Droit Budgétaire

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Introduction à l'étude du droit budgétaire

Section 1. Définitions :
L’expression générique « F.Pub » renvoie fréquemment aux finances des « Administrations » au sens large.
Section 2 : Droit budgétaire et droit public
§1. Droit budgétaire et droit constitutionnel
Le droit budgétaire doit respecter la répartition constitutionnelle descompétences entre les pouvoirs :
« Le Parlement vote la LFs » ensuite « le Gouvernement qui en assure l’exécution ».
Les procédures qui composent la procédure législative se retrouvent dans la procédure « budgétaire » d’adoption des lois de finances
Les lois de finances sont l’objet d’un contrôle de constitutionnalité par la Cour constitutionnelle.
La Cour des comptes a une mission d’assistance au Parlement et au Gouvernement à diverses étapes du processus budgétaire
§2. Droit budgétaire et droit administratif
Les F.Pub de l’État assurent la mise en œuvre de l’action administrative, le droit budgétaire fait appel à des procédures du droit
administratif, dont les prérogatives de puissance publique (tel le recouvrement de l’impôt « par voie d’autorité »), et les procédures relatives
à l’exécution de décisions administratives (la rémunération des fonctionnaires est régie par le droit de la fonction publique…).
§3. Droit des F.Pub et droit international public
Tout évènement international (épidémie, guerre, crise énergétique,) a des répercussions sur les finances de l’ensemble des États du monde.
Le droit international (les traités) exige aux États des obligations qui ont des impacts financiers.
Le fait qu’un État soit membre d’une organisation internationale implique une contribution financière nationale à son fonctionnement,
Section 3. Droit budgétaire et politique économique
§1. Droit budgétaire et économie
Les F.Pub forment le support des choix économiques nationaux.
Les budgets de l’État sont principalement sollicités lorsque l’économie mondiale interdépendante est perturbée(covid19)
§2. Droit budgétaire et politique
Les dispositions du droit budgétaire constitue l’outil favorisé de mise en œuvre des décisions politiques nationales.
La notion de « politique publique » est une référence déterminante des F.Pub au Maroc.
La LOF (loi organique relative à la LFs) a mis en place une structuration du budget en programmes budgétaires.
Une corrélation juridique expresse est établie entre les prévisions financières de l’Etat et les politiques publiques.
Section 4. L’évolution des F.Pub au Maroc
Le Maroc disposait d’une organisation financière axée sur l’institution du corps des oumanas jusqu’au début du 20e siècle. Le premier
budget marocain, dans l’acception « moderne » du terme, remonte à 1913.
§1. Le corps des Oumanas
C’est sous le règne du sultan Slimane ben Mohammed (1792-1822) que fut constitué le corps des oumanas placé sous les ordres
de l’Amin El Oumana =ministre des Finances. Ce corps a été modernisé, sous le règne du Sultan Hassan 1er (1873-1894) et comprenait
une administration centrale et une administration locale.
A. Amin al oumana
Il contrôle le recouvrement des impôts et les droits de ports ainsi que leurs dépenses. À cet effet, il recevait des rapports de :
 l’Amin des rentrées, chargé de la perception des recettes  l’Amin des comptes, chargé du contrôle de la comptabilité
 l’Amin des sorties, chargé de l’exécution des dépenses transmise par les différents oumanas.
Les états fournis étaient remis au Sultan, lequel les communiquait à la béniqua = Cour des comptes.
B. Les Oumanas centraux
Au niveau central, on distinguait :
 L’amin des rentrées = centraliser le produit des recettes de l’État récoltées par les différents oumanas, qu’il versait ensuite au Bayt al-mal
en présence de 2 adouls. Disposant d’une béniqa au méchouar, il inscrivait sur son registre toutes les sommes.
 Les oumanas des dépenses (oumana el sayr) = assurer le paiement des dépenses du makhzen (traitement des vizirs « les ministres », solde
des troupes et autres dépenses de l’Etat), sur les fonds du Bayt al-mal .
 L’Amin des comptes (amin al hisabat)= contrôler la comptabilité transmise par les oumanas sur l’ensemble du territoire, ainsi que les états
relatifs aux arrêtés définitifs de leurs écritures.
chaque Amin était tenu de lui envoyer, en double exemplaire, un état hebdomadaire de ses recettes. De même qu’il devait lui expédier, dans
les sept jours qui suivaient la fin de chaque mois, le compte détaillé du mois écoulé.
 Amine chkara ou al atba, qui s’occupe des dépenses du Sultan durant sa résidence au palais et contrôle les comptes des Oumanas des
dépenses et leurs états des dépenses avant que ces derniers ne les présentent au Sultan. Il est également chargé de veiller sur les caisses du
Sultan.
C. Les Oumanas locaux
Au niveau local, il existait toute une variété d’oumanas :
Les oumana de douanes : installées dans les ports, ils perçoivent des droits d’export et d’import. Le makhzen en avait fait ses banquiers.
Les Oumanas du mostafade, considérés comme chefs des services financiers dans les villes, ils recouvrent, au niveau des villes, les moukous
(droits deportes, de sabots) qui sont des taxes sur le commerce intérieur, les impôts religieux, les produits du domaine et assurant l’entretien et
la location des biens domaniaux « ‫» أمﻼك الدولة‬.
Les oumanas el Khers : exerçaient dans les zones rurales. Ils évaluaient l’Achour, estimaient les récoltes et encaissaient les impôts, qu’ils
versaient à l’Amin el mostafad de la ville la plus proche.
Les différentes dynasties qui ont gouverné le Maroc, ont veillé à la constitution de Bayt al-mal pour conserver les fonds et l’argent qui
proviennent de la Zakat, du Kharaj, d’Elfaye, de la Jézya, et de l’Achour. (Fonds en monnaie, l’or, les produits agricoles et les marchandises).
§2. L’adoption de la gestion budgétaire
L’ingérence française et les résultats de la conférence d’Algésiras de 1906=le budget faisait son émergence non pas comme un outil de gestion
financière et comptable seulement, mais comme un moyen d’intervention de la puissance coloniale, pour contrôler la situation financière du pays.
Le 1er budget établi par la France en 1910 et se limitait à la région de Chaouia. →la région de Meknès en décembre1912→ à Rabat, Fès
→Marrakech en janvier 1913 →territoire du Tadla en juillet 1913.
La Direction générale des Finances était mise en place en juillet 1912= BGEde l’Empire chérifien et des biens domaniaux.
Le dahir du 1917 sur la comptabilité publique confia le pouvoir financier aux comptables du Trésor. En conséquence, l’exécution du
BGEdevient régulière à partir de 1918.
La création du ministère des Finances en 1956,le premier budget national en 1958.La 1ere la loi organique de finances1963(constitution1962)
La Constitution va consacrer le principe de l’autorisation budgétaire accordée par le parlement, qui vote la LFs.
Section 5. Le budget
Provenant de l’anglais « budget », lui-même emprunté à l’ancien français bougette « petit sac de cuir »,
Le budget =un acte par lequel sont prévues et autorisées les recettes et les dépenses des organismes publics. C’est un instrument financier et comptable.
Le budget≠compte=enregistre l’activité financière sur une période écoulée (les comptes admin et de gestion pour les collectivités territoriales).
Le budget: un tableau des Rces et les charges permanentes, pour l’année au titre du quel il est établi. Il est composé d’une série de comptes dont l’intitulé
indique la nature et l’affectation, et dont le total représente le produit ou le coût probable. Il donne la traduction chiffrée des actes de l’État.
§1. La définition du BGEet son contenu
A. Le budget de l’État et le budget général.
Le budget de l’État est structuré de 3 composantes: budget général, budgets des services de l’État et budgets des comptes spéciaux du trésor.
Le BGEse compose de deux parties : les Rces et les charges.
Les Rces du BGE: les recettes fiscales, les recettes non fiscales et les recettes d’emprunt.
Les charges du BGE: les dépenses de fonctionnement, et d’investissement et les dépenses relatives au service de la dette publique.
B. La LFs de l’année et le budget général
La LFs de l’année comprend deux parties : la première partie arrête les données générales de l’équilibre financier ; et la deuxième partie
arrête pour chaque ministère ou institution, par chapitre, les dépenses du budget général ; par service, les dépenses des services de l’État
gérés de manière autonome rattachés au ministère ou institution concernée ; par compte, les dépenses des comptes spéciaux rattachés au
ministère ou institution concernés.
Le BGE: partie de la LFs qui retrace toutes les recettes et toutes les dépenses de l’État à l’exception de celles retracées au niveau des budgets
des services de l’État gérés de manière autonome et des comptes spéciaux du trésor.
C. La loi de règlement et le budget général
la loi organique relative à la LFs définit la loi de règlement comme celle « qui a pour objet de constater et arrêter le montant définitif des recettes
encaissées, des dépenses dont les ordonnances sont visées, se rapportant à une même année budgétaire, d’approuver le compte de résultat de l’année et
d’affecter au bilan le résultat comptable de l’exercice ».
La loi de règlement est un acte rétrospectif alors que le BGEest un acte de prévision.
La loi de règlement permet de comparer les appréciations du budget et les réalisations réelles, ce qui aide à améliorer les processus
d’évaluation et de prévision des prochains budgets.
D. Le plan économique et social et le budget général
Le plan : « un outil scientifique et technique qui vise la planification des actions dans un cadre cohérent et à durée déterminée » C’est un instrument
qui oriente les Rces de l’État (naturelles, humaines et monétaires), d’une manière cohérente pour atteindre les objectifs éco et sociaux.
On différencie le BGEet le plan économique et social au niveau des points suivants :
● Le plan est global, il concerne une panoplie d’activités éco ≠le BGEse focalise sur les Rces et les charges publiques seulement.
● Le plan s’étale sur une durée moyenne ou longue, alors que la durée du BGEcouvre une année.
● Le plan, dans les pays capitalistes, est souple et ne contient pas de dimension obligatoire ≠le budget est obligatoire.
§2. Les caractères du budget général
A. le BGEest un acte de prévision
Le gouvernement, compte tenu des études d’information effectuées par le Ministère de l’Économie et des Finances, en fonction de la situation
économique et financière, de la politique qu’il entend suivre et des objectifs du pays, procède, d’une part, à une estimation des Rces estimés -
impôts existants ou ceux qu’il croirait devoir créer ou majorer - fixe, d’autre part, la masse globale des dépenses estimées par le pays et, par
voie de conséquence, arrête le « découvert »approximatif qu’il appartiendra à la Trésorerie de couvrir.
B. Le budget est un acte d’autorisation à caractère politique
Gaston Jèze en 1922, le budget : « un acte essentiellement politique» Il doit faire l’objet d’un vote traduisant une délibération démocratique et des choix politique.
Le principe de l’autorisation préalable par le Parlement est le rslt du principe de légalité. L’application de ce principe distingue entre :
L’autorisation des recettes: c’est l’obligation qui stipule que les fonctionnaires qui ne poursuivent pas le recouvrement des contributions et des
taxes en vigueur sont passibles des peines infligées aux concussionnaires. L’acte d’autorisation est un acte d’autorité.
L’autorisation des dépenses: pas d’obligation absolue, sauf pour certaines dépenses obligatoires. Pour les autres, c’est à chaque ministre,
responsable du budget de son département, qu’il appartient de décider des engagements qui seront imputés sur les crédits que le budget
lui a accordés. L’autorisation comporte, en principe, limitation : le droit pour le ministre d’effectuer des dépenses au titre d’un chapitre
donné ne peut dépasser le plafond constitué par les crédits qui lui ont été ouverts.
Troisième autorisation au Gouvernement : rechercher les moyens de résorber le déficit, « impasse » ou « découvert ».
C. Le budget est un acte d’une durée déterminée.
L’autorisation budgétaire donnée par la LFs est valable pour une année.pas d’impôt permanent. Cela signifie aussi que l’autorisation de
dépenses donnée par la LFs au gouvernement=1an.
Il n’est plus possible de procéder à aucune dépense à l’expiration de l’autorisation, quand bien même tous les crédits n’auraient pas été dépensés.
D. le budget est un acte juridique
Une partie de la doctrine juridique affirme que le budget est un acte d’administration ; ces auteurs disent que le budget n’est pas une loi.
D’autres pensent que le budget est une loi. Mais c’est une loi d’une nature exceptionnelle quant à sa forme, sa teneur et son exécution.
Les sources du droit budgétaire
Section 1. La constitution financière
On désigne par « constitution financière » ∑des éléments du bloc de constitutionnalité, inhérents aux F.Pub. La constitution financière se
fonde sur les fondements des F.Pub que contiennent la constitution 2011, et les dispositions de la loi organique des finances.
§1. Les fondements constitutionnels des F.Pub dans la constitution de 2011
A. L’équité et la solidarité devant les charges publiques
La constitution2011, L’article 39 pose 2principes : le principe de légalité fiscale et l’équité fiscale : « tous supportent, en proportion de leurs
facultés contributives, les charges publiques que seule la loi peut, dans les formes prévues par la présente Constitution, créer et répartir ».
L’article 40 rappelle le principe de la solidarité des citoyens: « tous supportent solidairement et proportionnellement à leurs moyens, les
charges que requiert le développement du pays, et celles résultant des calamités et des catastrophes naturelles ».
B. Le principe de légalité
La Constitution2011, confirme dans le 16ème alinéa du premier paragraphe de l’article 71, que parmi les matières réservées à la loi : « le régime
fiscal et l’assiette, le taux et les modalités de recouvrement des impôts ».
C. Le principe de l’autorisation parlementaire
L’article 75:« le Parlement vote la LFs ». La limitation des pouvoirs=l’article 77: « le gouvernement peut opposer, de manière motivée,
l’irrecevabilité à toute proposition ou amendement formulés par les membres du Parlement lorsque leur adoption aurait pour conséquence,
par rapport àla LFs, soit une diminution des Rces publiques, soit la création ou l’aggravation des charges publiques ».
D. Le principe de l’équilibre budgétaire
Le 1er paragraphe de l’article 77: « le Parlement et le gouvernement veillent à la préservation de l’équilibre des finances de l’État ».
E. la primauté de la chambre des représentants sur la chambre des conseillers (bicaméralisme inégalitaire)
L’article 75 exige que la LF soit déposée en premier lieu, sur le bureau de la Chambre des Représentants. L’article 84 dans son 2eme paragraphe
affirme que : « la Chambre des Représentants adopte en dernier ressort le texte examiné ».
F. la consécration des principes et des mécanismes de la gouvernance financière
La constitution a instauré ∑de principes visant à promouvoir la bonne gouvernance, en consolidant le rôle de La Cour des comptes, en tant
qu’institution supérieure de contrôle des F.Pub (art147), Les Cours régionales des comptes chargées de contrôler les comptes et la gestion des
régions et des collectivités territoriales(art149),
Le projet de loi des finances, ils ne peuvent être soumis à délibération en Conseil de gouvernement, qu’après l’acceptation du Conseil des
ministres (art. 49), ce qui réduit la marge de manœuvre du gouvernement.
L’art 6 exige que les 2Chambres tiennent une séance commune, pour la présentation du projet de LF, au lieu que le présenter 2 fois, devant chaque chambre.
§2. La loi organique n° 130-13 relative à la LFs (LOF)
la loi organique de finances 1963 a constitué : la première constitution financière au Maroc
constitutions de 1970 et de 1972 a donné lieu aux : LOF 1970et 1972
LOF de 1998 modifiée complétée par la loi 2000 a aligné le dispositif des finances sur un nouveau dispositif constitutionnel de 1996
En 2015, la LOF a fourni un cadre législatif, pour consacrer les différentes mesures entreprises au cours de ces dernières années, dans le cadre de la
modernisation de la gestion des F.Pub.
LOF prise sur le fondement de l’article 75 de la constitution+la LOF=une suite du cadre constitutionnel des F.Pub+Elle répartit les
compétences des pouvoirs législatif et exécutif concernant la préparation, le vote et l’exécution de la LFs.
La LOF contient : 70 articles répartis sur 7 titres
Le 1er titre la définition et le contenu des lois de finances, les principes budgétaires, de la détermination des Rces et des charges, du
budget général, des sces de l’État, des comptes spéciaux du Trésor et des comptes de l’État
éme
Le 2 titre concerne la présentation des lois de finances
Le 3éme titre la procédure d’examen et du vote des lois de finances, et de la portée de l’autorisation parlementaire
Le 4éme titre aborde le règlement du budget
Le 5éme titre englobe des dispositions diverses
Le 6éme titre précise l’entrée en vigueur de la LOF
Le 7éme titre énonce l’abrogation des articles etdes dispositions transitoires.
A. Les objectifs de la LOF
*L’actualisation du cadre juridique des finances, pour s’assurer de sa conformité avec les règles constitutionnelles relatives aux F.Pub.
*Le renforcement du rôle de la LFs=le principal outil de miseen œuvre des politiques publiques et des stratégies sectorielles.
*Le renforcement de l’efficacité, de l’efficience des politiques publiques et la qualité du sce public et la responsabilisation des gestionnaires.
*L’amélioration de la soutenabilité des F.Pub et de la lisibilité budgétaire ;et le renforcement de la transparence des F.Pub.
B. Les fondements de la LOF
1. Une « logique de résultats »
La logique de résultats, s’appelle =« logique de performance »« démarche de performance »« logique d’efficacité ».
La phase d’adoption de LF, le parlement accorde des crédits budgétaires pour réaliser des politiques publiques dont il approuve des objectifs.
La phase d’exécution Le Parlement assure tout au long de l’exécution de la LF, un suivi des crédits qu’il a accordés, pour les contrôler.
La LOF renforce le rôle du parlement, et les fonctions de contrôle et les missions d’expertise de la Cour des comptes.
→La programmation budgétaire triennale=un cadre de suivi de la performance permet d’inscrire la gestion budgétaire dans 3ans.
En amont, le Gouvernement doit justifier les demandes de crédits de son projet de LFs ; un projet annuel de performance élaboré par le
département ministériel ou l’institution concernée, précisant les objectifs du programme et des indicateurs de performance.
En aval, le projet de loi de règlement, doivent être présentés symétriquement des rapports annuels d’audit de performance, mettant en
parallèle les résultats obtenus et les indicateurs initiaux, pour attester du bon usage des deniers publics et la performance des gestionnaires.
2. Le renforcement de la transparence des F.Pub
→la LOF introduit le principe de sincérité budgétaire,
→la comptabilité budgétaire est enrichie par l’institution de la comptabilité d’exercice et de la comptabilité d’analyse des coûts.
La LOF établit des règles financières : interdit d’inscrire les dépenses de fonctionnement au niveau du chapitre d’investissement,
Interdit de procéder au report des crédits d’investissement, et d’orienter la dette publique vers le financement de l’investissement.
3. La revalorisation du contrôle parlementaire en matière budgétaire
La LOF renforce le rôle du parlement à travers l’enrichissement des informations communiquées par le gouvernement, le réaménagement du
calendrier de la préparation des lois de finances, la révision des modalités de vote de la LF, et la clarification du droit d’amendement et de la
notion de charge publique. La mise en œuvre de la LOF était progressive sur cinq ans, à partir du 1er janvier 2016.
Section 2. La législation financière
La promulgation de la loi organique n° 7.98 relative à la LFs en 1998 a constitué le1er maillon de modernisation
Le fondement juridique du budget de l’État repose sur un arsenal de textes juridiques dont on peut citer :
– La loi n° 62-99 formant code des juridictions financières.
– Le Dahir : n° 1-00-175 du 28 moharrem 1421 portant promulgation de la loi n° 15-97 formant code de recouvrement des créances
publiques. n°1-02-25 portant promulgation dela loi n°61-99 relative à la responsabilité des ordonnateurs, des contrôleurs et des comptables
publics .n° 1.59.269 relatif à l’inspection générale des finances.
– Les lois de finances : lois de finances de l’année, lois de finances rectificatives et lois de règlements.
– Le Code général des impôts, complété et modifié par les lois de finances de chaque année.
– Le règlement intérieur de la chambre des conseillers de 2020 suite à la décision de la cour constitutionnelle n° 102/20 du 2 mars 2020.
– Le Décret : royal n° 330.66 portant Règlement général de la comptabilité publique, tel qu’il a été modifié et complété. n° 2-15-426 relatif
à l’élaborationet à l’exécution des lois de finances tel qu’il a été modifié et complété. n° 2-12-349 relatif aux marchés publics. n° 2-07-1235
relatif au contrôle des dépenses de l’État. n° 2-07-995 relatif aux attributionset à l’organisation du ministère de l’économie et des finances
modifié et complété par le décret n 2.18.905.
Section 3. La jurisprudence financière
Les organes de la jurisprudence financière sont : la Cour constitutionnelle, les juridictions financières et les juridictions administratives.
Le rôle de la Cour constitutionnelle : l’élaboration des règles de la LFs avec les dispositions de la constitution. La conformité des lois
organiques à la Constitution avant leur promulgation (deuxième paragraphe de l’article 132 de la C).
Le contrôle les lois, avant leur promulgation, à la demande du Roi, du Chef du Gouvernement, du Président ou par le cinquième des
membres de la Chambre des Représentants, du Président ou par quarante membres de la Chambre des Conseillers.
Le rôle Les juridictions financières (la Cour des comptes et les cours régionales des comptes) constituent, l’article 147 de la constitution de
2011 prévoit que : » la Cour des comptes est chargée d’assurer le contrôle supérieur de l’exécutiondes lois de finances ».
les juridictions administratives l’efficacité et la compétence dont a fait preuve le juge fiscal dans le traitement des affaires dont il était saisi.
La loi n° 41-90 a institué la compétence des tribunaux administratifs en matière fiscale.
Le Chapitre V: compétence des tribunaux administratifs, en matière fiscale et de recouvrement des créances du trésor et assimilées.
Les grands principes budgétaires classiques(L’annualité)
Les grands principes budgétaires classiques (l’annualité, la spécialité, l’unité et l’universalité) du XIXe siècle.
Les principes budgétaires classiques sont des règles communes à tous les budgets publics.
Ces principes classiques peuvent être classés en deux catégories principales :
Principes de disciplines : l’annualité et la spécialisation s’ajoutent à la règle de l’équilibre. Ce sont les principes des contraintes.
Principes de transparence : l’unité, l’universalité et la sincérité.
Section 1. Les principes de contraintes
Ils visent à soumettre le gouvernement à certainesobligations, afin que le Parlement dispose d’une meilleure information.
§1. L’annualité
A. La présentation du principe
Le BGEest établi dans un an, appelée exercice budgétaire pendant laquelle le gouvernement doit recouvrer les Rces et dépenser les crédits.
L’autorisation parlementaire, qui donne au gouvernement le pouvoir de mettre en œuvre le budget, expire à la fin de l’exercice.
1. La mise en place du principe
La détermination de la durée du BGEen un an a été imposée par des considérations fondamentales et pratiques :
Raison politique : assurer le contrôle périodique du parlement sur le gouvernement, ce qui limite les pouvoirs du gouvernement
Raison technique : l’année couvre les quadrimestres, ce qui signifie que c’est une période au cours de laquelle les différentes influences
saisonnières sur les dépenses de l’État et les sources de revenus se croisent, surtout si une partie de ces revenus provient du secteur agricole
Autre raison : l’année est une unité de temps standard .L’année est une période raisonnable pour faire des prévisions sérieuses.
2. La valeur du principe
Ce principe est fondé sur l’article 75 de la Constitution, qui stipule que la LFs doit être votée avant le début de l’exercice( 1er jan)
la LOF 1er article. L’article 3 de la LO F :.Par conséquent, le principe de l’annualité est en fait, un principe qui a une base constitutionnelle.
3. L’application du principe
L’annualité budgétaire signifie que l’autorisation parlementaire est accordée pour un an.
L’annualité ne peut fonctionner que si le projet de LFs est adopté avant le début de l’exercice .
Au Maroc, (l’Europe continentale et l’Irlande, la Chine, le Brésil, la Russie), année budgétaire =l’année civile,
L’année budg commence le 1er avril(Grande Bretagne,Japon,Canada,Nouvelle Zélande,Inde), le 1er juillet (Australie,Égypte) ou le 1er octobre(États Unis).
La loi organique n° 130-13 relative à la LFs précise formellement, que le budget est un acte annuel.
4. Les trois obligations issues du principe/3 dimensions
a. L’antériorité
Le budget, et la LFs initiale de l’année, doivent être votés avant le 1er janvier. Il s’agit d’une procédure de dissuasion budgétaire parce que le
gouvernement a la possibilité de mettre le budget en vigueur par décret.
b. L’autorisation unique
Le Parlement doit donner une autorisation unique pour l’année : une fois pour toutes.
c. L’année budgétaire doit se limiter à 12 mois
Le gouvernement doit demander l’autorisation du Parlement chaque année. c’est avant tout un principe démocratique.
B. Les atténuations du principe de l’annualité
1. Les arrangements de la règle de l’autorisation unique
a. Les lois de finances rectificatives
La LFs de l’année est basée sur des prévisions qui pourraient être retardées pendant la phase de mise en œuvre. Cela explique qu’elle puisse
être modifiée au cours de l’exercice par une ou plusieurs lois de finances rectificatives.
l’article 4 de la loi organique: « seules des lois de finances rectificatives peuvent en cours d’année modifier les dispositions de la LFs de l’année ».
b. Les décrets d’avance
*Les crédits supplémentaires (au titre des dépenses de fonctionnement et des dépenses d’investissement) peuvent être ouverts par décret en
cours d’année conformément à l’article 70 de la Constitution.
*Les commissions parlementaires chargées des finances sont préalablement informées. De surcroit, les crédits supplémentaires ouverts sont
ratifiés par la loi de règlement dela LFs en question (article 64 de la LOF).
*Les dépenses imprévues et les dotations provisionnelles Les articles 14 et 42 de la LOF offrent la possibilité d’allouer des crédits
additionnels, prélevés sur le chapitre des « dépenses imprévues et dotations provisionnelles ».
c. La loi de règlement
Cette loi est prévue à l’article 64 de la LOF. C’est une loi qui intervient a posteriori, une fois l’exercice achevé. Elle n’est pas une loi de
prévision. Elle a deux fonctions : « parlement »
Constater les résultats financiers de chaque année civile et approuver les différences entre les résultats et les prévisions de la LFs initiale
complétée, si nécessaire par ses lois rectificatives. Ensuite, elle accorde des autorisations, qui peuvent être rétroactives.
d. La programmation budgétaire triennale
Elle découle de l’article5 de la LOF, entrée en vigueur en 2019, la programmation budgétaire triennale (PBT) a pour objectif :
d’améliorer la gouvernance et le « dépenser mieux ». vise à définir l’évolution sur 3 années de l’ensemble des Rces et des charges de l’État.
Le contenu et les modalités d’élaboration de cette programmation étant fixés par voie réglementaire.
2. Les exceptions à l’antériorité : le cas de retard dans le vote du budget
le vote de la LFs n’a pas eu lieu, en raison de sa soumission à la Cour Constitutionnelle en application de l’article 132 de la Constitution, le
gouvernement se fonde sur l’article 75 de la Constitution et l’article 50 de la loi organique no 130.13 qui affirme que : ‘le gouvernement
ouvre, par décret, les crédits nécessaires à la marche des services publics et à l’exercice de leur mission, en fonction des propositions
budgétaires soumises à approbation. Dans ce cas, les recettes continuent à être perçues conformément aux dispositions législatives et
réglementaires en vigueur les concernant à l’exception, toutefois, des recettes dont la suppression est proposée dans le projet de LFs. Quant
à celles pour lesquelles ledit projet prévoit une diminution de taux, elles seront perçues au nouveau taux proposé’.
À cet égard, il faut préciser que l’article 50 de la loi organique n° 130.13 relative à la LFs dispose que soient inscrites, dans le décret, les
dispositions relatives aux recettes dont la suppression est proposée dans le projet de LFs, ainsi que les recettes dont la diminution de taux est
prévue par ledit projet.
3. Les exceptions à la limitation de l’exercice à douze mois
Ces exceptions concernant, selon l’article 7 de la loi organique n° 130-13 relative à la LFs, les dispositions :
– des traités de commerce, des conventions ou des accords, : des accords de partenariat avec l’UE, de libre-échange …
– relatives aux garanties accordées par l’État : Les garanties offertes par l’État ne sont pas une charge immédiate
L’État opte à soutenir la ‘Caisse centrale de garantie’ pour mener à bien cette mission.
– relatives à la gestion de la dette publique ainsi que de la dette viagère : La période de remboursement des prêts accordés dans le cadre
de l’aide internationale est supérieure à 40 ans. En outre, ce terme varie pour la plupart des emprunts extérieurs entre 15 et 25 ans. Quant à la
dette viagère et les pensions, elles s’étalent sur une durée indéterminée et n’expirent qu’au décès des bénéficiaires et des ayants droit.
– relatives aux autorisations d’engagement par anticipation pour lesquelles les crédits doivent être ouverts au titre de l’année budgétaire
suivante, l’alinéa 2 de l’article 16 de la LOF dispose que ‘les dépenses de fonctionnement du BGEne peuvent faire l’objet d’autorisations
d’engagement par anticipation’.
– relatives aux crédits d’engagement : « dépenses d’investissement » et sont fixées, sur la base des prévisions des plans et des programmes
pluriannuels (plan Maroc vert, plan halieutis, etc.)
Les grands principes budgétaires classiques (II) (La spécialité des crédits, l’unité et l’universalité)
§2. La spécialité
Le principe de spécialité ne va concerner que les dépenses.
A. La justification du principe de spécialité et les aménagements de la LOF
Le principe de spécialité des crédits votés par le Parlement dans la LFs permet de répartir les crédits en unités.
1. La finalité du principe de spécialité
un contrôle approfondi des dépenses par le Parlement et limiter ainsi la marge de manœuvre du gouvernement. En principe, cette répartition
des crédits ne peut être modifiée sans l’approbation du Parlement.
le Parlement donne à chaque ministre la possibilité d’assurer le fonctionnement des services dont celui-ci a la responsabilité, mais il ne lui
donne pas le droit d’utiliser à son gré une masse indivise de crédits ; il ne lui ouvre que des autorisations partielles.
2. Les aménagements du principe de spécialité par la LOF
Si les Rces du BGEsont présentées en chapitres subdivisés, s’il y a lieu, par service et par nature de recettes. La répartition des dépenses du
BGEest groupée sous trois titres (les dépenses de fonctionnement, les dépenses d’investissement et les dépenses relatives au service de la
dette publique). Conformément à l’alinéa 2 de l’article 38 de la LOF, les dépenses du BGEsont présentées, à l’intérieur des titres, par
chapitres, subdivisés en programmes, régions et projets ou actions (nomenclature budgétaire).
Les dépenses du BGEfont l’objet d’un vote par titre et à l’intérieur d’un même titre par chapitre (article 55, alinéa 1de la LOF).
L’unité de spécialité budgétaire désigne le niveau de l’autorisation de dépenses que le Parlement donne au gouvernement. La LOF prévoit
que l’unité de spécialité est le chapitre et interdit au gouvernement d’effectuer des virements de crédits entre chapitres (article 45)
En somme, deux niveaux doivent être distingués :
• le niveau de vote : le chapitre
• le niveau d’exécution : c’est le programme
Lorsque les Parlementaires votent les chapitres, le gouvernement se doit, dans l’exécution, de respecter la répartition des crédits .
Le gouvernement (par les gestionnaires de crédits) dispose d’une grande marge de manœuvre dans l’exécution des crédits qui sont mis à sa
disposition en raison de la diminution du nombre d’unités de spécialisation qui a été voulue dans le cadre d’une globalisation des enveloppes
qui sont désormais fongibles. En effet, la mise en œuvre du principe de fongibilité, permet aux gestionnaires des crédits d’utiliser librement
les crédits et modifier les affectations prévues initialement dans la LFs, afin de les adapter à l’évolution de leurs besoins tout en assurant
une mise en œuvre performante des programmes ou des projets ou actions dont ils sont responsables. L’article 45 de la LOF limite la
fongibilité au chapitre et autorise desvirements de crédits à l’intérieur d’un même programme ou entre programmes àl’intérieur d’un
même chapitre. Les conditions de la fongibilité, sont fixées par le décret du 15 juillet 2015.

B. Les exceptions au principe de spécialité


Le législateur a soumis le principe de spécialité budgétaire à ces exceptions :
– Les comptes spéciaux du trésor
– Les charges communes : Ensemble des dépenses du BGEqui ne peuventêtre imputées sur les budgets des départements ministériels ou
institutions. (article 43 de la LOF).
– Les dépenses imprévues et dotations provisionnelles : C’est un chapitre ouvert autitre I du BGEde l’État qui n’est affecté à aucun service.
pour la couverture de besoins urgents survenus en cours d’année ou non prévus .
– Les dépassements des crédits : l’article 58 de la LOF .Les dépassements éventuels des crédits ouverts au titre des dépenses visées sont
constatés et autorisés à titre de régularisation par la loi de règlement de la LFs de l’année concernée.
– L’ouverture des crédits supplémentaires.
– Les transformations de postes budgétaires.
– les sursis à l’exécution de certaines dépenses d’investissement.
– Les virements de crédits : Des virements de crédits peuvent être effectués à l’intérieur d’un programme et entre les programmes d’un
même chapitre dans les conditions et selon les modalités fixées par voie réglementaire (décret de 2015).
Section 2. Les principes de transparence
Les principes de la transparence sont des principes qui s’adressent d’abord aux Parlementaires, puis aux citoyens..
§1. L’unité
Le Maroc applique le principe de l’unité sur la base de l’article 8, alinéa 2, de la loi organique n° 130.13, qui dispose
A. Le contenu du principe
1. Définition
L’unité signifie que « la totalité des recettes et des dépenses doivent être inscrites dansun document unique soumis au vote du Parlement ».
la débudgétisation, cad l’exclusion des dépenses publiques du budget, est interdite. A cela s’ajoute , la nécessité d’un projet de loi unique,
même s’il peut être divisé en plusieurs parties. Cette unité doit également être trouvée dans la prévision et l’autorisation financière.
Ce document unique a deux raisons :
Raison politique : Le Parlement doit accorder son consentement aux impôts. les dépenses et les recettes non autorisées sont interdites (vote)
Raison technique : Ce principe permet de faciliter l’information et le contrôle+le budget doit être équilibré.
2. Les objectifs du principe
*Faciliter l’accès à la situation financière complète de l’État et identifier le degré de cohérence entre ses différentes composantes.
*Il permet à l’autorité exécutive de présenter le projet de budget au Parlement de la manière la plus simple
*Débattre de ∑ de la politique financière du gouvernement et d’exercer un contrôle financier sur celle-ci en une seule fois.
B. Les assouplissements de l’unité budgétaire
1. Les services de l’État gérés de manière autonome (SEGMA) :nombre de 204
a. Définition
Ce sont des services de l’État, dont l’activité est à produire des biens ou à rendre des services donnant lieu à unerémunération.
Exemples des SEGMA: les centres régionaux d’investissements, le Royal golf DarEssalem, les centres hospitaliers, complexe mohammed V,
b. Le régime juridique des SEGMA
*La création de ces sces, par la LFs, est conditionnée par l’existence des Rces propres provenant de la rémunération de bien ou de sce rendus.
*Ces Rces propres doivent à compter de la 3e année budgétaire suivant la création des sces, au moins 30 % de ∑ de leurs Rces de l’anneé.
*Les SEGMA qui ne répondent pas à cette condition sont supprimés par la LFs suivante (art 21 de la LOF).
c. Le système de gestion
Les opérations des budgets des SEGMA sont prévues, autorisées dans les mêmes conditions que les opérations du budget général.
Sauf les particularités, le législateur marocain les a subordonnés à des règles spécifiques :
– Il est interdit d’imputer au budget d’un SEGMA les dépenses de personnel.
Aucun versement au profit d’un compte spécial du Trésor ou d’un SEGMA ne peut être effectué à partir du budget d’un SEGMA. En
contrepartie, il est possible d’effectuer des versements, au profit du budget général, à partir du budget d’un SEGMA.
– Les autorisations d’engagement par anticipation ne peuvent être accordées aux SEGMA.
l’insuffisance des recettes d’exploitation est compensée par le versement d’une subvention d’équilibre prévue au titre I du budget général.
L’insuffisance des rcette propres affectées aux dépenses d’investissem est comblée par une subvention d’équilibre au titre II du budget général.
– Le ministre chargé des finances peut, à la demande des ordonnateurs intéressés, autoriser par décision des virements de crédits entre
programmes d’un même chapitre .Le montant cumulé, au cours d’une même année, des crédits ayant fait l’objet de virement, ne peut excéder,
pour chacun des programmes concernés, le plafond de dix pour cent (10 %) des dotations initiales ouvertes par la LFs en ce qui concerne le
chapitre de matériel et dépenses diverses et le chapitre d’investissement dubudget général.
– Les budgets des SEGMA peuvent être dotés, par arrêté du ministre chargé des finances, d’un crédit additionnel égal à l’excédent des
recettes sur les paiements effectués au titre de l’année budgétaire précédente. Ces budgets peuvent être également dotés, par arrêté du ministre
chargé des finances, d’uncrédit additionnel égal au supplément de recettes réalisées par rapport aux crédits ouverts par la LFs.
Afin d’encourager les investissements des SEGMA, la loi organique des finances prévoit, que l’excédent éventuel des recettes d’exploitation
sur les dépenses est affecté au financement des dépenses d’investissement, le cas échéant. La LOF énonce aussi que les SEGMA peuvent être
dotés de crédits d’engagement correspondant à leursprogrammes d’investissement pluriannuels.
Parmi les règles de gestion des SEGMA, l’excédent des recettes réalisées sur les paiements effectués est reporté d’année en année. À cela
s’ajoute que les engagements n’ayant pas donné lieu à ordonnancement au titre d’une année budgétaire sont imputés en priorité sur les crédits
ouverts au titre du budget de l’année suivante.
En cas de suppression d’un SEGMA, le solde du budget des SEGMA supprimés par une LFs est pris en recette au budget général.
d. L’évaluation des SEGMA
Les SEGMA disposant d’un volume financier d’environ 3 milliards de dirhams.
Ils supportent, comme les comptes spéciaux du Trésor, certaines dépenses d’investissement et de fonctionnement.
Une grande partie des services susmentionnés ne disposent pas de Rces financières autonomes, mais dépend plutôt de subventions du BGE.
2. Les comptes spéciaux du Trésor (CST)
a. Le régime des CST
Les comptes du BGE et qui ont pour objet :
– Soit de décrire des opérations qui, en raison de leur spécialisation ou d’un lien de cause à effet réciproque, entre la recette et la dépense,
ne peuvent être incluses dans le cadre du budget général ;
– soit de décrire des opérations en conservant leur spécificité et en assurant leur continuité d’une année budgétaire sur l’autre ;
– soit de garder trace, sans distinction d’année budgétaire, d’opérations qui se poursuivent pendant plus d’une année.
*Ces opérations comptables sont liées à l’application d’une législation, d’une réglementation ou d’obligations contractuelles de l’État,
*Les CST sont créés et supprimés par une LFs. En cas d’urgence des CST peuvent être créés, en cours d’année budgétaire, par décrets.
*Lescommissions Parlementaires sont préalablement informées. Ces décrets doivent être soumis au Parlement pour ratification dans la prochaine LFs.
b. Les catégories des CST
i. Les comptes d’affectation spéciale (CAS) : le nombre s’élève à 56 sur 69 comptes en 2020
*Les CAS retracent les recettes affectées au financement d’unecatégorie déterminée de dépenses et l’emploi donné à ces recettes.
* CAS sont excédentaires par la loi. cette règle assure au CAS la continuité et la complémentarité des missions qui lui sont attribuées .
* Les Rces des CAS provenant du produit des taxes et le cas échéant, de versements du BGE et/ou des recettes qui leur sont affectées
doivent à compter de la 3e année budgétaire suivant la création des comptes, au moins (40 %) de ∑des Rces
*La loi organique consacre le principe de l’autonomie de ces comptes.
*Les CAS qui ne répondent pas à cette condition sont supprimés par la LFs suivante. Dans le même cadre, lorsque les CAS n’ont pas donné
lieu à des dépenses pendant 3 années consécutives. Ils sont alors supprimés et leur solde est pris en recette au BGE.
*le non-reversement de compte à compte d’un CAS. Les versements peuvent être effectués au profit du BGE à partir d’un CAS.
*Le lien de causalité entre la ressource et l’emploi des CAS: le cas des Taxe Intérieure de Co sur les pdts pétroliers. Une partie de cette recette
est allouée au Fonds routier et au Fonds de développement agricole, car les bénéficiaires de ces fonds sont les plusgros contributeurs à la taxe.
C’est également le cas du recouvrement des amendes, dont une partie de la recette est affectée au Fonds spécial de soutien des juridictions.
ii. Les comptes d’adhésion aux organismes internationaux
Ce sont des comptes spéciaux du Trésor qui décrivent les versements et les remboursements au titre de la participation du Maroc aux
organismes internationaux. Seules peuvent être portées à ces comptes les sommes dont le remboursement est prévuen cas de retrait.
iii. Les comptes de financement
*une fusion des comptes de prêts et d’avances, c’est une catégorie des comptes spéciaux du Trésor qui décrit les versements sous forme de
prêtsde durée ≥ 2 ans ou d’avances de durée ≤ à2 ans, effectués par l’Etat sur les Rces du Trésor et accordés pour des raisons d’intérêt public.
*L’octroi par l’État d’avances ou de prêts par l’intermédiaire des comptes de financement fait l’objet d’un contrat entre le ministre chargé
des finances et le bénéficiaire. Ce contrat stipule, le MT, la durée,le taux d’intérêt et les modalités de remboursement.
*Il est assorti d’un tableau d’amortissement,Les remboursements et les amortissements de prêts sont comptabilisés au compte de financement.
*Les intérêts des avances et prêts sont pris en recettes au BGE.Les avances et prêts peuvent être représentés par des bons à intérêt ou des effets négociables.
iv. Les comptes d’opérations monétaires
Ils décrivent les mouvements de fonds d’origine monétaire. Le découvert des COM est limité par la LFs de l’année.
Ces comptes ont enregistré en 2017, à travers le compte intitulé « Différence de changesur ventes et achats de devises » de Bank Al-Maghrib .
v. Les comptes de dépenses sur dotation.
Ils retracent des opérations relatives à une catégorie spéciale de dépenses dont le financement est assuré par des dotations du budget général.
Les soldes des comptes dedépenses sur dotation sont toujours créditeurs.
c. Les anomalies des CST
*les CST représentent (environ 20 % du budget de l’État), l’ambiguïté et la confusion entourant leur gestion « caisses noires ».
* La présence de ce grand nombre de CST approuvés en dehors du BGE entraîne la dispersion des Rces financières de l’État,
*Les dysfonctionnements de gestion des CST:
• l’importance du nombre des CST, qui est de 74 actuellement, malgré la réduction et le regroupement de certains types de comptes
• certains CST prennent en charge une partie des dépenses d’investissement et de fonctionnement liées aux propres attributions des
ministères concernés. Ces CSTconstituent, en fait pour les administrations, des moyens budgétaires additionnels leur permettant de bénéficier
de la souplesse procurée par ce dispositif, notamment en matière de report des crédits sur l’année suivante ;
• Le volume des soldes importants de manière structurelle dénote de la faiblesse de la programmation, le manque de suivi des opérations.
L’exercice 2020 a été marqué par la création de quatre comptes d’affectation spéciale (CAS) intitulés : « Fonds spécial pour la promotion
du système d’éducation et de formation et l’amélioration de sa qualité », « Fonds d’appui au financement de l’entrepreneuriat », «
Fonds spécial pour la gestion de la pandémie du Coronavirus « Le Covid-19 » et « Fonds d’investissement stratégique », ainsi que la
suppression de 2 comptes de financement: « Prêts à l’Office national de l’eau potable » et « Prêts aux régies de distribution d’eau et d’électricité ».
§2. L’universalité
*Il a pour but de veiller à ce que les comptes de l’État soient transparents et que le contrôle effectif du Parlement soit efficace.
*Ce principe, complémentaire au principe d’unité, les recettes etdes dépenses du budget de l’État, doivent être séparées.
→Cela signifie que les recetteset les dépenses doivent figurer dans le budget pour leur montant brut sans être contractées et qu’il est interdit
d’affecter des recettes spécifiques pour couvrir des charges bien déterminées.
A. Le contenu du principe : Règles de principes
1)la non-compensation ou la non-contraction entre les dépenses et recettes 2) la non-affectation des recettes particulière aux dépenses.
1. La règle du produit brut (la non-contraction) article 8 de la loi organique de 2015
La règle du produit brut est très rigide, si elle n’est pas respectée, il y a le risques de disparaître un chiffre →une atteinte à la transparence.
Cette règle suppose les autorités financières, doivent enregistrer toutes les recettes, quelle que soit leur source, sans en déduire les dépenses
qu’elles demandent à obtenir (traitements et indemnités des fonctionnaires, coûts de transport, charges d’exploitation...)
Le principe de non-compensation exige l’autorisation d’enregistrer les comptes budgétaires selon la méthode du « produit brut »,
Avantages : permet aux organes chargés du contrôle financier (Parlement, Cour des comptes...) de connaître les détails du budget général, et
de lutter contre les aspects extravagants et négligents, ce qui est une garantie de rationalisation des dépenses de fonds publics.
2. La règle de non-affectation des recettes
l’article 8 de la loiorganique n° 130.13 relative à la LFs « l’ensemble des recettes assurant l’exécution de l’ensemble des dépenses ».
En somme, n’importe quelle recette peut financer n’importe quelle charge.
B. Les exceptions au principe de l’universalité
1. Les exceptions à la non-compensation
Exemple : les services du ministère des Finances déduisent la part des collectivités territoriales de la taxe sur la valeur ajoutée qui est perçue, et
seulement 70 % du produitde cette taxe est enregistré dans le budget général.
2. Les dérogations au principe de la non-affectation
Les dérogations au principe de la non-affectation sont strictement encadrées par la loi organique.
L’article 8 « certaines recettes peuvent être affectées à certaines dépenses dans le cadre des budgets des services de l’État gérés de manière
autonome, des comptes spéciaux du Trésor ou de procédures comptables particulières ».
Les procédures comptables particulières sont des techniques par lesquelles certains membres du gouvernement ouvrent de nouvelles recettes
qu’elles affectent directement à certaines dépenses.
La dérogation la plus complète au principe de l’universalité est constituée, tout d’abord, par les fonds de concours, à caractère non fiscal, dont
l’existence constitue également une dérogation aux principes de légalité et d’unité.
L’article 34 de qui ne fait que reprendre et confirmer les dérogations, rappelle qu’il s’agit de versements effectués par des personnes
publiques ou privées à une administration de l’État, à charge pour celle-ci d’utiliser les Rces qui lui sont fournies à l’exécution d’une dépense
d’intérêt public que la partie versante lui désigne.Les dons et legs s’apparentent et par leur objet aux fonds de concours.
« L’article 35 de la LOF »
Les principes :Équilibre et sincérité budgétaires
Les principes de l’équilibre et de la sincérité budgétaire sont plus récents en comparaison avec les principes budgétaires
Section 1. L’équilibre budgétaire
L’équilibre budgétaire était, pour les adeptes des F.Pub classiques, un idéal pour les gouvernants, il est devenu aujourd’hui une obligation
juridiquement affirmée. Cependant, cette mutation est complexe, parce que le concept d’équilibre lui-même est polysémique (plusieurs sens)
§1. L’équilibre budgétaire, une notion polysémique
A. La complexité des références à l’équilibre budgétaire
le déséquilibre peut prendre deux formes. l’état de déficit, où les recettes ordinaires ne sont pas suffisantes pour couvrir les dépenses, et
l’état de l’excédent budgétaire (les recettes ordinaires sont supérieures aux dépenses).
la réalité est différente, car le contexte économique est en constante évolution. Il est donc absolument impossible que les Rces ordinaires d’un
État soient mathématiquement égales à ses dépenses, et que ce que l’on qualifie par l’expression « solde budgétaire » soit nul.
En effet, il y a toujours « équilibre »par définition et par essence, toute « dépense » est financée. Dès lors, le déséquilibre budgétaire, dans
son acception courante, renvoie plus précisément à la situation dans laquelleil faut recourir à l’emprunt pour couvrir les dépenses.
la mise en œuvre de l’équilibre est différente d’un État à un autre, et dans un même État, l’obligation d’équilibre s’est précisée avec les lois
organiques relativesaux collectivités territoriales de 2015 au Maroc.
B. La multiplicité des significations de l’équilibre budgétaire
L’équilibre artificiel/prévisionnel : la confrontation des recettes et des dépenses dans Lf initial (en tant qu’acte de prévision) fait naitre un
équilibre – en réalité un déséquilibre –
L’équilibre ou déséquilibre d’exécution : Lors de l’exécution de la LFs, le solde entre les recettes ordinaires réellement encaissées et les
dépenses effectivement réalisées, qui parait dans la loi de règlement,est évidemment différent
le « petit équilibre » : on impose que les opérations définitives soient équilibrées, càd que l’État ne vit pas « au-dessus de ses moyens ».
le « grand équilibre » : prend en compte à la fois les opérations temporaires et les opérations définitives, cet équilibre est moins signifiant
→la diversité des opérations budgétaires (temporaires et définitives).
→La LOF emploie le terme « découvert », essentiellement pour désigner l’insuffisance des Rces pour couvrir les charges temporaires.
l’équilibre comptable des chiffres, ne correspond jamais à l’équilibre réel, càd la situation financière réelle de l’État.
*la notion solde primaire : est calculé en excluant les dépenses qui correspondent au montant des intérêts de la dette versés annuellement.
Cet indicateur donne une image du poids de l’endettement public sur lesgénérations futures.
Sur le plan économique, un solde primaire déficitaire démontre que l’État n’est pas en bonne position d’utiliser ses Rces pour se désendetter.
*solde structurel : après élimination des composantes liées aux fluctuations économiques de là provient la référence au « déficit structurel ».
§2. Les multiples approches de l’équilibre budgétaire
Les États peuvent tenter de combiner des conceptions différentes de l’équilibre budgétaire.
A. L’équilibre rigoureux
Cette approche se fonde sur la saine gestion, càd que l’État ne doit pas dépenserplus qu’il ne gagne. La référence à l’équilibre permet de suivre
l’idéologie libérale des F.Pub classiques: les recettes ordinaires étant limitées, limite l’intervention de l’Etat (limiter les emprunts)
B. L’équilibre controversé
cet ’équilibre est le résultat de guerres et crises ,Les États développent l’utilisation de l’emprunt pour faire des actions économiques au-
delà de leurs recettes ordinaires. Cesintentions ont été légitimées par les thèses keynésiennes. Dans ce contexte, on commence à adopter des
discours qui considèrent que le déficitbudgétaire peut avoir un impact positif sur la dynamique économique.
C. L’équilibre revalorisé
Des arguments contradictoires chevauchent sur le principe d’équilibre budgétaire quiconnait une revalorisation.
*Certains soutiennent son interprétation stricte au nom de l’orthodoxie budgétaire ; d’autres préfèrent une certaine flexibilité dans sa mise
en œuvre à des fins économiques. En outre, les keynésiens n’ont en principe jamais condamné le respect de l’équilibre budgétaire .
*le recours à un déséquilibre budgétaire pour rétablir l’équilibre économique a parfois eu de graves conséquences.
nombreux États, ont constaté une augmentation inappropriée du déficit, ce qui a eu pour effet d’accroître considérablement la dette
publique. ces États, font naturellement valoir la nécessité d’une bonne gestion des F.Pub.
→ La revalorisation du principe d’équilibre semble avant tout un rappel à la rigueur.
§3. L’équilibre budgétaire dans le contexte marocain
Dans le cadre de la constitution de 2011, le principe de l’équilibre budgétaire est devenu une règle constitutionnelle. L’article 77 de la
Constitution affirme que « le Parlement et le gouvernement veillent à la préservation de l’équilibre des finances de L’État ».
La LOF concrétise cette règle en disposant que : « la LFs détermine, pour chaque année budgétaire, ainsi que l’équilibre budgétaire et
financier qui en résulte.
Afin de maintenir l’équilibre des finances de l’État, le produit des emprunts ne peut pas dépasser la somme des dépenses d’investissement et du
remboursement du principal dela dette au titre de l’année budgétaire.
La cohérence entre le budget et l’économie est devenue nécessaire, d’autant plus que l’alinéa 2 de l’article 75 de la C fait du budget un outil
de mise en œuvre des plans de développement stratégiques et des programmes pluriannuels.
Le financement par le déficit est une constante de la politique budgétaire au Maroc. Les différents budgets généraux du Maroc
présentent un déficit financier chronique même si sa gravité pour les équilibres financiers et économiquesdu pays varient d’une étape à l’autre.
La politique budgétaire stricte : Il en résultait, ↑ du chômage, ↑de la pauvreté et ↓de la croissance économique en réduisant les dépenses
publiques et en paralysant l’emploi dans le secteur public, ainsique la baisse des subventions et des investissements publics.
le gouvernement a limité son rôle à la gestion des comptes publics au lieu d’adopter une politique budgétaire volontariste qui encourage
l’activité économique etle développement social.
Section 2. La sincérité budgétaire
§1. L’affirmation d’un principe à connotation morale
La question de la transparence des informations budgétaires et comptables transmises au parlement, et des évaluations des recettes et des
dépenses, a revêtu une grande importance lors de la dernière décennie. En effet, la LOF dont les dispositions progressives sont entrées en
vigueur à partir de 2016 a consacré le principe de la sincérité budgétaire.
A. La construction jurisprudentielle du principe de la sincérité budgétaire
Le principe de sincérité est apparu dans les années 1990 dans la jurisprudence du Conseil constitutionnel français avant d’être consacré
à l’article 32de lof 2001 dispose que les : « lois de finances présentent de façon sincère l’ensemble des Rces et des charges de l’État ».
Le Conseil constitutionnel français a érigé la sincérité au rang des principes budgétaires : il lui confère une valeur constitutionnelle.
B. la sincérité budgétaire, un concept abstrait et à connotation morale
Le principe de sincérité se situe au point d’intersection du droit et de la morale. Il cherche à appréhender un comportement. La connotation
morale ne fait qu’aggraver l’incomplétude du principe de sincérité. la connotation morale de la « sincérité budgétaire » rend sa définition
complexe, puisque l’invocation de la sincérité, se réfère à la personne (à sa position) à quelque chose ou un fait (et à ses conséquences).
En somme, la qualification d’une disposition d’« insincère » dans une LFs semble particulièrement délicate jusque-là.
§2. La consécration du principe de sincérité par le droit marocain
A. Le principe de sincérité et la LOF
*L’article 10 de la LOF précise que les lois de finances présentent de façon sincère ∑ des Rces et des charges de l’État.
*La sincérité des Rces et des charges s’apprécie compte tenu des informations disponibles au moment de leur établissement et des
prévisions qui peuvent en découler. Trois observations s’imposent d’emblée :
● Premièrement, la LOF n’apporte pas à la notion de sincérité budgétaire une définition précise qui aurait pu estomper son ambiguïté ;
● Deuxièmement, parce que l’article 10 vise simultanément les Rces et les charges inscrites dans la LFs, l’exigence de sincérité s’étend
sans conteste au solde budgétaire, qui se doit, d’être sincère ; on mesure d’ailleurs mieux ainsi la complémentarité des principes d’équilibre
et de sincérité, à travers l’évidente nécessité de disposer de données chiffrées fiables pour apprécier de manière pertinente le déficit de l’État.
● Troisièmement, la LFs est un acte de prévision, et par conséquent les Rces et les charges qui y figurent ne peuvent qu’être le résultat
d’évaluations, pardéfinition approximatives et incertaines ; donc, on déduit que le principe de sincérité budgétaire ne peut exiger l’exactitude
complète des données chiffrées contenues dans la LFs, mais, seulement, que leur évaluation a été effectuée de façon sincère.
la sincérité est un principe classique de la comptabilité générale, Elle tient la même place en comptabilité publique
*Le principe de sincérité budgétaire est garanti par l’existence de contrôlesadministratifs, politiques et juridictionnels :
Les contrôles juridictionnels interviennent au stade de la prévision (Cour Constitutionnelle) et au stade de l’exécution (Cour des
comptes). La cour constitutionnelle s’intéresse aux vices de forme qui sont à l’origine de l’insincérité d’un projet de LFs. Il s’agit alors de
vérifier s’il n’y a pas eu de mauvaise foi dans la présentation du budget.
B. La mise en œuvre difficile du principe de sincérité budgétaire
*L’appréciation de sa mise en œuvre demeure toujours incertaine.
*Le Conseil constitutionnel français :pour apprécier la sincérité d’une LFs, il faut mettre l’accent non pas tant sur les aléas inhérents à la
prévision budgétaire que sur « l’intention de fausser les grandes lignes de l’équilibre déterminé par la LFs ».
La portée du principe de sincérité budgétaire pousse à distinguer les lois de règlement des autres lois de finances.
Pour les premières en effet, la sincérité « s’entend en outre comme imposant l’exactitude des comptes ». En fait, la loi de règlement est la
seule de toutes les lois de finances qui n’a pas un caractère évaluatif, c’est pourquoi les conséquences en faisant ici de la fiabilité des
chiffres l’un des critères de leur sincérité.
La difficile mise en œuvre de ce principe provient aussi du caractère abstrait et moral du concept même de sincérité.
L’élaboration du projet de LFs par le gouvernement
L’établissement du BGE, qui est lié à la LFs de l’année, est un processus annuel renouvelé, long et complexe. Il commence par l’initiation
et lapréparation par le gouvernement du PLF (Projet de LFs), puis son dépôt et sa soumission au Parlement, et enfin sa discussion et son
vote, avant sa promulgation en tant que loi par le Roi puis sa publication au bulletin officiel afin qu’il devienne exécutoire.
I- Les intervenants en matière d’élaboration du PLF
*l’article 46 de la LOF dispose que :« sous l’autorité du Chef du Gouvernement, le ministre chargé des finances prépare les projets de lois de
finances conformément aux orientations générales ayant fait l’objet de délibérations au Conseil des ministres ».
*le terme « délibérations » est utilisé pour qualifier l’étape finale d’un projetde loi avant son dépôt au Parlement.
La LFs s’inscrit dans la droite ligne des règles constitutionnelles, d’une part en consacrant la suprématie du conseil des ministres et du rôle
« enfin » joué par le chef du gouvernement, et en privilégiant le rôle du ministre chargé des finances, car il s’agit ici d’élaborer le texte qui
va encadrer les F.Pub de l’État pour l’année à venir.
§1. Le chef du gouvernement
L’autorité du chef du gouvernement est consacrée par les textes, mais la pratique démontre que son rôle se minimise dans l’élaboration du PLF.
A. La consécration de l’autorité du chef de gouvernement par les textes
L’autorité du chef du gouvernement s’inscrit ici dans la logique des dispositions constitutionnelles relatives à sa fonction. article92 ,C
Ces considérations juridiques sont renforcées par des arguments économiques : la définition des mesures budgétaires, qui traduisent
l’interventionnisme étatique, constitue l’un des moyens majeurs que le gouvernement peut mettre au service de ses objectifs politiques.
La LOF vient traduire expressément cette prééminence institutionnelle du chef du gouvernement, en affirmant son autorité lors de
l’élaboration du PLF.
Dans ce cadre, il est précisé que cette autorité s’exerce dans le domaine de compétences du ministre chargé des finances. Ce qui exprime la
volonté de faire dominer les préoccupations politiques sur les considérations financières.
B. La portée de l’intervention du chef du gouvernement dans l’élaboration duPLF
« le Chef du gouvernement invite les ordonnateurs, par circulaire, à établir leurs propositions de recettes et de dépenses pour l’année budgétaire suivante »,
le chef de gouvernement assure la direction en cadrant, au tout début de la procédure, les grandes lignes du futur PLF par une « lettre de
cadrage » ; il en contrôle le bon déroulement ; il y dispose enfin d’un pouvoir de sanction, au sens large du terme, puisque il a la tâche de
régler les désaccords entre le ministre des Finances et les autres membres du Gouvernement , donc le ministre chargé des finances
semble relégué au second plan. Toutefois, l’exercice de cette autorité peut être restreindre par différents facteurs.
Premièrement, si l’autorité du chef du gouvernement est bien affirmée par les textes, il ne peut se heurter aux limites d’ordre institutionnel.
En effet, le Roi jouit de larges pouvoirs dans l’architecture constitutionnelle marocaine : c’est lui qui « nomme le Chef du Gouvernement »
et« à la suite de la démission du Chef du Gouvernement, le Roi met fin aux fonctions del’ensemble du gouvernement » (art47), et « préside le
Conseil des ministres » (art48). De toute façon, PLF ne peut être soumisà délibération en Conseil de gouvernement qu’après que ses orientations
générales aientété acceptées en Conseil des ministres (art. 49 Cst), ce qui réduit la marge de manœuvredu gouvernement.
Deuxièmement, des limites d’ordre technique peuvent affecter l’autorité du chef du gouvernement. Il manque de services techniques
spécialisés en matière financière et budgétaire, qui sont rattachés au ministère en charge de l’économie et des finances, qui dispose la
source des informations qui servent de base à l’élaboration duPLF, face à un chef du gouvernement aux compétences plus généralistes.
Enfin, la pratique démontre que l’autorité du chef du gouvernement en matière budgétaire peut être faible par les compétences spécifiques
du ministre des Finance . le ministre chargé des finances demeure, juridiquement, placé sous l’autorité du chef du gouvernement.
§2. Le rôle valorisé du ministre chargé des finances
* Il n’existe pas de nomenclature préétablie des ministères au Maroc. Le droit budgétaire emploie la dénomination de « ministre des
Finances ». La LOF a recours à la formulation du « ministre chargé des finances ». Ces options terminologiques traduisentdes choix politiques.
Placé sous l’autorité du Chef du gouvernement par les textes de référence lors de l’élaboration du PLF, le ministre chargé des finances peut
néanmoins voir son intervention valorisée dans la pratique.
A. Les fondements du rôle dévolu au ministre des Finances
le ministre chargé des finances est nommé par le Roi, sur proposition du Chef du gouvernement ; de même, c’est également sur
proposition du Chef dugouvernement qu’il peut être mis fin à ses fonctions : (au moins, en théorie)
la Constitution ne lui réserve pas de rôle spécifique
On note aussi que les décisions financières nécessitent le contreseing ‫ التوقيع‬du ministre des Finances.
les charges : le ministre des Finances a un rôle decoordonnateur en matière d’inscription des crédits alloués aux ministres pour faire face aux
dépenses de leurs ministères. Il examine et centralise ces demandes en évaluant leur pertinence à la réalisation des objectifs: il harmonise ces demandes, et
veiller à leur comptabilité qualitative et quantitative avec les recettes budgétaires et les impératifs d’équilibre et du déficit budgétaire.
Les Rces : le ministre des Finances est le seul « ministre-encaisseur » :au nom du Trésor public, qui relève de son ministère. Il monopolise la
perception et le recouvrement des recettes fiscales ;la détermination des recettes dépend de la législation fiscale adoptée par le Parlement.
L’interventionnisme budgétaire pousse le ministre des Finances à mettre en adéquation les stratégies économiques du gouvernement et les
moyens dont ilsdisposent à cet effet.
les grandes lignes des stratégies sont fixées par le Conseil des ministres puis le gouvernement, et les moyens financiers sont encadrés parla loi.
B. L’importance du rôle du ministre des Finances lors de l’élaboration du PLF
Le ministre des Finances qui « prépare les projets de LFs », assure la tâche de traduire en chiffres les objectifs économiques et financiers
du Gouvernement pourl’année à venir.
Les PLF sont élaborés en tenant compte des données économiques : contexte économique national et international, les masses budgétaires
(Rces et charges) doiventbien sûr être évaluées, afin d’être soumises à l’approbation du Parlement.
La fusion de l’économie et des finances au sein d’un même ministère = a pour objectif de créer un pôle économico-financier fort et efficient.
L’attribution de l’économie et des finances à deux ministères différents a pour objectif d’individualiser les contraintes et de mettre en
évidence les exigences dechaque secteur ; mais elle comporte les risques de manque de coordination entre les deux ministres
→En résumé, il n’existe pas un système idéal en la matière.
Sous le deuxième gouvernement de S.El Otmani (9 octobre 2019),on assiste à un regroupement de l’économie, des finances et de la réforme
de l’administration au sein d’un même ministère, le ministre de l’Économie et des Finances a hérité de deux portefeuilles ministériels :
le département des affaires générales et de la gouvernance et de la fonction publique et de la réforme de l’administration.
§3. Les Directions et services ministériels
L’organisation actuelle du ministère de l’Économie, des Finances et de la réforme de l’Administration est régie par le décret 2.07.995 du 23
octobre 2008 précise que «, elle est chargée de :
– préparer les projets de lois de finances et de veiller à l’exécution de ces lois ;
– élaborer le rapport accompagnant le projet de LFs qui définit les grandes lignes de l’équilibre économique et financier et expose les
résultats obtenus et les perspectives d’avenir ainsi que les variations des recettes et dépenses et ce en coordination avec les travaux de
préparation du budget économique ;
– définir les conditions de l’équilibre financier interne et externe, d’assurer la mobilisation des Rces nécessaires à cet effet, d’élaborer et
de mettre en œuvre lapolitique d’endettement ;
– élaborer et de mettre en œuvre la politique fiscale et douanière ;
– assurer le recouvrement des recettes publiques et le paiement des dépenses publiquesainsi que la gestion de la trésorerie publique ;
– assurer la liquidation et le paiement des rémunérations du personnel civil et militairede l’État et le paiement des pensions, allocations et
rentes ;
– contrôler toutes les opérations de recettes et de dépenses publiques ;
– viser les projets de textes susceptibles d’avoir une incidence financière directe ou indirecte »
A. La Direction du trésor et des finances extérieures
*La définition des conditions des équilibres macroéconomiques et contribution à leur réalisation.
*L’élaboration des prévisions de la balance des paiements,
*La définition du régime de change et contribution à la déclinaison de la politique du commerce extérieur.
*Elle s’attache plus particulièrement aux politiques monétaires et budgétaires ; elle contribue à la gestion de la dette et de la trésorerie,
*L’élaboration de la politique, la stratégie et les normes en matière des financements extérieurs.
*La préparation des textes législatifs et réglementaires dans les domaines de la monnaie, du crédit et des marchés des capitaux .
B. La Direction des études et des prévisions financières
Procéder à toute étude de nature à éclairer le ministre de l’Économie et des Finances en matière de politique économique nationale ;
Participer à la préparation du PLF à travers le pilotage des prévisions financières et l’élaboration du Rapport économique et financier
Analyser les informations économiques, financières et sociales et de suivre l’actualité économique nationale.
C. La Direction du budget
Proposer au ministre des stratégies en matière de F.Pub, et plus particulièrement une politique budgétaire adéquate.
Elaboration du PLF et les documents qui doivent l’accompagner. Elle veille ainsi à la mise en œuvre de la LOF, et compte maîtriser la
performance des dépenses publiques dans le cadre de la nouvellelogique de résultats, à la cohérence de LFs en programmes et actions.
Organise la concertation entre les ministres qui sollicitent des crédits et le ministère des Finances qui doit centraliser ces demandes.
Prépare les projets de lois de finances initiales et des projets de lois de finances rectificatives.
Le suivi et pilotage de l’exécution budgétaire des masses budgétaires (R et D), et élabore également les projets de lois de règlement.
D. La Direction générale des impôts
La DGI est chargée du calcul, du recouvrement et du contrôlede l’impôt, la DGI constitue un exemple significatif de la réforme de l’État.
Attribue à l’élaboration du PLF . Elle accomplit une fonction d’expertise et de conseil financier qui provient directement de sa mission
de recouvrement des recettes de l’État et d’exécution des dépenses publiques, elle assure des compétences en matière d’élaboration de
dispositionslégislatives et réglementaires à caractère fiscal.
Autres direction :La Direction des entreprises publiques et de la privatisation l’Administration des douanes et impôts indirects,
l’Inspection générale des finances.
II. Le processus d’élaboration du projet de LFs
§1. Le contexte de l’élaboration du PLF
*le gouvernement doit ajuster les masses budgétaires vers l’équilibre. Rappelons que le FMI fixe un plafond de 3 % en termes de déficit
budgétaire. (l’objectif de contrôle de l’inflation à un niveau proche de 2 %).
*le PLF devra maîtriser les dépenses de l’État afin qu’elles n’excèdent pas le montant attendu des recettes ordinaires de l’État,
*le gouvernement envisage de ramener l’endettement du Trésor à 60 % du PIB d’ici à 2021, il se fixait encore à plus de 65 % en 2018.
*le futur budget devra s’inscrire dans les engagements qu’a pu s’assigner l’État en matière de programmation pluriannuelle de ses F.Pub
*Les dispositions relatives à la programmation budgétaire pluriannuelle sont entrées en vigueur le 1er janvier 2019.
*L’élaboration du projet de LFs doit aussi tenir compte de contraintes économiques à côté des contraintes juridiques.
*les décisions budgétaires dépendent dans une large mesure du contexte économique, tant au niveau national qu’international. Le
gouvernement ne peut donc pas en être exempt(n'est pas obligé d'accomplir qlqc).
§2. Le calendrier du budget gouvernemental : les étapes des procéduresd’élaboration du projet de loi de finances
On doit rappeler ici que la LOF ne précisait pas la procédure d’élaboration du PLF, le Gouvernement a tenté de mettre à profit la liberté qui lui
était ainsi laissée pour adaptercette procédure aux nouvelles exigences de la logique de résultats au lieu de l’anciennelogique des moyens.
En outre, il faut également intégrer à cette procédure la Programmation Budgétaire Triennale (PBT=3ans) vise de renforcer le cadre de
gestion des F.Pub et d’améliorer la cohérence entre les stratégies sectorielles tout en préservant l’équilibre financier de l’État.
La LOF est entrée en vigueur à partir du 1er janvier 2016. La LFs pour 2016 est donc la première LFs élaborée et exécutée « en mode LOF ».
Le processus de préparation du projet de LFs de l’année englobe les étapes suivantes :
● Avant le 15 mars, le Chef du gouvernement invite par circulaire, les ordonnateurs à établir leurs propositions de programmations triennales
● Avant le 15 mai, les propositions sont examinées en commissions de programmation et de performance ;
● Avant le 15 juillet, le ministre chargé des finances expose, en Conseil du gouvernement, l’état d’avancement de l’exécution de la LFs en
cours et présente la programmation triennale des Rces et des charges de l’État ainsi que les grandes lignes du projet de LFs de l’année à venir.
● avant le 31 juillet : le ministre chargé des finances expose devant les commissions desfinances du Parlement, le cadre général de préparation du
projet de LFs de l’année suivante. Cet exposé comporte aussi l’évolution de l’économie nationale, l’étatd’avancement de l’exécution de la LFs en
cours à la date du 30 juin, les données relatives à la politique économique et financière et la programmation budgétaire triennale globale.
Invitation, par circulaire du Chef du gouvernement, des ordonnateurs à établir leurs propositions de Rcte et D pour l’année budgétaire à venir ;
● Septembre-début octobre: Centralisation et examen des propositions des départements ministériels en ce qui concerne les Rct, les dépenses, les
projets de performance dans le cadre des commissions budgétaires et montage du projet de LFs et des documents qui l’accompagnent ;
● Début octobre : Suivi de l’adoption des orientations du projet de LFs de l’année au conseil des ministres et au conseil du gouvernement ;
● Le 20 octobre : dépôt du projet de LFs de l’année au bureau de la chambredes représentants.
Loi de Finances et le parlement
Section 1. La discussion et le vote du budget
§ 1. L’information du Parlement
La LFs est adoptée selon les modalités prévues par l’article 75 de la Constitution et les dispositions de la LOF : procédures et règles sont
déterminées dans un souci de rationalisation de la procédure législative.
A. Le dépôt et la présentation du PLF
1. Le dépôt du projet de LFs
L’article 75 de la constitution : « Le Parlement vote la LFs, déposée par priorité devant la Chambre desReprésentants ».
l’article 48 de la LOF dispose que : « Le projet de LFsde l’année est déposé sur le bureau de la Chambre des représentants, au plus tard le 20
octobre de l’année budgétaire en cours ».
2. Les documents annexes du projet de LFs
Ces annexes explicatives contiennent :
(1) Note de présentation de la lfs comportant des données concernant les investissements du bgeainsi que les impacts financiers et
économiques des dispositions fiscales et douanières proposées ;
(2) Rapport économique et financier ;
(3) Rapport sur les établissements et entreprises publics ;
(4) Rapport sur les services de l’État gérés de manière autonome ;
(5) Rapport sur les comptes spéciaux du Trésor ;
(6) Rapport sur les dépenses fiscales ;
(7) Rapport sur la dette publique ;
(8) Rapport sur le budget axé sur les résultats tenant compte de l’aspect genre ;
(9) Rapport sur les Rces humaines ;
(10) Rapport sur la compensation ;
(11) Note sur les dépenses relatives aux charges communes ;
(12) Rapport sur le foncier public mobilisé pour l’investissement ;
(13) Note sur la répartition régionale de l’investissement
Le projet de LFs de l’année peut être également accompagné d’un rapport sur les comptes consolidés du secteur public.
3. La présentation du projet de LFs
l’article 68 de la C :Le Parlement tient une réunion commune de ses deux Chambres lors de la présentation du projet de LFs (représenté par le
ministre de l’Économie, desFinances et de la réforme de l’administration) .
4. Le rôle des commissions des finances dans l’examen préalable
Les commissions des finances doivent être informées des décrets de création des CST, de virements, de transferts ou d’annulations de crédits.
L’article 48 de la LOF :dès le dépôt du PLF à la chambre des représentants, la commission chargée des finances de cette chambre étudie le
projet. Même si ce travail est important, il reste limité par le fait que le PLF soit celui du Gouvernement. ce travail est destiné à une
meilleure information des 2 chambres, ceux-ci doivent présenter un rapport sur l’ensemble du projet de LFs initiale.
Parallèlement aux travaux de la commission des finances, les autres commissions permanentes, à l’exception de la commission de contrôle
des F.Pub, procèdent à l’examen des projets de budgets sectoriels des départements ministériels qui relèvent de leur compétence.
Le règlement intérieur de la chambre des représentantsfixe les compétences des commissions permanentes.
Pour synthétiser l’utilité du travail en commission, on retiendra deux points :
● Les amendements au projet de LFs sont majoritairement préparés par la commission des finances.
● La commission des finances commence ses travaux par l’audition du ministre des Finances ; suivie par la discussion générale sur le
projet de la LFs puis une discussion article par article du texte et des propositions d’amendement pour une durée qui ne doit pas dépasser 5jrs
Enfin, une réunion est consacrée exclusivementpour examiner et voter les amendements.
§2. Le vote de la LFs
A. des délais précis
L’article 49 de la LOF fixe un délai de 58 jours pour l’examen du projet de LFs : 30 jours pour la première lecture par la chambre des
représentants depuis le dépôt ; 22 jours pour la première lecture par la chambre des conseillers à compter de sa saisine ; 6 jours pour l’examen
par la chambre des représentants des amendements votés par la chambre des Conseillers et pour l’adoption en dernier ressort du projet de LFs.
Au-delà de ces 58 jours, si le projet de LFs n’a pas été adopté par le Parlement, le Gouvernement ouvre par décret les crédits nécessaires à la
marche des services publics.
La C permet au Gouvernement d’utiliser 2 procédures pour accélérer le processus de vote et imposer sa politique budgétaire :
● L’article 83 alinéa 2 de la Constitution permet un vote « bloqué », cad que la chambre saisie se prononce par un seul vote sur tout ou
partie du projet de loi, en ne retenant que les amendements proposés ou acceptés par le Gouvernement. Cela lui permet de supprimer les
amendements contraires à ses propres choix. Cet article concerne la chambre des représentants comme la chambre des conseillers.
→La Chambre concernée peut s’opposer à cette procédure à la majorité de sesmembres.
● L’article 103 de la constitution stipule que le Gouvernement peut engager sa responsabilité afin que la Chambre des Représentants
adopte le projet de loi. La chambre basse ne peut refuser le texte qu’en votant la majoritéabsolue. Lorsque le Gouvernement utilise cet article, le
texte est considéré comme adopté même sans vote. Il s’agit d’une procédure qui permet au chef de gouvernementde discipliner sa majorité.
B. La discussion en séance publique et le droit d’amendement
1. Les différents votes
La seconde partie du projet de LFs (dépenses) ne peutêtre soumise au vote de l’une des deux Chambres du Parlement avant le vote de
la première partie(Rces )Dans le cas où la première partie est rejetée, la seconde partie ne peut être soumise au vote. Le rejet de la première
partie par l’une des deux Chambres du Parlement est considéré comme rejet du projet dans son ensemble par la même Chambre.
*Les dispositions de la LF sont votées article par article.
En outre, les articles 52, 53, 54 et 55 de la LOF organisent les votes des différents éléments du projet de LFs :
BGE SEGMA Compte spéciaux de Trésor
LES RECETTES un vote d’ensemble un vote d’ensemble un vote par catégorie
LES DEPENSES un vote par titre et à l’intérieur un vote d’ensemble par un vote par catégorie de
d’un même titre par chapitre département ou institution comptes spéciaux
auquel ils sont rattachés
La discussion de la première partie de la LFs occupe la première semaine des débats. Le ministre des finances commence par présenter les grandes
orientations du projet. Il y a ensuite un discours du rapporteur général de la commissiondes finances et du développement économique relatif au PLF.
Enfin, lors de la discussion générale, les orateurs des groupes parlementaires interviennent. Une fois la discussion générale terminée, les député(e)s
examinent chacun des articles de la première partie et votent ensuite sur l’ensemble de cette partie.
Une fois la première partie adoptée, la chambre des représentants entame la discussionde la seconde partie du projet de LF, dont l’unité de vote est le
chapitre. Ladiscussion se termine par un vote de l’ensemble du projet de LFs. Le projetde LF est ensuite transmis à la chambre des conseillers pour
discussion. En cas de rejet du projet par la Chambre des conseillers, la Chambre des représentants est saisie pour examen, dans le cadre de la
deuxième lecture, du texte rejeté par la Chambredes conseillers.
2. Le pouvoir d’amendement
l’article 83 de la Constitution : « Les membres de chaque Chambre du Parlement et le gouvernement ont le droit d’amendement » .
Un amendement :une modification, soumise au vote, en vue de corriger, compléter ou annuler tout ou une partie d’un projet de loi en cours
de discussion ou d’une loi préexistante ou d’y insérer des dispositions nouvelles.
Le droit d’amendement a certaines limites qui empêchent la discussion dans plusieurs cas :
Irrecevabilités financières : 2ème alinéa de l’article 77 de la Constitution, « aurait pour conséquence, par rapport à la LFs, soit une
diminution des Rces publiques, soit la création ou l’aggravation des charges publiques ».: les parlementaires ne peuvent pas diminuer les
Rces publiques et ils ne peuvent pas aggraver une charge publique.
la notion de charge publique s’applique aux « crédits ouverts au titre du chapitre », le droit d’amendement est élargi par l’article 56 de la
LOF. il permet le dépôt d’amendements parlementaires modifiant la répartition des crédits entre les programmes d’un même chapitre. à
condition que ces mouvements de crédits ne conduisent pas à dépasser le montant global des crédits du chapitre concerné.
Ces articles amendements doivent être justifiés et accompagnés des ajustements nécessaires aux objectifs et indicateurs relatifs aux programmes concernés ;
Irrecevabilité matérielle : un amendement qui relève du domaine réglementaire et nondu domaine de la loi est irrecevable ; 79 Constitution
Irrecevabilité procédurale : un amendement sans rapport direct avec la LFspeut être déclaré irrecevable ;
Irrecevabilité des amendements non soumis au préalable à la commission : l’article 83 de la Constitution prévoit qu’« après l’ouverture
du débat, le gouvernementpeut s’opposer à l’examen de tout amendement qui n’a pas été antérieurement soumisà la commission intéressée ».
Section 2. La portée de l’autorisation parlementaire
§1. L’exercice du pouvoir réglementaire par le gouvernement
l’article 70 de la Constitution :le gouvernement a la possibilité de recourir à une « loi d’habilitation » pour l’autoriser, pendant un délai limité
et en vue d’un objectif déterminé, à prendre par décret des mesures qui sont normalement du domaine de la loi.
La loi organique des finances prévoit explicitement les domaines d’habilitation, dont on peut citer :
● En cas d’urgence et de nécessité imprévue, des comptes spéciaux du Trésor peuvent être créés, en cours d’année budgétaire, par décrets,
● En cas de nécessité imprévue d’intérêt national, des crédits supplémentaires peuvent être ouverts par décret en cours d’année
conformément à l’article 70 de la Constitution. Les commissions parlementaires chargées sont préalablement informées. (art 60 lOF).
§2. Les mesures correctives du gouvernement lors de l’exécution de la LFs
Le gouvernement peut intervenir au cours de l’année afin de corriger certaines mesuresfinancières par le biais des décisions ministérielles :
Les transformations de postes budgétaires vacants peuvent être opérées, en cours d’année budgétaire, par arrêté du ministre chargé des
finances sur proposition du ministre intéressé. (art 19 du décret relatif à l’élaboration et à l’exécution des lois de finances)
Les redéploiements de postes budgétaires, en cours d’année, ne peuvent être opérés qu’à l’intérieur du même chapitre du personnel relatif
au département ministériel ou institution concerné, par décision de l’ordonnateur intéressé.
Le report des crédits ouverts : les crédits ouverts au BGE au titre d’une année budgétaire donnée ne peuvent être reportés sur l’année
suivante, ce principe connait une exception concernant les crédits de paiement pour l’investissement du BGE et qui n’auraient pas fait
l’objet d’un ordonnancement en fin d’exercice : ils peuvent être reportés dans la limite d’un plafondde 30 % des crédits ouverts par la LFs.
Virement des crédits :
Virements de crédits entre programmes d’un même chapitre : Le ministre chargé des finances peut, à la demande des ordonnateurs
intéressés, autoriser par décision des virements de crédits entre programmes d’un même chapitre. Le montant cumulé, ne peut excéder, pour
chacun des programmes concernés, le plafond de dix pour cent (10 %) des dotations initiales ouvertes par la LFs (chapitre de matériel et
dépenses diverses et d’investissement) Ce plafond ne s’applique pas aux virements entre programmes du chapitre du personnel.
Virements de crédits entre régions : Le ministre chargé des finances peut, sur proposition des ordonnateurs intéressés, autoriser ces derniers
ou leurs sous- ordonnateurs à procéder, par décision, à des virements de crédits entre régions à l’intérieur d’un même programme.
§3. La faiblesse des instruments de suivi et de contrôle
Le contrôle est limité en pratique par divers obstacles :
L’insuffisance des Rces humaines du parlement spécialisées dans la question financière
Le retard de présentation des lois de règlements, parfois jusqu’à six ans. Alors que conformément à l’article 76 de la C la LF est déposé
annuellement, en priorité, sur le bureau de la Chambre des représentants,au plus tard,à la fin du premier trimestre dudeuxième exercice qui suit.
L’'exécution de la LFs
l'art 50 de la : "le Roi promulgue la loi dans les trente jours qui suivent la transmission au gouvernement de la loi définitivement adoptée".
« La comptabilité publique s'entend de l'ensemble des règles qui régissent, sauf dispositions contraires, les opérations financières et
comptables de l'Etat …» (Article 1 du Décret Royal portant règlement de la comptabilité publique) .
Section 1. Le principe de séparation des ordonnateurs et des comptables
l’art 4 du décret: « Les fonctions d’ordonnateur et de comptable sont incompatibles, sauf dispositions contraires ».
§1. L’affirmation du principe
La séparation des ordonnateurs et des comptables constitue un principe fondamental dela comptabilité publique.
A. L’énoncé du principe
l’art 4 du décret: « Les fonctions d’ordonnateur et de comptable sont incompatibles, sauf dispositions contraires ».
le rôle du de l’ordonnateur est d’ordonner une décision sur les D et R ; alors que le comptable doit simplement effectuer une série de
contrôles avant de débourser les recettes ou de payer les dépenses.La méconnaissance de ce principe conduit à la sanction.
Objectifs :la lutte conte la corruption.
La juxtaposition des compétences de l’ordonnateur et du comptable public doit permettre d’évaluer la régularité des comptes, dont dispose le
comptable public (compte de gestion) et d’autre part par l’ordonnateur (compte administratif).
B. Les aménagements et les exceptions au principe
1. Les aménagements
a. La régie financière
Il s’agit de confier à une personne, le régisseur, la capacité de liquider et de manier l’argent public.
b. Le paiement sans ordonnancement préalable ou avant service fait
Le Décret Royal portant règlement de la comptabilité publique prévoit que Le ministre des finances dresse, par voie d’arrêté, la liste des
dépenses qui peuvent être payées sansordonnancement préalable.
c. Le droit de réquisition
Est le droit de l’ordonnateur d’obliger le comptable à payerdes dépenses. Cela indique la supériorité de l’ordonnateur sur le comptable.
Si l’ordonnateur exerce son droit de réquisition le comptable, la responsabilité du comptable passe vers l’ordonnateur,
→le droit de réquisition n’est pas absolu.
2. L’exception : la gestion de fait (comptabilité de fait)
Si le principe de séparation est méconnu, il donne lieu à une comptabilité de fait,appelée gestion de fait. Dans ce cas, une personne (physique
ou morale,ordonnateur ou tiers) se sera comportée comme un comptable public de fait et devra alors être qualifiée de comptable de fait.
Le comptable de fait, est toute personne qui effectue sans y être habilitée par l’autorité compétente, des opérations de recettes, de dépenses,
de détention et de maniement de fonds ou de valeurs appartenant à des organismes publics.
La cour des comptes :juge la comptabilité de fait, pour vérifier que autres que le comptable de droit, soient justiciables du juge des comptes ;
Lorsqu’une personne est reconnue comptable de fait elle doit rendre ses comptes à la cour des comptes et conduire à sa mise en débet.
§2. Les comptables publics
Se sont des comptables publics à titre principal et des fonctionnaires qui sont spécifiquement responsables d’une fonction comptable.
Il dispose de l’exclusivité du maniement des fonds publics, en contrepartie d’une responsabilité élevée.
A. Les différentes catégories de comptables publics
L’article 3, alinéa 3 du Décret Royal le comptable est : « tout fonctionnaire ou agent qui exécute des opérations de recettes, de dépenses
ou de maniement de titres, soit au moyen de fonds et valeurs dont il a la garde, soit par virements internes d’écritures, soit encore par
l’entremise d’autres comptables publicsou de comptes externes de disponibilités dont il ordonne ou surveille les mouvements ».
Les différentes catégories de comptables publics , Sont chargés du recouvrement des créances publiques les comptables ci-après :
– le trésorier général du Royaume ;
– le trésorier principal ;
– le payeur principal des rémunérations ;
– Les trésoriers ministériels ;
– les trésoriers préfectoraux et provinciaux ;
– les trésoriers communaux, les percepteurs et les receveurs communaux ;
– les receveurs des douanes et impôts indirects ;
– les receveurs de l’administration fiscale ;
– les secrétaires greffiers des juridictions du Royaume ;
– les receveurs de l’enregistrement ;
– les secrétaires-greffiers des juridictions du Royaume pour les amendes et condamnations pécuniaires, frais de justice et la taxe judiciaire ;
– les agents comptables des établissements publics pour les créances des établissements ;
B. Le rôle des comptables publics
L’article 9 du Décret Royal portant règlement de la comptabilité publique prévoit que les missions du comptable public sont seuls chargés :
« …du recouvrement des ordres de recettes qui leur sont remis par les ordonnateurs, des créances constatées par un contrat, un titre de
propriété ou autre titre dont ils assurent la conservation, ainsi que de l’encaissement des droits au comptant ; du paiement des dépenses, soit
sur ordre émanant des ordonnateurs accrédités, soit au vu des titres présentés par les créanciers, soit de leur propre initiative, ainsi que de
la suite à donner aux oppositions et autres significations ».
FONCTION : Le recouvrement et de dépense, le précontrôle sur les opérations administratives effectuées par l’ordonnateur.
Le rôle des comptables pour les dépenses est défini aussi par l’article 33 de la LOF :
« …de l’élaboration des comptes de L’Etat. Ils veillent au respect des principes et des règles comptables en s’assurant notamment du respect
de la sincérité des enregistrements comptables, du respect des procédures et de la qualité des comptes publics ».
C. La responsabilité des comptables publics
Tous les comptables de l’Etat sont soumis aux vérifications de l’inspection générale des finances
Le contrôle de la gestion des comptables a lieu sur place et sur pièces :
Le contrôle sur place est assuré, selon les règles propres a chaque catégorie de comptables, par leurs supérieurs hiérarchiques, les
corps de contrôle compétents et par l’inspection générale des finances.
Le contrôle sur pièces incombe au juge des comptes ou au trésorier général agissant sur la délégation de ce dernier
Les comptables sont responsables des actes dont ils sont chargés, soit les dépenses ou les recettes
Si la Cour des comptes ou la chambre régionale des comptes, constatent une irrégularité ils vont l’obliger à rembourser la somme en question.
Si la CC établit que les infractions ont causé une perte à l’un des organismes, elle ordonne à l’intéressé le remboursement à cet organisme des
sommes correspondantes, en principal et intérêts. Les intérêts sont calculés selon le taux légal, à compter de la date de l’infraction.
Section 2. Les opérations d’exécution
§1. Le recouvrement des recettes de l’Etat
Le recouvrement des recettes de l’État nécessite un fait générateur des impôts. C’est unacte légal ou une situation économique qui crée la dette fiscale.
On distingue :
La phase administrative : relève de la responsabilité de la direction des impôts, qui détermine le montant des éléments imposables
(l’assiette), calcule le montant des impôts (liquidation) et émet un titre de perception.
La phase comptable : Lescomptables publics vérifient uniquement si l’autorisation de percevoir les impôts figure dans la LFs.
§2. L’exécution de la dépense 4 Etapes
A. La phase administrative
L’ordonnateur s’occupe des trois étapes administratives de la dépense, à savoir :
a. L’engagement
L’engagement est l’acte juridique par lequel l’organisme public crée ou constate une obligation de nature à entraîner une charge
C’est l’acte initial du processus de la dépense publique
b. La liquidation
La liquidation a pour objet de vérifier la réalité de la dette et que le service a été fait et d’arrêter le montant de la dépense ».
Chaque engagement doit rester dans la limite des autorisations budgétaires et demeurersubordonné aux décisions par rapport les lois ou règlements.
c. L’ordonnancement
L’ordonnancement est un acte administratif par lequel l’ordonnateur donne au comptable l’ordre de payer la dette de l’organisme public telle
qu’elle résulte de l’opération de liquidation matérialisée par une ordonnance de paiement.
B. La phase comptable/CP
* le paiement est l’acte par lequel l’organisme public se libère de sa dette
Le CP est chargé de cette dernière partie, après une série de contrôles (Contrôle de la qualité de l’ordonnateur, son délégué ou suppléant ;
l’exactitude des calculs de liquidation ; contrôle de l’intervention préalable des contrôles réglementaires ; le contrôle de la justification du
service fait ; le contrôle du respect des règles de prescription et de déchéance ; le contrôle du caractère libératoire du règlement.)
Le paiement ne peut pas intervenir avant l’échéance de la dette et l’exécution du service. Toutefois, ils y a des exceptions :«des acomptes peuvent
être consentis au personnel, soit par voie de régie, soit par voie de mandatement direct, dans les conditions fixées par le ministre des Finances.
Des acomptes peuvent également être consentis aux fournisseurs et entrepreneurs dans les conditions qui sont fixées par décret ».
Les comptables constatent les irrégularités et les omissions, le cas échéant, en donnent avis motivé aux ordonnateurs pour que ceux-ci
fassent les régularisations nécessaires. En attendant la réponse de l’ordonnateur, le comptable suspend le paiement.
→ L’ordonnateur a deux possibilités, soit régulariser le paiement, soit utiliser la procédure de réquisition, en cas de refus du paiement, qui
consiste à obliger le comptable à payer,mais cela a pour effet de transférer la responsabilité du paiement du comptable public à l’ordonnateur.
Néanmoins, en matière de dépenses, il existe un droit exorbitant du droit commun. Ce droit se manifeste par la prescription quadriennale.

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