant ainsi
l’efficacité opérationnelle et réduisant les coûts logistiques. À cette époque, la supply chain
était considérée donc comme un processus interne aux entreprises, sans lien étroit avec d’autres
entreprises externes. Cependant, les pratiques de production et d’exploitation ont connu un
changement qualitatif et l’idée d’intégration et de collaboration a commencé à être appliquée à
la pratique commerciale. De ce fait, les entreprises sont passées par une phase d’intégration
interne des fonctions internes traditionnelles fonctionnant de manière indépendante au partage
d’informations et à la collaboration.
par chaque entreprise de la chaîne sont transformés en produits qui sont livrés à l’utilisateur
final ». Lambert (2004) décrit en détail les participants et les activités qui ont lieu dans la supply
chain et suggère également que la supply chain est une chaîne à valeur ajoutée qui répond aux
besoins de l’utilisateur final.
Selon Sunil et Meindl (2007), la supply chain est composée de parties qui répondent
directement ou indirectement aux besoins des clients, y compris non seulement les fournisseurs
et les fabricants, mais aussi les transporteurs, les entrepositaires, les détaillants et même les
clients eux-mêmes et dans chaque organisation, telle qu’une entreprise de fabrication, la supply
chain comprend toutes les fonctions de réception et de satisfaction de la demande du client. Il
s’agit notamment des fonctions suivantes : le développement de nouveaux produits, le
marketing, les opérations de production, la distribution, la finance et le service à la clientèle.
Plus important encore, ils reconnaissent la position particulière du client dans la chaîne
d’approvisionnement, qui n’est pas seulement l’extrémité de la supply chain, le destinataire des
produits et des services, la source de la demande, mais aussi et surtout, qui peut fournir des
informations opportunes en amont et même participer directement à l’évaluation de la
performance de la supply chain. Dans ces conditions, les fournisseurs, les fabricants, les
distributeurs et les clients finaux deviennent tous des partenaires et partagent leurs ressources
dans toute la mesure du possible afin de parvenir à une synergie efficace. Ce qui permet de
satisfaire les besoins du client final et de créer les plus grands avantages pour la chaîne
d’approvisionnement.
Au fur et à mesure que les gens prennent conscience de la supply chain, le concept s’étend de
l’intérieur à l’extérieur de l’entreprise, de l’entreprise individuelle au fournisseur et au
fournisseur du fournisseur, au client et au client du client jusqu’au consommateur final. Ainsi,
la structure de la supply chain s’étend d’une « chaîne unique » à une « chaîne en réseau ».
L’évolution de la logistique a donné lieu à l’apparition de différents maillons. Pour les gérer
efficacement, il faut une discipline de gestion qui tienne compte de toutes les activités qui se
déroulent dans chaque processus. Cette discipline est la Supply Chain Management (SCM).
La supply chain management un terme anglo-saxon composé des mots « Supply Chain »
(chaîne d’approvisionnement) et « Management », signifiant la gestion d’activités de nature
stratégique, tactique et opérationnelle. Ce concept a fait son apparition en 2000, avec les lacunes
constatées dans la gestion de l’ensemble de la supply chain.
L’objectif principal de la SCM est de rendre le processus commercial plus efficace et efficient,
de réduire les coûts et les niveaux de stocks, d’améliorer la qualité et de créer un avantage
concurrentiel durable pour l’ensemble de la supply chain (Barykin et al., 2020). Selon Wieland
et Durach, (2021), le concept de SCM n’est pas encore complètement compris, puisqu’il
n’existe pas de définition unique. Les auteurs soulignent le caractère multidisciplinaire de ce
concept, qui concerne de nombreux domaines de recherche : économie des coûts de transaction,
théorie des réseaux, logistique et transport, etc et définissent la supply chain management
comme « l’intégration des principaux processus qui gèrent les flux bidirectionnels de
matériaux et d’informations, dans le cadre de l’entreprise et entre les entreprises qui
participent à la chaîne d’approvisionnement, jusqu’à atteindre les consommateurs finaux, et
ayant pour principal objectif d’agréger la valeur pour les parties prenantes et les clients tout
au long de ces processus » (Derakhshannia, 2022).
2. Méthodologie de recherche
2.1. Méthode
La section méthode détaille la façon dont l'étude a été menée, y compris les définitions
conceptuelles et opérationnelles des variables utilisées dans l'étude. Une description complète
des méthodes utilisées permet aux lecteurs d’évaluer si ces dernières sont appropriées et
également d’évaluer la fiabilité et la validité des résultats. Cette étude utilise l'approche
descriptive de revue systématique pour identifier et analyser les articles scientifiques traitant
l’évolution de la logistique à la SCM. Une revue systématique est une revue de la littérature qui
suit un processus rigoureux, transparent et reproductible et qui tente d'identifier, de sélectionner,
d'évaluer, d'analyser et d'intégrer de manière systématique et complète les résultats de la
recherche sur un sujet spécifique (Transfield et al., 2003 et Moynihan, 2004).
Les analyses systématiques sont aujourd'hui largement considérées comme le moyen le moins
biaisé et le plus rationnel de synthétiser les résultats de la recherche et comme un outil puissant
qui fournit les meilleures connaissances disponibles sur un sujet de recherche (Moynihan, 2004
et Fox, 2005).
Les étapes d'une analyse systématique de la littérature sont les suivantes (Transfield et al.,
2003 ; Moynihan, 2004 ; Alderson et al., 2004 ; Hemsley-Brown et Sharp, 2003) :
(i) Définir une question de recherche claire ;
(ii) Définir des critères d'inclusion et d'exclusion ;
(iii) Trouver des études pertinentes ;
(iv) Sélectionner des études en fonction des critères d'inclusion et d'exclusion ;
(v) Evaluer la qualité des articles sélectionnés ;
(vi) Résumer et intégrer les résultats des articles sélectionnés ;
(vii) Interpréter les résultats d'une analyse systématique.
Cette revue systématique vise à répondre à la problématique de recherche suivante : Quelles
sont les interrelations et les influences mutuelles entre la logistique et la supply chain
management ?
Pour être inclus dans la revue systématique, un article doit traiter de la logistique et de la SCM.
Les articles publiés (évalués par des pairs) ont été pris en compte. Les livres, les mémoires de
maîtrise, les documents de conférence et les critiques de livres ont été exclus en raison de
contraintes de temps et de ressources. Nous supposons cependant que les idées pertinentes et
les contributions scientifiques importantes incluses dans les livres, les documents de conférence
et les mémoires sont souvent publiées dans des articles évalués par des pairs. En outre, cette
revue systématique a couvert la période allant de 2010 à 2023. Nous avons utilisé une stratégie
de recherche qui consiste à effectuer une recherche électronique systématique en mobilisant
deux chaînes de mots-clés en anglais et en français. Ainsi, les articles dans les deux langues ont
été examinés. La recherche électronique a porté sur cinq bases de données multidisciplinaires
dont : GOOGLE SCHOLAR, SCOPUS, REDIB, CAIRN et IMIST.
Ces bases de données contiennent le plus grand nombre de publications sur la gestion logistique.
Toute la littérature identifiée a été traitée à l'aide du logiciel EndNote, qui identifie et supprime
les études en double. Au total, 89 publications ont été identifiées. La répartition est la
suivante : 82 ont été identifiées par des recherches en ligne et 7 par des recherches manuelles.
Une première sélection basée sur la lecture du titre et du résumé a permis d'exclure 34 rapports
qui ne répondaient pas à au moins un des critères d'inclusion/exclusion. Une lecture plus
approfondie du texte intégral des 48 documents restants a conduit à l'exclusion de 11
documents. Ainsi, 37 documents ont fait l'objet d'une double sélection. La qualité
méthodologique de chacun de ces documents a été soigneusement évaluée. Cette étape a conduit
à l'exclusion de 9 documents. Ainsi, 28 documents ont été inclus dans la revue systématique.
Pour les besoins de cette étude, une base de données Microsoft Excel a été créée et, pour chaque
article, les références, le type de recherche (qualitative, quantitative ou conceptuelle), le
domaine, le sujet de l'article, le laboratoire et le statut de l'expert ont été notés. La figure 1
présente une description détaillée de l’organigramme de la revue systématique de la littérature.
2.2. Résultats
Sur un total de 89 articles, 28 ont été considérés comme pertinents pour notre étude. La plupart
des articles provenaient de différents pays. Les résultats obtenus à l'aide de la méthode PRISMA
Statement, présentés dans le tableau 1 et la figure 1, sont complémentaires.
Total d’articles Total des Total des articles rejetés après introduction des critères
collectés articles Date = Revue du Source Langue Hors
sélectionnés 2010 type Hors : sujet
d’article Français et
Anglais
89 28 34 11 9 2 5
Source : Auteurs.
chaque article couvre plus d'un domaine. En ce qui concerne les 28 articles directement liés à
notre recherche, ils couvrent tous entre quatre et six sujets prédéfinis. Les sections pertinentes
des 28 articles qui nous ont le plus intéressés et que nous avons fini par sélectionner ont été
compilées et listées à la fin.
Documents
identifiés •Documents exclus sur la
base du titre et des résumés.
Documents
récupérés pour •Documents exclus après une
une évaluation lecture approfondie du texte
plus détaillée intégral.
Documents
conservés •Documents exclus en raison
après le second d'imperfections de qualité.
tri
Documents
inclus dans la
revue
systématique
Source : Auteurs.
La tendance des articles publiés montre clairement que le nombre d'articles sur l’évolution de
logistique à la SCM a augmenté de façon remarquable, en particulier depuis l'année 2016
jusqu'à l'année 2020. Environ 79 % des articles sélectionnés sont publiés dans des revues
internationales à comité de lecture contre 21 % dans des revues nationales à comité de lecture.
Par ailleurs, la langue anglaise reste la langue de publication préférée des chercheurs avec 70%
des articles contre 30% des articles retenus uniquement en en français. Parmi l'ensemble des
articles sélectionnés, 51% ont utilisé une méthodologie quantitative contre 12% d'articles
qualitatifs. Par ailleurs, 16% des articles ont utilisé des méthodes mixtes. Parmi les articles
sélectionnés, 12% des articles sont conceptuels et 4% d'entre eux sont des revues littéraires. Il
est à noter que (6%) des articles sélectionnés ne présentent aucune méthode.
Source : Auteurs.
2.4. Discussion
Un examen des 28 articles sélectionnés pour cette étude a révélé que principalement au cours
des années 80, la concurrence mondiale a poussé les entreprises à fournir des coûts encore plus
bas, une qualité plus élevée, des produits plus durables et une plus grande flexibilité des produits
(Castells et Godard, 2017 et Bakkalbaşi, 2018). Toutefois, la recherche s’est surtout concentrée
sur les relations entre la SMC et la performance logistique, par opposition à l’évolution de la
logistique à la SCM (Ben Salma & Larbi, 2021 et Lajimi, 2017). Si les recherches de cette
nature ont permis d’identifier des interrelations entre la logistique et la supply chain
management, elles traitent peux l’évolution de ces interrelations (Le, Chaabane et Dao, 2022 ;
Durach et al., 2017 ; Busse et al., 2017).
Dans son étude, Baumann (2011), souligne que jusqu'aux années 70, la logistique était
considérée comme une fonction secondaire et jouait un rôle mineur dans la gestion des
entreprises. Les décideurs étaient confrontés à des tâches telles que le transport, la manutention
et le stockage et essayaient d'atteindre la plus grande efficacité possible au niveau régional
(Baumann, 2011). Cependant, ils ont rapidement réalisé que les questions liées à la logistique
nécessitaient une approche globale et systématique, ce qui a conduit à la division du travail des
principales fonctions impliquées dans la logistique et à la création d'une fonction logistique
dans le cadre d'une vision transversale (Lee, 2021 ; Bastian et Zentes, 2013).
Par ailleurs, Tchuente et al., (2023) indiquent que depuis le milieu des années 1990, cette
fonction comprend également la gestion des relations entre les entreprises et leurs partenaires.
Cette relation était caractérisée par la concurrence et la confrontation entre les entités du réseau
d'entreprises, dont l'attitude était individualiste et basée sur l'optimisation locale. Cette situation
a conduit à l'apparition de ce que l'on appelle « Effet coup de fouet » ou « bullwhip effect »1,
un phénomène qui a détérioré les performances de la chaîne dans son ensemble. Conscientes
de cette situation, les entreprises se sont tournées vers de nouvelles formes de relations basées
sur des partenariats stratégiques entre les entreprises du réseau (Potter et al., 2020). En
élargissant ce concept, les entreprises ont commencé à penser « au-delà des frontières », en
prenant conscience de l'importance et des avantages potentiels des relations de coopération avec
les fournisseurs et les clients (Amjath et al., 2023). C'est ainsi que des partenariats stratégiques
ont commencé à voir le jour, contribuant à l'origine de la supply chain management
(El Bakkouri, 2021). Cette évolution historique peut être considérée comme la première relation
entre la SCM et la logistique. Selon Candido et al. (2017), la gestion de la chaîne
d'approvisionnement est née principalement de l'évolution de la logistique.
Dans leur étude, Benrrezzouq et Kourt (2019) ont passé en revue les études antérieures sur les
interrelations entre la SCM et la logistique et ont constatés que ces interrelations peuvent être
examinées en analysant les activités englobées par chaque concept. L'une des principales
hypothèses de la SCM est qu'un flux bidirectionnel efficace de produits (biens et services) et
d'informations doit avoir lieu entre toutes les entreprises appartenant aux chaînes (Tosi, 2022 &
Shajari, 2023). D'autre part, l’étude de Demir et al., (2020) conclus que, la logistique met en
œuvre et contrôle le flux et le stockage efficaces et efficients (dans les deux sens) des biens, des
services et de l'information connexe. En outre, Couzineau- Zegwaard (2020) affirme que les
entreprises qui mettent en œuvre des partenariats de SMC valables estiment que ces relations
englobent plus que la logistique, c'est-à-dire que les partenariats de SCM comprennent
probablement plus de processus et de fonctions que la gestion de la logistique.
L’étude de Cohen (2018), révèle que la supply chain management est impliquée dans la
définition de la structure de la chaîne d'approvisionnement qui, à son tour, crée le cadre à
l'intérieur duquel toutes les opérations logistiques se déroulent. Par exemple, l’étude menée par
Le Moigne (2017) montre que l'emplacement du fournisseur a un impact direct sur les niveaux
1
L'effet bullwhip en logistique fait référence aux difficultés rencontrées dans l'estimation de la demande de chaque
acteur de la chaîne d'approvisionnement lorsque les volumes de commande fluctuent.
de stocks internes qu'un client doit détenir, une fois qu'hypothétiquement, des fournisseurs
éloignés impliquent des délais de transport élevés, ce qui implique des niveaux de stocks élevés.
L'influence inverse (logistique affectant la gestion des stocks) peut également être envisagée,
une fois que, par exemple, l'utilisation de méthodes de transport avec des délais plus courts
(logistique) peut permettre à une entreprise de sous-traiter ses produits à des fournisseurs plus
éloignés (gestion des stocks), sans mettre en péril les coûts des stocks (Amarouche et al., 2018).
Selon Spillan (2014), une grande partie de la recherche théorique/empirique actuelle sur la
relation entre logistique et la SCM se concentre uniquement sur l'amont ou l'aval de la chaîne
d'approvisionnement ou sur certains aspects/perspectives de la gestion de la chaîne
d'approvisionnement. Toutefois, certains chercheurs ont consacré beaucoup d'attention à la
relation entre les pratiques de gestion de la supply chain management et certains aspects de la
performance logistique selon différentes perspectives/dimensions ou de la supply chain dans
son ensemble. Certains des résultats de ces recherches sont présentés ci-dessous :
Salazar (2012) a mené une étude sur l'effet du processus de gestion de la supply chain sur la
performance logistique. Cette recherche conceptualise et développe trois dimensions de
pratiques de la SCM (gestion des relations avec les fournisseurs, gestion des flux de fabrication,
et développement et commercialisation des produits) et teste les relations entre ces pratiques de
SCM, l'avantage concurrentiel et la performance logistique. Les données de l'étude ont été
recueillies auprès d'organisations de premier plan et les relations proposées dans le cadre ont
été testées à l'aide de techniques statistiques rigoureuses. Les résultats indiquent que des
niveaux plus élevés de pratiques de SCM peuvent conduire à un avantage concurrentiel accru
et à une amélioration des performances logistiques.
Une étude sur l’influence de la SCM sur logistique dans l'industrie manufacturière a été menée
par Wolf en 2011. L'objectif principal de cette étude était de créer un cadre de mesure de la
chaîne d'approvisionnement pour l'industrie manufacturière, de définir les données à mesurer
et de vérifier l’impact de la SCM sur la logistique de l'entreprise concernée. Cette étude présente
le cadre théorique principal de la mesure des performances de la SCM. Les éléments clés du
cadre de mesure ont été définis comme étant le temps, la rentabilité, l'analyse du carnet de
commandes et l'analyse managériale. Le cadre de mesure est testé en mesurant la performance
de la logistique de l'entreprise.
Pour sa part, Solakivi (2018) a mené une étude sur la supply chain management dans le cas
d'une entreprise manufacturière suisse. En considérant la supply chaîne comme un actif
stratégique, l'étude a tenté de mettre en évidence les cadres théoriques qui améliorent la supply
chain, en particulier en ce qui concerne le niveau de service et les coûts logistiques. L'étude a
analysé les pratiques de gestion de la chaîne d'approvisionnement en les divisant en blocs de
construction (Cohen, 2004). Il a poursuivi avec l'évaluation des stratégies, des processus, de
l'organisation et du modèle de collaboration de la SCM et la logistique sur la base des
indicateurs en les divisant en quatre domaines critiques : le temps, le service, la qualité et le
coût.
L'analyse d'une bonne stratégie de supply chain a permis au chercheur de conclure que tous les
éléments constitutifs, tels que définis par Cohen (2004), sont aujourd'hui présents dans la
stratégie de supply chain et qu'ils soutiennent en fait très bien la logistique globale, mais qu'ils
n'ont pas été révisés et structurés dans un document unique. L'étude a également conclu de
l'analyse du modèle de collaboration avec les partenaires externes qu'il s'agit également d'un
domaine à améliorer, notamment en termes de définition des partenaires de collaboration clés,
auxquels les activités opérationnelles peuvent être externalisées ou sous-traitées (en ce qui
concerne les efforts de planification conjointe de la demande avec les clients clés) ou une
meilleure utilisation du commerce électronique pour améliorer l'efficacité des processus
opérationnels (par exemple : la passation de commandes). De manière générale, le chercheur a
conclu que les concepts et les stratégies mis en œuvre contribuent de manière significative aux
résultats de l'entreprise.
D'une manière générale, les analyses documentaires, ci-dessus, permettent de comprendre que
les travaux sur les pratiques de SCM et leurs influences sur les différentes perspectives de
l'organisation et sur les partenaires de la chaîne d'approvisionnement dans son ensemble
augmentent et produisent de bons résultats. Toutefois, malgré l'augmentation de la recherche
empirique au cours des dernières années, des différences importantes dans la conception de la
recherche nuisent à la comparabilité : absence de consensus sur la définition et la
dimensionnalité du concept de logistique et de SCM, utilisation de différentes unités d'analyse
et différentes approches. Cette recherche a nous a permis de mettre en lumière l’évolution de la
logistique à la supply chain management (Klaus et Müller, 2012 ; Roumian et al 2023 ; Hopkins
et al., 2020 ; Patır, 2019) et d’identifier les interrelations et les influences mutuelles entre la
logistique et la supply chain management (Le, P. L., Chaabane, Dao, 2022 ; Baumann, 2011 et
El Bakkouri, 2021) pour aider les entreprise à améliorer leur compétitivité.
Ainsi les résultats des différentes études empiriques figurant dans les articles sélectionnés
retracent l’émergence et l’évolution de la logistique à la SCM et confirment l'existence des
interrelations et les influences mutuelles entre la logistique et la supply chain management. Cela
signifie qu'une bonne gestion de ces relations avec les différents acteurs conduit à une bonne
performance. Inversement, l'incapacité à gérer ces relations conduit à de mauvaises
performances.
Conclusion
En se basant sur cette analyse systématique de l'évolution du concept de logistique à la supply
chain management et de leurs interrelations et influences mutuelles, il est possible de déduire
plusieurs conclusions.
Dès lors que l’on a commencé à évoquer le décloisonnement des réseaux logistiques internes,
on a commencé à utiliser le concept de « supply chain » ; il s’agit là de tous les liens au sein
d’une entreprise qui tentent de gérer les flux pour répondre au mieux aux besoins des clients.
En d’autres termes, il s’agit de toutes les installations qui exercent une gamme continue
d’activités pour satisfaire les clients. Cette approche plaçant le client au centre de l’entreprise
cherche à optimiser les processus pour y parvenir en proposant l’offre adéquate. Dans ces
conditions, la création de cette chaîne implique principalement l’intégration horizontale de
fonctions ayant les mêmes objectifs que la logistique. La seule différence est que cette chaîne
est un modèle de division structurelle du travail des fonctions, dans lequel le responsable de la
logistique supervise et gère les processus réalisés par les maillons du réseau à un niveau
stratégique.
En outre et bien que la logistique ait connu une croissance remarquable et que l’utilisation des
technologies de l’information augmente, la confiance entre les parties prenantes reste un
obstacle au bon déroulement de tout processus et la coordination de chaque chaîne est encore
limitée. L’introduction de logiciels intégrés en interne ne résolvant pas ce problème. Par
conséquent, le manque de coordination logistique entre les acteurs par le biais d’un système
d’information intégré prenant en compte les acteurs externes reste un obstacle pour certains
fabricants qui cherchent à améliorer leur modèle de chaîne pour devenir plus compétitifs.
Les entreprises n’ont pas encore beaucoup progressé en matière de gestion étendue,
probablement parce que les outils et les compétences ne sont pas bien développés. Si l’on veut
que les promesses de la SCM se concrétisent, il faudrait mettre au point des mesures appropriées
pour définir et suivre les avantages partagés, ainsi que des méthodes acceptables pour le partage
des avantages. En outre, les gestionnaires de la supply chain devraient être formés aux
techniques de collaboration, à l’établissement de relations et de liens de confiance, ainsi qu’aux
aptitudes au compromis. Dans cette perspective, les milieux universitaires, de la recherche et
des affaires devront déployer des efforts considérables, étant donné que les bénéfices peuvent
être substantiels.
La recherche sur la collaboration au sein de la supply chain présente de multiples perspectives
de recherche. Il serait donc pertinent d’approfondir l’étude de diverses questions importantes :
Comment la collaboration est perçue et mise en œuvre par les entreprises qui font partie d'une
même chaîne logistique ? Quelles stratégies à adopter pour tisser des liens forts au sein de la
supply chain ? Quels sont les outils technologiques pouvant faciliter la collaboration entre les
acteurs des chaînes logistiques ?
Approfondir la recherche dans ce domaine permettrait d'optimiser la gestion de la chaîne
logistique et de nouer des collaborations étroites et bénéfiques pour tous les acteurs impliqués.
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