La théorie des machines tournantes forme une branche de la mécanique du solide, et plus
particulièrement de la dynamique. Elle traite du comportement des masses en rotation, et trouve
des applications aussi bien dans les moteurs et les réacteurs, que dans les pompes, les disques
durs ou le calcul des fondations. La théorie des machines tournantes considère essentiellement
les vibrations engendrées par des arbres supportés par des roulements ou paliers et affectés par
divers effets parasites1. Ces vibrations dépendent de la structure du mécanisme. Tout défaut de
construction ou d'assemblage est susceptible d'aggraver ces vibrations ou d'altérer
leur signature (comme on le voit dans les instabilités de certaines turbomachines). Les vibrations
provoquées par un déséquilibre sont l'un des principaux sujets de la théorie des machines
tournantes : elles doivent être prises en compte dès la phase de conception. Lorsque la vitesse
de rotation augmente, l’amplitude de vibration passe généralement par un maximum, qui
caractérise la « pulsation critique. » Il existe en fait souvent plusieurs vitesses critiques
successives, entre lesquelles l'amplitude des vibrations est beaucoup plus faible. Cette
amplification provient fréquemment d'un déséquilibre des masses en rotation : cela se manifeste
quotidiennement par la pratique de l'équilibrage des moteurs et des roues. L'amplitude critique
peut avoir des conséquences catastrophiques.
Toutes les machines comportant des axes motorisés présentent une fréquence fondamentale de
vibration, qui dépend de la répartition des masses en mouvement. La pulsation critique d'une
machine tournante peut être interprétée comme la pulsation qui excite cette fréquence.
Pour limiter les effets du couplage de résonance, il est essentiel de répartir les masses de façon
à éliminer les réactions transverses sur les arbres, et par là, les forces parasites. Lorsque la
vitesse excite des vibrations de résonance, il se développe des efforts susceptibles d'entraîner la
ruine du mécanisme. Afin d'éviter ce phénomène, on peut : ou bien éviter les vitesses critiques
de rotation, ou les passer rapidement en phase d'accélération ou de freinage. Faute de prendre
ces précautions, on risque de ruiner la machine, de favoriser l'usure ou la ruine des composants,
de provoquer un dommage irréparable, voire un accident de personnes.
Méthodes[modifier | modifier le code]
Sur tous les prototypes comportant des vitesses de rotation appréciables, les fréquences de
résonance doivent être déterminées pour éviter les risques de couplage ; mais la dynamique
détaillée des machines est difficile à modéliser et à interpréter. Les calculs se fondent
généralement sur la définition de modèles analogiques simplifiés qui concentrent les
caractéristiques de raideur et d'inertie des différents composants (modèles masses-ressorts2). La
résolution des équations est effectuée numériquement : méthode de Rayleigh–Ritz ou Méthode
des éléments finis (MEF).
Modélisation du système dynamique[modifier | modifier le code]
Les équations du mouvement d'un arbre tournant à la vitesse angulaire constante Ω s'écrit,
sous forme matricielle :
où :
M est la matrice de masse symétrique ;
C est la matrice symétrique d'amortissement ;
G est la matrice antisymétrique gyroscopique ;
K est la matrice de raideur symétrique des roulements ou du palier ;
N est la matrice gyroscopique de déflection ; elle permet d'introduire l'effet de forces
centrifuges ;
q est le vecteur des coordonnées généralisées de l'arbre dans le repère inertiel ;
f est une fonction d'excitation, qui inclut généralement le déséquilibrage.
La matrice gyroscopique G est proportionnelle à la vitesse
angulaire Ω. La solution générale de ce système fait
généralement intervenir des vecteurs propres complexes qui
dépendent de la vitesse. Les ingénieurs spécialisés dans ce
domaine font usage du diagramme de Campbell pour
représenter ces solutions.
Un aspect particulièrement intéressant de ces équations est le
rôle des termes croisés (non-diagonaux) de la matrice de
raideur : ils traduisent qu'une flexion provoque à la fois une
réaction antagoniste pour compenser le chargement et une
réaction dans le sens de la rotation. Si cette réaction est
suffisamment importante pour compenser l'amortissement,
l'arbre devient instable et il faut immédiatement le freiner pour
éviter la ruine du mécanisme.
Les principaux coefficients intervenant dans le système
dynamique peuvent également être déterminés par les
techniques d'identification modale.
Diagramme de Campbell[modifier | modifier le
code]
Diagramme de Campbell pour un seul arbre.
Le diagramme de Campbell, ou diagramme des fréquences
d'interférence, représente l'évolution des pulsations propres en
fonction de la vitesse de rotation. Le diagramme d'un arbre seul
est représenté ci-contre. La courbe rose représente le mode
« rotation inverse » (BW), et la courbe bleue le mode « rotation
directe » (FW) : elles divergent à mesure que la pulsation
augmente. Lorsque les pulsations propres sont égales à la
pulsation de l'arbre Ω, aux points d'intersections A et B,
l'amplitude des vibrations est maximum3 : c'est la pulsation
critique.
6 DÉFINITION D’UNE VIBRATION Un système mécanique est dit en vibration lorsqu’il est animé d’un
mouvement de va-et-vient autour d’une position moyenne, dite position d’équilibre. Une vibration
est généralement traduite par : • Un déplacement : la position de la masse varie de part et d’autre du
point d’équilibre ; • Une vitesse : variation du déplacement par rapport au temps ; • Une
accélération : variation de la vitesse par rapport au temp
7 CARACTÉRISTIQUES D’UNE VIBRATION DR. DEBBAH YOUNES (MCB) -E-mail :
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des Sciences et Techniques Appliquées Page 15 sur 39 7.1 L’Amplitude On appelle amplitude d’un
mouvement vibratoire la valeur de ses écarts par rapport à sa position d’équilibre. De cette définition
générale, la complexité d’un signal vibratoire réel conduit à définir plusieurs grandeurs d’amplitude :
L’Amplitude crête (Ac) : Elle représente l’amplitude maximale du signal par rapport à sa valeur
d’équilibre. L’Amplitude crête à crête (Acc) : Elle représente l’écart entre les amplitudes extrêmes du
signal pour un temps d’observation donné. Dans le cas d’une vibration sinusoïdale, elle est parfois
appelée amplitude double. Il est noté que : Acc = 2Ac (1) L’Amplitude efficace (Aeff) ou RMS (Root
Mean Square) : Elle indique l’énergie donnée par le mouvement vibratoire. Figure 3. Caractéristiques
d’une vibration Sinusoïdale ou quelconque 7.2 La fréquence La fréquence représente la cadence de
répétition d’un phénomène ou le nombre de fois qu’il se reproduit en un temps donné. Lorsque
l’unité de temps choisi est la seconde, la fréquence s’exprime en Hertz (Hz). Une vibration qui se
produira 50 fois/seconde aura donc une fréquence de 50 Hz. La fréquence f est l’inverse de la
période T qui est la durée d’un cycle. DR. DEBBAH YOUNES (MCB) -E-mail :
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des Sciences et Techniques Appliquées Page 16 sur 39 𝑓 = 1 𝑇 (2) 8 LES DIFFÉRENTS DÉFAUTS D’UNE
MACHINE TOURNATE Le déséquilibre de masse, le frottement du rotor, le désalignement de l'arbre,
les défaillances des engrenages et les défauts de palier sont des exemples de défauts pouvant
conduire à la panne de la machine [8]. Outre la détection de l'apparition précoce et la gravité d'un
défaut, il existe des systèmes qui peuvent également être conçus pour identifier les composants qui
se détériorent et estimer l'intervalle de temps pendant lequel l'équipement surveillé peut encore
fonctionner avant la défaillance [9]. Ces systèmes mesurent et interprètent en continu des signaux
(par exemple, vibration, émission acoustique, thermographie infrarouge, etc.), qui fournissent des
informations utiles pour identifier la présence de symptômes défectueux [10]. 8.1 Le balourd Quel
que soit le soin apporté à la construction des machines, il n'est pas possible de faire coïncider l'axe de
rotation avec le centre de gravité de chaque tranche élémentaire du rotor, ce qui caractérise le
balourd. Il en résulte que l'arbre en rotation est soumis à des efforts centrifuges qui le déforment.
Ces efforts se traduisent par des vibrations liées à la fréquence de rotation. Les vibrations induites
par le déséquilibre sont la cause d’erreurs fondamentales dans des systèmes en mouvement et
peuvent induire des surcharges considérables sur les outils de coupe lors d’opérations d’usinage [11].
Les déséquilibres proviennent en général de défauts d'usinage, d'assemblage des rotors ou de
montage. En fonctionnement, les rotors peuvent aussi se déformer sous l'effet d'échauffements
dissymétriques causant le balourd. Le balourd se DR. DEBBAH YOUNES (MCB) -E-mail :
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des Sciences et Techniques Appliquées Page 17 sur 39 manifeste généralement dans les spectres
vibratoires par un pique qui a une fréquence égale à la fréquence de rotation F0. Figure 4. Défauts
d'usinage causant le balourd 8.2 Le désalignement Un arbre est une partie essentielle de la machine
tournante ; il est utilisé pour transmettre la puissance et le mouvement [12]. Le désalignement de
l'arbre est un problème commun dans les machines tournantes qui cause plus de 70% des problèmes
de vibration [13]. Il se produit lorsque les axes de rotation de deux (ou plus) arbres de machines ne
sont pas alignés. Cela augmente les forces axiales et radiales sur les roulements, joints et
accouplements, en induisant ainsi l'usure de ces composants et une flexion de l'arbre en réduisant la
quantité de puissance transmise [14]. Même si initialement, ou après ajustement, l'arbre est aligné,
pendant le fonctionnement, divers facteurs tels que la croissance thermique, la pression de la
tuyauterie et les mouvements de fondation modifieront l'alignement [15]. Le désalignement se
manifeste généralement dans les spectres vibratoires par un pique qui a une fréquence égale à 2 fois
la fréquence de rotation (2F0). DR. DEBBAH YOUNES (MCB) -E-mail :
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Appliquées Page 18 sur 39 Figure 5. Les types de mauvais alignements 8.3 Les défauts de roulements
Les paliers sont des composants critiques des machines tournantes et la surveillance de leur état est
importante pour éviter les défaillances catastrophiques et réduire les temps d'arrêt des machines
[16]. Douze avaries principales peuvent être retenues et proviennent de quatre familles de causes :
Avaries liées à la charge et à la vitesse appliquée : écaillage, grippage, coloration et détérioration des
cages. Avaries liées à la lubrification : grippage, rupture des bagues par contraintes thermiques,
coloration, détérioration des cages et écaillage, Avaries liées au montage : empreintes des corps
roulants par déformation plastique, traces de coups, certaines détériorations des cages, corrosion
par contact, certains écaillages provenant des défauts d'alignement et de circularité. Avaries liées à
l'environnement : usure, empreintes, corrosion, cratères, cannelures crées par le passage d'un
courant électrique. DR. DEBBAH YOUNES (MCB) -E-mail :
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Page 19 sur 39 Figure 6. Défauts de roulements Les pistes des roulements et les billes sont chargées
cycliquement, ce qui engendre à la surface une dégradation par fatigue qui se présente sous la forme
de fissures qui conduisent à l‘écaillage et puis à la ruine du roulement. Ces fissures peuvent être
d'origine superficielle ou provenir de la dégradation de la sous couche du matériau. Cette ruine peut
être détectée sur un spectre à partir de l’identification des fréquences caractéristiques du roulement.
Celles-ci correspondent aux fréquences des impacts lorsqu'un élément roulant rencontre un défaut.
Elles sont données en écrivant que les vitesses aux points de contact entre billes et bagues sont
nulles. Elles dépendent du diamètre des éléments roulants (d), du diamètre moyen du roulement (D),
du nombre d‘éléments roulants (N), de l‘angle de contact (φ) et de la fréquence de rotation (fr). Elles
sont données par les formules : DR. DEBBAH YOUNES (MCB) -E-mail :
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Appliquées Page 20 sur 39 Tableau 1. Les fréquences caractéristiques des défauts de roulements 8.4
Les défauts d’engrenages Les engrenages sont des composants importants de presque toutes les
machines utilisées dans l'environnement industriel. Par conséquent, la détection d'un défaut dans
ces organes doit être détectée à l'avance pour éviter une défaillance catastrophique [17]. Figure 7
défauts d’engrenages Le défaut d’engrenage se manifeste généralement dans les spectres vibratoires
par un pique qui a une fréquence égale à : 𝑓 = 𝑧. 𝑓0 (7) Après avoir décrit les principales
manifestations vibratoires des défauts de fonctionnement des machines, cet article examine les
stratégies de détection, de Défaut Fréquence Un défaut localisé sur la bague externe 𝑓𝑏𝑒 = 𝑁 2 𝑓𝑟 [1
− 𝑑 𝐷 cos 𝜑] (3) Un défaut localisé sur la bague interne 𝑓𝑏𝑖 = 𝑁 2 𝑓𝑟 [1 + 𝑑 𝐷 cos 𝜑] (4) Un défaut
localisé sur un élément roulant 𝑓𝑒𝑟 = 𝐷 𝑑 𝑓𝑟 [1 − ( 𝑑 𝐷 cos𝜑) 2 ] (5) Un défaut localisé sur la cage 𝑓𝑐 =
1 2 𝑓𝑟 [1 − 𝑑 𝐷 cos 𝜑] (6) DR. DEBBAH YOUNES (MCB) -E-mail :
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Appliquées Page 21 sur 39 surveillance et la démarche de diagnostic s’appuyant sur l’analyse
vibratoire et permettant de déduire une politique et des gestes de maintenance. [