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ARTICLE 8 AUPCAP
ARTICLE 9 AUPCAP
Cour d’appel d’Abidjan, 5ème Chambre civile et commerciale B, arrêt n° 255 du 26 mai
2011 affaire : SGBCI c/ CI rue des pêcheurs. Juris Ohada, 2011, n° 4, octobre-
décembre 2011, p. 50
LA COUR
Par exploit en date du 2 Mars 2011, la Société Générale de Banque en Côte d’Ivoire a
relevé appel de l'ordonnance de référé N° 135 rendue le 17 Janvier 2011 par la Juridiction
Présidentielle du Tribunal de première Instance d'Abidjan qui, en la cause a statué comme suit
;
« Déclarons la Société Civile Immobilière Rue des Pêcheurs recevable en son action ;
Au soutien de son appel, la SGBCI expose que pour garantir un crédit sollicité par la
Société CATRANS, la SCI Rue des pêcheurs s'est portée caution hypothécaire par actes des
18 septembre et 5 Octobre 1992 de maître Véronique Williams, notaire à Abidjan ;
Elle ajoute que ce cautionnement hypothécaire a été reconduit par avenant des 3 Août
et 26 Septembre 1994 d'une part et des 16 Mars et 6 Avril d'autre part ;
Elle indique qu'elle a fait inscrire une hypothèque conventionnelle sur le titre foncier
n° 2819 de la circonscription foncière de Bingerville ;
Que cependant, poursuit-elle, alors même que l'obligation garantie n'a point été
exécutée par le débiteur principal, la SCI Rue des Pêcheurs, a obtenu du juge des référés la
radiation de l'inscription de son hypothèque ;
En cause d'appel, elle fait valoir tout d'abord que la juridiction des référés est
incompétente à radier une hypothèque conventionnelle parce qu'en le faisant, elle apprécie
nécessairement les conditions de fond ainsi que les causes d'extinction de la créance ;
L'intimée pour sa part, concluant par le canal de son conseil, la SCPA " Paris-Village",
fait valoir qu'elle a été admise au bénéfice du règlement préventif par ordonnance n° 09/2009
du 31 Décembre 2008 publiée au Journal officiel en Février 2009 et que c'est seulement le 10
Juin 2010 que la SGBCI a fait inscrire son hypothèque convenue neuf ans plutôt ;
Elle soutient qu'il a simplement été demandé au juge des référés d'ordonner la
radiation de cette inscription tardive faite après l'ordonnance de règlement préventif
interdisant toute poursuite individuelle ;
Elle estime que le juge des référés, juge de l'urgence et de l'évidence est compétent
pour prendre une telle mesure de radiation après constat de la tardivité de l'inscription ;
Poursuivant, la SCI Rue des Pêcheurs indique que c'est à bon droit que le juge des
référés a ordonné ladite radiation ;
Elle fait valoir à cet effet que contrairement aux affirmations de la SGBCI, la
suspension des poursuites et mesures provisoires lui est opposable en vertu des dispositions
de l'article 9 de l'acte uniforme relatif aux procédures collectives d'apurement du passif ;
Elle ajoute que d'une part, l'ordonnance de règlement préventif vise tous les créanciers
et que, d'autre part la SGBCI a produit sa créance aux organes du règlement préventif ;
Que l'inscription d'hypothèque étant une mesure conservatoire, celle-ci est concernée
par les dispositions susvisées de l'article 9 ;
Qu'en conséquence, elle conclut à la confirmation de l'ordonnance entreprise ;
DES MOTIFS
AU FOND
La SGBCI ayant fait inscrire son hypothèque après la mise en règlement préventif, il y
a manifestement urgence pour le débiteur de faire cesser une situation privilégiant un
créancier au détriment des autres ;
Pour une telle décision, le juge des référés n'a nullement besoin d'examiner la
convention des parties, n'étant saisi que pour constater que l'inscription a été faite malgré
l'interdiction des poursuites individuelles ;
Il en résulte que la compétence du juge des référés a été, a bon droit, retenue ;
Sur la demande
Il résulte des pièces produites que la SGBCI a produit sa créance aux organes du
règlement préventif de sorte que l'interdiction des poursuites individuelles qui concerne
également les mesures conservatoires, lui est opposable ;
En l’espèce, elle a fait inscrire sa garantie le 10 juin 2010 alors que l’ordonnance de
mise en règlement préventive a été publiée depuis Février 2009 ;
Dès lors, c’est manifestement de façon tardive que cette inscription a été faite, violant
ainsi les dispositions combinées des articles 8 et 9 de l’acte uniforme relatif aux procédures
collectives ;
En conséquence, c’est à bon droit que le premier juge a statué comme il l’a fait ;
Il y a lieu de confirmer cette décision ;
En la forme
Au fond