Les Richesses de La Tunisie (... ) Paulard S bpt6k5804289m

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Les richesses de la Tunisie :

ce que les Français peuvent


faire dans la régence de Tunis
/ par S. Paulard,...

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


Paulard, S.. Auteur du texte. Les richesses de la Tunisie : ce que
les Français peuvent faire dans la régence de Tunis / par S.
Paulard,.... 1893.

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AVANT-PROPOS

Depuis plusieurs années, Je jorme. le projet de ira


pailler à détourner\ au profit de la Tunisie, une partie
de rémigration française qui se dirige, chaque année,
vers les pays Sud-Américains; et dans lesquels des
milliers de familles ouvrières, trompées par les pro'
messes mensongères des agences, ne trouvent, la plupart
du temps, que déboires et misères.
Les documents que je me suis procurés sur la Régence
de Tunis, et les renseignements qui m'ont été fournis,
par des Français habitant cette belle et riche contrée
de VAfrique du Nord, m'ont encouragé à persévérer
dans ces vues.
Maintenant que fai visité la Tunisie, et que les
recherches auxquelles je me suis livré ont confirmé
toutes mes prévisions sur les richesses que renferme
Fancienne province proconsulaire romaine, je crois le
moment arrivé d'appeler sur elle l'attention des
intéressés.
Cest dans cet esprit, que je publie ce premier
volume destiné à faire connaître les ressources les
plus variées, que la Tunisie offre aux émigrants
français.
A regard des chers compatriotes qui m'ont honoré
de leurs sympathies, et guidé dans mes recherclus, je
^4-
pense que la meilleure manière de leur exprimer ma
reconnaissance est de dire publiquement, tout le bien
que je pense du pays dans lequel* comme fonction-
naires, publicistes ou colons, ils savent faire respecter
la France et aimer son Gouvernement,
Cet acte de gratitude, je vais l'accomplir,

S. FAULARD.

Paris, te t" Février jSpj.


LES

RICHESSES DE Là TUNISIE

Ce que les Français peucent faire


dans la Régence de Tunis.

I
Situation. Topographie. Climat.
La Tunisie a pour limites, à l'ouest, l'Algérie, au
sud, le Sahara et la Tripolitaine ; enfin, elle est bordée,
au nord et à l'est, par la mer Méditerranée, dont les
côtes, longues de plus de 400 kilomètres, sont découpées
par les trois grands golfes de Tunis, d'Hammamet et
de Gabès.
Le système orographique de la Tunisie est, pour ainsi
dire, exclusivement formé par un rameau extrême de la
grande chaîne de l'Atlas, qui la traverse des schotts salés
du Sud, aux environs de Tébessa, en se dirigeant vers le
nord-est, au cap Bon.
Les diverses montagnes qui constituent ce rameau de
l'Atlas à travers la Tunisie, donnent naissance à trois
grands bassinshydrographiques : La Medjerdah, au nord,
le Kelbia, au centre, et les schotts Gharsa et el Djerid,
au sud.
Le climat de la Tunisie est très salubre, les fièvres
pernicieuses y sont très rares ; et encore, les cas
isolés, se rapportent-ils souvent à des individus qui ont
négligé d'observer les principes les plus élémentaires
de l'hygiène,
Grâce aux vents de la mer qui balayent la plus grande
partie de la Tunisie, l'air y est toujours pur, etfles grandes
chaleurs de la saison estivale sont facilementsupportées.
Pendant l'été, c'est-à-dire juillet, août et septembre,
le thermomètre varie de 25* à35f; il atteint parfois 40' et
45' dans la région sud.
Mais la brise de la mer, et la fraîcheur do la nuit,
viennent tempérer les grandes chaleurs.
Eu hiver, la température moyenne n'est jamais guère
inférieure à 10» ; et le thermomètre monte fréquemment
à 16*.
Les pluies commencent à tomber en automne, elles
durent d'octobre a avril.
Les mois les plus pluvieux sont ceux d'octobre, de
novembre, do janvier et d'avril.
Après ce dernier mois, les pluies deviennent rares.
La saison printaniôre est comprise dans les mois de
mars, avril, mai et juin. C'est à cette époque, que la
végétation est dans toute sa vigueur, et qu'elle se montre
dans toute sa beauté.
Il résulte de ces conditions climatériques, que les
européens peuvent parfaitement s'acclimater en Tunisie.
D'ailleurs, pour s'en convaincre, il suffit de rappeler
qu'à l'époque romaine, le territoire de la Kégence était
occupé par une population de 12 à 15 millions d'habi-
tants, soit, dix fois supérieure à celle d'aujourd'hui.
Donc, à l'exemple de sa voisine l'Algérie, la Tunisie
doit-être, pour la France, une colonie de peuplement.

II
Superficie.— Population
La superficie de la Tunisie, sur laquelle les rensei-
gnements précis manquent, est évaluée à environ
15 millions d'hectares.
- -7

La Tunisie, baignée des $eux côtés par la mer, offre


une végion cultivable, qui peut être fixée au 3/4 de sa
superficie totale.
Les vallées ont une grande largeur; et les terres
du littoral et du « Sahel » sont utilisables, jusqu'au 4é$
de Sfax,
La population de la Tunisie serait, d'après les statis-
tiques établies par la direction des contrôles, d'environ
1,200,000 habitants.
Dans ce nombre, les européens entrent dans la pro-
portion suivante :
Français 10.000
Italiens 19.000
Anglo-Maltais. 8.000
.
Grecs 2.000
Divers 3.000
Les trois quarts des habitants sont répartis, sur le
littoral, dans une largeur moyenne de 60 à 70 kilo-
mètres.
La population est très dense dans certaines parties
de cette zone, par exemple :
De Bizerte à Porto-Farina; Tunis avec sa banlieue
(La Goulette, La Marsa, L'Ariana, La Manouba) ; le Cap
Bon, avec ses deux groupes principaux, l'un compre-
nant la population des villes et des villages de Soliman*
Menzel-Bou-Zelfa, Beni-Khalled, Grombalia, Turki,
Nianou et Belli ; l'autre, celle des agglomérations im-
portantes d'Hammanet, Nebeul, Kourba, etc.
Plus loin, dans le Sahel proprement dit : Sousse,
Monastir, Mehdia, servant de ports aux nombreux
et importants villages de l'intérieur, comme Mokenine,
Djemmal, Kalaa-Kebira, Ksard-Hellal, Enfidaville, etc.
Enfin, Sfax, Gabès, et l'Ile de Djerba.
Dans l'intérieur, les centres importants sont:
Mateur, Maktar, Souk-el-Arba, le Kef, Kairouan,
Gafsa, Tozeur, etc.
Dans ces diverses régions, la population est en grande
partie sédentaire. L'agriculture est l'occupation princi*
pale de leurs habitants, qui se livrent en même temps à
l'élevage du bétail,
Dans les villes, les indigènes font du commerce, ou
pratiquent de petites industries locales,

III
Les riohesses à exploiter.
Les richesses de la Tunisie sont très variées. Toute la
Régence peut être mise en valeur.
La région Nord et du littoral est la zone des cultures
alimentaires, industrielles et fourragères; des planta-
tions viticoles, fruitières et forestières ; de l'élevage et
de l'engraissement du bétail.
Celle du Sud ou Djerid est réservée aux palmiers-
dattiers, avec des cultures intercalaires alimentaires et
autres.
Sur les hauts-plateaux pousse l'alfa. Cette région
est également le domaine de la transhumance et de la
vie pastorale.
Les montagnesrenferment des mines et des carrières
de toutes natures. Elles sont, pour une partie, couvertes
de forêts de chênes-liège, de chônes-zéen, de pins,
d'oliviers sauvages; de thuyas, et autres essences arbus-
tives.
Le gibier est partout très abondant.
Enfin, dans les eaux des côtes, on pêche de nombreuses
variétés de poissons et de mollusques, du corail et des
éponges.
Enuinérer toutes oes richesses, les analyser, concourir
à leur exploitation, en appelant sur elles l'attention des
intéressés, voilà mon but.
Je donne la priorité aux plantes alimentaires cultivées
selon les bonnes méthodes européennes.
— 9 —

IV
Plantes alimentaires.
LebU dur. — La préférence, pour les ensemencements
en blé, doit toujours être accordée au blé dur, qui est
particulièrement demandé par les indigènes.
Si la récolte est destinée à l'exportation, semer le blé
de TaganroU, dont la farine est universellement réputée
pour la fabrication des pâtes alimentaires.
Par une culture bien entendue, le rendement d'un hec-
tare de blé dur, sera de vingt q. m., ayant une valeur
de 500 francs, franco bord.
Le blé tendre. — On pourra cultiver, avec profit, diver-
ses variétés de blé tendre.
Le blé d'Odessa a une grande résistance dans les
terres sèches.
Le blé rouge du Roussillon donne une paille abon-
dante.
Uorge. — La culture de l'orge est susceptible d'un
grand développement; les indigènes la sèment beau-
coup pour la nourrituredu bétail, et les pauvres la substi-
tuent au blé, dans leur alimentation.
L'orge d'Afrique est très demandée par les brasseurs,
qui ont reconnu, à son grain, des qualités spéciales et
remarquables.
Les années pluvieuses ne sont pas les années de
belles récoltes de l'orge, qui demande une terre fraîche,
mais sans humidité.
Semer l'escourgeon, une des meilleures variétés de
l'orge d'hiver.
Le rendement moyen de l'orge est plus élevé que
celui du blé; il atteint parfois, par la culture européenne,
vingt-cinq q. m. à l'hectare.
Pour la nourriture du bétail, la paille de l'orge vaut
beaucoup mieux que celle du blé.
L'avoine. — L'indigène ne cultive pas l'avoine, qu'il
n'emploie pas dans l'alimentation de son bétail.
- Tunisie,
Cependant l'avoine a, en
-
fQ

des qualités positi-


ves que les colons devraient mieux apprécier,
Kilo se moissonne, au moins deux mois plus tôt qu'en
France, c'est-à-dire à une époque où les stocks épuisés
sont à renouveler.
Les colons qui voudront cultiver l'avoine sont assurés
do débouchés à un prix rémunérateur, par le commerce
d'exploitation, qui paie l'avoine d'Algérie de 15 à 18
francs le quintal métrique.
Leur exemple encouragera les indigènes, et la culture
de cette céréale acquerra rapidement le développement
considérable qui s'est manifesté, en Algérie, de 1SS0 à
1892.
L'avoine n'est pas exigeante, elle pousse dans tous les
«terrains.
Sa résistance à la sécheresse est plus grande que toute
autre céréale; un seul labour lui suffit.
La paille est de première qualité, comme aliment à
donner au bétail, avantage qui, en réalité, double la
valeur do la récolte.
Cultiver l'avoine d'hiver, car les autres espèces ne
conviennent pas au climat.
Le rendement d'un hectare est d'environ 25 q. m.
Le Maïs. — Les terres fraichts, profondes, et surtout
celles irrigables, conviennent particulièrement à la cul-
ture du maïs.
Le climat de la Tunisie est celui de la vigne. Or, où
le raisin mûrit bien, le maïs arrive à une maturité
parfaite.
Cette plante comporte un grand nombre de variétés ;
la meilleure est peut-être le maïs quarantaiu, lequel
mûrissant vite n'a pas à souffrir de la sécheresse.
Les terres irriguables sont plutôt destinées au maïs à
fourrages.
La récolte d'un hectare de maïs est de 20 à 22 q. m.,
valant de 15 à 18 francs l'un.
Le Sorgho. — Dans les mômes terres qui conviennent
au maïs, se sème le sorgho.
- il -
Les troisvariétés principales recommander *ont.'
à
Le sorgho blanc ou bechena des Arabes ; le sorgho noir
ou dra ; et le sorgho à balai qui est très cultivé dans la
Garonne et le Rhône.
La maturité du bechena et du dm arrive en août.
Avec une bonne fumure, l'hectare de sorgho produit
23à25q. m.
Comme valeur marchande, le bechena a la valeur du
blé, de janvier à la moisson ; et celle de l'orge, de la mois-
son à janvier.
Le dra est plus spécialement consommé par les
classes pauvres, pour lesquelles il équivaut à peu près
à l'orge.
Il est également donné au bétail, en remplacement de
l'orge et de l'avoine.
La culture du sorgho à balai sera très lucrative, $n
se basant sur les résultats qu'elle donne dans la Garonne
et le Rhône, voici les espérances que l'on peut concevoir
de sa culture en Tunisie,
A l'hectare, 40 q. m. de balais qui se vendent 20 à 25
francs le quintal, et 30 q. m. de graisses valant 12 à 15
francs le quintal ; en tout un rendement minimum de
1,160 fiancs.
L'alpiste. — Les sols secs et sablonneux conviennent
à l'alpiste ; il végète très bien dans les sols calcaires ;
et le froid lui est plus contraire que la sécheresse.
Tour obtenir une bonne récolte, il faut fumer abon-
damment. Mais comme l'alpiste n'occupe la terre que
pendant quelques mois, la fumure servira à la récolte
suivante.
L'hectare d'alpiste donne une récolte de 20 à 25 q. m.
qui se vendent 25 à 30 francs le quintal.
La graine d'alpiste sert à la nourriture des oiseaux.
La farine qui provient de cette graine est employée
pour la fabricationdes gâteaux.
Les haricots. — Les sols ameublis, calcaires, d'une
température chaude, sont tous désignés pour la culture
des haricots.
.- 12 —
Cette culture est, suivant les cas, principale ou inter-
calaire.
Les haricots demandent de l'ombre, par les côtés, aussi
poussent-ils bien dans les vignes et dans les plantations
de maïs.
Les haricots nains sont préférables ; il en existe un
grand nombre de variétés, savoir :
Le haricot capucine blanc, le haricot capucine rouge,
le haricot capucine café, le haricot faune cent pour un.
Toutes ces variétés sont productives et très rus-
tiques.
Dans un sol profond, frais, et pouvant être irrigué,
cultiver le haricot de Soissons à rames.
Cette, variété, d'une grande fertilité, se vend de 70 à 80
francs le q. m.
La récolte d'un hectare de haricots bien cultivé varie
ded5à20 qm.
Le cf. m. vaut de 25 à 35 francs.
La lentille. — Dans les sols médiocres, la lentille est
d'une culture très productive, la graine de cette plante
ayant toujours une grande valeur, et sa paille verte ou
sèche étant un excellent fourrage.
La lentille graine abondamment dans les terres
chaudes ; tandis qu'elle fournit surtout de la paille dans
les terres grasses.
Une des variétés à cultiver de préférence est la lentille
large blonde, plus particulièrement désignée sous le nom
de lentille de Soissons.
Un hectare de lentilles donne 6 à 9 q. m. de graines
qui se vendent GO à 80 fr. le q. m.
Pois chiche. —Les terres meubles et bien égouttées
plaisent beaucoup au pois chiche.
La culture de cette plante est très épuisante ; elle exige,
pour être productive, l'emploi des meilleures terres.
L'hectare de pois chiches donne un rendement de
18 à 20 q. m.
Le q. m. vaut, en moyenne, de 15 à 20 francs.
Ce légumineux est très demandé par les indigènes,
— 13 —
ainsi que par les émigrants italiens, maltais et espa-
gnols.
Pour le commerce d'exportation et la fabrication des
conserves, d'autres variétés de pois peuvent avantageu-
sement être cultivées.
La pomme de terre. — Cette plante joue un grand rôle
dans l'économie domestique, comme aliment précieux
de l'homme, nourriture des animaux et de la volaille.
La pomme de terre vient bien dans les terres profondes
argilo-siliceuses et argilo-calcaires.
La récolte d'un hectare de pommes de terre varie de
80à90q.m.
Comme primeur, la pomme de terre est vendue 60 à
70 francs le q. m. La vente directe des primeurs, aux
consommateurs, assurait un prix bien supérieur.
La culture de la pomme de terre en primeurs incombe
au maraichage.
Diverses. — Lés plantes à cultiver en jardinage sont
variées : le fraisier, l'artichaut, l'asperge, le melon,
l'échalotte, l'ail, l'oignon, la fève, le chou, le chou-fleur,
la carotte, le navet, le radis, le céleri, la laitue, l'auber-
gine, le pastèque, le concombre, le piment rouge et vert;
etc., etc.
Les légumes indigènes manquent de finesse et de
goût ; mais il est facile de leur substituer des variétés
européennes, qui donneront des produits plus fins et plus
savoureux.

V
Plantes industrielles.
Le Col\a. — La réussite du colza est assurée, dans
toutes les terres qui peuvent conserver une certaine
humidité, jusqu'en avril.
Un hectare de colza bien cultivé rend 25 à 30 q. m.
de graines, qui se vendent à raison de 22 à 25 francs
le q. m.
-14 —
Le Coton. — Le climat et les sols de la Tunisie sont
très favorables à la culture du coton.
Cette culture a été très prospère en Algérie. •
Le coton exige une terre profonde et beaucoup tra-
vaillée.
Les variétés préférables sont :
Dans les terres irrigables, la Géorgie longue soie.
Pour les terres sèches, la Louisiane courte soie.
A une époque, les colons algériens trouvaient dans un
hectare de coton, un revenu de plusieurs milliers de
francs.
Le lin. — Les terrains riches, profonds, sont ceux
qui conviennent lé mieux au lin.
La culture du lin est faite pour la graine ou pour la
filasse, souvent pour les deux récoltes.
Deux variétés sont bonnes à cultiver :
Le lin Riga, pour la filasse.
Le lin d'Italie, pour la graine.
Le rendement d'un hectare de lin se calcule de la
manière suivante :
Lin d'Italie, cultivé exclusivement pour la graine :
Poids de la récolte : graine, 10 q. m. ; tiges, 15 q. m. ;
valeur, 450 francs.
Culture mixte, graine et filasse.
Poid3 de la récolte : graine, 7 q. m. ; tiges, 20 q. m. ;
valeur, 410 francs.
Lin de Riga, cultivé exclusivement pour la graine :
Poids de la récolte : graine, 9 q. m. ; tiges, 20 q. m. ;
valeur, 750 francs.
Culture mixte, graine et filasse :
Poids de la récolte : graine, 8 q. m. ; tiges, 27 q. m. ;
valeur, 730 francs.
La filasse du lin s'obtient par le rouissage.
En Tunisie, le rouissage du lin, à l'eau froide, est le
plus souvent impossible à pratiquer; aussi faut-il
penser à se servir du rouissage chimique.
Dans ce dernier ordre d'idées, faire usage de la
lessive Bralle.
— 15
Mettre dans une cuve 600
-litres d'eau
chauffée à 75°,
et y faire dissoudre 1 kil. de savon vert.,
Ensuite, plonger 50 kil. de tiges dans cette lessive.
Le chanvre. — Cette plante demande une terre fertile,
riche en acide phosphorique et en chaux.
Elle accomplit sa végétation complète dans une
période de trois mois, ce qui la classe parmi les plantes
privilégiées.
Sur un hectare de chanvre, la récolte moyenne est
de 6 à 7 q. m. de filasse et de 3 à 4 q. m. de graines,
qui auront une valeur de 450 à 500 francs.
Le rouissage du chanvre n'est pas différent de celui
du lin : comme pour le premier, la lessive Bralle est
le procédé économique.
Les indigènes cultivent une variété de chanvre, pour
en extraire une substance enivrante et vertigineuse
qui se nomme : kif.
Le ricin. — Cette plante est arbustive en Tunisie,
où l'on en trouve des spécimens qui ont plusieurs
mètres de hauteur.
Elle s'accomode parfaitement des sols de médiocre
qualité.
Les propriétés pharmaceutiques de l'huile de ricin
sont très connues.
Cette huile est également utilisée par la mécanique.
Pour ce dernier usage, elle est meilleure que les huiles
similaires.
La culture, en grand, du ricin sera rémunératrice.
L'hectare de ricin, planté à 2 mètres, comportera
2,500 pieds, lesquels donneront, de la première à la
huitième année, environ 2 kil. de graines par pied, et
ifS par an, soit une récolte moyenne de 50 q. m. de graines
pendant sept à huit années.
La graine de ricin renferme, en huile, 40 à 45 0/0 de son
poids.
Les tourteaux de ricin constituent un engrais de pre-
mière qualité.
L'arachide» — Cette plante oléagineuse est tirée, en
- -16
grande partie, du Sénégal et du Gabon, contrées four-
nissant à la France la presque totalité de sa consom-
mation.
La Tunisie, cela est indiscutable, pourrait* également
pourvoir à cet approvisionnement. Ses terres légères,
siliceuses, irriguables, conviennent à la culture de
l'arachide.
La récolte d'un hectare d'arachides est de 20 à 25 q. m.
de graines, lesquels, à 40 0/0, produisent 8 à 10 q; m.
d'huile, valant de 6 à 700 francs.
Les tourteaux d'arachides sonttrès recherchés, pour la
nourriture du bétail.
Le Soja-hispida. — C'est le pois oléagineux importé
en Chine, en 1854, par M. de Montigny, consul de
France à Sang-Haï.
Cette plante est d'une grande richesse en azote ; elle
contient 35 0/0 de matières azotées et 65 0/0 de matières
grasses.
Des expériences faites permettent d'affirmer qu'un
kilogramme de soja équivaut, comme principes nutritifs,
à 4 kil. de pommes de terre.
Le rendement d'un hectare de Soja est estimé à
26 q. m. de grains secs.
Traités industriellement, les grains de soja donnent
20 0/0 d'huile et 80 0/0 de tourteaux.
Les tourteaux de soja sont excellents, pour l'engraisse-
mont du bétail.
La paille de soja estmangée, avec avidité, par les bovins
et surtout par les ovins.
La coriandre. — Cette plante aromatique est un condi-
ment que les indigènes goûtent beaucoup.
La coriandre est employée aux mêmes usages que la
menthe, l'anis, etc., etc. Les confiseurs en font des dra-
gées; et les brasseurs s'en servent pour parfumer la bière.
Enfin, la médecine considère la coriandre comme carmi-
native et stomachique.
La coriandre se sème dans les sois calcaires, légers,
aérés.
- 17 —
L'hectare de coriandre rend 10 à 15 q. m. de graines.
Le prix du quintal varie de 30 à 35 francs.
L'essence de coriandre, qui est très odorante, vaut
400 francs le kil.
Le géranium-rosat. — Dans le Sahel algérien, et prin-
cipalement aux environs d'Alger, le géranium-rosat
est beaucoup cultivé.
LP climat de la Tunisie convient également à la cul-
ture de cette plante, qui veut un sol moyen, mais de
sérieuses fumures.
On plante généralement 40,000 touffes à l'hectare.
Le géranium-rosat se coupe trois fois par an; et il
donne 54 kil. d'essence ordinaire à l'hectare.
Cette quantité d'essence a une valeur de 1,500 francs.
La culture du géranium-rosatexige beaucoup de main-
d'oeuvre; à ce point de vue, elle est éminemment colo-
nisatrice.
La garance. — Les sol» calcaires, qui conservent une
certaine humidité jusqu'en juin, sont ceux où pousse
bien la garance, qui est, d'ailleurs, une plante spon-
tanée de la Tunisie.
Quand la garance est soumise à l'irrigation, il devient
prudent de limiter les arrosages au strict nécessaire ; car
l'humidité a pour conséquence d'augmenter le produit,
au détriment de sa valeur colorante.
L'hectare de garance peut, en Tunisie, donner à la
deuxième année, au moins 1,500 kil. de racines et
500 kil. de graines, le tout ayant une valeur de 2,000
francs, ce qui représente un rendement moyen de 1,000
francs par année.
Le tabac. — La culture du tabac est exclusivement
concentrée aux mains des indigènes, et, dans ces condi-
tions, les produits qu'elle donne ne sont pas exempts de
quelques reproches.
Mais, est-ce à dire que cette 0111110*6 ne mérite pas
d'être encouragée? Qu'elle ne saurait donner en Tunisie
les mêmes résultats qu'en Algérie, où elle occupe une
superficie de 11,000 hectares^procurant à la consomma-
./^'";;>
— 18 —
tion 5 à 6 millions de kiL de tabac? Tel n'est point l'avis
d'hommes compétents.
La culture du tabac doit donc être ' provoquée, faci-
litée, dans l'intérêt bien compris de la colonie:
En Algérie, le tabac donne un rendement brut de
1,000 francs par hectare. Je ne pense pas que ce résultat
soit atteint, par les indigènes tunisiens qui cultivent
cette plante.
.
Diverses. — A citer encore parmi les plantes indus-
trielles qui croissent en Tunisie : l'alfa, le diss, l'indigo,
l'absinthe, la lavande, la menthe, l'anis, le cumin, le
réséda, la marjolaine, la guimauve, l'héliotrope, la
rose, la verveine-citronnelle, l'oranger-amer, la mou-
tarde blanche, le sumac, etc., etc.

VI
Plantations Viticoles et Fruitières.
Les cultures arborescentes doivent avoir, en Tunisie,
une place prépondérante; le climat leur convient admi-
rablement, et elles peuvent y être entreprise dans toutes
les régions.
En première ligneviennent les plantations de diverses
essences viticoles et fruitières, indigènes ou exotiques.
La vigne. — Le sol tunisien, d'une grande richesse
en potasse, est extrêmement favorable à la culture de
la vigne. *
Dans l'antiquité, la vigne était l'objet d'mu i impor-
tante culture en Afrique.
Ce pays, était le cellier, autant que le grenier des
Romains.
Après l'invasion arabe, la vigne disparût complète-
ment du Nord de l'Afrique.
Mais les Maures la rapportèrent d'Espagne au dix-
septième siècle*. A partir de ce moment les indigènes
se mirent à planter le précieux arbuste, soit en treille,
soit en plein champ, exclusivement pour la production
—•io-
des raisins de table, le koran leur interdisant l'usage des
boissons fermentées.
Avec les colons français, la culture de la vigne de-
viendra plus florissante qu'elle a pu l'être, à l'époque de
ces colonies romaines, dont les ruines, qui jalonnent la
Régence, attestent la splendeur disparue.
La vigne est cultivée en Tunisie, d'après les méthodes
appliquées par les vignerons de l'Algérie et du Midi
de la France.
Les plantations, en coteaux comme en plaines, se font
sur des défoncements profonds permettant au sol de
s'imprégner d'eau.
Par des binages fréquents, l'humidité est entretenue
et les végétations parasitaires sont détruites.
Dans de telles conditions, la sécheresse n'est point à
craindre.
En raison de la puissance de végétation de la vigne
tunisienne, il est prudent d'espacer les ceps, de deux
mètres au moins en tous sens. L'hectare, planté à cette
distance, contient 2,500 ceps.
Les labours s'effectuent de cette manière avec une
grande facilité ; et les radicelles de chaque cep ont uno
large étendue, pour se développer et trouver leur
entretien.
Les plants préférés sont : Aramon, Petit-Bouchet,
Ouillade, Carignan, Morestel, Mourvèdre, Cabernet, le
Cuisant et la Clairette.
Le prix de revient de la plantation d'un hectare de
vignes, à la troisième année (la première récolte), est
estimé à 1,000 irancs.
Le matériel vinaire et la construction du cellier, des-
tinés à la récolte de ce même hectare, reviennent à
2,000 francs,
L'hectare de vigne en exploitation coûte donc
3,000 francs.
La récolte moyenne est de 50 hectolitres de vin,
pouvant valoir, si la vinification a été bien faite, la
somme de L500 francs,
— 20
Les frais do toutes sortes
-(intérêts, amortissement,
dépenses de cultures et autres) étant fixés à 600 francs,
le bénéfice net est de 900 francs ou de 30 0/0 du
capital engagé.
Si le colon ne veut pas s'astreindre à la vinification
de ses raisins, il les vend sur pied; ou bien il les expédie
en France.
Dans ce dernier cas, les frais d'établissement d'un
hectare de vigne se trouvent réduits des deux tiers. -
Enfin, la plantation de la vigne peut aussi être faite, en
vue de la production des raisins secs dits de Corinthe, dont
la récolte n'exige pas de matériel vinaire, ni de cellier.
Il est permis de se demander si la vigne à grande
arborescence ou en treille terrestre, ne donnerait pas un
rendement beaucoup plus élevé ?
Les Carthaginois et les Romains ne soumettaient pas
la vigne à la faille; ils la laissaient ramper à terre; et
c'est à cette méthode de culture, qu'était attribué le dé-
veloppement extraordinaire que prenaient les grappes.
De nos jours, au Maroc, la vigne n'est pas traitée
d'une manière différente.
Dans la Kabylie, les pieds de vignes supportés,par des
érables, donnent des grappes qui pèsent souvent plus
de 6 kil. i
Les plantations de vigne à grande arborescence, faites
en France et on Corse, ont donné des résultats très en-
courageants.
Pourquoi des expériences, analogues ne se feraient-
elles pas en Tunisie?
L'olivier. — La Tunisie est la terre privilégiée do
l'olivier. Il y est cultivé, dans toutes les régions. Son
produit constitue une des plus grande richesse de la
îîégence.
Dans les sols fertiles et suffisamment humides, les
oliviers bien soignés atteignent communément 2 à 3
mètres de circonférence, et S à 10 mètres de hauteur.
Les oliviers du «Sahel » sont les plus beaux, parce
qu'ils sont mieux cultivés que partout ailleurs. Il est
— 21 - /

donc possible d'obtenir des sujets analogues dans les


autres parties de la Régence, s'ils sont l'objet de soins
culturaux appropriés.
Le nombre d'oliviers plantés, par hectare, vare sui-
vant les régions. '
Ainsi dans le Nord, la complantation d'un hectare
comporte 120 à 150 pieds, ce qui est désastreux, au point
de vue de la récolte.
Dans le Sahel on compte 80 à 100 pieds.
Enfin, ce nombre est réduit à 25 et même à 20 pieds,
dans le Sud,
Pour le Nord et le Sahel, en prévision de cultures inter-
calaires alimentaires ou autres, on plantera 50 pieds à
l'hectare, de manière à ne pas contrarier la croissance
des arbres et à permettre, à tout âge, des cultures inter-
calaires dans les rangs.*
La complantation, à forfait, d'un hectare de 50 pieds
d'oliviers revient à 30 francs, ou àO fr. 60 c. le pied.
Moyennant cette somme,les indigènes se chargent de
la plantation, et de tous les soins culturaux de la première
année.
Avec le prix du terrain, les dépenses de plantation
et les irais de culture jusqu'à la fructification, l'hectare
d'oliviers, dans le Nord et le Sahel, revient à 150 francs.
Cultivés, avec tous les soins désirables, les oliviers
donnent leurs premiers fruits à la 5* année de planta-
tion.
Le rendement annuel de l'hectare de 50 oliviers est
évalué comme suit :
A cinq ans, 50 francs ; à.dix ans, 150 francs ; à quinze
ans, 250 francs; à vingt ans, 350 francs; à vingt-cinq
ans, 500 francs.
Une olivette ne se vend pas à la surface mesurée,
mais suivant le nombre de pieds d'oliviers qu'eUe
contient.
Un olivier, âgé de vingt ans, a une, valeur de 30 francs ;
cette valeur peut doubler.
Des ruines de moulins romains que l'on a trouvé bien
\
— 22 —
i
au de'; là de Kairouan, attestent que l'olivier était, à
cette époque, très cultivé dans cette partie de l'Afrique
romaine, où on le rencontre peu aujourd'hui.
Il e^ iste, pour la culture de l'olivier, un métayage indi-
gène qui s'appelle m'gharsa; les métayers sont désignés
sous le nom de m'gharsis.
Ce métayage est un bail de complant, passé entre le
propriétaire et le cultivateur indigène, pour une durée
de 8à 10 ans.
Ce dernier se charge de fournir les plants, de les
mettre en place, de les cultiver, de les entretenir jus-
qu'à la fructification.
L'apport du propriétaire consiste dans un chameau de
labour et de son harnachement, par surface d'une
méchia ou 8 hectares, et des semences nécesaires aux
cultures intercalaires.
Les récoltes sont partagées par moitié, déduction faite
de la semence, entre le propriétaire et le métayer.
A l'expiration du bail, les oliviers sont également
partagés, dans la même proportion, si le métayer a
remboursé le prix du cheptel qui lui a été confié, ainsi
que le montant des avancés qu'il a pu recevoir en dehors
des conditions générales du contrat.
Le prix de revient d'un hectare d'oliviers complanté
en m'gharsa, s'établit par la valeur du terrain ; puisque
toutes les avances, faites aux m'gharsis, sont rem-
boursées.
J'aurai l'occasion de reparler de la m'gharsa, à propos
de l'aliénation, par le GouvernementTunisien, des terres
sialines de la région de Sfax.
Le caroubier. — Après l'olivier, nul arbre n'a mieux
sa place en Tunisie que le caroubier ; cependantil y est
peu cultivé.
C'est un arbre magnifique, d'unevégétation puissante,
d'une grande longévité, qui offre un bel ombrage aux
troupeaux pendant la chaleur.
Le caroubier vient de semis; il se greffe à l'écusson à
la 2* année.
— 23 -l'hermaphrodite
La caroube d'Espagne et sont les
meilleures espèces, pour la greffe.
Planter50caroubiersà l'hectare, qui coûteront le même
prix que des oliviers.
Les caroubiers donnent des profits, qui équivalent à
ceux des oliviers.
Les caroubes sont données en nourriture aux chevaux,
aux boeufs, aux moutons et aux porcs, qui les mangent
avec avidité.
Elles servent également à la production de l'al-
cool.
Les colons, qui se livreront à l'élevage et à l'engraisse-
ment du bétail, devront planter des caroubiers.
L'oranger, le mandarinier, le citronnier, le cédratier.
La plantation des orangers, des mandariniers, des
citronniers et des cédratiers, exige un sous-sol per-
méable, et une certaine disponibilité d'eau.
La quantité d'eau nécessaire par hectare varie, suivant
les espèces plantées et la nature du terrain, de 60 à
100 mètres cubes, à renouveler, chaque semaine, pen-
dant la saison estivale.
Ces quatre sortes d'arbres se plantent à 6 mètres de
distance, pour avoir 280 pieds à l'hectare, et en vue de
cultures intercalaires.
A la cinquième année, chaque arbre aura coûté envi-
ron 8 francs ; et il donnera à cette même époque un
revenu de 4 francs.
A partir de la dixième année, ce revenu atteindra
8 francs ; et il progressera encore de quelques francs les
années suivantes.
Pour les citronniers, planter les variétés dites des
4 saisons, qui ont des fruits toute l'année. Durant l'été,
les citrons se vendent très cher.
Lafructificationdes cédratiers commence àla 3° année;
et ces arbres sont en plein rapport à cinq ans.
Le cédrat est demandé par la France, l'Espagne,
l'Italie, l'Angleterre, etc., etc.
Lefiguier. — On peut planter le figuier dans tous les
— 24 —
terrains, à une distance de 10 mètres en tous sens, soit
100 pieds à l'hectare.
Le figuier donne des fruits à 4 ans ; à la 10e année il
entre en plein rapport.
Le rendement annuel et moyen, par arbre, est de
3 francs.
Les meilleures variétés à planter sont :
La sultane, la blanche de Bougie, la napolitaine, la
marseillaise, la mahonnaise.
La figue de barbarie, produit du cactus, est une espèce
que consomment les indigènes; et pour qui elle est sou-
vent une précieuse ressource.
L'amandier. — Les terres en pente conviennent mieux
à l'amandier que les plaines.
L'amandier veut un sol silicieux, calcaire, bien
égoutté.
On le plante à 6 mètres, de manière à avoir 289 pieds
à l'hectare.
A cinq ans, un amandier aura coûté 3 francs, et. il
rapportera 1 fr. 50 à 2 francs.
A dix ans, le rapport sera de 5 francs ; et il doublera
à 15 ans.
Le dattier. — Les indigènes ont surnommé le pal-
mier-dattier, le roi du désert.
;
En effet, cet arbre ne végète que dans la région saha-
rienne, où il atteint rapidement 12 à 15 mètres de hau-
teur.
Son fruit est la principale nourriture des indigènes du
Sahara, et la première source de leur richesse.
S'il est suffisamment irrigué, le palmier-dattier donne
sa première récolte à la 5* année de plantation.
A la quinzième année, il rapportera de 8 à 10 francs ;
mais il aura coûté à cette date, tous frais compris, une
somme de 20 francs.
Divers. — D'autres espèces fruitières peuvent faire
l'objet d'une exploitation lucrative.
Le bananier, le grenadier, le néflier du Japon, le
cognassier, l'abricotier, le pêcher, le prunier, le pom-
— 25 —
mier, le poirier, le framboisier, le groseillier, le mûrier,
etc., etc.

VII
Plantations forestières.
S'il appartient au gouvernement de prendre les dispo-
sitions administratives et fiscales pour le reboisement de
la Tunisie ; de leur côté les colons doivent coopérer à
cette mesure de bien public, destinée à augmenter la
valeur agricole de la Régence, par la complantation
d'une partie de leurs domaines en essences forestières.
Les plantations forestières se feront, suivant les cas,
soit en massifs, soit en rideaux de protection contre les
vents.
Quelques essences sont particulièrement propres à ce
reboisement parcellaire. La plantation de ces essences,
non seulement aidera à la modification du régime des
eaux sur le domaine, mais elle sera aussi une source
de revenus pour le colon.
L'eucalyptus. — Cet arbre est originaire de l'Australie,
où il atteint de gigantesques proportions.
Il existe un grand nombre de' variétés d'eucalyptus:
lesquelles ont toutes une croissance phénoménale.
Les deux espèces, qui paraissent le mieux convenir
pour des plantations à faire en Tunisie, sont : l'euca-
lyptus globitlus et l'eucalyptus resinifera.
Ce dernier est particulièrement rustique, ne craignant
ni la chaleur, ni l'humidité.
Des eucalyptus, plantés il y a environ huit ans, par
la compagnie Bône-Guelroa,aux diverses stations de son
réseau tunisien, ont aujourd'hui plus de 12 mètres de
hauteur.
On estime que l'eucalyptus, planté en massif, se déve-
loppe, en hauteur, dans la proportion de 1 met. 50 à
1 met. 75 par année. Planté isolément, sa croissance est
beaucoup plus rapide.
_ sa —
Les eucalyptus se sèment en terrines ; la germination
de la graine a généralement lieu dans les 8 à 12 jours
du semis.
Quand le plant atteint 8 à 10 centimètres de hauteur,
les sujets sont mis isolément en pots, pour être plus
tard transplantés, avec toute la terre qui enveloppe leurs
racines.
Les semis du printemps, mars et avril, se transplantent
à l'automne, octobre et novembre. Ceux- faits à cette
dernière saison, se transplantent au printemps suivant.
Les sols destinés à recevoir des plantations d'euca-
lyptus doivent être labourés profondément.
Chaque pied est planté dans un trou d'un mètre de
côté et de 0 mètre 50 de profondeur, à 10 ou 15 centi-
mètres au plus en contre-bas de la surface du sol
La distance à donner, pour une plantation en massif
est de 2 mètres 50, entre chaque pied, et en tous sens.
La plantation de 1,500 pieds, sur un hectare, revient à
1,500 francs environ.
Comme exploitation de bois : poteaux télégraphiques,
madriers, traverses de chemins de fer, etc., etc., cet hec-
tare produira :
A 5 ans, 500 arbres valant 1.500fr.
A 10 — 500 — 4.000»,
A 15 — 250 — 5.000 »
A 20 — 125 — 5.000 »
A 25 — 126 ;—; 6.250 »
Soit un total de 21 .?50 fr.
Les feuilles d'eucalyptusWt des propriétés fébrifuges
merveilleuses, qui triomphent de cas rebelles, contre
lesquels la quinine est impuissante.
On obtient de la distillation des feuilles et des fleurs
d'eucalyptus, des huiles et des essences, qui sont égale-
ment utilisées dans la thérapeutique.
L'action balsamique, que dégagent les feuilles d'euca-
lyptus, est très favorable à la respiration ; en même temps
qu'elle neutralisé l'action délétère des miasmes palu-
déens.
Enfin, la carbonisation, en vase clos, du bois d'euoa*

Charbon. ......
lyptus donne par cent parties r

Vinaigre de bois, . .
Goudron.
.
28.750
45,500
0,250
,
Gaz. 19,500
,
Total, . . , 100.000
Comme reboisement parcellaire, l'eucalyptus est cer-
tainement l'essence la plus lucrative.
Le chêne-liège, — Le liège étant employé de mille
façons par l'industrie, la vente de la récolte du chêne-
liège est toujours certaine, et à prix rémunérateur.
Le démasclage du baliveau de chêne-liège a lieu, à la
neuvième année de plantation.
Cette opération consiste à enlever, jusqu'à la hauteur
des branches, la première écorce de nature rugueuse et
fendillée ; pour provoquer la formation d'une nouvelle
écorce, fine et serrée.
La première écorce sert au tannage des cuirs.
Après neuf ans de démasclage, la deuxième écorce a
une épaisseur suffisante pour être récoltée.
Les récoltes se succèdent ensuite, de neuf années en
neuf années.
Le chêne-liège donne, en moyenne, un rendement de
6 à 8 francs par pied, à chaque récolte.
Le chîné^êen. — Dans les sols légèrement humides,
le chêné-zeen a une belle croissance, moins vigoureuse
cependant que celle de l'eucalyptus.
Dans les forêts tunisiennes, dont il est, après le chêne-
liège, l'essence dominante, le zéen atteint 25 à 30 mètres
de hauteur, et 2 mètres de circonférence.
Sôii bois est nerveux, de couleurjaunâtre, quelquefois
rosée et de consistance cornée.
Il est utilisable pour la tonnellerie, la charpente, la
menuiserie, le charronnage, etc., etc.
^
j Divers. D'autres arbres conviennent encore pour
le reboisement parcellaire d'un domaine, ce sont : 16
-
— 28
thuya, le pin d'Alep, le frêne, l'érable, le tremble, le
cyprès, etc., etc.

VJH
Plantes fourragères.
Le sol de la Tunisie a des aptitudes spéciales, pour la
production des herbes spontanées et, par suite, de celle
de la plupart des plantes fourragères, dont la végétation
est obtenue par des soins culturaux.
Herbes spontanées. — A l'époque de l'hiver, toute la
Tunisie se couvre d'herbes spontanées.
La composition de ces herbes varie, naturellement,
suivant la nature des sols. f

Sur le littoral, les herbes spontanées, dans lesquelles


dominent les légumineuses, constituent un fourrage de
première qualité.
Enfin, sur un champ en jachère, mais qui a été cultivé
l'année précédente, les herbes spontanées atteignent le
maximum de leur végétation.
.
En résumé, les meilleures prairies d'herbes spontanées
sont celles des jachères annuelles. Cependant, les prai-
ries permanentes peuvent facilement s'améliorer, par
des semis de graines, des hersages, et des arrosages; si
la configuration du sol se prête à cette dernière mesure.
La récolte de fourrage spontané, sur un hectare, est
d'environ 20 q. m.
La luzerne. — Cette plante est très exigeante sur la qua-
lité du sol. Les terrés profondes, d'alluvion, argilo-cal-
caires et irriguables, sont celles danslesquelles, la luzerne
veut être semée pour donner de bons résultats.
A l'irrigation, la luzerne donne 8 coupes par année ; et
chaque coupe est de 20 q. m. de fourrage vert.
Dans les terres non irriguables, mais qui conservent
une certaine humidité, la luzerne donnera encore 3 à 4
coupes, d'un rendement inférieur, bien entendu, au
précédent.
.
^2Q_
La vesce. — Cette plante a une grande valeur nutri»
tive, et elle peut, indifteremment, être consommée comme
fourrage vert, ensilée ou fanée,
La vesce velue est la meilleure variété, son rendement
est considérable, et elle possède la propriété de résister
à la sécheresse,
Kilo s'accomode de tous les sols, pourvu qu'ils ne con-
tiennent pas d'îwmidité.
On sème, à l'hectare, 100 à 120 kil. de vesce velue
auxquels ont été, préalablement, mélangés 40à 50 kil. de
seigle ou d'avoine. *

Le rendement d'un hectare de vesce velue est estimé


à 250 q, m. de fourrage vert ou 75 q, m. de fourrage sec.
Le moha. —* Comme le moha est un fourrage d'été,
dont la végétation n'est pas contrariée par la sécheresse,
les colons tunisiens trouveront profit à le cultiver.
Le moha est une graminée très fourragère, qui ressem-
ble beaucoup au railletd'If alie, mais avec des proportions
moins grandes.
Il donne, à l'hectare, un rendement de 200 q. m. de
fourrage vert, ou 100 q. m. de fourrage sec.
La valeur nutritive du moha est supérieure à celle du
maïs, 100 kil. de Moha équivalent à 150 kil. de maïs.
Les semis de moha peuvent se faire de mai à juillet; et
les récoltes ont lieu environ 80 jours après.
La cassoude. Un autre fourrage, dont la culture rendra
de grands services ; c'est la cass aide qui, uno fois plan»
tée, n'a pas besoin d'être renouvelée.
Elle donne 6 coupes, au moins,chaque année, et 45 q. m.
de fourrage vert par coupe.
Tous les sols conviennent à la cassoude. Mais cette
plante exige un labour profond, et beaucoup de fumier.
Les pieds de cassoude seront espacés de 50 à 75 centi-
mètres, et même d'un mètre, s'ils sont plantés dans une
terre fertile.
La cassoude est une excellente nourriture pour les
chevaux, les boeufs, les moutons et les porcs.
La.moutarde blanche. — Pour du fourrage à récolter
~ 30 -
la moutarde blanche dans la dernière
en janvier, semer
quinzaine de septembre.
La moutarde blanche croit rapidement, et elle atteint
1 m. 20 de développement.
Elle a de grandes qualités nutritives.
Le mais et le sorgho seront cultivés comme fourrage ;
si l'on dispose de bonnes terres irriguables.
Leur rendement moyen à l'hectare est, dans ce cas,
de 5 à 600 q, m.
Betteraves fourragères. — Pour les bêtes à l'engrais, et
les vaches laitières, les racines de betteraves constituent
un excellent aliment.
Semer la betterave, en février, pour la récolter en
novembre ; époque à laquelle les fourrages verts man-
quent.
La nature des sols guidera, dans le choix à faire, parmi
les diverses variétés de betteraves.
La carotte. — La meilleure racine, pour les chevaux,
les boeufs, les moutons, est encore la carotte.
Elle se récolte, à la même époque que la betterave ; et
son rendement,à l'hectare, est à peu près du môme poids
que celui de cette dernière.
Le topinambour, — La culture des topinambours, à
l'arrosage, peut donner par hectare un rendement de
400 q. m. de tubercules et 100 q. m. de fanes,
Lès animaux, qui consomment cette plante, entrent
vite engraisse.
Diverses. — Peuvent, encore être cultivées, comme
plantes fourragères, la citrouille, le chou rutabaga, le
chou cavalier, le panais, etc., etc;

IX
Le Bétail
Elevage et Engraissement
t
L'industriepastorale est restée jusqu'ici, à part quel-
ques exceptions, aux mains des indigènes. Aussi; bien
que le sol tunisien ait des aptitudes spéciales pour la
production des herbes ; le bétail qu'il nourrit, est chétif
et en mauvais état d'entretien.
Cette situation regrettable résulte surtout, de l'impré-
voyance des éleveurs, qui n'ont jamais de réserve de
fourrages pour la saison où les pâturages sont desséchés ;
et dont le bétail n'est point abrité contre la pluie ni
contre la chaleur ; enfin, de leur négligence ou de leur
insouciance dans le choix des reproducteurs.
Malgré les conditions déplorables dans lesquelles elle
s'exerce, l'industrie pastorale donne, aux éleveurs indi-
gènes, des bénéfices annuels évalués à 35 et 40 0/0 de
la valeur de leurs cheptels.
Les colons, qui se sont déjà livrés à l'élevage, ou plu-
tôt à l'engraissement du bétail, ont obtenu de beaux
résultats.
Améliorée, conduite d'une manière rationnelle, pro-
gressive; l'industrie pastorale deviendra, probablement,
la plus grande richesse de la Régence,
Le Cheval. — Malgré sa dégénérescence, le cheval
tunisien à conservé des qualités de 1" ordre.
Cet animai est du type barbe. Sans soins, mal nourri,
maltraité, astreint à traîner de lourds fardeaux, ses
formes se sont désavantageusementmodifiées.
Par une sélection intelligente, et une nourriture abon-
dante, on parviendra à rendre, au cheval tunisien, sa
corpulence robuste et élégante 4e jadis.
Dans cet esprit, des petits haras composés de 3 ou 4
étalons ont été créés, par le service de la remonté, sur
divers points de la Régence.
La monte ayant lieu dé mars à juillet, le pouliriage
commence, au mois de février de Tannée suivante.
Le sevrage du poulain doit commencer, progressive-
ment, à partir du septième mois.
A partir du dix-huitième mois, il faut ajouter à son
alimentation, par les fourrages où le pâturage, de
tyrgej del'avoine, des caroubes ou des fichés sèches.
 la troisième année, le poulain est bon à vendre.
~ 32 - *

S'il est de J-wm* conformation et robuste, sa valeur


atteindra de 3 à *w frênes»
Le mulet. — L'accouplement de la jument avec Pane
produit le mulet ; et de celui de l'ànesse avec le cheval
naît le bardot.
Les indigènes se livrent, de préférence, à la produc-
tion mulassière ; car le mulet, bête de trait et de somme,
a pour eux surtout, une plus grand* valeur que le
cheval.
D'autre part, le mulet est plus robuste et moins exi-
geant, pour l'alimentation.
Enfin, ce qui n'est pas à dédaigner ; le mulet se vend
à un prix, plus rémunérateur, que le cheval.
Pour la monte, choisir un âne du type andalous,
espèce dérivée de la Gascogne et du Poitou.
L'àne de Tunisie est trop petit.
Mais, si le colon désire obtenir des produitssupérieurs,
il doit se procurer un baudet duPoitou,
Le muleton sera soumis au même régime que le
poulain.
A quatre ans, le mulet a une valeur de 5 à 000 francs.
Le boeuf. — La race bovine tunisienne est petite, mais
ses proportions sont régulières et élégantes.
Les boeufs et les vaches ont une grande vigueur ; et
ces animaux résistent, très bien, à la fatigue et à la
chaleur
Par la sélection, le croisement, une nourriture suffi-
sante, des abris contre les pluies et contre la chaleur,
soins généraux que ne lui prodiguent pas les indigènes,
cette race s'améliorera rapidement.
A l'état maigre, le boeuf pèse de 120 à 175 kil. de viande
nette. La vache est d'un poids sensiblement inférieur.
Après quelques mois passés dans un bon pâturage, le
rendement du môme boeuf, en viande nette, augmente
facilement de 50 à 60 kil.
La vache, bien soignée, ne donne pas plus de 4 à 5 litres
de lait ; c'est peu.
Par son croisement,avec un taureau auvergnat ou brè-
^33 —
ton; on obtiendra probablement des sujets ayant des
qualités lactifères supérieures.
La monte doit être calculée, de manière à ce que la
naissance du veau survienne, à la saison où les pâturages
sont abondamment pourvus d'herbes.
Les veaux du printemps seront, de beaucoup, les
meilleurs.
Les élèves, qui ne sont pas conservés comme repro-
ducteurs ou comme animaux de travail, sont engraissés
et vendus pour la boucherie, avant la fin de leur deuxième
année.
L'engraissementdes boeufs maigres, achetés aux indi-
gènes, est une opération très fructueuse.
Ces boeufs s'achètent, actuellement, au prix moyen
de 70 à 80 francs ; et ils se revendent 150 et 170 francs,
laissant à l'eroboucheur, un bénéfice de 80 à 90 francs.
Pour se livrer à ce trafic ; il suffit de posséder un domaine
renfermant de bons pâturages, et bien pourvu d'eau.
Des terres,remplissant ces conditions, ne se louent pas
plus de 2 à 3 francs l'hectare ; et sur cette surface, un
boeuf arrive, en quelques mois, à l'embonpoint voulu.
Le mouton. — La race barbarine est le type commun
aux nombreuses variétés de moutons, qui vivent sur le
sol de la Tunisie.
En général, le mouton barbarin est de bonne taille ; et
sa conformation serait assez belle, sans l'appendice
caudal, auquel il doit sa désignation, en France, de
« mouton à large queue ».
Le poids de cette pelote dégraisse varie de 5 à8 kilos.
La. rusticité et là vigueur du mouton tunisien sont, au
moins égales, à celles du cheval et des bêtes bovines; dont
il partage d'ailleurs, chez les indigènes, les misères de
toutes sortes :
Pas d'abri, aucune réserve fourragère, des marches
forcées et des privations de nourriture ; voilà les condi-
tions habituelles de son existence.
La transhumance étant le régime de l'élevage indi-
gène, les troupeaux sont constamment en marche; allant
— 3* —
du Sud ail Nord ; et revenant, ensuite, du Nord au Sud,
selon les saisons,
Dans l'état actuel de sa constitution, le mouton tunisien
est impropre au commerce d'exportation; car son rendo-
rment, en viande nette,n'excède guère J6 kilos; et encore
la qualité de cette viande, n'est-elle pas exempte de
sérieux reproches.
D'autres part, les côtelettes et les gigots ont des pro-
portions si petites, que leur valeur commerciale est bien
inférieure à celle des mêmes parties, prises sur les mou-
tons français.
Enfin, la laine provenant du mouton tunisien n'apas
la finesse ni la propreté, que recherchent les acheteurs
européens.
On s'accorde à considérer le bélier mérinos de laCrau,
comme le type améliorateur par excellence.
Des expériences faites dans ce sens, par quelques
colons, ont été très concluantes (1).
Au point de vue de la richesse de la colonie, il est
à souhaiter qu'elles servent d'exemples aux indigènes
qui, pendant longtemps, resteront les grands éleveurs
de moutons de la Régence.
Il est entendu, que le plus grand soin doit être apporté
dans le choix des femelles à féconder : elles seront
jeunes, de constitutions robustes, et leur laine longue
et assez fine.
Un bélier suffit à la monte de 50 à 60 brebis.
Né jamais laisser dépasser, aux agneaux mâles, l'âge
de trois mois, sans les castrer.
Ensuite, constituer des réserves fourragères, pour
la saison où les pâturages neprocurent plus une nour-
riture suffisante.
Assurer également aux troupeaux, une eau abondante
(1) M. Prouvost, colon à l'enchir Merira, près Tunis ; et M. Robert,
directeur do la Société des Huileries du Sahel, àSousse, ont fait des
essais de croisement de brebis barbarines et de béliers de la Grau
qui ont donné d'excellents résultats.
- 35 —
et de bonne qualité, et des abris contre la grande
chaleur.
Par ces diverses mesures, la racebarbarine se trouvera
promptement améliorée.
Quand la race améliorée atteindra sa deuxième géné-
ration, les béliers de la Cête-d'Or pourront, avec profit,
être substitués aux premiers reproducteurs.
Ce deuxième croisement produira une nouvelle race,
plus belle et donnant un meilleur rendement, en viande
et en laine.
Actuellement, de bonnes brebis barbarines peuvent
s'acquérir, au prix de 10 à 12 francs.
Elles donneront naissance, à des agneaux qui auront
dans la môme année, autant de valeur que leurs mères.
Provenant du croisement de brebis barbarines et de
béliers mérinos de la Crau, ces agneaux auraient une
valeur bien supérieure.
Si l'élevage est conduit, suivant les préceptes de la
méthode améliorante ; un hectare de pâturage bien
entretenu, nourrira au moins 10 brebis.
La France est obligée, pour satisfaire aux besoins de
sa consommation, de demander, annuellement,un million
de moutons à l'étranger.
Dans de telles conditions, l'élevage du mouton en
Tunisie, s'annonce comme devant être une entreprise
des plus lucratives.
Le porc. — L'élevage du porc est peu répandu- en
Tunisie. D'après les renseignements fournis par la sta-
tistique officielle du 1er janvier 1892, Tunis, Bizerte et
Aïn-Draham, qui sont les principaux centres de cet éle-
vage, ne posséderaient pas plus de treize mille porcs.
Bien d'autres points conviennent à cet élevage, les
parties boisées de chênes-liège et de chênes-zéen sont
assurément les plus favorables.
Le porc africain est rustique ; il s'élèvebien au pâturage
— les indigènes ne lui. donnent pas d'autres soins—-;
mais il profite, beaucoup mieux,par l'élevage en demi-sta*
bulation. <*
-
~3ô -
Une truie fait deux portées par an ; et ordinairementla
portée est de six porcelets,
Sans grandes dépenses à la porcherie, ces douze por-
celets trouveront leur nourriture, sur un pâturage de
deux hectares.
Leur valeur, à un an, ne sera pas inférieure à 360
francs.
Quant à l'engraissement du porc, qui parait pouvoir
s'entreprendre à peu près partout ; il n'est pas moins
lucratif que l'élevage, par la facilité qu'a l'engraisséurde
renouveler ses opérations, au moins trois fois, dans la
môme année.

X
Les Forêts.
Avant l'établissement du Protectorat français, Je
Gouvernement tunisien s'était peu préoccupé des
massifs boisés qui couvre une partie importante de la
Régence. Chacun y prenait les produits dont il avait
besoin, soit pour son usage personnel, soit pour les
vendre.
Concessions beylicales — Les beys avaient créé quel-
ques exploitations en Kroumirie, et ils avaient concédé
les forêts de cette région pour un temps déterminé,
moyennant paiement de redevances fixes; et avep la
condition d'approvisionner un certain nombre de mar-
chés et les établissements militaires.
Service des forêts. — L'administration du Protectorat
modifia ce régime, et créa son service administratif dit
« service des forêts », dont l'existence remonte à l'an-
née 1883.
A la îniite de reconnaissances effectuées sur toute
l'étendue de la Tunisie ; on constata l'existence dé mas-
sifs importants, susceptibles de donner un revenu consi-
dérable; et de nombreux bois'ements qui, bien que
dévastés par les incendies et les exploitations abusives,
— 37 —
pouvaient se reconstituer d'eux-mêmes ; en les soumet-
tant à une surveillance active, et à un traitement
rationnel,
Réformes forestières, — Aussitôt en fonctions, le
service des forêts s'occupa tout d'abord du réseau des
routés frontières de la Kroumirie occidentale ; ce qui
permit de commencer l'exploitation des massifs de cette
région ; et de mettre, dès l'année 1884, des coupes en
adjudication.
Aujourd'hui, le réseau des routes frontières doit être à
peu près complet. Il donne accès, à GardimaouetàSouk-
el-Arba (par AuvDrabam), station de la ligne de chemin
de fer Bône-Guelma ; et du côté de la mer, à Tabarka et
à La Calle,
Adjudications. — Les bois que l'administration met
en vente sont de deux espèces :
1' Le chêne-zéen;
2* Le chêne-liège.
Le chêne-\éen, — Dans la région de la Kroumirie, les
chênes-zéen, occupent une étendue approximative de
100,000 hectares; ils présentent à peu près partout le
même aspect, la même consistance et le môme peuple-
ment. Ils sont généralement constitués par de vieilles
futaies d'arbres de franc pied ; ou bien par de hauts per-
ehis de rejets de souches, venus à la suite d'incendies,
et parsemés de réserves sur le retour, épargnées par le
feu. Les uns et les autres sont arrivés, à la dernière pé-
riode de leur existence.
Le volume total, actuellement exploitable en Tunisie,
est évalué à 500,000 mètres cubes, reportés, moitié dans
la Tunisie centrale, et moitié dans les massifs des envi-
rons de Gardimaou.
Le zéen est un arbre de première grandeur; il atteint
25 à 30 mètres de hauteur, et 3 mètres de circonférence.
Par suite de la position que cet arbre occupe dans les
parties fraîches des forêts, il pousse rapidement; et il
donne un bois nerveux, de couleur jaunâtre, quelquefois
rosée, et de consistance cornée.
— m -~
Les rayons modullaires sont nombreux, élevés, larges
et très rapprochés; enfin, ils produisent de magni*
fiques mailles, lorsque le bois a été débité, dans un sens
parallèle à sa direction.
L« bois du cbôrie-'éen est lourd ; sa densité est plus
élevée que celle des chênes d'Europe à feuilles cadu*
ques, à l'exception d<» ceux d'Italie.
Comme son congénère, le chêne-rouvre, dont il n'est
probablement qu'une modification due au climat; le
chène-zéen a la fibre droite et très propre à la fente. Les
zéen, qui ont crû dans les parties basses des montagnes
ou aux expositions chaudes, donnent un bois plus dur,
mais plus enclin à se tourmenter ou à se fendre, que
ceux qui ont poussé à l'exposition nord et aux hautes
altitudes. Il y a donc un choix à faire, entre les mas-
sifs; suivant les emplois auxquels le bois est des-
tiné,
Coupes de \éen. — De 1884 à 1893, et chaque année,
l'administration des forêts a vendu des coupes de zéen;
dont l'importance en volume peut être d'environ 40,000
mètres cubes, à des prix variant de 3 à 8 francs le mètre
cube.
Mais sur cette quantité adjugée, il en reste la moitié
sur pied. Les adjudicataires attendent, pour en entre-
prendre l'exploitation, la construction des chemins de
fer tunisiens.
Les seuls bois qu'on ait tirés des exploitations faites,
sont des traverses de chemins de fer.
Les exploitants n'ont pas recherché le débouché des
bois d'industrie, pour la tonnellerie, la charpente, la
menuiserie, lecharronnage, etc., etc.; qu'ils trouveraient
certainement en France. ;
La consommation, à Tunis, est encore faible. Elle
peut comporter 3 à 400 mètres cubes annuellement;
quantité qui doit forcément augmenter, avec le dévelop-
pement qu'a pris la culture de la vigne.
Mais, comme actuellement, les fabricants de tonnellerie
ne trouvent pas à s'approvisionner dans les forêts delà
-. 39-
Kroumirie, ils sont obligés de tirer leur bois de l'étran-
ger, notamment de l'Autriche-Hongrie,
Le chêne-liège, — L'exploitation du chêne-liège entre
dans une période normale.
Les chênes-liège se trouvent dans les mômes massifs
que les zéen; ils occupent une superficie de 1§0,000 hec-
tares environ.
Pour récolter le liège, il faut procéder à une opération
préliminaire, appelée démasclage, et qui consiste à
enlever la première écorce du chêne-liège.
Neuf années, au moins, devront s'écouler après le
démasclage pour que la nouvelle écorce ait acquis les
qualités exigées par l'industrie.
L'écorcè provenant du démasclage sert au tannage
des cuirs, elle est aussi utilisée pour la fabrication du
charbon de bois.
Le prix d'adjudication, de cette écorce, varie de 6 à
7 francs le q. m., sur pied.
Dans quelques années seulement, commencera la
récolte régulière du liège.
Cette nouvelle source de revenus a été créée par
l'administration du Protectorat.
D'autres essences peuplent les forêts ; mais elles sont
d'une valeur bien inférieure aux précédents. Les prin-
cipales sont; le pin d'Alep, le frêne, le thuya, l'olivier
sauvage, le caroubier, le houx, le myrte, le lentisque,
etc., etc.
Transformées, en charbon de bois ou à l'état naturel,
ces dernières essences servent au chauffage domestique.

XI
Mines et Carrières.
La richesse du sous-sol de la Tunisie, en produits
minéraux, est considérable; cependant,faute de moyens
économiques de transport, la plupart des mines et des
carrières restent inexploitées.
— 40
Mais,la mise en valeur de ces
-mines et de
ces carrières
ne se fera pas attendre; sitôt, que des routes et des voies
ferrées desserviront les contrées où elles sont situées.
Le fer. — Les gisements de fer, très riches, existent
dans le massif montagneux qui se prolonge d'Aïn-Dra-
ham à Tébourba.
Les minerais de fer de la Régence étaient exploités
par les romains. D'autres exploitations ont été l'oeuvre
des indigènes.
Il existe d'autres gisements importants de fer sur
divers points de la Régence.
Le cuivre. — La Tunisie possède des gisements de
cuivre, dont plusieurs ont déjà été reconnus. Les indi-
gènes ne se sont jamais beaucoup intéressés à l'exploi-
tation de ce minerai.
Plomb et %inc. — Des mines de plomb et de zinc ont été
reconnues sur de nombreux points. Leur richesse est,
en général, assez grande. Celles, dont l'exploitation est
commencée, donnent de beaux résultats.
Le marbre. — Dans le Nord de la Régence, les car-
rières de marbre sont nombreuses ; la plus renommée est
celle de Schemtou, dont les marbres jaunes étaient très
réputés, à l'époque romaine.
Cette carrière est située dans la vallée de laMedjerdah,
à quelques kilomètres de la station de l'Oued Méliz.
La distance de 180 kilomètres, qui sépare la carrière de
Schemtou du port d'embarquement,est un grand obstacle
au développement de son exploitation.
L'évaluation des marbres à extraire, des collines de
Schemtou, est de plus de vingt-cinq millions de mètres
cubes.
Le djebel-Iskeul, le djebeldjdidi, le djebel Azid, le djebel
klab, le djebel Oust, le djebel Dissa, et encore d'autres
contrées renferment des carrières de marbres de toutes
variétés, d'une rare beauté et en quantité inépuisable.
Quand les chemins de fer sillonneront la Régence, la
plupart de ces carrières pourront être exploitées.
— 41 —
Matériaux de construction. — Les grès et les calcaires
fournissent de belles pierres de taille.
A Bordj Toun, l'on extrait un beau calcaire, très dur,
et qui a toute l'apparence du granit.
Le cap Bon a beaucoup de carrières de grès coquillier.
La pierre à bâtir est facile à se procurer.
La pierre à chaux hydraulique se rencontre sur plu-
sieurs points. Le gypse ou pierre à plâtre, abonde dans
toute la Tunisie. Les argiles à briques sont très nom-
breuses.
Enfin, l'argile à poterie, de Nebeul, a une réputation
bienjustifiée.

XII
Les Salines
On rencontre un grand nombre de Sebkha, ou Salines
naturelles, sur toute la surface de la Tunisie.
A citer comme les principales : La Sebkha Soukra,
près Tunis ; la Sebkha Koursia, au sud-est de Medjez-el-
Bab ; la Sebkha Biada, près de Teboursouk ; la Sebkha
Farjouna, près de Kelibia; la Sebkha Sidi-el-Hani, nrès
de Kairouan; la Sebkha M'ta Mokenine, entre Mehdia
et Mokenine; la Sebkha d'el-Gueftar; la Sebkha en
Nouaïl, près de la Skhirra ; la Sebkha el Melah, près
Zarzis.
Des gites de sel gemme existent dans la Régence.
L'Etat tunisien est propriétaire des Salines, qui toutes
sont exploitées pour son compte.

XIII
Les Phosphates de chaux*
M. Thomas, ingénieur-géologue, reconnut, en 188o,
au djebel Kanguet-Seldja, région de Gafsa, le premier
gisement de phosphates de chaux.
— 42 —
La richesse de ce gisement est évaluée à six millions
de tonnes, ayant une teneur, en phosphate tribasique, de
chaux, qui varie de 55 à 65 0/0.
Depuis cette époque, d'autres gLements de phosphates
de chaux, d'une richesse plus ou moins grande, ont été
découverts ; notamment au djebel Nasser AUah, sud de
Eairouan ; au djebel-Mouehar, ouest de Zaghouan ; au
djebel Rebeïa, dans le voisinage deSouk-el-Arba; enfin
dans la vallée de l'Oued-Siliana, tout près de Medjez-
el-Bab.
Ce qui a été dit, de l'absence de voies de communica-
tion, à propos des mines et des carrières, s'applique éga-
lement à l'extraction des phosphates de chaux.
Ainsi, pour assurer l'exploitation des phosphates de
chaux du djebel-Kanguet-Seldja, on devra construire
un chemin de fer, d'une longueur de plus de 150 kilo-
mètres, reliant Gafsa, à l'un de ces deux ports : Sfax
ou la Skhirra.
Les phosphastes de la vallée de l'Oued-Siliana, né
sont pas très éloignés du chemin de fer Bône-Guelma;
auquel il sera facile et peu coûteux de les relier, par un
railway, spécialement, construit dans ce but.
Le sol de la Tunisie est pauvre en acide phospho-
rique ; l'apport de phosphate de chaux augmentera' sen-
.

siblement sa fécondité.
C'est pourquoi il est nécessaire que l'exploitation des
gisements de phosphates connus ne soit pas abusive ;
et qu'une partie de cette richesse s'applique aux besoins
culturaux de la Régence.
Ce point de vue n'échappera pas à l'administrationdu
Protectorat, qui surveiUe avec la plus grande vigilance
les intérêts généraux de la colonie.
— 43 -
XIV
Les Eaux minérales et thermales.
La Tunisie possède un grand nombre de sources mi-
nérales et thermales, auxquelles les indigènes attribuent
de grandes propriétés, pour la guérison des rhumatismes
et autres affections.
Les sources principales sont celles :
De Hammam-Kourbès, de Hammam-el-lif, de Ham-
mam M' seïada, de Hammam-Djdidi, de Hammam-
Zriba, de Hammam-Ouled-Ali, de Hammam des Out-
chteta, du Hammam-de-Khanguet-et-Tout, de Ham-
mam-Trozza, de Bordj-Hammam, et du djebel-Iskeul.
Toutes ces sources donnent des eaux chlorurées sodi-
ques fortes qui ont une température de 47° à 52'.
Celle du djebel Iskeul est, en outre, ferrugineuse.
Les quelques établissements de bains qui existent
sont à l'état le plus rudimentaire.
Des projets ont été étudiés pour Kourbès et Hammam-
el-lif.
Maintenant, que des milliers de touristes visitent la
Régence, que la population européenne de la colonie
augmente d'année en année ; il est temps de capter et
d'aménager les sources thermales, susceptibles d'ex-
ploitation.

XV
Pêche et Chasse
Les poissons. — Les eaux des côtes tunisiennes sont
très poissonneuses.
Les poissons que l'on y pêche comprennent trois
catégories, savoir:
Août)' dont
1°.
— Les poissons migrateurs (de Mai à
les principaux sont ; le thon, la bonite, les scombres, la
sardine, l'anchois, le maquereau, le saurel et l'allache.
— 44 —
2*. — Les poissons sédentaires, qui habitent constam-
ment les côtes à des profondeurs variables, tels que le
rouget barbu, le merlan, la sole, la galinette, le pageau,
le girel, la baudroie, la raie, le poulpe, le spare mène,
le spare mendole, le chien de mer, les langoustes, les
homards et les crevettes.
3*. — Les poissons noirs ou bleus qui vivent dans les
petits fonds, dans les bancs de roches, algues et sables
comme la murène, le congre, la rascasse ordinaire, la
rascasse rouge, le grondin, le capelan, les rouquiers, le
rouget de vase, le sar, le loup, le mulet, la bogue, la
saupe, l'araignée, le brochet, la dorade, le dinti, l'oblate,
etc., etc.
Les coquillages ne sont pas très abondants.
L'éponge est pêchée sur la cote sud.
Le corail existe sur la cote du cap Rosa à Bizertc ; et
la France, par son traité, le 24 novembre 183$, a acquis
le droit exclusif et perpétuel de le pêcher, moyennant
une redevance annuelle de 13,400 piastres.
Un banc d'huîtres a été constaté aux abords de l'Ilot
de Kattia.
Un parc à huîtres avait été installé, entre la Goulette
et Rhadès, mais le décès du permissionnaire a mis
fin, à cette tentative d'élevage des huîtres, en Tunisie.
La pêche des cotes tunisiennes est, en grande partie,
aux mains des italiens dont les barques emportent,
chaque année, pour 5 à 600,000 francs de poissons salés,
en sardines et anchois.
Les pêcheurs indigènes suffisent à peine, aux besoins
de la consommation locale.
L'année dernière, huit pécheurs bretons sont venus
s'installer àTabarka.
M. Potin, le grand commerçant parisien, propriétaire
de Bordj-Cédria, a acheté d'avance, à ces pêcheurs, la
majeure partie de leurs poissons salés.
Tout dernièrement, une société anonyme a été consti-
tuée, pour la pêche maritime tunisienne.
En attendant que la petite colonie des pêcheurs de
— 45 —
Tabarka soit grossie par de nouveaux arrivants, l'admi-
nistration du Protectorat fera oeuvre dé prévoyance, si
elle réglemente sévèrement la pèche dans les eaux des
côtes de la régence que dévastent effrontément les pê-
cheurs italiens ; principalement, depuis qu'une mesure
analogue les a chassés des côtes algériennes.
Le gibier. — La Régence est très giboyeuse, mais cet
avantage ne sera pas de longue durée, si utfe réglemen-
tation sévère, comme pour la pèche, ne vient pas entra-
ver les massacres de gibier, auxquels se livrent les indi-
gènes,depuis la nouvelle loi douanière franco-tunisienne.
Voici qu'elles sont les espèces de gibier que l'on ren-
contre encore en abondance : le lièvre, le lapin, la per-
drix rouge, la gelinotte des Pyrénées, l'outarde, le
vanneau, le pluvier du désert, le râle, la poule sultane,
le pigeon ramier, la tourterelle, la fauvette, la grive, le
geai, l'étourneau, le sanglier, le cerf, la gazelle et le
mouflon.
Sur les propriétés des colons qui sont, en général, sur-
veillées par des gardes particuliers, la conservation du
gibier est assurée; mais il n'en est malheureusement pas
de même ailleurs. C'est pourquoi, il est urgent comme
mesure de protection du gibier, de limiter la durée du
temps de la chasse, et de punir le braconnage.

XVI
Etat de la Colonie
Protectorat. — La prospérité actuel de la Tunisie
est l'oeuvre du protectorat.
Par une administration sage, vigilante, énergique, les
agents diplomatiques de la France et leurs divers col-
laborateurs ont encouragé la mise en valeur du sol et
l'exploitation des autres richesses de la Régence, assuré
la sécurité publique, et mis de l'ordre dans les finances.
En effet, sous l'impulsion de l'administrationfrançaise,
l'agriculture a pris un réel essor; les surfaces ensemen-
-46-
cées en céréales, plantées en vignes, oliviers, etc.; ont
augmentées dans une proportion significative; et le
troupeau, qu'avait décimé la grande sécheresse de 1888,
a pu être rapidement reconstitué.
Des usines européennes ont été créées : huileries,
minoteries, briqueteries, fours à chaux, etc., etc.
Des mines, des carrières de marbre et de pierres de
taille ont été ouvertes à l'exploitation.
Des travaux publics ont été entrepris : ports, chemins
de fer, routes, pistes, ponts, captation de source et leur
dérivation, etc., etc.
Enfin, des écoles ont été fondées pour vulgariser la
langue française parmi les indigènes, et les faire bénéfi-
cier de nos connaissances générales.
La loi foncière du 1" juillet 1885, modifiée par ceUes du
16 mai 1886 et 15 mars 1892, en garantissant la sincérité
des transactions immobilières, a eu, comme résultat
immédiat, la mutation de domaines importants ; lesquels
sont aujourd'hui la propriété d'un certain nombre de
Français.
Les réformes fiscales et administratives accomplies, et
la loi douanière du 19 juillet 1890, qui a été la consé-
quence naturelle du nouveau régime économique, ont
également beaucoup contribué à ce développement
agricole, industriel et commercial qui a fourni à la
Tunisie, la possibilité de convertir sa dette ; comme de
faire constater, par cette opération financière, la grande
confiance accordée à son crédit.
Tout cela a été réalisé, en onze années de protectorat,
par deux hommes, de haute intelligence et de grand
mérite, dont la colonie franco-tunisienne ne saurait
oublier les services exceptionnels rendus à sa cause.
M. Paul Cambon, ancien préfet du Nord, a été le pre-
mier résident général de la France, près du gouverne-
ment tunisien.
Habile diplomate, esprit bienveillant, doué d'une
grande volonté, M. Paul Cambon eut la tâche lourde,
mais qu'il supporta allègrement, d'inaugurer les réfor-
- 47 —
administratives et fiscales qui devaient,
mes foncières,
plus tard, donner de si remarquables résultats.
Après M. Paul Cambon, la Direction des affaires tuni-
siennes passa aux mains de M. Massicault, ancien pré-
fet, directeur du service de la presse, au ministère de
l'intérieur.
Possédant de grandes capacités administratives, et
ayant des choses de la politique, une connaissance
parfaite, M. Massicault continua avec plein succès
l'oeuvre de rénovation qu'avait commencée son prédé-
cesseur ; et tous ses efforts visèrent à étendre l'action
bienfaisante du Protectorat.
M. Massicault était sur le point d'appliquer un
ensemble de mesures, par lesquelles il voulait favoriser
la colonisation, quand la mort implacable l'a couché dans
la tombe.
La réalisation de ce projet, dont le programme est en
quelque sorte, comme le testament diplomatique de
M. Massicault, appartient à son successeur, l'honorable
M. Charles Rouvier, le nouveau résident général chargé
des intérêts français en Tunisie.
M. Charles Rouvier prend possession de son poste
dans d'excellentes conditions, néanmoins sa tâche n'en
sera pas moins laborieuse ; car il lui reste beaucoup à
faire s'il veut, comme cela n'est pas douteux, donner
une prompte satisfaction, aux doléances urgentes for-
mulées par la colonie.
— 48 —

XVII
Agriculture.
La Régence trouve dans l'agriculture la, principale
source de sa prospérité.
Or, si le sol tunisien était traité, suivant les bonnes
méthodes de culture .usitées dans une partie de la
France, il en résulterait un accroissement considérable
de la fortune publique. La valeur de la terre serait décu-
plée, et l'intensité de la production serait portée au
maximum.
Par exemple, je mets, en fait, qu'une famille de
colons, si nombreuse soit-elle, vivrait dans l'aisance, sur
une propriété de 5 à 10 hectares, cultivés intensivement;
et le climat de la Tunisie se prête admirablement à ce
mode de culture qui n'est en somme, que le jardinage
appliqué à l'agriculture.
Il est à ma connaissance que, dans le midi de la
France, beaucoup de familles pourvoient à leur exis-
tence, en cultivant des surfaces moins étendues.
De son côté, l'administration supérieure du Protec-
torat a tellement bien compris, toute l'influence que
peuvent exercer les progrès agricoles sur la richesse
de la Régence, qu'elle s'est continuellement efforcée,
par tous les moyens en son pouvoir, d'encourager les
agriculteurs indigènes ou européens; de les aider de ses
conseils pour la culture des' plantes alimentaires, indus-
trielles et fourragères, les plantations Viticoles, frui-
tières et forestières, et le perfectionnement de l'élevage
du bétail.
Par décret du 17 octobre 1890, l'inspection de l'agri-
culture, de la viticulture, du service de l'élevage, et le
laboratoire de chimie agricole et industrielle ont été
rattachés, à la direction des renseignements et des
contrôles.
Ce service général est dirigé par M. Paul Bourde,
-49-
publiciste de talent, d'une grande droiture de caractère,
et qui a, en matière coloniale, une compétence indis-
cutable.
M. Paul Bourde, et ses dévoués collaborateurs, que
je ne désigne pas en particulier, parce que je désire
les confondre tous dans une même et respectueuse
sympathie, travaillent activement, chacun en ce qui les
concerne, à hâter ce développement de l'agriculture,
lequel fera plus pour la sauvegarde des intérêts français,
en Tunisie, que les forces militaires préposées à la
garde du pays.
Le cadre de cette publication ne permettant pas d'en-
trer dans tout le détail des améliorations qui ont été
réalisées par les divers services de la Direction de l'agri-
culture ; je me bornerai donc à, relater : 1° Le lotissement
des terres domaniales en vue de la petite colonisation.
2» L'aliénation des terres sialines. 3* La création de
champs d'expériences. 4° L'établissement de la carte
agronomique. 5° La statistique agricole.
Petite colonisation. {— M. Paul Bourde, comprenant
tout l'intérêt que présente la venue, en Tunisie, de petits
colons de la métropole, a obtenul'autorisation de délivrer,
aux français, des lots de terres domaniales ayant une
superficie de 35 à 50 hectares.
Ces lots sont situés, près des voies de communication
et des centres habités. Toutes les cultures du pays peu-
vent y être entreprises avec certitude de succès ; car le
sol est riche.
La vente de ces lots est faite de gré à gré. Le prix
payable comptant, varie de 50 à 100 francs l'hectare, sui-
vant la localité.
Les acheteurs ont un délai de deux ans pour mettre
leur domaine en culture ; et s'ils ne remplissaient pas
cette condition, la vente serait résiliée. Enfin, pendant
les cinq premières années, ils ne peuvent céder leur pro-
priété qu'à une personne agréée par l'administration.
Le môme colon ne peut devenir acquéreur que d'un
seul lot.
— 50 —
On évalue, à 10,000 francs, le capital nécessaire au
petit colon pour entreprendre,avec succès, son exploita-
tion agricole.
La Direction de l'agriculture se charge de faire obtenir
des billets de 3e classe, à demi tarif (chemin de fer et
bateau), aux personnes qui désirent acheter des terres
domaniales.
Terres sialines. — Désirant favoriser la culture de
l'olivier, le gouvernement a accepté l'aliénationde terres
domaniales, dites sialines,qui sont situéesdans la région
de Sfax.
Le prix de l'hectare est fixé à 10 francs, payable, moitié
comptant, et moitié quatre ans après.
Nulle demande ne sera agréée, que si le pétitionnaire
prend l'engagement d'effectuer la complantation totale
du terrain accordé, en vignes oliviers ou arbres fruitiers ;
conformément aux usages du pays, et ce, dans un délai
de quatre ans, à partir de l'avis d'acceptation de ladite
demande.
Lorsque ce délai sera expiré, et sur le rapport d'une
commission spéciale, le directeur de l'agriculture déci-
dera, s'il y a lieu, d'accorder la concession.
Suivant conclusion conforme, et lorsque le prix aura
été payé ; la vente sera réalisée, et le demandeur recevra
un titre de propriété.
Dans le cas ou le demandeur n'aurait pas rempli ses
engagements, l'Etat rentrerait, sans indemnité, en pos-
session du terrain.
Bien qu'aucune publicité'officielle n'ait été faite, pour
l'aliénation des terres sialines, la Direction de l'agricul-
ture a reçu un grand nombre de demandes.
29 français ont demandé 17,680 hectares ; 5 étrangers
ont demandé 3,280 hectares; enfin les demandes de
244 indigènes représentent une étendue pour laquelle
les renseignements de surface manquent encore.
C'est à propos de la mise en valeurs des terres sialines
que se concluent, sur une grande échelle, ces baux
de complant, dénommés m'gharsa, dont j'ai déjà parlé.
- 51

Voici quels seraient les résultats présumés de cette
association :
Evaluation du prix de revient, d'après les renseigne-
ments de l'administration, de la complantation en oli-
viers, de 1,000 hectares de terres sialines.
Achat du terrain 10,000 fr.
Fourniture de chameaux et harnache-
ments aux m'gharsis à titre d'avance
(1 chameau par 8 hectares) 25,000 »
Intérêts :
Sur terrain pour une moyenne
de 8 années à 6 0/0 !"
4,800 fr.
. . .
Sur prix des animaux pour 10
annéesà60/0 15,000 »
Ensemble
Semences, en blé et orge, fournies pour
... 19,800 »

les cultures intercalaires : 8,000 francs.


La récolte remboursant, et au-delà, cette
somme, il est compté seulement 6 0/0 d'in-
térêt pour une année 500 »
Total 55,300 fr.
De cette somme il convient de défalquer
le remboursement, sans intérêt, fait par les
m'gharsis, au moment du partage des 1,000
hectares complantés, des avances pour four-
niture d'animaux 25,000 »
Prix de revient net 30,300 fr.

La surface complantée étant partagée, par moitié a 8,


9 ou 10 ans, le propriétaire comme les m'gharsis ont, à ce
moment, 500 hectares plantés de 9,000 oliviers valant
15 francs le pied, et rapportant, au minimum et en
moyenne 2 francs par pied, soit 18,000 francs de revenu.
Le produit va croissant jusqu'à la trentième année. Il
peut quadrupler dans les bons terrains, c'est-à-dire que
trente ans après la plantation, les oliviors, en plein
--52-
rapport, peuvent atteindre le prix de 60 francs, et rap-
porter 8 et même 10 francs par an.
Evaluation de la même opération d'après les ren-
seignements fournis par M. S..., concessionnaire de
2,500 hectares, à Sfax.
Achat de terrain 10.000 fr.
Fourniture des chameaux et
harnachements 25.000 fr.
Et de 60 piastres, soit 36 francs
aux 125 m'gharsis pour les ins-
truments de labours, plants, etc. 4.500 »
Ensemble. 29.500 »
. . .
Le remboursementdes avances
est stipulé après la récolte des
grains ; mais comme le proprié-
taire a tout intérêt à ménageries
m'gharsis, ces avances ne seront
exigées que la troisième année.
INTÉRÊTS
Sur les prix des terrains ....
Sur les avances et pour 3 ans
3.000 »

à 6 0/0... ,
Sur les semences
5.300
500
»
»
Ensemble 8 800 »
Total. . .
48.300 fr.
Kembourscment des avances 29 500 »
Prix de revient net. 18800 fr.
. . .

La récolte des graines est partagée, par moitié, si le


propriétaire fournit la semence. Il n'a droit qu'à un tiers
dans le cas contraire.
Dans ce décompte, le produit de la récolte n'est pas
estimé ; et comme il est au moins de 4 pour 1, la part du
propriétaire serait de 10,000 francs environ. Par suite, la
propriété ne coûterait, en réalité, rien à établir.
Les terres sialines, qui sont ainsi mises à la disposition
— 53 —
de la colonisation, ont une superficie, approximative, de
4 à 500,000 hectares.
Pour des renseignements plus détaillés, je conseille
aux intéressés, de s'adresser à la Direction de l'agricul-
ture, qui s'empressera de répondre à leur demande.
Champ dexpériences. — La conférence consultative,
dans sa séance de Novembre 1891, avait formulé le voeu
suivant :
« Que les pouvoirs publics mettent, le plus tôt possible
« à exécution les projets de création de pépinières et de
« champs d'expériences qui sont à l'étude. »
A cette époque, le Protectorat négociait rachat d'un
terrain, situé sur la.route de i'Ariana, bien exposé, et
ayant une pente suffisante pour être drainé.
Depuis, la Direction de l'Agriculture a réalisé ce
projet d'achat.
Les constructions, qui sont commencées, se compose-
ront d'un corps de ferme et d'une maison d'habitation
pour le chef de culture. Ce fonctionnaire a déjà pris pos-
session de son poste.
Ce jardin d'essai sera consacré :
Ie Aux cultures potagères, primeurs, etc., et à une
collection de tous les arbres fruitiers de la Régence, dont
les colons auront la faculté de prendre des greffons et
des plants ;
2» A une collection d'essences forestières très variées,
à laquelle sera jointe une pépinière composée d'arbres
qui sembleront présenter une utilité pour la Régence.
Ces produits seront distribués ou vendus, suivant les cas.
3° Enfin, une surface de 10 à 12 hectares sera consa-
crée à la culture de la vigne, des céréales et des plantes
industrielles de grande culture.
Les parcelles seront soumises à des cultures dif-
férentes.
Les unes resteront sans fumiers, sans défoncements,
et elles seront traitées suivant les modes de culture
indigène.
_ 5* -
Les autres, au contraire, recevront des engrais, et
elles subiront les effets d'une culture perfectionnée.
Des registres, que pourront consulter les intéressés,
mentionneront les résultats de ces diverses expériences.
Ce jardin d'essai, dirigé pratiquement, rendra les plus
grands services à l'agriculture tunisienne.
Carte agronomique. — Le laboratoire de chimie agricole
et industrielle de la régence a été créé le 7 mai 1887.
Ce service a été placé sous la direction de M. Bertain-
chand, un jeune chimiste de beaucoup de valeur; dont
les travaux agronomiques ont rendu de grands services
à la colonie.
Indépendamment de la besogne journalière du labo-
ratoire : analyses des terres, expertises chimiques,
contrôle des denrées alimentaires, des engrais, des
semences, etc., etc.; M. Bertainchand a entrepris de
dresser la carte agronomique de la régence, travail
considérable, entièrement terminé à l'heure actuelle.
Cette étude a été faite par bassin, de manière à pou-
voir lui donner un caractère géographique.
Le premier fascicule de cette carte a déjà paru, Use
rapporté au bassin de l'Oued-Miliane.
Les autres fascicules sont impatiemment attendus.
La carte agronomique de M. Bertainchandpermettra
aux colons, de connaître exactement les propriétés phy-
siques ajb leurs terres, et d'être à même, suivant les
cultures faites, d'en compléter les principes fertilisants
par des- apports en azote, acide phosphorique, potasse
chaux, magnésie.
Cette carte sera aussi un guide précieux pour ceux
qui désirent aUer se fixer en Tunisie ; car elle leur four-
nira des indications générales, sur la plus ou moins
grande richesse du sol, des diverses régions de la
Régence.
A ce double point de vue, il est très désirable que les
autres fascicules de ce travail soient promptement pu-
bliés.
Statistique agricole, — L'influence bienfaisante, qu'a
exercé le Protectorat sur le bien-être général de la
Régence, est affirmée par le développement qu'ont prises
les diverses cultures, depuis l'occupation française.
Et ce progrès culturaj ressort nettement des chiffres
de la statistique agricole que je donne ci-après :
Céréales en hectares :
Années Blé °fg*.
188^1883. 1577890 125\850
1883-1884. 91.110 96.540
. .
1884-1885 155.760 192.850
1885-1886 188.270 187.510
1886-1887. 163 620 160.210
1887-1888 189.760 170.420
4888-1889 85.240 93.490
1889-1890 126.140 124.130
1890-1891 211.450 206.000
1891-1892 469.308 539.475
Vignes en hectares :
Années * Indigènes Européennes
1888. 1,057 3,1)0
1889. » 4,058
1890 » 4,804
1891 1,083 5,159
. . .
1892 1,089 5,371
Nombre d'oliviers 10,755,906 pieds.
Dans ce nombre sont compris :
269,564 pieds d'oliviers domaniaux, et 1,958,027 pieds
d'pliviers-habous.
Palmiers-dattiers 2,500:.O00 pieds.
. . . . ... ... . .

Chevaux. !......
Animaux domestiques au l,r janvier 1892 :
45,050
Mulets, milles et ânes 104,127
Chameaux et méharis. 107,012
Boeufs, taureaux et vaches.
Moutons.. ......
................
206,692
1,078,309
Chèvres.
X OrCS».
.
. . . • . . . » * •
. .
. • •
....
a a
.
• • ••<".
510,271
J.O,UUf
— m —
t
Comme autre exemple de ce développement agricole,
il me reste à donnerles renseignements quej'ai recueillis
sur quelques-uns des domaines franco-tunisiens.
Bir-Kassaa. — Ce domaine, qui est situé à quelques
kilomètres dé Tunis, appartient à M. Henri Savignon,
le sympathique trésorier du Syndicat des colons fran-
çais en Tunisie.
lia une superficie d'environ 700 hectares,d'excellentes
terres argilo-calcaires.
Bir-Kassaa a jadis été la demeure d'été du caïd Al-
faouïn, un des seigneurs de la cour du bey Ahmed.
Du palais de cette époque, reste un superbe patiot ou
salon central couvert, qui est une petite merveille de
l'art mauresque.
La maison d'habitation, très spacieuse et bien distri-
buée, entoure une cour ouverte en terrasse, du côté du
levant, sur un vaste jardin, qu'elle domine de deux
mètres.
D'autres constructions, placées au sud de ce premier
corps de bâtiments, renferment les logements* des gens
de service, les écuries, les remises, les ateliers, les han-
gars, et les magasins à fourrages et à céréales.
Au nord, à quelques centaines de mètres, ont été cons-
truites des caves, très bien aménagées, pour recevoir la
récolte du vignoble.
Deux maisonnettes et leurs dépendances, habitées
l'une par un jardinier, l'autre par un garde, complètent
les constructions édifiées sur le domaine de Bir-Kassaa.
Le jardin du domaine de ^Bir-Kassaa est un des plus
étendus de la Tunisie ; sa superficie est d'environ dix
hectares.
Dans le potager sont cultivés les légumes destinés
.
au château, à la ferme et à la cantine.
Ce jardin est, en outre, complanté d'orangers doux et
de mandariniers, d'orangers amers, dont les fleurs sont
distillées pour l'essence, de grenadiers, de pêchers, de
figuiers, de pins d'alep, d'eucalyptus, de Casuarinas,
et de bien d'autres espèces arbustives d'agrément.
™.
5T «-
L'arrosage do ce beau jardin est fait, au moyen d'une
noria, dont l'eau est fort ingénieusement distribuée.
La vigne est plantée sur 175 hectares de belles terres
argilo-calcaires, bien rouges, et riches en azote, en acide
phosphorique et en oxyde de fer,
Le soin le plus judicieux a été apporté dans le choix
des cépages, M. Henri Savignon ayant surtout visé,
dans les plantations qu'il a faites, la qualité des vins à
en obtenir,
A l'exception de 4 hectares et demi plantés en muscat
demalaga, le vignoble do Bir-Kassaa est composé de
Petit-Bouschet, de Carignan, de Mourvèdre, de Caber-
net. Les ceps sont plantés à lm50 en tous sens, ce qui
donne 4,456 pieds à l'hectare.
L'analyse des vins a donné 11*50 à 12* en alcool, et
30 à 32* d'extrait sec par litre.
Les vins de Bir-Kassaa ont obtenu, aux diverses expo-
sitions, de nombreuses récompenses, comme diplômes
d'honneur et médailles d'or.
M. Henri Savignon estime, que l'hectare de vigne
en plein rapport, lui donnera un rendement de 60 à
70 hectolitres.
A ce moment, le vignoble de Bir-Kassaa produira en-
viron 12,000 hectolitres de vin.
La culture des céréales comprend une surface de 150
hectares, qui sont ensemencés en blé dur, en orge et en
avoine.
Ce qui reste du domaine, est consacré aux fourrages
et aux pâturages.
Quatorze puits, dont l'eau est élevée par des norias
perfectionnées, que mettent en mouvement des cha-
meaux ou des mules, servent à l'irrigation des diverses
parties du domaine.
Le cheptel de Bir-Kassaa se compose de 18 mules, de
60 boeufs de travail, de 6 chevaux, et d'un certain nom-
bre de bovins et d'ovins élevés sur les pâturages.
Le matériel de culture est bien Compris, il est consti-
tué d'outils agricoles sortant des meilleures fabriques.
En résumé, Bir-Kassaa est un bea\i et riche domaine
qui fait le plus grand honneur à l'esprit pratique de
M. Henri Savignon, son heureux propriétaire,
Bordj-Cedria. — Le domaine de Bordj-Cedria appar-
tient à M. Potin. Il est mtué au pied de la montagne du
BoihGomeïn, à 25 kilomètres de Tunis,
Sa superficie est de 3,000 hectares bordés, en grande
partie, par la mer.
La direction générale de Bordj-Cedria est confiée à
l'honorable M. Riban, un administrateur des plus distin-
gués, qui a transformé ces terres, autrefois incultes, en
une remarquable propriété.
Le vignoble de Bordj-Cedria occupe une surface de
445 hectares. Sa production atteindra, dans quelques
années,25,000 hectolitres de vins, de belle qualité et très
appréciés par les clients parisiens de la maison
Potin.
M. Riban s'est livré, à des expériences de fumure de
la vigne, qui sont fort intéressantes.
L'hectare de vigne ayant reçu 80 m. c. de fumier de
ferme a donné une récolte de 100 hectolitres ; tandis que
sur les autres parties du vignoble, fumées à raison de
60 m. c.pour la même surface, le rendement de l'hectare
n'a été que de 60 hectolitres.
Si l'on s'en rapporte à des expériences faites en Algé-
rie, l'addition de 500 kilogr. de plâtre, au fumier destiné
à un hectare de vigne, aurait pour résultat de doubler
le rendement.
La cave de Bordj-Cedria $ 1,400 mètres de superficie.
Elle renferme des foudres et des citernes en ciment
pouvant contenir 17,000 hectolitres de vins.
Depuis que j'ai visité Bordj-Cedria, un chais occupant
une surface de 1,500 mètres carrés a été construit. Les
travaux de ce chais étaient commencés, au moment de
ma visite. ;
Ce chais servira, principalement, aux opérations de
vinification; et les caves seront exclusivement réservées
au logement des vins.
Les foudres, les cuves et les divers objets du matériel
vinaire sont fabriqués sur place.
D'ailleurs Bordj-Cedria est pourvu d'ateliers divers
organisés, pour la fabrication et l'entretien, de tout ce qui
est nécessaire à son exploitation.
La culture des céréales et l'élevage du bétail ne sont
pas moins bien conduits, à Bordj-Cedria, que les planta-
tions désigne.
Le blé dur, l'orge et l'avoine occupent chaque année
de nombreux hectares.
Une luzernière irriguée donne 7 coupes, annuellement.
Une aspergerie de 4 hectares a été créée.
Les bovins proviennent du croisement de vaches indi-
gènes, avec un beau taureau auvergnat.
»
Les ovins sont le produit du croisement 4e brebis de
Sétif, avec des béliers mérinos de Rambouillet.
Ce croisement parait donner une race rustique, au
moins à la première génération.
Enfin, des juments percheronnes et un baudet du Poi-
tou servent à la production mulassière.
L'exploitation de Bordj-Cedria n'est pas limitée à
l'agriculture ; eUe est complétée, par la fabrication de la
chaux hydraulique et du ciment.
Les fours, et les ateliers de broyage et de bluttage
sont instaUés, pour une production journalière de 75 à
100 tonnes.
La chaux hydraulique et le ciment de Bordj-Cedria
peuvent remplacer les bons produits similaires venant
de France ; néanmoins, leurs prix de vente, sur chan-
tier, à Tunis, estbien meilleur marché que ceux de cette
dernière* provenance.
La direction agricole de Bordj-Cedria est subdivisée
en quatre intendances, à la tête desquelles sont placés
des chefs de culture, qui ont, vis-à-vis a> M. Riban, la
responsabilité de leurs services.
Les intendances et les autres services administratifs
sont mis, en communication, par des lignes, télépho-
niques.
— 60 ~
Enfin, de bonnes routes, bien entretenues, sillonnent
le domaine dans les diverses sens, et en facilitent l'ex-
ploitation.
Comprenant toute l'influence que peuvent avoir les
plantations forestières sur le régime des eaux, M, Potin
a commencé, à faire boiser Bordj-Cedria, dans la partie
montagneuse.
Ce boisement permettra de mieux aménager les
eaux ; et d'en augmenter le volume applicable à l'irriga-
tion du domaine,
L'Ettfida. — Ce domaine, situé à moitié chemin de
Tunis à Sousse, est le plus étendu de la régence. Sa
superficie est de 120,000 hectares en terres cultivables,
prairies et forêts.
Dix-sept villes avaient été construites par les Romains
sur le territoire actuel de l'Enfida. Les ruines, dont
quelques-unes grandioses qui en subsistent, témoignent
du degré de civilisation et de la richesse de leurs anciens
habitants.
La population de ces cités romaines était de plus de
150,000 habitants.
L'Enfida est la propriété de la Société agricole et im-
mobilière franco-africaine ; et l'administration de cet
immense domaine est confiée à M. Mangiavacchi,
directeur général, en résidence à Enfidaville.
Le territoire de l'Enfida est divisé en trois intendances ;
lesquelles se subdivisent en dix-neuf enchirs ou cantons.
Les intendants ont sous leurs ordres des gardes euro-
péens et indigènes. • v
Les enchirs sont placés sous la surveillance d'ouagafs
ou intendants indigènes.
EnfidaviUe, anciennement Dar-el-bey, est le centre
principal du domaine.
Le vieux bordj a été transformé en hôtel, pour le service
des nombreux voyageurs et touristes qui traversent
l'Enfida.
Un marché, très fréquenté, se tient chaque semaine à
Enfidaville.
- - 61
Les maisons d'habitation, le cellier, les hangars, et
les divers bâtiments de la Société sont ombragés par des
plantations arbustives, m"i dominent les eucalyptus.
La noria du puits sert à l'alimentation du village, et à
celle des caravanes qui se succèdent, sans cesse, durant
la journée.
La superficie du vignoble de l'Enfida est de 300 hec-
tares, plantés d'espèces choisies.
La culture des céréales et l'élevage du bétail sont
laissés aux soins de métayers indigènes, moyennant
une part déterminée de la récolte et du cheptel.
La Société franco africaine s'est appliquée à lotir
son domaine, par parties de 10 hectares et au-dessus ; à
reconstituer progressivement ses forêts ; à faire des
travaux hydrauliques pour 1 irrigation ; enfin à créer
des routes et des pistes.
En un mot, elle a prévu la colonisation de l'Enfida
pour l'époque prochaine, où cet immense domaine sera
desservi, par une ou plusieurs lignes de chemins de fer.
Divers. — Un grand nombre d'autres français sont
propriétaires de domaines importants, en Tunisie.
Je citerai; MM, Crété et C\ Verel, Picot,Rey, Prou-
vost, de Montureur, A. Dubois, de Beaucourt, Paul
Bonnard, de Montalivet, Guignard et Reclus, Comman-
dant Marchand, Terras, Lançon, d'Espaigue, Machuel,
de Lagrenée, Gery, Trouillet, Bourdier, Aubin, Finet,
de Villebois, de Blanry, Desgranges et Riffaut, Dumont,
Pilter, Feret, du Martray, delà Planche, Lefêvre, Bourke,
Couvreux, de Carnières frères, Toutée, de la Nerrière,
Losson, Vicomte de l'Espinasse-^Langac, PaulPie, Grand1
jean et C, Magnan, Crédit Provincial, Société Foncière
de Tunisie, Société des Vignobles de Souk-el-Khemis.
etc., etc.
62

XVIII
Les Terres de Colonisation
En Tunisie, les terres qui restent disponibles pour la
colonisation, représentent une superficie de plusieurs
millions d'hectares.
Il convient de classer ces terres en trois catégories
pour être, chacune, séparément examinée.
Biens beylicaux.— Indépendamment des terres sialines
dont il a déjà été parlé, l'Etat tunisien est propriétaire
• de nombreux domaines, dont les terres morcelées peuvent
être mises à la disposition de la colonisation.
Les six nulle hectares, que la directionde l'Agrioulture
se propose d'aliéner à des petits colons, ne sont qu'une
faible partie des biens beylicaux propres à cette destina-
tion ; quandles divers centres agricoles auront été reliés,
par des voies ferrées, aux principales villes maritimes.
A ce moment, la Direction de l'Agriculture qui dis-
posera d'un grand nombre de lots, sera amenée à modifier
les conditions actueUes de vente faites aux petits colons.
Par exemple, elle fractionnera en plusieurs verse-
ments annuels, le paiement du prix des lots, afin dé
laisser aux mains des colons, pendant les premières
années, la plus grande partie de leurs ressources pécu-
niaires.
Enfin, eUe accordera, aux, familles des acquéreurs de
ces lots de colonisation, la «gratuite du voyage de France
en Tunisie.
Biens habous. —Il existe, en Tunisie, un grand nombre
de propriétés dont les revenus sont consacrés, à perpé-
tuité, à l'entretien d'une oeuvre religieuse, debienfaisance
ou d'utilité publique.
Ces immeubles se nomment : Biens «habous».
Les biens habous sont de deux sortes :
Les habous publics dont les revenus sont immédiate-
ment affectés à l'oeuvre'désigné, et les habous privés
~ 03 —
pour lesquels cette affectation est différée, jusqu'à la mort
du dernier héritier du donateur,
La fortune des habous publics est gérée par une com-
mission spéciale qui se nomme ; Djemaïa.
La loi interdit la vente des biens habous; mais elle en
autorise l'échange. Dans ce dernier cas, les biens offerts
doivent avoir une valeur supérieure à celle des biens à
échanger.
Les biens habous sont seulement aliénables à « ensel»;
— c'est-à-dire moyennant une rente annuelle, qui en
garantit la jouissance à perpétuité.
Autrefois la quotité de i'enzel était librement débattue
entre la Djemnïa et le preneur; mais, ce mode de
transaction ayant donné lieu à de nombreux abusj
l'adjudication aux enchères publiques, lui a été
substituée.
La superficie des biens habous est évaluée à 2.500.000
hectares, pour la plupart laissés en friche ; bien qu'un
grand nombre des propriétés placées sous l'administra-
tion de la Djemaïa soient constituées de terres très
riches et propres à toutes les .cultures.
Ce simple exposé suffît à faire comprendre l'intérêt
majeur qu'a la mobilisation des biens habous; et les ser-
vices que leur aliénation, à rente perpétuelle, rendra à la
colonisation.
Par cette mesure de bonne administration, la Djemaïa
verra ses ressources annuelles augmenter ; ce qui lui
permettra de pourvoir plus largement à l'entretien de
ses oeuvres.
C'est sans doute dans cet esprit, que la Direction de
l'agriculture a invité la Djemaïa, à procéder à la recon-
naissance topographique des biens habous.
Les domaines du territoire de Mateur ont été les pre-
miers reconnus ; probablementà cause de leurproximité
delà ligne en construction, du chemindeferdeBizerte à
Tunis par Djedéïda.
Les personnes qui voudraient, actuellement, acquérir
a enzel, des domaines habous de cette région, devront
*-»
64 *^-
tabler sur une annuité moyenne de 2 à 3 francs par
hectare.
Divers projets ont été présentés, relativement à la
mobilisation des biens habous.
M. G. Blondeau, architecte, à Tunis, s'est beaucoup
occupé de cette question, à propos de laquelle il a publié
divers mémoires.
Dans un premier mémoire, remis à M. Massicault, au
mois de février 1889, l'honorable M. Blondeau exposait
« un système d'après lequel le gouvernement tunisien
se serait rendu acquéreur des terres habous disponibles,
moyennant une majoration de leur valeur égale à la
moitié de leur rapport annuel, et les aurait revendues à
l'enzel aux particuliers (européens et indigènes), réali-
sant ainsi, un bénéfice de quinze miUions de francs, qui
lui aurait permis de gager un emprunt de trois cents
millions de francs. Avec ce capital, l'Etat aurait cons-
truit des chemins de fer à voie étroite, des digues et des
barrages, aurait procédé au reboisement, et fournit des
subsides à l'émigration française. »
Tout récemment, M. G. Blondeau modifiait ce pre-
mier projet, et dans un nouveau mémoire également
adressé à M. Massicault, il concluait à ce que.cette opé-
ration fût confiée à une société civile, agissant sous le
contrôle de l'Etat et avec sa garantie.
De son côté la Chambre consultative d'agriculture de
la Régence a été saisie de la question de la mise en
valeur des biens habous; et M. Lefôvre, un de ses mem-
bres, a été chargé de présenter un rapport, à la pro-
chaine session.
Cette assemblée, dont la compétence en pareil cas
n'est pas contestable, aura à formuler un avis qui concilie
les intérêts complexes, que soulève la mise en valeur des
biens habous.
Il est désirable, pour le développement de la colonisa-
tion, que cette question reçoive une prompte solution qui
soit satisfaisaute pour tous les intéressés.
Biens melk. — Les propriétés, qui sont possédées par
,- Go-
des particuliers, se désignent sous le nom de ; « Biens
melk ».
A part les biens beylicaux et habous, la propriété à un
caractère individuel dans toute la Régence.
Les biens melk ont souvent une très grande étendue.
Un domaine de 500 hectares est une petite propriété.
Les domaines mis en vente ont parfois, 2,000,4,000 et
môme 10,000 hectares de superficie. Leur prix, à l'hec-
tare, varie de 50 à 100 francs.
Quand ces domaines sont situés dans la banlieue de
Tunis, leur valeur est plus élevée.
Pour acheter à bon compte ; il faut s'éloigner un peu
des centres déjà colonisés.
Les grands domaines ne peuvent être acquis que par
des personnes disposant de capitaux importants ; ou par
des Sociétés financières qui achètent en vue de revendre
par lots ; profitant ainsi de la plus value que donne le
morceUement.
Les biens melk s'acquièrent également à l'enzel.
Act-Torrens, — La loi foncière du le,juiUet 1885, com-
plétée par les décrets beylicaux des 15 et 16 mars 1892,
assure à l'acquéreur d'une propriété tunisienne, une
sécurité absolue qu'il ne trouvait pas dans la loi musul-
mane, remplie d'imperfections.
Comme dans VAct-Torrens, en vertu d'une décision
du tribunal mixte, les propriétés sont cadastrées et
immatriculées sur le registre de la conservationde la pro-
priété foncière.
Ainsi mises à l'abri de toute contestation, les propriétés
immatriculées peuvent être vendues, sans frais, par un
simple endos des titres, comme pour un billet à ordre.
I/immatriculation est facultative ; mais les colons
français ont le plus grand intérêt à placer leurs pro-
priétés, sous le régime de la nouvelle loi foncière.
Les Irais d'immatriculation, d'après le décret du 16
mars 1892, s'établissent comme suit :
1* Une taxe égale à trois pour mille de la valeur vénale
de l'immeuble:
2*Le chiffre du barème cMiprës, correspondant à la
contenance de l'immeuble, telle qu'elle résulte du bor-
nage provisoire.
Contenances ;
De 0 à 100 hectares, l franc par hectare ;
De 100 à 500 hectares, 100 francs et 75 centimes par
hectare en plus des 100 premiers ;
De 500 à 1,000 hectares, 400 francs et 50 centimes par
hectare en plus des 500 premiers ;
A partir de 1,000 hectares, 650 francs et 25 centimes
par hectare à partir des 1,000 premiers..
Le minimum de la perception est de 30 francs.
En plus de ces frais, une somme de 10 francs est due
au conservateur, pour copie de titre de propriété, et les
inscriptions à prendre en vertu de la décision du tribunal
mixte-

XIX
La main-d'oeuvre et ses salaires
La main-d'oeuvre des exploitations agricoles est four-
nie par des indigènes, des Fezzani, des Siciliens et des,
Maltais.
Les Français sont contremaîtres ou chefs de culture.
Lajournée d'un indigène ou d'un Fezzani se paie 1 fr.50
à 2 fr., sans nourriture. Celle d'un Sicilien ou d'un Mal-r
tais est payée 2 fr. 50 à 3 fr. 50.
L'indigène, est généralement doux, d'humeur pacifi-
que, aimant les travaux agricoles; surtout quand sa
main-d'oeuvre est bien rémunérée.
Ii est capable de dévouement, à l'égard de celui qui le
traite avec bonté et équité.
Les Fezzani sont de bons ouvriers, dociles, qui se plai-
sent beaucoup chez les Français.
Les Siciliens et les Maltais sont plus laborieux, fra-
•vaillent avec plus de soin et d'habileté.
Cependant lorsque l'on a des familles indigènes à sa
disposition, mieux vaut encore leur accorder la préfé-
- e? ~
renée pi se les attacher, en les ftxant sur Je Romaine par
la concession d'un lot de culture, contre l'engagement
de fournir, annuellement, un certain nombre de journées
de travail.
Les ouvriers d'art reçoivent les salaires suivants, par
journée de travail, sans nourriture : (1)
Charpentiers, 6 fr., forgerons, 6 fr., serruriers, 6 fr. 50,
menuisiers, 5 fr. 50, tonneliers, 6 fr,, maçons, 5 fr. 50,
manoeuvres 2 fr. 75.
Les mécaniciens ont un traitement mensuel de 150
francs.

XX
Industrie et Commerce
Industrie indigène. — Les procédés de fabrication de
l'industrie indigène n'ont pas été modifiés, depuis l'épo-
que primitive de leur découverte.
Tous les métiers s'exercent avec un outiUage rudi-
mentaire ; ce qui explique l'état de décadence, dans
lequel est tombé l'industrie indigène ; bien que sa main-
d'oeuvre soit payée à vil prix.
La fabrication des chachias, un des métiers les plus en
honneur, est aux mains des Maures qui n'ont nullement
perfectionné l'outillage de leurs ancêtres andalous.
Aussi, malgré la réputation justifiée dont jouissent
les chachias tunisiens, dans les pays musulmans, la.
production européenne, qui fournit des articles similaires
moins élégants et moins solides,- leur fait une concur-
rence désastreuse, par le bon marché de ses prix 4e
vente.
Si l'on n'y prend garde, la fabrication indigène qu^
n'est pas en état de soutenir cette concurrence, sera
complètement ruinée, avant peu d'années.

(1). Ces prix m'ont été donnés par la Direction de « Bqrdj?


Ç&lrfo- »
— 68 —
Les couvertures de laine de Djerba et les tapis de
Tunis, et surtout ceux de Kairouan avaient une réputa-
tion de qualité et de beauté, que le mercantilisme de
certains commerçants, a quelque peu entamée, durant
ces dix dernières années.
Pour répondre à des demandes plus nombreuses, et
augmenter leur gain ; les fabricants se sont contentés
d'une laine de qualité inférieure, et ont substitué les
teintures d'anilines aux teintures végétales.
Si, par une mesure de douane, le gouvernementinter-
disait l'entrée des teintures chimiques ; cette prohibition
aurait deux grands avantages : le premier de relever la
réputation et la valeur des articles de Djerba, de Kai-
rouan, etc.; le second de favoriser le développement de
la culture des plantes tèinctoriales.
Il resterait à perfectionner l'outillage des tisserands
indigènes, qui est resté tout ce quïl y a de plus primitif.
Comme cette transformationindustrielle pourrait être
la source de gros bénéfices, quelques capitalistes intel7
ligents, mis au courant de l'affaire, ne manqueraient pas
de s'y intéresser.
La question vaut la peine d'être sérieusement étudiée ;
et de la solution qui interviendra, dépend beaucoup l'ave-
nir de cette fabrication. ""
s
Les potiers de Nebeul et de Djerba fabriquent des
gargoulettes, des plats et des récipients en terre cuite,
brute ou vernissée, qui ont des formes et des couleurs
très originales.
Ces produits, d'une remarquable beauté d'exécution,
sont emportés par les caravanes sur les différents points
de l'Afrique où ils sont fort goûtés.
La poterie, comme les autres métiers indigènes, est en
pleine décadence.
Cette situation a préoccupé la conférence consultative
qui, dans sa séance du 19 novembre 1892, a adopté les
voeux suivants : « 1» qu'il soit créé, à Tunis, un cours pro-
fessionnel de la poterie sous le contrôle de la Direction
de l'enseignement: 2* que les droits perçus sur la
;/;—•/ ; — 69 —
.

poterie soient transformés en un droit de fabrication


susceptible de favoriser cette industrie. »
Il conviendrait d'étendre les bénéfices de ce voeu, à
la fabrication de ces belles faïences peintes et émaillées
qui ornent les anciens palais tunisiens.
Cette dernière fabrication agonise. Sa place, sur le
marché tunisien, est prise par des produits similaires
importés d'Italie, qui n'ont point la beauté des faïences
indigènes.
Les indigènes des îles Kerkennah et des tribus des
environs de Sfax, utilisentl'alfa pour fabriquer de nom-
breux objets de sparterie, destinés à la consommation
locale : toiles de tente, filets de pêche, nattes, paniers,
sacs, cordes, chapeaux, chaussures, etc., etc.
Le matériel des huileries indigènes est composé d'un
broyeur de pierre cylindrique roulant sur un axe hori-
zontal fixé à un arbre vertical qu'actionne un mulet ou
un chameau; et d'une presse faite d'une vis en bois, et le
* plus fréquemment de deux planches sur lesquelles un
tronc d'arbre forme levier.
Les huiles d'olives que l'on obtient par ce procédé
primitif ne sont pas comestibles pour les Européens ;
elles ne peuvent que servir à des usages industriels.
Le mauvais goût, qu'ont ces huiles, provient beaucoup
de l'habitude traditionnelle qu'oni les indigènes dé faire
macérer les olives, plusieurs mois, dans le sel avant de
les conduire à l'huilerie.
Industries européennes. — Bien que l'industrie euro-
péenne soit à ses débuts, en Tunisie, divers établisse-
ments importants y ont été fondés. Je citerai, à Tunis
et aux environs r
Les fours à chaux grasse de M. de Parade ; la brique-
terie à vapeur du général Baccouch; les fours à chaux
hydraulique et à ciment de M. Potin; les huileries de
Tebourba, de Soliman et de Nebeul.
A Sousse, la belle huilerie de la « Société du Sahel
Tunisien » ; celles de la « Société des huileries et savon-
— 70 — :

iiëriës méridionales », et de MM. Gandolphe et Elie de


Setbon.
A Msaken et à Mokenine, la « Société du Sahel Tuni-
sien » est propriétaire de deux autres huileries.
A Monastir, les huileries de MM. Medinat et Hayat,
Âliàga, Sacuto.
Toutes ces usines sont mues par la vapeur.
A Sfax, les huileries de MM. J. Querry, Anfré> Delan-
ghe et Glandut Leadbetter qui sont également instal-
lées à l'européenne.
A citer encore : les initioteries Tabbne, à Al Djezira ; et
céîie de M. Cesanna, à îjjédéidà.
Beaucoup d'autres usinés européennes pourraient
immédiatement être créées: Produits céramiques,scieries
à vapeur, fabrication du verre, tissages mécaniques,
distillation de fruits et de plantes à parfums, bouchons
de liège, conserves alimentaires, etc., etc.
Commercé. — Lé Protectorat a fait tripler le commerce
de la Tunisie.
Ainsi les importations, qui avaient été de onze millions
sept cent soixante mille francs pour l'exercice 1880, se
sont élevées à la somme de trente neuf millions de
francs pour l'exercice 1891.
Les exportations ont suivi la même progression. Les
marchandises tunisiennes exportées en 1891, ont excédéla
valeur des marchandises de diverses provenances impor-
tées dans la Régence, de près de trois millions de francs.
L'exercice 1892 sera celui d'une année commerciale
moyenne.
Les marchandises importées de diverses provenances
comprennent :
Animaux vivants, armes, bijouterie, bois de construction et
ouvrés, briques et tubes en terre cuite, bières et sirops, céréales,
chanvres et étoupes brutes et ouvrées, charbon de bois et bois à
brûier, charbon de terre, confiserie, chars et Voitures, chaux et
ciments, coton filé, soie grège et filée, laine filée, denrées coloniales,
dalles en marbre, droguerie et médicaments, dorures, farines et
semoules, fourrages, fers en barres et en paquets, fruits secs, horlo-
gerie, huilés, ïéguuiès secs, iMchiiâés et instruments, tnétattx bruts
— Ti —
et ouvrés, meubles et articles d'ébehisterie,modes et confections,
pierres à bâtir, papiers et papeterie, passementerie et bonneterie,
peaux, cuirs et chaussures.
Pétrole, plâtre, poissons salés et à l'huile, poterie et vitrerie, pro-
duits alimentaires, produits chimiques, quincaillerie et mercerie,
savons et bougies, tissus de coton et toileries, tissus de laine, tissus
de soie, vins et spiritueux, articles divers.

Les marchandises exportées à destination de différents


pays, se composent.de :
Amandes en coques, amandes sans coque, beurres frais et salés,
cire, chiffons, dattes diverses, éponges lavées, éponges non lavées,
goudron, graisse, alfa, henné, huiles d'olives, huiles de grignons,
laine en suint, laine lavée, laine bonnetouf, olives fraîches,olives en
saumure.
Miel, os et cornes, figues sèches, raisins secs, peaux de boeufs,
veaux, vaches, chevaux, chameaux, ânes et mulets, peaux de mou-
tons et d'agneaux, peaux de chèvres et de chevreaux; poissons frais,
poissons salés, poissons conservés à l'huile (thons), boutargue, poul-
pes à l'état du savon, tan, céréales, légumes secs, graines de lin,
grignons, chachias, ouvrages en alfa, tissus en laine tissus dé soie
et tissus de coton, sellerie et chaussures, oranges et citrons, vo-
lailles et gibiers, minerai de zinc, vins, articles divers.

Je désire ajouter à ces renseignements sommaires la


statistique du mouvement commercial; par mer; et celle
des pêches maritimes de la Régence.
Commerce maritime du 13 octobre 1890 au 3i dé-
cembre 1891 :
Importation
Pays Tonnes, de Passagers Bestiaux
d'origine marchandises
France." 8^297 1^352 193
Côte Tunisienne.. 60,58i 33,045 182
. .
Etranger .
83,762 13,778 362
Exportation
Pays Tonnes de Passagers Bestiaux
destinataires marchandises
France.T
Côte Tunisienne..
....... ,l
159^698
53,492
15*396
33,800
2,302
203
Etranger ....... .
101,971 ii,386 2,000
— 72 —
Pèches maritimes du 13 octobre 1890 au 31 décembre
1891.
Poids Valeurs
Sardines 430,652 kil. 137,820 fr.
Anchois.. 495,168 kil. 366,150 fr.
.
54,175 kil. 637,500 fr.
Eponges lavées.
Eponges brutes.
.. .
51,500 kil. 70,000 fr.
Poulpes.. ........ . .
Poissons divers, bou-
53,500kil. 67,500fr.

targues, crustacés,
etc., etc. 820,000 kil. 685,000 fr.

Une mission commerciale. — Désireux de favoriser l'ex-


pansion française en Tunisie ; M. Noblemaire, directeur
de la Compagnie des Chemins de fer P.-L.-M., créait, au
mois de septembre 1891, l'agence commerciale de la
Régence ; et il confiait cette délicate fonction à M. Dollin
duFresnel.
Depuis son installation à Tunis, M. Dollin du Fresnel
s'est appliqué à développer les relations commerciales
qui existent entre la Tunisie et la Métropole, en se met-
tant obligeamment à la disposition des producteurs et
des consommateurs ; comme en portant à la connais-
sance de sa Compagnie, les modifications de tarifs qui
peuvent faciliter l'exportation des produits tunisiens et
l'importation des marchandises françaises.
L'homologation de tarifs à prix réduits, communs à la
Compagnie Transatlantique et à la Compagnie des Che-
mins de fer P.-L.-M., a déjà eu pour résultat, d'aug-
menter sensiblement, le trafic en marchandises et en
voyageurs.
La mise en vigueur, de ces tarifs communs, a donc été
très profitable aux intérêts généraux de la colonie.
Les colons, voulant témoigner leur reconnaissance à
M. Dollin du Fresnel, l'ont élu à la Chambre de Com-
merce de Tunis.
Ce témoignage de confiance et de gratitude de la co-
lonie, bien que personnel à M. Dollin du Fresnel,
'-':''.- —73— '
s'adresse également à l'honorable directeur de la Com-
pagnie des Chemins de fer P.-L.-M., qui a le mérite
d'avoir doté la Tunisie d'une agence commerciale.
Les bureaux de M. Dollin du Fresnel sont situés, 10,
rue de Hollande, à Tunis.
Voilà un exemple que je recommande à l'attention
des grands industriels français. S'ils désirent entamer
de sérieuses affaires en Tunisie; ils devront, comme la
Compagnie P.-L.-M. l'a fait, créer des agences commer-
ciales, chargées de les renseigner sur les ressources du
pays, ainsi que sur les besoins de ses habitants.

XXI
Travaux publics
Ports. — Les travaux de construction du port de Tu-
nis, primitivement concédés à la compagnie Bone-
Guelma, et rétrocédés par celle-ci à la Société des Ba-
.tignolles, furent réglés par la convention beylicale du
'9 novembre 1885; contrat auquel le gouvernement fran-
çais donna son approbation.
Cette convention devint définitive, àla date du 18 juil-
let 1888; après l'avis conforme du conseil général des
ponts et chaussées qui était chargé d'établir les plans,
devis et prix des travaux à exécuter.
Le canal, ouvert par des draguages, à travers le lac
d'El-Bahira, a été terminé le 15 janvier de cette année ;
c'est-à-dire dix-huit mois, avant l'époque prévue au
cahier des charges.
Dans quelques mois, les grands navires qui restent
maintenant en rade de la Goulette pourront jeter l'ancre
devant Tunis.
Les travaux du port de Bizerte, confiés à MM. Hersent,
Couvreux et Lesueur, sont activement poussés.
Le lac de Bizerte a une superficie de 100 kilomètres
carrés et un plafond qui varie de 5 à 13 mètres. Il est
relié à la mer par Un canal de 3 kilomètres de longueur
et d'une largeur de 25 à 30 mètres.
Tous les vaisseaux des flottes du monde pourraient
mouiller dans les eaux du lac de Bizerte.
Quand les travaux projetés seront terminés, Bizerte
deviendra une place maritime de premier ordre, au point
de vue militaire et commercial.
Quelques aménagements ont été exécutés à Sousse et
à Sfax ; mais des travaux beaucoup plus importants sont
devenus nécessaires dans ces deux porter notamment
à Sfax, qui est la deuxièmeville de la Régence, par le
chiffre de sa population, et dont le commerce maritime
progresse chaque année.
L'éclairage des côtes qui était très défectueux, a été
considérablementamélioré ; et il est à peu près complet,
sauf dans le sud.
Chemins de fer. — L'établissement de voies ferrées
desservant toutes les régions de la Régence et aboutis-
sant aux principales villes maritimes, est une condition
essentielle du développement de la colonisation.
Dès 1889, M. Michaud, directeur général des travaux
publics, présentait un rapport d'études, très documenté,
sur le réseau des chemins de fer tunisiens ; et il évaluait
à 1,259 kilomètres, la longueur des diverses lignes à
construire.
Malgré tout l'intérêt que comporte la construction du
réseau des chemins de fer tunisiens, la question depuis
lors n'avait pas reçu de solujion, jusqu'au 12 octobre 1892.
A cette dernière date, le gouvernement tunisien a
passé, avec la compagnie Bône-Guelma, deux conven-
tions pour la construction des lignes suivantes :
1* Ligne de Bizerte à Djedétda.
2* Ligne de Tunis à Sousse, avec embranchement sur
la plaine du Fahs.
3* Ligne de Sousse à Kairouan.
4* Ligne de Sousse à Mokenine avec prolongement
éventuel stir Sfax.
V -'.'•V' '
.-' '— 75 —
5*Ligne empruntant la ligne de Tunis à Sousse, et
aboutissant à Nebeul.
6° Ligne en prolongement de la ligne de Tunis à Ham-
mam-el-Lif, et aboutissant à Menzel-bou Zelfa, avec pro-
longement éventuel sur Kélibia.
Les travaux de la ligne de Bizerte à Djedeïda 'devront
être terminés dans deux ans, à partir du projet définitif.
Pour l'exécution des travaux des autres lignes; il est
accordé à la compagnie Bône-Guelma un délai de cinq
années ; mais ie gouvernement tunisien se réserve la
faculté de retarder la construction de quelques embran-
chements; si tel était son avis.
Dans le cas où le parlement français ne ratifierait pas
ces conventions, pour des raisons dont il est jugé, la
Tunisie n'en serait pas moins à la veille d'être dotée des
voies ferrées qu'elle réclame en vain depuis des années.
Voici la déclaration faite, à ce sujet, par M. Rifaot,
président du Conseil des ministres, à la chambre des
députés, dans la séance du 21 janvier 1893 :
Si nous n'avons pas pu faire de chemins de fer comme nous le
roulions, comme l'intérêt de la Tunisie l'exigeait, vous en savez la
raison.
Ce n'est pas en Tunisie, c'est dans le parlement français que nous
avons rencontré des obstacles ; c'est parce qu'il y avait des dissenti-
ments au sujet de certaines conventions qu'on désirait faire rema-
nier, avant que les travaux fussent commencés.
J'ajouterai que mon honorable collègue M. Viette va déposer dans
quelques jours un projet qui résout enfin la question. {Tris bien /)
Mais j'ai fait commencer, vous le savez bien, la ligne de Bizerte. À
l'heure qu'il est, les ouvriers y sont depuis plusieurs mois ; quant
aux autres lignes, elles seront commencées, je l'espère, dans le cours
de l'année.
J'ai prévenu, en effet, mon collègue des travaux publics, et j'ai
fait écrire dans le3 actes que si, au mois de juillet, les difficultés qui
nous ont si longtemps paralysés existaient encore, n'étaient pas
levées, lés travaux seraient faite aux frais et risques de la Tunisie,
sans aucune garantie dû gouvernement français. {Tris Ment tris
hknt)
Comment les ferons-nous, messieurs ?
Avec nos réserves, et, certèSi c'est un exemple qui pourrait être
proposé à beaucoupde pays plus grands que la Tunisie.
Cette déclaration aura un grand retentissement en
Tunisie ; car elle contient l'engagement formel, de com-
mencer cette année, d'une manière ou de l'autre, la
construction des lignes projetées. • •

Routes et pistes. — Quand en 1883, fut créée la direc-


tion des travaux publics, il n'existait dans la Régence
d'autre voie empierrée que la route de Tunis au Bardo,
encore était-elle en bien mauvais état, faute d'entretien.
Toutes les autres voies de communication étaient de
simples pistes, impraticables aux voitures pendant la.
saison des pluies.
Depuis cette époque, plus de 500 kilomètres de voies
empierrées ont été livrés à la circulation ; un grand
nombre de kilomètres de pistes ont été améliorés ; et
215 ponts (1) ont été construits sur des cours d'eau que
traversent ces différentesvoies.
L'ensemble de ces travaux à coûté sept millions et
quelques centaines de mille francs.
Le kilomètre de route, y compris les ouvrages d'art,
n'excède pas quatorze mille francs.
Ces améliorations se continuant, dans quelques an-
nées, les pistes de grand parcours seront entièrement
transformées en routes carrossables.
Eaux. — Tunis et sa banlieue sont alimentées par lés
eaux du Zaghouan, dérivées au moyen d'un aqueduc
romain, qui desservait, autrefois, Carthage.
Porto-Farina, Beja, Bizerte, Tabarka, Djemmal, Souk-
el-Àrba, Kairouan, Le Kefy Teboursouk, Mateur, Mak-
tar, Nebeul, etc., etc., ont été également dotées d'eaux
de source.
Des travaux d'adduction d'eau se poursuiventà Sousse,
à Sfax, et à Gabès.
Des recherches sont commencées, sur divers points du
sud, pour le forage de puits artésiens.

(1) Parmi lesquels, 16 grands ponts en maçonnerie et 11 ponts


métalliques.
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XXII
Enseignement public
Aujourd'hui, l'instruction est donnée, en langue fran-
çaise, dans 91 établissements scolaires de la Régence,
savoir :
3 écoles secondaires pour les garçons et 1 pour les
filles;
79 écoles primaires françaises-arabes ;
8 écoles mixtes.
L'enseignement secondaire est constitué par le collège
Sadiki, le lycée Sadiki et le collège Alaoui.
Le collège Sadiki a été fondé en 1876, par le bey Moha-
med-Sadok, sur les conseils du général Khereddine.
ïl est fréquenté par les jeunes musulmans qui se des-
tinent à l'administration, ou aux carrières libérales.
Les revenus du collège de Sadiki proviennent de
dotations foncières, constituées en biens habous.
Avant 1885, les élèves étaient admis, au collège Sadiki,
par voie de tirage au sort.
Depuis, le concours a été substitué à ce dernier mode
d'admission; mais le nombre des élèves a été maintenu
à cent cinquante.
Des annexes du collège Sadiki ont été créées, à Tunis,
Eairouan et Sfax.
Le collège Alaoui — qui est l'école normale des gar-
çons — a été fondé en 1884; sa création est due à
M. Maehuel, directeurgénéral de l'enseignement public.
Il a pour but, de préparer au brevet de capacité, des
élèves maîtres, français et indigènes, formés pour l'en-
seignement primaire.
Les études ont une durée de trois ans. Le français et
l'arabe y sont simultanément enseignés.
Un grand nombre d'instituteurs indigènes, pourvus
du brevet de l'enseignement primaire, sont d'anciens
élôves-maitres du collège Alaoui.
— 78 —
L'instruction élémentaire est donnée par lés 79 écoles
primaires françaises-arabes, et les 8 écoles mixtes.
Des écoles primaires ont été fondées dans tous les
centres habités par des européens. Beaucoup de centres
indigènes en sont également dotés.
La population scolaire était, en 1885, de 4,390 enfants
(européens, musulmans, israélites) ; elle atteignait, à la
fin de 1891, le chiffre de 11,991 enfants.
Le Protectorat s'est constamment efforcé de mettre
l'instruction à la portée des indigènes.

XXIII
Budget Tunisien pour l'exercice 1893
Le budget de la Régence, pour l'exercice 1893, est
arrêté à la somme de 26,300,000 francs, savoir :
Dépenses ordinaires, 22,296,000 francs.
Dépenses extraordinaires 4,004,000 francs.
Les dépenses ordinaires se répartissent comme suit :
Service des finances, . . Fr. 11.460.000
.
Postes et télégraphes 903.000
Administration générale 2.955.000
. . .
Contrôles civils et agriculture. 516.000
Enseignement public 707.000 j
Armée tunisienne
Travaux publics
....... 608.000
4.787.000
Imprévu 361.000
Dans les dépenses du service des finances sont compris :
Annuité de la dette : . Fr. 6.307.000
.......
Liste civile du bey . .
Dotationdes princes et des prin-
900.000

cessesde lafamille beylicale. 660.000


L'achninistration générale supporte les subventions
suivantes :
Aux communes Fr. 900.000
À la magistrature française. . 375.000
A la gendarmerie française . 351.000
.
A la gendarmerie indigène 138.000
. .
-\:r"'. -." ' .' -79 —
£$ service c|gs travajrs publics, $pfâ très largement
doté, dispose en outre de crédits extraordinaires, a pren-
dre sur le fonds de réserye de 2Q millions, qui a été cons-
titué au moyen des plus-values budgétaires.
La situation financière de la Tunisie est des plus
florissantes.

XXIV
Colonisation franco-Tunisienne
La colonisation franco-tunisiennedate, à peine, d'une
dizaine d'années; et cependant les résultats qu'elle a
déjà donnés sont un démenti à ceux prétendant que
notre race n'a pas les aptitudes colonisatricesdes autres
peuples.
Actuellement, cinq cent mille hectares de terre sont
devenus la propriété de Français ; et il a été déboursé,
par ceux-ci, comme dépenses d'achats, de défrichement,
d'aménagement et de plantation, au moins cinquante
millions de francs.
Cette immense surface n'a pas été entièrement mise
en valeur : un certain nombre d'hectares ont été défri-
chés pour servir à des plantation viticoles, et à des cul-
tures alimentaires ou industrielles. L'autre partie est,
momentanément, abandonnée à la culture indigène, ou
laissée en pâturage pour l'élevage du bétail.
La plupart des colons français ont consacré leurs capi-
taux à des plantations viticoles. Les surfaces, complanr
tées en vigne, ont augmenté d'année en année. Comme
la culture de la vigne donne de beaux bénéfices, tout
fait présager, qu'elle prendra une extension considérable
dans l'avenir.
Un petit nombre de colons se livrent à des cultures
alimentaires, industrielles et fourragères, et à l'élevage
du bétail.
Dans le Sud, quelques colons ont acheté des terres
. — 80— '.; ; -'.'
beylicales et commencé des plantations d'oliviers, àl'aide
de m'gharsis ou métayers indigènes.
Maintenant, que ces hardis pionniers ont ouvert la
voie et surmonté les difficultés du début, le* moment me
semble propice, pour élargir le champ de notre action
coloniale en Tunisie.
Chaque année, des milliers de nos compatriotes, solli-
cités par les agences d'émigration, s'expatrient dans
l'Amérique du îr'ud.
Que promettent les agences à ces émigrants?
Des terres à cultiver.
Mais la Tunisie, située à trente heures de France,
possède des millions d'hectares de terre, d'une fertilité
exceptionnelle, qui peuvent être mis à la disposition des
émigrants français.
Le .Protectorat qui partage ces vues de colonisation, a
déjà mis en lots, 6,000 hectares de terres, convenant aux
diverses cultures du pays. Les Sociétés foncières et les
grands propriétaires auraient tout intérêt, à seconder
cette émigration, en aliénant une partie, plus ou moins
grande, de leurs vastes domaines, à des français dési-
reux de se fixer en Tunisie.
La France a commencé la conquête économique de la
Tunisie ; elle ne saurait, aujourd'hui, se soustraire aux
devoirs multiples, que lui impose son Protectorat.
Le premier de ces devoirs est de concourir, au peuple-
ment de la Régence, par ses nationaux.
Tous les efforts faits dans ce sens, par le Gouvernement
et l'initiative privée, auront pour conséquences d'affermir
la prépondérance française dans l'Afrique du Nord.
En résumé, l'oeuvre de la colonisation franco-tuni-
sienne est trop belle à poursuivre, pour que ses coopéra-
teurs dévoués et résolus ne deviennent pas légions.

FIN
TABLE DES MATIÈRES

Avant-propos.
I Situation. Topographie. Climat » 5
.
II Superficie. Population
.
6
III Les richesses à exploiter .• 8
IV Plantes alimentaires 9
V
VI
VII
VIH
Plantes industrielles

Plantations forestières
Plantes fourragères
. . *.
Plantations viticoles et fruitières ....... 13
18
25
28
IX Le bétail, élevage et engraissement .30
X
XI
XII
Les forêts

Les salines
...
Mines et carrières
... . .
36
39
41

.......
-
XIII Les phosphates de chaux 41
XIV Les eaux minérales et thermales 43
XV Pèche et chasse 43
.
XVI Etat de la colonie 45
XVH Agriculture 48
XVIII Les terres de colonisation . 62
XIX La main-d'oeuvre et ses salaires 66
XX Industrie et commerce 67
XXI Travaux publics 73
XXII Enseignement public 77
XXIII Budget tunisien pour l'exercice 1893
XXIV Colonisation franco-tunisienne
.
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v. .
.
.
.
.
.
.
78
19

farts. — Imp. C. GourJineau, rae Grenéta, a*

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