M1 – Théorie de Galois – Université Lyon I – 2011-2012 1

Les sous-groupes transitifs de S5 Mais alors, g := n−1 sk commute avec (12345). Donc g ∈ h(12345)i. En effet,
Soit G un sous-groupe de S5 qui agit transitivement sur {1, 2, 3, 4, 5}. soit i tel que g(1) = i. On a f := g −1 (12345)i qui commute avec (12345) et
L’ensemble {1, 2, 3, 4, 5} est une orbite de G donc 5|G. Soit n5 le nombre de f (1) = 1. Donc f (12345)f −1 = (f (1)f (2)f (3)f (4)f (5)) = (12345) ⇒ f = Id.
5−Sylow de G. Comme n5 = 1 mod 5 et n5 ||G|/5, on a n5 |24 = |S5 |/5 et donc D’où g = (12345)i .
n5 = 1 ou 6. On a donc n ∈ sk h(12345)i ⊆ GLA(F5 ).
Si n5 = 6, alors G contient 24 5−cycles (en effet, chaque 5−Sylow contient Par conséquent G est un sous-groupe de GLA(F5 ) qui contient t. On vérifie
4 5−cycles et l’intersection de 2 5−Sylow distincts est réduite à l’identité). facilement que les sous-groupes de GLA(F5 ) qui contiennent t sont :
Or, dans S5 , il y a 24 5−cycles. Donc G contient tous les 5−cycles de S5 .
Dans S5 , les 5−cycles engendrent le groupe alterné A5 (il suffit de voir hti, hs2 , ti, hs, ti .
que tout 3−cycle est un produit de 5−cycles : par exemple : (123) =
(13254)(13452)). Donc G = A5 ou S5 . De plus, hti ' Z/5Z, hs2 , ti = GLA(F5 ) ∩ A5 ' D5 le groupe diédral d’ordre
Si n5 = 1, ... 10.
Comme les 5− Sylow de S5 sont d’ordre 5 et sont conjugués dans S5 , il
existe σ ∈ S5 tel que σGσ −1 contienne le 5−cycle (12345). Supposons que G
contient (12345). Comme n5 = 1, le 5−Sylow h(12345)i est distingué dans G.
Donc G ⊆ N où N est le normalisateur de h(12345)i dans S5 . Le groupe de Galois de X 5 − 5X + 12 sur Q
Notons GLA(F5 ) le groupe des bijections affines de F5 de la forme : Posons P = x5 − 5X + 12. Le discriminant de P est :

sa,b : x 7→ ax + b ∆ = 212 56
a ∈ F× 5 , b ∈ F5 .
On identifie {1, 2, 3, 4, 5} avec F5 (i avec i mod 5). Ainsi, on peut identifier
qui est un carré dans Q. Donc le groupe de Galois G de P sur Q est un sous-
GLA(F5 ) avec un sous-groupe de S5 .
groupe de A5 .
On a par exemple : t := s1,1 = (12345) et s := s2,0 = (1243). Comme Or, P = X(X 2 − X − 1)(X 2 + X − 1) mod 3. Donc G contient une double
GLA(F5 ) est d’ordre 20, GLA(F5 ) est engendré par s et t. Comme sts−1 = transposition. Modulo 7, P n’a pas de racines. Et P n’est pas un produit de
t2 , on voit que h(12345)i est distingué dans GLA(F5 ) donc GLA(F5 ) ⊆ N . deux facteurs irréductibles de degrés 2 et 3 car sinon, G contiendrait le produit
Réciproquement, si n ∈ N , alors n(12345)n−1 = (12345)a pour un a ∈ F× 5.
d’une transposition et d’un 3−cycle, chose impossible car G ⊆ A5 . Donc P est
Comme 2 engendre F× 5 pour la multiplication, il existe k tel que : irréductible mod 7 et donc G est irréductible sur Q.
Par conséquent G est isomorphe à un sous-groupe transitif de A5 .
k
sk (12345)s−k = (12345)2 = (12345)a = n(12345)n−1 . Il y a trois possibilités :
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G = A5 , g ' D5 ou G ' Z/5Z. Comme G contient une double transposition, Si r1 + r2 = r3 + r5 , on trouve de même :
Q pas isomorphe à Z/5Z. Notons r1 , ..., r5 les racines distinctes de P . Soit
G n’est
R := 1≤i<j≤5 (X − ri − rj ). r2 + r3 = r4 + r1
Les ri + rj sont deux à deux distincts (cf. le lemme qui suit).
Les coefficients de R sont des polynômes à coefficients entiers symétriques r3 + r4 = r5 + r2
en les ri donc ce sont des polynômes à coefficients entiers en les coefficients de r4 + r5 = r1 + r3
P . Donc R ∈ Z[X].
À l’aide d’un ordinateur, on peut vérifier que : r5 + r1 = r2 + r4 .
On a obtenu un système de 5 équations à 5 inconnues : ri , 1 ≤ i ≤ 5. Si
R = (X 5 − 5X 3 − 10X 2 + 30X − 36)(X 5 + 5X 3 + 10X 2 + 10X + 4) on résout ce système, on trouve qu’il est de rang 4 et que toutes les solutions
En particulier, le groupe de Galois de R n’agit pas transitivement sur ses vérifient r1 = r2 = r3 = r4 = r5 : absurde !.
racines. Or, Q(r1 , ..., r5 ) = Q(ri + rj : 1 ≤ i < j ≤ 5). Donc le groupe de Enfin, si r1 + r2 = r4 + r5 , on trouve :
Galois de R est aussi celui de P . Comme l’action de A5 sur {1, 2, 3, 4, 5} est
r2 + r3 = r5 + r1
2−transitive, si G = A5 , alors G agirait transitivement sur les racines ri + rj
de R, absurde ! r3 + r4 = r1 + r2
Donc G ' D5 .
Lemme : Soit P (X) ∈ Q[X] un polynôme irréductible dont le groupe de Ga- d’où : r3 + r4 = r4 + r5 et r3 = r5 absurde !
lois sur Q contient un sous-groupe isomorphe à D5 . Soient r1 , ..., r5 les racines
de P dans C. Alors les ri + rj , 1 ≤ i < j ≤ 5 sont deux à deux distincts.
démo : On peut supposer que G, le groupe de Galois sur Q de P , contient
h(12345), (14)(23)i. Supposons par exemple que r1 + r2 = ri + rj avec 1 ≤ i <
j ≤ 5, (i, j) 6= (1, 2). Si i = 1 ou 2, alors rj = r2 ou rj = r1 : absurde car les ri
sont deux à deux distincts. Si i ≤ 3, alors on a :

r1 + r2 = r3 + r4 , r3 + r5 , ou r4 + r5 .

Si r1 + r2 = r3 + r4 , alors en appliquant successivement (12345) on trouve :