Ottawa
Ottawa
Ottawa
11
39003002-1^1296
le
Digitized by the Internet Archive
in 2010 with funding from
University of Ottawa
http://www.archive.org/details/lestragiques01aubi
D'AUBIGNÉ
LES TRAGIQUES
AGRIPPA D'AUBIGNE
LES TRAGIQUES
ÉDITION NOUVELLE
Publiée d'après le manuscrit conservé parmi les papiers
de l'auteur
0^
)
CHARLES READ
TOME PREMIER
PARIS
LIBRAIRIE DES BIBLIOPHILES
E. FLAMMARION SUCCESSEUR
Rue Racine, 26 (près de l'Odéon)
t 1,0$
AVANT-PROPOS
abrégée du sien.
Sainte-Beuve.
d^ffê \<\
livres ont leur destin : habent sua
ata Celui-ci est, pour sa part, un
À nÈ Y
f ---
rapprochements ?
II
colonel Jronchin ,
près de Genève. En effet,
remercier.
III
d'hui!...
Le principal restait, mais restait seul : c'est-à-dire
IV
LES
TRAGIQ^VES
A V DEZERT,
PAR L. B. D. D.
M. DC. XVI.
Au Dezert.
La préface de cette première édition en promettait
dès lors une seconde avec des compléments. L'auteur
LES
TRAGIQVES
CI-DEVANT
DONNEZ AV PVBLIC
par le larcin de Promethée.
Et depuis
AVOVEZ ET ENRICHIS
par le Sr d'Avb:gné.
ŒVVRES |
du |
S r d'Aubigné. |
A Genève, |
|
A Genève |
Chez Pierre Aubert. |
Imprimeur
Ordinaire de la Republi- |
que et Académie |
M. DC.XXX. |
Avec permission et privilège.
VI
VII
défunct les luy avoit donnés pour les envoyer à son frère à
Londres » (Philippe Burlamacchi , établi en Angleterre).
(Heyer, D'Aubigné à Genève, notice et documents inédits.
Genève, 1870,^-8, p. 49.)
Cet envoi a-t-il été fait ? Oui, puisque le volume est
conservé aujourd'hui au British Muséum. (Voir aux Notes,
p. i85, les renseignements que nous donnons à ce sujet.)
AVANT-PROPOS xvn
VIII
xviii AVANT-PROPOS
étaient chez lui également fantasques ! Son Histoire
universelle est là pour montrer quels furent les fruits
AUX CRITIQUES.
Correcteurs, je veux bien apprendre
De vous, je subiray vos loix,
Pourvu que pour me bien entendre
Vous me lisiez plus d'une fois.
AVANT-PROPOS xix
IX
désolent.
naires.
vieille huguenotte.
D'Aubigné, c'est en quelque sorte un Ennius de
notre littérature, et, à voir certains rapprochements^
certaines affinités singulières, on est tenté de croirt
que plusieurs de nos grands écrivains ont trouvé
dans son fumier plus d'une perle dont Us ont fait
(t. I, p. 121) :
(Tome I, p. 91/
La gloire qu'autruy donne est par autruy ravie ;
(Tome I, p. 141.)
Et ailleurs :
Et Triboulet .
Et encore :
alexandrin. »
XI
Charles Read.
en fut oneques. »
SOMMAIRE
DES
Livre I. — MISERES.
reuse patrie. —
Tableau des misères de la F.ance noyée
dans son sang. C'est une mère épuisée par ses nourrissons
et sur le sein de laquelle s'égorgent ses propres enfants.
Exaction des financiers et justiciers. Tyrannie des rois, qui
se font les loups dévorants du troupeau dont ils devraient
toujours être les bons bergers : ils sont de véritables fléaux
de Dieu. Énumération des crimes et des maux qui émanent
xxxii SOMMAIRE
d'eux. La terre répudie les grands et leur malfaisante in-
fluence ; elle reconnaît les petits comme ses enfants et leur
adresse ses consolations. A quelles misères ceux-ci sont en
proie par le fait de ceux-là ' — Le poëte retrace les tra-
il en être la victime. —
Déguisements et déportements du
roi Henri III. Hypocrisies et impuretés des princes et des
grands. Ils sont d'autant plus coupables que leur rang les
oblige davantage, et qu'iis devraient s'appliquer à repré-
senter Dieu lui-même ici-bas. Mais les iniques conseillers
font les rois iniques. Que de mal ont ainsi commis de mi-
sérables courtisans, l'un prêtre apostat, l'autre moyenneur
vénal, traître de tous les partis ; celui-ci charlatan de cour,
à langue emmiellée; celui-là froid bourreau poussant au
la
eux. » —
En attendant, « tes prêtres », par les rues pro-
menés, « n'ont pourtant pu celer l'ordure de tes nuits » et
l'orgie de tout ce qui te touche et t'environne. Le Louvre
n'est plus qu'un sordide lupanar. Un frisson me prend quand
je songe à ce qu'on en raconte, et je tremble de le répéter!
On parle aussi des vaines terreurs d'un roi à qui le ton-
nerre cause un tel effroi qu'il se cache sous terre, fait
sortir des gens que la foule escorte et adore. Quel est ce-
lui-ci ? demande-t-il. Et quel est celui-là ? Sont-ce de
vaillants guerriers, d'éminents hommes d'État ? On lui
et aussi le sang ! —
Ce venin espagnol infectant bientôt
les autres nations, chaque pays devient le théâtre d'horribles
est temps de quitter sans regret cette vie, alors que mon
roi avoue qu'il est contraint Mais lui et tous ceux qui !
Les Tragiques. — T. I. G
xliv SOMMAIRE
cours les fleuves de la Loire, dela Seine, de la Garonne et
I
Philippe II) « contre les François reconjure la France ».
Coutras venge par cinq mille morts les compagnons du Béar-
nais. Paris et le Guisard chassent l'hypocrite renard, lequel
se va venger à Blois ; mais Jacques Clément l'attend à Saint-
Cloud, en la maison, chambre et lieu, et au même mois,
qu'il a, dix-sept ans auparavant, sollicité et résolu la Saint-
Barthélémy. C'est celui à qui son frère avait dit « Messe :
? ?
2
Les Tragiques.
AUX LECTEURS
~y?sjr
OICY '
e '
ari
"
on Promethée qui , au
suivent :
SONNET DU MESME
POUR. LES JUGEMENTS
SONNET
qu'une princesse escrivit a la fin des tragicques
Les Tragiques.
^^€S^@
PRÉFACE
Si on te demande pourquoy
Ton front ne se vante de moy,
Ni la mère ni la nourrice
En ma libre-franche retraitte,
Je commençois à arracher
Des cailloux polis d'un rocher,
Et elle tordoit une fonde ;
Puis nous jettions par l'univers,
En forme d'une pierre ronde,
Ses belles plaintes et mes vers.
Quelquefois, en me proumenant,
La verilé m'alloit menant
Aux lieux où celle qui enfante,
De. peur de se perdre, se perd,
Et oit l'Eglise qu'on tourmente
S'enferma d'eau dans le désert.
Signalez à la pauvreté.
Je voy les places et les champs,
Là où Veffroy des braves camps,
Q<a de tant de rudes batailles
Il y a de la peine oisive
Et du désir qui est labeur.
La médecine et le poison.
Vous louerez Dieu, ils trembleront ;
u PREFACE
Lorsque le jour je te refuse,
Et je m'accuse en t'excusant
Tu es né légitimement,
Dieu mesme a donné l'argument ;
MISERES
LIVRE PREMIER
MISERES
Nos doigts ne sont plus doigts que pour trouver tes sons,
Nos voix ne sont plus voix qu'à tes sainctes chansons.
« Mets à couvert ces voix que les pluies enrouent;
Deschaine donc ces doigts, que sur ton luth ils jouent ;
PRINCES
I 2
9o LES TRAGIQUES
Non pas que j'aye espoir qu'une pudicque honte
Vos pasles fronts de chiens par vergogne surmonte;
La honte se perdit, vostre cœur fut taché
1
Bizarr habits et cœurs, les plaisants se desguisent,
Enfarinez, noircis, et ces basteleurs disent :
Vostre sang n'est point sang, vos cœurs ne sont point cœurs ;
o.u L
>.
ioo LES TRAGIQUES
S'emploie aux vents, aux coups; ils se plaisent d'y estre ;
Ainsy les chefs des grands sont faicts par les malices
Stériles, sans raison, couverts d'ire et de vices,
Superbes, sans esprit, et leurs seins et leurs cœurs
Sont tygres impuissants et \yons dévoreurs;
En leurs faux estomachs sont les noires tasnieres,
Dans ce creux les désirs, comme des bestes fieres;
Désirs, dis-je, sanglants, grondent en dévorant
Ce que l'esprit volage a ravi en courant.
Leurs pas sont venimeux, et leur puissance impure
N'a soustien que le fer, que poison et qu'injure.
PRINCES i 19
PRINCES 1 3
PRINCES 1 3
PRINCES 1 3
Qu'elle ait renom par toy, et non pas toy par elle.
Les Tragiques. 19
LIVRE TROISIÈME
LA CHAMBRE DORÉE
Les Tragiques. — T. L 21
,6 3 LES TRAGIQUES
Se fourre en un berlan, d'un procez il renvie,
Elle tremble, elle espère ; elle est rouge, elle est blesme ;
Les Tragiques. — T. I. 2 3
,
7 8 LES TRAGIQJJES
DU TOME PREMIER
Ne quid nimis.
ET PHILOLOGIQUES 187
allusions qu'on
y rencontre à des faits contemporains.
D'Aubigné avait soixante-quatre ans lorsqu'il se décida, en
16 t6, l'année de la paix de Loudun, à publier son poëme
mais en employant le subterfuge d'un larcin de Promé-
thée », c'est-à-dire en supposant la publication faite à son
insu par un sien serviteur, qui lui aurait dérobé son manus-
crit et l'aurait déchiffré tant bien que mal.
P. 6, 1. 18. — Ce
la douceur des afflictions
Traité de
était considéré comme
inconnu qu'il était des
perdu,
bibliographes, lorsqu'en 1 856 M. F.-L. Fréd. Chavannes,
me le signala et m'envoya d'Amsterdam" la copie d'un
exemplaire qu'il avait retrouvé. Je l'ai publié dans le
Bulletinde la Soc. d'Hist. du protest, franc., et à part,
chez Aubry, avec une lettre de M. Lud. Lalanne, qui
préparait alors une édition des Tragiques, et pour qui cette
heureuse découverte était des plus opportunes. — Depuis
lors un autre exemplaire du même opuscule m'a été signalé.
i88 NOTES BIBLIOGRAPHIQUES
Il porte cette rubrique . Imprimé nouvellement,
1601, et
présente des additions et donc une
des variantes. C'est
autre édition, jusqu'ici inconnue. On y trouve deux —
passages du livre IV, et entre autres celui sur Jane Gray
(V. tome II, p. 11), dont deux vers ont été, en effet,
copiés textuellement par P. Marthieu, qui les applique à
Marie Stuart :
P. i3, 17.
1. —
Une pièce qui paroistra parmi les Mes-
langes. —
Ces Meslanges n'ont point paru, ou, s'il faut
entendre par là les Petites Œuvres meslées qui furent impri-
mées en 1629, la pièce dont il est question n'y figure point.
Mais d'Aubigné en a inséré neuf stances, qu'il appelle
« Stances du style du siècle », dans le Corollaire de son His-
toire universelle (III, 5 38, etc.). Ce tome III de VHistoire
est de 1620. La pièce entière, en 57 stances ou 354 vers,
se trouve au British Muséum, Harleian mss., n° 1216, et a
document curieux :
P. 23, v. 17. —
Vallons d'Angrongne. une des vallées
du Piémont, où fuient si cruellement persécutés, en i56o,
les Vaudois qui s'y étaient réfugiés. (Voir ce qui est dit ci-
ET PHILOLOGIQUES 191
P. 4 3, v. 10. —
Bourde, béquille, Dans une épigramme
du Baron de Fœneste (1. II, ch. 5), d'Aubigné joue sur ce
mot. Il l'emploie dans ce sens et dans celui de fadaise (ital.
burla, moquerie, bourle ou bourde). « Bons contes, bourdes
vraies », dit-il encore dans Fœneste (I. 1 1, ch. 14, et préf.
du livre III).
P. 48, v. 18. —
Allouvis, ayant faim comme des loups.
(Voir aussi p. 5o, v. 5, et p. 59, v. 17.)
P. 56, v. 25. —
Il pousse trois fumeaux, c'est-à-dire
59, v. 16.
P. —
On l'abeche avec l'eau. Abéquer,
c'est donner la becquée, on lui met de l'eau aux lèvres
avec un bout de plume. (Voir aussi p. i83,v. 12.)
Les Tragiques. — T. I. 2 5
i
94 NOTES BIBLIOGRAPHIQUES
P. 7 1
, v. 12. — D'efficace d'erreur : par la vertu,
l'efficacité, le pouvoir de l'erreur.
P. 84, v. 10. — On
dresse quelque fuye. Fuie, refuge,
ou petit colombier pour les pigeons. Du latin fuga.
P. 89, 1. 1 . —
Le prince de Condé (le fils), qui n'aimait
pas d'Aubigné, suggéra au duc d'Epernon de lire les Tra-
giques et lui exposa le sujet du second livre comme écrit pour
luy. « D'où celui-ci jura la mort de l'autheur, comme aussi
elle fut pratiquée de là et d'ailleurs en plusieurs façons. »
alget. (Horace.)
101, v. 19.
P. Chicot et Hamon —
le premier, bouf- :
v. 26).
P. 129, v. 27. —
S'il trousse l'épigramme ou la stance
P. 1 39, v. 6. —
Sans fisson, sans aiguillons, sans dards.
(Voir aussi p. 140, v. 1 2 et tome II, p. 1 68, v. 28). ;
i
93 NOTES BIBLIOGRAPHIQUES
P. 141, v. 21. — Ce vers et les sept suivants sont
fournis par notre ms.
P. 142, v. 7. •
— Anange : 'Àviyxr,, la Nécessité.
P. 160, v. 4 :
L'ignorance
Ride son front estroit, offusqué de cheveux,
Présents des courtisans, la chevesche du reste...
164, v. 25.
P. —
Après le nom de Thurin dans l'édi-
tion de 1616 (la première), est un tiret qui laisse le vers
inachevé. Il en est de même des trois vers suivants et du
ET PHILOLOGIQUES 199
166, v. 24.
P. —
Sambenitz, san-bénito de l'espagnol', :
P. 168, v. 27. —
Ces doctes brigands... Ne dirait-on
pas, en vérité, que d'Aubigné avait comme un pressenti-
ment de l'invasion ne 1870 et qu'il voulait rimer à Alle-
mands}... Justement un poëte parlait naguère de ces savants
bandits, sans se douter que l'auteur des Tragiques l'avait
prévenu, il y a trois siècles, avec ses doctes brigands.
P. 1 3, v. 5 )
181, v. 21.
P. —
Dôme, le tablier, le devant de la
robe d'une vierge, où, selon une légende, vient s'endormir
la licorne (il s'agit ici des armes d'Angleterre). Dorne est
^m^P
TABLE DES MATIERES
DU TOME PREMIER
Avant-propos i
^ *** ^
PARIS
IMPRIMERIE DE D. JOUÀUST, L. CERF SUCC-l"