Droit Budgétaire
Droit Budgétaire
Droit Budgétaire
Section 1. Définitions :
L’expression générique « F.Pub » renvoie fréquemment aux finances des « Administrations » au sens large.
Section 2 : Droit budgétaire et droit public
§1. Droit budgétaire et droit constitutionnel
Le droit budgétaire doit respecter la répartition constitutionnelle descompétences entre les pouvoirs :
« Le Parlement vote la LFs » ensuite « le Gouvernement qui en assure l’exécution ».
Les procédures qui composent la procédure législative se retrouvent dans la procédure « budgétaire » d’adoption des lois de finances
Les lois de finances sont l’objet d’un contrôle de constitutionnalité par la Cour constitutionnelle.
La Cour des comptes a une mission d’assistance au Parlement et au Gouvernement à diverses étapes du processus budgétaire
§2. Droit budgétaire et droit administratif
Les F.Pub de l’État assurent la mise en œuvre de l’action administrative, le droit budgétaire fait appel à des procédures du droit
administratif, dont les prérogatives de puissance publique (tel le recouvrement de l’impôt « par voie d’autorité »), et les procédures relatives
à l’exécution de décisions administratives (la rémunération des fonctionnaires est régie par le droit de la fonction publique…).
§3. Droit des F.Pub et droit international public
Tout évènement international (épidémie, guerre, crise énergétique,) a des répercussions sur les finances de l’ensemble des États du monde.
Le droit international (les traités) exige aux États des obligations qui ont des impacts financiers.
Le fait qu’un État soit membre d’une organisation internationale implique une contribution financière nationale à son fonctionnement,
Section 3. Droit budgétaire et politique économique
§1. Droit budgétaire et économie
Les F.Pub forment le support des choix économiques nationaux.
Les budgets de l’État sont principalement sollicités lorsque l’économie mondiale interdépendante est perturbée(covid19)
§2. Droit budgétaire et politique
Les dispositions du droit budgétaire constitue l’outil favorisé de mise en œuvre des décisions politiques nationales.
La notion de « politique publique » est une référence déterminante des F.Pub au Maroc.
La LOF (loi organique relative à la LFs) a mis en place une structuration du budget en programmes budgétaires.
Une corrélation juridique expresse est établie entre les prévisions financières de l’Etat et les politiques publiques.
Section 4. L’évolution des F.Pub au Maroc
Le Maroc disposait d’une organisation financière axée sur l’institution du corps des oumanas jusqu’au début du 20e siècle. Le premier
budget marocain, dans l’acception « moderne » du terme, remonte à 1913.
§1. Le corps des Oumanas
C’est sous le règne du sultan Slimane ben Mohammed (1792-1822) que fut constitué le corps des oumanas placé sous les ordres
de l’Amin El Oumana =ministre des Finances. Ce corps a été modernisé, sous le règne du Sultan Hassan 1er (1873-1894) et comprenait
une administration centrale et une administration locale.
A. Amin al oumana
Il contrôle le recouvrement des impôts et les droits de ports ainsi que leurs dépenses. À cet effet, il recevait des rapports de :
l’Amin des rentrées, chargé de la perception des recettes l’Amin des comptes, chargé du contrôle de la comptabilité
l’Amin des sorties, chargé de l’exécution des dépenses transmise par les différents oumanas.
Les états fournis étaient remis au Sultan, lequel les communiquait à la béniqua = Cour des comptes.
B. Les Oumanas centraux
Au niveau central, on distinguait :
L’amin des rentrées = centraliser le produit des recettes de l’État récoltées par les différents oumanas, qu’il versait ensuite au Bayt al-mal
en présence de 2 adouls. Disposant d’une béniqa au méchouar, il inscrivait sur son registre toutes les sommes.
Les oumanas des dépenses (oumana el sayr) = assurer le paiement des dépenses du makhzen (traitement des vizirs « les ministres », solde
des troupes et autres dépenses de l’Etat), sur les fonds du Bayt al-mal .
L’Amin des comptes (amin al hisabat)= contrôler la comptabilité transmise par les oumanas sur l’ensemble du territoire, ainsi que les états
relatifs aux arrêtés définitifs de leurs écritures.
chaque Amin était tenu de lui envoyer, en double exemplaire, un état hebdomadaire de ses recettes. De même qu’il devait lui expédier, dans
les sept jours qui suivaient la fin de chaque mois, le compte détaillé du mois écoulé.
Amine chkara ou al atba, qui s’occupe des dépenses du Sultan durant sa résidence au palais et contrôle les comptes des Oumanas des
dépenses et leurs états des dépenses avant que ces derniers ne les présentent au Sultan. Il est également chargé de veiller sur les caisses du
Sultan.
C. Les Oumanas locaux
Au niveau local, il existait toute une variété d’oumanas :
Les oumana de douanes : installées dans les ports, ils perçoivent des droits d’export et d’import. Le makhzen en avait fait ses banquiers.
Les Oumanas du mostafade, considérés comme chefs des services financiers dans les villes, ils recouvrent, au niveau des villes, les moukous
(droits deportes, de sabots) qui sont des taxes sur le commerce intérieur, les impôts religieux, les produits du domaine et assurant l’entretien et
la location des biens domaniaux « » أمﻼك الدولة.
Les oumanas el Khers : exerçaient dans les zones rurales. Ils évaluaient l’Achour, estimaient les récoltes et encaissaient les impôts, qu’ils
versaient à l’Amin el mostafad de la ville la plus proche.
Les différentes dynasties qui ont gouverné le Maroc, ont veillé à la constitution de Bayt al-mal pour conserver les fonds et l’argent qui
proviennent de la Zakat, du Kharaj, d’Elfaye, de la Jézya, et de l’Achour. (Fonds en monnaie, l’or, les produits agricoles et les marchandises).
§2. L’adoption de la gestion budgétaire
L’ingérence française et les résultats de la conférence d’Algésiras de 1906=le budget faisait son émergence non pas comme un outil de gestion
financière et comptable seulement, mais comme un moyen d’intervention de la puissance coloniale, pour contrôler la situation financière du pays.
Le 1er budget établi par la France en 1910 et se limitait à la région de Chaouia. →la région de Meknès en décembre1912→ à Rabat, Fès
→Marrakech en janvier 1913 →territoire du Tadla en juillet 1913.
La Direction générale des Finances était mise en place en juillet 1912= BGEde l’Empire chérifien et des biens domaniaux.
Le dahir du 1917 sur la comptabilité publique confia le pouvoir financier aux comptables du Trésor. En conséquence, l’exécution du
BGEdevient régulière à partir de 1918.
La création du ministère des Finances en 1956,le premier budget national en 1958.La 1ere la loi organique de finances1963(constitution1962)
La Constitution va consacrer le principe de l’autorisation budgétaire accordée par le parlement, qui vote la LFs.
Section 5. Le budget
Provenant de l’anglais « budget », lui-même emprunté à l’ancien français bougette « petit sac de cuir »,
Le budget =un acte par lequel sont prévues et autorisées les recettes et les dépenses des organismes publics. C’est un instrument financier et comptable.
Le budget≠compte=enregistre l’activité financière sur une période écoulée (les comptes admin et de gestion pour les collectivités territoriales).
Le budget: un tableau des Rces et les charges permanentes, pour l’année au titre du quel il est établi. Il est composé d’une série de comptes dont l’intitulé
indique la nature et l’affectation, et dont le total représente le produit ou le coût probable. Il donne la traduction chiffrée des actes de l’État.
§1. La définition du BGEet son contenu
A. Le budget de l’État et le budget général.
Le budget de l’État est structuré de 3 composantes: budget général, budgets des services de l’État et budgets des comptes spéciaux du trésor.
Le BGEse compose de deux parties : les Rces et les charges.
Les Rces du BGE: les recettes fiscales, les recettes non fiscales et les recettes d’emprunt.
Les charges du BGE: les dépenses de fonctionnement, et d’investissement et les dépenses relatives au service de la dette publique.
B. La LFs de l’année et le budget général
La LFs de l’année comprend deux parties : la première partie arrête les données générales de l’équilibre financier ; et la deuxième partie
arrête pour chaque ministère ou institution, par chapitre, les dépenses du budget général ; par service, les dépenses des services de l’État
gérés de manière autonome rattachés au ministère ou institution concernée ; par compte, les dépenses des comptes spéciaux rattachés au
ministère ou institution concernés.
Le BGE: partie de la LFs qui retrace toutes les recettes et toutes les dépenses de l’État à l’exception de celles retracées au niveau des budgets
des services de l’État gérés de manière autonome et des comptes spéciaux du trésor.
C. La loi de règlement et le budget général
la loi organique relative à la LFs définit la loi de règlement comme celle « qui a pour objet de constater et arrêter le montant définitif des recettes
encaissées, des dépenses dont les ordonnances sont visées, se rapportant à une même année budgétaire, d’approuver le compte de résultat de l’année et
d’affecter au bilan le résultat comptable de l’exercice ».
La loi de règlement est un acte rétrospectif alors que le BGEest un acte de prévision.
La loi de règlement permet de comparer les appréciations du budget et les réalisations réelles, ce qui aide à améliorer les processus
d’évaluation et de prévision des prochains budgets.
D. Le plan économique et social et le budget général
Le plan : « un outil scientifique et technique qui vise la planification des actions dans un cadre cohérent et à durée déterminée » C’est un instrument
qui oriente les Rces de l’État (naturelles, humaines et monétaires), d’une manière cohérente pour atteindre les objectifs éco et sociaux.
On différencie le BGEet le plan économique et social au niveau des points suivants :
● Le plan est global, il concerne une panoplie d’activités éco ≠le BGEse focalise sur les Rces et les charges publiques seulement.
● Le plan s’étale sur une durée moyenne ou longue, alors que la durée du BGEcouvre une année.
● Le plan, dans les pays capitalistes, est souple et ne contient pas de dimension obligatoire ≠le budget est obligatoire.
§2. Les caractères du budget général
A. le BGEest un acte de prévision
Le gouvernement, compte tenu des études d’information effectuées par le Ministère de l’Économie et des Finances, en fonction de la situation
économique et financière, de la politique qu’il entend suivre et des objectifs du pays, procède, d’une part, à une estimation des Rces estimés -
impôts existants ou ceux qu’il croirait devoir créer ou majorer - fixe, d’autre part, la masse globale des dépenses estimées par le pays et, par
voie de conséquence, arrête le « découvert »approximatif qu’il appartiendra à la Trésorerie de couvrir.
B. Le budget est un acte d’autorisation à caractère politique
Gaston Jèze en 1922, le budget : « un acte essentiellement politique» Il doit faire l’objet d’un vote traduisant une délibération démocratique et des choix politique.
Le principe de l’autorisation préalable par le Parlement est le rslt du principe de légalité. L’application de ce principe distingue entre :
L’autorisation des recettes: c’est l’obligation qui stipule que les fonctionnaires qui ne poursuivent pas le recouvrement des contributions et des
taxes en vigueur sont passibles des peines infligées aux concussionnaires. L’acte d’autorisation est un acte d’autorité.
L’autorisation des dépenses: pas d’obligation absolue, sauf pour certaines dépenses obligatoires. Pour les autres, c’est à chaque ministre,
responsable du budget de son département, qu’il appartient de décider des engagements qui seront imputés sur les crédits que le budget
lui a accordés. L’autorisation comporte, en principe, limitation : le droit pour le ministre d’effectuer des dépenses au titre d’un chapitre
donné ne peut dépasser le plafond constitué par les crédits qui lui ont été ouverts.
Troisième autorisation au Gouvernement : rechercher les moyens de résorber le déficit, « impasse » ou « découvert ».
C. Le budget est un acte d’une durée déterminée.
L’autorisation budgétaire donnée par la LFs est valable pour une année.pas d’impôt permanent. Cela signifie aussi que l’autorisation de
dépenses donnée par la LFs au gouvernement=1an.
Il n’est plus possible de procéder à aucune dépense à l’expiration de l’autorisation, quand bien même tous les crédits n’auraient pas été dépensés.
D. le budget est un acte juridique
Une partie de la doctrine juridique affirme que le budget est un acte d’administration ; ces auteurs disent que le budget n’est pas une loi.
D’autres pensent que le budget est une loi. Mais c’est une loi d’une nature exceptionnelle quant à sa forme, sa teneur et son exécution.
Les sources du droit budgétaire
Section 1. La constitution financière
On désigne par « constitution financière » ∑des éléments du bloc de constitutionnalité, inhérents aux F.Pub. La constitution financière se
fonde sur les fondements des F.Pub que contiennent la constitution 2011, et les dispositions de la loi organique des finances.
§1. Les fondements constitutionnels des F.Pub dans la constitution de 2011
A. L’équité et la solidarité devant les charges publiques
La constitution2011, L’article 39 pose 2principes : le principe de légalité fiscale et l’équité fiscale : « tous supportent, en proportion de leurs
facultés contributives, les charges publiques que seule la loi peut, dans les formes prévues par la présente Constitution, créer et répartir ».
L’article 40 rappelle le principe de la solidarité des citoyens: « tous supportent solidairement et proportionnellement à leurs moyens, les
charges que requiert le développement du pays, et celles résultant des calamités et des catastrophes naturelles ».
B. Le principe de légalité
La Constitution2011, confirme dans le 16ème alinéa du premier paragraphe de l’article 71, que parmi les matières réservées à la loi : « le régime
fiscal et l’assiette, le taux et les modalités de recouvrement des impôts ».
C. Le principe de l’autorisation parlementaire
L’article 75:« le Parlement vote la LFs ». La limitation des pouvoirs=l’article 77: « le gouvernement peut opposer, de manière motivée,
l’irrecevabilité à toute proposition ou amendement formulés par les membres du Parlement lorsque leur adoption aurait pour conséquence,
par rapport àla LFs, soit une diminution des Rces publiques, soit la création ou l’aggravation des charges publiques ».
D. Le principe de l’équilibre budgétaire
Le 1er paragraphe de l’article 77: « le Parlement et le gouvernement veillent à la préservation de l’équilibre des finances de l’État ».
E. la primauté de la chambre des représentants sur la chambre des conseillers (bicaméralisme inégalitaire)
L’article 75 exige que la LF soit déposée en premier lieu, sur le bureau de la Chambre des Représentants. L’article 84 dans son 2eme paragraphe
affirme que : « la Chambre des Représentants adopte en dernier ressort le texte examiné ».
F. la consécration des principes et des mécanismes de la gouvernance financière
La constitution a instauré ∑de principes visant à promouvoir la bonne gouvernance, en consolidant le rôle de La Cour des comptes, en tant
qu’institution supérieure de contrôle des F.Pub (art147), Les Cours régionales des comptes chargées de contrôler les comptes et la gestion des
régions et des collectivités territoriales(art149),
Le projet de loi des finances, ils ne peuvent être soumis à délibération en Conseil de gouvernement, qu’après l’acceptation du Conseil des
ministres (art. 49), ce qui réduit la marge de manœuvre du gouvernement.
L’art 6 exige que les 2Chambres tiennent une séance commune, pour la présentation du projet de LF, au lieu que le présenter 2 fois, devant chaque chambre.
§2. La loi organique n° 130-13 relative à la LFs (LOF)
la loi organique de finances 1963 a constitué : la première constitution financière au Maroc
constitutions de 1970 et de 1972 a donné lieu aux : LOF 1970et 1972
LOF de 1998 modifiée complétée par la loi 2000 a aligné le dispositif des finances sur un nouveau dispositif constitutionnel de 1996
En 2015, la LOF a fourni un cadre législatif, pour consacrer les différentes mesures entreprises au cours de ces dernières années, dans le cadre de la
modernisation de la gestion des F.Pub.
LOF prise sur le fondement de l’article 75 de la constitution+la LOF=une suite du cadre constitutionnel des F.Pub+Elle répartit les
compétences des pouvoirs législatif et exécutif concernant la préparation, le vote et l’exécution de la LFs.
La LOF contient : 70 articles répartis sur 7 titres
Le 1er titre la définition et le contenu des lois de finances, les principes budgétaires, de la détermination des Rces et des charges, du
budget général, des sces de l’État, des comptes spéciaux du Trésor et des comptes de l’État
éme
Le 2 titre concerne la présentation des lois de finances
Le 3éme titre la procédure d’examen et du vote des lois de finances, et de la portée de l’autorisation parlementaire
Le 4éme titre aborde le règlement du budget
Le 5éme titre englobe des dispositions diverses
Le 6éme titre précise l’entrée en vigueur de la LOF
Le 7éme titre énonce l’abrogation des articles etdes dispositions transitoires.
A. Les objectifs de la LOF
*L’actualisation du cadre juridique des finances, pour s’assurer de sa conformité avec les règles constitutionnelles relatives aux F.Pub.
*Le renforcement du rôle de la LFs=le principal outil de miseen œuvre des politiques publiques et des stratégies sectorielles.
*Le renforcement de l’efficacité, de l’efficience des politiques publiques et la qualité du sce public et la responsabilisation des gestionnaires.
*L’amélioration de la soutenabilité des F.Pub et de la lisibilité budgétaire ;et le renforcement de la transparence des F.Pub.
B. Les fondements de la LOF
1. Une « logique de résultats »
La logique de résultats, s’appelle =« logique de performance »« démarche de performance »« logique d’efficacité ».
La phase d’adoption de LF, le parlement accorde des crédits budgétaires pour réaliser des politiques publiques dont il approuve des objectifs.
La phase d’exécution Le Parlement assure tout au long de l’exécution de la LF, un suivi des crédits qu’il a accordés, pour les contrôler.
La LOF renforce le rôle du parlement, et les fonctions de contrôle et les missions d’expertise de la Cour des comptes.
→La programmation budgétaire triennale=un cadre de suivi de la performance permet d’inscrire la gestion budgétaire dans 3ans.
En amont, le Gouvernement doit justifier les demandes de crédits de son projet de LFs ; un projet annuel de performance élaboré par le
département ministériel ou l’institution concernée, précisant les objectifs du programme et des indicateurs de performance.
En aval, le projet de loi de règlement, doivent être présentés symétriquement des rapports annuels d’audit de performance, mettant en
parallèle les résultats obtenus et les indicateurs initiaux, pour attester du bon usage des deniers publics et la performance des gestionnaires.
2. Le renforcement de la transparence des F.Pub
→la LOF introduit le principe de sincérité budgétaire,
→la comptabilité budgétaire est enrichie par l’institution de la comptabilité d’exercice et de la comptabilité d’analyse des coûts.
La LOF établit des règles financières : interdit d’inscrire les dépenses de fonctionnement au niveau du chapitre d’investissement,
Interdit de procéder au report des crédits d’investissement, et d’orienter la dette publique vers le financement de l’investissement.
3. La revalorisation du contrôle parlementaire en matière budgétaire
La LOF renforce le rôle du parlement à travers l’enrichissement des informations communiquées par le gouvernement, le réaménagement du
calendrier de la préparation des lois de finances, la révision des modalités de vote de la LF, et la clarification du droit d’amendement et de la
notion de charge publique. La mise en œuvre de la LOF était progressive sur cinq ans, à partir du 1er janvier 2016.
Section 2. La législation financière
La promulgation de la loi organique n° 7.98 relative à la LFs en 1998 a constitué le1er maillon de modernisation
Le fondement juridique du budget de l’État repose sur un arsenal de textes juridiques dont on peut citer :
– La loi n° 62-99 formant code des juridictions financières.
– Le Dahir : n° 1-00-175 du 28 moharrem 1421 portant promulgation de la loi n° 15-97 formant code de recouvrement des créances
publiques. n°1-02-25 portant promulgation dela loi n°61-99 relative à la responsabilité des ordonnateurs, des contrôleurs et des comptables
publics .n° 1.59.269 relatif à l’inspection générale des finances.
– Les lois de finances : lois de finances de l’année, lois de finances rectificatives et lois de règlements.
– Le Code général des impôts, complété et modifié par les lois de finances de chaque année.
– Le règlement intérieur de la chambre des conseillers de 2020 suite à la décision de la cour constitutionnelle n° 102/20 du 2 mars 2020.
– Le Décret : royal n° 330.66 portant Règlement général de la comptabilité publique, tel qu’il a été modifié et complété. n° 2-15-426 relatif
à l’élaborationet à l’exécution des lois de finances tel qu’il a été modifié et complété. n° 2-12-349 relatif aux marchés publics. n° 2-07-1235
relatif au contrôle des dépenses de l’État. n° 2-07-995 relatif aux attributionset à l’organisation du ministère de l’économie et des finances
modifié et complété par le décret n 2.18.905.
Section 3. La jurisprudence financière
Les organes de la jurisprudence financière sont : la Cour constitutionnelle, les juridictions financières et les juridictions administratives.
Le rôle de la Cour constitutionnelle : l’élaboration des règles de la LFs avec les dispositions de la constitution. La conformité des lois
organiques à la Constitution avant leur promulgation (deuxième paragraphe de l’article 132 de la C).
Le contrôle les lois, avant leur promulgation, à la demande du Roi, du Chef du Gouvernement, du Président ou par le cinquième des
membres de la Chambre des Représentants, du Président ou par quarante membres de la Chambre des Conseillers.
Le rôle Les juridictions financières (la Cour des comptes et les cours régionales des comptes) constituent, l’article 147 de la constitution de
2011 prévoit que : » la Cour des comptes est chargée d’assurer le contrôle supérieur de l’exécutiondes lois de finances ».
les juridictions administratives l’efficacité et la compétence dont a fait preuve le juge fiscal dans le traitement des affaires dont il était saisi.
La loi n° 41-90 a institué la compétence des tribunaux administratifs en matière fiscale.
Le Chapitre V: compétence des tribunaux administratifs, en matière fiscale et de recouvrement des créances du trésor et assimilées.
Les grands principes budgétaires classiques(L’annualité)
Les grands principes budgétaires classiques (l’annualité, la spécialité, l’unité et l’universalité) du XIXe siècle.
Les principes budgétaires classiques sont des règles communes à tous les budgets publics.
Ces principes classiques peuvent être classés en deux catégories principales :
Principes de disciplines : l’annualité et la spécialisation s’ajoutent à la règle de l’équilibre. Ce sont les principes des contraintes.
Principes de transparence : l’unité, l’universalité et la sincérité.
Section 1. Les principes de contraintes
Ils visent à soumettre le gouvernement à certainesobligations, afin que le Parlement dispose d’une meilleure information.
§1. L’annualité
A. La présentation du principe
Le BGEest établi dans un an, appelée exercice budgétaire pendant laquelle le gouvernement doit recouvrer les Rces et dépenser les crédits.
L’autorisation parlementaire, qui donne au gouvernement le pouvoir de mettre en œuvre le budget, expire à la fin de l’exercice.
1. La mise en place du principe
La détermination de la durée du BGEen un an a été imposée par des considérations fondamentales et pratiques :
Raison politique : assurer le contrôle périodique du parlement sur le gouvernement, ce qui limite les pouvoirs du gouvernement
Raison technique : l’année couvre les quadrimestres, ce qui signifie que c’est une période au cours de laquelle les différentes influences
saisonnières sur les dépenses de l’État et les sources de revenus se croisent, surtout si une partie de ces revenus provient du secteur agricole
Autre raison : l’année est une unité de temps standard .L’année est une période raisonnable pour faire des prévisions sérieuses.
2. La valeur du principe
Ce principe est fondé sur l’article 75 de la Constitution, qui stipule que la LFs doit être votée avant le début de l’exercice( 1er jan)
la LOF 1er article. L’article 3 de la LO F :.Par conséquent, le principe de l’annualité est en fait, un principe qui a une base constitutionnelle.
3. L’application du principe
L’annualité budgétaire signifie que l’autorisation parlementaire est accordée pour un an.
L’annualité ne peut fonctionner que si le projet de LFs est adopté avant le début de l’exercice .
Au Maroc, (l’Europe continentale et l’Irlande, la Chine, le Brésil, la Russie), année budgétaire =l’année civile,
L’année budg commence le 1er avril(Grande Bretagne,Japon,Canada,Nouvelle Zélande,Inde), le 1er juillet (Australie,Égypte) ou le 1er octobre(États Unis).
La loi organique n° 130-13 relative à la LFs précise formellement, que le budget est un acte annuel.
4. Les trois obligations issues du principe/3 dimensions
a. L’antériorité
Le budget, et la LFs initiale de l’année, doivent être votés avant le 1er janvier. Il s’agit d’une procédure de dissuasion budgétaire parce que le
gouvernement a la possibilité de mettre le budget en vigueur par décret.
b. L’autorisation unique
Le Parlement doit donner une autorisation unique pour l’année : une fois pour toutes.
c. L’année budgétaire doit se limiter à 12 mois
Le gouvernement doit demander l’autorisation du Parlement chaque année. c’est avant tout un principe démocratique.
B. Les atténuations du principe de l’annualité
1. Les arrangements de la règle de l’autorisation unique
a. Les lois de finances rectificatives
La LFs de l’année est basée sur des prévisions qui pourraient être retardées pendant la phase de mise en œuvre. Cela explique qu’elle puisse
être modifiée au cours de l’exercice par une ou plusieurs lois de finances rectificatives.
l’article 4 de la loi organique: « seules des lois de finances rectificatives peuvent en cours d’année modifier les dispositions de la LFs de l’année ».
b. Les décrets d’avance
*Les crédits supplémentaires (au titre des dépenses de fonctionnement et des dépenses d’investissement) peuvent être ouverts par décret en
cours d’année conformément à l’article 70 de la Constitution.
*Les commissions parlementaires chargées des finances sont préalablement informées. De surcroit, les crédits supplémentaires ouverts sont
ratifiés par la loi de règlement dela LFs en question (article 64 de la LOF).
*Les dépenses imprévues et les dotations provisionnelles Les articles 14 et 42 de la LOF offrent la possibilité d’allouer des crédits
additionnels, prélevés sur le chapitre des « dépenses imprévues et dotations provisionnelles ».
c. La loi de règlement
Cette loi est prévue à l’article 64 de la LOF. C’est une loi qui intervient a posteriori, une fois l’exercice achevé. Elle n’est pas une loi de
prévision. Elle a deux fonctions : « parlement »
Constater les résultats financiers de chaque année civile et approuver les différences entre les résultats et les prévisions de la LFs initiale
complétée, si nécessaire par ses lois rectificatives. Ensuite, elle accorde des autorisations, qui peuvent être rétroactives.
d. La programmation budgétaire triennale
Elle découle de l’article5 de la LOF, entrée en vigueur en 2019, la programmation budgétaire triennale (PBT) a pour objectif :
d’améliorer la gouvernance et le « dépenser mieux ». vise à définir l’évolution sur 3 années de l’ensemble des Rces et des charges de l’État.
Le contenu et les modalités d’élaboration de cette programmation étant fixés par voie réglementaire.
2. Les exceptions à l’antériorité : le cas de retard dans le vote du budget
le vote de la LFs n’a pas eu lieu, en raison de sa soumission à la Cour Constitutionnelle en application de l’article 132 de la Constitution, le
gouvernement se fonde sur l’article 75 de la Constitution et l’article 50 de la loi organique no 130.13 qui affirme que : ‘le gouvernement
ouvre, par décret, les crédits nécessaires à la marche des services publics et à l’exercice de leur mission, en fonction des propositions
budgétaires soumises à approbation. Dans ce cas, les recettes continuent à être perçues conformément aux dispositions législatives et
réglementaires en vigueur les concernant à l’exception, toutefois, des recettes dont la suppression est proposée dans le projet de LFs. Quant
à celles pour lesquelles ledit projet prévoit une diminution de taux, elles seront perçues au nouveau taux proposé’.
À cet égard, il faut préciser que l’article 50 de la loi organique n° 130.13 relative à la LFs dispose que soient inscrites, dans le décret, les
dispositions relatives aux recettes dont la suppression est proposée dans le projet de LFs, ainsi que les recettes dont la diminution de taux est
prévue par ledit projet.
3. Les exceptions à la limitation de l’exercice à douze mois
Ces exceptions concernant, selon l’article 7 de la loi organique n° 130-13 relative à la LFs, les dispositions :
– des traités de commerce, des conventions ou des accords, : des accords de partenariat avec l’UE, de libre-échange …
– relatives aux garanties accordées par l’État : Les garanties offertes par l’État ne sont pas une charge immédiate
L’État opte à soutenir la ‘Caisse centrale de garantie’ pour mener à bien cette mission.
– relatives à la gestion de la dette publique ainsi que de la dette viagère : La période de remboursement des prêts accordés dans le cadre
de l’aide internationale est supérieure à 40 ans. En outre, ce terme varie pour la plupart des emprunts extérieurs entre 15 et 25 ans. Quant à la
dette viagère et les pensions, elles s’étalent sur une durée indéterminée et n’expirent qu’au décès des bénéficiaires et des ayants droit.
– relatives aux autorisations d’engagement par anticipation pour lesquelles les crédits doivent être ouverts au titre de l’année budgétaire
suivante, l’alinéa 2 de l’article 16 de la LOF dispose que ‘les dépenses de fonctionnement du BGEne peuvent faire l’objet d’autorisations
d’engagement par anticipation’.
– relatives aux crédits d’engagement : « dépenses d’investissement » et sont fixées, sur la base des prévisions des plans et des programmes
pluriannuels (plan Maroc vert, plan halieutis, etc.)
Les grands principes budgétaires classiques (II) (La spécialité des crédits, l’unité et l’universalité)
§2. La spécialité
Le principe de spécialité ne va concerner que les dépenses.
A. La justification du principe de spécialité et les aménagements de la LOF
Le principe de spécialité des crédits votés par le Parlement dans la LFs permet de répartir les crédits en unités.
1. La finalité du principe de spécialité
un contrôle approfondi des dépenses par le Parlement et limiter ainsi la marge de manœuvre du gouvernement. En principe, cette répartition
des crédits ne peut être modifiée sans l’approbation du Parlement.
le Parlement donne à chaque ministre la possibilité d’assurer le fonctionnement des services dont celui-ci a la responsabilité, mais il ne lui
donne pas le droit d’utiliser à son gré une masse indivise de crédits ; il ne lui ouvre que des autorisations partielles.
2. Les aménagements du principe de spécialité par la LOF
Si les Rces du BGEsont présentées en chapitres subdivisés, s’il y a lieu, par service et par nature de recettes. La répartition des dépenses du
BGEest groupée sous trois titres (les dépenses de fonctionnement, les dépenses d’investissement et les dépenses relatives au service de la
dette publique). Conformément à l’alinéa 2 de l’article 38 de la LOF, les dépenses du BGEsont présentées, à l’intérieur des titres, par
chapitres, subdivisés en programmes, régions et projets ou actions (nomenclature budgétaire).
Les dépenses du BGEfont l’objet d’un vote par titre et à l’intérieur d’un même titre par chapitre (article 55, alinéa 1de la LOF).
L’unité de spécialité budgétaire désigne le niveau de l’autorisation de dépenses que le Parlement donne au gouvernement. La LOF prévoit
que l’unité de spécialité est le chapitre et interdit au gouvernement d’effectuer des virements de crédits entre chapitres (article 45)
En somme, deux niveaux doivent être distingués :
• le niveau de vote : le chapitre
• le niveau d’exécution : c’est le programme
Lorsque les Parlementaires votent les chapitres, le gouvernement se doit, dans l’exécution, de respecter la répartition des crédits .
Le gouvernement (par les gestionnaires de crédits) dispose d’une grande marge de manœuvre dans l’exécution des crédits qui sont mis à sa
disposition en raison de la diminution du nombre d’unités de spécialisation qui a été voulue dans le cadre d’une globalisation des enveloppes
qui sont désormais fongibles. En effet, la mise en œuvre du principe de fongibilité, permet aux gestionnaires des crédits d’utiliser librement
les crédits et modifier les affectations prévues initialement dans la LFs, afin de les adapter à l’évolution de leurs besoins tout en assurant
une mise en œuvre performante des programmes ou des projets ou actions dont ils sont responsables. L’article 45 de la LOF limite la
fongibilité au chapitre et autorise desvirements de crédits à l’intérieur d’un même programme ou entre programmes àl’intérieur d’un
même chapitre. Les conditions de la fongibilité, sont fixées par le décret du 15 juillet 2015.