Lsoc 0181-4095 1984 Num 28 2 1994

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Langage et société

Les chantiers sociaux de la sémiotique


Eric Landowski

Résumé
Les développements récents de la sémiotique générale (renouveau de la réflexion sur les modalités dans le cadre de la
grammaire narrative, approfondissement de la problématique de l'énonciation) ouvrent de nouvelles perspectives d'analyse,
particulièrement intéressantes en vue d'une approche des discours et des pratiques signifiantes envisagés sous l'angle de
l'interaction sociale. De ce point de vue, plutôt que de revendiquer prématurément son autonomie, la socio-sémiotique
naissante a pour objectif (et en même temps pour condition de possibilité) d'apporter sa contribution à la mise en oeuvre d'une
sémiotique de deuxième, ou de troisième génération, appelée à transcender, en particulier, la distinction classique entre
l'organisation "interne" des objets sémiotiques et leur "contexte". Assumant les acquis d'un premier structuralisme, et les
dépassant, le projet socio-sémiotique relève ainsi d'une problématique qui n'exclut par principe aucune des trois dimensions -
sémantique, syntaxique et pragmatique- du faire sémiotique, mais qui vise au contraire à les intégrer dans le cadre d'une
théorie générale de la signification,

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Landowski Eric. Les chantiers sociaux de la sémiotique. In: Langage et société, n°28, fascicule 2, 1984. Sociosémiotique
(Facicule II) pp. 141-149;

doi : https://doi.org/10.3406/lsoc.1984.1994

https://www.persee.fr/doc/lsoc_0181-4095_1984_num_28_2_1994

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LES CHANTIERS SOCIAUX DE LA SEMIOTIQUE

Eric LANDOWSKI
CNRS, Paris

A l'heure des particularismes en tous genres, soyons par réaction


jacobins : la sémiotique, comme la république, est une, et comme elle,
indivisible ! Le slogan paraîtra sans doute déplacé à ceux qui, se fiant
à la valeur performative des dénominations, infèrent de leur prolifération
actuelle en sciences sociales, et notamment dans notre domaine, l'émergence
d'autant de disciplines nouvelles, vierges, fraîches et autonomes : ethno-
sémiotique, psycho-sémiotique, anthropo-sémiotique et bien sûr, aujourd'hui ,
socio-sémiotique. Sans chercher à rien rabattre de l'enthousiasme suscité
ici ou là par l'ouverture de champs de recherche jusqu'à présent peu
explorés ou par la naissance de problématiques novatrices, nous voudrions
du moins tenter de mesurer - au risque de la relativiser au regard de
l'acquis théorique général et commun qu'ils présupposent - la portée de
ces heureux événements . Car nous ne croyons pas, en particulier, que la
socio-sémiotique ait encore, en quoi que ce soit, acquis son autonomie.
Plus radicalement même, la question se pose, pour nous, de savoir au nom
de quoi, en quel sens, dans quel but et par rapport à quoi une telle
autonomie pourrait ou devrait un JDur être revendiquée. Telles sont, en
clair, les positions ou les interrogations sous-jacentes aux quelques
remarques qui suivent.

Trivialement, si l'on s'en rapporte aux étiquettes en usage, c'est


la spécificité supposée de leur objet, ici "social", ailleurs
psychologique, anthropologique ou ethnologique, ailleurs encore littéraire,
religieux ou scientifique, qui tient lieu de justification pour la
diversification, à partir du tronc commun sémiotique, des rameaux plus
spécialisés de la recherche empirique. Or il est clair, pour peu que l'on
y regarde de près, que cette classification des "objets" de la sémiotique,
si pratique soit-elle, n'a rien de rigoureux, ni bien sûr de sémiotique.
En la faisant sienne, la discipline ne fait que reprendre provisoirement
à son compte - en attendant de savoir fonder sur ses propres critères une
- 142 -

véritable typologie des discours et, plus généralement, des pratiques et


des objets signifiants - les distinctions que propose, ou que nous impose,
notre "habitus" socio-culturel ; d'où, entre autres, les problèmes de
seuils (où s'arrête le psychologique, où commence le social ?), de
chevauchements (ubiquité, par exemple, de la dimension anthropologique) et,
dès que l'on introduit la perspective historique, de recatégorisations
(ce qui a été, en son temps, élaboré sous l'angle du religieux pouvant
être, par la suite, reçu comme purement littéraire, etc.)- Bref, l;e mode
de repérage utilisé ne définit pas des classes d'objets mais renvoie
seulement à un éventail de points de vue forgés par l'histoire et
cristallisés par des institutions, sans que, par conséquent, leur
articulation ait à aucun moment eu lieu d'être théorisée.

A ces vues pessimistes, on pourra objecter qu'il existe malgré


tout, en sciences sociales, au moins une discipline dont la vocation
est justement, par définition, de produire les modèles qui permettraient
à la recherche de s'affranchir des découpages naturels et incertains
auxquels nous faisons allusion, en les intégrant dans le cadre d'une
théorie générale des productions et des pratiques sociales signifiantes.
C'est évidemment à la sociologie que revient en principe cette tâche
immense. Malheureusement, en l'état actuel, là aussi, la juxtaposition
des branches de la discipline - sociologie politique, sociologie des
religions, du droit, de la littérature, des mentalités, de la culture,
etc., selon un schéma qui frappe d'ailleurs immédiatement par sa
similitude avec la distribution des objets empiriques de la sémiotique -
témoigne davantage de l'absence, et donc de la nécessité, que de
l'existence présente d'une théorie sociologique au sens plein du terme.
Point n'est besoin, sans doute, d'insister sur ce point ; mais se pose
alors une question devant laquelle il est aussi périlleux de se
prononcer que difficile de reculer : serait-ce, en ce cas, à la sémiotique de
venir au secours de sa soeur défaillante ? Bien plus, de se substituer
à elle pour le gros de la tâche, c'est-à-dire pour l'élaboration du
socle théorique qui fait aujourd'hui défaut ?

L'ampleur même de la question suffirait à la rendre dérisoire si,


pour l'envisager et tenter d'y répondre, on ne disposait, pour toute
ressource, que du savoir, par définition local et spécialisé, dont peut
se targuer une socio-sémiotique au demeurant encore embryonnaire. Comme
- ]43 -

la guerre, affaire trop sérieuse pour être abandonnée aux militaires,


la nouvelle théorie à construire touche à trop de choses pour pouvoir
relever de quelques spécialistes, fussent-ils - à l'intérieur de la
discipline qui se propose d'y contribuer - précisément ceux du "social".
Il y faudra au contraire, pour le moins, toutes les forces de la sémio-
tique générale. Que cette prise de position soit claire : il ne s'agit
pas d'opposer, en termes de personnes, les "généralistes" à ceux qui
se consacrent à l'étude empirique de tel ou tel domaine particulier ;
tout travail de terrain, même hautement spécialisé, valant surtout par
les soubassements théoriques qui, d'un côté, le fondent et que, de l'autre,
il peut contribuer à réaménager ou à consolider, nous savons bien qu'en
tout praticien (pour peu qu'il soit productif) il y a nécessairement,
aussi, du généraliste. Ce vers quoi nous tendons ici, ce n'est donc pas
à figer une distribution hiérarchisante des rôles (plus ou moins nobles)
entre chercheurs. A l'inverse, s'il est permis de passer à un discours
qui se voudrait explicitement mobilisateur, notre propos est d'inviter
ceux qui s'enferment volontairement dans des territoires étroits et
spécialisés (en revendiquant l'autonomie de leur champ de recherche) à
s'en libérer par une saisie plus globale des problèmes posés. Alors
pourront être mises à profit toutes les ressources dont la "communauté
sémiotique" dispose virtuellement, et qui tiennent, selon nous, à ce que
la discipline propose en tant que telle - une fois allégée de tout
préfixe -, c'est-à-dire comme théorie unitaire de la signification
transcendant la variété de ses domaines d'application.

Essayons donc de prendre une vue d'ensemble et de dégager de cette


théorie, en ce qu'elle offre de plus général, les principales options
qui nous mettent sur la voie d'une problématique (sinon, dans l'immédiat,
d'une théorie proprement dite) du "social".

Sémiotiquement parlant, faut-il le rappeler, rien n'est donné a


priori, ni l'existence d'un "champ social" ni la réalité des "rapports
sociaux". Tout ce qui fait sens est construit, et présuppose par
conséquent un faire, d'ordre cognitif, renvoyant lui-même à la compétence
144 -

sémiotique des sujets, individuels ou collectifs. Dans cette optique,


la grande question de la socio-sémiotique, posée en termes
volontairement naïfs, devrait donc être de savoir "ce que nous faisons" pour que,
d'une part, le "social" existe en tant que tel pour nous, comme "champ"
relativement autonome - c'est-à-dire comment nous en construisons les
objets - et pour que, d'autre part, les rapports qui s'y établissent
entre "acteurs sociaux" soient eux-mêmes - pour les sujets qui les vivent
ou qui les observent - chargés de signification et, par suite, dotés
d'une certaine efficacité quant à la détermination de leurs propres
pratiques. A travers la forme ternaire de ce survol, chacun reconnaîtra
les traces de la célèbre trichotomie de Peirce et de Morris, qui, en
effet - même si elle ne conduit pas, sur le plan analytique, à beaucoup
de résultats -, se présente au moins dans un premier temps comme un
instrument commode pour sérier les problèmes : problèmes de sémantique,
relatifs à la mise en place et à l'organisation des isotopies sur
lesquelles vont se constituer les objets sémiotiques que manipule le
discours social ; problèmes de syntaxe, relatifs à 1 'établissement et
aux transformations des rapports entre les sujets, conditionnant du
même coup la circulation intersubjective des valeurs (modales ou
"objectives") ; problèmes de pragmatique relatifs aux conditions de la prise
en charge des modèles précédents par les acteurs "réels" sur le plan
de leurs pratiques "vécues" (c'est-à-dire en contexte).

Qu'il y ait là plusieurs lieux problématiques utiles à distinguer


ne doit pas, toutefois, faire oublier la nécessité - vitale pour le coup -
d'un cadre plus général qui permette non seulement de maintenir la
cohérence des démarches analytiques, mais qui garantisse surtout la
possibilité d'en intégrer les résultats. Et du moment qu'on envisage, comme
c'est ici le cas, le "social" comme un phénomène de signification, c'est-
à-dire comme effet de langage, on ne voit pas à quelle conception globale
on pourrait alors se référer si ce n'est, précisément, à quelque théorie
générale du langage. Or, on le sait, ces théories ne sont pas légion.
Parmi celles-ci, les approches linguistiques proprement dites, y compris
sous leurs versions generatives les plus sophistiquées, partagent avec
les linguistiques dites structurales l'inconvénient - rédhibitoire dans
la perspective d'une "socio-logie" de la signification - d'exclure, par
- J45 r

la définition même de leur objet, toute préoccupation relative aux


problèmes de la mise en contexte des faits de langue qu'elles étudient.
Inversement, l'ensemble des approches que l'on peut regrouper sous la
vaste rubrique de la pragmatique - et où prend place, évidemment» la
théorie des actes de langage -, tout en se définissant davantage comme
une linguistique de la parole, manquent de l'appareil conceptuel et
méthodologique unifié qui leur permettrait de maîtriser la prolifération
des variables contextuelles (d'ordre psychologique, institutionnel,
sociologique, etc.) qu'elles prennent par principe en considération.
De plus, les unes et les autres de ces démarches se présentent comme des
entreprises partielles (du point de vue qui nous occupe) dans la mesure
où leur objet se définit comme strictement linguistique, alors que la
théorie générale du langage dont une socio-sémiotique a besoin pour se
constituer ne peut que recouvrir l'ensemble des systèmes de signification
linguistiques ou non - à partir desquels la "vie sociale" se constitue
comme procès signifiant.

Par contraste, on voit ce que la sémiotique générale, même si on


ne la considère nullement comme une panacée, peut apporter de décisif à
la gestation du projet socio-sémiotique. D'abord, et contre toute attente
peut-être, la "vie sociale", précisément, ne lui a jamais été étrangère :
ne s'est-elle pas, depuis l'origine, occupée, à sa façon, du "réel" -
considéré comme un langage - et même du "vécu", envisagé comme effet de
sens ? Deuxièmement, l'hétérogénéité apparente des langages de
manifestation - verbal, proxémique, gestuel, etc. - qui forment le tissu
ordinaire de notre milieu social ambiant ne constitue pas, pour elle, un
obstacle majeur : ce qu'elle vise prioritairement à saisir, ce sont en
effet les structures et les opérations sémio- narratives qui régissent
en profondeur la production et l'échange des significations,
indépendamment des contraintes spécifiques liées à leur investissement dans
telle ou telle matière signifiante (quitte, évidemment, à ce que ces
déterminations secondes, considérées comme plus superficielles et qui
ne relèvent plus de la grammaire narrative, soient traitées à part,
dans le cadre des sémiotiques discursives). Enfin et surtout, pour que
la socio-sémiotique advienne vraiment à l'existence, encore faudra-t-il
que ce qu'elle se propose de dire de son objet ne soit pas banalement
redondant par rapport au discours sociologique - ou même psycho-socio-
- 146 -

logique - moyen, essentiellement centré, comme on sait, sur des concepts


de type taxinomique, tels que ceux de classes, de statuts ou de rôles.
De ce point de vue, beaucoup semble également possible, pourvu qu'à
l'avenir on sache tirer pleinement parti du dynamisme que la sémiotique
découvre, pour sa part, non pas dans les à-côtés du langage, mais au
coeur même des structures de signification. C'est sur ce point que nous
conclurons.

Pour avoir cheminé à l'écart des modes intellectuelles, la ligne


théorique à laquelle nous nous référons n'en a pas moins été infléchie
selon une logique qui lui est propre. Il fut un temps - en gros, celui
de la sémantique structurale, de l'anthropologie structurale et, bien
sûr, de l'analyse structurale du récit - où, il est vrai, la "structure"
ne "bougeait" pas beaucoup. C'est qu'avant de chercher à comprendre la
façon dont les systèmes de relations se transforment, et transforment
en même temps les agents qui les manipulent, il fallait évidemment
disposer des moyens de description - essentiellement paradigmatiques -
de leurs états d'équilibre. Du même coup, l'Histoire et son simulacre,
c'est-à-dire le récit (qu'il soit mythologique, littéraire ou, par
exemple, politique) pouvaient apparaître comme quelque peu maltraités par
les opérations d'abstraction et de réduction poussées à l'extrême dans
le cadre d'un premier structuralisme ; de même de l'organisation sociale,
qui, primitivement traitée en termes combinatoi res à partir d'un nombre
restreint de traits de connotations sociales, pouvait alors sembler à
l'étroit, figée qu'elle était dans les limites d'une sémantique encore
trop élémentaire ou, pis, dans le carcan d'un schéma actantiel bientôt
transformé par l'usage en dogme scolaire. Dans ces conditions, et sans
prétendre que ce tableau ait aujourd'hui perdu toute actualité (car, une
fois banalisées, les vieilles pratiques tendent à survivre, même caduques),
il faut, pour comprendre ce qui a rendu possible le renouvellement du
projet socio-sémiotique auquel on assiste actuellement, se reporter aux
- 147 -

deux ou trois "révolutions" sémiotiques qui se sont succédées à un


rythme accéléré au cours des cinq à dix dernières années, et qui ont
eu pour principal effet de libérer les virtualités dynamiques de la
théorie.

Le premier pas a été franchi dès 1976-1977 avec la reprise


systématique de la réflexion sur les modalités (du type être, faire ; être,
paraître ; savoir, pouvoir, etc.) dans le cadre de la grammaire narrative,
réflexion dont sont issus toute une gamme de modèles désormais
suffisamment élaborés pour éclairer non seulement la syntagmatique des récits
proprement dits mais aussi, plus généralement, la syntaxe à l'oeuvre
dans la transformation des systèmes de relations quelconques et donc,
entre autres, des systèmes micro- ou macro-sociaux. Si la socio-sémio-
tique a par exemple, aujourd'hui, si peu que ce soit, quelque chose à
dire sur les stratégies (et pas seulement discursives), si elle peut
intervenir dans le domaine de la publicité ou sur le terrain pédagogique,
si elle ambitionne même de re formuler certains concepts clefs en
sociologie - "autorité", "légitimité", "pouvoir" par exemple -, c'est que
la sémiotique générale lui fournit au préalable les quelques instruments
opératoires indispensables, qui ont nom, très précisément, de sémiotique
de la persuasion (faire croire), de sémiotique de l'action (faire être)
et de la manipulation (faire faire), et sur lesquels se greffe finalement
une sémiotique des passions, individuelles ou collectives (l'admiration,
la confiance, le désespoir, la colère, etc.), visant la syntaxe des
"états d'âme" qui affectent les sujets interagissants. Une deuxième étape
a été marquée par l'approfondissement de la problématique de 1 'énonciation
(ou de la mise en discours des structures sémio-narratives) , qui avait
d'abord été tenue délibérément en suspens pour des raisons de commodité
pratique ; une fois cette nouvelle extension amorcée, l'écart qui a
toujours séparé la "philosophie" sémiotique des conceptions représenta-
tionalistes du langage s'est encore élargi, les dispositifs syntaxiques
et sémantiques mis en lumière par l'analyse de la narration énoncée
perdant définitivement toute attache referentielle pour devenir, dans le
cadre de la communication, de simples formes offertes pour la mise en
place des "situations de communication" et pour la prise en charge, par
les actants de 1 'énonciation, de leurs propres simulacres. Si peu que la
socio-sémiotique nous ait encore appris sur les mécanismes d'où le langage
- J48 -

(au sens le plus large) tire son efficacité "pragmatique", c'est à cette
source qu'elle le puise.

Quant à la troisième des révolutions annoncées plus haut, on


peut pronostiquer qu'elle ne manquera pas non plus d'envergure - pour
le meilleur ou pour le pire - puisqu'il s'agit cette fois du mariage
de la théorie sémiotique avec celle des catastrophes . S'il est
actuellement trop tôt pour en prévoir les répercussions précises sur le devenir
de la socio-sémiotique, on peut du moins être sûr que son passage laissera,
pour longtemps encore, le terrain que nous venons de parcourir dans la
même sorte d'état que celui où nous l'avons trouvé : en chantier. C'est
le lieu rêvé pour bâtir !

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