Quae 36190

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Jakob Zinsstag, Esther Schelling, David Waltner-Toews, Maxine A.

Whittaker
et Marcel Tanner (dir.)

One health, une seule santé


Théorie et pratique des approches intégrées de la santé

Éditions Quæ

Chapitre 18 - Trypanosomiase humaine et animale


africaine
Susan C. Welburn et Paul Coleman

Éditeur : Éditions Quæ


Lieu d’édition : Versailles
Année d’édition : 2020
Date de mise en ligne : 17 mai 2021
Collection : Synthèses
EAN électronique : 9782759233885

http://books.openedition.org

Référence électronique
WELBURN, Susan C. ; COLEMAN, Paul. Chapitre 18 - Trypanosomiase humaine et animale africaine In :
One health, une seule santé : Théorie et pratique des approches intégrées de la santé [en ligne].
Versailles : Éditions Quæ, 2020 (généré le 07 novembre 2023). Disponible sur Internet : <http://
books.openedition.org/quae/36190>. ISBN : 9782759233885.

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers
annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Chapitre 18

Chapitre 18 - Trypanosomiase humaine et animale africaine


Trypanosomiase humaine et animale africaine
Susan C. Welburn et Paul Coleman

Introduction
La gestion du risque de zoonoses résultant des interactions entre les animaux, les
humains et l’environnement exige une action intégrée des secteurs de la santé humaine
et animale, le soutien d’autres secteurs ou industries concernés par la gouvernance sani-
taire et des apports clefs de la filière environnementale (Cook et al., 2004 ; Okello et al.,
2011 ; Welburn, 2011 ; Zinsstag et al., 2012).
Dans ce chapitre, nous décrivons les preuves que l’évolution de l’approche One Health
(OH) a été la base de la pérennité du contrôle de la trypanosomiase humaine africaine
(THA) ou « maladie du sommeil » en Ouganda. Nous résumons les éléments essentiels
du concept, des événements et des résultats de la campagne visant à éradiquer la maladie
du sommeil (Stamp Out Sleeping Sickness en anglais, SOS), une approche One Health
de la gestion d’une zoonose émergente en Ouganda, et examinons la possibilité d’une
gestion durable à long terme des maladies. La prévention des épidémies est préférable
et moins coûteuse à long terme, mais cela exige des engagements financiers sur le long
terme qui deviennent difficiles à maintenir lorsque l’impact sanitaire ou les conséquences
des zoonoses émergentes négligées ne sont pas reconnus globalement (Maudlin et al.,
2009).

Trypanosomiase humaine africaine


Une maladie réémergente
La THA est une zoonose tropicale négligée, qui revêt une grande importance pour la
santé publique dans une vaste partie de l’Afrique subsaharienne. La THA est une maladie
coûteuse et difficile à diagnostiquer et à traiter. Elle est mortelle en l’absence de traite-
ment. Aujourd’hui, la THA est considérée comme une maladie réémergente, mais elle
est restée une pandémie pendant une grande partie du siècle dernier, avec des épidé-
mies majeures qui ont surgi sur le continent africain. Un discours alarmant s’est déve-
loppé, décrivant cette maladie comme incurable, avec de graves conséquences sociales
et économiques, un peu comme les craintes actuelles de pandémie de grippe, mais pour
laquelle des solutions One Health uniques ont évolué (Okello et al., 2014).
Transmise par certaines espèces de mouches tsé-tsé, la THA existe sous deux formes :
Trypanosoma brucei rhodesiense, maladie aiguë qui cause la mort dans les 6 mois, et la
forme chronique, la plus répandue, provoquée par une infection à Trypanosoma brucei
gambiense, qui peut prendre plusieurs années et causer de graves lésions au système
nerveux central avant même que les symptômes ne se manifestent. À la croisée des
zones de présence de mouches tsé-tsé en Afrique subsaharienne, les deux formes de
THA sont séparées par la vallée du Grand Rift, avec T. b. rhodesiense aiguë à l’est et
T. b. gambiense chronique à l’ouest (Welburn et al., 2001a). Le site de développement
de la maladie joue un rôle important dans la détermination des approches en matière de
diagnostic, de traitement et de contrôle (Wastling et Welburn, 2011) (planche 11).

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One Health, une seule santé

Position unique de l’Ouganda


L’Ouganda est le seul pays d’Afrique à avoir des foyers de maladie pour les formes
aiguës et chroniques de la maladie du sommeil, abritant T. b. rhodesiense dans le sud-
est et T. b. gambiense dans le nord-ouest, près de la frontière soudanaise (Welburn et al.,
2001a). La THA (la « maladie coloniale ») est apparue à Busoga, sur les rives du Lac
Victoria en 1896 suivie par une émergence dans le Nil occidental en 1905 (Maudlin,
2006). Des avancées médicales et scientifiques rapides ont permis d’identifier le trypa-
nosome comme agent pathogène et la mouche tsé-tsé comme vecteur de transmission,
suggérant que l’infection pouvait être transmise entre les animaux et les humains, mais
à cette époque aucun médicament ne permettait de maîtriser cette épidémie. Dans les
deux régions, on a supposé que la maladie du sommeil était due à une infection par un
agent pathogène hémoflagellé (appelé T. ugandense à ce moment-là). En 1908, au moins
300 000 personnes sont mortes et, en 1909, le gouverneur Bell a fait évacuer les rives du
lac. Castellani avait cependant noté deux formes cliniques en Ouganda — l’une qui était
rapidement mortelle et l’autre qui ne l’était pas (Maudlin, 2006). Une nouvelle analyse
des registres de la maladie du sommeil de 1900 à 1920 en Ouganda a clairement confirmé
qu’il y avait deux types de maladie présentes à cette époque et que la THA aiguë était
une des causes de l’épidémie sur les rives du lac Victoria (Koerner et al., 1995 ; Févre et
al., 2004).
La THA se caractérise par des éclosions périodiques à grande échelle séparées par des
périodes de faible transmission. Bien que nous soyons actuellement dans une période
inter-épidémique, l’OMS soulignant une diminution du nombre de nouveaux cas de
maladie du sommeil ces dernières années (Simarro et al., 2008), les données sur les cas
de maladie du sommeil en Ouganda sont insuffisamment déclarées et le potentiel de
retour de la maladie dans des proportions épidémiques est élevé (fig. 18.1).
Alors que les foyers de THA s’étendent et se resserrent, la THA a tendance à ne pas se
propager, avec des cas d’infection limités à des foyers localisés de maladie du sommeil.
Pendant plus d’un siècle, les deux formes de la maladie humaine en Ouganda étaient
localisées sur des zones géographiques distinctes facilitant la surveillance, le diagnostic,
le traitement et le contrôle (Welburn et al., 2001a ; Welburn et Maudlin, 2012). Dans les
années 1970, on craignait que la forme gambienne ne s’étende vers le sud au sein de
l’aire de la mouche tsé-tsé en raison des mouvements de population humaine, en particu-
lier ceux à destination et en provenance des camps de réfugiés à l’intérieur du pays.
Aujourd’hui, 50 districts de l’Ouganda sont menacés par l’une ou l’autre forme de la
maladie du sommeil, principalement dans les zones rurales pauvres. La maladie du
sommeil gambienne est une maladie chronique transmise d’une personne à l’autre par les
mouches tsé-tsé infectées. La maladie rhodésienne du sommeil est la forme aiguë de la
maladie, le bétail étant le principal réservoir du parasite infectieux humain, qui est égale-
ment transmis par les mouches tsé-tsé et menace 9 millions de personnes en Ouganda.
Sous-déclaration et charge cachée de la maladie
Les données sur les décès dus à la maladie du sommeil sont également sujettes à
des erreurs grossières puisque les personnes touchées sont souvent hors de portée des
systèmes de soins de santé et ne sont rapportées dans aucun indicateur de santé (Odiit et
al., 2004b). Les deux formes de THA sont difficiles à diagnostiquer et largement sous-
déclarée (Odiit et al., 2005 ; Févre et al., 2008 a,b) ce qui fait craindre « une épidémie
silencieuse » (Wastling et al., 2011). La sous-déclaration peut aller jusqu’à 40 % dans
certains foyers de T. b. rhodesiense ; pour chaque cas déclaré de maladie du sommeil, 12

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Chapitre 18 - Trypanosomiase humaine et animale africaine

ne sont pas détectés. En Ouganda, on estime que 92 % des décès dus à la THA ne sont
pas signalés en raison de la confusion avec le paludisme et autres maladies infectieuses
(Odiit et al., 2005).

Figure 18.1. Incidence de la THA en Ouganda de 1987 à 2011, caractérisée par des
éclosions périodiques à grande échelle séparées par des périodes de faible transmission
(COCTU, 2014).

Pour estimer la charge actuelle de morbidité, les chiffres officiels de la maladie zoono-
tique du sommeil ont été utilisés pour calculer un nombre moyen de cas humains de
référence par an ; à partir de là, une charge moyenne de l’AVCI (coût par année de vie
ajustée sur l’incapacité) peut être calculée en utilisant les méthodologies standard OMS/
Banque mondiale. D’après des calculs préliminaires, ce nombre serait d’environ 900 cas
humains par an, selon des estimations prudentes. Ceci est basé sur les enregistrements du
du Coordinating Office for Control of Trypanosomiasis in Uganda (COCTU) de 1987 à
2011 et sur les facteurs de conversion de la littérature publiée (fig. 18.1). On estime que
les services médicaux identifient moins de 10 % des cas en utilisant les moyens actuels
de surveillance.
Une zoonose : les réservoirs animaux d’infection
Les trypanosomes b. gambiense et T. b. rhodesiense qui infectent les humains coexistent
dans les foyers de THA avec d’autres infections à trypanosomes qui induisent une trypa-
nosomiase animale africaine (connue sous le nom de Nagana), tant chez les animaux
sauvages que domestiques. Le trypanosome b. rhodesiense, l’agent responsable de la
maladie aiguë du sommeil, est une zoonose importante qui infecte un large éventail
d’hôtes animaux sauvages et domestiques non humains (Anderson et al., 2011 ; Auty
et al., 2012). La présence de parasites infectieux humains dans le sang d’animaux est
connue depuis un certain temps après confirmation par des travaux sur des volontaires
humains qui ont été infectés par des parasites provenant d’animaux hôtes sauvages et
domestiques (Onyango et al., 1966). Cependant, bien que des animaux sauvages fassent
partie du réservoir de parasites en Zambie (Anderson et al., 2011) et en Tanzanie (Auty
et al., 2012), dans le sud-est de l’Ouganda, où les gibiers ne sont plus aussi fréquents, on

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One Health, une seule santé

a découvert que le bétail était le principal réservoir de la forme rhodésienne de la maladie


du sommeil (Welburn et al., 2001b ; von Wissmann et al., 2014).
Le trypanosome b. gambiense de la THA se transmet principalement d’une personne
à l’autre par l’intermédiaire d’une transmission mouche tsé-tsé infectée à l’homme et
mouche-homme.
Bien que l’identification de T. b. gambiense chez les porcs dans certains foyers de THA
en Afrique de l’Ouest ait été rapportée, ces derniers ne sont pas considérés comme jouant
un rôle prépondérant dans épidémiologie de la maladie (Jamonneau et al., 2004).
Jusqu’à récemment, il n’était pas possible de mesurer l’étendue du réservoir zoonotique
de T. b. rhodesiense chez les animaux domestiques, car les bovins pouvaient également
être infectés par T. b. brucei non infectieux pour l’homme, morphologiquement impos-
sible à distinguer de T. b. rhodesiense par microscopie. En 2000, un gène unique a été
identifié qui permet de différencier le risque infectieux pour les humains chez les para-
sites de l’espèce T. brucei s.l. Cependant, avec l’identification d’un marqueur molécu-
laire (SRA — serum-resistance associated gene) pour T. b. rhodesiense (Xong et al.,
1998), la différenciation des parasites infectieux humains chez les animaux est devenue
possible. Le gène SRA peut être utilisé comme marqueur génétique pour distinguer
T. b. brucei et T. b. rhodesiense (Welburn et al., 2001b). En utilisant le marqueur SRA,
jusqu’à 18 % des bovins du district de Soroti ont été identifiés comme étant infectés
par T. b. rhodesiense (Welburn et al., 2001b), alors qu’ils n’étaient que 1 % avec les
méthodes précédentes (Hide et al., 1994), et il est clair que les infections chez les
animaux avaient été omises en raison des méthodes alors disponibles sur le terrain. La
mouche tsé-tsé montre une nette préférence pour l’alimentation du bétail (Waiswa et al.,
2006) et le risque d’infection par une mouche infectée qui s’est elle-même infectée en
piquant une vache infectée est cinq fois plus élevé que par un être humain (Hide et al.,
1996).
Risques et conséquences du chevauchement des deux formes de THA
L’identification de la THA et le type de traitement administré sont actuellement unique-
ment basés sur la connaissance du type de maladie du sommeil dont est originaire
la maladie du patient et du stade de la maladie (Welburn et al., 2001a; Wastling et
Welburn; 2011). Pour la THA T. b. rhodesiense de stade I, les patients sont traités à la
suramine (découverte en 1921) et pour T. b. gambiense à la pentamidine (découverte en
1941). Pour les deux formes de THA à un stade avancé, les patients peuvent être traités
avec le mélarsoprol (découvert en 1949) mais il existe une résistance considérable de
T. b. gambiense à ce médicament et les patients sont plus souvent traités par Eflornothine
(enregistrée en 1990).
Les deux formes de THA en Ouganda ont été localisées sur des zones géographiques
distinctes facilitant la surveillance et le traitement différentiel. Historiquement, la
maladie du sommeil ne s’est pas propagée très loin ; les zones affectées par
T. b. gambiense se sont étendues et se sont contractées, mais la maladie est restée large-
ment localisée dans des foyers de maladie du sommeil. En Ouganda, on craignait que
la forme gambienne ne s’étende vers le sud au sein de la zone de mouches tsé-tsé, avec
les mouvements de population, en particulier les mouvements massifs de personnes vers
et depuis les camps de réfugiés. Les conséquences sur la santé publique de la conver-
gence des deux formes de THA ont d’importantes répercussions sur les coûts. Si les
deux formes de la maladie devaient coexister dans la même région, le diagnostic et
le traitement de la maladie du sommeil, déjà problématiques, deviendraient alors quasi

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Chapitre 18 - Trypanosomiase humaine et animale africaine

impossibles. Le chevauchement rendrait la gestion de la maladie complexe en termes de


diagnostic du parasite responsable, d’application des différents traitements recommandés
et de choix des politiques de lutte appropriées.
La propagation de la THA
Les données historiques montrent que la THA se caractérise par des épidémies pério-
diques à grande échelle séparées par des périodes de faible transmission, mais que le
risque de récidive de la maladie est élevé. Les cas de THA aiguës ont été limités au sud-
est du pays jusqu’en 1985, date à laquelle la maladie a commencé à migrer vers le nord
à raison d’un district par an. En 2005, les deux maladies n’étaient distantes que de 150
km (Picozzi et al., 2005), et les chercheurs et les décideurs se préoccupaient de plus en
plus du risque de chevauchement de ces deux formes en Ouganda. Il y avait un risque
important de convergence des deux souches avant 2015.
Ce mouvement vers le nord était inattendu, car entre 1985 et 2005, des investissements
importants avaient été consentis dans la lutte contre les vecteurs (piégeage de la mouche
tsé-tsé) et dans la surveillance active des maladies humaines grâce à un éventail de
programmes européens de lutte à grande échelle. Le dépistage actif de la maladie est
considéré comme très efficace pour les deux formes de THA. Le piégeage de la mouche
tsé-tsé est beaucoup moins efficace en Ouganda pour T. b. rhodesiense que dans les
régions où la transmission est majoritairement humaine. En effet, les mouches tsé-tsé
infectées sont rares ; les mouches ne peuvent être infectées que si elles sont sensibles
(Welburn et Maudlin, 1991), co-infectées par une bactérie symbiotique (Sodalis glossini-
dius) et si elles attrapent leur infection dès leur premier repas (Welburn et Maudlin, 1992,
1999 ; Soumana et al., 2012). De plus, même si des mouches prédisposées se nourrissent
d’un hôte infecté, le développement de l’infection et sa progression de l’intestin de la
mouche vers des formes infectées de mammifères n’est pas une certitude ; la transmis-
sion cyclique est liée au sexe, les mouches mâles transmettant beaucoup plus de maladies
que les femelles (Milligan et al., 1995 ; Welburn et al., 1995). La plupart des parasites
ingérés par les mouches tsé-tsé meurent dans l’intestin moyen et ne sont pas transmis
(Welburn et al., 1996). Même au plus fort d’une épidémie de T. b. rhodesiense à Tororo,
seule 1 mouche sur 1 000 était infectée, avec des prises quotidiennes classiques variant
entre 0 et 5 mouches par piège (ou par km2).
Pour la surveillance animale, les techniques de microscopie ne sont pas utiles pour
détecter les infections de faible intensité. Lorsque le nombre de parasites est faible,
comme c’est souvent le cas chez les bovins dans les régions où la THA est endémique,
les diagnostics positifs peuvent souvent être omis par la microscopie (Picozzi et al.,
2002 ; Magona et al., 2003). En outre, la microscopie exige beaucoup de travail, néces-
site un microscopiste compétent et peut être difficile à gérer sur le terrain sans une source
d’énergie fiable. Bien qu’il existe des méthodes plus récentes pour évaluer la prévalence
des trypanosomes chez les bovins (Cox et al., 2010 ; Ahmed et al., 2011, 2013), les
méthodes utilisées par les équipes de dépistage vétérinaire au cours de cette période n’ont
pas permis d’indiquer l’ampleur du risque lié au bétail domestique.
En décembre 1998, un cas de maladie du sommeil humaine a été signalé dans le district
de Soroti, au nord-ouest de l’étendue documentée du foyer de T. b. rhodesiense ; c’était
le premier cas dans des régions au nord du lac Kyoga, et 70 cas supplémentaires se sont
présentés durant les 18 mois suivants. Des mesures limitées de lutte contre la mouche
tsé-tsé ont été mises en œuvre, mais le foyer n’a pas été maîtrisé et, en juin 2000, 119 cas
avaient été enregistrés. De nouveaux cas de maladie du sommeil étaient encore signalés

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One Health, une seule santé

à Soroti en 2005, portant le nombre total de cas déclarés à plus de 400 et, par extrapola-
tion, le nombre total de cas déclarés et non déclarés à plus de 700 (Févre et al., 2005). La
maladie s’est ensuite propagée à travers le lac Kyoga jusqu’au district de Kaberamaido
(Batchelor et al., 2009 ; Wardrop et al., 2013).
Vecteurs de la maladie bétail infecté personnes infectées
Une étude cas-témoins a montré une forte corrélation entre les cas de maladie du sommeil
précoce dans le district de Soroti et la proximité du marché de bétail connu sous le nom
de Brookes Corner (Févre et al., 2001). La distance par rapport à Brookes Corner était
un facteur de risque très important (p < 0,001), mais à mesure que le temps passait, la
distance par rapport au marché devenait un facteur de risque moins important. On estime
que plus de 50 % du bétail commercialisé sur ce marché provenait de la zone endé-
mique de T. b. rhodesiense, au sud, ce qui a vraisemblablement contribué à l’éclosion de
l’épidémie chez les bovins. Des études ont confirmé que le réservoir d’animaux domes-
tiques était la principale source de trypanosomes infectieux humains pour la mouche tsé-
tsé, jusqu’à 40 % des bovins transportant T. b. rhodesiense dans le sud-est de l’Ouganda
(Welburn et al., 2001b). Bien que les porcs (Okuna et al., 1986) et les chiens puissent
également être infectés, les porcs ont une durée de vie relativement courte et ne sont
pas des réservoirs de la maladie à long terme, tandis que les chiens sont rapidement
tués par la maladie. En Ouganda, traiter uniquement le bétail réduirait donc considéra-
blement l’infection à T. b. rhodesiense (Welburn et al., 2006). Entre 1998 et 2006, des
mouvements incontrôlés de bovins infectés ont entraîné l’introduction de la THA zoono-
tique dans huit nouveaux districts en Ouganda (Févre et al., 2005 ; Picozzi et al., 2005)
(fig. 18.2).
La politique de repeuplement et l’instabilité de la maladie
À la fin des années 1970, les nomades karamojong ont intensifié leur pratique tradi-
tionnelle d’attaque du bétail (Epelu-Opio, 2009), qui a dévasté les systèmes agricoles
et conduit au dépeuplement du Teso et donc à la mise en jachère des terres apportant
un habitat favorable aux mouches tsé-tsé (Hutchinson et al., 2003). La « guerre Teso »
qui a suivi (1986-1992) a provoqué des perturbations généralisées dans les districts de
Soroti et Kaberamaido (Epelu-Opio, 2009). La stabilité est revenue à la fin des années
1990 et la population a commencé à revenir dans la région, avec l’aide du gouvernement
et des programmes de repeuplement du bétail à grande échelle menés par les donateurs
(Hutchinson et al., 2003 ; Selby et al., 2014). Cependant, en juin 2003, une insurrec-
tion brutale de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA pour Lord’s Resistance Army)
s’est étendue au sud-est vers les districts de Lira, Apac, Kaberamaido, Katakwi et Soroti.
Une grande partie de la population a été déplacée vers des camps de réfugiés et, dans
certains cas, les gens dormaient dans les camps et retournaient dans leurs villages pour
cultiver la terre le jour. Les districts de Lira et d’Apac ont fait l’objet d’interventions
de repeuplement à grande échelle, menées par des ONG et le Fonds d’action sociale de
la Banque mondiale/Gouvernement du nord de l’Ouganda (NUSAF), mises en œuvre
par le gouvernement par le biais d’agents vétérinaires du district (au titre du Programme
national pour le développement de l’élevage, PNADE, financé par la Bad). De nombreux
bovins achetés pour le repeuplement provenaient des districts de Kamuli, Palissa, Tororo
et Mbare dans le sud-est de l’Ouganda, qui étaient endémiques pour T. b. rhodesiense.
Ces programmes de repeuplement et une grande partie du repeuplement indépendant
n’ont pas respecté les contrôles sanitaires stricts qui avaient été imposés auparavant aux
bovins se déplaçant entre les districts (Selby et al., 2014).

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Chapitre 18 - Trypanosomiase humaine et animale africaine

L’insécurité et sa résolution au Sud-Soudan ont également eu un impact sur le risque de


trypanosomiase en Ouganda. En 2008, on a signalé que des négociants en bétail et des
agents du sud du Soudan achetaient du bétail jusqu’au marché d’Ochero, dans le district
de Kaberamaido, pour fournir de la viande à Juba, ce qui a contribué au flux du bétail
vers le nord et a augmenté le risque de transmission de trypanosomiase. Les mouvements
incontrôlés de bovins infectés autour du lac Kyoga, qui n’ont pas été traités avec des
trypanocides au point de vente, ont entraîné l’introduction de la THA zoonotique dans
huit nouveaux districts de l’Ouganda, communautés qui ignoraient cette maladie et son
risque, entre 1998 et 2006.

Figure 18.2. Convergence des foyers de la THA de 1995 à 2005 (adapté de Picozzi et
al., 2005).

Approches One Health de la THA


L’émergence d’une plate-forme One Health
L’Ouganda est unique en son genre pour ce qui est de l’élaboration précoce d’un cadre
One Health pour la coordination de la lutte contre la trypanosomiase qui couvre la santé
humaine, la santé animale et l’environnement. L’Office coordinateur de lutte contre la
trypanosomiase en Ouganda (Coordinating Office for Control of Trypanosomiasis in
Uganda, COCTU) est l’organisme gouvernemental responsable de la coordination et du
suivi des interventions contre la maladie du sommeil en Ouganda, offrant un exemple
concret de plate-forme qui fonctionne dans la pratique (Okello et al., 2014). La mise
en place de cette plate-forme a été en partie motivée par la résurgence d’une impor-
tante épidémie de T. b. rhodesiense à la fin des années 1980, où d’importants apports
humains et financiers ont nécessité un changement par rapport à l’approche en silos des
programmes de lutte antérieurs.
Le COCTU est le secrétariat officiel du Conseil ougandais de lutte contre la trypano-
somiase (Uganda Trypanosomiasis Control Council, UTCC), créé par une loi parlemen-
taire en 1992. Cette plateforme interministérielle, financée en permanence, coordonne les
politiques de toutes les parties prenantes impliquées dans la lutte contre la mouche tsé-
tsé et la trypanosomiase en Ouganda. Le COCTU, qui fait partie du ministère ougandais
de l’Agriculture, des Industries animales et de la Pêche (MAAIF) et qui a reçu l’aval du
cabinet du Premier ministre pendant deux décennies, est un exemple de la prévoyance
et de l’engagement de l’Ouganda envers l’initiative One Health, établie bien avant que
cette approche ne devienne tendance. Le COCTU coordonne les politiques de lutte contre

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One Health, une seule santé

la maladie du sommeil, établit des liens entre le travail et la recherche sur le terrain, et
rassemble des données. Le statut a établi un Comité technique, composé de chefs des
départements ministériels compétents représentés au sein de l’UTCC et pouvant coopter
des experts. Le Comité technique donne son avis sur les interventions techniques et les
plans de travail et, par le biais du COCTU, fait des recommandations à l’UTCC.
L’existence du COCTU a également offert une certaine continuité dans la lutte contre la
THA et la trypanosomiase animale pendant les processus perturbateurs de décentralisa-
tion et de recentralisation. En vertu de la Constitution ougandaise de 1995, le gouverne-
ment local est devenu chargé de la planification et de l’administration de la santé et de
l’agriculture, et la fonction des ministères sectoriels s’est réduite aux inspections, suivi
et soutien technique (Asiimwe et Katorobo, 2007). Auparavant, le personnel du gouver-
nement de district relevait du Commissaire à la santé animale et à l’entomologie ; après
la décentralisation, le Commissaire pouvait proposer des travaux sur des maladies parti-
culières et acheminer des fonds mais ne pouvait imposer de travaux à entreprendre. La
« recentralisation » des services vétérinaires qui a suivi en octobre 2008 a permis au
Centre de prendre en charge les coûts du travail vétérinaire gouvernemental et de gérer le
personnel vétérinaire entre les districts.
La genèse de l’éradication de la maladie du sommeil
— Table ronde de l’OMS
En réponse au constat qu’en 2005 les deux formes de maladie du sommeil n’étaient plus
qu’à 150 km l’une de l’autre, le COCTU a demandé un appui technique à l’OMS pour
faire face au danger de la fusion entre T. b. gambiense et T. b. rhodesiense. Une réunion,
appuyée par le Programme spécial OMS/TDR (Programme spécial de recherche et de
formation sur les maladies tropicales), s’est tenue lors de la 28e session de l’ISCTRC à
Addis-Abeba, Éthiopie, en 2005 et une résolution (résolution AFR/RC55/R3 du Comité
régional OMS/AFRO) recommande que l’OMS/AFRO appuie la mise en œuvre de la
stratégie régionale pour la lutte anti-THA et empêche la propagation de la maladie
(Morton, 2009).
Il a été proposé d’utiliser des trypanocides pour éliminer le réservoir de T. b. rhodesiense
chez les bovins domestiques dans les districts nouvellement touchés et d’appliquer
ensuite de la deltaméthrine par pulvérisation sur les bovins pour prévenir une réinfection
par la mouche tsé-tsé. La THA aiguë se traduirait par un recul dans le sud-est de
l’Ouganda pour prévenir la fusion des deux formes de la maladie du sommeil tout en
renforçant la lutte durable contre la trypanosomiase animale africaine à l’échelle locale.
La pénurie de ressources humaines vétérinaires à la suite de la restructuration de la fonc-
tion publique a été identifiée comme une contrainte et l’option de recourir à des étudiants
de dernière année en médecine vétérinaire a été identifiée comme moyen pour résoudre
ce problème. Cette action était perçue comme un processus ouvert, impliquant une inter-
vention d’urgence suivie d’interventions de la part des agriculteurs eux-mêmes pour
assurer la pérennité.
Éradication de la maladie du sommeil : un partenariat public-privé
Le 1er juin 2006, un accord (Memorandum of Understanding, MoU) a été rédigé et
signé par le président de l’UTCC et par des représentants de la société pharmaceutique
Ceva et Industri Kapital (IK), une société d’investissement privée avec une filiale cari-
tative (IKARE). Ceva/IK ont accepté de signer un contrat avec l’Université Makerere
et l’université d’Edimbourg pour mettre en œuvre un traitement groupé et les activités
connexes, et de travailler avec leurs distributeurs locaux pour introduire un traitement

284
Chapitre 18 - Trypanosomiase humaine et animale africaine

insecticide du bétail. Cela a servi de base à ce qui allait devenir la campagne d’éradi-
cation de la maladie du sommeil (Stamp Out Sleeping Sickness, SOS), un partenariat
public-privé (PPP).
La campagne SOS s’est concentrée sur l’utilisation de médicaments trypanocides pour
éliminer l’infection parasitaire infectieuse humaine dans le réservoir animal et sur
l’application d’insecticides aux sites de prédilection de la mouche tsé-tsé du bétail pour
prévenir une réinfection. Les parties prenantes comprenaient les propriétaires de bovins,
les agents vétérinaires de district, la Faculté de médecine vétérinaire (FVM) de l’univer-
sité de Makerere, en Ouganda, l’université d’Edimbourg, le secteur privé, les entreprises
locales, les donateurs et les autorités réglementaires nationales. Préalablement au lance-
ment de la campagne, les membres du COCTU et leur comité technique ont rencontré à
Kaberamaido l’ensemble du conseil de district, ainsi que le personnel du conseil et des
membres du public, et ont visité les camps et villages de déplacés.
L’objectif principal de la campagne SOS était de traiter 85 % des bovins dans cinq
districts du nord de l’Ouganda qui étaient exposés à un risque de chevauchement de la
maladie (Welburn et al., 2006). La modélisation a indiqué que le traitement d’au moins
85 % de la population bovine pourrait éliminer les parasites infectieux pour l’homme,
étant donné que la moitié de toute la nourriture des mouches tsé-tsé provient des bovins.
Sur une période de 8 semaines, environ 250 000 bovins ont été traités dans cinq districts.
Dans les districts à haut risque de Dokolo et Kaberamaido, les bovins ont été traités avec
du chlorure d’isométamidium (Veridium®), qui a un effet prophylactique contre les infec-
tions au trypanosome pour une durée maximale de 3 mois. Les bovins de Lira, Amolatar
et Apac ont été traités avec de l’acéturate de diminazène (Veriben B12®), qui est curatif,
mais n’offre aucun effet prophylactique contre les nouvelles infections au trypanosome.
Pour prévenir la réinfection après le traitement, les bovins devaient être protégés à l’aide
d’insecticides à base de deltaméthrine. Lorsqu’ils sont appliqués sur une quantité suffi-
samment importante de bovins, les insecticides permettent d’obtenir un niveau assez
uniforme de bétail traité par hectare pour lutter contre la mouche tsé-tsé à un niveau de
population (Hargrove et al., 2002). Cependant, le traitement global des bovins ou l’utili-
sation d’applications à épandre s’étaient avérés prohibitifs en termes de coûts. Comme
les mouches tsé-tsé tirent leur nourriture de préférence des pattes et du ventre des bovins,
le traitement de ces zones seulement s’est avéré plus rentable que le traitement du corps
entier (Torr et al., 2007). Ce protocole d’application restreinte (PAR) peut réduire le coût
du produit à traiter à seulement 0,02 $US par tête de bétail (Kabasa, 2007). Le PAR se
sert des bovins comme appâts vivants en appliquant un insecticide à une concentration
normale par trempage aux sites de prédilection correspondant à une fraction du coût de
traitement du corps entier. La modélisation indique que seulement 1,1 % ou 1,6 % des
bovins de village doivent être traités par jour, ce qui équivaut à 21 % d’application sur
l’ensemble du corps du troupeau ou 27 % du PAR pour les bovins de boucherie de R0 < 1
(Kajunguri et al., 2014).
Dans les zones de traitement, l’insecticide à base de deltaméthrine (Vectocid®) a été
pulvérisé sur les bovins : sur les pattes et le ventre de la vache afin de prévenir une réin-
fection par la mouche tsé-tsé, et sur les oreilles contre les tiques (fig. 18.3), en respec-
tant le protocole d’application restreinte (PAR). L’application mensuelle du PAR après
un traitement trypanocide a permis de maintenir la prévalence à moins de 1 % de tous les
trypanosomes dans le district de Tororo, qui est endémique tant pour la THA que pour la
TAA (Brownlow, 2009). Le PAR protège également contre une série de maladies trans-

285
One Health, une seule santé

mises par les tiques telles que la thériose, l’anaplasmose et la cowdriose, ainsi que contre
les dommages causés par les tiques qui sont endémiques pour cette région (Magona et
al., 2008, 2011 ; Muhanguzi et al., 2014a).

Figure 18.3. Protocole d’application restreinte (PAR) pour le traitement insecticide sur
les bovins.

La campagne SOS s’est engagée dans la construction d’une plateforme One Health
pérenne, éduquant les agriculteurs et les principales parties prenantes sur les liens étroits
entre santé animale, santé humaine et développement économique. Elle s’est tournée
vers l’université de Makerere pour obtenir des ressources humaines afin de soutenir la
campagne, ce qui lui a permis d’engager des étudiants vétérinaires de dernière année dans
des activités de développement. L’Université Makerere devait préparer les diplômés à la
pratique vétérinaire privée et répondre au besoin de mécanismes alternatifs du secteur
privé pour fournir des services sur le terrain dans les districts concernés par la campagne
SOS. La faculté vétérinaire de l’université de Makerere a révisé son programme d’études
pour permettre des périodes sans cours magistraux et a lancé le programme MinTracs ;
les étudiants ont été détachés pour travailler avec des communautés afin d’entreprendre
des traitements, pulvérisations, échantillonnage et interviews dans le cadre de leur
dernière année d’étude (chap. 30).
Une fois le traitement initial terminé, l’insecticide a été laissé aux agents vétérinaires de
district pour qu’ils entreprennent une deuxième puis une troisième pulvérisation gratuite,
et les communautés ont bénéficié d’une campagne de sensibilisation et d’éducation
approfondie par des messages radio et des affiches sur la nécessité de poursuivre réguliè-
rement l’administration du traitement dans les districts concernés.
Résultats du partenariat public-privé
À la création de la campagne SOS, l’analyse spatiale a montré que T. b. brucei et
T. b. rhodesiense étaient répartis dans quatre des cinq districts de la zone cible de la
maladie du sommeil chez les bovins (planche 12a, c). La phase initiale a entraîné une
réduction de la prévalence du parasite de la maladie du sommeil de près de 70 % chez les
bovins, de 90 % des cas humains de THA et une diminution de 75 % de tous les trypa-
nosomes chez les bovins (pathogènes humains et bovins) (planche 12b, d) et a enrayé

286
Chapitre 18 - Trypanosomiase humaine et animale africaine

l’expansion vers le nord de THA T. b. rhodesiense. L’impact de l’intervention a été plus


important chez T. b. rhodesiense, car l’infection humaine a un coût en termes de bien-
être physique (Coleman et Welburn, 2004 ; Welburn et al., 2008). La concentration de
T. brucei chez les bovins est liée au risque d’infection humaine (von Wissmann et al.,
2014) ; les baisses de T. b. rhodesiense chez les bovins se reflètent par une réduction du
nombre de cas de maladie du sommeil rapportés au sein de la zone cible de la maladie du
sommeil. À partir de 1/100 bovins infectés par T. b. rhodesiense, la SRA par analyse des
prélèvements avant traitement a montré une baisse à 1 pour 1000 après traitement.
Au cours de la période de mise en œuvre de la campagne SOS, le nombre de cas déclarés
de maladie du sommeil a diminué dans quatre des cinq districts cibles, aucun cas n’ayant
été signalé dans le district Apac. Des cas humains post-traitement n’ont été observés qu’à
proximité des marchés aux bestiaux (Batchelor et al., 2009 ; Selby et al., 2014) et une
deuxième phase de traitement du bétail a été mise en place. La réduction du nombre de
cas dans le disctrict de Lira indique que la frontière entre les deux formes de maladie
du sommeil s’est maintenue. Le déplacement vers le nord de T. b. rhodesiense et de la
maladie du sommeil avait été enrayé 18 mois après le traitement.
La maladie du sommeil est une maladie qui touche les régions rurales éloignées et mal
desservies par les établissements de santé. En sensibilisant davantage les populations
rurales et isolées, ainsi que le personnel de santé et les décideurs, à la maladie, la
campagne SOS a le pouvoir d’améliorer l’accès au traitement contre la maladie du
sommeil. La réduction de l’incidence de la maladie du sommeil dans les populations
isolées peut contribuer à faire reculer les inégalités régionales et l’inégalité causée par
l’isolement.
Un réseau communautaire durable de traitement par pulvérisation
Des niveaux de traitement relativement modestes (environ 20 % des animaux, même
lorsque le nombre de mouches tsé-tsé n’est pas réduit par l’intervention) devraient
entraîner l’élimination de la THA dans le sud-est de l’Ouganda (Hargrove et al., 2012).
De plus, le traitement d’une proportion raisonnable de bovins avec des insecticides peut
mener à l’éradication totale de la maladie ; seulement 1,6 % des bovins de village doivent
être traités quotidiennement au moyen du PAR, ce qui équivaut à 27 % de la couverture
du PAR maintenue pour le R0 < 1 (Kajunguri et al., 2014). Il s’ensuit que si un marché
pérenne des pulvérisations pouvait être développé, la trypanosomiase transmise par la
mouche tsé-tsé cessera d’être un problème et la maladie du sommeil sera éliminée. Les
agriculteurs doivent protéger leur bétail contre les maladies transmises par les tiques, et
ces objectifs de couverture du PAR ont été réalisables et abordables.
Les initiatives mises en place par les partenaires du secteur privé (IKARE et Ceva Santé
Animale), y compris les équipes mobiles de pulvérisation et le lancement de cabinets
vétérinaires et pharmacies privées dans des zones auparavant non desservies des districts
touchés par la maladie du sommeil, visent à développer un réseau viable. L’initiative 3
V Vet qui a suivi l’intervention de masse a été perçue comme étant : une sensibilisation
accrue à la trypanosomiase et à la THA ; la promotion de l’interaction avec le gouver-
nement et les ONG ; le maintien d’une haute visibilité sur les principaux marchés ; le
développement du contact et des ventes par les vendeurs locaux en produits agrovétéri-
naires ; le travail communautaire (démonstration et formation par des épandeurs commu-
nautaires) et le travail avec les médias locaux. Des épandeurs particuliers ont été recrutés
pour former un réseau communautaire. Les épandeurs travaillent en tant que micro-entre-
preneurs indépendants avec le soutien et la formation de leur vétérinaire local. Le prix
des pulvérisations est en principe fixé par le responsable individuel de l’épandage et

287
One Health, une seule santé

dépend de la taille et du nombre d’animaux à traiter. Le prix moyen par épandage varie
de 200 à 300 shillings ougandais (environ 0,10 $US), ce qui représente une marge béné-
ficiaire d’environ 50 % pour l’épandeur. Garantir un accès fiable et accessible à des
médicaments de qualité est un élément essentiel au développement d’un réseau commer-
cialement viable. Les agriculteurs sont encouragés à traiter leur bétail toutes les deux
semaines ou plus fréquemment pour lutter contre les tiques et au moins une fois par mois
pour les mouches tsé-tsé en utilisant les méthodes du PAR.
On estime qu’au moins 100 000 animaux sont régulièrement traités par le biais du PAR
dans les districts de la campagne SOS. Un nombre équivalent est traité par l’applica-
tion de produits à base de deltaméthrine sur l’ensemble du corps, ce qui est suffisant
pour contrôler la trypanosomiase animale et humaine au niveau du village. Les agricul-
teurs signalent que les animaux traités sont en meilleure santé, plus productifs et mieux
nourris, et que les animaux sont également protégés contre une série d’autres maladies
transmises par les tiques, comme la théériose, l’anaplasmose et la cowdriose. Toutefois,
pour atteindre les objectifs fixés pour les bovins traités à l’insecticide, les agriculteurs
doivent utiliser des produits qui agissent à la fois contre les tiques et les mouches tsé-tsé
plutôt que des produits qui ne sont actifs que contre les tiques (Bardosh et al., 2013) alors
que certains agriculteurs utilisent encore des produits uniquement contre les tiques. Il y
a lieu de plaider en faveur de la mise en place d’un zonage de l’acaricide dans les zones
touchées par la THA et dans les zones à risque.
La mise en place d’un réseau d’équipes de pulvérisation communautaires en Ouganda
sert de modèle pour la prévention à long terme de la réinfection parasitaire et devrait
garantir que les bénéfices des campagnes de traitement de masse soient maintenus.
Garantir un accès fiable et accessible à des médicaments de qualité est la clé du dévelop-
pement d’un réseau commercialement durable.

Valeur ajoutée d’une approche One Health


Impact socio-économique de la campagne d’éradication de la maladie
du sommeil : une « catastrophe évitée »
Les estimations du fardeau sociétal total des zoonoses émergentes et endémiques (défi-
nies comme la combinaison des coûts humains et animaux ± environnementaux de la
maladie pour les secteurs public et privé, y compris les impacts indirects sur la sécurité
alimentaire des petits exploitants agricoles et les impacts micro et macroéconomiques
de la maladie sur les pertes de productivité du bétail et la santé) peuvent fournir des
preuves convaincantes de la valeur opérationnelle d’une approche One Health (Narrod et
al., 2012), mais ces estimations ne sont généralement pas disponibles pour la plus grande
partie des maladies zoonotiques négligées.
Un certain nombre de calculs ont été effectués pour évaluer l’impact économique du
scénario où les deux formes de THA se recouperaient : la « catastrophe évitée ». Les
gains pour la santé humaine résultant de la réduction de la prévalence parasitaire peuvent
être quantifiés en termes de cas de maladie du sommeil évités, d’AVCI épargnées (valeur
en USD) et de coûts des soins évités. Les calculs ont été effectués à partir d’une série
d’hypothèses : niveaux de non-déclaration, nombre de patients déclarant au premier et
au deuxième stade, taux de survie de la maladie et modes de propagation à l’aide des
données probantes disponibles.
Les hypothèses sur le rythme auquel une épidémie non maîtrisée se propagerait sont
fondées sur l’expérience passée et l’opinion d’experts. En 2009, sans l’intervention de

288
Chapitre 18 - Trypanosomiase humaine et animale africaine

la campagne SOS, il est probable que nous aurions connu quelque 4 000 nouveaux cas
(dont la majorité n’ont pas été signalés). L’OMS suggère que ces dépenses tripleraient
chaque année ; dans notre projection, nous supposons, prudemment, qu’elles pourraient
doubler. Les chiffres compris entre 0,4 et 1,6 million d’AVCI évitées (ou années de
vie supplémentaires gagnées) sont réalistes. En outre, entre 15 et 60 millions de dollars
américains de dépenses de soins de santé pour les patients et les services de santé ont
été économisés (Shaw, 2009a). Ces chiffres fournissent une évaluation de premier niveau
du coût de la catastrophe évitée et indiquent la large fourchette de valeurs qui met en
évidence les difficultés de ce type de calcul « et si ». Ils montrent que le programme
SOS a permis aux services de santé de réaliser des économies, de protéger les moyens de
subsistance des populations rurales et de sauver des vies (Shaw, 2009a) (tableau 18.1).

Tableau 18.1. Conséquences sanitaires en termes de vie humaine et financières pour un cycle de
20 ans économisées grâce aux approches de la campagne SOS selon quatre scénarios considérés comme
probables par les experts de l’OMS (Shaw, 2009a).

Économie
Nombre
de frais de
maximum de Année Que se passe-t-il Millions d’AVCI Millions de USD
santé en
nouveaux cas atteinte ensuite ? évitées économisés
millions
par an
de USD

Réduction de 1/3
30 000 2012 1,55 57,63 367,25
chaque année

Réduction de 1/4
20 000 2012 1,14 42,53 275,47
chaque année

Réduction de 1/2
20 000 2012 0,75 28,17 194,88
chaque année

Réduction de 1/2
10 000 2011 0,39 14,50 103,25
chaque année

*Actualisé à 5 % par an et valorisant 1 AVCI à 340 USD.

Pour la santé animale, le coût est un problème majeur, non seulement pour les éleveurs,
mais aussi pour les décideurs politiques dans le domaine de la lutte contre la mouche tsé-
tsé. Des estimations récentes de la façon dont les bovins traités à l’insecticide (insecti-
cide-treated cattle, ITC) et notamment la version à application restreinte (PAR) de l’ITC
sont comparés aux autres méthodes de lutte contre la mouche tsé-tsé indiquent que cette
méthode peut être nettement moins chère (Shaw et al., 2014). Les gains de producti-
vité animale résultant de la baisse de la prévalence parasitaire peuvent être quantifiés en
termes de bovins exempts de parasites de la maladie du sommeil et de bovins sans tiques.
L’application du PAR pour maintenir les animaux TAA peut entraîner des gains moyens
de 20 USD par bovin par année (maximum de 30 à 40 USD par femelle fertile ou taureau
de travail).
Si l’on ajoute à cela le coût des maladies transmises par les tiques chez les bovins gérés
traditionnellement (Minjauw et McLeod, 2003), on constate que les avantages seraient
de l’ordre de 34 USD par tête et par an. Cela se traduit par un gain d’environ 9 à
10 000 USD par kilomètre carré de « terres productives » par année tout en protégeant
les animaux (Shaw, 2009b).
La perte d’un animal dans ces communautés aggravera la vulnérabilité de ces foyers,
mais beaucoup considèrent la santé animale comme un bien privé qui devrait donc être
payé par le bénéficiaire, contrairement au soutien de l’état, qui est considéré comme

289
One Health, une seule santé

justifié pour la santé humaine. Le fait que la santé animale soit liée au bien-être de
l’homme en tant que moyen de sortir de la pauvreté doit être constamment renforcé.
Dans le modèle adopté par la campagne SOS, il est admis que les éléments curatifs
du programme — le traitement de masse des bovins pour éliminer les trypanosomes —
devraient être gratuits pour les éleveurs de bovins. Cependant, le traitement par pulvéri-
sation pour maintenir des niveaux réduits de maladie du sommeil rhodésienne relève en
grande partie de la responsabilité financière des éleveurs de bétail. Pour être accepté par
les éleveurs, ce dernier doit être accessible à l’achat, facile à acquérir et montrer un béné-
fice rapide (Butcher, 2009).

Figure 18.4. Districts traités par la campagne d’éradication de la maladie du sommeil.

Intensification de l’approche One Health d’éradication de la maladie


du sommeil
La campagne SOS a supervisé le traitement de masse de 250 000 bovins dans cinq zones
à haut risque en 2006-2007. En 2010-2012, le programme a été étendu pour couvrir
175 000 bovins supplémentaires sur les points chauds du marché et dans deux districts
supplémentaires (fig. 18.4). Ces traitements ont démontré des réductions significatives
de la présence d’agents pathogènes humains et animaux. Cependant, pour éliminer la
menace de la maladie du sommeil rhodésienne en Ouganda, le réservoir d’infection doit
être éliminé à grande échelle.
Cinquante districts d’Ouganda sont menacés par l’une ou l’autre forme de la maladie du
sommeil, principalement dans les zones rurales pauvres (fig. 18.5). Neuf de ces districts
représentent 80 % de tous les cas de zoonose de la THA T. b. rhodesiense enregistrés au
cours des 25 dernières années (fig. 18.6).
Après le succès avéré de l’approche SOS de lutte contre la maladie, l’objectif est de
réduire la THA T. b. rhodesiense dans les districts à haut et faible risque en Ouganda. La
zone à haut risque comprend les districts historiquement affectés par la THA T. b. rhode-
siense et les districts dans lesquels les humains sont actuellement exposés à un risque
d’infection. La zone à risque plus faible comprend les districts dans lesquels aucun cas

290
Chapitre 18 - Trypanosomiase humaine et animale africaine

de maladie du sommeil de T. b. rhodesiense n’a été signalé, mais dans lesquels la réinfec-
tion et/ou le recoupement des souches des deux maladies représente un risque potentiel.
Il s’agit notamment des districts actuellement touchés par la THA T. b. gambiense et des
districts limitrophes (fig. 18.7).

Figure 18.5. Statut de la maladie du sommeil pour les districts ougandais.

Figure 18.6. Incidence des cas de THA, par district.

291
One Health, une seule santé

Figure 18.7. Districts envisagés pour une intervention de masse.

L’approche One Health proposée est un programme initial de trois ans de traitement
collectif du bétail — injection et pulvérisation — pour réduire rapidement la prévalence
du parasite infectieux humain chez les bovins. Des équipes communautaires d’épandage
maintiendront les progrès réalisés grâce au traitement collectif en administrant un trai-
tement insecticide aux bovins dans les zones à haut risque. L’impact de l’intervention
proposée sera évalué en termes de mise en œuvre effective du programme de traitement
collectif au cours des années 1 à 3 et de réduction conséquente du taux de prévalence du
parasite infectieux humain chez les bovins au cours des années 4 à 8. Pour y parvenir, les
interventions expérimentées dans le cadre de la SOS doivent être rapidement mises en
place et à grande échelle, avec un investissement initial important.
Nous avons calculé que le traitement collectif devrait inclure un traitement médicamen-
teux annuel durant trois cycles annuels, suivi d’une pulvérisation d’insecticide du PAR.
L’objectif est que ces traitements soient dispensés par des équipes de traitement mobiles
au niveau de la paroisse, avec des ressources supplémentaires pour distribuer les traite-
ments sur les marchés. Dans les districts à haut risque, le traitement collectif appliquera
de l’isométamidium/diminazine (en alternance annuelle) et une pulvérisation d’insec-
ticide. On prévoit que le traitement sera répété chaque année pendant une période de
trois ans (environ 2,6 millions de bovins) — une surveillance continue sera effectuée afin
d’assurer une administration précise du traitement. Dans les districts à faible risque, on
prévoit qu’un traitement préventif ne sera entrepris qu’au cours de la première année
(environ 1,8 million de bovins), ce qui reflète le moindre risque pour l’homme dans cette
région.

292
Chapitre 18 - Trypanosomiase humaine et animale africaine

Obligations d’impact sur le développement : une nouvelle approche


pour financer la lutte contre les maladies
La campagne a le mérite de contribuer au développement du nord de l’Ouganda ; les
districts dans lesquels la campagne SOS opère ont un pourcentage de population sous
le seuil de pauvreté plus élevé que la moyenne. La prévention des épidémies est préfé-
rable et moins coûteuse à long terme, mais nécessite des engagements financiers à long
terme qui sont difficiles à maintenir lorsque l’impact sanitaire ou les conséquences des
zoonoses émergentes ne se réalisent pas en termes planétaires comme pour la THA.
Les bailleurs de fonds traditionnels (tels que le DFID, l’USAID et la Banque mondiale),
les institutions philanthropiques (telles que la Fondation Bill & Melinda Gates et la
Fondation Rockefeller) et la nouvelle catégorie d’investisseurs d’impact s’intéressent de
plus en plus à l’utilisation des obligations d’impact sur le développement (OID ; Deve-
lopment Impact Bonds, DIB) pour produire des effets plus efficaces dans les pays en
développement. Les OID ont recours à l’investissement privé pour fournir du capital-
risque initial pour les programmes de développement, ne faisant appel au financement
des donateurs que pour rembourser le capital, plus un rendement potentiel (c’est-à-
dire une prime), une fois atteints les résultats du développement clairement définis et
mesurés. Les OID sont considérées comme pouvant attirer de nouveaux capitaux de
la part d’investisseurs dont l’impact est motivé à la fois par les rendements sociaux et
financiers. En transférant le risque d’échec du programme à ces investisseurs, les OID
mettent davantage l’accent sur la mise en œuvre et l’obtention de résultats positifs. De
cette manière, les OID satisfont également les demandes croissantes d’aide publique
(Centre for Global Development and Social Finance, 2013). Si les résultats ne sont pas
atteints, les investisseurs absorbent la perte, mais s’ils le sont, les donateurs interna-
tionaux remboursent les investisseurs, avec intérêts. Les investisseurs sont donc forte-
ment incités à gérer leur risque en apportant rigueur et discipline au processus OID. Cela
devrait accroître à la fois la capacité d’atteindre le résultat social et le rendement finan-
cier. Une obligation d’impact sur le développement pour la maladie du sommeil pour-
rait aider à couvrir l’investissement qui manque à l’Ouganda pour lutter contre la THA à
grande échelle.
Un cadre pour explorer les avantages économiques de l’intensification
de la lutte contre les maladies
Afin de développer une OID, il est nécessaire de comprendre les liens dynamiques entre
les activités de lutte à grande échelle et les avantages économiques débloqués par la
lutte contre la THA zoonotique en Ouganda. Un cadre a été élaboré pour simuler les
effets des interventions proposées (déploiement massif de la pharmacothérapie et de la
pulvérisation d’insecticide sur le bétail, suivi de l’extension des pulvérisations de routine
sur le bétail) sur les changements de la prévalence parasitaire dans le cheptel (le prin-
cipal indicateur des effets) et les relier aux impacts chiffrés comme une réduction sur
la charge de la santé humaine (exprimés en AVCI), des dépenses sanitaires (en USD) et
une amélioration de la santé animale (en USD). Ce cadre devait être suffisamment souple
pour nous permettre d’examiner une variété de structures d’intervention différentes et
toutes les couvertures thérapeutiques possibles, de prédire la dynamique temporelle des
changements de prévalence et donc d’impact, de décrire la relation quantitative entre
l’indicateur de résultat (changements dans la prévalence de T. brucei chez les bovins) et
l’impact (AVCI + USD) pendant toute la durée de l’OID et ainsi fournir une base fiable
aux déclencheurs de paiement en fonction des changements de l’indicateur de résultats.

293
One Health, une seule santé

Le cœur du dispositif est un modèle épidémiologique détaillé de la transmission de


T. b. rhodesiense par les mouches tsé-tsé chez les bovins et les humains (d’après Kajun-
guri et al., 2014). Ce modèle permet de modeler les différentes interventions de contrôle
avec les coûts associés aux différents niveaux de couverture atteints. Les hypothèses
d’intervention alimentent le modèle épidémiologique qui, à son tour, prédit les chan-
gements dynamiques de la prévalence parasitaire chez les bovins (T. b. brucei et
T. b. rhodesiense — bien que nous puissions également étendre le modèle pour suivre les
espèces de trypanosomes plus pathogènes pour le bétail T. congolense et T. vivax pour
être complets) ainsi que la fréquence des maladies du sommeil chez les humains. Les
résultats du modèle épidémiologique se traduisent en cas humains et coûts des soins de
santé évités, estimés à partir de la littérature et ajustés pour tenir compte de la proportion
des cas déclarés par rapport aux taux du système de soins de santé (Odiit et al., 2005 ;
Févre et al., 2008b ; Shaw, 2009a ; chap. 12).

Figure 18.8. Résultats du cadre reliant l’épidémiologie et les aspects économiques de


la lutte contre la maladie.

Modifications simulées de la prévalence de T. b. rhodesiense « Tbr » et T. brucei sensu latu « Tb


s.l. » chez des bovins avec (lignes pleines) et sans (lignes pointillées) intervention. L’interven-
tion suppose trois cycles de traitement en masse des bovins avec des médicaments trypanocides
et une pulvérisation d’insecticide avec des niveaux de couverture de 50 % (durée = 0 an), 65 %
(durée = 1 an) et 85 % (durée = 2 ans).

En ce qui concerne les avantages pour la santé animale, le modèle permet de calculer le
nombre de jours sans trypanosomes chez le bétail (par rapport à la fréquence d’équilibre
de référence), qui sont convertis en dollars, estimé à partir des publications sur la charge
de la trypanosomiase bovine (voir Shaw, 2009b ; Shaw et al., 2014). De même, le modèle
nous permet de calculer les journées de traitement du bétail à l’insecticide, qui peuvent
être liées à une amélioration de la santé animale par la réduction des maladies transmises
par les tiques (estimation à partir de Shaw et al., 2014).

294
Chapitre 18 - Trypanosomiase humaine et animale africaine

Ce modèle peut être utilisé pour élaborer une mesure des résultats épidémiologiques et
un système d’échantillonnage permettant de surveiller l’évolution de la prévalence de
T. brucei chez les bovins et la relier aux paiements à titre de résultats des OID déclen-
chés aux niveaux d’impact convenus. Les résultats, en particulier les AVCI, les coûts des
soins de santé évités ainsi que les gains économiques dus à l’amélioration de la santé et
de la productivité animales, sont déterminés dynamiquement par le modèle épidémiolo-
gique, de sorte que ce modèle peut être utilisé pour examiner les coûts et avantages asso-
ciés selon différents scénarios possibles de couverture en médicaments et insecticides. La
figure 18.8 et les tableaux 18.2 et 18.3 donnent un exemple des résultats de ce modèle.

Tableau 18.2. Modélisation des gains en termes de soins de santé exprimés par le nombre de cas de
maladie du sommeil évités, les AVCI évitées et les coûts des soins de santé évités, sur une base de
référence de 800 cas par an et 80 % de sous-déclaration (soit environ 18 AVCI et 200 $US de soins de
santé par cas).

Cas de maladie du Coûts des soins évités


Année AVCI évitées
sommeil évités en USD

1 584 10 956 116 856

2 737 13 816 147 354

3 790 14 819 158 051

4 783 14 687 156 648

5 756 14 178 151 217

6 691 12 963 138 261

7 561 10 528 112 288

8 371 6 965 74 285

9 191 3 588 38 264

10 80 1 509 16 089

Total 5 545 104 009 1 109 313

Total actualisé (taux


2 661 49 919 532 420
d’actualisation de 20 %)

De plus, le cadre nous permet de quantifier la relation entre la prévalence de T. brucei


chez les bovins (un indicateur traçable et vérifiable qui peut être mesuré avec une préci-
sion statistique préétablie) et l’impact des interventions (AVCI évitées et économies en
USD, qui sont difficiles et coûteuses à évaluer de façon directe et indirecte). Ainsi,
le cadre peut être utilisé pour concevoir une mesure des résultats épidémiologiques
et un système d’échantillonnage qui surveille les changements dans la prévalence de
T. brucei chez les bovins et les relie aux paiements des résultats de OID déclenchés aux
niveaux convenus d’impact. Le cadre élaboré ici, dans lequel l’économie de lutte contre
la maladie est dynamiquement liée aux changements épidémiologiques résultant des
efforts de contrôle, est essentiel pour explorer les relations non linéaires entre résultats et
apports. Cette approche permet d’éviter l’approche de substitution insatisfaisante adoptée
dans une grande partie de la documentation sur l’économie de la santé qui consiste à
définir, a priori, un sous-ensemble arbitraire et limité de scénarios d’intervention et de
résultats présumés. Cette approche est essentielle pour explorer pleinement les coûts et
les avantages One Health associés aux efforts de lutte contre les zoonoses et s’applique

295
One Health, une seule santé

à d’autres systèmes zoonotiques qui se comporteront d’une manière extrêmement peu


linéaire lorsque les interventions seront mises en œuvre.
Tableau 18.3. Bénéfices en termes de soins vétérinaires résultant du nombre de jours sans infections
trypanosomiennes chez le bétail, avec un gain d’environ 15 USD par vache et par année sans
trypanosomes, et d’environ 8 dollars par vache et par an dans les troupeaux protégée par traitement
insecticide contre les tiques. Les coûts des soins de santé évités et les avantages économiques en
découlant sont exclus.

Avantages
Années sans Avantages écono- Total des avan-
économiques
Année trypanosome miques « tryps » Années ITC tages écono-
« tiques » en
chez le bétail en USD miques en USD
USD

1 725 441 10 973 522 53 652 401 617 11 375 139

2 798 079 12 072 301 69 748 522 102 12 594 403

3 1 204 087 18 213 861 91 209 682 749 18 896 611

4 289 976 4 386 378 0 0 4 386 378

5 6 855 103 693 0 0 103 693

6 98 1 483 0 0 1 483

7 1 21 0 0 21

8 0 0 0 0 0

9 0 0 0 0 0

10 0 0 0 0 0

Total 3 024 537 45 751 260 214 609 1 606 469 47 357 729

Total actualisé
(taux d’actua-
1 998 195 30 226 092 145 929 1 092 362 31 318 454
lisation de
20 %)

Discussion et conclusions
La campagne SOS a joué un rôle majeur jusqu’à présent, en termes de blocage du mouve-
ment vers le nord de T. b. rhodesiense et de prévention de la crise potentielle liée à la
superposition des deux formes de la THA. Elle se fonde sur des données scientifiques
solides qui établissent un lien clair entre la présence de la maladie du sommeil chez
l’être humain et le réservoir animal, en l’occurrence le bétail domestique, et qui réduisent
ainsi considérablement la prévalence dans le réservoir animal grâce à des diagnostics
améliorés et de nouvelles techniques d’application. Des études ont confirmé le potentiel
de la méthodologie pour maintenir une faible prévalence de maladie en pulvérisant le
bétail et en le traitant avec des médicaments appropriés (Brownlow, 2009 ; Muhanguzi et
al., 2014b).
Le récit effrayant qui s’est développé sur la THA en tant que maladie incurable, avec de
graves conséquences sociales et économiques, qui a conduit à la création du COCTU,
n’était pas différent des craintes de la propagation rapide du virus de la grippe aviaire
(H5N1), responsable de l’IAHP qui a causé des pertes énormes dans la production
avicole avec un impact négatif direct sur les moyens de subsistance des pauvres dans
le monde (Vandermissen et Welburn, 2014). Le recoupement potentiellement désastreux
des deux types de maladie du sommeil était clair pour les décideurs, tant pour les spécia-

296
Chapitre 18 - Trypanosomiase humaine et animale africaine

listes que les non-spécialistes. De solides réseaux institutionnels, propices à une approche
One Health, étaient en place en Ouganda, ce qui a permis d’apporter une réponse efficace
à une situation de crise qui aurait eu un impact sur les moyens de subsistance des commu-
nautés rurales pauvres (Okello et Welburn, 2014). Sans l’établissement de ces réseaux
et cette confiance mutuelle, appuyés par un organe de coordination de soutien de haut
niveau au sein du gouvernement, il est difficile d’envisager la mobilisation de ressources
et la levée des obstacles juridiques et logistiques à temps pour répondre efficacement à la
progression de la maladie vers le nord. Exprimée comme une crise, la nécessité d’utiliser
la science disponible et de prendre d’urgence des décisions s’imposait.
Plusieurs facteurs ont été déterminants dans l’évolution de la maladie du sommeil
(http://www.stampoutsleepingsickness.org), notamment les schémas d’insécurité et les
réponses qui ont conduit à la migration de la THA, un sentiment d’urgence pour prévenir
le chevauchement de la THA aiguë et de sa forme chronique, l’existence de solides méca-
nismes intersectoriels pour la coordination de la lutte contre la THA (COCTU), une prise
de conscience des conséquences de la décentralisation des services gouvernementaux en
matière de santé animale, ainsi que des recherches solides pour accompagner les inter-
ventions et soutenir le secteur privé.
Le récit utilisé avec les agriculteurs pour produire un impact était axé sur la réduction
de la charge de tiques et la prévention de la trypanosomiase animale (nagana), apportant
des avantages aux agriculteurs à court terme. La gestion de la vulnérabilité dépend des
diverses couches sociales, allant du foyer au niveau du district, de la province et, enfin,
du pays, et de leurs interactions. Le dialogue entre les éleveurs, les communautés et les
autorités pour identifier les interventions acceptables, accessibles et adéquates permettra
d’intégrer One Health à un niveau local, régional et national (Butcher, 2009). Les inter-
ventions qui traduisent le genre, les connaissances, les pratiques culturelles et les percep-
tions du risque en un contrôle des maladies impliquant le comportement humain, soutenu
par des mesures visant à améliorer l’acceptation, sont inestimables et peuvent être renfor-
cées par une approche One Health.
L’objectif principal du COCTU est de renforcer et d’optimiser les pratiques de
surveillance et de contrôle de la THA pour améliorer les moyens de subsistance, la
gestion des écosystèmes et la santé humaine et animale. Il ne faut pas sous-estimer la
vision institutionnelle nécessaire pour lancer et ensuite soutenir des plateformes One
Health telles que le secrétariat du COCTU, mais cela ne va pas sans poser des problèmes.
Selon la loi ougandaise, toute plateforme permanente doit être hébergée au sein d’un
seul ministère et la décision d’héberger le COCTU au MAAIF est le résultat de l’effort
majeur de contrôle de la trypanosomiase chez les animaux de ferme. Les rôles et les
responsabilités doivent être convenus et compris par toutes les parties prenantes impli-
quées dans les approches One Health, notamment en ce qui concerne l’attribution des
ressources financières. L’appropriation ministérielle liée à l’appui financier à long terme
de l’initiative représente un défi permanent pour le secrétariat. Étant donné que le budget
du MAAIF n’autorise que les activités administratives entreprises par le secrétariat, les
interventions de contrôle dans le réservoir animal nécessitent toujours un financement
sur une ligne budgétaire distincte. Malgré les difficultés financières actuelles, la prise en
charge par l’Ouganda et l’appui politique de haut niveau du COCTU et de la campagne
SOS démontrent que le succès de l’initiative One Health sera probablement beaucoup
plus durable et approprié si elle est menée au niveau national (Okello et Welburn, 2014).

297
One Health, une seule santé

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