Chap IV

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CHAPITRE IV. GESTION FINANCIERE DES ENTREPRISES D’ASSURANCE

IV.1. COMPTABILITE DES ASSURANCES

La gestion d’une entreprise d’assurance est fondée sur les éléments de la comptabilisé afin d’apprécier les
performances. Ce chapitre aborde la comptabilisé d’assurances, en mentionnant ses principales
caractéristiques. Avant tout, elle expose les notions élémentaires de comptabilité d’une société d’assurances.

IV.1.1. Eléments de technique comptable

La comptabilité des compagnies d'assurance est une discipline pratique consistant à enregistrer, répertorier,
les données chiffrées permettant de refléter et de qualifier aussi bien l'ampleur de son activité économique
que ses conséquences sur l'inventaire de son patrimoine.
Elle fournit le moyen de :
1)   connaitre le montant et l'origine des résultats.
2)   vérifier le bien fondé des décisions prises.
3)   connaître la valeur du patrimoine concerné et
4)   l'ampleur de ses engagements vis à vis des tiers.
Elle joue un rôle :
1)   Vis-à-vis de l’entreprise : (i) Technique d’enregistrement, (ii) Technique d’analyse et (iii) Outil de
gestion.
2)   Vis-à-vis des tiers: moyen de preuve.
3)   Vis-à-vis de l’Etat: résultat fiscal, protection des intérêts généraux et Tableau des richesses de la
Nation.
Pour comprendre le raisonnement comptable, il importe de retenir les trois principes suivants :
1)   Principe de la partie double,
2)   Principe du double enregistrement, chronologique et analytique,
3)   Principe du classement des comptes en comptes de patrimoine et compte de résultat.
L’enregistrement comptable des faits économiques de l’entreprise : devant un fait économique à traduire en
comptabilité, on se demandera si ce fait provoque une variation de la situation nette (capitaux propres).
Ø   dans la négative, seuls les comptes de bilan joueront entre eux et en sens inverse: on aura, soit un
changement de composition de l’actif ou du passif (a1), soit une variation de l’actif compensée par
une variation du passif (a2).
Ø   Dans l’affirmative, on aura une variation d’un compte de bilan assortie d’une variation de sens
inverse d’un compte de résultat, produits (b1) ou de charges (b2)

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Les opérations ci-après, au contraire, vont être génératrices de résultat.


(b1): * Encaissement d’intérêts sur valeurs par la banque: augmentation du compte « produits financiers »,
augmentation du poste d’actif « banque ».
* Annulation d’une provision devenue sans objet (perte prévue mais non réalisée): diminution du compte
de passif « provision pour charges», augmentation du compte de produits «profits exceptionnels».
(b2): * réception d’une facture de frais: augmentation du compte de passif « créditeurs divers », augmentation
du compte de charges «frais généraux».
* paiement d’un salaire par la caisse: augmentation du compte de charges « traitements », diminution du
compte d’actif « caisse».

IV.1.2. Spécificités de la comptabilité d’assurance

L’assurance se caractérise par :


Ø   une inversion du cycle de production: le prix de vente, la prime, est encaissée immédiatement alors
que la prestation, le règlement de l’indemnité, intervient ultérieurement;
Ø   Un décalage possible entre la survenance du fait dommageable, générateur du paiement de
l’indemnité et le règlement effectif de cette indemnité.

Ce double phénomène emportera les conséquences suivantes :


1)   l’assureur détient une masse de capitaux qu’il devra gérer, d’où l’importance de l’actif immobilisé
et des résultats financiers: produits et plus ou moins-values sur cession d’actif ;
2)   l’organe de tutelle prévoit des conditions de forme très strictes pour la tenue de la comptabilité et
l’obligation de consolider les provisions techniques et engagements réglementés à l’actif du bilan,
c’est-à-dire le principe de couverture.
3)   l’assureur ne connaît son prix de revient qu’à long terme d’où la nécessité d’avoir, pendant les
premiers exercices, recours à des provisions pour sinistres à payer qui, pour une large part sont des
évaluations et des estimations. Il devra en outre, pour se prémunir contre une sous-évaluation
possible vde ces provisions, se réserver une marge de sécurité.
4)   la non-concordance possible entre l’exercice de comptabilisation de la prime et celui de la survenance
du fait dommageable implique l’utilisation à l’inventaire d’un compte de répartition des produits
dans le temps: la provision pour risques en cours, en assurance non-vie et la provision mathématique,
en assurance vie.
5)   la non-concordance entre l’exercice de survenance du fait dommageable et celui du règlement de
l’indemnité nécessaire pour les besoins de la comptabilité analytique d’exploitation une double
comptabilisation par exercice de règlement et par exercice de survenance, pour les assurances non-
vie.

IV.1.3. Principes Comptables Généraux de la Comptabilité d’assurance

1)   Le principe de permanence de méthodes: les méthodes d’évaluation notamment à l’inventaire et à la


présentation des comptes ne peuvent être modifiées d’un exercice à l’autre. En assurance, le
législateur peut prévoir l’utilisation conjointe de plusieurs méthodes pour le calcul des provisions
techniques, la méthode dégageant le résultat le plus élevé, par catégorie homogène, sera retenue. Il
ne s’agit pas de la dérogation mais d’une modalité d’application.
2)   Le principe de prudence: ce principe vise à éviter le risque de transfert sur l’exercice suivant de
pertes éventuelles pouvant grever le patrimoine et les résultats de l’entreprise. En revanche, les
bénéfices ne peuvent être pris en compte dans un exercice comptable que s’il sont réalisés. En
assurance, pour les obligations que la perte résultant de la baisse du cours de Bourse à l’inventaire
peut ou partiellement être comptabilisée si la valeur de remboursement à l’échéance est supérieure
à ce cours.
3)   Le principe de non-compensation: les éléments de l’actif et du passif doivent faire l’objet
d’évaluations séparées; il en est de même pour les charges et les produits. En assurance, les moins
values latentes ne peuvent être compensées par des plus-values non réalisées.

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4)   Le principe de spécialisation des exercices ou principe de compétence: ce principe rattache les


charges d’un exercice comptable aux produits correspondants; il a pour conséquence l’inscription au
bilan de comptes de régularisation d’actif et du passif. Dans l’assurance, le principe de compétence
trouve son application sous une forme originale: la part des primes émises par avance correspondant
à des prestations à la charge de l’exercice suivant est considérée comme une provision et non comme
un produit comptabilisé d’avance.
5)   Le principe de continuité de l’exploitation: ce principe s’illustre par la possibilité de répartir sur
plusieurs exercices futurs, certaines charges ou certains produits: frais d’acquisition des contrats, des
immeubles, répartition de plus ou moins-values latentes sur obligation jusqu’à l’échéance du titre.
Dans l’assurance, il est réservé à ces reports, l’appellation de comptes de régularisation.
6)   Le principe de nominalisme: ce principe encore appelé de la comptabilité à coût historique est
d’application dans l’assurance. Dans l’assurance, il faut souligner une particularité de
comptabilisation des avoirs et engagements en monnaies étrangères. L’entrée des éléments dans le
patrimoine de la société ne seront convertibles qu’à l’inventaire au cours officiel et les positions en
devises seront établies au 1er janvier avec différence de conversion. Ce principe est bien encadré
par le principe de congruence tenant compte de l’exposition aux risques d’externalité et aléatoires.
7)   Le principe de congruence entre les actifs et les passifs: Dans une société industrielle ou
commerciale classique, les actifs immobilisés et une partie des stocks sont financés par les ressources
permanentes inscrites au passif. Faute de ce faire, la société est exposé à des problèmes de trésorerie.
Cette nécessité ne s’impose pas à l’assureur étant donnée l’inversion du cycle de production. Dans
l’assurance, on entend la nécessité technique ou règlementaire de représenter les passifs en devises
par les actifs exprimés ou convertibles dans la même devise. Cela afin de ne pas superposer des
risques de change à des risques techniques. Il est conseiller en assurance, d’assurer le cantonnement
de l’actif et le passif dans la même devise.
8)   Le principe du caractère significatif de l’information : l’annexe aux comptes annuels est constituée
de toutes les informations d’importance significative permettant d’avoir une juste appréciation du
patrimoine et de la situation financière de l’entreprise.

IV.1.4. Plan comptable spécifique applicable au secteur des assurances (PCSSA)

En RDC, le plan comptable sectoriel des entreprises d’assurances est le PCSSA, contenue en annexe au
Décret n° 17/008 du 21 août 2017. Il est d’application obligatoire pour toutes les entreprises d’assurances
implantées en RDC, de droit national ou étranger, quelle que soit la nature ou la forme juridique.

Le PCSSA, largement inspiré du plan comptable CIMA, comprend :


-   les normes spécifiques des comptabilités applicables dans le secteur des assurances ;
-   l’ensemble des éléments suivants du PCSSA :
•   le cadre conceptuel et les généralités,
•   le cadre des comptes codifié,
•   le contenu et le fonctionnement des comptes,
•   les états financiers personnels.

Le cadre des comptes du PCSSA comprend :


1.   Les comptes du bilan (classes 1 à 5) :
-   Classe 1 : Comptes de ressources durables,
-   Classe 2 : Comptes de l’actif immobilisé,
-   Classe 3 : Comptes de provisions techniques et de l’exploitation technique,
-   Classe 4 : Comptes de tiers,
-   Classe 5 : Comptes de trésorerie.
2.   Les comptes de gestion (classes 6 à 8) :
-   Classe 6 : Comptes de charges liées aux activités ordinaires,
-   Classe 7 : Comptes de produits liés aux activités ordinaires,
-   Classe 8 : Comptes de charges et produits hors activités ordinaires, impôt sur le résultat et
participations des travailleurs.

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3.   La Classe 0 est réservée aux comptes spéciaux d’engagements :


-   00 : Engagements en faveur de l’entreprise,
-   01 : Engagements à la charge de l’entreprise,
-   03 : Autres engagements envers les tiers,
-   06 : Valeurs reçues en nantissement des cessionnaires et rétrocessionnaires,
-   07 : Valeurs appartenant à des institutions de prévoyance,
-   08 : Valeurs remises par les organismes réassurés avec caution solidaire ou avec substitutions,
-   09 : Autres valeurs détenues par l’entreprise.

Caractéristiques du PCSSA
Le PCSSA présente les caractéristiques principales ci-dessous.
-   L’inversion du cycle de production : la vente précède la production des services et déclenche le cycle
de production. Le coût de revient des prestations ou services échangés est fixé en aval et peut
éventuellement s’élever au-delà du prix de vente.
-   L’utilisation des méthodes statistiques dans l’évaluation de certaines valeurs économiques générées
par l’exploitation : provisions pour risques en cours (REC), part des réassureurs de sinistres de
l’entité, REC sur la cession, provisions mathématiques.
-   L’existence et l’importance des provisions des risques et des sinistres, actives et passives,
considérées comme éléments de la classe 3.
-   La distinction nette faite entre les immeubles de placement, les immeubles professionnels et les
immeubles de résidence.
-   L’existence des dépôts de garantie (flottants) des réassurances, actifs et passifs, non enregistrés
comme de cautionnements ;
-   L’importance et la diversité des comptes des tiers regroupés par catégorie (intermédiaires étrangers,
intermédiaires étrangers non vie, cessionnaires, cédants, débiteurs techniques, personnel, etc.).
-   L’importance des comptes de disponibles et des comptes de transferts financiers intercomptes et
intersuccursales.
-   L’obligation de consolider les provisions techniques et engagements réglementés à l’actif du bilan.
-   L’existence des grandeurs caractéristiques de gestion suivantes :
•   Primes nettes acquises de l’exercice,
•   Sinistres à charge de l’exercice,
•   Marges brutes techniques,
•   Chiffres d’affaires techniques,
•   Chiffres d’affaires technico-financiers.
-   La profession des assurances exige, en ce qui concerne la présentation des comptes techniques de
gestion, une séparation entre les opérations techniques (primes et sinistres) et les opérations
financières (commissions et revenus).
-   La présentation obligatoire des comptes de gestion (techniques) par branche et toutes branches
confondues.
-   Les charges et produits qui participent à la procréation du résultat sont classés selon leur nature et
non pas selon leur destination, à l’exception des comptes de gestion technique cantonnés dans deux
comptes principaux (60 et 70). Toutefois, à l’intérieur de ces comptes principaux, le classement est
effectué par nature.
-   De manière générale, les rubriques du Passif du bilan sont classées, de haut en bas, par ordre
d’exigibilité croissante, tandis que celles de l’Actif sont classées, de haut en bas, par ordre de liquidité
croissante.
-   Toutefois, le principe de reclassement par nature des comptes au sein des grandes masses financières
du Bilan, prime sur le principe de reclassement des postes par ordre d’exigibilité ou de liquidité
croissante, de manière que :
•   la réserve mathématique, considérée comme une réserve à long terme, n’est pas classée parmi
les ressources durables ;
•   toutes les réserves passives sont groupées en une rubrique passive ;
•   la partie à long terme des provisions techniques n’est pas reclassée dans les ressources durables ;

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•   la partie à court terme des provisions techniques n’est pas regroupée dans les passifs circulants.

Spécificités du PCSSA

La nomenclature des comptes du PCSSA répond aux spécificités et logiques suivantes :


1.   La classification des comptes de réserves, en réserves réglementaires d’une part, et en réserves
statutaires et réserves libres, d’autre part.
2.   L’ouverture en classe 1, des comptes enregistrant les « Dettes pour remises par les cessionnaires et
rétrocessionnaires en représentation d’engagements techniques », d’une part, et l’enregistrement de
la « Provision pour dépréciation des immobilisations et titres », d’autre part, en ce qui concerne les
immobilisations couvrant les provisions techniques et les cautionnements, et les titres de placement
non admis en couverture des provisions techniques.
3.   L’enregistrement des opérations effectuées avec les réassureurs, cédants et coassureurs dans le
compte 40, d’une part, tandis que les transactions opérées avec les assurés et courtiers, agents
généraux et autres producteurs, dans le compte 41.
4.   Les prestations « en termes de versements des sommes assurées, en cas d’assurances de capitaux, et
des dédommagements prévus, lorsqu’il s’agit d’assurances indemnitaires, sont actées dans le compte
de charges technico-financières (compte 60), et sont ventilées par branches et sous-branches
exploitées par l’entité.
5.   L’éclatement des prestations en « sinistres survenus, capitaux échus, arrérages échus et rachats ».
6.   Le recours à des experts internes et externes pour l’évaluation des indemnités à allouer aux assurés
sinistres.
7.   La comptabilisation des montants payés dus aux souscripteurs et autres assurés, et constituant la
répartition d’une partie distribuable des bénéfices réalisés par l’entité, sur l’ensemble des opérations,
ou d’une partie de celles-ci, dans le compte 60 Charges technico-financières comme Participations
bénéficiaires en termes de prestations de l’entité.
8.   La nécessité de la détermination, en fin de période, de la « marge brute technico-financière », marge
réalisée au terme des activités techniques et financières liées aux opérations d’assurance et de
réassurance.
9.   La tenue de la comptabilité des valeurs par prix d’achat. En effet, la moins-value pouvant résulter
d’un écart entre la valeur d’achat et la valeur de réalisation fait l’objet d’une provision dans les
écritures d’inventaire, sauf autorisation spéciale de l’ARCA.

IV.1.5. Opérations courantes de la comptabilité d’assurance

IV.1.5.1. Relations entre l’assureur et l’assure

Le marché des assurances est caractérisé par une inversion du cycle de la production : le chiffre d’affaires
(prix de vente) est réalisé ou encaissé immédiatement (à la souscription de la police d’assurance) alors que
la prestation, le règlement de l’indemnité s’effectue ultérieurement.

Le fondement juridique, et accessoirement économique, de l’analyse des flux externes selon le référentiel
comptable P.C.S.S.A., nous amène à considérer deux types de flux :

-­   Les flux de ventes des garanties aux assurés (clients) : ces ventes sont désignées sous le concept de
"Primes"
-­   Les flux de survenance du fait dommageable aux entreprises d’assurances : il s’agit de "Sinistres".
Ces opérations peuvent être schématisées comme suit :

"ASSURE" E "GARANTIE" R
Flux quasi - réel "ASSUREUR "
( Client) R
Flux financier E ( Fournisseur )
Espèces ou dettes

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La gestion technique : consiste en une partition du Journal général en journaux divisionnaires, spécialisés
dans une nature d’opération donnée. Exemple : journal des primes, des banques, …..

Sur le plan pratique, il n’est pas possible d’enregistrer au fur et à mesure les informations dans un seul journal:
en effet, les limites de la capacité de travail individuel l’interdisent; d’autre part, un seul journal serait
inutilisable pour la recherche des données comptable. Enfin, l’utilisation mécanographique aboutit à une
spécialisation des travaux par famille : émission des primes, confection de la paie, inventaire des évaluations
des sinistres, ….

On arrive donc à la solution d’un découpage du Journal en sous-journaux, appelés journaux divisionnaires,
chacun étant spécialisé dans une catégorie d’opération. En fin de période, ces journaux divisionnaires seront
rassemblés, nous dirons «centralisés», et transcrits sous une forme synthétique au journal général unique.
Une même division des documents comptables se retrouvera au Grand-Livre. Ce dernier peut, suivant la
densité des opérations, être éclaté en Grands-Livres divisionnaires.

Les comptabilités divisionnaires suivantes se retrouvent généralement dans toute compagnie importante :
Ø   Caisse ou trésorerie : « Journal de caisse » ;
Ø   Agences et courtiers ;
Ø   Placements;
Ø   Réassurance et coassurance,
Ø   Salaires.

Parmi les intermédiaires habilités à présenter des opérations d’assurance, on cite notamment les courtiers et
agents généraux.
Courtier: Personne morale exerçant une profession commerciale et mettant en rapport l’assuré, dont il est le
mandataire et l’assureur dont il peut occasionnellement être le sien (compte 413).
Agent général: Personne physique ou morale exerçant une activité indépendante et libérale, justifiant de
connaissances professionnelles, mandataire rémunéré d’une ou plusieurs sociétés d’assurance en vertu d’un
traité de nomination », par lequel elle s’engage à réserver l’exclusivité de sa production, sauf refus de la
société (compte 412).

Enregistrement des opérations courantes :

•   Cas des sociétés sans intermédiaires

Les sociétés qui n’utilisent pas d’intermédiaires (agents, courtiers), ont gardé, en général, la notion de client-
assuré. Elles ouvrent un sous-compte pour chacun de leurs assurés, le tout étant regroupé dans le compte
général « 412 – Assurés (créances et dettes) ».

Emission des primes :

En ce qui concerne le marché d’assurance, les factures portent le nom de "QUITTANCE". L’émission des
quittances peut être effectuée, intégralement, par la société (ASSUREUR) ou être confiée à d’autres
opérateurs économiques (INTERMEDIAIRES).

L’opération d’émission engendre deux flux économiques opposés :

-­   pour l’assuré (ou client), un achat de la garantie ;


-­   pour l’assureur (ou fournisseur), une émission des primes.
La transaction génère donc deux (2) flux opposés :

-­   un flux financier ;
-­   un flux quasi-réel.

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Les primes sont comptabilisées au moment de l’émissions et non lorsque l’assuré les paie réellement.

Au moment de l’émission des primes, les comptes de charges et de produits susceptibles d’être actionnés
sont, notamment :

701   Primes-affaires directes-vie


702   Primes-(affaires directes dommages, R.C et Risques divers)
704   Primes (acceptations-vie)
705   Primes-acceptations dommages, R.C. et R.D.

651   Commissions aux agents généraux


652   Commissions aux courtiers
653   Commissions aux autres producteurs mandataires 673 Escomptes accordés

446 Etat-autres taxes sur le chiffre d’affaires (taxes sur contrat d’assurance)

410 Comptes avec les agents généraux, les courtiers et autres producteurs
5211 Banques
443 Etat-TVA facturée

Exemple : A l’échéance du 10 janvier, une compagnie envoie une quittance de 1 000 $ à un assuré. La société
va donc enregistrer , dès le 10 janvier, cette écriture:

On pourrait comparer ce processus à une vente à crédit en comptabilité « classique ». Le compte de l’assuré
sera soldé lorsqu’il fera parvenir son règlement à la compagnie.
Dans notre exemple, la société reçoit le 15 janvier, un chèque de l’assuré :

Il existe, administrativement, deux sortes d’émission de primes:


Ø   les primes au comptant: il s’agit des primes émises pour des affaires nouvelles ou avenants. Elles
sont comptabilisées à la signature de ces contrats ou avenants;
Ø   les primes à terme: ce sont les primes émises sur les contrats déjà en portefeuille à la société. Chaque
mois, la société procède au quittancement des contrats arrivant à échéance dans le mois.
Comptablement, ces deux types d’émission s’enregistrent strictement de la même façon.

Les taxes et accessoires de primes : La prime payée par l’assuré est majorée du montant des accessoires et
coûts de police, ainsi que des taxes sur les contrats d’assurance: les accessoires et coûts de police sont un
produit pour la compagnie et sont donc comptabilisés dans le compte 70-Primes émises comme la prime elle-
même. Les taxes sur les contrats d’assurance sont perçues par la société pour le compte de l’Etat et sont
reversées périodiquement à celui-ci. On enregistre, à l’émission, cette taxe due à l’Etat au compte du crédit
du compte « 43-Etat ».
Exemple : Une prime de 1 000$ (accessoires et coûts de police compris), à échéance du 20 mai est envoyée
à un assuré. La taxe sur ce contrat est de 10%. Le 20 mai, la compagnie va comptabiliser:
Le compte « Etat » sera soldé lors du reversements par la compagnie de cette taxe à l’Etat, par le crédit du
compte Banque

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Les annulations de primes : La société peut être amenée à annuler des quittances (changement de contrat,
résiliation, etc.). Dans ce cas, on comptabilise l’écriture strictement inverse, sans omettre de reprendre la taxe
dans le compte Etat.
Supposons que la compagnie annule le 31 mai, le contrat émis le 20 mai:

Les comptes Primes, Etat et Assurés sont donc bien soldés après cette contre-passation.

Les sinistres et recours : Lorsqu’un assuré déclare un sinistre à sa compagnie d’assurance, celle-ci va ouvrir
un dossier, mais ne comptabilisera rien à ce moment. En effet, l’évaluation du montant de ce sinistre peut
être relativement longue et difficile. On ne comptabilise les sinistres qu’au moment du paiement.
Exemple : Un assuré déclare un sinistre le 30 juin 2001 à sa compagnie. Celle-ci paye effectivement le 5
mars 2002, 4 500$.
Le 30 juin 2001, la compagnie ouvre un dossier sinistre, mais ne comptabilise rien à ce moment. Le 31
décembre 2001, elle évaluera le montant probable à payer qu’elle inscrira dans ses charges.

De la même façon, les recours sont enregistrés lorsque la compagnie les encaisse. Ces recours sont une
diminution de charges pour la société et sont donc comptabilisés au crédit du compte « 60 – Sinistres » ou,
pour mieux les distinguer, au crédit d’un sous-compte de celui-ci « 6023-Recours ». Ce compte « 6023-
Recours » est regroupé dans le compte principal « 60 – Sinistres » en fin d’année.

Exemple: Sur le sinistre du 30 juin 2001, la compagnie encaisse un recours de 900$, le 20 mars 2002.

En fin d’année, le compte 6023-Recours sera soldé par le crédit du compte 60-Sinistre et viendra donc
diminuer celui-ci.

IV.1.5.2. Relations comptables entre l’assureur et les intermédiaires (courtiers et agents généraux)

Les intermédiaires habilités à effectuer des opérations d’assurance sont :


- les courtiers ;
- les agents généraux ;
- les personnes physiques salariés et commises à cet effet ;

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- les personnes physiques non-salariés, mandatées et rémunérées à la commission.

En principe, les intermédiaires reconnus par les dispositions légales à présenter des opérations d’assurance
sont des courtiers et les agents généraux.

Dans ce cas, la société d’assurance doit tenir une comptabilité dite « Agence » qui lui permet de suivre les
comptes individuels de chaque "Agent général" ou de chaque "Courtier d’assurance" pour l’enregistrement
comptable de :

-­   l’émission des primes, avis de redressement débiteur ou créditeur ;


-­   commission liées au marché d’assurance ;
-­   règlements de sinistres, encaissements de recours, mouvements de fonds entre la société d’assurance
et l’intermédiaire ; - quittance retournée pour annulation.

Au terme de chaque période (généralement le mois), la société d’assurance présente un compte courant qui
expose, clairement, les diverses transactions de la période et dégage le solde final (de fin de période).

Ce compte courant est constitué, généralement, des éléments suivants :

N° Montants
Libellé Pièce Date Débit Crédit
Solde à nouveau Dû par l’assureur Dû à la compagnie
Arriérés (ancien retard) Commissions Primes
Bordereaux des émissions au comptant Commissions Primes
Bordereaux des émissions à terme Commissions Primes
Quittances en retour Primes Commissions
Bordereaux des règlements Paiements de sinistres Recours
Opérations diverses Divers frais exposés par Autres charges engagées
l’intermédiaire par la société d’assurance

Mouvements de fonds Fonds reçus de Fonds envoyés par


l’intermédiaire l’assureur
Nouveaux retards (arriérés) Primes Commissions
SOLDE EXIGIBLE OU Dû PAR SOLDE DÛ A LA SOLDE PAR LA SOCIETE
L’ASSUREUR SOCIETE D’ASSURANCE

Chaque intermédiaire est rétribué par la "commission" qui lui est réglée lorsqu’il a effectivement encaissé la
quittance émise.

L’entreprise d’assurance émet "un bordereau d’encaissements nets d’annulations" de la période, qui
indique : les primes émises, les accessoires, les taxes, les commissions.

Remarques :

a)   Conformément aux dispositions de l’article 483 du Code des assurances, les courtiers d’assurance sont
des commerçants sans qu’il y ait lieu de distinguer selon que les actes qu’ils exécutent sont civils ou
commerciaux.
L’exercice de la profession d’un courtier d’assurance ou de réassurance est soumis à l’autorisation de
l’Autorité de Régulation et de Contrôle des Assurances (ARCA). L’ARCA établit et met à jour une liste
des courtiers et la transmet, à leur demande, aux compagnies agréées (article 484 du Code des
assurances).
b)   Le contrat passé entre les entreprises d’assurance et leurs agents généraux, sans détermination de durée,
peut prendre fin par la volonté d’une des parties contractantes. Toutefois, la résiliation unilatérale, sans

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motif valable, d’un seul des contrats peut donner lieu à des dommages-intérêts (article 482 du Code des
assurances).
c)   Pour la tenue d’une comptabilité qui sert à la bonne gouvernance, l’article 548 du code CIMA stipule
que "les intermédiaires d’assurance doivent tenir :
•   soit, par compagnie d’assurance, un bordereau mensuel d’émission, d’encaissement, d’arriérés
de primes et de commissions sous un numérotage continu pouvant comprendre plusieurs séries,
sans omission, ni double emploi, les avenants successifs étant rattachés à la police d’origine ;
•   soit, affecter aux assurés ou sociétaires, des numéros continus répondant aux mêmes exigences.

La comptabilisation des opérations vues ci-dessus ne diffère pas sensiblement dans son principe, mais le
compte « 412-assurés » sera remplacé par le compte « 413 – Intermédiaire », puisque la majorité des
opérations va transiter par eux.
La divergence principale réside dans le fait que ces intermédiaires sont rémunérés à la commission,
proportionnellement aux primes encaissées.

Agents généraux

Les sociétés utilisent les comptes « 4131-C/c Agent ». Deux cas se dégagent :
Ø   d’une part, les primes sont comptabilisées au moment de l’émission par la compagnie et non lorsque
l’assuré les payes à l’agent.
Ø   d’autre part, on calcule le montant de commission alloué à l’agent sur le montant de prime hors taxes.
Cette commission est une charge pour la compagnie et est enregistrée au débit du compte « 651-Commissions
agents généraux » par le crédit du compte « 413-C/c agent ».

Exemple: Une prime de 1 000 $ (accessoires et coûts de polices compris), à échéance du 20 mai est envoyée
à un assuré. La taxe sur ce contrat est de 10% et la commission est de 20%. Le 20 mai, la compagnie va
comptabiliser:

Dans un premier temps, nous avons calculé la taxe que nous avons ajoutée au montant de la prime.

Dans un second temps, nous avons calculé et constaté dans les charges, la commission de l’agent. Les
annulations de prime donnent lieu, bien évidemment à une prise de commission versée à l’agent. Il faudra
donc calculer celle-ci et reprendre la commission par une écriture du type :

Les autres opérations ne diffèrent pas de ce que nous avons vu au point précédent, si ce n’est qu’elles
transitent par les comptes « 413-Agents » au lieu de « 412-Assurés ».

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Les opérations effectuées avec les courtiers sont comptablement identiques à celles des agents. On utilise un
sous-compte du compte « 413-Intermédiaires » tel que « 4132-Compte courtiers ».

§   Compte courant des Agents généraux

Un compte courant est un compte qui enregistre des mouvements débiteurs et créditeurs, et dont le solde est
réglé périodiquement par compensation entre ces opérations.
Les opérations sont comptabilisées au débit et au crédit. Périodiquement en général tous les mois, on calcule
le solde du compte:
§   s’il est débiteur (cas le plus fréquent), la compagnie a une créance sur l’agent, et demande d’envoyer
les fonds correspondants;
§   S’il est créditeur, cela veut dire que la compagnie a une dette envers l’agent.
Un compte courant est tenu dans la comptabilité de la société et ne constitue pas la comptabilité de l’agent
tenue à l’agent tenue à l’agence.

Comptabilisation des primes : Dans la réalité, le calcul de la taxe qui doit être ajoutée au montant de la
prime et celui de la commission allouée à l’agent sont effectués automatiquement au moment du
quittancement pour les primes à terme et les services informatiques récapitulent sur des bordereaux toutes
les quittances concernant chacun des agents. Il n’y a plus qu’à comptabiliser les totaux du bordereau selon le
schéma déjà étudié.
De même, pour les émissions au comptant qui concernent les avenants et les affaires nouvelles, très
généralement, les calculs des taxes et des commissions sont effectués par les services qualifiés. Mais, pour
mieux appréhender ce mécanisme, nous effectuons les calculs pour quelques exemples.

Exemple : Une compagnie envoie un bordereau de quittances à termes du mois de mai, à un de ses agent:
montant des primes nettes: 10 000$ ; montant des taxes: 1 000$ ; taux de commissions alloué à l’agent sur
ces affaires: 20%.
L’agent doit à la compagnie le montant des primes qu’il va encaisser auprès de ses assurés, diminué du
montant de la commission que la compagnie lui reverse.

Comptabilisation des primes :


Emission :

Annulation de primes : Principe: Lorsque l’agent retourne des quittances qu’il n’a pas pu encaisser, il faut
passer l’écriture inverse.

Exemple : Courant mai, l’agent retourne pour 2 000$ toutes taxes comprises de quittance à terme pour
annulation. La taxe sur ces primes est de 200$ et le taux de commissions de 20%.

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102

Le C/c Agent a été crédité des primes toutes taxes et débité des commissions sur primes hors taxe.

La comptabilisation des règlements : L’agent, en tant que mandataire de la société, peut être amené à payer
des sinistres ou à encaisser des recours. De même, la compagnie peut effectuer des règlements pour le compte
de l’agent, ou parfois lui accorder des forfaits pour frais de publicité, etc. Toutes ces opérations sont portées
dans le compte courant afin d’en faire la compensation.

Exemple : Au cours du mois de mai, on a relevé les opérations suivantes : L’agent paye des sinistres de 1 500
$ et encaisse des recours de 500 $. Par ailleurs, la société a réglé pour le compte l’agent de cotisations de
retraite 1 200 $, des frais de fournitures de bureau 100$. Enfin, elle lui alloue un forfait postal mensuel de 50
$ ainsi que des commissions de gestions de 1% sur les sinistres payés et de 2% sur les recours encaissés.

On a, dans un premier temps, remboursé le sinistre à l’agent et récupéré le recours, puis dans un deuxième
temps, calculé la commission due sur ces opérations pour la porter à son crédit.

On a récupéré la cotisation de retraite ainsi que les fournitures de bureau et on a crédité du forfait postal.

Les mouvements des fonds : L’agent général envoie régulièrement à la compagnie les fonds qu’il a reçus
des assurés en paiement de leurs quittances. Par ailleurs, la société peut occasionnellement lui faire parvenir
des fonds afin qu’il puisse régler lui-même un sinistre important.

Exemple: L’agent paye en mai un autre sinistre important de 20 000 $ mais demande une avance de fonds
correspondante à la société que celle-ci effectue immédiatement par virement bancaire. La compagnie lui
accorde 1% de frais de gestion sur ce dossier. Par ailleurs, l’agent fait parvenir en fin de mois un virement
de 5 000 $ à la société.

Le C/c Agent est crédité du sinistre qu’il paye, mais il est débité des fonds envoyés par la compagnie. Il est
crédité des fonds qu’il envoie à la société et du montant de commission sur sinistre.

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Les quittances en retard : En fin de mois, l’agent dresse un état des quittances que les assurés ne lui ont
pas encore payées et fait parvenir cet état d’ « impayés » à la société pour que celle-ci le défalque de son
compte courant. En effet, il faut enlever du solde dû par l’agent le montant des quittances qu’il n’a pu
réellement encaisser dans le mois, sans oublier le mois suivant, de les réincorporer dans son compte, tant
qu’il ne les retourne pas pour annulation.
Pour ce genre d’opération, on peut utiliser le compte « 49-Compte d’attente », où l’on enregistre l’annulation
momentanée de ces quittances. Ce compte doit être soldé dès le mois suivant par l’écriture inverse.
L’agent fait parvenir à la société un état de quittances impayées à fin mai.
Montant de prime 3 000 $ TTC, taxe 300 $, commission 20%. Fin mai, on comptabilise:

Le C/c Agent est crédité des primes impayés et débité de la commission correspondante. En revanche, en
juin, on passera l’écriture inverse, pour réincorporer ces quittances dans le C/c et pour solder le compte « 49-
Compte d’attente ».

Présentation du compte courant d’agent : On regroupe par rubrique les mouvements comptables du mois.
Suivant les sociétés, ces rubriques peuvent être légèrement différentes et ne pas être présentées dans le même
ordre. Ne figure bien sûr, dans ce C/c Agent, que la partie des opérations qui le concerne.

Exemple: Sachant que le solde fin avril du C/c de cet Agent était débiteur de 5 200 $, c’est-à-dire qu’il devait
cette somme à la compagnie, on dresse le C/c suivant pour le mois de mai:

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Il ressort du compte de compte courant que cet agent doit 4 725 $ fin mai à la compagnie. Ce solde sera repris
dans le C/c de Juin.

Tableau synoptique du compte courant d’agent

IV.2. CALCUL DES PROVISIONS TECHNIQUES

IV.2.1. Les opérations d’inventaire

Les opérations d’inventaire sont régies:


Ø   par les principes comptables de révision annuelle des comptes;
Ø   Par les règles générales et particulières à certains postes, imposées par l’autorité de contrôle.

•   Les principales Provisions Techniques

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Les provisions sont des corrections comptables apportées à l’inventaire et destinées à constater:
§   une moins-value sur un élément d’actif: provisions pour dépréciation;
§   une perte ou une charge prévisible: provisions pour risques et charges;
§   une dette certaine, estimée ou évaluée à l’égard de tiers: provisions techniques des sociétés
d’assurance.

Les provisions techniques sont les provisions destinées à permettre le règlement intégral des
engagements pris envers les assurés et bénéficiaires de contrat. Elles sont liées à la technique même de
l’assurance et imposées par la réglementation.

Ces provisions constituent l’un des aspects le plus spécifique et le plus délicat de la comptabilité des
entreprises d’assurance.

En effet, pour l’essentiel, elles résultent d’évaluations et estimations qui doivent être faites avec la plus
grande prudence; aussi, le législateur s’est- il tout particulièrement intéressé à ces postes. Les plus
importantes sont :
§   les provisions mathématiques, en assurance-vie
§   les provisions pour risques en cours (PREC) et provisions pour sinistres à payer (PSAP) en
assurance non-vie.

IV.2.2. Calcul des provisions en assurance IARD

IV.2.2.1. Les composantes entrant dans le calcul de la provision.

La prime totale comporte les éléments suivants:

Ø   LA PRIME PURE:
ü   C’est la prime théorique représentant la valeur du risque; elle tient compte, d’une part, de la
probabilité de survenance du sinistre, qui peut être constante (assurance dommages), croissant
(assurance en cas de décès), décroissante (assurance en cas de survie), d’autre part de l’intensité du
sinistre probable, c’est-à-dire de son coût moyen.
ü   Elle est fonction de la somme assurée, mais dans les assurances illimitées, cette fonction atteint un
maximum; elle est également fonction de la durée, notamment en assurance vie.
ü   Elle dépend du taux des intérêts: en raison de l’inversion du cycle de production, l’assureur retire
un intérêt des fonds reçus et en tient compte dans le calcul de la prime.
ü   En assurance de répartition, elle comprend les frais de règlement des sinistres, pour expertises,
honoraires, frais de justice, etc., qui peuvent être affectés à un dossier.

Ø   LES CHARGEMENTS :
Ils sont destinés à couvrir les charges de l’entreprise et la rémunération du capital dans les sociétés:
ü   Les charges d’acquisition des contrats: il s’agit des commissions allouées aux intermédiaires pour
rémunérer l’apport et/ou la gestion des contrats
ü   Charges de fonctionnement ou d’administration: il s’agit des dépenses d’établissement des contrats
et quittances, de règlement des sinistres et plus généralement, des frais généraux.

Ø   LES TAXES D’ASSURANCE et les contributions parafiscales collectées par l’entreprise et


reversées au Trésor.

L’ensemble de la prime pure et du chargement pour frais de gestion des risques s’appelle la prime de
risque. Majorée des autres chargements, cette prime constitue la prime brut ou chargé ou commerciale.
Si on ajoute les impôts perçus sur les contrats (taxes d’assurance et contributions parafiscales), on obtient la
prime totale.
Signalons que dans cette prime, sont perçus éventuellement des accessoires et coûts de police, destinés à
couvrir les dépenses d’établissement des contrats; il s’agit de sommes fixes ou variant par palier ajoutées à
la prime variable en fonction des capitaux garantis.

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Il est généralement admis à titre théorique que la ventilation de ces différents éléments s’établit ainsi pour
100 $ de prime brute:
Prime pure 66
Charges d’acquisition 20
Charges exposées à l’encaissement 8
Charges courant pendant la durée du contrat 6
100

IV.2.2.2. Calcul de la provision pour risques en cours

Comme indiqué précédemment, ce sont des provisions destinées à couvrir les risques et les frais généraux
inhérents, pour chacun des contrats à prime payable d’avance, à la période comprise entre la date de
l’inventaire et la prochaine échéance de prime, ou à défaut, le terme fixé par le contrat (article 363).

Il s’agit des contrats qui sont à cheval entre deux (2) exercices. La provision pour risques en cours concerne
la période comprise entre le 31/12/N-1 et la date d’échéance de la prime ou le terme fixé par le contrat dont
il faut garantir le risque couvert et faire face aux frais de gestion de ce risque.

La méthode de base d’une provision minimale

La période de garantie accordée à l’assuré ne coïncide généralement pas avec l’année comptable (1er jan –
31 déc). Une prime émise d’avance pour un an par exemple, le 1er juillet, comportera au 31 décembre pour
l’assureur une obligation de garantie de 6 mois alors que la prime aura été rapportée à l’exercice comptable
en totalité. Cette obligation de garantie se traduira par le risque de payer un sinistre et d’exposer des frais
généraux pendant 6 mois.
Si nous prenons la composition de 1 000 $ de prime brute, nous aurons:

La provision pour risques en cours était au moins égale à 36% des primes émises de l’exercice
d’inventaire, payable d’avance, nettes d’annulations, mais accessoires et coûts de police compris, ci-après
définies:
Ø   Primes d’une durée annuelle ;
Ø   Primes d’une durée semestrielle émises au 2e semestre;
Ø   Primes d’une durée trimestrielle émises au 4e trimestre;
Ø   Primes d’une durée mensuelle émises en décembre.

Si on admet une répartition égale sur l’année des émissions et une échéance moyenne chaque mois au
quinze de ce mois, on aboutira à la répartition ci-après des primes annuelles entre l’exercice en cours et
l’exercice suivant:

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Cas d’une inégale répartition des primes

Pratiquement, les sociétés dans ce cas, au lieu d’appliquer globalement 36% aux primes définies par la
méthode minimale, procèderont à des groupements, à défaut de pouvoir calculer prime par prime le prorata
qui court à partir de la date d’inventaire. jusqu’à la prochaine échéance, en classant les primes payables
d’avance, nettes d’annulations, accessoires et coûts de police compris, par mois d’émission et par durée et
en affectant à chaque groupement un coefficient exprimé en 1/24e.
Sur l’ensemble de groupement donnant les primes à reporter, on appliquera alors le taux minimum.

Ces coefficients seront les suivants:

C’est la méthode préconisée par la loi, mais on peut également utiliser d’autres méthodes conjointement
et retenir celle dont le résulte est le plus élevé.
Les émissions d’avance d l’exercice, par mois et par durée, se présentent comme suit.

Exemple : calculez le montant de la provision pour risques en cours.

DUREE Annuelle Semestrielle Trimestrielle Total


MOIS D'EMISSION
Janvier (1) 1 080 000 108 000 12 000 1 200 000
Février 240 000 12 000 3 600 255 600
Mars 264 000 36 000 3 600 303 600
Avril 360 000 39 600 18 000 417 600
Mai 180 000 24 000 2 400 206 400
Juin 288 000 36 000 2 400 326 400
Juillet 360 000 96 000 13 200 469 200
Août 120 000 36 000 1 200 157 200
Septembre 132 000 24 000 2 400 158 400
Octobre 240 000 12 000 13 200 265 200
Novembre 180 000 18 000 2 400 200 400
Décembre 264 000 13 200 1 200 278 400
TOTAL 3 708 000 454 800 75 600 4 238 400
(1) lo rs que pa rm i le s prim e s a nnue lle s de ja nvie r, une pa rt im po rta nte e s t é m is e a u pre m ie r jo ur du m o is , il c o nvie nt de ne pa s
la pre ndre da ns le s c a lc uls de s prim e s à re po rte r. Ic i, l'é no nc é ne fo urnit pa s de pré c is io ns s ur c e po int.

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IV.2.2.3. Calcul de la provision pour sinistres à payer (PSAP)

La provision pour sinistres à payer (P.S.A.P) est la "valeur estimative des dépenses en principal et en frais,
tant interne qu’externe, nécessaires au règlement de tous les sinistres survenus et non payés, y compris les
capitaux constituant les rentes non encore mises à la charge de la société d’assurance, à la date
d’inventaires".
Il sied de noter que, en technique d’assurance, les concepts, "réglé" et "payé", ne sont pas synonymes. En
effet, un dossier est réglé lorsque le coût définitif de ce dernier est connu. Il reste en suspens jusqu’à son
paiement.

Par contre, un dossier est dit payé lorsque le coût définitif de ce dossier est connu et qu’il est payé
intégralement, donnant lieu à une sortie de trésorerie ou d’équivalents de trésorerie.

La provision pour sinistres à payer est complétée, à titre de chargement, par une évaluation des charges de gestion
qui, compte tenu des éléments déjà inclus dans la provision, doit être suffisante pour liquider tous les sinistres et ne
peut être inférieure à 5%.(2).

§   Méthode de base : Dossier par dossier

C’est la méthode préconisée par le législateur, mais on peut également utiliser d’autres méthodes
conjointement et retenir celle dont le résulte est le plus élevé.
Elle consiste à recenser tous les dossiers de sinistres et à évaluer leur coût en frais et principal compte tenu
des éléments qui y sont contenus et de la conjoncture économique.

En cas de décision judiciaire fixant une indemnité, c’est le montant de cette indemnité, éventuellement net
des acomptes versés qu’il faudra provisionner. Les frais de règlements : honoraires d’experts et frais
judiciaires doivent être évalués avec le principal.

§   La méthode des coûts moyens

A partir des coûts moyens de sinistres déterminés rétrospectivement et connaissant le nombre de sinistres
incombant à l’exercice de survenance (sinistres déclarés à l’inventaire et estimation des déclarations
tardives), on déduira la charge totale de l’exercice. Pour déterminer la provision, on retiendra cette charge,
abstraction faite des paiements déjà intervenus au titre de l’exercice de survenance.

2
Lire l’article 368 de la loi n° 15/005 du 17 mars 2015 portant code des assurances congolais, et portant sur les chargements de gestion liés à la provision pour sinistres à
payer.

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On devra introduire cependant des correctifs (indices de variation économique) pour tenir compte de l’érosion
de la monnaie qui incite les tribunaux à allouer des indemnités qui sont fonction de la date du jugement et
non de la date de survenance déterminée.

§   La méthode de la cadence des paiements

C’est une méthode rétrospective qui cherche à dégager sur une période donnée, le pourcentage des sommes
payées après un an, deux ans, n années pour un exercice de survenance déterminé. Ces coefficients
appliqués aux paiements de chaque exercice de survenance permettront de déduire le montant des sinistres
à payer.

Exemple :

Dans cette catégorie donnée, on a constaté sur plusieurs exercices que pour 100 $ de sinistres évalués, 30
sont payé dans l’année et successivement 35, 25 et 10 et les années suivantes.
En outre , les sinistres payés dans l’année d’inventaire n, s’élèvent à 113 600, ainsi ventilés:
Exercice courant n 39 000 Exercice n-2 30 000
Exercice n-1 37 100 Exercice n-3 7 500

Solution :
On appliquera à ces règlements au titre des différents exercices de survenance des sinistres le coefficient
dégagé de l’étude rétrospective.

Les provisions pour sinistre à payer par année de paiement s’établiront comme suit:

§   La méthode forfaitaire

Les trois méthodes précédentes sont des méthodes techniques, c’est-à-dire fondées sur les données
propres à la société inventoriée. Il est aussi à noter que la méthode de la cadence de paiements ne peut
s’appliquer qu’en période de stabilité monétaire et que si la société conserve inchangées ses méthodes
de gestions.

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La méthode forfaitaire au contraire suppose que le tarif soit correct, c’est-à-dire que la prime de risque
soit suffisante pour faire face au paiement intégral des sinistres et aux frais consécutifs.
Il convient donc de définir par catégorie, un rapport d’équilibre à partir du tarif et d’admettre que la
charge de sinistres et les primes acquises sont dans ce rapport: si dans une catégorie donnée, on considère
que ce rapport est égal n%, la provision de sinistre sera égale à n% des primes acquises, déduction faite
des paiements déjà effectués depuis l’origine.

Cette méthode est une méthode complémentaire aux méthodes techniques et constitue généralement un
minimum utilisé pour les exercices récents; ces exercices, en effet, sont mal connus et par là, on cherche
à ne pas faire ressortir un bénéfice qui, par la suite, pourrait se révéler inexistant.

On observera en outre que, dans les exercices récents, les sinistres réglés sont nombreux, alors que dans
les exercices plus anciens, ils sont peu nombreux et n’obéissent pas, de ce fait, à la loi des grands
nombres: les règlements tardifs correspondent généralement à des sinistres exceptionnels.

Exercice d’application :

Une société d’assurance constate pour une catégorie dommage que pour 100% de sinistres payés
concernant un exercice donné, 30% sont payés dans l’année même; 35% l’année suivante; 25% au bout
de 2ans et 10% au bout de 3 ans.
À la clôture de l’exercice 2016, le montant des sinistres payés dans l’année s’élevait à 227 200 $ au
total. Ceci correspondait aux sinistres des exercices de survenance:
2016   : 78 000
2015 : 74 200
2014   : 60 000
2013 : 15 000

Si on suppose la statistique valable, on peut en déduire que pour 2016, les 78 000 payés représentent
30% du total des sinistres à payer pour cet exercice, et qu’il faut mettre en provision 35%+25%+10% =
70% de ce total, soit 78 000x70%/30% = 182 000

Pour 2015, les 74 200 représentent 35% du total des sinistres à payer pour cet exercice, et il faut mettre
en provision 25%+10% = 35% de ce total, soit 74 200x35%/35% = 74 200

Pour 2014, les 60 000 représentent 25% du total des sinistres à payer pour cet exercice, et il faut mettre
en provision 10% d ce total, soit: 60 000x10%/25% = 24 000

Pour 2013, 15 000 représentent 10% du total des sinistres à payer pour cet exercice, mais d’après la
statistique, il ne doit plus rien y voir à mettre en provision pour cet exercice.

On suppose que l’évaluation dossier par dossier (hors chargement de gestion) s’élève pour chacun des
exercices de survenance aux montants suivants:

EXERCICE DE SURVENANCE EVALUATIONS


2016 180 000
2015 75 000
2014 23 500
2013 1 000

La société désire retenir le montant le plus élevé entre la méthode dossier par dossier et la méthode de la
cadence des règlements. On va comparer par exercice de survenance, les deux méthodes et retenir,
uniquement pour les deux derniers exercices, le montant le plus élevé. Au-delà de 2ans, il est retenu le
montant de dossier par dossier.

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EVALUATIONS SELON LES METHODES


EXERCICE DE MONTANT à
SURVENANCE DOSSIER PAR RETENIR
CADENCE DES REGLEMENTS
DOSSIER
2016 180 000 182 000 182 000
2015 75 000 74 200 75 000
2014 23 500 24 000 23 500
2013 1 000 0 1 000
TOTAL DES EVALUATIONS A RETENIR 281 500

La provision pour sinistres à payer (PSAP) est le montant des évaluations retenues majoré du taux d gestion
minimum de 5%, soit : PSAP = 281 500 + 281 500x5% = 295 575.

IV.2.2.4. Calcul de la provision pour annulation de primes (PAP)

C’est une provision technique destinée à faire face aux annulations probables à intervenir sur les primes
émises et non encaissées.

Dans la pratique des assurances, il est très rare qu’il n’y ait pas d’annulations au terme d’un exercice
comptable.

Il convient donc, conformément aux dispositions de l’article 363, alinéa 7, que l’ARCA fixe ce type de
provision pour protéger fiscalement les entreprises d’assurances, évitant ainsi toute réintégration fiscale de
cette provision qui serait constituée par les assureurs.

Il existe diverses méthodes utilisées par les entreprises d’assurance, mais la méthode qui paraît rationnelle,
et qui, au demeurant, est retenue par le législateur CIMA, pour la détermination de la provision pour
annulation des primes, est la méthode de la cadence des annulations.

Cette méthode de calcul est basée sur la construction de cadences des annulations à partir des statistiques
observées durant les exercices comptables antérieurs.

Modalités de calcul

La détermination de la provision pour annulation de primes préconise :


- le calcul et l’intégration des émissions tardives dans le chiffre d’affaires ;

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- la prise en compte des opérations de réassurance, des commissions d’acquisition et des provisions pour
risques en cours.

Pour calculer la provision pour annulation de primes, la méthode décline les six (6) étapes suivantes :

1.   Elaboration d’un tableau permettant de construire les cadences d’annulations à partir des statistiques dont
dispose l’entreprise d’assurance ;
2.   Calcul des émissions tardives des Primes ;
3.   Etablissement d’un tableau de synthèse des émissions ;
4.   Calcul des cadences d’annulations des Primes ;
5.   Détermination des prévisions d’annulations ;
6.   Calcul de la provision pour annulation de Primes.

Formule à appliquer pour le calcul de la provision pour annulations de Primes

XX + (1) Prévisions pour annulation


XX - (2) Cession en réassurance (taux de cession en réassurance appliqué à la prévision d’annulation)
XX + (3) Commission de réassurance (taux de commission de réassurance appliqué à la cession en réassurance
XX - (4) PREC de l’assureur (taux de provision pour risques en cours appliqué à la prévision d’annulation de l’inventaire
XX + (5) PREC des Réassureurs (taux de cession en réassurance appliqué à la PREC de l’entreprise d’assurance
XX - (6) Commission d’apport (taux de commission d’apport appliqué à la prévision d’annulation)
XXXX = Provisions technique pour annulation des Primes

Exemple :

(+) Prévisions pour annulations = 730.210 Fc


(-) Cession en réassurance (730.210 Fc x 60%) = -438.126 Fc
(-) Commission d’apport (730.210 Fc x 9%) = -65.719 Fc
(-) PREC – Assureur (328.258 Fc x 36%) = -118.173 Fc
(+) PREC Réassureurs (118.173 Fc x 60%) = +70.904 Fc
(+) Commission Réassurance (438.126 Fc x 20%) = +87.625 Fc
= Provision pour annulation Primes 266 721 Fc

IV.2.3. L’analyse de l’exploitation d’une entreprise d’assurance

•   La solvabilité

La réglementation prudentielle de l’assurance a un objectif principal, d’ordre public : assurer, vérifier et


maintenir la capacité des assureurs à faire face aux engagements qu’ils ont pris à l’égard des assurés et
bénéficiaires de contrats.

Cet objectif de solvabilité est évidemment une priorité pour protéger les droits des souscripteurs, mais il
correspond également à l’intérêt général de la profession et de la place financière.

La règlementation et la comptabilité sont liées, car c’est bien sur la base de l’enregistrement comptable des
opérations d’assurance, ainsi que sur l’évaluation des actifs et des engagements, que repose la vérification de
la solvabilité de l’assureur.
Concrètement, la solvabilité d’une entreprise d’assurance repose sur trois piliers:
⎆la société doit évaluer à tout moment le montant des engagements pris à l’égard des assurés et des
bénéficiaires de contrats (provisions techniques). Ce montant doit être calculé de manière prudente
permettant un règlement intégral des prestations dues aux bénéficiaires de contrats.
⎆  la société doit posséder un montant équivalent d’actifs sûrs, liquides et rentables. Les placements
doivent se conformer à des règles prudentes d’évaluation, de dispersion et de répartition.
⎆la société doit posséder plus d’actifs réels que de dettes et d’engagements, c’est-à-dire une marge
de solvabilité permettant de rester solvable même dans l’éventualité de pertes futures.

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•   La marge de solvabilité

Les organismes doivent disposer à tout moment d’un montant d’éléments constitutifs de la marge de
solvabilité supérieur au montant de l’exigence de marge de solvabilité (calculée au dernier inventaire). Le
respect « à tout moment » de la marge de solvabilité est un principe législatif.

•   La représentation des engagements réglementés

La représentation des engagements réglementés (ER) est le deuxième pilier réglementaire de la solvabilité
statique, après la constitution de provisions techniques suffisantes et avant la marge de solvabilité.
Les engagements réglementés doivent être couverts (ou représentés) à tout instant par des actifs « liquides,
sûrs et rentables », afin d'assurer le règlement intégral des engagements.
Les engagements réglementés sont constitués des provisions techniques, des dettes plus privilégiées de
l’assureur (vis-à-vis de l’État, des salariés) et de quelques autres passifs.

IV.2.4. Les comptes d’une entreprise d’assurance

Les comptes d’une entreprise d’assurance doivent être effectués avec un inventaire à la fin de l’année.
L’inventaire est particulièrement important en assurances pour deux raisons :
§   C’est au moment de l’inventaire que les actuaires doivent calculer l’ensemble des engagements
techniques de la compagnie d’assurance (provisions de primes, provisions pour sinistres à payer,
provisions mathématiques des contrats d’assurance-vie). Ces provisions sont comptabilisées dans les
comptes des assureurs pour matérialiser la valeur des engagements vis-à-vis des assurés.
§   L’inventaire est aussi l’occasion de passer en revue les actifs financiers et déterminer si ceux qui
présentent une situation de moins-value latente doivent faire l’objet d’une provision pour
dépréciation.
En tant qu’institution financière, l’entreprise d’assurance dispose des comptes ci-après :
§   Le bilan,
§   Le compte de résultat (compte technique et non technique),
§   Le tableau des flux de trésorerie,
§   Les notes annexes.

§   Bilan d’une entreprise d’assurance

ACTIF PASSIF
Placements :
§   Actions
Capitaux propres
§   Obligations
§   Immobilier

Provisions techniques
Part des réassureurs dans les provisions techniques

Créances envers les assurés et les intermédiaires Provisions pour risques et charges
Créances envers les réassureurs Dettes envers les assurés et intermédiaires
Actifs corporels Dettes envers les réassureurs
Trésorerie
Comptes de régularisation Comptes de régularisation

Le compte de résultat se décline en partie technique et non technique

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§   Compte de résultat technique

VIE NON-VIE
Primes Primes émises
Produits de placement Variation des provisions pour primes non acquises
Ajustements et Produits de placement
Autres produits techniques vie Autres produits techniques
Charges de sinistres vie Charges de sinistres
Charges de provisions techniques vie Participations aux résultats
Participations aux résultats Frais d’acquisition et d’administration
Frais d’acquisition et d’administration Autres charges techniques
Charges de placement Variation de la provision pour égalisation
Autres charges techniques
Résultat technique vie Résultat technique non-vie

§   Compte de résultat non technique

Le compte de résultat non technique reflète le rendement des fonds propres, les frais affectés aux activités
techniques, ainsi que les éléments exceptionnels, l’impôt sur les sociétés et les participations de salariés.

Compte de résultat non technique


Résultats des opérations d’assurance vie
Résultats des opérations d’assurance non-vie
Produits des placements
Charges des placement
Produits de placement alloués
Autres produits non techniques
Autres charges non techniques
Participation des salariés
Impôt sur le résultat
Résultat net

§   Tableau des flux de trésorerie

Ce tableau met en évidence les variations de trésorerie et équivalents de trésorerie sur la période. Il s’établit
comme suit :

Flux de trésorerie liés aux activités opérationnelles


+/- Flux de trésorerie liés aux activités d’investissement
+/- Flux de trésorerie liés aux activités de financement
= Variation nette de trésorerie et équivalents de trésorerie (A)
Trésorerie et équivalents de trésorerie à l’ouverture de
l’exercice (B)
Trésorerie et équivalents de trésorerie à la clôture (A+B)

Ce tableau peut être établi suivant une méthode directe ou indirecte (qui consiste à reconstituer les flux de
trésorerie en ajustant le résultat net l’entreprise d’assurance de certains éléments).

IV.3. DIAGNOSTIC FINANCIER D’UNE ENTREPRISE D’ASSURANCE

La santé financière d’un assureur s’apprécie à l’aune de l’analyse de ses états financiers. Cependant, les
informations extra-financières sont également utiles pour poser un diagnostic pertinent sur la situation d’une
entreprise d’assurance.
Ce diagnostic porte généralement sur deux piliers, à savoir :

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115

-   Le diagnostic des risques,


-   Le diagnostic de la rentabilité.

IV.3.1. Le diagnostic des risques

Au sein des entreprises d’assurance, l’appréhension du risque a pour objectif l’identification, la quantification
et la gestion des principaux risques auxquels l’assureur est exposé. Il ne s’agit pas d’empêcher mais plutôt
de faciliter la prise de risque dans une optique d’arbitrage risque/solvabilité/rentabilité. Pour ce faire, des
méthodes et des outils de mesure et de suivi sont développés et déployés. Ils s’appliquent à l’ensemble des
domaines d’activités aussi bien en assurance-vie qu’en assurance-dommages et prévoyance.
Le but est la mise en place d’une gestion optimale de ces risques et de contribuer :
-   A la diminution de la volatilité des résultats grâce à la fixation des normes conduisant à une meilleure
appréciation de toutes les dimensions des risques,
-   A une optimisation des fonds propres alloués par l’assureur à ses différentes activités.

Les risques auxquels sont exposés les bilans des assureurs ont diverses origines. Ceux qui ont le plus de
répercussion sont :
-   Le risque technique (souscription, réserve),
-   Le risque de marché,
-   Le risque de liquidité,
-   Les risques opérationnels et de non-conformité.

Différents types de risques exerçant une contrainte sur le bilan d’une entreprise d’assurance
Tremblements de terre
Taux de change

Inflation

Ouragans
Engage-
ments
Inondations
Actifs
Taux d’intérêts

Capital Epidémies

Spreads de crédits

Opérations d’entreprises Risques opérationnels

a)   Le risque technique

C’est en raison de son cycle d’exploitation inversé, le coût du sinistre à l’ultime est basé sur une estimation
de l’indemnisation (coût du sinistre) et des charges afférentes en matière de gestion.
Cette estimation sert de base à la mise en réserve du sinistre (constitution des provisions de sinistre ou de
provisions techniques) destinée à anticiper dès à présent le règlement futur du sinistre.
Sur la base de sa connaissance du risque, de ses tables d’expérience et de multitudes d’hypothèses spécifiques
à chaque branche d’activités, l’assureur déterminera la tarification du risque. A l’échéance, il peut savoir si
la tarification initiale était suffisante ou non. Or, cette échéance peut être lointaine, ce qui accroit l’aléa.

Ø   Le risque technique en assurance dommages


En assurance dommage, parmi les cas fréquents des risques liés à la souscription, on trouve :
-   Une mauvaise sélection des risques et l’insuffisance de la tarification,
-   Une mauvaise anticipation de la fréquence de survenance du risque (anti-sélection qui consiste à
appliquer un tarif insuffisamment proportionné au risque encouru et hasard moral consistant en une
modification du comportement des assurés par exemple) ;
-   La survenance des risques sériels à l’ampleur imprévisible (amiante, pollution) ou l’émergence de
nouveaux risques liés à la recherche et aux nouvelles technologies ;

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-   L’inter-connectivité croissante des secteurs et économies peut conduire à une complexité croissante
du risque et de la chaîne de responsabilité.

Ø   Le risque technique en assurance vie


En assurance de personnes, les risques souscripteurs sont issus des hypothèses sous-tendant la tarification
des garanties et des options financières qui peuvent être exercées par les assurés. Il se décompose
principalement en :
-   Quatre risques biométriques élémentaires : risque de mortalité (garantie en cas de décès), risque de
longévité (garantie en cas de vie : rentes viagères, vie entière, etc.), risque de morbidité (garantie en
cas d’invalidité et de dépendance) et risque d’incapacité (garantie en cas d’arrêt de travail) ;
-   Le risque comportemental, qui correspond au risque de rachat anticipé (ou de prorogation,
d’arbitrage, de résiliation, etc.) des contrats d’assurance par comparaison au niveau anticipé ;
-   Le risque d’insuffisance de chargements pour couvrir les charges d’exploitation et les commissions
versées aux distributeurs.

b)   Le risque de marché

De par la nature de leur modèle d’activités, les assureurs sont exposés au risque de marché en raison de leur
activité d’investissement pour compte propre en totalité dans le cas de l’assurance dommages mais aussi en
partie dans l’assurance vie.

Ø   Le risque de marché en assurance dommages


Ici, le risque financier est entièrement porté par l’assureur. Cette branche est donc sensible à l’évolution des
marchés financiers. les principaux facteurs de risques sont :
-   L’inflation, qui est susceptible d’accroître les indemnités à verser aux assurés, conduisant, su elle
n’est pas anticipée, à des paiements supérieurs aux provisions constatées.
-   Une baisse soutenue des taux d’intérêt sur certains contrats (rentes d’invalidité ou accidents de
travail) qui offrent des taux garantis. Ce risque peut être mitigé par une gestion active de la duration.
-   Une hausse des taux obligataires provenant d’une hausse des taux d’intérêt réduit la valeur des
portefeuilles obligataires et est susceptible de réduire les fonds propres comptables de l’assureur
quand ceux-ci sont exprimés en valeur de marché.
-   Une baisse des marchés des actions, de l’immobilier et des investissements alternatifs qui peut
réduire la marge de solvabilité.
-   Le risque de change, qui est relativement limité.

Ø   Le risque de marché en assurance vie


Ici, les risques de marché ont plusieurs origines :
-   La baisse des rendements d’actifs (liée à une baisse durable des taux obligataires ou du marché des
actions) qui peut réduire la marge financière et les chargements.
-   La hausse des taux obligataires (liée à une hausse des taux d’intérêt) diminue la valeur de marché
des investissements en portefeuille obligataire ;
-   La baisse des marchés des actions, de l’immobilier et des investissements alternatifs qui peut réduire
la marge de solvabilité.
-   La hausse de la volatilité sur les marchés financiers qui peut accroitre le coût de la couverture des
garanties vendues aux assurés dans certains produits d’épargne ;
-   Le risque de change, relativement limité.

c)   Le risque de liquidité

Ce risque peut être défini comme le risque de disposer de liquidités insuffisantes par rapport aux besoins de
l’assureur.
En assurance, ce risque est à dissocier de la solvabilité car disposer de capitaux importants ne prémunit pas
contre le risque de liquidité.

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En raison de son cycle d’exploitation inversé, l’assureur est structurellement générateur de sa propre liquidité
et ne repose donc pas sur le refinancement à court terme, contrairement aux banques.
Ce modèle rend l’activité des assureurs plus pérenne et moins sensible à l’évolution de son actionnariat, de
son rating ou de la perception de la qualité de sa signature.

Cependant, ce risque peut varier selon les branches.

En assurance dommages, seul le règlement des sinistres importants est susceptible de créer une contrainte de
liquidité forte. A l’échelle d’un portefeuille mutualisé, ce cas de figure peut être considéré comme rare mais
pourrait se concevoir dans le cas d’un grand sinistre catastrophique.
En général, le premier niveau de liquidité est fourni par les primes et par la partie conservée sous forme de
liquidités. De plus, les assureurs primaires bénéficient généralement de protection en réassurance dont le
degré de liquidité est élevé du fait des pratiques de collatéralisation rigoureuses.

En assurance vie épargne, la spécificité du passif réside dans son caractère « rachetable » : en effet, les
assurés ont la possibilité de disposer de la liquidité de leur contrat, et par conséquent la possibilité de
demander le remboursement partiel ou intégral de leur épargne dans un court délai. Le scénario catastrophe
pour les assureurs vie épargne se rapprocherait d’une situation de hausse brutale, importante et durable dans
le temps des taux d’intérêt. Ceci conduirait à une déformation du passif de l’assureur vie épargne devant faire
face aux rachats des assurés. Ainsi, il inverserait son cycle de production et de devenir utilisateur net de
liquidité.

d)   Le risque opérationnel et de non conformité

Le risque opérationnel correspond au risque de perte résultant de l’inadéquation ou de la défaillance des


processus internes, des personnes, des systèmes ou d’évènements extérieurs et du risque juridique.
Les risques de non-conformité concernent notamment le non respect des règles liées aux activités financières
et bancaires, qu’elles soient de nature législative ou règlementaire, des normes professionnelles et
déontologiques, d’instructions, de l’éthique dans les comportements professionnels ou encore contre le
blanchiment d’agent, la corruption et le financement du terrorisme.

Avec le développement exponentiel des nouvelles technologies, les risques liés à l’utilisation d’outils
informatiques sont importants et font l’objet d’une surveillance grandissante.

IV.3.2. Le diagnostic de la rentabilité

Ce diagnostic permet à l’analyse de s’attacher à mesurer la performance opérationnelle absolue et relative de


la société d’assurance (contexte technique et financier) afin de pouvoir la replacer au sein d’un contexte
sectoriel et la comparer à ses concurrents.
Ce diagnostic s’appuie sur l’analyse statique et dynamique de ratios clés qui seront décrits, sans perdre de
vue la distinction entre l’assurance vie et celle liée aux dommages.

a)   Le diagnostic financier de la rentabilité dans l’assurance dommages

La rentabilité en assurance dommages provient à la fois de la contribution du résultat technique (couverture


par l’assureur de l’aléa du sinistre) et de la contribution du résultat financier de l’assureur (production
financière liée aux placements constitués en représentation des fonds propres et des provisions techniques).
Cependant, deux remarques sont importantes :
-   Compte tenu de l’inversion du cycle, les composantes techniques et financières sont indissociables
de l’analyse de la formation du résultat. Ainsi, les résultats financiers ne sont pas à considérer comme
éléments exceptionnels.
-   De même, l’analyse du compte résultat s’appuiera sur l’analyse de certains postes du bilan dont les
évolutions ont des implications sur la formation du résultat et sur la rentabilité.

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Schéma simplifié du fonctionnement d’un assureur dommages

COMPTE DE RESULTAT BILAN


Actif Passif
Compte technique Fonds propres
Primes
- Sinistres
- Frais d’acquisition et d’exploitations Provisions techniques =
= Résultat technique Placements financiers somme des sinistres anticipés
Compte financier et donc provisionnés par la
Revenus financiers compagnie
- Frais financiers
= Résultat financier
- Impôts
Résultat net

- Dividendes = Report à nouveau

-   Analyse du compte technique


L’évolution de la rentabilité technique de l’assureur dommages peut se résumer à l’évolution de son ratio
combiné : celui-ci mesure l’ensemble des sinistres provisionnés ou payés par l’entreprise ainsi que
l’ensemble des frais engagés par rapport aux primes d’assurance encaissées. Ce ratio est également calculé
et étudié après éléments de réassurance (primes et sinistres cédés aux réassureurs).
Ainsi, un ratio combiné de 100 % se traduit par un résultat technique à zéro : l’ensemble des sinistres et frais
engagés sont équivalents aux primes encaissées par l’assureur. Seul un ratio combiné inférieur à 100 % se
traduit par un résultat technique positif.

Ex. un ratio combiné de 95 % traduit un résulta technique de 5 % de primes souscrites.

L’analyse des composantes du ratio combiné permet d’avoir une analyse fine des moteurs de la performance
technique de la société.

•   Analyse des primes émises, cédées et acquises


Lorsque la prime est encaissée par l’assureur, elle est dite « émise ». En fonction de son appétit pour le risque
ou de sa solidité bilancielle, l’assureur peut se réassurer. La prime brute devient ainsi une prime nette (nette
de réassurance). La prime dite acquise est celle relative à la fraction de l’année pour laquelle un calcul prorata
temporis a été effectué. La prime brute émise initialement devient au bout du compte une prime nette acquise.
Elle servira de dénominateur au calcul du ratio combiné.

A ce stade, l’analyse étudie deux évolutions :


-   L’évolution des primes d’une année à une autre et par branche de risques. La difficulté réside dans
le fait que les données comptables ne permettent pas de dissocier l’évolution en volume (gains ou
pertes de part de marché par exemple) de l’évolution tarifaire (augmentation ou baisse des prix).
-   L’évolution du taux de rétention (primes émises nettes/primes émises brutes) d’une année à une autre
permettra d’aborder l’évolution de la politique de réassurance et l’appétit pour le risque.

•   Analyse de la sinistralité
Le deuxième pilier de l’analyse de la rentabilité technique s’attarde sur les sinistres qui constituent une partie
cruciale du ratio combiné. Ici, l’analyse se fonde sur le ratio de sinistralité.
Ratio de sinistralité = S/P (Sinistres/Primes = Sinistres nets/Primes nettes acquises
Les sinistres enregistrés dans le compte de résultat et qui sont pris en compte dans le ratio combiné
comprennent plusieurs éléments : sinistres réglés ou payés (indemnisation des clients après survenance d’un
sinistre) et les sinistres futurs (non encore déclarés, mais qui font l’objet d’une estimation de leur coût futur).
Les sinistres provisionnés constituent un engagement technique au passif du bilan qui reflète la somme des
sinistres que l’assureur estime qu’il aura à payer un jour. Lorsque les sinistres sont réglés, la provision pour
sinistres diminue d’autant.

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Vu que l’assureur vend à un prix un service sans en connaître exactement le coût, la provision pour sinistres
fera l’objet d’un suivi au cours du temps et son montant réajusté en fonction des dernières informations
portées à la connaissance des actuaires. Les ajustements positifs appelés bonis de liquidation sont ceux que
l’on obtient en mesurant en pourcentage de primes et ils traduisent un dégagement de réserves alors que les
ajustements négatifs (malis de liquidation) traduisent un effort de renforcement des réserves techniques.
A ce stade, l’analyse s’attachera à étudier deux éléments :
-   L’évolution de la performance sous-jacente du portefeuille de l’assureur en retraitant le ratio de
sinistralité publié des éléments marquants de l’exercice (sinistralité exceptionnelle, modification de
la politique de provisionnement, dégagement de boni ou mali de liquidation). L’objectif sera de
dégager un ratio de sinistralité attritionnelle, corrigée au maximum des éléments de volatilité du
portefeuille.
-   La nature et l’ampleur des sinistres qualifiés d’exceptionnels afin de déterminer s’ils sont en ligne
avec la stratégie de l’assureur en termes d’exposition et de montant.
-   La qualité du provisionnement technique, approchée à travers les triangles de liquidation des réserves
notamment.

•   L’analyse des coûts


L’assureur doit engager des dépenses nécessaires à l’activité commerciale et à la gestion des sinistres ? On
doit ici calculer et analyser le ratio des coûts :
Ratio des coûts ou Expense ratio = Coûts d’acquisition et de gestion nets/Primes nettes acquises
Les coûts liés à l’activité commerciale sont les plus significatifs (commissions versées aux apporteurs
d’affaires, courtiers ou agents généraux). Ici, l’analyse étudie deux éléments :
-   Les modes de distribution utilisés afin de déterminer la répartition entre les coûts d’acquisition fixes
(agents généraux) et les couts d’acquisition variables (courtiers).
-   L’évolution du ratio de coûts administratifs et de gestion de l’assureur en valeur absolue et relative
afin de mesurer le niveau de compétitivité de la compagnie.

-   La détermination du cash flow opérationnel


Il convient également d’analyser le cash flow opérationnel issu de l’activité technique. La génération du cash
flow opérationnel conditionne l’évolution des actifs investis par l’assureur et une partie importante des
résultats. Pour l’assureur dommage, la principale différence entre le résultat et le cash flow provient de la
variation des provisions techniques au cours de l’année. Les variations de provisions de sinistres comme les
dépréciations sont des éléments qui influencent le compte d’exploitation mais n’engendrent pas de sortie
immédiate de liquidité.

Détermination du cash flow opérationnel


Compte de résultat
Primes nettes acquises + produits financiers – Sinistres nets – Coûts d’acquisition et de gestion nets = Résultat
avant impôts

Cash flow opérationnel


Primes nettes émises + produits financiers - Sinistres nets payés – Coûts d’acquisition et de gestion nets =
Cash flow opérationnel

-   Le compte financier
Entre le moment où il souscrit la prime d’assurance et le moment où il paiera le sinistre, l’assureur investira
les sommes dans les actifs financiers. Ces placements financiers à l’actif du bilan viennent en représentation
des fonds propres et des provisions techniques qui figurent au passif du bilan.
Les revenus financiers générés par l’activité d’investissement de l’assureur sont constitués des coupons des
actifs obligataires, des dividendes sur actions, des revenus de loyers de l’immobilier et des plus ou moins-
values réalisées.
A ce stade, l’analyse s’attachera à étudier :

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-   La stratégie d’investissement en matière d’allocation d’actifs au regard des engagements techniques


(qualité des actifs, liquidité, diversification et protection du capital),
-   Les méthodes de valorisation des différents actifs (coût historique, coût amorti, valeur de marché ou
utilisation d’un modèle interne),
-   L’évolution du rendement courant du portefeuille et des plus ou moins-values latentes,
-   La duration des actifs et notamment des obligations (une duration courte traduira une sensibilité
faible aux taux d’intérêt et vice-versa).

En résumé, les ratios clés du diagnostic d’un assureur dommage sont :


1.   Le ratio S/P : Sinistres/Primes nettes acquises
2.   Le ratio de coûts : Coûts d’acquisition et de gestion nets/Primes nettes acquises
3.   Le ratio combiné : Ratio S/P + Ratio de coûts ou (Sinistres nets+coûts d’acquisition et de gestion
nets)/Primes nettes acquises
4.   Le rendement des actifs : Revenus financiers/[(Placements en début d’année + Placements en début
d’année)/2]
5.   Levier de souscription : Primes nettes émises/Fonds propres moyens.

Exercice : Soit deux compagnies d’assurance qui présentent les données ci-dessous (en millions de Fc) :

Cie A : Déroulement rapide Année 1 Année 2 Année 3 Année 4 Année 5 Année 1 Année 2 Année 3 Année 4 Année 5
Cie B : Déroulement lent
Primes 100,00 105,00 110,3 115,8 121,6 Primes 100,00 105,00 110,3 115,8 121,6
Sinistres payés 60,0 78,0 81,9 86,0 90,3 Sinistres payés 15,0 30,8 47,3 64,7 82,9
Provisions pour sinistres 15,0 0,8 0,8 0,8 0,9 Provisions pour sinistres 60,0 48,0 35,4 22,2 8,3
Sinistres 75,0 78,8 82,7 86,8 91,2 Sinistres 75,0 78,8 82,7 86,8 91,2
Sinistres/P (S/P) 75 % 75 % 75 % 75 % 75 % Sinistres/P (S/P) 75 % 75 % 75 % 75 % 75 %
Coûts 25,0 26,3 27,6 28,9 30,4 Coûts 25,0 26,3 27,6 28,9 30,4
Ratio de coûts 25 % 25 % 25 % 25 % 25 % Ratio de coûts 25 % 25 % 25 % 25 % 25 %
Résultat technique 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 Résultat technique 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0

Placements financiers 200,0 227,0 255,4 285,1 316,4 Placements financiers 200,0 274,3 337,2 388,3 427,0
Placements/Primes 200 % 216 % 232 % 246 % 260 % Placements/Primes 200 % 261 % 306 % 335 % 351 %
Revenus de placements 10,0 11,4 12,8 14,3 15,8 Revenus de placements 10,0 13,7 16,9 19,4 21,3
Rendement financier 5,0% 5,0% 5,0% 5,0% 5,0% Rendement financier 5,0% 5,0% 5,0% 5,0% 5,0%
Résultat 10,0 11,4 12,8 14,3 15,8 Résultat 10,0 13,7 16,9 19,4 21,3

Fonds propres 100,00 111,4 124,1 138,4 154,2 Fonds propres 100,00 113,7 130,6 150,0 171,3
ROE 10,0% 10,2% 10,3% 10,3% 10,3% ROE 10,0% 12,1% 12,9% 12,9% 12,5%

Cet exemple met en avant la différence de rentabilité entre une société spécialisée sur une activité à
déroulement rapide (Cie A, 80 % des sinistres payés chaque année) et une société orientée sur des branches
longues (Cie B = 20 % des sinistres payés chaque année).
Alors qu’elles présentent des caractéristiques similaires en termes de croissance de primes, de ratio combiné
et de montant de placements, l’écart de cash flow opérationnel sur la période se traduit par une progression
plus rapide des placements financiers de la Cie B.
Pour atteindre un ROE moyen de la Cie B (12,1 %), la Cie A devra opérer avec un ratio combiné de 72,5 %
(versus 75,0 %).

b)   Le diagnostic financier de la rentabilité dans l’assurance vie et prévoyance

Ce diagnostic est plus difficile a appréhender que celui de l’assurance dommages, car le seul examen des
données comptables ne suffit pas et nécessite quasi-systématiquement l’analyse des données extra-
comptables afin de mieux cerner la formation des marges de produits ou la rentabilité des affaires nouvelles,
d’où le recours à la publication de la valeur intrinsèque (embedded value).
Les principales difficultés tiennent à :
-   La relative opacité des résultats comptables qui ne permettent qu’une approche grossière de l’activité
et de la rentabilité de la société,
-   La multiplicité des produits vendus (de l’épargne à la couverture de risques longs comme les retraites
et la dépendance) à structure de marges et à niveaux de rentabilité hétérogènes. Ceci est dû aux
tendances démographiques, économiques, culturelles et fiscales de chaque marché.

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-   Des résultats comptables très largement issus des stocks de produits vendus par l’assureur par le
passé et très peu de la collecte de primes de l’année. On estime ainsi que pour un assureur vie à
dominante Epargne que 80 % de ses résultats de l’année sont générés par l’encours et 20 % de la
collecte de l’année. La dynamique du bilan conditionne significativement l’évolution du compte de
résultat.
-   Du fait que les résultats comptables ne reflètent pas la nature des risques, car l’émergence des
marges intervient de manière prospective sur plusieurs années et ne peut être appréhendée en
considérant que les résultats de l’année en cours.

Schéma simplifié du fonctionnement d’un assureur vie

COMPTE DE RESULTAT BILAN


Actif Passif
Compte technique Fonds propres
Primes
- Sinistres
- Frais d’acquisition et d’exploitations Epargne – Cumul des fonds
= Résultat technique Placements financiers collectés
Compte financier
Revenus financiers
- Frais financiers Prévoyance/Décès –
= Résultat financier Provisions techniques=somme
- Impôts des sinistres anticipés et donc
Résultat net provisionnés par l’assureur

- Dividendes = Report à nouveau

Toutefois, une différence est à établir entre assurance-vie à dominance épargne et celle à dominance
prévoyance.
-   L’assurance vie à dominance épargne est basée sur l’accumulation d’actifs sur lesquels l’assureur
prélève sa rémunération (l’évolution des encours d’une année à une autre est le principal moteur de
l’évolution des résultats).
-   L’assurance vie à dominance prévoyance n’est pas assise sur un stock d’actifs mais sur le paiement
des primes annuelles et fonctionne comme une assurance dommages.

-   Approche comptable
Cette approche présente des limites. Toutefois, certains agrégats de performances opérationnels peuvent être
analysés :
-   Le ratio Prestations/encours moyens ;
-   Le ratio Commissionnements/encours moyens : les commissions peuvent avoir été négociés à la fois
sur l’apport d’affaires nouvelles mais également sur l’encours afin d’encourager à la stabilité des
encours ;
-   Le ratio Coûts de gestion et d’administration/Encours moyens ;
-   Le ratio Résultats opérationnels ou résultats avant impôts/encours moyens : qui est l’indicateur le
plus comparable et dépend du mix de l’assureur épargne et prévoyance (les produits de prévoyance
ou produits de risques et de protection sont mieux margés que les produits d’épargne sont moins
dépendants de l’environnement financier).
L’assureur vie possède trois principales sources de marges, à savoir :
-   La marge sur chiffre d’affaires, qui peut évoluer en fonction du mix produits ou du mix
géographiques,
-   La marge sur actifs, qui résulte de l’évolution des encours nets sous-jacents et de l’évolution des
commissions sur encours ainsi que de la marge financière,
-   La marge technique, qui comprend la marge sur mortalité ou morbidité.

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122

-   La rentabilité des affaires nouvelles au travers de la publication de la valeur intrinsèque


(embedded value)

Depuis quelques années, la publication de la valeur intrinsèque des contrats en portefeuille (embedded value)
et de la valeur des affaires nouvelles offre une vision actualisée des profits futurs de l’assureur vie sur son
stock. Avec ces deux indicateurs, notamment la valeur des affaires nouvelles, un zoom est réalisé sur celles
souscrites au cours de l’année la plus récente.
Initialement utilisée dans un souci d’approcher plus finement la valorisation d’un portefeuille d’assurances
de personnes, la valeur intrinsèque s’est généralisée comme un outil de pilotage des compagnies. Elle est
utilisée pour tester la rentabilité des nouveaux produits dans différents environnements économiques et
financiers. Son mode de calcul est complexe mais il convient de noter que cette valeur intrinsèque permet
d’appréhender la rentabilité de la production nouvelle et ainsi mesurer année après année l’évolution des
marges attendues pour chaque des générations de produits vendus.
La valeur actualisée des flux nets de trésorerie anticipés est rapportée aux APE (annual premium equivalent)
afin de déterminer la marge sur affaires nouvelles. L’APE est un indicateur de volume de production
correspondant au dixième de la somme de primes uniques et versements libres souscrits dans l’année auquel
s’ajoute le montant des primes périodiques annualisées souscrites dans l’année. De manière alternative, on
peut substituer aux APE la valeur actualisée des primes futures (present value of future premiums) qui évite
de poser l’hypothèse arbitraire retenu dans le calcul des APE selon laquelle une unité monétaire de prime
périodique équivaut à 10 unités monétaires de prime unique.

Cours de Législation et pratiques des assurances | L2 Gestion Financière | Prof. Daniel Kasongo

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