Chapitre 5-Marché - 2020
Chapitre 5-Marché - 2020
Chapitre 5-Marché - 2020
SAWADOGO Martin
Les chapitres précédents ont développé les éléments qui guident successivement la
décision d’achat des consommateurs et la détermination du choix des facteurs de
production au niveau de la firme. Dans ce chapitre, consommateur et producteur seront
confrontés sur un marché. De cette confrontation, il en résulte un prix d’équilibre traité
comme donnée dans les décisions individuelles desquelles découlent les fonctions de
demande des consommateurs et les fonctions d’offre des firmes.
Il y a quelques années, une personne bien informée sur le potentiel des technologies
de l’information et de la communication a ouvert un cyber café appelé Netcaf dans la
ville d e Ouagadougou. Cette personne y vendait des services appelés navigation, e-mail
et autres. Quelques rares habitués y allaient et payaient un prix aussi élevé que 1000 F les
30 minutes pour consulter leur boîte ou naviguer. Cette personne était seule sur ce
marché naissant. Elle fixait les prix comme elle l’entendait et offrait autant d’heures de
services que les clients le demandaient. Une dizaine d’années plus tard, à tous les coins de
rue, des cybers café se sont installés. Au fur et à mesure que les concurrents s’installaient,
Netcaf se rendait compte qu’elle ne pouvait plus fixer les prix à son gré. Aujourd’hui, les
prix s’imposent à l’entreprise et ses préoccupations maintenant sont de réduire les coûts
d’exploitation de son cyber et d’offrir autant de services au prix qui s’impose afin de
maximiser son profit.
Cette histoire montre la naissance d’un marché concurrentiel. Les lecteurs qui connaissent
bien Ouagadougou ont noté avec quelle fulgurance les cybers café et autres télé-centres se
sont développés dans la ville entre le début des années 1990 et aujourd’hui. Un marché
naguère limité, ce marché est devenu florissant et offre des services de plus en plus variés.
Ce chapitre étudie le marché concurrentiel pour voir comment la firme y maximise son
profit et comment l’interaction entre offre et demande produit l’équilibre. Cette section passe
d’abord en revue les conditions d’un marché concurrentiel.
Homogénéité du produit. Les produits offerts par les vendeurs sur un marché en
concurrence parfaite sont des substituts parfaits les uns pour les autres et les firmes ne se
livrent pas à une concurrence à travers la différentiation de leurs produits. L’homogénéité
des produits est plus évidente pour certains produits que pour d’autres. Par exemple, les
produits métalliques ou chimiques sont similaires. Les galettes produites par la vendeuse à
l’angle de la rue sont mieux appréciées que celles de la vendeuse située au centre du
marché. A strictement parler, les galettes ne sont pas des produits homogènes.
L’hypothèse d’homogénéité exige cependant simplement que les produits paraissent
identiques aux yeux du consommateur.
Prendre les prix comme donnés. Individuellement, chaque firme et chaque ménage pense
qu’il n’a aucun pouvoir sur les prix. Ils prennent par conséquent les prix comme donnés, et
on dit qu’ils sont preneurs de prix (price takers en anglais). Souvent on justifie l’hypothèse
de preneur de prix par l’atomicité du marché (nombre élevé des acheteurs et des
vendeurs). Par exemple, si les vendeurs sont en nombre élevé, chacun ne produit qu’une
faible portion de l’output total et par conséquent ne peut pas influencer le prix. Ainsi, un
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producteur de tomates dans une région de cultures maraîchères comme le Yatenga ne peut
influencer le prix de la tomate en augmentant ou diminuant sa propre production.
Le nombre d’acteurs n’est cependant ni une condition nécessaire ni une condition suffisante
pour que ces acteurs agissent comme preneurs de prix. Même un nombre limité de firmes
(5 ou 20) peuvent se comporter en preneurs de prix si la demande est fortement élastique.
(Si la demande est élastique, toute augmentation de prix par un vendeur conduit à une très
forte baisse de ses ventes.). L’hypothèse exige cependant que les firmes ne puissent pas
s’engager dans des actions concertées (collusion ou stratégies communes).
Prenez le cas de quelqu’un qui veut se lancer dans le métier de photographe ambulant. Il
lui suffit d’un appareil photo et de quelques petits équipements. Il n’y a aucun frais
supplémentaire au-delà des coûts supportés par ceux qui sont déjà dans ce genre d’affaire.
De même, un photographe en activité peut abandonner cette activité, et vendre ses actifs
(appareil) sans perte extraordinaire. Le marché de la photographie ambulante est un marché
contestable.
Certains marchés comportent des barrières à l’entrée, établies par la législation ou forcées
par les firmes en activité. Si par exemple une nouvelle firme dans l’industrie des chaussures
est obligée d’installer des équipements de traitement des ordures alors que les firmes
existantes ne sont pas astreintes à cette règle, ceci constitue une barrière à l’entrée. De même,
si en fermant ses portes une firme de chaussures ne peut pas liquider tous ses actifs
(bâtiments, machines) sans grande perte, il existe des barrières à la sorite. Un tel marché est
peu contestable.
Quand les marchés sont contestables, le profit économique à long terme est nul. Si le
profit était positif, de nouvelles firmes seraient attirées, et ce aussi longtemps que le profit
demeure positif. Si le profit était négatif, des firmes fermeraient la porte et ce tant que le
profit demeurerait négatif. L’hypothèse de contestabilité garantit donc la stabilité du
marché, à travers la conséquence de la nullité du profit.
Information parfaite. On suppose que les firmes et les consommateurs disposent d’une
information totale pour leur prise de décision. Les consommateurs connaissent la qualité
des produits (déjà supposés identiques dans la condition 1) et le prix (supposé comme
donné). Les entreprises connaissent les opportunités et les niveaux des profits.
Ces quatre conditions sont nécessaires pour l’existence d’un marché de concurrence parfaite.
Si l’une de ces conditions est violée, le marché n’est plus parfait et l’analyse devra recourir à
la théorie définie sur d’autres structures de marché. On peut résumer les conditions dans le
tableau 1.2.
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Figure 2.1- Le profit comme distance entre les courbes de recette total et de coût total.
Le profit A est la distance verticale entre les courbes de recette total et de coût total. Le profit est
maximum au niveau y* de l’output tel que la tangente à la courbe de coût total soit parallèle à la droite
de recette totale. A ce niveau y*, le coût marginal est égal au prix p du produit.
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Cette figure permet donc de définir la condition d’un profit maximum. Le profit est
maximum quand la distance (positive) entre la recette totale et le coût total est à son
maximum. Cette distance maximum est obtenue au point où la tangente à la fonction de
coût est parallèle à la droite de recette totale. Mais la tangente à la courbe de coût représente
la pente de cette courbe qui n’est autre que le coût marginal, CM(y). Quant à la pente de
la droite de recette totale, c’est le prix p. Au niveau d’output y* où le profit est maximum,
on a donc la relation : 𝑀𝐶(y ∗) = 𝑝
Par contre, si le coût variable moyen est inférieur au prix (p>CVM), la firme réduit ses pertes
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La courbe d’offre de court terme est composée de deux parties : la partie de la courbe du coût marginal
située au-dessus du minimum du coût variable moyen (CVM) et la partie de l’axe vertical en dessous
du minimum de CVM.
Trouver la courbe d’offre de long terme de la firme est relativement plus facile. En effet,
dans le long terme, la firme ne fait plus face à des coûts fixes. Le profit ainsi
décomposé est = 𝑦[ 𝑝 − 𝐴𝐶 ( 𝑦)] . Tant que p est inférieur à AC, la firme ne produit rien. Si
p est supérieur à AC, la firme réalise des profits positifs et choisit la quantité produite en
se référant à sa courbe de coût marginal, selon l’égalité p=MC(y). La figure 3.2 illustre la
situation de long terme. On a le résultat suivant :
La courbe d’offre de long terme de la firme est la portion de la courbe de coût marginal de long
terme au-dessus du minimum de la courbe de coût moyen de long terme (CMLT) et l’axe vertical
pour tous les prix en dessous du minimum de CMLT.
Court terme. La courbe d’offre de marché s’obtient comme la sommation horizontale des
courbes d’offre individuelles. Autrement dit, on suppose que pour un prix donné, l’offre de
marché est la somme de ce que les firmes sont prêtes à offrir à ce prix. On suppose donc que
l’opération de sommation n’affecte pas le prix. Dans le court terme, aucune entrée ou sortie
du marché n’est possible et seules les quantités produites par les firmes déjà en activité sont
incluses dans l’opération de sommation.
Long terme. A long terme il peut y avoir des modifications qui affectent l’offre. D’abord, les
firmes déjà en activité peuvent ajuster leurs échelles de production en modifiant les quantités
des facteurs. Ensuite, de nouvelles firmes peuvent survenir sur le marché et des firmes en
activité peuvent cesser leurs opérations. La courbe d’offre de long terme diffère selon la
nature des coûts de la firme. Comme la nature des coûts ne fait que refléter celle de la
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Courbe d’offre de marché dans une industrie à coûts (moyens) constants. Quand les coûts
(moyens) sont constants la courbe d’offre de marché est une ligne horizontale au niveau du
prix du marché. Dans une industrie à coûts constants, chaque firme réalise un profit nul,
produisant au point du minimum du coût moyen (dont le niveau est le même pour chaque
firme). Le prix de marché s’établit donc à ce niveau du coût moyen, et ne peut s’en écarter
dans le long terme.
Courbe d’offre de marché dans une industrie à coûts (moyens) croissants. La courbe d’offre de
long terme d’une industrie à coûts croissants est croissante de gauche à droite car l’entrée de
nouvelles firmes augmente le coût moyen.
Courbe d’offre de marché dans une industrie à coûts (moyens) décroissants. Dans une
industrie à coûts moyens décroissants, la courbe d’offre de long terme est décroissante de
la gauche vers la droite.
Effets des interventions sur l’équilibre. Les interventions publiques, par exemple
l’imposition d’une taxe sur une activité, ont des conséquences sur les producteurs et
les consommateurs. Selon la nature des agents, l’effet de l’intervention peut être partagé
différemment. Considérer le cas d’une taxe imposée par l’état dans une activité industrielle
pour renflouer ses caisses. Qui du producteur ou du consommateur supportera cette taxe ?
Cela dépendra de la nature de la technologie de production.
i) Taxe dans une industrie à coûts constants : Quand l’industrie est à coûts constants, la
courbe d’offre de long terme est parfaitement horizontale. Une taxe de 10 % sur le produit
imposée au producteur se traduit par une augmentation du coût marginal et du coût moyen
de 10%. A l’équilibre, le nouveau prix payé par le consommateur est de 10% supérieur. Le
consommateur supporte entièrement l’effet de la taxe, même si celle-ci est levée sur les
ventes. Ceci se traduit par une réduction du surplus du consommateur.
ii) Taxe dans une industrie à coûts croissants : Lorsque la production se fait à coûts
croissants, la courbe d’offre est croissante. Dans ce cas, une taxe sur la production est
partagée entre les producteurs et les consommateurs. Le partage de la taxe se traduit par
des variations des surplus du consommateur et du producteur.
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