Electro Dans La Matiere
Electro Dans La Matiere
Electro Dans La Matiere
Intervenants :
Cours et responsable de l’UE : F. Ossart
TD : T. Briant, E. Mercier, F. Ossart
Notes de cours : JM. Courty
Table des matières
3 Ondes monochromatiques 15
3.1 Ondes monochromatiques et notation complexe . . . . . . . . . . . . . . . 15
3.1.1 Pourquoi s’intéresser aux ondes monochromatiques ? . . . . . . . . 15
3.1.2 La notation complexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
3.2 Onde électromagnétique monochromatique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
3.3 Décomposition d’une onde en ondes monochromatiques . . . . . . . . . . 19
3.3.1 Série de Fourier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
3.3.2 Transformation de Fourier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
3.4 Les différents types d’ondes électromagnétiques . . . . . . . . . . . . . . . 20
4 Energie électromagnétique 25
4.1 Densité volumique d’énergie électromagnétique . . . . . . . . . . . . . . . 25
4.2 Le vecteur de Poynting . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
4.3 Expression de l’énergie électromagnétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
4.4 Ondes planes progressives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
4.4.1 Energie et quantité de mouvement . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
i
4.4.2 Le photon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
4.5 Détection des ondes électromagnétiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
4.5.1 Mesure du champ électromagnétique . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
4.5.2 Mesure de l’énergie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
4.5.3 Mesure du nombre de photons . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
=0
div B (1.2)
−→
∂B
rot E = − (1.3)
∂t
−→
∂E
rot B = µ0j + µ0 ε0 (1.4)
∂t
La force de Lorentz
FL = q E + v × B
(1.5)
Ces équations portent le nom d’équations de Maxwell dans le vide. Cette dénomination
est trompeuse car ces équations s’appliquent en présence de charges et de courant c’est à
dire dans un vide qui contient de la matière, et donc qui n’est plus vide !. On les nomme
ainsi par opposition aux équations de Maxwell dans les milieux que l’on étudiera au
second semestre.
3
4 1 Les équations de Maxwell
Une densité volumique de charge ρ animée d’une vitesse v produit une densité de courant
j égale à :
j = ρv . (1.9)
La densité de courant d’une distribution de charges ponctuelles qi animées chacune d’une
vitesse vi est
j = 1 qivi . (1.10)
V
i∈V
∂ρ
+ div j = 0. (1.12)
∂t
Il s’agit aussi d’une valeur exacte depuis que le mètre est défini à partir de la vitesse de
la lumière.
= ρ
div E (1.15)
ε0
Sous forme intégrale on reconnait le théorème de Gauss :
E = Q,
· dS (1.16)
ε0
Σ
Q= ρ dτ. (1.17)
V
Cette équation, est la même qu’en électrostatique. Elle permet de déterminer comment
les charges électriques créent un champ électrique.
=0
div B
Par analogie avec l’équation précédente on déduit que cette équation exprime qu’il
n’existe pas de charge magnétique :
· dS
B = 0. (1.18)
Σ
Maxwell Ampère
−→
∂E
rot B = µ0j + µ0 ε0 (1.19)
∂t
Sous forme intégrale il s’agit du théorème d’Ampère.
∂E
· dl = µ0 I + µ0 ε0
B
· dS (1.20)
C ∂t
Σ
I=
j · dS (1.21)
Σ
Maxwell Faraday
−→
∂B
rot E = −
∂t
Cette équation décrit le phénomène d’induction : un champ magnétique qui varie tem-
porellement est à l’origine d’un champ électrique. Ce champ est dénommé champ élec-
tromoteur :
· dl = − dΦ ,
E
dt
C
Φ= · dS.
B
Σ
−→
∂B
rot E = − (1.25)
∂t
Si le champ magnétique dépend du temps on peut avoir un champ électrique avec une
densité de charge électrique ρ nulle. Il suffit qu’il y ait un courant électrique :
∂2E
−→ ∂ B
µ0 ε0 2
= rot . (2.1)
∂t ∂t
à l’aide de Maxwell-Faraday
Exprimons la dérivée temporelle de B
∂2E −→ −→ −−→
− ∆E
.
µ0 ε0 = −rot rot E = − grad div E (2.2)
∂t2
Enfin Maxwell Gauss nous dit qu’en l’absence de charge la divergence du champ élec-
trique est nulle. L’équation d’évolution du champ électrique est une équation de d’Alem-
bert qui décrit la propagation d’ondes :
∂2E
− µ0 ε0
∆E = 0. (2.3)
∂t2
∂2ϕ 1 ∂2ϕ
− = 0. (2.4)
∂z 2 c2 ∂t2
9
10 2 Propagation des ondes électromagnétiques
Une méthode de résolution qui permet de s’assurer que l’on a bien toutes les solutions
consiste à effectuer le changement de variables suivant
∂2ψ
=0 (2.9)
∂u∂v
Le champ Φ est constant sur des plans orthogonaux à la direction de propagation u.
Le champ ϕ (z, t) vérifie l’équation de propagation à une dimension dont nous connais-
sons toutes les solutions. Si l’on choisit de ne conserver que les solutions qui vont dans
la direction et le sens du vecteur unitaire u, les solutions en onde plane s’écrivent
Pour une fonction qui ne dépend que de r le laplacien a une forme relativement simple :
1 ∂2
∆Φ (r, t) = (rψ (r, t)) . (2.14)
r ∂r2
∂2 1 ∂2
2
(rψ) − 2 2 (rψ) = 0. (2.15)
∂r c ∂t
f (r − ct) g (r − ct)
ψ (r, t) = + . (2.16)
r r
Le premier terme (fonction f ) corrspond à une onde qui s’éloigne de l’origine. Cette onde
est appelée onde sortante. Le second correspond à une onde qui converge vers l’origine,
il s’agit d’une onde entrante.
Solutions stationnaires
1
c= √ . (2.17)
µ0 ε0
= 299 792 458 m s−1 (2.18)
Il s’agit d’une valeur exacte depuis la définition du mètre adoptée en 1983. La valeur de
la perméabilité magnétique du vide µ0 est aussi une valeur exacte car elle repose sur la
définition de l’Ampère. Par conséquent, la valeur de la permittivité électrique du vide
ε0 est elle aussi exacte.
Dans les intégrations, nous considérerons que les constantes d’intégration qui inter-
viennent sont nulles (elles correspondent à un champ statique nul dans tout l’espace)
autrement dit, il n’y a ni champ électrique statique, ni champ magnétique statique.
=0
div E → u · e = 0 → =0
u · E
=0
div B → u · b = 0 → =0
u · B
−→ (2.27)
rot E = − ∂∂tB → u × e = c b → u × E =cB
−→
rot B = 12 ∂ E
c ∂t → u × b = − 1c e → u × B =− E
c
1
Nous pouvons donc récapituler les propriétés du champ électrique et du champ ma-
gnétique pour une onde plane progressive.
` Attention, les remarques qui suivent ne sont valables que pour une ondes planes pro-
gressives qui se propage dans la direction u.
– Le champ électrique et la champ magnétique sont orthogonaux à la direction de
propagation. On dit que ce sont des champs transverses
– Le champ électrique
et le champ magnétique sont orthogonaux entre eux.
– Le trièdre u, E, B formé de la direction de propagation, du champ électrique et
du champ magnétioque est un trièdre direct.
– Le module du champ électrique est c fois plus grand que celui du champ magnétique
λ = cT (2.32)
−→ ∂B
rot E = − (2.34)
∂t
∂ E0 cos (kz − ωt + ϕ0 ) 0
∂x
∂
× 0 = −kE0 sin (kz − ωt + ϕ0 ) (2.35)
∂y
∂ 0 0
∂z
A0 = A0 eiϕ0 (3.4)
de sorte que
A (t) = A0 e−iωt . (3.5)
Remarque 1
On dispose de deux choix pour définir la notation complexe car un cosinus est la somme
de deux exponentielles conjuguées. On rencontre en pratique les deux choix possibles.
15
16 3 Ondes monochromatiques
Remarque 2
Il est important de toujours se rappeler que la notation complexe est une convention.
Pour éviter toute confusion, chaque fois que l’on utilise la notation complexe on écrira
le passage complexe→réel et réel→complexe.
La notion d’amplitude complexe est extrémement utile, que ce soit d’un point de
vue pratique pour calculer ou d’un point de vue plus conceptuel pour comprendre les
phénomènes. Toutefois, il est essentiel de ne pas oublier que les quantités physiques sont
des grandeurs réelles.
Remarque 3
Il n’est pas toujours possible d’utiliser des lettres calligraphiques, par exemple quand
on a des quantités décrites par des minuscules. On utilise alors souvent la notation
suivante :
Remarque 4
Pour une onde monochromatique, il est possible d’écrire l’amplitude complexe en
fonction de l’amplitude réelle de la manière suivante :
T
A (t) = A (t) + iA t + . (3.14)
4
Par consequent, si la fonction A (t) est solution d’une équation d’évolution linéaire in-
dépendante du temps, l’amplitude complexe A (t) le sera aussi.
A0 (r) est l’amplitude de l’onde au point r et ϕ0 (r) la phase de l’onde au point r.
Les surfaces ϕ0 (r) = cste sont appelées surfaces d’onde. Lorsque ce sont des plans, on
parle d’onde plane, lorsque ce sont des sphères, d’onde sphérique.
Pour un champ vectoriel comme le champ électrique, chacune des composantes peut
s’écrire sous cette forme. Cela donne l’écriture compacte
E (r, t) = E (r) e−iωt . (3.16)
Attention à ne pas se laisser emporter par la simplicité de cette écriture. Le champ réel
s’écrit
Les phases ϕx (r) , ϕy (r) et ϕz (r) sont a priori différentes. C’est seulement lorsque ces
phases sont égales que l’on peut écrire le champ électrique sous la forme suivante :
(r, t) = E
E 0 (r, t) cos (ϕ0 (r) − ωt) . (3.20)
Equation d’onde
Pour une onde monochromatique A (r, t) , la dérivée temporelle est :
∂2
A (r, t) = −ω 2 A (r, t) (3.21)
∂t2
Par conséquent l’équation de propagation devient
ω2
∆A (r) + A (r) = 0 (3.22)
c2
Cette équation porte le nom d’équation de Dirichlet. On la retrouve en physique sous
de très nombreuses formes lorsque l’on s’intéresse aux solutions stationnaires : équation
de la chaleur (transfert thermique, diffusion), équation de Schrödinger.
Lorsqu’on les appliquent à des ondes planes progessives monochromatiques, les équations
de Maxwell deviennent
ρ
ik · E = , (3.33)
ε0
ik · B = 0, (3.34)
ik × E = iω B, (3.35)
ik × B = µ0j − i ω E.
(3.36)
c2
En combinant ces équations prises en l’absence de charge et de courant, on retrouve la
relation entre ω et k
ik × ik × E = ik × iω B
, (3.37)
soit
ω2 k ik · E − ik · ik E = k
2
E = i E (3.38)
c2
Soit
ω = k c. (3.39)
On retrouve par ailleurs les relations que nous avions déjà établies dans le cas des ondes
planes progressives (mais pas nécessairement monochromatiques) dans le vide :
ik · E = 0, ik · B
= 0,
= 1 k × E,
B
E = −c kk × B.
ck
avec
T /2
2
an = f (t) cos (nωt) dt, (3.42)
T −T /2
T /2
2
bn = f (t) sin (nωt) dt. (3.43)
T −T /2
a0
2 est la valeur moyenne de f sur une période. Les termes en ωt constituent la composante
fondamentale tandis que les autres termes sont les harmoniques. L’ensemble des (an , bn )
pour tous les n est appelé spectre de f . On parle ainsi de décomposition spéctrale de f.
En notation complexe on a
∞
f (t) = An e−inωt (3.44)
n=0
d’une fonction f (t) sera notée f [ω]. La fonction f (t) et sa transformée de Fourier sont
reliées par les relations suivantes
+∞
dω
f (t) = f [ω] e−iωt , (3.45)
−∞ 2π
+∞
f [ω] = dt f (t) eiωt . (3.46)
−∞
Pour une fonction qui dépend de l’espace, on défini la transformée de Fourier spatiale
par
+∞
d3k ik·r
g (r) = g k e , (3.47)
−∞ (2π)3
+∞
g k = d3r g (r) e−ik·r . (3.48)
−∞
On remarquera que la convention de signe dans l’exponentielle est opposée à celle qui a
été choisie pour le temps cela provient de la décomposition d’une onde en onde planes
+∞
dk
f (z − ct) = f [k] eik(z−ct) , (3.49)
−∞ 2π
+∞
dk
= f [k] eikz−iωt (3.50)
−∞ 2π
1 +∞ dω ω ikz−iωt
= f e (3.51)
c −∞ 2π c
Remarque
Voici les autres conventions qui sont aussi utilisées. Si l’on souhaite mettre en évidence
la réciprocité entre transformée de Fourier et transformée de Fourier inverse
+∞
1
f (t) = √ dω f [ω] e−iωt , (3.52)
2π −∞
+∞
1
f [ω] = √ dt f (t) eiωt . (3.53)
2π −∞
Le four à microondes est un sous produit du radar. Les microondes utilisées ont une
fréquence de 2,45 GHz. Elles sont résonantes avec une fréquence de transition de la
molécule d’eau.
Infrarouge
L’infrarouge s’étend entre les microondes et le visible. L’infrarouge est trés souvent
associé au rayonnement thermique. C’est en effet dans cette gamme que les corps à
température ambiante rayonnent. On distingue trois types de rayonnement infrarouge :
Gamme d’ondes λ (vide) gamme de température
infrarouge proche 0.7µm à 5µm 740 K à 3000 K
infrarouge moyen 5µm à 30 µm 100 K - 740 K
infrarouge lointain 30 µm à 200 µm 10K à 100K
En astronomie, l’infrarouge permet d’observer des objets trop froids pour rayonner
dans le visible.
Infrarouge proche
Rayonnement des géantes rouges et des étoiles rouges froides.
Infrarouge moyen
Planètes comètes et astéroides. Poussières chauffées par les étoiles. Caméras ther-
miques : détection de pannes, analyse des pertes thermiques.
Infrarouge lointain
Emission de poussières froides. Régions centrales des galaxies
Visible
Longueurs d’onde comprises entre 380 nm et 770 nm
violet 400 nm 450 nm
bleu 450 nm 520 nm
vert 520 nm 560 nm
jaune 560 nm 600 nm
orange 600 nm 630 nm
rouge 630 nm 750 nm
Ultraviolet
Longueurs d’onde inférieure à celles de la lumière visible.
ultraviolet proche 300 nm à 400 nm UVA (400-315 nm)
ultraviolet moyen 200 à 300 nm UVB (315-280 nm)
UVC (280-185 nm)
ultraviolet lointain 90 à 200 nm
Ultraviolet proche
UVA : Coup de soleil retardé, pigmentation instantanée, fluorescence.
Ultraviolet moyen
UVB : Coup de soleil précoce, pigmentation retardée, aide à produire la vitamine D.
UVC : Pouvoir bactéricide trés élevé.
Rayons X
On distingue deux types de rayon X, les ” X mous ” avec une longueur d’onde de 5 à
100 Å et les ” X durs ” avec une longueur d’onde de 0.01 à 0.5 Å
Rayons γ
Les rayons gamma sont des ondes électromagnétiques de longueur d’onde trés faible
allant de 10−12 m à 10−14 m. Ils sont produits par des réactions nucléaires.
U = q1 V (r) . (4.2)
1
N
U= qi Vi , (4.3)
2
i=1
où Vi est le potentiel electrostatique créé par toutes les autres charges au point où se
trouve la charge i.
25
26 4 Energie électromagnétique
1
Em = LI 2 . (4.9)
2
L’inductance L d’un solenoide de grande longueur l, dont la surface de la section est S
et qui comporte N spires est :
N 2S
L = µ0 . (4.10)
l
qui règne à l’intérieur est :
L’intensité du champ magnétique B
N
B = µ0 I. (4.11)
l
Par conséquent, tout comme pour l’énergie du condensateur, on peut mettre l’énergie du
solenoide sous forme d’un produit de son volume V par une densité d’énergie magnétique :
2
B
Em = V (4.12)
2µ0
Les expressions que nous venons d’écrire pour le champ électrique et ou le champ
magnétique dans deux cas particuliers de système electrostatique et magnétostatique
nous permettrons d’interpréter l’expression que nous allons obtenir en réalisant le bilan
énergétique complet du champ électromagnétique.
Lorsque l’on parle d’un faisceau lumineux, on appelle intensité cette puissance et on
la note I. La surface Σ considérée doir intersecter totalement le faisceau lumineux.
Nous remarquerons qu’il n’a rien fallu ajouter de supplémentaire aux équations de
Maxwell : la conservation de l’énergie est une conséquence des équations de Maxwell-
Faraday, Maxwell-Ampère et de l’expression de la force de Lorentz.
= 1 u × E.
B (4.25)
c
On en déduit l’expression de l’énergie électromagnétique et du vecteur de Poynting
2 2
E 2
E c
Uem = ε0 + = ε0 E (4.26)
2 2µ0
2
2
E
Π = = ε 0 c E u. (4.27)
µ0 c
Par conséquent
= cUem u.
Π (4.28)
L’énergie électromagnétique se déplace dans le vide à la vitesse de la lumière dans le
vide.
Quantité de mouvement
Regardons le travail et la force exercée par une onde électromagnétique sur une charge.
L’onde exerce sur cette charge la force de Lorentz
F = q E + v × B (4.29)
4.4.2 Le photon
La lumière est composée de photons. Pour une lumière monochromatique, l’énergie
d’un photon de fréquence υ est
E = hυ = h̄ω, (4.35)
avec
h
h̄ = . (4.36)
2π
où h est la constante de Planck et h̄ la constante de Planck réduite. La quantité de
mouvement d’un photon est donc
hυ
p = h̄k = u (4.37)
c
La lumière transporte aussi du moment cinétique. Un photon polarisé circulairement
possede un moment cinétique h̄ .
Le flux de photons δN δt qui traverse une surface est le rapport de la puissance qui
traverse cette surface et de l’énergie d’un photon :
δN P
= (4.38)
δt hυ
5.1 Introduction
Un conducteur électrique est un milieu dans lequel des charges électriques sont libres
de se déplacer. Ces charges sont des électrons ou des ions. Les métaux, les électrolytes
et les plasmas (gaz ionisés) sont des milieux conducteurs.
31
32 5 Les conducteurs électriques
Dans cette situation idéalisée, on considérera qu’il n’y a pas de dissipation et que la
réponse est instantanée. On parlera alors de conducteur parfait ou de conducteur idéal.
int = 0.
ρint (r, t) = ε0 div E (5.2)
Par conséquent, seule la densité surfacique de charge peut être différente de zéro.
L’équation de Maxwell-Faraday permet de conclure qu’à l’intérieur d’un conducteur
parfait le champ magnétique ne peut dépendre du temps :
∂B −→
= −rot E = 0. (5.3)
∂t
j = 1 − →
rot B − ε0
∂E
=
1 −→
rot B. (5.4)
µ0 ∂t µ0
Les seuls courants qui peuvent dépendre du temps sont les courants surfaciques.
dv
me = FL − Γv . (5.5)
dt
Dans la suite, lorsque le champ électrique et le champ magnétique viennent tout deux
d’une même onde électromagnétique, on négligera en général le terme dù au champ
magnétique, inférieur à celui du champ électrique d’un facteur vc qui est trés petit tant
que les vitesses ne sont pas relativistes. Attention, lorsque l’on est en présence d’une
onde électromagnétique et d’un champ magnétique statique, seul le champ magnétique
provenant de l’onde peut être négligé, car lui seul est proportionel au champ électrique.
Le champ statique peut conduire à une force comparable à celle du champ électrique de
l’onde même si les vitesses ne sont pas relativistes.
Le second terme −Γv est une force de friction visqueuse ajoutée pour des raisons
phénoménologiques. Il rend compte des mécanismes dissipatifs présents dans le milieu.
Le coefficient de friction ne peut en général pas être calculé à partir des premiers principes
(équations de Maxwell, mécanique quantique, ...), on obtient en géneral sa valeur en le
reliant aux paramètres macroscopiques du milieu. Dans un plasma, la friction est due
aux collisions des électrons avec les ions et avec les molécules restées neutres. Dans un
métal, il s’agit de l’interaction entre les électrons et les vibrations mécaniques du réseau
cristallin.
Dans un champ électrique statique E 0 , l’équation d’évolution de l’électron a pour
solution : q
v (t) = v0 e− τ + 1 − e− τ
t t
0.
E (5.7)
Γ
où v0 est la vitesse de l’électron à l’instant initial t = 0. Le temps caractéristique d’amor-
tissement est τ
me
τ= (5.8)
Γ
la vitesse initiale est amortie tandis que la vitesse de l’électron tend vers une vitesse
limite vl :
q
vl = E 0. (5.9)
Γ
Ne e2
σ0 = . (5.12)
Γ
Ne e2
Γ= (5.13)
σ0
on en déduit aussi le temps caractérisque d’amortissment :
Ne e2
τ −1 = (5.14)
σ0 me
Si le champ électrique n’est plus statique mais dépend du temps, tant que le temps
caractérique d’évolution du champ électrique est grand devant ce temps d’amortissment,
les électrons sont en permanence à leur vitesse limite et le conducteur est ohmique.
De manière plus générale, on peut analyser la réponse du milieu à un champ électrique
sinusoidal. En notation complexe, l’équation du mouvement devient
ρ = 0 (5.19)
j = σ E (5.20)
= 0
div E (5.21)
= 0
div B (5.22)
−→ ∂B
rot E = − (5.23)
∂t
−→
+ µ0 ε0 ∂ E
rot B = µ0 σ E (5.24)
∂t
De même qu’en l’absence de charges, on obtient une équation de propagation pour le
champ électrique seul en calculant le double rotationnel du champ électrique
−→ −→ −−→ − ∆E = −∆E
rot rot E = grad div E (5.25)
∂
= − + µ0 ε0 ∂ E
µ0 σ E (5.26)
∂t ∂t
soit
∂2E
∂E
= µ0 ε0
∆E + µ 0 σ (5.27)
∂t2 ∂t
Un terme supplémentaire proportionel à la dérivée temporelle du champ électrique
s’ajoute à l’équation de d’Alembert. Cette équation reste toutefois linéaire. Toute so-
lution de cette équation peut donc s’écrire comme une superposition de solutions mo-
nochromatiques (grâce à la transformée de Fourier). En notation complexe, l’amplitude
complexe E (r, t) d’une solution monochromatique de pulsation ω s’écrit
Si on se restreint
à une onde plane se propageant selon l’axe Oz et polarisée selon Ox
E (r) = E (z) ux cette équation devient
∂2
E (z) = −µ0 ε0 ω 2 E (z) − iωµ0 σE (z) . (5.30)
∂z 2
Les solutions de cette équation s’écrivent de manière semblable à celle des ondes
progressives
E (z) = E1 eikz + E2 e−ikz (5.31)
où la grandeur k vérifie l’équation
k 2 = µ0 ε0 ω 2 + iωµ0 σ. (5.32)
Ce ”nombre d’onde” k n’est pas réel mais a une partie imaginaire non nulle. On parle
donc parfois de pseudo vecteur d’onde ou pseudo nombre d’onde.
Plutot que de décrire le cas général, nous allons discuter les deux situations limites
correspondant aux situations ou l’un des deux termes du second membre est négligeable
devant l’autre. Ces deux situations sont les suivantes :
– σ ε0 ω : Il s’agit du cas des mauvais conducteurs électriques aussi appelés milieux
à pertes.
– σ ε0 ω : il s’agit des très bons conducteurs.
Avant de passer à la discussion déterminons le champ magnétique. On se sert pour cela
de l’équation de Maxwell Faraday qui n’est pas modifiée par la présence du conducteur :
−→
∂B
rot E = − (5.33)
∂t
Soit, si l’on ne considère que la solution E1 eikz
ik uz × E1 = iω B
(5.34)
Soit
= k uz × E1
B (5.35)
ω
Attention k est complexe. Le champ magnétique est donc déphasé par rapport au champ
électrique.
σ √
k = µ0 ε0 ω2
+ iωµ0 σ = ω µ0 ε0 1 + i (5.36)
ε0 ω
√ σ σ µ0
µ0 ε0 ω 1 + i = k0 + i . (5.37)
2ε0 ω 2 ε0
Il apparait une longueur caractéristique lp :
2 ε0
lp = . (5.38)
σ µ0
On peut donc écrire
1
k = k0 + i . (5.39)
lp
Les solutions à l’équation de propagation sont donc dans ce cas :
1
E (z, t) = E1 exp i k0 + i z − ωt (5.40)
lp
1
+E2 exp i − k0 + i z − ωt (5.41)
lp
− lz z
= e p ei(k0 z−ωt) + E2 e lp ei(−k0 z−ωt) (5.42)
− lz z
E (z, t) = E1 e p cos (k0 z − ωt + ϕ1 ) + E2 e lp cos (−k0 z − ωt + ϕ2 ) (5.43)
Le premier terme correspond à une onde qui se propage vers les z croissants tout
en s’atténuant tandisque la seconde correspond à une onde qui se propage vers les z
décroissants qui s’atténue elle aussi. L’amplitude de l’onde décroit de 1/e au bout de la
distance lp . On remarquera que cette distance d’absorption ne dépend pas de la fréquence.
L’énergie perdue par l’onde électromagnétique est transformée en chaleur par effet Joule.
k 2 = iωµ0 σ (5.44)
Cette longueur caractéristique est très petite devant la longueur d’onde dans le vide :
2πδ √ 2 2ε0 ω
= k0 δ = µ0 ε0 ω · = 1 (5.47)
λ ωµ0 σ σ
La décroissance exponentielle fait penser à ce qui se passe dans le cas du mauvais conduc-
teur mais il n’en est rien comme nous allons le voir en étudiant la réflexion d’une onde
électromagnétique sur un conducteur.
k0 δ − (1 + i) 1 − (1+i)
δk0
Eref = Ein = − δk0
Ein (5.62)
(1 + i) + k0 δ 1 + (1+i)
δk0 δk0
− 1− 1− + ... Ein − (1 − (1 − i) δk0 ) Ein (5.63)
(1 + i) (1 + i)
2k0
Etr = 1+i Ein = (1 − i) k0 δEin (5.64)
δ + k0
Or
2ε0 ω
δk0 = (5.65)
σ
ce qui donne
2ε0 ω
Eref = 1 − (1 − i) Ein (5.66)
σ
2ε0 ω
Etr = (1 − i) Ein (5.67)
σ
Remarques sur l’effet de peau
L’épaisseur de peau est inversement proportionelle à la fréquence : plus les fréquence
sont élevées et moins les ondes pénètrent dans les conducteurs. Dans les fils, à partir
d’une certaine fréquence, la conduction se fait en surface.
j = Ne e2
E (5.68)
Γ − ime ω
On peut distinguer deux régimes : les basses fréquences, où la dissipation est dominante
et les hautes fréquences où les effets d’inertie deviennent dominants. Dans le domaine
∂div j
Γdiv j + me = Ne e2 div E (5.71)
∂t
∂ρ ∂2ρ ρ
−Γ − me 2 = Ne e2 (5.72)
∂t ∂t ε0
soit
∂ 2 ρ ∂ρ Ne e2
+ + ρ=0 (5.73)
∂t2 ∂t me ε 0
On trouve une équation d’évolution locale pour la densité electronique
∂2ρ 1 ∂ρ
2
+ + ωp2 ρ = 0 (5.74)
∂t τ0 ∂t
∂j
me = Ne e2 E. (5.78)
∂t
1 Ne e2 ωp2
j =
E = i ε0 E (5.79)
−iω me ω
Si l’on considère des ondes dont l’amplitude complexe est :
E (r, t) = E0 ei(k·r−ωt) u (5.80)
Il n’y a aucune propagation dans le plasma. Ce milieu réflechit parfaitement les ondes
electromagnétiques. On citera comme exemple l’ionosphère (partie de l’atmosphère située
à quelques centaines de kilomètres d’altitude qui est partiellement ionisée). Celle ci
réflechit les ondes dont la fréquence est inférieure à quelques mégahertz.
densité en electrons libres de l’ionosphère : 1010 à 1012 electrons/m3 ce qui correspond
à des pulsations plasma de 6×106 à 6×107 rad s-1
Cette vitesse est supérieure à la vitesse de la lumière dans le vide. Comment cela est
il possible sans entrer en conflit avec la relativité ? Pour le savoir, il faut déterminer
à quelle vitesse peut se propager l’énergie ou un signal. En ce qui concerne l’énergie,
comme il y a de la matière la situation est plus délicate que dans le vide. Le plus simple
est de regarder la propagation d’un signal.
Nous allons détailler deux cas : le premier concerne la superposition de deux ondes
monochromatiques planes de pulsation différentes et le second un paquet d’ondes.
Les oscillations rapides ont une pulsation qui est la moyenne des deux pulsations et un
nombre d’onde qui est la moyenne des deux nombres d’onde. Ces oscillations rapides se
propagent à une célérité vr peux différente des célérités v1 et v2
ω1 + ω2
vr = v1 v2 . (5.91)
k1 + k2
L’enveloppe a une pulsation égale à la moitié de la différence des deux pulsations et un
nombre d’onde égal à la moitié de différence des nombres d’ondes. Cette enveloppe se
propage donc avec la célérité vg
ω2 − ω1 δω
vg = = (5.92)
k2 − k1 δk
(z, t) = dk
E E (k) exp [i (kz − ωt)] ux (5.93)
2π
Supposons que les pulsations qui interviennent dans cette onde sont toutes proches de
la pulsation ω0
C’est une onde quasi monochromatique de pulsation ω0 modulée par une enveloppe F
dk
F (z) = E (k0 ) exp [i (k − k0 ) z] (5.97)
2π
cette enveloppe se propage à la célérité
dω d dvϕ
vg = = (kvϕ ) = vϕ + k (5.98)
dk dk dk
Si l’on développe la pulsation à l’ordre suivant, le terme supplémentaire conduit à un
étallement du paquet d’onde.
Dans notre cas
1 2
k= ω − ωp2 . (5.99)
c
1 1
dk = ωdω (5.100)
c ω2 − ω2
p
dω ωp2
vg = = c 1 − 2 1. (5.101)
dk ω
La vitesse de groupe, c’est à dire la vitesse de propagation de l’énergie est plus faible
que la vitesse de la lumière dans le vide. La causalité est sauvée !
6.1 Introduction
Jusqu’à présent, les charges électriques étaient libres de se déplacer. Il s’agissait par
exemple de charges isolées dans le vide, d’électrons et d’ions dans les plasmas ou des
électrons de conduction dans les métaux. Pour étudier ce type de milieu, les outils
adéquats étaient bien la densité de charge électrique et la densité de courant. Nous avons
toutefois déjà dû introduire quelques nuances en distinguant les densité de charges et de
courants associées aux électrons et les densités de charges et de courants associées aux
ions. Même en les détaillant de la sorte, ces outils ne sont pas adaptés à l’étude générale
des milieux
Ce n’est pas la situation générale, dans les atomes, les molécules ou la matière, les
charges sont liées les unes aux autres. Les constituants de la matière courante sont
individuellement neutres, tout en étant composés de particules chargées. Les propriétés
électriques d’une molécule telle que l’eau sont correctement décrites non pas par une
charge électrique ou la position de chacune des charges qui la composent mais par un
moment dipolaire électrique. De même les propriétés magnétiques d’un atome ou d’une
molécule sont décrites par un moment dipolaire magnétique.||
De la même manière que nous avons été conduits à introduire ces outils au niveau
microscopique, il nous faut développer le même type d’outil à l’échelle macroscopique.
le champ électrique
Dans le même temps, cette distribution de charge crée au point R
suivant :
q − ri
R
R = i
E 3 (6.2)
4πε0
i R − ri
47
48 6 Electromagnétisme des milieux
On peut s’intéresser à ce que deviennent ces deux quantités lorsque ces charges sont
situées dans un petit volume centré autour du point r0 .
Plus précisément, si l’on note a la taille la distribution de charges, petit signifie ici petit
devant la distance d’observation pour le champ créé par la distribution de charge, soit
a R et petit devant la distance typique de variation du champ électrique pour le
|E 0 |
calcule de la force a . Il est alors possible de réaliser un développement limité
|∇E0 |
de ces deux expressions.
−−→
F = 0 (r0 ) +
qi E qi δri · grad E 0 + . . . (6.4)
r0
i i
0 (r0 ) + p · −−→
= QE grad E 0 + . . . (6.5)
r0
où l’on retrouve la charge totale Q et le moment dipôlaire électrique p qui sont définis
comme suit
Q = qi (6.6)
i
p = qi δri . (6.7)
i
On vérifiera que quand la charge totale est nulle, le moment dipolaire électrique ne
dépend pas de l’origine choisie. On remarquera aussi que les deux termes ne sont que les
premiers termes d’un développement limité que l’on peut poursuivre aux ordres suivants.
Le développement effectué est nommé développement multipolaire, et au dela du dipôle,
on trouve le quadrupole, l’octupole etc ...
Ces mêmes coefficients ( charge, moment dipolaire, ...) interviennent dans l’expression
du champ à grande distance d”une distribution de charges :
Q n p · n) n − p
1 3 (
R
E = 2 + 3 + .. (6.8)
4πε0 4πε0
R −
r 0 R −
r i
− r0
R
n = (6.9)
R − r 0
Si les charges sont en mouvement, on peut effectuer les mêmes discussion à partir du
champ magnétique et attribuer à la distribution des moments multipôlaires magnétiques
et en particulier le moment dipolaire magnétique m (sans oublier qu’il n’existe pas de
charge magnétique, et que donc le développement multipolaire commence par le moment
dipolaire magnétique)
1
m
= qi (ri × vi ) (6.10)
2
i
Pour la suite, nous ne serons concernés que par la charge Q et les deux moments dipolaires
p et m.
Deux points sont essentiels :
– Une distribution de charges peut être représentée comme la superposition d’une
charge ponctuelle, d’un dipôle électrique et d’un dipôle magnétique (et éventuelle-
ment de moments d’ordre supérieur)
– Chacune de ces quantités peut être représentée à l’aide d’un très petit nombre de
charges ou de courants.
La charge électrique Q est représenté par une charge ponctuelle Q située au point r0
Le moment dipolaire électrique p est représenté par un charge positive q située au
point r0 + 12 a et une charge négative opposée −q située au point r0 − 12 a avec p = qa (ou
éventuellement la charge positive en r0 + a et la charge négative en r0 )
Le moment dipolaire magnétique m par une boucle de courant.
Toutes ces considérations restent valables lorsque l’on s’intéresse à des grandeurs qui
dépendent du temps.
Notion de polarisabilité
Certaines molécules présentent spontanément un moment dipolaire électrique diffé-
rent de zéro. Ce sont les molécules polaires telles la molécule d’eau. Les atomes ainsi
que d’autres molécules présentent pas spontanément de moment dipolaire électrique.
Toutefois, lorsque ces particules sont placées dans un champ électrique extérieur, celui
ci exerce une force sur les charges positives et une force de sens opposé sur les charges
négatives, de sorte que les barycentres des charges positives et des charges négatives ne
sont plus superposés. L’atome acquiert ainsi un moment dipolaire électrique en général
d’autant plus important que le champ électrique est intense.
p = p E (6.11)
En toute généralité, cette dépendance n’est pas linéaire ; toutefois, pour les champs
faibles, on peut effectuer un développement en puissance de E et au premier ordre le
terme linéaire s’écrit
p = α0 ε0 E. (6.12)
p̃ = ε0 αE (6.13)
px αxx αxy αxz Ex
py = ε0 αyx αyy αyz Ey . (6.14)
pz αzx αzy αzz Ez
Tout ce raisonnement reste identique lorsque l’on se trouve dans un régime dépendant
du temps. En régime sinusoïdal forcé on retrouve les mêmes relations entre les amplitudes
complexes :
p e−iωt = α [ω] ε0 E e−iωt . (6.15)
Dans ce type de relation, analogue à celle que l’on avait obtenu pour la conductivité
électrique, la quantité α [ω] n’est pas nécessairement réelle.
La polarisabilité statique α0 ainsi que la polarisabilité dynamique α [ω] sont des quan-
tités physiques que l’on peut mesurer. Comme dans les conducteurs électriques, cette
grandeur suffit à caractériser les interactions électromagnétiques de l’atome ou de la
molécule (si l’on oublie les propriétés magnétiques). Dans une situation physique don-
née, il suffit d’aller regarder la valeur mesurée dans les tables. Mais comme pour les
conducteurs, un modèle microscopique est toujours instructif. Nous attendons de lui :
– Une image physique des phénomènes permettant de développer son intuition des
phénomènes.
– La compréhension des comportements observés, par exemple la dépendance en fré-
quence de la polarisabilité
– La possibilité de donner des expressions analytiques qui soient plus que de simples
ajustements ad-hoc des valeurs mesurées expérimentalement.
Le modèle que nous allons utiliser le plus souvent est appelé modèle de Lorentz ou
encore modèle de l’électron élastiquement lié.
dr
Ff = −Γ 2 (6.17)
dt
cette force est introduite elle aussi de manière phénoménologique. Elle vient rendre
compte des pertes d’énergie de l’atome. Il s’agit en premier lieu de la dissipation par
rayonnement. Il s’agit aussi d’autres mécanismes telles les collisions dans un gaz ou les
interactions avec les vibrations du réseau cristallin dans un solide.
Dans un champ électrique, la relation fondamentale de la dynamique s’écrit
q2
p = E = ε0 α0 E (6.20)
k
on en déduit l’expression du coefficient de raideur en fonction de la polarisabilité statique
α0 et de la charge de la particule
q2
k= . (6.21)
ε0 α0
Que prévoit en plus ce modèle ? On se retrouve avec un oscillateur harmonique et donc
d’une résonance à une pulsation propre.
d2r k q
2
= − r + E (6.22)
dt m m
soit une équation d’évolution pour le dipôle
d2 p k q2
+ p
= E (6.23)
dt2 m m
l’évolution libre se fait avec une pulsation propre ω0
k
ω0 = . (6.24)
m
On sait que les vrais atomes présentent des resonances ce résultat n’est donc finalement
pas totalement surprenant.
On obtient ici une relation entre la raideur et la masse de la particule : Là encore
si l’on suppose que la charge négative est un électron, on obtient une expression de la
constante de raideur en fonction de la pulsation de resonance
k = mω02 . (6.25)
1 ω02
α [ω] = α0 ω2
= α0 (6.26)
1− ω02 − ω 2
ω02
α0 ω02 q2 1
α [ω] ∼ = (6.27)
ω2 m ω2
C’est à dire la même valeur que pour une charge libre.
Ce modèle donne donc deux relations entre les paramètres du modèle microscopiques
(charge de la particule q, masse de la particule m et raideur de la liaison k) et les
grandeurs physiques de notre atome (la polarisabilité α0 et la pulsation de résonance ω0
)
k
= ω02 , (6.28)
m
k 1
= . (6.29)
q2 ε0 α0
Tout cela est fort sympathique mais quel est le lien avec la réalité et quel sens peut
on donner à cette liaison élastique entre deux charges électriques ?
e2
F = − r. (6.32)
4πε0 R03
Il est donc tout à fait possible de concevoir une force de rappel élastique entre une distri-
bution de charge positive et une charge négative, il suffit pour cela que les distributions
ne soient pas ponctuelles. Dans ce modèle, la taille de l’atome est reliée à la polarisabilité
statique et à la pulsation de resonance par les relations :
α0 = 4πR03 (6.33)
e2
ω02 = (6.34)
4πε0 me R03
Petite remarque sur la taille R0 de la distribution de charges positives. L’électron peut
parcourir des cercles à l’intérieur de la sphère positivement chargée, ces orbites ont
toujours la même pulsation ω0 c’est en particulier le cas lorsque l’electron parcours des
cercles de rayon R0 . On remarque que dans ce cas, le champ auquel il est soumis est
le même que celui qu’il verrait si toute la charge etait au centre. Autrement dit si l’on
prend pour pulsation une pulsation effectivement mesurée pour un atome, la taille que
l’on trouve pour l’atome avec ce modèle est tout à fait comparable à la taille réelle de
l’atome. Il en est de même si l’on considère la polarisabilité. Autrement dit, même si le
modèle de Thomson est faux, il est étonnamment efficace.
En ce qui nous concerne, avant de le jeter nous retiendrons une leçons de ce mo-
dèle : il est possible de concevoir une distribution de charge où les forces électrostatiques
produisent une force de rappel élastique.
On peut alors définir une densité volumique de moment dipôlaire électrique P aussi
appelé vecteur polarisation
1 1
P = pβ = qβ,irβ,i . (6.50)
V V
β∈V β,i∈V
Lorsque les charges composant ces dipôles sont en mouvement elles crée une densité
volumique de courant
drβ,i ∂ P
jP = 1 qβ,i = (6.51)
V dt ∂t
β,i∈V
Ce courant est appelé courant de polarisation. Si ce courant n’est pas uniforme, les
charges peuvent s’accumuler et créer une densité volumique de charge ρP . Ecrivons la
relation de conservation de la charge
∂ρP
+ div jP = 0. (6.52)
∂t
soit
∂ρP ∂ P
+ div = 0. (6.53)
∂t ∂t
ou encore
∂
ρP + div P = 0. (6.54)
∂t
On en déduit la relation entre la densité volumique de dipôles et la densité volumique
de charges associée
ρP = −div P (6.55)
local, la relation microscopique macroscopique est alors moins directe). Si le milieu est
dilué :
1 1
P = pβ = ε0 α [ω] E = ε0 N α [ω] E (6.58)
V V
β∈V β∈V
ρ = ρl + ρP = ρl − div P (6.61)
j = jl + jP = jl + ∂ P (6.62)
∂t
Reportons ces deux expressions dans les deux équations de Maxwell où interviennent la
densité de charge et la densité de courant. Il s’agit de l’équation de Maxwell Gauss
= 1 ρl − div P
div E (6.63)
ε0
et de l’équation de Mawell Ampère
−→ ∂
P
∂E
rot B = µ0 jl + + µ0 ε0 (6.64)
∂t ∂t
et
−→ ∂
rot B = µ0jl + µ0 ε0 E + P . (6.66)
∂t
Les conclusions sont similaires à celles que l’on obtient dans le vide :
k · E0 = 0 (6.91)
k · B0 = 0 (6.92)
k
B0 = × E0 (6.93)
ω
Les ondes électromagnétiques sont transverses, c’est à dire que le champ électrique et
le champ magnétique sont orthogonaux au vecteur d’onde et orthogonaux entre eux. La
relation de dispersion est
k 2 = εµω 2 (6.94)
Dans le cas général, la permittivité peut être complexe, le nombre d’onde est donc
complexe :
k = kr + iki (6.96)
On choisira pour le nombre d’onde k la racine de partie réelle positive. Si l’on prend
pour exemple un vecteur d’onde dirigé selon 0z
= E0 exp i ((kr + iki ) z − ωt)
E (6.97)
0 e−kr z cos (ki z − ωt + ϕ)
= E (6.98)
ω
il s’agit d’une onde plane qui se propage à la célérité v = ki tout en s’atténuant (si kr
est positif) ou en s’amplifiant (si kr est négatif).
On suppose maintenant d’une part que chacun de ces milieux est homogène et isotrope
et d’autre part qu’il n’y a aucune charge libre de surface ni courant libre de surface. Ces
équations deviennent alors
N 2 − ε1 E
ε2 E N1 = 0 (6.103)
N2 − B
B N1 = 0 (6.104)
T2 − E
E T1 = 0 (6.105)
1 1
BT 2 − B T 1 = 0. (6.106)
µ2 µ1
On considérera dans la suite que les perméabilités magnétiques sont identiques et donc
que µ1 = µ2
Ei0T ei(kix x+kiy y−ωt) + Et0T ei(krx x+kry y−ωt) = Et0T ei(ktx x+kty y−ωt) (6.112)
pour que cette relation puisse-t-être vérifiée quelque soit les points x et y, les vecteurs
d’ondes ce ces trois ondes selon x et y doivent être égaux :
kix = krx = ktx (6.113)
kiy = kry = kty . (6.114)
Choisissons maintenant les axes de sorte que le plan d’incidence, c’est à dire le plan qui
contient les trois vecteurs d’onde, est le pla x0z . Dans ce cas kαy = 0 Si l’on note θi ,
θr et θt les angles d’incidence, de reflexion et de transmision la composante du vecteur
d’onde parallèle à l’interface est
ce qui donne, si l’on relie les nombres d’onde au nombre d’onde dans le vide
θi = θr (6.119)
n1 sin θr = n2 sin θt . (6.120)
kt2 = ktx
2 2
+ ktz (6.121)
soit
2
ktz = kt2 − ktx
2
= k02 n22 − n21 sin2 θi (6.122)
2 est positif et donc k est réel
Si n2 > n1 sin θi , ktz z
2 est négatif et donc k est imaginaire pur : il n’y a pas d’onde
Si n2 < n1 sin θi , ktz z
plane transmise. On a dans le milieu 2 une onde évanescente. On déduit de conditions
énergétiques que la réflexion est totale. Ce phénomène apparaît lorsque n2 < n1 pour
un angle supérieur à l’angle critique θc qui vérifie
n2
sin θc = (6.123)
n1
Le champ électrique est selon 0y . Le champ magnétique est dans le plan x0z et les
amplitudes sont
Ei + Er = Et (6.134)
−Bi cos θi + Br cos θr = −Bt cos θt (6.135)
Soit
Ei + Er = Et (6.136)
n1 cos θi (Ei − Er ) = n2 Et cos θt (6.137)
Er
r⊥ = (6.138)
Ei
Et
t⊥ = . (6.139)
Ei
1 + r⊥ = t⊥ (6.140)
n1 cos θi (1 − r⊥ ) = −n2 t⊥ cos θt (6.141)
On en déduit
n1 cos θi − n2 cos θt
r⊥ = (6.142)
n1 cos θi + n2 cos θt
2n1 cos θi
t⊥ = (6.143)
n1 cos θi + n2 cos θt
or
2
ktz = k02 n22 − n21 sin2 θi (6.172)
cela donne
cos2 θt = n22 − n21 sin2 θi (6.173)
on a donc les mêmes formules avec cos θt imaginaire. Le module du coefficient de réflexion
est 1 . La réflexion déphase l’onde.