Les Echos de Saint-Maurice Edition Numérique
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Edition numérique
Gabriel BARRAS
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universelle d'Entropie, selon laquelle la matière organisée a tendance à se
désagréger et à se précipiter vers une inertie toujours plus grande.
C'est ainsi que le monde, et en particulier l'Evolution (qui est la Création en
marche), apparaît comme un immense tâtonnement, et tout progrès se paie
d'un large pourcentage d'insuccès. Point de progrès dans l'être sans quelque
mystérieux tribut de larmes, de sang. Pas étonnant dès lors si dans le monde
certaines ombres s'accentuent en même temps que grandit la lumière. La
douleur sous toutes ses formes, n'est qu'une conséquence naturelle, un
sous-produit de l'Evolution. « Les cellules de notre corps sont des îlots
d'ordre dans un océan de désordre et ne peuvent lutter indéfiniment contre la
montée du désordre. Vieillissement, souffrances et mort sont inévitables
dans le royaume du vivant» [1, p. 297]. Cela paraît vrai, mais, en le
reconnaissant, a-t-on progressé dans la compréhension du « pourquoi » de la
Souffrance, lui a-t-on trouvé un sens, a-t-on contribué quelque peu à soulever
le voile de mystère qui l'entoure ?
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plusieurs étapes difficiles à vivre : le refus (« ce n'est pas vrai ! »), la révolte
(« pourquoi moi ? »), le marchandage ou la négociation, le chagrin ou le
désespoir, l'agressivité. Ces étapes aboutissent parfois au sentiment de
défaite totale, moins souvent à la résignation plus ou moins passive, plus
rarement encore à une véritable acceptation. Dans ce dernier cas la souf-
france aurait-elle donc un sens ? Les diverses religions et pensées philoso-
phiques avouent que la souffrance est un défi sans pareil. Le problème se
pose en ces termes : « comment peut-on, en demeurant fidèle à l'exigence de
cohérence logique, affirmer, ensemble sans contradiction, les trois proposi-
tions suivantes : Dieu est tout-puissant, Dieu est absolument bon, et pourtant
le mal existe » [2, p. 13] ? De multiples doctrines s'attachent à raconter
l'origine du monde pour « expliquer comment la condition humaine en
général est ce qu'elle est mais aussi pourquoi elle est telle » [2, p. 20]. La
compétence me manque pour faire une exégèse et une étude critique
approfondies des positions que les diverses théologies ou philosophies ont
adoptées face à la souffrance. Aussi me contenterai-je de relever, dans
l'immense foisonnement des théories avancées, quelques enseignements
susceptibles d'éclairer ou de réconforter l'homme, qui cherche, dans sa
confrontation journalière avec la souffrance vécue personnellement ou par
ses semblables. Voici quelques points de repère :
1. Chez les Grecs, l'orphisme professait dès le sixième siècle av. J.-C. un
système de croyances conjuguant immortalité de l'âme et réincarnation :
« l'existence corporelle, et donc la souffrance y apparaissent, suivant le
cycle des naissances et la roue de la destinée, comme un châtiment » [8,
p. 15] : en conséquence la réincarnation fonctionne à la fois comme une
fatalité et comme une chance de libération des esclavages qui l'entravent ;
pour que survienne cette libération, l'homme doit suivre une initiation reli-
gieuse, pratiquer l'ascèse et être capable d'une prise de conscience philoso-
phique. Chez Pythagore (580-497 av. J.-C.) et Platon (427-345) — mais non
chez Aristote (384-322) qui abandonne le mythe orphique de la préexistence
de la chute des âmes dans des corps supposés mauvais —, puis chez les
néoplatoniciens, dont Plotin (205-270), on retrouve cette foi en la réincarna-
tion de l'âme : le but de cette réincarnation est la libération de l'âme ; il ne
s'agit donc pas, il vaut la peine de le relever, d'une solution consolatrice à
l'énigme de la souffrance et de la mort, comme le conçoivent les tenants
actuels de la métempsychose.
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2. Le problème de la souffrance, et en particulier des moyens de s'en
libérer, est au centre de l'éthique et de la philosophie des stoïciens : leur
doctrine, dont Zenon de Kition (333-268 av. J.-C.) fut l'initiateur, proclame
que le bonheur est dans la vertu et professe l'indifférence devant ce qui
affecte la sensibilité et notamment la fermeté d'âme devant la douleur. Le
stoïcisme place l'homme au-dessus de la souffrance, il apparaît donc
comme l'éthique de la peur devant les Souffrances de l'existence ; il a le
mérite cependant d'avoir compris que toute vie est une souffrance ; il pro-
pose, selon l'expression de Cesbron [7], « une sorte de perfection laïque »,
montrant un des chemins pour supporter la douleur, mais il ne peut éluder
l'impuissance où l'homme se trouve d'entrevoir un sens à tant de souffrance ;
ce calme désespoir est imposant mais reste cependant suspect, car l'éthique
proposée est si élevée que sa mise en pratique est réservée à une petite
élite. On peut donc dire que la consolation du stoïcisme semble som-
bre et problématique, puisque tout au fond de lui on trouve, comme ultime
principe de beauté et de consistance, une foi désespérée en la valeur du
sacrifice.
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b) Le bouddhisme croit également à la réincarnation. Il se distingue de
l'hindouisme en ce qu'il « affirme de la façon la plus nette que l'homme peut
se délivrer par lui-même du monde de la Souffrance » [P. Vittoz cité par
D. Müller 8, p. 26]. En effet, face à la souffrance et à ses causes, le
bouddhisme propose un traitement de l'âme fondé sur la critique des illusions
attachées au désir et sur le renoncement : il comporte donc surtout une
démarche psychologique personnelle (alors que dans l'hindouisme les élé-
ments mystiques et doctrinaux sont au premier plan), l'accent ne porte plus
en effet sur la fusion avec le Brahman (l'absolu) mais sur le détachement
psychologique qui conduit au Nirvana c'est-à-dire à la liberté totale comprise
comme l'élimination de tout désir, le calme parfait, l'absence de toute
souffrance.
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5. Islam veut dire soumission. Parmi les cinq dogmes de cette religion,
deux concernent plus précisément l'attitude du croyant devant la souffrance :
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tribus africaines donnent encore actuellement le nom d'un défunt à l'enfant
qui va naître en croyant que les qualités et le caractère du défunt vont revivre
dans cette existence toute neuve. On privilégie ainsi la continuité de la chaîne
vitale sur le maillon individuel : on ne peut donc pas parler d'une survie
individuelle ; de même le bouddhisme retient moins la permanence d'un
individu-sujet ou personnel que la reprise des éléments vitaux qu'il avait
mobilisés pour un temps.
b) Pour d'autres religions, il s'agit bien d'une survie personnalisée. Tel est
le cas par exemple pour l'islam. La position des Hébreux à ce sujet est —
nous le verrons — parfaitement claire : pas de survie de l'homme sans son
corps, car il ne serait plus que l'ombre de lui-même. Cette croyance en la
survie corporelle n'a pas été acquise du jour au lendemain et « ce n'est qu'au
temps des persécutions et des déportations que la réflexion religieuse
découvre que Dieu est capable de redonner vie au peuple anéanti » [9,
p. 428] ; c'est ainsi que le peuple revivra, les os desséchés se recouvriront de
muscles, de nerfs, d'articulations, de peau afin qu'ils puissent accueillir le
souffle de Dieu (Ez 37).
Ceci nous amène tout naturellement à évoquer l'enseignement qui se
dégage de la BIBLE au sujet de la souffrance :
a) Né dans une civilisation, qui n'avait encore pas perçu les lois de causalité
physique ou physiologique (les « causes secondes » des philosophes), l'A.T.
attribue d'abord directement à Dieu la responsabilité de la santé et de la
maladie : c'est ce qui ressort d'Exode 9, 1-12 (mortalité du bétail et ulcères :
5e et 6e plaies d'Egypte) et de Deutéronome 32, 39 (« C'est moi qui fais vivre
et qui fais mourir ; quand j'ai frappé c'est moi qui guéris »...). De nombreux
croyants lient par conséquent la souffrance et les épreuves à un châti-
ment de Dieu.
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présence de l'affirmation de l'espérance en un salut transcendant la
souffrance.
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« ascétisme juridique » [11, p. 162] est une voie dangereuse car il
amène à trouver normal que les pécheurs souffrent, que la souf-
france est pour eux un bien, que c'est tout ce qu'ils méritent ; c'est
un « abominable mensonge » car désirer que l'homme supporte
courageusement ses souffrances, c'est être décidé à les lui alléger
à tout prix et non pas à lui en imposer de nouvelles.
IV. L'homme ne trouve réparation de s e s souffrances que dans la
vie future : à ce moment-là, il aura compris, il trouvera justifié le
comportement divin : en attendant cette consolation, il doit supporter
les épreuves de la vie présente.
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attribuées à des fautes morales connues ou secrètes. En hébreu, en grec et
en latin, un même mot désigne à la fois santé et salut, comme si en définitive
une même réalité était en cause : le salut chrétien concerne l'homme dans
sa totalité. « Par la résurrection individuelle des corps, la souffrance et la
mort ne sont plus une dégradation mais l'avènement d'une vie nouvelle :
dans cette promesse chaque homme trouve le courage de vivre, de souffrir et
de mourir » [1].
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b) la création est « un chantier inachevé » [13] que l'homme doit prendre en
charge en essayant de composer avec les forces souvent opposées ou
contradictoires de l'évolution et en tenant compte des lois qui nous condition-
nent. Il existe donc une finitude cosmique, dont les servitudes, qui nous
gênent et nous diminuent, représentent la « part d'inachèvement et de
désordre ». Un monde qui ne présenterait plus trace de menace de mal
(souffrances, mort, catastrophes naturelles) serait un monde déjà con-
sommé, dont l'existence est démentie tous les jours : les hommes ne peuvent
échapper par nature aux risques et aux ratages qu'entraîne l'imparfaite
organisation de notre monde inachevé. Prenons le cas des catastrophes
naturelles : que peut faire l'homme face aux tremblements de terre, aux
ouragans, aux raz de marée ? La nature nous impose ses propres lois : nous
pouvons et nous devons essayer de les connaître et de les contrôler ; mais ce
contrôle n'est jamais total car, malgré les progrès de la science, il reste
toujours une part impénétrable dans les secrets de la nature : ceci écrase et
fait souffrir l'homme. Nier cette situation, c'est nier la réalité : cette attitude
n'apporte en tout cas rien de positif à la solution de nos souffrances.
En bref, la souffrance est dans le monde ; le christianisme accepte nos limites
et dit oui à la création et à la condition humaine telles qu'elles sont. La
question qui se pose à nous n'est donc plus : pourquoi la souffrance ?
mais bien : qu'en faisons-nous ou comment relevons-nous son défi ?
Un essai de réponse sera esquissé par la suite.
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mal dans le monde, c'est que Dieu ne peut rien faire sans notre collaboration :
il n'est pas responsable de ces maux, il ne peut les empêcher car ils sont la
conséquence de la perversité de notre cœur. Ceci est particulièrement
évident en ce qui concerne les souffrances dues à la guerre : Dieu ne peut les
empêcher que si nos cœurs s'ouvrent à son Esprit.
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être perdus. Il prend parti ; il gagne là où nous échouons, mais il ne le fait pas
sans nous » [16].
Comment engager la lutte contre la Souffrance ? C'est ce que nous allons
essayer d'expliciter ci-après.
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l'affranchissement de l'âme et la perfection morale par la lutte contre les
instincts et les exigences de la vie animale : elle dégage l'homme de son
égoïsme et de ses limites naturelles. Mais l'ascèse est une discipline réser-
vée à une infime élite, de plus elle connaît de multiples contrefaçons.
Parlant de la Souffrance, G. Cesbron [7] et Paul Tournier [14] utilisent — sans
concertation préalable — la même parabole : la souffrance, disent-ils, comme
le casse-noix peut libérer le germe et lui permettre de se développer ou au
contraire, en cassant trop fort, écraser et tuer toute vie. C'est exprimer
poétiquement une vérité très profonde, à savoir que toutes les souffrances
infligées à l'homme (perte d'êtres chers, maladie, pauvreté, humiliation,
déception causée par le prochain, trahison, solitude, etc.) peuvent l'écraser,
l'endurcir, tuer en lui tout sentiment du sens de la vie ; cependant
l'expérience prolongée du contact des malades m'a permis — comme à tant
d'autres personnes — de constater avec admiration que nombre d'entre eux
sortent au contraire de leurs épreuves comme grandis et régénérés. Il existe
donc pour ainsi dire deux sortes de souffrances : l'une est bienfaisante,
lumineuse et en définitive utile (voir Jérémie) et enrichissante ; l'autre est
malfaisante, obscure, destructrice, infernale. La frontière entre les deux
n'est pas facile à tracer : en effet il y a toujours un mélange des deux ; faire
pencher la balance d'un côté ou de l'autre dépend en grande partie des
dispositions du malade, mais aussi de l'attitude de l'entourage et de la
société en général : c'est ce que nous voulons faire ressortir en disant que
l'acceptation doit être non seulement libre mais aussi active. En effet,
comme le dit Ricœur [2], le problème du mal n'est pas seulement un
problème spéculatif ; si notre raison ne parvient pas à appréhender son
origine, nous devons repousser la souffrance et lutter contre elle de
toutes nos forces : c'est là notre devoir primordial de vivant.
I. La révolte de l'homme souffrant, nous l'avons dit, est une réaction naturelle
et il n'y a aucune contradiction entre la lutte et l'acceptation. Cependant
la révolte purement instinctive et organique, en particulier l'angoisse à l'état
brut, est mauvaise conseillère et freine la lutte plutôt qu'elle ne l'anime. Par
contre — et c'est un fait clinique observé par de nombreux médecins tels que
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P. Tournier [14], J. Bréhant [4], B. Luban-Plozza [17] — cette réaction à la fois
défensive et offensive peut être un élément positif et reconstructeur : elle peut
aider à souffrir si elle est « transformée sous les effets de la sagesse
enrichie par la méditation philosophique et théologique » [2, p. 40] et
spécialement par la prière. En particulier l'homme croyant, ainsi que le
relève B. Luban, s'il ne peut éliminer ou court-circuiter totalement son
angoisse devant la souffrance, est capable de vivre avec elle de façon
consciente et libère ainsi des forces et des énergies les plus nobles. Il s'agit
donc de lutter contre la souffrance en sachant et acceptant qu'on est et reste
vulnérable : il n'est pas question de chercher la performance car il serait
présomptueux de croire que chacun de nous, grâce à la mystique, puisse
arriver comme Thérèse de Lisieux à se réjouir de souffrir pour apaiser les
souffrances du Christ : c'est certainement une expérience unique d'ascétisme
réservée à un personnage exceptionnel. Par la vertu de la Résurrection de
Jésus qui a partagé nos souffrances et a vaincu la mort, nous sommes
capables de transfigurer nos douleurs et nos amoindrissements. Telle est,
pour le chrétien, la conviction qui domine toute explication et toute discus-
sion.
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souffrance, dont nous avons parlé plus haut, à la rendre acceptable et, à
travers un oui total et sans bavure, à permettre à l'homme de se grandir et de
relever le défi de la souffrance : le oui à la mort est contenu dans le oui à la
vie, le oui à la souffrance est contenu dans le oui à tous les dons et bienfaits,
l'acceptation de la souffrance étant l'acceptation de la condition humaine.
Dans cette perspective, comme le dit Julio Cortazar, « la souffrance n'est
pas, ne sera jamais plus forte que la vie » et ne doit pas nous empêcher de
vivre dans la joie.
III. Nous devons utiliser tous les moyens médicaux avérés efficaces
pour lutter contre les maladies ou les suites d'accidents causes de souf-
frances : les possibilités sont immenses mais doivent être employées avec
compétence mais aussi avec esprit de mesure (l'acharnement thérapeutique
peut aboutir à la prolongation et non au soulagement des souffrances). Cela
paraît évident mais n'a pas toujours été le cas : en effet, tout occupés à
vaincre les diverses maladies et à maintenir les patients en vie parfois coûte
que coûte, les médecins n'ont pendant longtemps accordé qu'une impor-
tance secondaire au traitement de la souffrance en elle-même ; en cela ils ne
s'éloignaient guère d'un certain masochisme occidental puisant ses sources
dans une théologie douteuse postulant la valeur rédemptrice de la douleur.
On sait l'effort heureusement accompli de nos jours, particulièrement dans le
traitement des douleurs souvent atroces des malades chroniques ou incura-
bles : la médecine n'est plus centrée sur la maladie mais sur la personne
souffrant dans sa globalité physique et psychique. Utilisation adéquate des
analgésiques, traitement des nausées, des sensations d'étouffement, de
l'insomnie, de l'angoisse, soutien psychologique, social, accompagnement
spirituel, soins de confort, etc. : telles sont les armes de cette médecine dite
de la douleur.
IV. Tout mal commis par l'un est souffrance pour l'autre : il n'existe donc
pas ou fort peu de fatalités politiques, sociales ou économiques aux-
quelles le partage ne puisse porter remède. Dès lors « toute action
politique ou éthique qui vise à diminuer la quantité de violence exercée par
les hommes les uns contre les autres » [2], toute mesure économique ou
humanitaire destinée à faire reculer le front de la famine et de la misère ou à
réduire l'impact des catastrophes naturelles, contribueront à diminuer le taux
de souffrance dans le monde. Ces actions concernent non seulement les
gouvernements ou de moins grandes organisations mais également l'enga-
gement personnel des individus. La tâche est immense ; aucune bonne
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volonté, aucune compétence ne sont de trop. Les normes éthiques, dont il est
fait mention ci-dessus, concernent naturellement et en tout premier lieu les
« secoureurs » : l'aide et l'exercice de la charité ne se conçoivent que si la
justice est respectée et si la liberté et la dignité de l'autre sont prises en
compte ; aucune loi économique ne peut, par exemple, légitimer l'exploitation
inique et éhontée des ressources des pays du tiers monde par les pays
nantis. Certaines règles morales doivent également être observées par les
« secourus » : pensons en particulier à la dilapidation et au détournement des
fonds reçus par de nombreux gouvernements incompétents ou corrompus.
Gabriel Barras
Bibliographie
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[3] P. Teilhard de Chardin : Sur la Souffrance, Ed. du Seuil, 1974.
[4] J. Bréhant: Thanatos, Ed. Robert Laffont, 1976.
[5] E. Kübler-Ross : cité par L. Schwarzenberger et P. Vianson-Ponte dans Changer
la mort, Ed. Albin Michel.
[6] J. Laplanche : Vie et mort en psychanalyse, Ed. Flammarion.
[7] G. Cesbron: Leçons d'abîme, Ed. Laffont, 1971.
[8] D. Müller: Réincarnation et foi chrétienne, Ed. Labor et Fides, 1986.
[9] La foi des catholiques. Catéchèse fondamentale, Ed. Le Centurion, 1984.
[10] Eric Fuchs : « Jérémie, prophète de la douleur utile », commentaire théologique
paru dans le Samedi littéraire du Jounal de Genève du 30.8.1986 sur le livre
d'Henry Mottu intitulé La confession de Jérémie.
[11] N. Berdiaev: De la destination de l'homme, Ed. L'Age d'Homme, 1979.
[12] F. Godet : Notes sur le livre de Job, Ed. Ligue pour la lecture de la Bible, Vennes/
Lausanne.
[13] P. Teilhard de Chardin : Le phénomène humain, Ed. du Seuil, 1955.
[14] Dr Paul Tournier : « Le défi de la souffrance », conférence donnée à Crêt-Bérard
en 1984.
[15] J.-Cl. Barreau: Qui est dieu, Ed. du Seuil, 1971.
[16] M. Czajkowski : « Se mêler de politique», Communio XI. 3, mai-juin 1986.
[17] B. Luban-Plozza : «Arzt und Patient im Spannungsfeld zwischen Angst und
Vertrauen», N.Z.Z. 117, 24-25.2.1986.
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