BTS Banque-sujet-EEJOAB - Session 2023
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CONSEILLER DE CLIENTÈLE
ÉPREUVE E5
ENVIRONNEMENT ÉCONOMIQUE,
JURIDIQUE ET ORGANISATIONNEL DE L’ACTIVITÉ
BANCAIRE
SESSION 2023
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Durée : 4 heures
Coefficient : 4
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Dès que le sujet vous est remis, assurez-vous qu’il est complet.
MISE EN SITUATION
Vous venez de prendre vos fonctions dans une agence bancaire située dans un
quartier périphérique d’une grande ville. Vous gérez un portefeuille grand public
composé principalement d’employés et d’ouvriers aux revenus modestes. Dans un
contexte inflationniste, vos clients sont inquiets. Ils vous interrogent souvent sur
leur possibilité d’épargner compte tenu des taux d’intérêt actuels. Vous recherchez
alors des éléments de réponse.
Après avoir présenté à votre client les différentes formes d’épargne réglementée, ce
dernier semble intéressé par des placements plus éthiques. Votre réseau, fortement
investi dans une démarche de responsabilité sociale, propose des produits de
placement labellisés « Investissement Socialement Responsable (ISR).
Votre agenda vous indique que vous avez un rendez-vous avec Madame DALI, âgée
de 70 ans et placée sous le régime de curatelle. Cette cliente est titulaire d’un compte
de dépôt, d’un livret A et d’un contrat d’assurance vie d’un montant de 45 000 euros.
Madame DALI souhaite récupérer l’intégralité des capitaux placés sur son contrat
d’assurance vie. Vous êtes chargé d’étudier la faisabilité de sa demande.
Au total, sur une année pleine, l'impact d'un Livret A à 2 % et d'un LEP autour de 4,5 %
pourrait coûter plus de 3,6 milliards d'euros aux banques, soit environ 6 % des revenus de
banque de détail du secteur. Les groupes les plus exposés sont La Banque Postale, qui
détient un peu plus d'un quart des Livrets A, et les Caisses d'Épargne, acteur historique
de l'épargne réglementée. Comme en février dernier, les banques ont tenté de faire valoir
leurs arguments auprès des autorités pour limiter la hausse. « Mais face à la pente de
l'inflation, on est clairement inaudible », reconnaît un banquier. Le coût de la ressource va
également augmenter pour la Caisse des Dépôts, qui centralise 60 % des sommes
collectées par les banques, via son fonds d'épargne. L'argent du Livret A a en effet pour
mission principale de financer le logement social, l'une des prérogatives de la Caisse. Près
de 100 000 logements sortent de terre chaque année grâce à cet argent, qui peut être
prêté aux bailleurs sociaux.
Près de 900 produits d'épargne sont labellisés par un des trois principaux labels français :
ISR, Greenfin et Finansol. Un record en Europe. Et des labels concurrents de nos voisins
se sont aussi fait une place de choix dans l'Hexagone. Mais quelles garanties nous
apportent ces « appellations contrôlées » ?
Pas toujours bien connus ni compris par les épargnants, les labels durables sont pourtant
incontournables. Généralistes, verts ou solidaires, ils ont chacun leurs spécificités mais
partagent un socle commun : l'obligation pour les produits d'épargne labellisés de prendre
en compte des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans leur
sélection, ainsi que l'engagement actionnarial. Mais sont-ils fiables ? Ils ont tous des
processus de labellisation certifiés qui garantissent le respect de leur cahier des charges.
En revanche attention, ils n'ont pas tous les mêmes exigences. En fonction des convictions
de chacun, il faudra porter une attention particulière à leur méthodologie. […]
Les prix augmentent ! Le prix du litre de diesel est passé de 1,20 € à 2,15 €. Un caddie
rempli de courses au supermarché coûtait 108 € en janvier 2021 ; il coûte désormais 120 €
d’après le journal La Voix Du Nord. Changer de voiture est également plus onéreux : une
Peugeot 208 vaut aujourd’hui 3 000 € de plus qu’il y a un an. D’après l’Insee, les prix à la
consommation ont progressé en France de 5,2 % en mai. L’inflation s’établit à + 8,6 % aux
États-Unis, + 7,9 % en Allemagne, + 9,1 % en Angleterre. Ce phénomène est donc
mondial. […]
En effet, en 2020 et 2021, les ménages ont fortement diminué leur consommation du fait
de la pandémie de Covid-19. De ce fait, ils ont accumulé un niveau d’épargne très
important. Par exemple, fin 2021, les ménages français disposaient de plus de
300 milliards d’euros sur leurs comptes en banque. […] Mais une fois la pandémie et les
campagnes de vaccination terminées, la demande est très vite repartie. Les ménages ont
tout de suite commencé à dépenser cette manne accumulée. Les consommateurs sont
retournés au restaurant, ont voyagé de nouveau, refait leur intérieur, déménagé ou encore
changé de véhicule.
Pourquoi une telle augmentation ? Parce que la Russie et l’Ukraine sont d’importants
producteurs de matières premières. La Russie est le deuxième exportateur de pétrole et
le premier exportateur de gaz au monde. L’Ukraine, quant à elle, est un important
producteur de denrées agricoles. […]
De cette hausse des matières découle une hausse des coûts de l’ensemble des produits
que nous consommons (nourriture, chauffage, transports etc.) que les industriels
répercutent, autant que faire se peut, aux consommateurs finaux. […]
La hausse des taux d’intérêt enregistrée en quelques mois est assez impressionnante : la
rémunération des emprunts à dix ans de la France, encore négative à l’été 2021, atteignait
2 % fin juin dernier. Il est logique de s’interroger sur les effets d’un tel durcissement sur le
niveau d’activité, comme sur celui d’inflation. En particulier quand cette dernière provient
essentiellement de la hausse du prix des matières premières. On sait qu’il faut alors faire
fortement reculer la demande de biens et services, pour compenser la baisse de l’offre de
biens et services qui résulte de la hausse des prix des matières premières.
La troisième conséquence à attendre de cette hausse des taux, qu’ils soient nominaux ou
réels, est due à la structure de l’épargne détenue par les ménages, en fonction de leurs
revenus. Les foyers modestes, qui placent surtout en produits obligataires peu risqués
(Livret A, fonds en euros de l’assurance vie), obtiendront ainsi une meilleure rémunération.
Tandis que les ménages aisés, qui épargnent surtout en actifs financiers plus risqués
(actions, immobilier, obligations d’entreprises...), seront pénalisés par la hausse de la
« prime de risque » associée à ces placements, elle-même due à la hausse des taux
d’intérêt à long terme. Une telle remontée se traduisant alors par la baisse de valeur de
ces actifs. Déjà à l’œuvre depuis le printemps 2022 pour les actions et les obligations
d’entreprises, cette dévalorisation va aussi nécessairement se produire pour l’immobilier.
Enfin, certaines entreprises pourraient tirer leur épingle du jeu. À l’image des banques,
pour une raison évidente : elles produisent des prêts à long terme (crédits immobiliers, ou
d’investissement des entreprises), dont les taux vont progresser, et qui sont financés en
grande partie par des dépôts de court terme non rémunérés. La situation des sociétés
d’assurances est plus complexe.
En rendant le rendement de leurs fonds en euros plus attractif auprès des épargnants, la
remontée des taux d’intérêt à long terme leur sera favorable. Mais il ne faudra pas qu’elle
soit trop rapide, pour éviter que ces mêmes épargnants ne sortent de leurs vieux contrats
d’assurance vie, investis dans d’anciennes obligations, qui reflètent donc les taux d’intérêt
antérieurs, plus bas.
Au total, la remontée des taux d’intérêt à long terme (nominaux et réels) est, sans
ambiguïté, mauvaise pour les États et la majorité des entreprises, et bonne, à condition de
ne pas être trop rapide, pour les banques et les assurances. La situation des ménages est
plus contrastée. Les plus modestes d’entre eux bénéficieront d’une meilleure rémunération
de leur épargne, mais souffriront de la hausse du taux de chômage des travailleurs peu
qualifiés. Les foyers aisés seront assez largement protégés de cette remontée du
chômage, mais pâtiront du recul du prix des actifs financiers risqués.