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SUPPORT DE COURS DE MACROECONOMIE

DR KONAN KONAN JACQUES

Support de cours de Macroéconomie Licence I SEG/ 2023-2024/UPB/ Dr KONAN


INTRODUCTION GENERALE A LA MACROECONOMIE

Toute société quelle qu’elle soit, quel que soit son degré d’évolution, quel que soit

le système économique qui la régit, est amenée à résoudre d’une façon ou d’une

autre trois problèmes fondamentaux et interdépendances, à savoir :

 Quels biens faut-il produire, en quelle quantité et à quelle époque ? faut-il

aujourd’hui produire plus de pain ou faut-il, au contraire, détourner de la

production de pain, des ressources (main-d’œuvre, machines…) qui serviront à

produire plus d’automobiles ? est-il opportun d’affecter certaines ressources à la

production de bien que l’on consommera aujourd’hui ou vaut-il mieux construire

plus de machines qui permettront de consommer plus demain ? faut-il produire

exactement la quantité de chaque bien dont on a besoin pour la consommation

intérieur ou vaut-il mieux produire une quantité plus importante de certains biens

que l’on échangera contre d’autres biens produire ailleurs ? on pourrait proposer à

l’étudiant une infinité d’exemple d’exemples de ce type, en montrant par-là, la

complexité des choix auxquels chaque société, chaque individu est confronté dans

sa vie de tous les jours.

 Comment ses biens doivent-ils être produits ? quelles ressources doivent-

elles être utilisées pour produire ces biens ? Faut-il utiliser plus de travailleurs ou

au contraire, plus de machine ? Les produits agricoles doivent-ils être l’objet d’une

production intensive alliant une grande quantité d’agriculteurs à une faible

quantité de terre ou d’une production extensive combinant une moins grande

quantité d’agriculteurs à une grande quantité de terre ? Parmi tous ces procédés

techniques permettant de produire ces biens lequel ou lesquels convient-ils de

choisir ?

 Pour qui ces biens doivent-ils être produits ? Quels sont les individus qui

disposeront des biens et services fournis dans l’économie ? en d’autres termes,

comment le revenu global de l’économie sera-t-il réparti entre les différents

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individus ou entre les différentes familles pour leurs permettre de consommer les

biens produits dans l’économie ?

Si ces trois questions fondamentales se posent cependant de cette manière, c’est

pour une raison bien simple. La toute grande majorité des ressources permettant

de produire des biens et services directement consommables par les individus

n’existent qu’en quantité limitée. C’est cette approche qui donne le sens de la

science économique qui par définition met l’accent sur la volonté d’expliquer

comment les individus affectent à la satisfaction de besoins illimités des

ressources rare ou limités.

L’économie étudie de quelle manière les agents économiques choisissent d’affecter

des ressources rares à des alternatifs et la façon dont ces choix influent sur la

société. Les ressources rares sont des ressources dont la quantité disponible

n’est pas suffisante pour satisfaire tous les besoins des agents économiques.

Acemoglu, Laibson et List (2018) souligne que l’économie étudie de quelle manière

les agents économiques choisissent d’affecter des ressources rares à des usages

alternatifs et de façon dont ces choix influent sur la société. En résumé,

l’économie est l’étude de la façon dont les agents économiques choisissent

d’affecter des ressources rares et la façon dont ces choix influent sur la société.

Par ces démarches, l’on en retient deux grandes démarches à savoir : la

microéconomie et la macroéconomie. Ces deux disciplines font de l’économie une

science complète. Si la microéconomie se base sur l’analyse individuelle, la

macroéconomie est plus orientée sur l’analyse globale. C’est cette discipline qui

fait l’objet de ce cours. Il nous revient de se demander pourquoi certains pays

ont-ils connu une forte croissance des revenus au cours du dernier siècle alors

que d’autre restent enlisés dans la pauvreté ? Pourquoi certains pays ont-ils les

des taux d’inflation élevés alors que d’autres réussissent à maintenir stable le

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niveau de leurs prix ? Pourquoi tous les pays rencontrent-ils des récessions et des

dépressions, des épisodes récurrents de baisse des revenus et de l’emploi ?

Comment les politiques publiques peuvent-elles être utilisées pour réduire tant

leur fréquence que leur gravité ? La macroéconomie qui est au centre des relations

économiques internationales s’efforce de répondre à ces questions et à bien

d’autres. Ce cours vise à éclairer ces différentes interrogations à travers ses

différents chapitres.

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CHAPITRE 1 : INTRODUCTION A LA MACROECONOMIE

La science économique est la discipline scientifique qui étudie la coordination des

actions des agents économiques qui participent à la production, à la répartition et

à la consommation des richesses. Elle est traditionnellement subdivisée en deux

branches principales : la microéconomie et la macroéconomie.

La microéconomie étudie les différentes composantes de l’économie. Elle étudie

l’offre et la demande de biens, de services et de ressources spécifiques. L’offre

émane des producteurs, et la demande provient des consommateurs. Les voitures,

les vêtements, les chaussures, le pain et l’ananas sont des exemples de biens

offerts par les producteurs. Comme exemple de services on peut citer le travail

d’une secrétaire, d’un informaticien, d’un mécanicien, d’une banque, d’un

électricien, d’un plombier.

La macroéconomie adopte une vision plus générale de l’économie, c’est-à-dire

qu’elle étudie l’économie comme un tout ; elle s’efforce de construire des modèles

qui rendent compte des relations entre les agrégats calculés au niveau de

l’économie globale. Au sein d’une économie donnée, le niveau total des dépenses,

qu’elles soient le fait des consommateurs, de clients étrangers, de l’Etat ou des

entreprises, est appelé demande globale. La macroéconomie traite des

phénomènes économiques globaux (comportement d’agrégats économiques tels que

le produit national brut, le revenu national, le niveau d’emploi, etc), et étudie le

fonctionnement de l’économie considérée comme un tout. Elle vise à appréhender

les déterminants des performances de l’économie ; à analyser le flux du revenu

dans l’économie ainsi que le mode de répartition des richesses nationales ; à

analyser le comportement des unités institutionnelles (unités homogènes de

décision telles que les ménages, les entreprises, les administrations, les

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institutions de crédit et l’extérieur). De même, le niveau total de l’offre, tous

secteurs d’activité confondus, est appelé offre globale ; elle correspond à la

production nationale totale des biens et services.

I) Le champ de la macroéconomie

1.1 Historique de la naissance de la discipline

On considère en général que la macroéconomie est née avec la révolution

keynésienne, dans les années trente. C’est John Maynard Keynes (1883-1946) qui

sert de référence, et surtout la publication de son livre, la Théorie générale de

l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, en 1936. Le terme de macroéconomie est

même fondé dès 1933 par Ragnar Frisch, un économiste norvégien qui obtiendra

le premier prix Nobel d’économie en 1969.

Pour bien comprendre la rupture de l’analyse keynésienne, il faut rappeler l’état

de la réflexion économique avant les années trente. La base de la réflexion

s’inscrivait dans le courant néo-classique qui considérait que les marchés

aboutissaient spontanément à l’optimum. Il en résultait des prescriptions de

laisser-faire. Il convenait donc de laisser l’économie s’adapter à ces changements.

Les plus interventionnistes préconisaient des politiques de soutien sectoriel, mais

on ne concevait pas de politique économique conjoncturelle à l’échelle de tout un

pays.

A la même époque, les économistes marxistes ne pensaient que l’économie de

marché était vouée à l’effondrement. Ils s’intéressaient aussi à la meilleure façon

de gérer une économie planifiée, puisque l’URSS venait d’opter pour ce système.

Toutes ces analyses se sont avérées incapables de proposer une explication et des

remèdes convaincants à la crise de 1929. Cette crise semble au départ habituel.

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On observe une baisse de la production et des prix comme on l’avait déjà fait par

le passé, comme en 1921. On pense alors qu’elle se résorbera au bout de quelques

mois. Cette crise et l’après cette crise fait penser à Paul Samuelson qui souligne :

« La science est un véritable parasite : plus le nombre de patients est élevé, plus

la physiologie et la pathologie progressent et dont meilleurs sont les résultats

thérapeutiques obtenus. L’année 1932 marque le moment le plus noir de la grande

dépression et c’est de son cadre honni qu’à progressivement émergé la nouvelle

discipline que nous appelons aujourd’hui la macroéconomie »

Ce qui frappe, et qui fait que la crise de 1929, ce sont à la fois son ampleur et sa

durée. La production industrielle mondiale hors URSS diminue de plus d’un tiers

en quatre ans. Elle est presque divisée par deux entre 1929 et 1932 aux Etats-

Unis et reste inférieure à son niveau de 1929 jusqu’à la guerre. La théorie

keynésienne va proposer une triple rupture :

 En rupture avec l’analyse néoclassique, Keynes s’intéresse à des agrégats et

à des Comportements globaux

 Keynes se concentre sur un nouvel objet d’étude : le niveau d’activité. Il

montre que le plein emploi n’est pas l’état normal de l’économie de marché. Par

conséquent, il faut étudier ce qui détermine le niveau de l’emploi.

 Une autre conséquence de ce changement de perspective est qu’il devient

possible de réfléchir aux politiques économiques susceptibles d’influencer le

niveau d’activité. Keynes va suggérer qu’une politique bien menée peut atténuer les

fluctuations conjoncturelles.

1.2 Les principaux problèmes

La première variable que les économistes considèrent ordinairement est le

PIB (Produit Intérieur Brut) d’une nation. Il mesure la production annuelle du pays.

Tableau 1. Evolution de certains agrégats économiques de la Côte d’Ivoire

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année 2010 2011 2012 2013 2014 2015

PIB par 3577,70698 3384,93098 3483,68979 3801,61647 4254,2309 4579,85146


Habitant

Inflation 1,51621792 5,7093205 -0,40409836 2,87673043 4,40733236 4,77568237

population 21120042 21562914 22010712 22469268 22995555 23596741


totale

croissance 6,8480494 -5,37044724 7,62041176 10,7602131 9,37199994 7,19494943


économique

croissance 4,61051809 -7,31400549 5,43092307 8,49980303 6,86886133 4,46388996


du PIB par
Tête

année 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022

PIB par 4693,67505 4836,04837 5060,59743 5350,01014 5377,39445 5866,49576 6538,29642


Habitant

Inflation -1,1798324 -1,04167725 1,68197647 1,35808162 1,53199832 2,66 2,75

population 24213622 24848016 25493988 26147551 26811790 27478249 28160542


totale

croissance 7,17275964 7,41076243 4,84314606 6,51828674 1,73762043 7 6,74133


économique

croissance 4,44236106 4,66846126 2,1866085 3,85584194 -0,7828414 4,40481596 4,15512757


du PIB par
Tête

Note : (*) Nos calculs à partir des données de WDI de la Banque Mondiale.

Outre le niveau du PIB, qui permet de faire des comparaisons entre les pays, les

macro économistes s’intéressent d’abord à quatre indicateurs.

-Le taux de croissance du PIB d’une année à l’autre, qui mesure la vitesse à laquelle

une nation s’enrichit. Obtenir un taux de croissance à long terme élevé est un

objectif commun à tous les gouvernements. La notion de long terme est très

importante, car pour qu’on puisse parler de croissance, le phénomène ne doit pas

être temporaire mais durer une longue période.

Graphique 1. Taux de croissance annuel du PIB par tête de la Côte d’Ivoire.

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taux de croissance économique de la Côte d'Ivoire de
15 1990 à 2022
10

0
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
-5

-10

Source : avec les données de la Banque Mondiale

croissance du PIB par tête de la Côte d'ivoire


10
8
6
4
2
0
1994

2004

2013
1991
1992
1993

1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003

2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012

2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
-2
-4
-6
-8
-10

Source : avec les données de la Banque Mondiale

Travail à faire : commenter les deux graphiques.

-Le taux de chômage, qui mesure la proportion de travailleurs dans l’économie qui

n’ont pas d’emploi et en cherchent un. Réduire le chômage est un autre objectif

primordial pour les gouvernements.

-Le taux d’inflation, qui mesure le taux moyen de l’augmentation des prix au cours

du temps (i.e. une augmentation générale des prix). Les gouvernements visent

généralement une inflation faible et stable. Cela facilite, entre autres, la prise de

décision des individus, des décisions de consommation pour les travailleurs,

d’investissement pour les entreprises.

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Graphique 2. Taux d’inflation annuel (en %) en Côte d’Ivoire

taux d'inflation au niveau de la Côte d'Ivoire


30
25
20
15
10
5
0
1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020 2022
-5

Source : WDI, Banque Mondiale

Travail à faire : commenter le graphique 3.

-L’équilibre extérieur de la balance commerciale qui est la différence entre la

valeur des exportations et des importations de biens. Une balance commerciale

positive signifie que le pays exporte plus de biens qu’il n’en importe. On parle

d’excédent commercial ou balance excédentaire. Quand la balance commerciale est

négative, on parle de déficit commercial. Quand la balance commerciale est nulle,

on dit qu’il y a équilibre commercial.

Remarque : la balance commerciale est un sous-compte de la balance des

paiements qui est défini comme un document comptable qui enregistre l’ensemble

des transactions économiques et financières d’une économie-un pays ou une zone

économique-avec le reste du monde.

1.2 La politique macroéconomique des Etats

Les principaux objectifs que se fixe un gouvernement sont : une croissance

économique forte et stable, un chômage faible, une inflation faible et un équilibre

extérieur stable : éviter d’avoir des échanges commerciaux déficitaires.

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Ces quatre principaux objectifs potentiels de la politique économique

représentent ce que Nicolas Kaldor (1971) a appelé le carré magique.

Ces quatre objectifs de politique économique sont toujours difficiles à atteindre

et, parfois, sont même antagonistes. Ainsi, une politique destinée à accélérer la

croissance économique peut conduire à une montée de l’inflation et à un déficit de

la balance commerciale. Les gouvernements sont donc contraints à faire des choix

entre ces objectifs économiques.

II. Le circuit économique

Le circuit économique est une représentation de l’activité économique sous la

forme de flux réels, monétaires et financiers qui mettent en relation des

catégories d’agents économiques. Pour ce faire, les différents acteurs de la vie

économique sont classés en cinq groupes appelés secteurs institutionnels, qui

constituent la base de la comptabilité nationale. Les cinq secteurs institutionnels

résidents sont :

-les sociétés non financières, c’est-à-dire les entreprises ;

-les sociétés financières, par exemple les banques et les compagnies d’assurances;

-les administrations publiques, c’est-à-dire les établissements ou institutions qui

relèvent de l’Etat ou des collectivités territoriales (régions, départements,

municipalités) : écoles et collèges, hôpitaux, ministères, etc.

-les ménages, c’est-à-dire les personnes résidentes et leur famille ;

-les institutions à but non lucratif, par exemple les associations, les partis

politiques, les églises, etc.

Remarque : les agents qui ne résident pas dans le pays étudié, mais qui

interagissent néanmoins avec les secteurs institutionnels résidents, sont

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regroupés dans un seul et dernier ensemble institutionnel, appelé le reste du

monde.

2.1 Circuit simplifié et fermé

Graphique 4 . Le circuit économique simplifié

Entreprises

Revenus des facteurs Dépenses


(Salaires, revenus de Facteurs de Biens et Des ménages
la propriété) Production Services

Ménages

Le graphique 4 représente les principaux flux, réels d’une part (biens et services

achetés ou vendus, facteurs de production tels que le travail ou le capital), et

monétaires d’autre part (salaires versés, intérêts versés ou payés, paiements

effectués pour les achats) retenus par la comptabilité nationale dans le cas

simplifié d’une économie avec seulement deux secteurs institutionnels, les

entreprises et les ménages.

La partie gauche du schéma montre que les entreprises obtiennent des ménages

des services de travail et de capital en contrepartie d’un paiement monétaire (le

salaire et les intérêts et dividendes du capital si les ménages possèdent des

actions et des obligations). Ainsi, à gauche du Graphique 3, des flux monétaires

vont des entreprises vers les ménages pour rétribuer l’ensemble des facteurs de

production que ceux-ci mettent à la disposition des entreprises.

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La partie droite quant à elle met en évidence l’achat de biens et services aux

entreprises par les ménages et le flux monétaire qui en résulte, à savoir le

paiement de ces achats. Si les ménages dépensent tous leurs revenus pour acheter

des biens et des services produits par les entreprises domestiques, et si celles-ci

dépensent tout ce qu’elles reçoivent des ménages pour leur acheter les facteurs

de production dont elles ont besoin, et si la vitesse de circulation de la monnaie

ne change pas, le circuit fermé de cette économie va se perpétuer indéfiniment.

Il s’ensuit que dans le circuit économique, la production, le revenu et les dépenses

sont équivalents. La production donne lieu à des revenus, et les revenus

permettent de financer les dépenses qui rendent possible la production.

PRODUCTION
REVENU

DEPENSE

2.2 Circuit économique ouvert, fuites et injections

Contrairement au circuit fermé décrit ci-dessus, les choses ne sont pas aussi

simples. Le circuit n’est pas aussi hermétique. On constate des fuites et des

injections de certains flux, on parle alors d’un circuit économique ouvert.

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Graphique 5. Circuit économique ouvert

Entreprises Injections

Investissement Dépenses
Exportations
de l’Etat
Rémunération
des facteurs Dépenses de
consommation
Banques, etc. Etat Reste du
Monde

Facteurs de Biens et Epargne Taxes et


Importations
production services impôts

Ménages Fuites

Lexique

Un stock est une quantité mesurée en un point du temps, tandis qu’un flux est une

quantité mesurée par unité de temps. Stock et flux sont souvent liés. Le stock

résulte de l’accumulation du flux, qui est la variation de ce stock. Par exemple, la

richesse d’une personne est un stock ; son revenu et sa dépense des flux. Autre

exemple, le nombre de chômeurs est un stock ; le nombre de personnes qui perdent

leur emploi est un flux.

2.2.1 Les fuites

Les fuites correspondent aux parties du revenu des ménages et des entreprises

qui échappent au circuit fermé. En effet une partie seulement des revenus des

ménages est dépensée pour l’achat de biens et services domestiques ; de même

une partie seulement de ce que reçoivent les entreprises domestiques est versée

à des ménages du pays. Il y a, en pratique, trois catégories de fuites : l’épargne

(S), les taxes et les impôts (T) et les dépenses en importations (M).

L’épargne (S) : elle correspond à la part du revenu que les ménages décident de

ne pas dépenser immédiatement et qu’ils sauvegardent pour une consommation

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future. Elle est généralement déposée dans des institutions financières (les

banques, les caisses d’épargne, etc.). L’épargne nette des ménages, S (S pour

savings), est la différence entre leurs dépôts et leurs retraits.

Taxes et impôts (T) : lorsque les ménages paient des impôts, une partie des flux

du circuit précédent est retirée. Contrairement à l’épargne qui résulte d’une

décision volontaire, l’impôt est obligatoire : les ménages n’ont pas le choix.

L’ensemble des taxes et impôts comprend la TVA qui touche la consommation, la

taxe d’habitation, la taxe foncière, les impôts sur le revenu, etc.

Remarque : Lorsque les ménages reçoivent des revenus de l’Etat, comme des

allocations chômage, des pensions de retraite ou une bourse d’études, ces flux

sont comptabilisés comme une taxe négative. Ce sont des transferts.

Les importations (M) : les ménages achètent également des biens et des services

produits par des entreprises étrangères ou par des entreprises nationales, mais

dont la production a nécessité des biens intermédiaires ou des services importés.

Ces types de consommation correspondent à des flux de devises (monnaie) à

destination des pays étrangers.

Remarque : le total des fuites correspond à la somme des flux de monnaie engagés

dans ces trois catégories : S + T + M.

2.2.2 Les injections

La demande qui s’adresse aux entreprises pour leurs biens et leurs services ne

provient pas seulement des ménages domestiques. D’autres flux (provenant de

l’extérieur du circuit fermé) existent. Ce sont les injections. Il y en a trois

catégories : les investissements (I), les dépenses publiques des Etats (G) et les

exportations (X).

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Les investissements (I) : ils correspondent aux flux de monnaie que les

entreprises obtiennent auprès des institutions financières. Les entreprises

utilisent cet argent pour faire des investissements en capitaux fixes (nouvelles

usines, nouvelles machines) ou constituer des stocks de produits finis ou semi-

finis.

Les dépenses des Etats (G) : lorsque les Etats achètent des biens et des

services aux entreprises, cela correspond à une injection de monnaie. Il s’agit, par

exemple, de construction de routes, d’hôpitaux, de barrages hydroélectriques ou

d’écoles.

Les exportations (X) : les exportations correspondent à tous les flux versés par

les ménages, les Etats et les entreprises des autres pays aux entreprises

nationales pour l’achat de leurs biens et de leurs services.

Remarque : le total des injections correspond à la somme des flux de monnaie

engagés dans ces trois catégories : I + G + X.

2.3 Les relations entre fuites et injections

Il existe des relations entre les fuites et les injections. Ainsi, une augmentation

de l’épargne (S) des ménages correspond à une augmentation des fonds disponibles

que les banques peuvent prêter aux entreprises pour leurs investissements (I).

Cette relation ne garantit pas une situation d’égalité parfaite où S = I. L’épargne

et les investissements dépendent des décisions individuelles des ménages et des

entreprises, qui ne s’équilibrent pas forcément. Si S ˃ I, alors le secteur privé

dégage une capacité de financement. Si S ˂ I, alors le secteur privé dégage un

besoin de financement.

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Les taxes et les impôts (T) correspondent aux revenus de l’Etat que ce dernier

pourra dépenser (G). L’Etat peut décider de ne pas dépenser l’ensemble de son

revenu T pour dégager un excédent (G < T) ou, au contraire, il peut décider lors

d’une récession de dépenser plus (G > T), en espérant que ce déficit budgétaire ne

soit que momentané et aide à la reprise économique.

Enfin, une augmentation des exportations (X) correspond à une entrée de devises

qui peut faciliter les importations (M). L’égalité entre la valeur des exportations

et celle des importations n’est pas garantie.

2.4 Economie ouverte et économie fermée

Une économie ouverte est une économie qui prend part au commerce international

(C’est-à-dire importe et exporte) de biens et de capitaux avec d’autres pays, alors

qu’une économie fermée est celle qui n’a ni importations ni exportations.

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CHAPITRE 2 : MESURE DE L’ACTIVITE ECONOMIQUE

Comme la macroéconomie étudie les phénomènes économiques d’un point de vue

agrégé, elle doit utiliser des données elles aussi agrégées pour mesurer le niveau

d’activité économique. C’est ce qu’on appelle les agrégats et c’est la comptabilité

nationale qui permet de les construire. Le nombre des principaux agrégats est

connu parce que ces derniers font l’objet de commentaires réguliers dans les

médias. Pourtant leur définition exacte est souvent ignorée, ce qui donne lieu à

des erreurs d’interprétation.

L’objet ici est donc de définir les principaux agrégats que nous serons amenés à

utiliser dans le cours afin de bien savoir de quoi nous allons parler. Cependant, il

existe une pléthore d’agrégats qui mériteraient d’être commentés. Il faut donc

faire un choix. Nous allons nous concentrer sur les agrégats qui mesurent les

principaux objectifs de la politique économique : le revenu (II), le niveau des prix

(III), et le chômage (IV).

I- LA MESURE DU REVENU

Lors de ses déclarations d’impôts un contribuable a parfois du mal à calculer son

revenu. On imagine que lorsqu’il s’agit de calculer le revenu de toute une économie,

les choses sont encore plus compliquées. C’est pourquoi il n’existe pas une mesure

unique du revenu, mais plusieurs. La mesure du revenu permet de faire la

dichotomie entre pays riches et pays pauvres à travers les niveaux de revenu, de

manière à déboucher sur une classification en quatre partie (Perkins et al (2008) :

 Economie à faible revenu, dont le revenu moyen individuel en 2003 converti

en dollars au taux de change courant, était inférieur à 765 dollars EU ;

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 Economie à revenu intermédiaire (tranche inférieure), dotées d’un revenu

compris entre 765 et 3035 dollars EU ;

 Economie à revenu intermédiaire (tranche supérieure), dotées d’un revenu

compris entre 3035 et 9385 dollars EU ;

 Economie à revenu élevé, qui font partie dans la majorité, de l’organisation

de coopération et de développement économique (OCDE), et dont le revenu

individuel est supérieur à 9385 dollars EU.

La mesure de la richesse la plus utilisée en macroéconomie est le produit intérieur

brut (PIB). Nombreux sont ceux qui considère le produit intérieur brut (PIB)

comme la meilleure mesure des comportement et performance d’une économie.

A- La notion du PIB

On va d’abord définir le PIB (1) avant de passer en revue les trois façons de le

calculer (2). On déduira alors une égalité comptable importante (3).

1) Définition du PIB

Le PIB a une définition unique mais peut être calculé de trois façons différentes,

cohérentes entre elles. Produit intérieur brut ou PIB : valeur monétaire de

l’ensemble des biens et services finaux produits sur le territoire d’un pays pendant

une période donnée. Tous les termes sont importants :

- ensemble des biens et services : le PIB est censé mesurer tout ce qui est produit

comme richesse dans l’économie. Cela inclut donc tous les biens et tous les

services. Certaines activités sont cependant exclues du PIB à cause de la

difficulté rencontrée pour les mesurer. C’est le cas des activités illicites et des

activités domestiques.

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-Pendant une période donnée : le PIB est donc un flux. Ce n’est pas une mesure de

la richesse totale mais de la richesse produite au cours d’une période donnée.

- biens et services finaux : on exclut les consommations intermédiaires pour éviter

de les compter deux fois.

- produits sur le territoire : c’est la production des unités résidentes qui compte.

Un Ivoirien qui travaille en France ne fait pas augmenter le PIB ivoirien mais le

PIB français. En revanche, un français qui travaille en Côte d’Ivoire fait augmenter

le PIB ivoirien.

- valeur monétaire : comme le PIB doit agréger des biens et services très

différents, il faut les exprimer dans une unité commune. Cette unité commune est

une unité monétaire (dollar, euro, Fcfa etc.).

2) Les trois modes de calcul du PIB

Il existe trois façons de calculer le PIB qui aboutissent toutes au même nombre.

Elles reposent chacune sur une autre optique de la mesure de la richesse créée

pendant une période donnée.

1ère optique : optique de la dépense ou par la méthode des dépenses

C’est l’application directe de la définition du PIB que nous venons de commenter.

Elle consiste à mesurer la richesse au moment où elle va être utilisée. Dans les

deux cas on peut dire que le PIB va être égal à la somme des dépenses ou des

utilisations. On dit que le PIB est égal à la somme des demandes finales.

PIB   Demandes finales ou PIB  C  I  G  S  X  M

La variation de stocks est généralement petite, tantôt négatives, tantôt positives.

Si on pose que :

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S  0 On aura

PIB  C  I  G  X  M

Encore faut-il définir ce que sont les demandes finales. Il s’agit de la

consommation, des investissements, des dépenses publiques, et des exportations

auxquelles on soustrait les importations. L’équation ci-dessus est appelée

l’équation macroéconomie fondamentale.

Pour s’en convaincre, il suffit de se demander ce que pourrait faire de sa

production une économie productrice uniquement de bicyclettes. Les bicyclettes

pourraient être achetées par des consommateurs (consommation), des

entreprises (investissement), le gouvernement (dépenses publiques), ou bien être

exportées (exportations).

2ème optique : optique de la production

A l’échelle du pays dans son ensemble, la dépense doit être égale au revenu. On

peut donc également mesurer le PIB en mesurant la richesse au moment où elle

est créée. On cherche à mesurer la richesse produite dans l’économie.

Dans ce cas, le PIB est simplement la somme des valeurs ajoutées (des

entreprises) de l’économie étudiée à laquelle on ajoute TVA et DD

PIB  VABranche  DD  TVA

La valeur ajoutée d’un bien correspond à la différence entre la valeur du bien ou

du service et la valeur des biens intermédiaires (inputs matériels) qui ont été

nécessaires pour le réaliser. Ex: si un livre vaut 10€, et qu’il a fallu 1,50€ de papier

et 50 centimes d’encre pour l’imprimer, la valeur ajoutée de ce livre vaudra :

10-1,50-0,50 = 8€.

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Calculer le PIB à partir de la somme de valeurs ajoutées permet d’éviter de

compter plusieurs fois les produits intermédiaires. Dans l’exemple, on aurait

surestimé la richesse créée en additionnant les prix du livre, du papier et de

l’encre, puisque le prix du livre inclut ceux du papier et de l’encre.

3ème optique : optique des revenus

Lorsque la richesse a été produite, elle doit être distribuée. Une troisième façon

de la mesurer consiste donc à calculer la somme des revenus des facteurs de

production (salaires, revenus du capital…). Cette méthode de calcul du PIB consiste

à additionner les rémunérations des deux facteurs de production primaires que

sont le travail et le capital (salaires, dividendes, rentes, intérêts…), auxquels il

faut ajouter les impôts (nets des subventions) sur la production et les

importations. On peut ainsi écrire :

PIB   Re venu des facteurs

Plus précisément le PIB sera la somme des rémunérations des salariés versés par

les unités résidentes (revenus du travail) et des excédents bruts d’exploitation

des unités résidentes (revenus du capital), auxquels on ajoutera les impôts liés à

la production et on soustraira les subventions d’exploitation (revenus nets de

l’Etat liés à la production).

3) L’identité comptable fondamentale

A partir de la définition du PIB, on peut déduire une identité comptable, c’est-à-

dire une égalité qui sera par construction toujours vraie.

Nous allons commencer par étudier l’identité comptable fondamentale d’une

économie fermée et sans Etat. Il n’existe qu’une seule économie réellement

fermée, c’est l’économie mondiale, et il n’y a pas de pays sans Etat. Pourtant cette

première étape est utile parce qu’elle est pédagogique et parce que nous serons

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amenés à utiliser un certain nombre de modèles d’économie fermée et sans Etat

(ex : modèles de croissance).

Partons de la définition du PIB par la dépense. Dans une économie fermée et sans

Etat, le PIB est utilisé soit pour la consommation soit pour l’investissement.

Dorénavant, nous noterons Y le PIB, C la consommation agrégée et I

l’investissement.

On peut alors écrire :

Y  C  I (1)

On va compléter cette première égalité par une autre qui définira l’épargne. Par

analogie avec le cas d’un consommateur individuel, l’épargne (S) est définie par la

différence entre le revenu et la consommation (C). Or on sait que le PIB (Y) est

aussi égal à la somme des revenus.

Y  C  S  S  Y  C (2)

Par conséquent, si on combine les deux définitions, on obtiendra une expression

toujours vraie. On remplace alors Y par sa valeur dans (2)

I S

Elle traduit le fait que la production est répartie entre les consommateurs et les

entreprises. Ce qui n’est pas consommé, donc épargné, peut être investi et vice

versa. Une fois cette identité comptable comprise, on peut par le même

raisonnement l’étendre au cas d’une économie ouverte avec un Etat, qui est

beaucoup plus réaliste. On part de la définition du PIB par la dépense qui donne à

présent : Y  C  I  G  ( X  M ) ou Y  C  I  G  XN

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Où G représente les dépenses publiques et NX les exportations nettes des

importations, c’est-à-dire les exportations moins les importations.

On définit toujours l’épargne comme la différence entre le revenu et la

consommation. Cependant, il faut à présent soustraire un prélèvement important

sur le revenu brut avant d’obtenir l’épargne : les impôts. Si on note les impôts T,

on peut écrire :

S  Y  C T

En remplaçant Y par sa valeur, on obtient :

S  C  I  G  XN  C  T  S  I  G  T  XN

(S  I )  (T  G)  capacité de financement

XN  solde de la balance commerciale

On peut interpréter cette identité comme traduisant le fait que les productions

qui ne sont pas utilisées à l’intérieur des frontières du pays peuvent être envoyées

à l’étranger. En d’autres termes, l’excédent commercial est égal à la somme de

l’épargne privée et de l’épargne publique.

A l’inverse, si l’excédent budgétaire est négatif, c’est-à-dire si on observe un

déficit budgétaire, et si l’épargne privée ne le compense pas, on observera aussi

un déficit commercial. Il est donc fort probable qu’un déficit budgétaire soit

accompagné d’un déficit commercial et réciproquement.

C’est pourquoi on parle des déficits jumeaux ou « twin deficits ».

La relation n’est cependant pas systématique puisqu’il faut tenir compte de

l’épargne privée.

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Il faut se garder pour l’instant d’expliquer un déficit par un autre. L’identité

comptable fondamentale n’est qu’une relation comptable. Elle est toujours vraie

mais ne dit rien sur l’origine des déficits ni sur la causalité qui les relie. Tout ce

que nous pouvons dire est que l’identité sera toujours respectée ex post. Si on

veut expliquer l’évolution des différentes composantes de l’identité, on doit

disposer d’une théorie. En revanche, elles pourront fournir des explications

contradictoires sur les variables qui vont s’ajuster pour y parvenir.

B- La comparaison des PIB dans le temps

1) Le PIB réel et le PIB nominal

En utilisant les règles décrites ci-dessus, les économistes calculent le PIB, qui

évalue la quantité totale de biens et services produits par une économie. Mais le

PIB est-il une bonne mesure du bien-être économique ? Reprenons le cas de

l'économie ne produisant que des pommes et des oranges. Le PIB y est la somme

de la valeur de toutes les pommes et toutes les oranges produites.

PIB  (Pr ix des pommes * Quantité de pomes)  (Pr ix des oranges * Quantité d ' Orange)

Les économistes désignent sous le nom de PIB nominal la valeur des biens et

services mesurée à prix courants. On peut noter que toute hausse du PIB nominal

es conséquence d'une augmentation des prix ou des quantités. Il est facile de

remarquer que, calculé de cette manière, le PIB n'est pas un bon indicateur du

bien-être économique : il ne reflète pas de manière précise la mesure dans laquelle

l'économie satisfait effectivement les besoins des ménages, des entreprises et

des pouvoirs publics. Il suffit que tous les prix doublent sans que les quantités ne

se modifient pour que le PIB nominal soit multiplié par deux. Dans un tel cas, la

capacité de I ‘économie à satisfaire la demande n'a nullement doublé, puisque la

quantité de chacun des biens et services produits reste exactement la même.

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Pour mesurer correctement le bien-être économique, il faut en fait apprécier la

production de biens et services en neutralisant l'influence de la variation des prix.

À cette fin. Les économistes font appel au PIB réel, constitué par la valeur des

biens et services mesurée à prix constants. En d'autres termes, le PIB réel

reflète le volume de la production de la période courante, et non sa valeur,

puisqu'il ne tient compte que de l'évolution des quantités produites par rapport à

l'année de référence, dite année de base, en supposant que les prix restent

inchangés.

Pour calculer ce PIB réel, on choisit donc une année de base, par exemple 2014.

On additionne alors la valeur de tous les biens et services produits chaque année

aux prix de l'année de base 2014. Dans notre économie de pommes et d'oranges,

le PIB réel pour l'année 2014 serait :

PIB = (Prix des pommes en 2014 × Quantité de pommes en 2014) + (Prix des

oranges en 2014 x Quantité d'oranges en 2014)

Le PIB réel pour l'année 2015 serait alors:

PIB = (Prix des pommes en 2014 x Quantité de pommes en 2015) + (Prix des

oranges en 2014 x Quantité d'oranges en 2015)

Et le PIB réel pour l'année 2016 serait :

PIB = (Prix des pommes en 2014 x Quantité de pommes en 2016) + (Prix des

oranges en 2014 x Quantité d'oranges en 20l6)

Les prix de 2014 sont utilisés pour calculer le PIB réel des trois années étudiées.

Les prix étant ainsi maintenus constants, le PIB réel ne varie d'une année à l'autre

que si les quantités se modifient. Dans la mesure où la capacité qu'a une société à

satisfaire les besoins économiques de de ses membres dépend en dernier ressort

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des quantités de biens et services produits, le PIB réel mesure plus correctement

le bien-être économique que le PIB nominal

Le PIB nominal désigne la valeur des biens et des services mesurés à prix courant.

On peut noter qu’une hausse du PIB nominal est la conséquence d’une augmentation

des prix ou des quantités. A ce niveau le PIB nominal n’est pas un bon indicateur

du bien-être économique. Il suffit que tous les prix doublent sans que les quantités

ne se modifient pour que le PIB nominal soit multiplié par deux.

Lorsque l’on souhaite comparer les PIB de deux années différentes, on souhaite

comparer la richesse produite pendant ces deux années. Or entre ces deux

années, les prix ont forcément changé. Cela peut être dû à l’inflation et/ou à des

variations de prix relatifs, mais une tonne de blé reste une tonne de blé quel que

soit son prix. Supposons qu’une économie produise uniquement de blé et de l’acier.

Le tableau ci-après décrit l’évolution des quantités et des prix :

P.blé Q.blé P.acier Q.acier


2014 200$ 2t 100$ 3t
2015 300$ 1t 250$ 4t

On calcule le PIB nominal pour les deux années :

PIB nominal2016 = 200 × 2 + 100 × 3 = 700

PIB nominal2017 = 300 × 1 + 250 × 4 = 1300

Le PIB nominal a donc augmenté d’une année sur l’autre. Il a même presque doublé.

L’augmentation du PIB nominal est donc largement due à l’augmentation très

importante des prix. Pour se faire une véritable idée de l’évolution des quantités

produites, on doit neutraliser l’inflation. Cela suppose à neutraliser l’influence de

la variation des prix. A cette fin, les économistes font appels au PIB réel qui

constitue la valeur des biens et services à prix courant. La méthode de calcul est

simple, on choisit une année de référence ou année de base, et on utilise les prix

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de cette année pour les appliquer aux quantités produites pendant les autres

années. PIB réel, en volume, ou à prix constants : production de biens et services

valorisée aux prix de l’année de base. Calculer le PIB réel pour les deux années

avec l’exemple précèdent :

PIB réel2016 = 200 × 2 + 100 × 3 = 700 et PIB réel2017 = 200 × 1 + 100 × 4 = 600

On constate que le PIB réel de 2016 est égal au PIB nominal de la même année.

On remarque par ailleurs que le PIB réel de 2017 est bien inférieur au PIB nominal

de 2017. Il est surtout inférieur au PIB réel de 2017. La production a donc

diminué. On voit que l’évolution du PIB nominal surestime l’évolution de la

production, à cause de l’évolution des prix.

Pour calculer le taux de croissance entre deux années, on doit donc absolument

toujours utiliser le PIB réel. Par commodité, on se contente de parler du taux de

croissance du PIB, mais il faut entendre taux de croissance du PIB réel. Pour

l’économie nationale, la croissance économie désigne une augmentation

significative de la production nationale. Elle est mesurée par le PIB sur une longue

période. Pour éviter le problème dû à l’augmentation des prix on utilise le PIB réel

pour calculer le taux de croissance. De l’exemple précèdent, le taux de croissance

du PIB est donné par :

PIB réel2017 − PIB réel2016


𝑡𝑎𝑢𝑥 𝑑𝑒 𝑐𝑟𝑜𝑖𝑠𝑠𝑎𝑛𝑐𝑒 2017 = ( ) ∗ 100 = −16,67%
PIB réel2016

Le taux de croissance est négatif, ce qui traduit une diminution de la production

du pays en termes réels. Lorsque l’on a calculé le PIB réel et le PIB nominal, on

peut en déduire le déflateur du PIB. Le PIB nominal mesure la production aux prix

courants alors que le PIB réel utilise les prix de l’année de base, le déflateur

mesure l’évolution des prix entre les deux années. Le déflateur est donc une
le déflateur est aussi l inflation mais une inflation lie a la production.
mesure de l’inflation. IPC mesure l inflation mais une inflation lie a la consommation

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2) Le déflateur du PIB

À partir du PIB réel et du PIB nominal, il est possible de calculer une troisième

grandeur statistique : le déflateur du PIB. Celui-ci, également appelé déflateur

implicite des prix du PIB, se définit comme suit :

PIBnomnal année n
deflateur 
PIBréel année n

Le déflateur du PIB est donc le rapport du PIB nominal au PIB réel. II reflète ce

qui se passe au niveau général des prix dans une économie donnée.

Pour mieux comprendre le déflateur du PIB, reprenons le cas de notre économie

qui ne produit que du pain. Désignons par P le prix du pain et par Q la quantité

vendue au cours d'une année. Le PIB nominal est le nombre total de dollars

dépensés pour acquérir du pain au cours d'une année, soit P x Q. Le PIB réel est

le nombre de pains produits au cours de la même année multipliée par le prix du

pain au cours d'une année de base donnée. Si le prix du pain au cours d'une année

de base est P alors le PIB réel n'est autre que PxQ.

Le déflateur du PIB est le prix du pain pendant l'année courante par rapport au

prix au cours de l'année de base, P/Pbase. Cette définition du déflateur du PIB

nous permet de distinguer deux éléments au sein du PIB nominal : le premier

mesure les quantités (PIB réel) et le second les prix (déflateur du PIB). On obtient

donc : PIB nominal =PIB réel X déflateur du PIB

Le PIB nominal mesure la valeur en monnaie courante (dollars, euros, etc.) de la

production de l'économie. Le PIB réel mesure la quantité produite, soit la

production évaluée au prix constants de l'année de base. Le déflateur du PlB

mesure le prix de l'unité caractéristique de production par rapport a son prix au

cours de l'année de base. Cette équation peut également s’écrire de la manière

suivante :

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𝑃𝐼𝐵 𝑛𝑜𝑚𝑖𝑛𝑎𝑙
𝑃𝐼𝐵 𝑟é𝑒𝑙 =
𝑝𝑖𝑏 𝑟é𝑒𝑙 Deflateur
Sous cette forme, on voit mieux d'où le déflateur tire son nom : on I ‘utilise pour

extraire l'inflation du PIB nominal afin d'obtenir le PIB réel.

Le déflateur du PIB qui ne tient compte des prix des biens et service produits sur

le territoire national, mesure les prix de tous les biens et service produits dans

l’économie. Ainsi toute hausse des prix des biens et services achetés par les

entreprises ou le pouvoir publics se reflète donc dans le déflateur du PIB.

3) Le produit National Brut (PNB)

Un autre agrégat économique comme PNB mesure le revenu total gagné par les

résidents d’un pays, ce qui est privilégié c’est la nationalité de celui qui produit,

sur ou en dehors du territoire national.

PNB  PIB  Re venu des facteurs reçu du rest du monde  Re venus des facteurs versés aureste du monde

III- L’INFLATION

La lutte contre l’inflation est un objectif de la politique économique. Mais comment

mesure-t-on cet objectif ? C’est ce que nous allons voir dans le premier

paragraphe de cette sous-section en décrivant la construction de l’indice des prix

à la consommation ou IPC et comparer avec le déflateur du PIB.

A- L’indice des prix à la consommation

L’indice des prix à la consommation ne mesure que les prix des seuls biens et

services achetés pas les consommateurs. Ainsi, toute hausse des prix des biens

et service importés se répercute sur l’IPC. L’IPC est calculé sur la base d’un panier

constant de biens et services, tandis, que le déflateur du PIB tient compte d’un

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panier de biens et services qui évolue au gré de la décomposition du PIB. Comment

résumer l’évolution du prix de biens différents, consommés en quantités

différentes, tout en essayant de coller le plus possible à la réalité de l’évolution

du pouvoir d’achat des ménages ? La solution réside dans la construction d’un

indice de prix. Celle-ci se fait en trois étapes :

- on définit le panier du consommateur moyen, c’est-à-dire la répartition de son

budget entre les différents biens et services qu’il consomme.

- on calcule le prix de ce panier de biens, à intervalle régulier (mois, année…).

- on calcule l’indice des prix en rapportant le prix courant du panier à celui d’une

année de base.

Pour bien comprendre la méthode, nous allons calculer le prix du panier dans un

exemple très simple. On suppose que le consommateur moyen consomme 4

baguettes de pain et 2 litres d’essence chaque année. L’évolution du prix de ces

deux biens est donnée dans le tableau suivant :


Prix de la Prix de l’essence Prix du panier de IPC inflation
baguette bien
2014 1€ 2€ 8€ 100 -
2015 2€ 3€ 14€ 175 75%
2016 3€ 4€ 20€ 250 43%

Pour calculer l’IPC, On doit calculer le prix du panier de bien pour chaque année.

𝑃𝑎𝑛𝑖𝑒𝑟 2014 = 4 ∗ 1 + 2 ∗ 2 = 8 to be
{𝑃𝑎𝑛𝑖𝑒𝑟 2015 = 4 ∗ 2 + 2 ∗ 3 = 14 read
𝑃𝑎𝑛𝑖𝑒𝑟 2016 = 4 ∗ 3 + 2 ∗ 4 = 20

Pour calculer l’IPC, on choisit alors une année de base et on rapporte le prix du

panier de biens de chaque année à celui de l’année de base. C’est à ce moment-là

qu’on obtient l’indice des prix. Ici on a choisi 2015 comme année de base :

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Ppanier 2015
IPC2015  100 *  100
Ppanier 2015
Ppanier12016
IPC2016  100 *  175
Ppanier 2015
Ppanier 2017
IPC2017  100 *  250
Ppaneir 2015

L’indice des prix ne mesure pas directement l’inflation. Il faut pour cela franchir

la dernière étape et calculer le taux de variation annuel de l’IPC. Comme nous ne

disposons que de données pour trois années, nous ne pouvons calculer que deux

taux d’inflation (2015 et 2016) :

Inflation2016  100*( IPC2016  IPC2015 ) / IPC2015  75%


Inflation2017  100*( IPC2017  IPC2016 ) / IPC2016  43%

Nous pouvons aller directement sur le calcul de IPC pour une année donnée.

Prenons cet exemple : le consommateur représentatif achète 5 pommes et de 2

oranges. En prenant comme année de base (2014 par exemple), l’indice des prix de

la consommation se calcule comme suite :

(5* prix courant des pommes )  (2 * prix courant des oranges)


IPC 
(5* prix des pommes en 2014)  (2 * prix des oranges en 2014)

Bien que sa construction soit en principe simple, l’IPC admet trois lacunes

principales :

- problème de substitution : l’IPC repose sur l’hypothèse que le panier de biens

représentatif est invariant. Or, si les prix relatifs évoluent, les consommateurs

vont modifier la répartition de leur budget en substituant aux biens dont le prix

a augmenté des biens moins coûteux. La composition du panier de biens va donc

s’éloigner de celle de la consommation effective parce que les consommateurs se

tourneront de préférence vers les biens les moins chers.

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- problème des biens nouveaux : la composition du panier étant en principe fixée

une fois pour toutes, il ne peut prendre en compte les biens nouveaux, alors que

l’évolution de leur prix peut être sensiblement différente de celle des autres

biens.

- problème de l’évolution de la qualité des biens : grâce au progrès technique, la

qualité des biens tend en général à s’améliorer (ex : ordinateurs). On remplace

sans s’en rendre compte des biens anciens par des biens de meilleure qualité. La

composition du panier de biens représentatif n’est donc pas constante dans le

temps. Ces trois problèmes créent un biais dans le même sens : l’IPC tend à

surestimer l’inflation. C’est ce qu’on appelle l’effet Boskin.

B) Les causes de l’inflation

Plusieurs facteurs sont à l’origine de l’inflation. Il s’agit :

- L’inflation par la demande. Lorsque l’offre de biens et services ne peut satisfaire

toute la demande solvable, il apparaît un déséquilibre sur le marché des biens et

services ce qui entraîne une hausse du prix des produits. L’excès de la demande

peut provenir une hausse de la masse monétaire (la quantité de monnaie en

circulation), d’une augmentation des investissements publics qui contribue à

l’accroissement des revenus distribués et d’une hausse du volume des

exportations.

- L’inflation par les coûts. L’augmentation des prix peut s’expliquer par une hausse

des coûts de production qui elle-même favorise une augmentation de la demande

des produits sur le marché. La hausse des coûts de production résulte de

l’augmentation des salaires et des charges sociales et financières et de

l’augmentation du prix des biens importés.

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- L’inflation par les structures sociales. Elle s’explique par les pressions émanant

de groupes sociaux organisés visant à modifier à leur avantage le revenu national.

- L’inflation par les structures oligopolistiques. L’oligopole est une structure de

marché caractérisé par un petit nombre d’offreurs face à un grand nombre de

demandeurs. La concurrence est absente et les prix sont souvent fixés à la hausse

au détriment de l’acheteur.

L’inflation provoque une baisse du pouvoir d’achat des consommateurs, c’est-à-dire

de la quantité de biens et services qu’ils peuvent acheter.

IV- la mesure du chômage : le taux de chômage

Toute économie se caractérise notamment par l’efficacité avec laquelle elle utilise

ses ressources. L’une des principales ressources d’une économie est sa main-

d’œuvre. L’utilisation optimale de celle-ci est donc l’une des préoccupations

majeures de la politique économique. Le taux de chômage représente la part de la

population active souhaitant travailler et ne trouvant pas un emploi.

A- La distinction entre chômage, inactivité et emploi

La définition que nous retiendrons est celle qu’a adoptée le Bureau International

du Travail (B.I.T.) en 1982. Chômeur au sens du B.I.T. : toute personne en âge de

travailler, sans emploi, immédiatement disponible, et à la recherche d’un emploi ou

en ayant trouvé un qui commence ultérieurement. A tout instant, on peut classer

les adultes en trois catégories :

 Ceux qui ont un emploi, c’est-à-dire une activité rémunérée. Cette catégorie

comprend tous ceux qui au moment de l’enquête travaillent comme salarier.

 Les chômeurs, qui n’ont pas d’activité rémunérée. Cette catégorie comprend

tous ceux qui ne sont pas employés, sont disponible pour travailler et ont essayé

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de trouver un emploi pendant les quatre semaines précédant l’enquête. Il comprend

aussi ceux qui attendent d’être rappelés à un emploi dont ils ont été licenciés

temporairement.

 Les inactifs, c’est-à-dire ceux qui ont une activité non rémunérée

(étudiants, femmes ou hommes au foyer…) et cette catégorie ne fate par parti

des deux autres précédentes. Notez qu’une personne qui veut travailler, mais a

renoncé à chercher un emploi (travailleur découragé) est considérée comme

n’étant pas dans la population active.

La population active est constituée de l’ensemble des personnes en âge de

travailler et désirant travailler, qui ont un emploi et qui en ont pas. Le taux de

chômage est le rapport entre ces derniers et de la population active. A savoir :

 nombre de personnes   nombre de personnes 


Population active    
 ayant un emploi   n ' ayant pas un emploi 

nombre de personnes n ' ayant pas un emploi


Taux de chômage  *100
population active

L’une des mesures statistiques associées aux précédentes est de participation ou

taux d’activité, soit la part de la population en âge de travailler qui fait partie de

la population active :

population active
taux d ' activité ou de participation 
population en âge detravailler

B) La loi d’Okun : relation entre le chômage et le PIB réel

Dans une économie, tous ceux qui détiennent un emploi produisent des biens et

services et contribuent par conséquent à l’augmentation du PIB réel. Au contraire,

tout accroissement du taux de chômage induit une baisse du PIB réel. Cette

relation négative entre le taux de chômage et le PIB réel a été étudiée par

l’économiste Arthur Okun et lui a donné son nom sous la forme de loi d’Okun.

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C- Relation entre le chômage et l’inflation

Le chômage et l’inflation sont deux problèmes auxquels doivent faire face l’Etat.

Les outils ou instruments pour résoudre ces problèmes sont à priori la politique

budgétaire et la politique monétaire. Disposant de deux instruments pour

résoudre deux problèmes, comment s’organise l’Etat pour user de mieux de ces

instruments ? La théorie économique nous enseigne voies :

VI) Les taux d’intérêt

Les taux d’intérêts sont un autre type de variable économique importante en

économie. Le taux d’intérêt d’un prêt ou d’un emprunt désigne le prix à payer par

l’emprunteur pour pouvoir disposer d’une somme d’argent. On a le taux d’intérêt

nominal et le taux d’intérêt d’une part et le taux d’intérêt créditeur et débiteur

d’autre part.

Taux d’intérêt nominal et le taux d’intérêt réel

Le taux réel qui est le taux d’intérêt qui est défini et inscrit dans le contrat de

prêt. Il représente le rendement annuel en UM en Unité Monétaire investi. Le

taux d’intérêt réel de l’emprunt est le taux nominal corrigé des effets de

l’inflation. En notant i le taux d’intérêt nominal et 𝜋 le taux d’inflation alors le taux

d’intérêt réel s’écrit : 𝑟 = 𝑖 − 𝜋

Le taux d’intérêt créditeur et le taux d’intérêt débiteur

Le taux d’intérêt créditeur est le taux d’intérêt qui énumère l’épargne des clients

de la banque. Par contre, le taux d’intérêt débiteur est le taux d’intérêt que la

banque exige lorsqu’elle prête de l’argent à ses clients.

V : LES AGREGATS DE MASSE MONETAIRE

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La masse monétaire peut être est l’ensemble des moyens de paiements disponibles

dans un pays en un moment donné. Il est souvent fréquent de retenir quatre

agrégats monétaires, notés M1, M2, M3 et M4, comme c’est le cas pour la BCE1

M1 = Masse monétaire au sens strict= disponibilités monétaires ;

M2 = M1 + quasi-monnaie = M1+ dépôts rémunérés non mobilisable par chèques

mais disponible à vue (comptes sur livrets et comptes d’épargne logement) ;

M3 = M2 + actifs moins liquides avec un peu plus de risques = M2 + comptes à

terme dans les banques + comptes en devises + parts en OPCVM monétaires +

titres du marché monétaire émis par les agents financiers (bons de caisse émis

par les banques, bons des caisses d’épargne) + titres négociables du marché

monétaires émis par les établissements de crédits et détenus par le public

(certificats de dépôts, bons des sociétés financières) ;

M4 = M3 + titres du marché monétaire émis par le Trésor Public (bons du trésor)

et les agents non financiers (billets de trésorerie, bons à moyen terme négociables

émis par les entreprises).

La masse monétaire officielle est souvent représentée par l’agrégat M3. Deux

principaux agrégats de monnaie centrale peuvent être retenue :

La liquidité bancaire constituée de la somme des billets en caisse dans les

établissements de crédit et des avoirs de ces établissements de crédit auprès de

la Banque Centrale ;

1
Il existe aussi des agrégats de placement, non imbriqués : P1 (plans d’épargne), P2 (obligations, opcvm
obligations, assurance-vie), P3 (actions, opcvm actions).

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CHAPITRE 3 : LE MARCHE DU TRAVAIL

Le marché du travail est le lieu de rencontre de l’offre et de la demande de travail

et sur lequel se fixent les salaires et le niveau de l’emploi, et par conséquent le

niveau du chômage. La notion de chômage, qui désigne un déséquilibre du marché

du travail, renvoie à la conception théorique de l’équilibre d’un marché. Le chômage

existe lorsque les offreurs de travail, qui échangent leur temps de travail contre

une rémunération, ne parviennent pas à trouver un emploi au salaire courant parce

que la demande de travail de la part des employeurs est insuffisante. En même

temps, le chômage n’est pas un déséquilibre de marché comme les autres car

l’histoire des faits économiques a montré que ce déséquilibre pouvait persister

sur de longues périodes de temps. Alors que dans la plupart des marchés, la

flexibilité des prix permet d’équilibrer les quantités offertes et demandées, ce

mécanisme d’ajustement quasi automatique ne semble pas opérer sur le marché du

travail qui peut connaître des périodes longues de désajustement. Ce qui a amené

Robert Solow (1979) a affirmé que « le marché du travail n’est pas un marché

comme les autres ».

Les théories libérales traditionnelles, qui considèrent que le chômage est

volontaire, et les théories keynésiennes, qui affirment qu'il résulte d'une

insuffisance de la production, s'opposent vigoureusement. Malgré la redéfinition

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du concept du chômage involontaire, l'enjeu principal des théories du marché du

travail semble encore s'articuler autour des causes du sous-emploi.

I) Le modèle traditionnel du marché du travail

Le modèle de base de l’analyse du marché du travail est le modèle classique et néo-

classique qui applique aux problèmes de l’emploi les principes de la loi de l’offre et

de la demande. Le marché du travail tout comme les autres marchés de biens ou

services est le lieu de confrontation d’une offre et d’une demande. Pour les Néo-

classiques, le marché est un instrument optimal de régulation de l'économie.

Lorsque les mécanismes du marché sont respectés, l'économie est obligatoirement

en plein-emploi. Le chômage est soit volontaire, soit l'indicateur d'un

fonctionnement du marché.

1) La demande de travail

La demande de travail (ou offre d’emplois) émane des entreprises qui ont besoin

de la force de travail pour maintenir leur activité de production. Elle désigne la

quantité de travail qu’une entreprise souhaite utiliser à un niveau de salaire réel

donné pour mettre en œuvre son processus de production. La demande du travail

est fonction du prix du travail. Sur un marché concurrentiel, une entreprise peut

vendre autant de production (Y) qu’elle souhaite au prix du marché (P), et

embaucher autant de travailleurs (N) qu’elle souhaite au taux de salaire nominal

(W) en vigueur sur le marché. La demande de travail constitue l'offre alors que

l'offre de travail représente la demande d'emploi. Le programme de maximisation


𝑀𝑎𝑥Π = 𝑃𝑌 − 𝑊𝑁 𝐷
de l’entreprise s’écrit :{ 𝑆. 𝐶
𝑌 = 𝐹(𝑁 𝐷 )

L’entreprise qui cherche à maximiser son profit (le revenu moins les coûts) a

intérêt à embaucher tant que son profit augmente, tant que le coût du dernier

travailleur (le salaire nominal) est inférieur à la recette procurée par ce dernier

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travailleur (prix de vente multiplié par le nombre d’unités produites)
𝑃 ∗ 𝑃𝑚𝑁 = 𝑊
𝑊 𝑊
:⌊ 𝑃𝑚𝑁 = 𝑜𝑢 𝐹′(𝑁 𝐷 ) =
𝑃 𝑃

Où W/P représente le salaire réel, soit la rémunération du travail mesurée en

unités de production plutôt qu’en unités monétaires. Le salaire réel désigne le

pouvoir d’achat, mesuré en quantité de biens et services, que le salaire nominal

permet d’acquérir.

Le profit est donc maximum quand le salaire réel est égal à la productivité

marginale du travail. La productivité marginale du travail est décroissante. En

d’autres termes, plus le nombre de travailleurs est élevé, plus la productivité

marginale du travail diminue, plus le salaire réel est faible. Car les quantités

demandées de travail évoluent en sens inverse du salaire sur le marché. La

demande de travail est une fonction décroissante du salaire réel : Nd = F ′−1 ( P )


W

Si PmN > W/P alors l'entreprise augmente son profit en augmentant sa demande

de travail (elle embauche des travailleurs). La demande de travail est fonction du

prix du travail: pour ces auteurs néo-classiques, l'entreprise ne demande du

travail que lorsque le salaire est inférieur à la productivité marginale.

PmN < W/P alors l’entreprise augmente son profit en réduisant N (c’est-à-dire en

licenciant des travailleurs) car une augmentation de la demande entraîne une perte

pour l'entreprise. Ainsi, la courbe de la demande est décroissante elle se présente

comme:

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L’analyse ci-dessus porte sur la demande de travail d’une entreprise individuelle

(analyse microéconomique). Au niveau macroéconomique, la demande totale de

travail est donc égale à la somme des demandes de travail des entreprises

individuelles. Par conséquent, les facteurs qui déterminent la demande globale de

travail sont les mêmes que ceux déterminants les demandes de travail des

entreprises individuelles. (𝑁𝐺𝑑 = ∑ 𝑁 𝑑 )

La courbe de demande globale de travail ressemble à la courbe de demande de

travail des entreprises individuelles. A l’image de la courbe de demande de travail

d’une entreprise individuelle, la courbe de demande globale de travail a une pente

décroissante, suggérant qu’une augmentation du salaire réel au niveau

macroéconomique réduit la quantité totale de travail que les entreprises

souhaitent utiliser.

2) L'offre de travail

On peut considérer l'offre de travail comme l'ensemble des capacités physiques

et intellectuelles que les hommes mettent en œuvre pour produire les biens et

services nécessaires à leurs besoins. L'offre de travail, en quantité et en qualité

est ainsi définie comme une force disponible pour produire. L’offre de travail

émane des ménages ; elle se réfère à la quantité de travail que les ménages

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(salariés) sont disposés à offrir en fonction du salaire réel qui leur est proposé.

Ceux-ci cherchent à maximiser leur utilité en répartissant leur temps (T) entre

travail ( N) et loisir (l). Chaque heure consacrée au loisir doit être retranchée du

temps de travail. Déterminer la fonction d’offre de travail, consiste à déterminer

comment le travailleur va modifier le temps qu’il consacre au travail lorsque son

taux de salaire réel varie. Une augmentation du salaire réel se traduit par une

augmentation de la consommation et parallèlement une augmentation du coût

d’opportunité du loisir, c’est-à-dire une augmentation du prix relatif du loisir.

L’augmentation du salaire réel provoque deux effets : l’effet de substitution et

l’effet de revenu. En effet, le prix relatif du loisir augmentant, le travailleur est

incité à substituer de la consommation au loisir, ce qui augmente son offre de

travail (effet de substitution).

Puisque le salaire augmente, la valeur du temps que le travailleur peut affecter au

travail augmente. Il est en quelque sorte « plus riche ». Si le loisir est un bien

supérieur, le travailleur peut alors être incité à en prendre davantage et réduire

ainsi son offre de travail (effet de revenu). Ainsi, lorsque le taux de salaire réel

augmente, l’offre de travail peut, soit augmenter, soit diminuer. Toutefois, la

diminution du temps de travail suggère que l’effet de revenu l’emporte sur l’effet

de substitution à long terme. En revanche, c’est l’effet de substitution qui

l’emporte à court terme, parce que les travailleurs vont être disposés à travailler

davantage lorsqu’ils considèrent que l’augmentation du salaire qui leur est

proposée est temporaire.

Le ménage offre les services de son travail en échange d’un salaire lui permettant

de consommer. Le fait de renoncer au loisir est associé à une perte de

satisfaction. Le salaire récompense le renoncement à ce loisir. Plus le salaire réel

est élevé, plus la perte potentielle de revenu due au loisir (le fait de ne pas

travailler) est grande. En d’autres termes, le coût d’opportunité du loisir s’accroît

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avec le salaire réel. La décision de travailler résulte donc d’un arbitrage entre la

consommation (C) et le loisir (l) qui dépend de plusieurs facteurs : le salaire, les

revenus non salariaux, le prix des biens consommés, les préférences du

consommateur pour le travail et le loisir. La contrainte budgétaire du ménage

s’écrit: WN=Pc, avec N=T-l. Le programme de maximisation du consommateur :

𝑀𝑎𝑥𝑈(𝐶, 𝑙)
{
𝑆𝐶 𝑇W = Pc + Wl

Le programme de résolution se fait avec le lagrangien du programme de

maximisation qui s’écrit: 𝐿(𝐶, 𝑙, 𝜆) = 𝑈(𝐶, 𝑙) + 𝜆(𝑇W − P − Wl)

Après résolution de ce programme l'équilibre du consommateur est tel que:

𝑈𝑚𝑙 𝑊
=
𝑈𝑚𝑐 𝑃

On déduit de ce programme que l’offre de travail est une fonction croissante du

salaire réel. En effet, une hausse du salaire réel a deux effets :

- l'effet de substitution : une hausse du salaire réel augmente le coût

d’opportunité du loisir. Le consommateur réduit donc son temps de loisir et

travaille plus.

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- l’effet de revenu : une hausse du salaire réel augmente le pouvoir d’achat du

consommateur. Il est possible de consommer plus ou autant en travaillant moins.

Notons que l’effet de substitution augmente l’offre de travail alors que l’effet de

revenu la réduit. L’effet net d’une variation de salaire est donc a priori

indéterminé, mais la théorie classique suppose que l’effet de substitution

l’emporte sur l’effet de revenu de sorte que l’offre de travail augmente lorsque le
𝑊
salaire réel augmente. On a 𝑁 𝑂 = 𝑁 𝑂 ( 𝑃 )

Comme dans la section précédente, l’offre totale de travail est égale à la somme

des offres de travail individuelles. L’offre globale de travail augmente quand le

salaire réel de l’ensemble de l’économie augmente. L’augmentation du salaire réel

entraîne une hausse de l’offre de travail pour deux raisons. D’une part, la hausse

du salaire réel incite ceux qui travaillent déjà à travailler plus – en faisant des

heures complémentaires, en passant du temps partiel à temps plein, en acceptant

un deuxième emploi. D’autre part, la hausse du salaire réel incite ceux qui ne sont

pas sur le marché du travail à chercher un emploi. Etant donné que des salaires

réels élevés incitent les gens à travailler plus, la courbe d’offre globale de travail

qui est la relation entre le montant total d’offre de travail et le salaire réel

courant a une pente croissant.

III- EQUILIBRE DU MARCHE DU TRAVAIL

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Un équilibre est une situation dans laquelle personne n'a intérêt à changer son

propre comportement. Pour un équilibre concurrentiel est donné par l'intersection

des courbes d'offres et de demande. L'équilibre sur un marché du travail

concurrentiel fonctionne de la même manière. Plus spécifiquement, cet équilibre

est donné par le point d'intersection entre les courbes d'offre de travail et de

demande de la main-œuvre. Au salaire d'équilibre concurrentiel 'w*'', la quantité

de travail fournit est égale à la quantité de travail demandé. pour un salaire

supérieur à w*, la quantité de travail fournie dépasserait la quantité de travail

demandée et ferait baisser le salaire. Pour un salaire inférieur à w*, la quantité

de travail désirée excèderait la quantité de travail offerte, tirant le travail vers

le haut. Ainsi, w* est le seul salaire qui permette d'égaliser la quantité de travail

fournie par les travailleurs à celle demandée par les firmes. Cette quantité de

travail noté L* est aussi appelé emploi d'équilibre.

Il existe un niveau de salaire (qualifié de « salaire d’équilibre ») pour lequel l’offre

et la demande de travail sont égales . En l’occurrence, si le salaire est à son niveau

d’équilibre, alors il n’y a pas de chômage : l’ensemble des travailleurs désirant

travailler au salaire courant sont effectivement embauchés. Par contre, si le

salaire en vigueur est supérieur à son niveau d’équilibre, alors il y a un excès

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d’offre de travail (graphique suivant) : plusieurs travailleurs désirent travailler au

salaire courant, mais ils ne trouvent pas d’emploi, si bien que l’on peut

éventuellement parler dans leur cas de « chômeurs involontaires ».

Si le salaire est pleinement flexible, une situation d’offre excédentaire devrait

entraîner une baisse du salaire ( graphique suivant). La baisse du salaire se

poursuit tant que l’excédent demeure, c’est-à-dire tant que le salaire n’est pas

revenu à son salaire d’équilibre.

Tant que le salaire est flexible, le marché du travail devrait être à son équilibre

ou, tout du moins, tout épisode de déséquilibre ne devrait être que temporaire.

Par contre, le chômage devrait perdurer si le salaire en vigueur est supérieur à

son niveau d’équilibre et si des rigidités l’empêchent de diminuer. Ces rigidités

trouvent souvent leur origine dans l’intervention publique. Par exemple, si l’Etat

instaure un salaire minimum, alors les entreprises ne peuvent rémunérer leurs

salariés en-deçà de ce dernier. En outre, en instaurant des prestations sociales,

l’Etat génère de fait un salaire plancher, car les travailleurs ne désireront pas

travailler pour un salaire inférieur au montant des prestations sociales dont ils

pourraient bénéficier sans travailler. Enfin, en exigeant des hausses de salaires

et surtout en combattant les baisses de salaires, les syndicats contribuent à

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pousser les salaires au-delà de leur niveau d’équilibre et à les rendre rigides à la

baisse. Par conséquent, l’élimination du chômage néoclassique passe par la

suppression du salaire minimum, par la réduction des prestations sociales, par la

suppression des syndicats… pour que le salaire soit pleinement flexible à la baisse.

Plus largement, les néoclassiques expliquent le chômage volontaire par un coût du

travail excessif. Dans le raisonnement précédent, nous avons ramené le coût du

travail au seul salaire. En réalité, le coût du travail se compose du salaire et des

cotisations sociales. Dans l’optique néoclassique, chaque entreprise décide

d’embaucher (ou de garder) un travailleur que si la productivité de ce dernier est

supérieure au salaire en vigueur. L’instauration de cotisations sociales vient donc

réduire la demande de travail pour un niveau de salaire donné. Les néoclassiques

acceptent l'idée qu'un chômage existe même si le salaire est à son niveau

d'équilibre, mais celui-ci est de nature « volontaire ».

IV) Les trois formes de chômage d’équilibre

Le chômage frictionnel. Sur le marché du travail, les caractéristiques des

travailleurs diffèrent : talents, compétence, expérience professionnelle,

objectifs, localisation géographique, le volume de temps et d’énergie qu’ils sont

disposés à consacrer à leur travail. De même, les emplois diffèrent en termes de

compétence et d’expériences requises, de conditions de travail, de localisation,

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d’heures de travail, de salaire. A cause de ces différences, la rencontre entre

travailleurs et emplois demande du temps. Le chômage frictionnel est la partie

du chômage total due au temps nécessaire à la recherche d’un emploi. Ce type de

chômage est « involontaire ».

Le chômage structurel. En plus de chômeurs de longue durée, il y a des personnes

qui sont chroniquement au chômage, c’est-à-dire qu’ils sont au chômage pour une

période de temps très longue ; certains de ces chômeurs ne (re)trouveront plus

d’emploi. Le chômage structurel s’explique par le fait que la structure régionale

ou professionnelle des vacances d’emploi ne correspond pas à celle des offres des

travailleurs. Les déséquilibres peuvent venir d’un changement de la structure de

l’économie : l’emploi diminue dans un secteur et augmente dans un autre, et que les

offres ne s’ajustent pas rapidement. En d’autres termes, il peut y avoir des

emplois disponibles, mais les chômeurs n’ont pas les qualifications requises ; ou les

emplois peuvent se situer dans des régions différentes de celles où vivent les

chômeurs.

Remarques : on pourrait aussi ajouter à la liste ci-dessus, le chômage saisonnier.

Celui-ci apparaît lorsque la demande pour certains emplois spécifiques fluctue

avec les saisons (par exemple, les emplois dans le tourisme estival ou hivernal). La

saison creuse est alors associée à une montée du chômage.

V) LE CHOMAGE DE DESEQUILIBRE

Les trois causes possibles du chômage de déséquilibre

i/ Le chômage classique : chômage lié à la rigidité du salaire. Pour les économistes

néoclassiques et plus généralement les libéraux, le chômage est lié au salaire réel

trop élevé que celui qui égalise l’offre et la demande de travail, à cause des

syndicats ou des dispositions légales prises par le gouvernement. Dans ce

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contexte, les mécanismes autorégulateurs du marché ne fonctionnement plus : le

salaire réel ne peut pas jouer correctement son rôle de variable d’ajustement et

assurer la réalisation d’un équilibre de plein-emploi. Cette situation correspond à

tout salaire réel supérieur à (W/P)1 sur le graphique ci-dessous.

W/P Chômage de
Déséquilibre NO

(W/P)1
B A
*
(W/P)
ND

Graphique 6 : Chômage de déséquilibre N


ii/ Le chômage keynésien :

chômage dû à une insuffisance de la demande. Pour Keynes, le chômage résulte

d’une faiblesse de la demande de travail (ou chômage conjoncturel), causée par un

niveau de demande globale trop faible associée à une récession de l’économie (voir

le graphique ci-dessous). Supposons une situation initiale où il n’y a pas de chômage

de déséquilibre (offre de travail égale à demande de travail), avec un niveau de

salaire réel (W/P)1. Si l’économie entre dans une période de récession, la demande

de biens et services des ménages diminue de même que la demande de travail des

entreprises. La courbe de demande de travail va se déplacer à la position N D2. Si

les salaires sont flexibles, ils baissent de (W/P)1 à (W/P)2 pour égaliser l’offre et

la demande ; il n’y a donc pas de chômage de


NO
déséquilibre. Par contre, si les salaires sont
Chômage de
rigides (à la baisse), ils déséquilibre restent au

niveau (W/P)1 où l’offre de ND1 travail est

supérieure à la demande : il ND2 apparaît un

Q2 Q1 N

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chômage de déséquilibre représenté par Q1Q2. W/P

(W/P)2

(W/P)1

Graphique 7 : Chômage causé par une demande trop faible

iii/ Chômage dû à une croissance de l’offre de travail. Une augmentation de

l’offre de travail, sans qu’il y ait en contrepartie une modification importante de

la demande de travail, provoque une diminution du salaire d’équilibre. Si les salaires

sont rigides à la baisse, un chômage de déséquilibre apparaît.

Remarque : étant donné que l’offre de travail se modifie lentement, ce type

de chômage correspond, entre autres, à l’arrivée simultanée sur le marché du

travail d’immigrants et/ou des étudiants à la fin de leurs études.

VI- LES LIMITES DE LA THEORIE CLASSIQUE

Au sens courant, le marché du travail désigne bien entendu la situation de l'emploi

à un moment donné dans une économie donnée. Cependant, la notion théorique de

marché du travail est discutable. (i) Le travail n'est pas un bien homogène: On

pourrait dire, en effet, qu'il existe autant de marché du travail que la nature de

travail. Il semble difficile, par exemple, de déterminer un salaire unique qui

vaudrait à la fois pour un employé du bâtiment et un ingénieur commercial. (ii) La

segmentation du marché du travail : le développement des emplois précaires

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(stages et apprentissage, contrat à durée déterminée, intérim) conduit à nouveau

remettre en cause l'idée d'un marché unique du travail.

Selon Artur Cecil Pigou (1945), le marché du travail a quatre spécificités négligées

par le modèle concurrentiel.

Premièrement, le marché de l’emploi est « segmenté » ; le travail n’étant pas

homogène, toute personne n’est pas en concurrence avec les autres. Le marché du

travail est même caractérisé par cinq segments (Jacques Lesourne, 1995). Il y a

la segmentation par (i) la compétence, puis (ii) la distinction entre marchés de

travail ouverts et fermés (c’est-à-dire des emplois réservés à certaines

catégories de travailleurs). Il y a (iii) la distinction entre le marché primaire

réservé à des travailleurs qualifiés avec des emplois stables et bien

rémunérés, et le marché secondaire très concurrentiel, précaire et souvent mal

rémunéré. Ce dernier concentre des travailleurs peu qualifiés qui appartiennent le

plus souvent à des groupes fragiles (femmes, jeunes, immigrés). Par ailleurs, (iv)

certains emplois sont offerts par des secteurs exposés à la concurrence

internationale, d’autres non. Enfin, (v) le marché du travail est segmenté

géographiquement car le changement de résidence a un coût monétaire et

affectif.

Deuxièmement, la présence de syndicats sur le marché du travail permet aux

travailleurs de résister aux baisses de rémunération.

Troisièmement, l’existence d’un système d’assurance-chômage incite les salariés

à refuser des emplois trop peu rémunérés, ce qui bloque les mécanismes

concurrentiels en provoquant une résistance des salaires.

Quatrièmement, le niveau de salaire considéré comme équitable par le public est

plus ou moins lié au salaire réellement observé. Les baisses de salaire apparaissent

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ainsi comme injustes. De plus, il n’est pas d’usage qu’un chômeur propose ses

services pour une rémunération inférieure à celle des travailleurs déjà en place.

VII- L’EQUILIBRE DE SOUS-EMPLOI : L’APPROCHE KEYNESIENNE

1. L’offre et la demande de travail

Keynes partage les fondements de la courbe de demande qui résulte du postulat

de la rationalité des entreprises qui maximisent leur profit en tenant compte de


𝑊
la productivité du travail et du taux de salaire réel 𝑃𝑚𝐿 = 𝑃 . Keynes s’oppose par

contre aux fondements de la courbe d’offre de travail. Selon lui, l’offre de travail

n’est pas fonction du salaire réel mais du salaire nominal car les travailleurs sont

victimes d’illusion monétaire. Ils raisonnent donc en termes de salaire nominal et

non réel. De plus, l’offre de travail n’est pas concurrentielle, c’est-à-dire que les

travailleurs ne font pas concurrence entre eux et le taux de salaire nominal est

rigide car les syndicats de travailleurs s’opposent à toute baisse du salaire nominal

en dessous d’un seuil jugé minimum (Wo). Un certain nombre de travailleurs

acceptent de travailler au taux de salaire minimum, d’autres par contre

n’acceptent d’offrir leur travail que pour un taux de salaire élevé. La fonction

d’offre de travail s’écrit donc :

2. L’équilibre sur le marché de travail : l’équilibre de sous-emploi

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Pour Keynes, le niveau d’emploi d’équilibre n’est pas déterminé par la

confrontation de l’offre et de la demande de travail. Le niveau de l’emploi dépend

de la demande de travail par les entreprises, laquelle demande est déterminée par

le niveau de production qui lui-même est fonction de la demande anticipée

(demande effective). On a : Niveau de la demande effective »»» niveau de

production »»» niveau de l’emploi.

Pour un niveau de production Y*, le niveau de l’emploi L* est inférieur au niveau

de plein emploi (Lp). L’écart entre L* et Lp constitue le chômage involontaire. Ainsi,

L* est un équilibre de sous-emploi à cause du chômage involontaire, c’est-à-dire

des personnes qui acceptent de travailler au taux de salaire du marché W0 mais

qui ne trouvent pas à être employés parce que la demande effective anticipée par

les entreprises ne justifie pas leur emploi.

Toutefois, si le libre jeu des marchés ne conduit pas au plein emploi,

l’intervention de l’Etat devient nécessaire par le biais des politiques économiques

de relance en stimulant la demande effective. Ce qui conduit à résorber le sous-

emploi puisque la production passe de Y* à Y*’, le niveau de l’emploi de L* à Lp, et

le chômage involontaire s’annule.

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CHAPITRE I : LA CONSOMMATION ET L’EPARGNE

Introduction

La consommation et l’épargne constituent deux variables clés donnant lieu à des

arbitrages délicats. Les comportements de consommation et d’épargne jouent un

rôle essentiel dans l’économie d’une nation. Les nations qui consomment la majeure

partie de leurs revenus, épargnent peu. Par conséquent, ces nations ont tendance

à investir relativement peu et enregistrent de modestes taux de croissance

économique. En revanche, les nations qui consomment une faible part de leurs

revenus tendent à investir beaucoup. Par conséquent, ces pays jouissent d’une

croissance rapide de la production et de la productivité. Les économistes ont

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analysé les comportements de consommation et d’épargne en recourant à la

construction de fonctions. Ce chapitre présente les facteurs expliquant les

tendances de la consommation et de l’épargne.

I) La consommation

La consommation joue un rôle déterminant pour la croissance économique, en

assurant des débouchés aux entreprises et en les incitant à investir. Que faut-il

entendre par consommation ?

1.1 Consommation finale et consommation intermédiaire

1.1.1 Consommation finale

Par consommation finale, il faut comprendre la valeur des biens et services

consommés pour la satisfaction directe et immédiate des besoins. On distingue la

consommation finale marchande et la consommation finale non marchande :

-La consommation finale marchande qui comprend la dépense totale hors

prélèvement obligatoires et investissements, à laquelle s’ajoute

l’autoconsommation des produits de jardinage, les prestations en nature fournies

par les employeurs et les loyers fictifs de logements occupés par leur

propriétaire.

- La consommation finale non marchande se compose de services

domestiques fournis par le personnel salarié des ménages et des paiements

partiels des services collectifs, lorsqu’ils sont individualisables, proposés par les

administrations privées ou publiques.

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1.1.2 Consommation intermédiaire

On entend par consommation intermédiaire, la valeur des biens et services

achetés par les entreprises pour produire d’autres biens. Ces biens sont détruits

lors du processus de production ou se retrouvent dans les produits finis.

1.2 Les propensions à consommer

Ces concepts, proposés par Keynes, sont destinés à spécifier les

comportements des agents économiques, en l’occurrence les consommateurs. On

distingue la propension moyenne à consommer et la propension marginale à

consommer.

1.2.1 La propension moyenne à consommer

La propension moyenne à consommer (PMC) est définie comme le rapport de la

consommation totale (C) au revenu disponible (Yd ) :

𝐶
𝑃𝑀𝐶 = 𝑌𝑑 𝑎𝑣𝑒𝑐 0 < 𝑃𝑀𝐶 < 1 𝑒𝑡 𝑌𝑑 = 𝑌 − 𝑇
𝐶
𝑃𝑀𝐶 = 𝑌 𝑠 𝑇 = 0 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑌𝑑 = 𝑌

1.2.2 La propension marginale à consommer

La propension marginale à consommer ( Pmc ) est définie comme l’accroissement

de la consommation (∆C ) divisé par l’accroissement du revenu ((∆Y ) entre deux

périodes :
∆𝐶
𝑃𝑚𝑐 = 𝑐 = ∆𝑌𝑑 𝑎𝑣𝑒𝑐 0 < 𝑐 < 1
∆𝐶
𝑃𝑚𝑐 = 𝑐 = ∆𝑌 𝑎𝑣𝑒𝑐 0 < 𝑐 < 1, 𝑠𝑖 𝑇 = 0 → 𝑌𝑑 = 𝑌

1.3 Les approches keynésiennes de la fonction de consommation

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1.4.1 La fonction de consommation keynésienne

Keynes a été le premier à proposer une formulation macroéconomique de la

fonction de consommation. Pour Keynes, la consommation dépend de multiples

facteurs objectifs comme la politique fiscale ou subjectifs comme l’avarice, mais

ces facteurs sont peu susceptibles de varier à court terme. Selon la fameuse « loi

psychologique fondamentale », le revenu courant est le principal déterminant de

la consommation : l’augmentation du revenu entraîne une augmentation

proportionnelle plus faible de la consommation ; la part du revenu consacrée à la

consommation diminue donc lorsque celui-ci augmente. La fonction de

consommation keynésienne est de la forme : 𝐶 = 𝑐𝑌𝑑 + 𝐶0

C représente la consommation ; Y le revenu disponible; C0 désigne la consommation

autonome ou incompressible (qui ne dépend pas du revenu) ; c désigne la propension

marginale à consommer (proportion de l’accroissement du revenu qui sera

consacrée à l’augmentation de la consommation).

La propension moyenne à consommer est :


𝐶 𝐶0
𝑃𝑀𝐶 = 𝑌 = 𝑐 + , 𝑠𝑖 𝑇 = 0, 𝑌𝑑 = 𝑌
𝑌

La PMC est bien une fonction décroissante du revenu, et supérieure à la propension

marginale. En d’autres termes, la fonction de consommation met en évidence la

baisse de la part de la consommation dans le revenu quand ce dernier augmente.

1.4.2 Les reformulations keynésiennes

Les travaux empiriques ont mis en évidence les limites de la modélisation

keynésienne (i.e. la propension marginale à consommer est instable et plus faible

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à court terme qu’à long terme). Le doute jeté sur la fonction de consommation de

Keynes a suscité de nombreuses reformulations.

 Le rôle des habitudes de consommation

Les habitudes de consommation ont d’abord été modélisées par James

Duesenberry (1948) et Franco Modigliani (1949) sous la forme d’une irréversibilité

dans le comportement de consommation. Pour Duesenberry (1949), la

consommation dépend certes toujours de revenu courant (Y), mais également du

revenu maximal (Ymax) atteint par le passé. On parle d’un effet de cliquet ou de

crémaillère. Formellement, on peut écrire : 𝐶𝑡 = 𝐶(𝑌𝑡 , 𝑌𝑀𝑎𝑥 ) = 𝑐𝑌𝑡 + 𝑏𝑌𝑀𝑎𝑥

Lorsque le revenu présent baisse, en période de récession, le ménage ajuste sa

consommation par rapport à Ymax. Il essaie de maintenir son niveau de

consommation antérieure en utilisant son épargne. On a là une sorte d’effet de

cliquet, qui rend impossible tout retour en arrière du montant de la consommation.

A l’inverse, lorsque le revenu augmente, la consommation va suivre mais à un

rythme moins important, permettant la reconstitution de l’épargne. Thomas

Brown (1952) propose une formulation plus souple, en introduisant non plus une

irréversibilité, mais une inertie des comportements de consommation :


𝐶𝑡 = 𝑐𝑌𝑡 + 𝑎𝐶𝑡−1 + 𝑏 𝑜ù 0 < 𝑎 < 1

La consommation dépend toujours du revenu courant (Yt ), et cette fois-ci de la

consommation de la période antérieure (Ct-1) et non du revenu maximal du passé.

Les consommateurs ont ici un comportement inertiel : plus le coefficient "a" est

élevé, plus la consommation passée exerce un effet de mémoire important sur la

consommation présente. L’effet de cliquet permet d’expliquer que la propension

marginale à consommer est plus faible à court terme : les habitudes de

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consommation rendent difficiles la réduction à court terme de la consommation

quand le revenu baisse.

 L’effet de la répartition du revenu ou la théorie du revenu relatif

Afin d’expliquer les divergences de résultats entre données transversales

et temporelles, Duesenberry élabore en 1949 une théorie socio-économique de la

fonction de consommation, appelée théorie du revenu relatif. La théorie du revenu

relatif postule que les agents économiques définissent leur niveau et leur

structure de consommation non seulement en fonction de leur revenu personnel («

revenu absolu »), mais également par référence aux dépenses, et donc aux revenus

des catégories sociales qui leur sont socialement les plus proches. On parle d’effet

de démonstration du voisinage social.

Si on suppose qu’il existe que deux groupes sociaux : les « pauvres » (i) et

les « riches » (j) avec x% et (1 – x%) leur part respective du revenu national (x%

< 50%). La fonction de consommation nationale des deux catégories sociales s’écrit

𝐶 = 𝐶𝑖 + 𝐶𝑗 = 𝑐𝑖 𝑥𝑌 + 𝑐𝑗 (1 − 𝑥)𝑌

1.4.3 Les approches néoclassiques contemporaines de la fonction de

consommation

En rupture avec les hypothèses keynésiennes, les approches contemporaines

expliquent la consommation par le comportement du consommateur.

 La théorie du revenu permanent

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Développée par Milton Friedman en 1957, elle repose sur l’hypothèse que le

consommateur dissocie au sein de son revenu effectif (Yt ), ce qu’il juge comme

étant de nature durable (dénommé « revenu permanent » YtP ), de ce qu’il considère

comme ayant un caractère temporaire ou accidentel (qualifié de « revenu

transitoire » YtT ).

𝑌𝑡 = 𝑌𝑡𝑃 + 𝑌𝑡𝑇

De même, sa consommation globale (Ct ) est composée de deux éléments, une

composante « pure », permanente (CtP ), et une composante transitoire (CtT ).

Sur une longue période, le consommateur potentiel préférera toujours un flux

stable de consommation à un flux instable. C’est pourquoi, il préférera toujours se

référer au revenu permanent. Aussi, Friedman considère que la seule relation

stable existante est entre revenu permanent et consommation permanente, et

assimile en pratique la consommation effective à la consommation permanente :


𝐶𝑡 = 𝐶𝑡𝑃 = 𝛼𝑌𝑡𝑃

Où α est un coefficient positif qui intègre à la fois le taux d’intérêt et la

préférence de l’agent pour le présent. En d’autres termes, ce coefficient mesure

la fraction consommée du revenu permanent. La richesse W d’un agent est égale

à la somme de ses revenus futurs actualisés ; soit, en notant i le taux

d’actualisation :

𝑌1 𝑌2 𝑌𝑛
𝑊= 1
+ 2
+ ⋯+
(1 + 𝑖) (1 + 𝑖) (1 + 𝑖)𝑛
Pour Friedman, le revenu permanant YP comme le revenu constant de période en

période ayant la même valeur actualisée que la somme actualisée des revenus

effectifs obtenus sur un horizon n, ce qui revient :

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𝑌𝑃 𝑌𝑃 𝑌𝑃
𝑊= 1
+ 2
+ ⋯+
(1 + 𝑖) (1 + 𝑖) (1 + 𝑖)𝑛
𝑌𝑃
Soit enfin : 𝑊 = → 𝑌𝑃 = 𝑖𝑊 𝑞𝑢𝑎𝑛𝑑 𝑛 → ∞
𝑖

Remarque : le revenu permanent est la somme des revenus actualisées par

le taux d’intérêt et divisés par le nombre d’années au cours desquelles le

consommateur perçoit des revenus. En d’autres termes, le revenu permanent est

égal au flux de revenu constant dont la valeur actualisée est égale à la richesse

de l’agent. Il s’agit de « la somme qu’un consommateur peut consommer…en

maintenant constante la valeur de son capital » (Friedman). Le revenu permanent

apparaît comme le revenu moyen, et le revenu transitoire comme l’écart aléatoire

par rapport à cette moyenne.

 La théorie du cycle de vie

La théorie du cycle de vie a été initialement formulée par Ando et Modigliani

(1963) et Modigliani et Brumberg (1954). Ces auteurs considèrent que le

consommateur a une durée de vie finie divisée en trois périodes principales : vie

non active (« Jeunesse »), vie active et retraite. Durant sa jeunesse, le

consommateur a un revenu faible, puis son revenu augmente durant la période

d’activité ; ensuite son revenu diminue avec la vieillesse et la retraite (voir

graphique ci-dessous). Pour ces auteurs, le consommateur qui souhaite maintenir

tout au long de sa vie un niveau (ou taux de croissance) de sa consommation

constante, doit emprunter quand il est jeune (il désépargne), puis augmenter sa

richesse durant sa période d’activité (épargne positive) ; enfin de nouveau

désépargner à la fin de sa vie (il utilise l’épargne constituée lors de la deuxième

phase). En l’absence d’héritage légué, l’épargne du consommateur sera donc nulle

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sur son cycle de vie. Sous l’hypothèse de cycle de vie, la fonction de consommation

est fonction à la fois de la richesse (ou patrimoine) et du revenu :

𝐶𝑡 = 𝛼𝑊𝑡 + 𝛽𝑌𝑡
Pour illustrer la contribution de Modigliani, supposons un ménage représentatif qui

dispose d’une richesse initiale (W0). Ce ménage s’attend à vivre encore n années

dont e d’activités, (n-e) année de retraite. Quel niveau de consommation doit-il

avoir pour être à mesure de lisser sa consommation durant toute la vie ?

Ce ménage perçoit un revenu annuel constant (Y) pendant sa période d’activités.

Supposons un taux d’intérêt (r) nul. Les ressources de ce ménage s’élèvent à W0 +

eY. La consommation annuelle (C) sera les ressources divisées par le nombre
𝑊0 +𝑒𝑌 𝑊0 𝑒𝑌
d’années à vivre : 𝐶= = +
𝑛 𝑛 𝑛
Ceci stipule que toute augmentation de la richesse (W0) d’une unité entraine une

augmentation de la consommation de 1/n et toute augmentation du revenu (Y)

induit une augmentation de la consommation de e/n. Par exemple, pour n=40 et

e=20, la fonction de consommation est : C= 0,025W0+0,5Y. Cette dernière relation

indique que la consommation dépend de la richesse (W0) et du revenu (Y). Toute

unité supplémentaire de richesse implique une augmentation de la consommation

de 0,025 unité. De même, toute augmentation du revenu d’une unité entraine une

augmentation de la consommation de 0,5 unité.

Graphique 1: Diagramme du cycle de vie

Revenu/ Consommation/

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Patrimoine Revenu Consommation

Jeunesse Activité Retraite Age

Patrimoine

:
Source : Patrick Villieu (2008), Macroéconomie : consommation et épargne

II) L’épargne

L’épargne est la partie du revenu disponible (revenu après impôts) qui n’est pas

consommée. Cette définition simple cache les différentes façons de mesurer

l’épargne et les discordes théoriques relatives à ses déterminants.

S=Y-C avec T=0 et Yd=Y

Avec S l’épargne, Y le revenu disponible et C la consommation.

Qui épargne ? Ce sont : les ménages, avec et hors entrepreneurs individuels, les

sociétés, les administrations, la nation tout entière. Comment épargner ?

L’épargne prend les formes suivantes : investissement immobilier, épargne

financières et épargne monétaire.

2.1 Les propension à épargner

2.1.1 La propension moyenne à épargner (PMS)

La propension moyenne à épargner ou taux d’épargne est égal au rapport entre

l’épargne et le revenu (disponible) : PMS=S/Y avec T = 0,Yd =Y

2.1.2 La propension marginale à épargner (Pms)

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La propension marginale à épargner est égale au rapport entre l’accroissement du

volume d’épargne et l’accroissement du revenu. Autrement dit, la Pms est

l’accroissement d’épargne généré par un accroissement de revenu d’une unité.


∆𝑆
𝑃𝑚𝑐 = , avec T = 0 et Yd=Y
∆𝑌

2.3 L’approche théorique de l’épargne

Dans l’approche théorique de l’épargne, on distingue habituellement l’approche

keynésienne et l’approche classique et néoclassique. Chez les classiques et

néoclassiques, l’épargne est considérée comme la renonciation à une consommation

présente. Cette renonciation a un prix : le taux d’intérêt. Chez Keynes, l’épargne

est une fonction croissante du revenu. Ces auteurs ont défini une fonction

d’épargne comme ils ont défini une fonction de consommation.

2.3.1 La fonction d’épargne chez Keynes

La fonction d’épargne est déduite de la fonction de consommation. En effet, si

𝑌 = 𝐶 + 𝐼 , avec 𝐶 = 𝐶0 + 𝑐𝑌 , alors 𝑆 = 𝑌 − 𝐶 = −𝐶0 + (1 − 𝑐)𝑌 .-C0 correspond à la

désépargne nécessaire, en l’absence de revenu, pour financer la consommation

incompressible.

Soit Y* tel que S = 0 (ou Y = C):Y* C0 /(1-c). Si Y >Y *, l’épargne sera positive

(𝑆 > 0 ). Si 𝑌 <Y * , le revenu dégagé ne permet pas de constituer une épargne (

S<0). Par conséquent, chez Keynes, l’épargne est bien fonction du revenu, mais

tout revenu ne dégage pas de l’épargne. Il faut donc atteindre un revenu minimum

Y*=C0 /(1-c) pour que puisse se constituer de l’épargne.

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C, S C=Y

Seuil C = C0 + cY
d’épargne
S = -C0 + (1 – c)Y

C0
S˃0
S˂0 Y
Y* = C0/(1 – c)
-C0

Seuil d’épargne : point où les ménages n’épargnent ni ne désépargnent

2.3.2 L’analyse de Duesenberry

Pour Duesenberry, l’épargne est la partie du revenu qui n’est pas

consommée. Aussi, ce sont les mouvements de la consommation qui expliquent la

constitution de l’épargne. On distingue deux périodes, celle ou il y a récession ;

dans ce cas, le ralentissement du revenu (disponible) entraîne une baisse non

proportionnelle de la consommation (les ménages ajustent leur consommation par

rapport à leur revenu le plus élevé atteint dans le passé). Ils essaient de maintenir

leur niveau de consommation antérieure en utilisant leur épargne. Avec la reprise

(augmentation du revenu), la consommation va évoluer moins vite que le revenu des

consommateurs, permettant aux ménages de reconstituer leur épargne. La

consommation va redevenir proportionnelle au revenu que lorsque le revenu atteint

le niveau le plus élevé connu dans le passé. En somme, la constitution de l’épargne

est dépendante du niveau atteint par le revenu, mais aussi de l’environnement

économique dans lequel on évolue, récession ou reprise.

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2.3.3 L’analyse de Modigliani

La théorie de Modigliani postule que la consommation est constante par rapport

au revenu des ménages, durant une durée de vie divisée en trois périodes : la non

activité (la jeunesse), l’activité et la retraite. Durant la non-activité, la

consommation est rendue possible par l’épargne antérieure des parents, que l’on

retrouve sous forme d’héritage ou d’avances sur héritage. Durant l’activité, le

revenu disponible des ménages excède leurs besoins de consommation. Ce qui

permet de dégager une épargne. Durant la retraite, pour maintenir leur niveau de

consommation, les ménages utilisent leur épargne constituée au cours de la

période précédente : ils désépargnent.

Dans le modèle du cycle de vie, en fin de cycle, l’épargne doit être nulle (tout

doit être dépensé). L’épargne a permis la constitution d’un patrimoine destiné

uniquement à compenser la baisse de revenu durant la période de retraite : les

ménages désépargnent pour financer leur consommation.

2.3.4 L’analyse de Friedman

Comme Modigliani, Friedman a formulé une fonction d’épargne qui découle

de la fonction de consommation s’appuyant sur le programme microéconomique du

consommateur. Le comportement d’épargne des ménages est fonction de leur

revenu permanent. Le raisonnement se place dans un cadre inter-temporel : par

l’épargne, ils peuvent repousser la décision de consommation dans le futur, et par

l’emprunt, ils peuvent consommer plus dès maintenant. La différence avec

Modigliani réside dans le fait que chez Friedman, l’épargne constituée par les

ménages peut permettre de soutenir la consommation mais aussi aider à la

constitution d’un patrimoine destiné à leurs descendants.

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CHAPITRE 4 : L’INVESTISSEMENT

Introduction

Dans le langage courant, on entend des gens dire : « j’ai investi dans l’acquisition

d’un logement », « j’ai investi dans une nouvelle voiture », « il a investi en bourse

toutes ses économies », « mon entreprise a investi dans l’acquisition d’une nouvelle

machine », autant de formules utilisées, à tort ou à raison, pour désigner

l’investissement. La définition économique est plus précise mais aussi plus

arbitraire : l’investissement est, au sens plus large, l’acquisition de biens de

production. L’investissement est une opération économique mal connue, et cela

tient pour une large part à la multiplicité de ses formes :

 Au niveau microéconomique, la comptabilité privée (ou comptabilité

d’entreprise) identifie trois grands types d’investissement :

-les investissements matériels (terrains, constructions, machines,

outillage…) ;

-les investissements financiers (prises de participation, achats de titres) ;

-les investissements immatériels (brevets, licences, marques, fonds de

commerce…)

 Au niveau macroéconomique, la comptabilité nationale désigne

l’investissement par le terme formation brute du capital fixe (FBCF). La FBCF

inclut les investissements matériels (bâtiments, machines, matériels de transport,

logements, routes, ponts, y compris les biens durables des armées s’ils peuvent

avoir un usage civil) et certains investissements immatériels (acquisitions de

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logiciels, dépenses de prospection pétrolière et minière, acquisitions d’œuvres

récréatives, littéraires ou artistiques originales, y compris audiovisuelles).

L’investissement est la deuxième composante essentielle de la dépense privée. Il

joue deux rôles en macroéconomie, influant à court terme sur le produit par son

impact sur la demande globale et influençant la croissance économique à long

terme par l’impact de la formation de capital sur le produit potentiel et l’offre

global.

I) Les principales caractéristiques de l’investissement

1.1 Définition générale

Traditionnellement, l’investissement est, au sens large, l’acquisition de biens de

production pour accroître les capacités productives. La comptabilité nationale

définit l’investissement comme la valeur des biens durables acquis par les unités

de production pour être utilisés pendant au moins un an dans le processus de

production.

1.2 Investissement brut et investissement net

Pour produire, les entreprises ont besoin de facteurs de production, capital et

travail.

Le volume du capital dont dispose l’entreprise est le résultat de deux flux

contraires (En économie, le capital est constitué des biens de production durables

(biens d’équipement, les bâtiments et les stocks). En comptabilité et en finance,

le capital signifie aussi la somme totale d’argent qui a été placée en titres par les

actionnaires d’une société.)

1.2.1 L’investissement brut ou formation brute de capital fixe (FBCF)

D’après l’Institut Nationale de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE),

la formation brute de capital fixe (FBCF) ou investissement brut est constituée

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par « les acquisitions moins cessions d'actifs fixes réalisées par les producteurs

résidents. Les actifs fixes sont les actifs corporels ou incorporels issus de

processus de production et utilisés de façon répétée ou continue dans d'autres

processus de production pendant au moins un an ». La FBCF permet d’accroître le

capital.

1.2.2 La consommation de capital fixe ou l’amortissement

La consommation de capital fixe est liée à l’usure et à l’obsolescence du capital

antérieur. Pour l’évaluer l’on utilise l’amortissement qui est défini comme les

dépenses liées au renouvellement du capital (équipements).

1.2.3 L’investissement net

Il est défini comme la différence entre l’investissement brut et la consommation

de capital fixe (ou amortissement).

Période t

Date t date t+1

Kt It Kt+1

Investissement net = Investissement brut – Amortissement


𝐾𝑡+1 − 𝐾𝑡 = 𝐼𝑡 − 𝛿𝐾𝑡
𝐾𝑡+1 = 𝐾𝑡 − 𝛿𝐾𝑡 + 𝐼𝑡 = 𝐼𝑡 + (1 − 𝛿)𝐾𝑡
Où 𝛿 ∈ [0 ; 1] représente le taux de dépréciation du capital.

-Investissement net : augmentation nette des capacités de production.

-Investissement de remplacement : remplacement de machines ou

d’infrastructures.

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Remarque : Investissement matériel et investissement immatériel

A côté des traditionnelles acquisitions de biens productifs (terrains,

immeubles, biens d’équipement), appelés investissements matériels, certaines

dépenses en services peuvent également être considérées comme des

investissements, dans la mesure où elle permet d’accroître la capacité de

production future de l’entreprise. Il en est ainsi des dépenses de recherche et

développement, de formation, de marketing, d’acquisition de logiciels, et des

investissements commerciaux à l’étranger. Ce sont des investissements

immatériels qui sont de plus en plus présents dans les comptes des entreprises.

Les comptables nationaux européens ont intégré dans la FBCF les achats de

logiciels, d’œuvres littéraires et artistiques, les frais de prospection minière et

pétrolière. En revanche les dépenses de recherche développement ou de publicité

sont restées à l’écart.

1.3 Investissement de capacité, investissement de remplacement et

investissement de productivité

On distingue traditionnellement trois formes d’investissement en fonction des

effets attendus sur la structure productive.

1.3.1 L’investissement de capacité

Il correspond à une augmentation de la capacité de production. On installe de

nouvelles machines, une nouvelle chaîne de montage, pour répondre à une

augmentation de la demande.

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1.3.2 L’investissement de remplacement

Il représente l’acquisition de machines dans le but de renouveler le capital

usé ou obsolète.

1.3.3 L’investissement de productivité ou de rationalisation

Il a pour objet d’accroître l’efficacité du travail humain. Il s’agit parfois de

remplacer des hommes par des machines ou d’augmenter la productivité du travail.

Remarque : Dans la réalité, il n’est pas toujours possible de séparer ces

trois formes d’investissement ; ils s’entremêlent. Par exemple, dans une usine, le

remplacement d’une ancienne chaîne de montage par une nouvelle, robotisée et

capable de produire plus, constitue à la fois un investissement de remplacement,

de capacité et de productivité.

2. Investissement et taux d’intérêt


Effectuer un investissement, c’est dépenser aujourd’hui une somme d’argent dans

l’espoir de recettes futures. La rentabilité de l’investissement dépend donc des

recettes nettes futures (ou prévisionnelles), du coût de l’investissement et du

taux d’intérêt. Les critères de choix des projets d’investissement sont la valeur

actualisée nette (VAN) et le taux de rendement interne (ou efficacité marginale

du capital).

2.1 Le principe du calcul d’actualisation

Disposer de 1 unité monétaire (UM) aujourd’hui ou dans 10 ans n’est pas

équivalent. En effet dans 10 ans, 1 UM vaudra 1 UM + les intérêts liés au placement.

Prenons par exemple une somme S0 qui rapporte chaque année un intérêt r. Cette

somme vaudra :

Aujourd’hui S0

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Dans 1 an S1 = S0(1+ r)

Dans 2 ans S2 =S1(1+r) =S0 (1+r)2

Dans 3 ans S3 =S2(1+r) =S0 (1+r)3

… …

Dans n années Sn =Sn -1(1+r) =S0(1+r) n

De la dernière expression, on peut tirer la valeur présente (S0 ) d’une somme (Sn )
𝑠
reçue dans n années : 𝑆0 = (1+𝑟)
𝑛
𝑛

L’actualisation permet d’exprimer la valeur actuelle (ou présente) d’une somme

perçue ou payée dans le futur.

2.2 Valeur actualisée nette (VAN)

Pour calculer la rentabilité d’un projet d’investissement, l’entrepreneur doit

comparer les flux de revenus futurs qu’il attend de son investissement au coût de

l’investissement. La valeur actualisée nette d’un projet (VAN) est la différence

entre la valeur présente des flux de revenu attendus (ou valeur actualisée des

recettes nettes (des coûts)) pendant les n années correspondant à la durée

d’exploitation de l’investissement (R1,R2,...,Rn ) et le coût du projet

d’investissement initial ( I ) :

Si VAN >0, le projet est rentable : l’entrepreneur a intérêt à investir.

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Si VAN <0, le projet n’est pas rentable : l’entrepreneur n’a pas intérêt à

investir.

Pour deux projets A et B donnés, si on a VANA >VANB , alors le projet A est plus

rentable que le projet B .

La VAN dépend négativement du taux d’intérêt : plus le taux d’intérêt augmente,

plus

VAN diminue pour chaque projet d’investissement, et moins le montant de

l’investissement est important.

Il existe deux manières d’interpréter la condition de la VAN :

Si l’entrepreneur dispose de fonds, le projet d’investissement est rentable

si les recettes associées dépassent celles que procurent l’usage alternatif (appelé

le coût d’opportunité) de ces fonds, c’est-à-dire un placement au taux d’intérêt en

vigueur dans l’économie.

Si l’entrepreneur ne dispose pas de fonds, le projet d’investissement est

rentable s’il lui permet d’emprunter au taux d’intérêt en vigueur et de rembourser

ses créanciers en lui laissant une marge positive.

2.3 Le taux de rendement interne (e) ou efficacité marginale du capital

Une autre manière de calculer la rentabilité d’un projet d’investissement est de

calculer son taux de rendement interne (e). Le TRI, appelé efficacité marginal du

capital par

Keynes, est le taux d’intérêt qui annule la valeur actualisée nette du projet. En

d’autres termes, c’est le taux d’intérêt maximal que l’entrepreneur est prêt à

supporter sans renoncer à son projet. Le TRI est tel que :

Si e>r : le projet est rentable (VAN >0). L’entrepreneur a intérêt à investir, qu’il

finance son projet par autofinancement ou par emprunt. Si l’entrepreneur

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emprunte, le coût de l’emprunt est inférieur aux recettes prévisionnelles. Si

l’entrepreneur s’autofinance, il a intérêt à investir plutôt que de placer ses fonds

sur le marché financier.

Si e<r : le projet n’est pas rentable (VAN 0). L’entrepreneur n’a pas intérêt à

réaliser le projet.

Remarque : le critère du TRI conduit à la même décision que celui de la VAN dans

la plupart des cas, mais pas tous.

2.4 Le délai de récupération

Le délai de récupération d’un investissement est le nombre d’années au but

desquelles les cash-flows couvrent l’apport initial. C’est le plus petit entier p tel

que :

Pour comparer plusieurs investissements, on choisit celui dont délai de

récupération est le plus petit. Ce critère à l’avantage d’être très simple.

On peut aussi actualiser les cash-flows. On parle alors de délai

d’amortissement qui est le plus petit entier p tel que :

2.5 L’indice de profitabilité

Pour un taux d’actualisation donné, l’indice de profitabilité d’un investissement

est égal au rapport de la valeur actuelle des cash-flows à l’apport initial :

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Un projet n’est rentable que si son indice de profitabilité est supérieur à 1.

L’indice de profitabilité permet de comparer des projets d’investissements

différents : il permet d’évaluer pour une unité monétaire investie quel projet

rapporte le plus. Pour différents projets, on choisit alors celui qui a l’indice de

profitabilité le plus élevé.

2.6 La fonction d’investissement keynésienne

Pour Keynes la décision d’investir dépend de la comparaison que l’on fait entre

l’efficacité marginale du capital et le taux d’intérêt. L’investissement est rentable

tant que l’EMC est supérieure ou égale au taux d’intérêt. Or l’investissement est

d’autant plus élevé que l’EMC est faible (baisse de la productivité marginale du

capital quand le montant du capital augmente).

La fonction d’investissement keynésienne relie négativement la demande de

capital nouveau (investissement) au taux d’intérêt, l’EMC. La fonction

d’investissement s’écrit :

I =br , avec b<0.

Où b peut être interpréter comme un indicateur de l’élasticité de l’investissement

par rapport au taux d’intérêt, c’est-à-dire la variation de I induite par une

variation marginale du taux d’intérêt.


EMC

r1

r2

0
I1 I2 I

3. Investissement et capacité de production : le principe de l’accélérateur


L’investissement est un flux d’achats de biens d’équipement qui vient modifier

chaque année le stock de capital productif déjà existant. Le principe de

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l’accélérateur d’investissement repose sur les effets cycliques de cette

articulation entre flux d’investissement et stock de capital.

3.1 Le modèle d’accélérateur simple

La fonction de production relie le volume de produit final (Y) aux combinaisons de

facteurs de production. En général, pour simplifier, on considère qu’il existe deux

facteurs de production, le capital (K) et le travail (N). La fonction de production

s’écrit :

Y = F(K,N)

Lorsque le coefficient de capital v=K/Y , est fixe, une hausse de la production

provoquée par une hausse de la demande (∆𝑌 = ∆𝐷 ), le producteur doit investir

afin d’augmenter de stock le capital de production :

L’investissement de la firme dépend, non pas du niveau de la demande, mais de la

variation de celle-ci, ce qui explique les fluctuations importantes de

l’investissement.

3.2 Le principe de l’accélérateur flexible

En réalité l’ajustement à la hausse du stock de capital n’est pas aussi instantané

comme le prédit le modèle de l’accélérateur simple. En effet, toute décision

d’investissement implique des coûts tant en argent qu’en temps (la programmation

du projet, l’installation du matériel, la formation du personnel,…). Par conséquent,

il existe un décalage dans le temps entre le moment où la décision d’investir est

prise et celui où l’investissement est réalisé. De plus, il n’est pas certain que

l’augmentation soit durable. Par conséquent, l’entreprise ne va pas fonder ses

prévisions sur l’évolution la plus récente de la demande.

Pour toutes ces raisons, le stock courant de capital s’ajuste lentement et avec

retard à la différence entre le stock de capital désiré à la période courante et le

stock de capital à la période précédente :

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Si on suppose que le niveau de capital désiré est proportionnel au volume de la

demande, soit Kt* =vYt . On obtient alors :

L’investissement dépend positivement du montant absolu de la demande (Yt) et

négativement de l’importance des capacités de production de la période

antérieure (Kt-1).

En utilisant les deux équations ci-dessus, on démontre que :

L’effet d’accélération est atténué, car le coefficient d’accélération est plus faible

(Kv ≤ v puisque 0≤ 𝐾 ≤1), et d’autre part le retard pris à la période précédente

((1-k)It-1) donne un caractère inertiel au modèle.

Dans le cas où k= 1, la fonction d’investissement devient :

On retrouve l’accélérateur simple qui lie l’investissement linéairement aux

variations de la production courante. Les variables telles que la profitabilité,

l’incertitude et le coût du capital ne jouent aucun rôle.

En résumé, l’accélérateur flexible postule l’existence d’une relation fixe entre le

stock de capital désiré et le niveau de la production. Dans sa forme la plus simple,

il montre une relation positive entre l’investissement et les variations de la

production courante.

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I, Y

Demande

Accélérateur simple

Accélérateur flexible

Temps

Graphique : Comparaison des accélérateurs simple et flexible

4. Les déterminants de l’investissement


Rappelons que l’investissement se subdivise en trois catégories : les achats de

constructions neuves, l’investissement en équipements durables de production et

les variations de stocks. Pourquoi les entreprises investissent-elles ? Les

entreprises investissent quand elles attendent de cette action qu’elle leur donne

un profit, c’est-à-dire qu’elle leur rapporte des recettes plus importantes que les

coûts de l’investissement. Les déterminants de l’investissement sont nombreux.

On a :

4.1 Les anticipations

L’investissement est un pari sur l’avenir, une gageure que la recette tirée d’un

investissement excède ses coûts. Pour Keynes les anticipations sont

déterminantes dans la décision d’investir car l’investissement engage l’avenir qui

est difficile à prévoir. La décision d’investissement dépend des anticipations et

de l’état de confiance des entrepreneurs, du climat des affaires. Si les

anticipations des entreprises sont pessimistes, elles ne sont pas incitées à investir

dans le pays en question. La fonction d’investissement de déplace vers la gauche

et le montant d’investissement diminue pour un même taux d’intérêt. Quand, à

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l’inverse, les entreprises sont optimistes, elles commencent à planifier l’expansion

des équipements, la fonction d’investissement se déplace vers la droite et le

montant d’investissement augmente pour un même taux d’intérêt.

4.2 Le coût relatif du capital et du travail

La hausse du coût du travail (salaire et cotisations sociales) peut inciter

l’entrepreneur à substituer des machines aux travailleurs. Le prix relatif des

facteurs de production peut également influencer le choix de la technologie

adoptée.

4.3 Le taux d’intérêt

Les investisseurs empruntent souvent pour acheter des biens d’équipement. Le

coût de l’emprunt est le taux d’intérêt. En principe, toute chose égale par ailleurs,

la baisse des taux d’intérêt dynamise l’investissement puisqu’un plus grand nombre

de projets d’investissement deviennent rentables.

4.4 Les profits

Plus la rentabilité économique de l’investissement est grande plus l’incitation à

investir est forte. Le taux de rentabilité économique (ou taux de profit) est le

rapport entre le profit réalisé et le capital.

4.5 Les impôts

La fiscalité influence bien sûr les incitations des entreprises à accumuler du

capital, c’est-à-dire à investir. L’impôt des sociétés pèse négativement sur

l’investissement alors que la déductibilité fiscale de l’investissement est une

mesure destinée à encourager l’accumulation du capital. Elle permet aux

entreprises de déduire de leur base d’imposition une fraction des dépenses en

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biens de capital. Ce qui réduit le coût d’acquisition du capital et encourage

l’investissement.

Remarque : l’effet de la fiscalité et celui des impôts sur l’investissement sont liés.

4.6 L’instabilité macro-économique

L’instabilité macro-économique, mesurée par un taux d’inflation élevé et variable,

réduit l’investissement a) en déformant les signaux de prix et le contenu de

l’information sur les variations des prix relatifs, et b) en réduisant la profitabilité

attendue.

5. Le financement des investissements

Une entreprise peut financer son investissement en capital par l’un des trois

moyens suivants :

-L’autofinancement (financement interne). L’entreprise finance ses

investissements avec ses ressources propres (bénéfices non distribués et

réinvestis la période suivante). Dans ce cas il n’y a aucune contrainte de

remboursement. Cette source de financement dépend de l’état de l’économie. En

situation de récession, lorsque les profits s’amenuisent, cette source ne peut que

s’épuiser.

-L’endettement. Il peut se faire soit auprès des banques par emprunts contre un

intérêt (crédit bancaire); c’est le financement intermédié, soit auprès des

marchés financiers par émission de titres financiers (les obligations, des titres

d’emprunt à taux fixe). Ceux qui acquièrent les obligations perçoivent une

rémunération appelée coupon. Dans ce cas, il existe également une contrainte de

remboursement.

-L’augmentation du capital. L’entreprise fait appel à des actionnaires pour

accroître ses ressources ; elle émet donc sur les marchés financiers de nouvelles

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actions qui sont directement achetées par des particuliers ou des institutions

(fonds de pension, par exemple).

Ceux-ci acquièrent une part de l’entreprise et perçoivent ensuite un dividende sur

les actions détenues. Ces dividendes sont fonction de l’importance des profits

réalisés et redistribués par l’entreprise. Une caractéristique importante de ce

type de financement est que l’investisseur échange son capital et ne le prête pas.

Si l’investissement échoue et que l’entreprise fasse faillite, l’actionnaire perd son

investissement. En d’autres termes, il n’y a aucune contrainte de remboursement

(sauf à la fin de vie de la société sous conditions).

Références bibliographies

- Acemoglu Daron., Laibson D. et ListJ. A. (2016). « Introduction à l’économie »


2nd Edition
- AKA Brou Emmanuel (2013) « cours de Macroéconomie »
- Bliek Jean Gabriel. (2022). « La macroéconomie en fiches », ellipses
- Jurion Bernard (2013). « Economie politique », 2nd Edition, de boek
- Mankiw Gregory (2016). « Macroéconomie », 7nd Edition, de boeck
- Montoussé Marc (2003) « Théorie économique », Bréal

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