TheseSPerrin Vep
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THESE
Présentée par
Stéphane PERRIN
DOCTEUR
DE L’ECOLE NATIONALE SUPERIEURE DES MINES DE SAINT-ETIENNE
COMPOSITION du JURY
Je voudrais adresser mes plus sincères remerciements Michelle PIJOLAT pour son
encadrement, sa disponibilité, ses encouragements et son apport scientifique. Je tiens
également à exprimer ma gratitude à Michel SOUSTELLE pour son encadrement scientifique
ainsi que pour son soutien. J’adresse toute ma reconnaissance à Françoise VALDIVIESO
pour l’intérêt qu’elle a porté à cette étude et pour les nombreuses discussions scientifiques
qui m’ont permis de progresser.
Je n’oublierai pas non plus l’ensemble du personnel du centre SPIN dont l’aide, la
disponibilité et les compétences ont contribué à faire avancer ce travail. Je remercie plus
particulièrement Nathalie BERNE d’avoir accepté de relire cette thèse et pour son aide à la
mise en page.
Enfin je voudrais remercier les personnes qui m’ont soutenu durant ces trois années,
Tuyet, ma mère, ma famille et mes amis.
Sommaire
Introduction 1
I.2.1 Objectifs 41
Conclusion 203
Annexes 207
Ainsi, la réalisation de ce projet peut être séparée en deux parties : une première étude
doit s'intéresser à la modélisation du réacteur, et une deuxième étude à la modélisation de la
réaction. Ces deux parties devront par la suite être reliées puisque, comme le montre la
figure 1, chaque modèle interagit sur l'autre.
-1-
Variations de température et des
pressions engendrées par la réaction
Conditions de température et de
pressions de la réaction au sein du four
Figure 1 : Schéma de l'interaction entre les modèles développés
Notre étude porte sur la détermination des termes sources, donc sur la modélisation de
la réaction lorsque les conditions physico-chimiques varient au cours du temps, comme c'est
le cas au sein d'un réacteur.
A B
A B
B A
-2-
Les deux grains sont au même degré d’avancement 0,5. Mais l’interface entre les deux
phases est double dans le deuxième cas. Ainsi, la vitesse est également deux fois plus grande
dans cet exemple.
Le degré d'avancement ne permet donc pas toujours de déterminer la vitesse et les
conditions du « passé » ont une influence sur la vitesse, ce qui rend difficile la résolution des
équations bilans.
Par ailleurs, la modélisation des réacteurs industriels est généralement basée sur
l'hypothèse d'une réaction unique à partir de laquelle est exprimée la vitesse.
Aussi, notre travail a porté sur la modélisation de deux types de transformations :
- une réaction avec compétition entre la germination et la croissance (comme le cas illustré
schématiquement par la figure 2),
- une transformation mettant en jeu trois étapes réactionnelles successives (mais pas de
compétition entre germination et croissance),
dans un champ de contraintes physico-chimiques variant avec le temps, et en tenant compte
de l'influence de ces variations sur la transformation.
Afin d'atteindre cet objectif, cette étude s'articule autour de quatre chapitres :
• Le deuxième chapitre met en avant la méthodologie utilisée afin de réaliser une approche
cinétique en conditions non isotherme et non isobare. Nous montrerons notamment que
celle-ci s'appuie sur le développement de deux modèles : un modèle de transformation et
un modèle physico-chimique. Cette méthodologie est ensuite employée dans l'étude des
réactions décrites dans les chapitres III et IV.
-3-
varie au cours de cette réaction. Ce modèle correspond à un cas où les processus de
germination et de croissance interviennent dans la loi de vitesse.
-4-
Chapitre I Etude bibliographique
C
Chhaappiittrree II
ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE
Ces études cinétiques ont d'abord été réalisées en conservant tout au long de ces
transformations les conditions expérimentales (température, pressions des gaz ...) constantes.
Elles ont permis le développement de modèle expliquant l'évolution de la vitesse de la
réaction au cours de celle-ci.
Dans un deuxième temps, en s'appuyant sur les lois cinétiques mises en place en
condition isotherme, de nombreux travaux ont consisté à développer des méthodes de travail
sur la cinétique des transformations de solides en faisant varier la température en cours de
réaction. L'avantage visé de ces études est en particulier de pouvoir étudier une réaction sur
un grand domaine de température en réalisant peu d'expériences.
Afin de rendre compte de ces travaux, nous présentons dans une première partie de
cette étude bibliographique les lois cinétiques et les modèles de transformation utilisés dans la
littérature ainsi que l'influence de la température et de la pression sur la vitesse de la réaction.
Nous nous intéressons essentiellement aux solides se présentant sous forme de poudres et
-5-
Chapitre I Etude bibliographique
-6-
Chapitre I Etude bibliographique
D’après Galwey et al. [1], la germination peut être décrite par une succession de deux
étapes différentes :
• la transformation chimique de certains constituants de la phase initiale en constituants du
produit de réaction,
• l’association de ces constituants du produit en réseau cristallin afin de former la nouvelle
phase.
Plusieurs lois ont été développées afin de décrire la vitesse de formation des germes.
La détermination expérimentale de cette vitesse n'est pas aisée et repose en général sur des
observations microscopiques en début de réaction.
Nous développons dans ce paragraphe les principales lois décrivant la germination et
leur interprétation. Celles-ci ont été répertoriées dans divers ouvrages de cinétique hétérogène
[1,2,3,4,5,6,7].
Nous notons N le nombre de germes formés à l'instant t et N0 le nombre total de
germes qui vont se former. Pour chaque cas, les expressions du nombre de germes et de la
vitesse de formation de ces germes seront données.
1 Germination instantanée
Dans ce cas, tous les germes sont formés au même moment, au début de la réaction. La
loi de germination s'écrit donc sous la forme :
A t<0 N=0
A t ≥0 N=N0 (I.1)
-7-
Chapitre I Etude bibliographique
dN =k (I.2)
dt g
N =kgt (I.3)
kg représente la probabilité pour qu'un germe apparaisse pendant l'unité de temps.
Cette loi est également appelée germination d'ordre 0.
La germination est dans ce cas due à une succession d’évènements ou se déroule par
l’association de plusieurs « individus » chimiques. Les expressions de la vitesse de
germination et du nombre de germes sont données par :
dN
= Kt n −1 (I.6)
dt
N = Kt n (I.7)
-8-
Chapitre I Etude bibliographique
Delmon [2] reprend les lois précédentes en distinguant celles de probabilité uniforme,
c'est-à-dire où un germe peut se former en n'importe quel point de la surface ou du volume du
solide, aux lois de germination où les germes se forment sur des sites particuliers localisés en
des points biens définis, appelés sites potentiels. Il explique que sauf dans les transformations
polymorphiques, l'interface réactionnelle ne peut naître que sur la surface du réactif
solide. Afin de relier le nombre de germes à la surface du solide, il définit une vitesse
spécifique de germination dγ/dt comme le nombre de germes formés par unité de temps sur
l'unité de surface.
Toutes ces lois de cinétique de germination ne peuvent en aucun cas être utilisées à un
instant quelconque quand le processus de croissance est entamé. Nous verrons qu'il s'agit en
fait de réactivité de germination (stationnaire ou non) et qu'il faudra leur adjoindre, pour
atteindre la vitesse de germination, l'étendue de l'espace réactionnel concerné c'est-à-dire la
surface libre de germination à chaque instant.
Cependant trop peu d'expressions de lois se raccordent aux mécanismes de
germination proprement dits et de ce fait, ne permettent pas de prendre en compte l'influence
des variables intensives en particulier les pressions partielles de gaz sur la germination.
-9-
Chapitre I Etude bibliographique
Certains [1,8] proposent de faire un bilan sur les germes potentiels. Pour cela, ils
écrivent que le nombre de germes susceptibles de se former à un instant t, N1(t), est égal au
nombre de germes potentiels total, N0, auquel on soustrait les germes ayant déjà réagi, N(t), et
le nombre de germes, notés N2(t), ayant été éliminés par recouvrement au cours de la
croissance des germes précédents :
N1(t)= N0 − N(t)− N2(t) (I.10)
En différenciant cette expression, il est possible d'obtenir :
−dN1=dN +dN2 (I.11)
Or la variation du nombre de germes qui réagissent à un instant t dépend du nombre de
germes potentiels restant (germination d'ordre un) :
dN =kg N1dt (I.12)
La variation des germes potentiels « ingérés », dN2, est exprimée par :
v g = dN =γS L (I.14)
dt
- 10 -
Chapitre I Etude bibliographique
1 Description de la croissance
Comme le montre la figure I.1, la croissance peut avoir la même vitesse quelle que soit
la direction (croissance isotrope), ou alors des directions privilégiées (croissance
anisotrope). Dans ce dernier cas, la composante radiale de la vitesse est seule prise en
compte, la vitesse étant supposée infinie dans les deux directions tangentielles à la surface.
Dans le cas d'une croissance anisotrope, celle-ci est souvent considérée comme se
déroulant selon une, deux ou trois dimensions de l'espace. Ce nombre de dimensions de
l'expansion de la nouvelle phase dépend en général de la géométrie des grains. Pour des grains
en plaquettes minces (en supposant uniquement l'attaque des champs), la croissance se
déroule selon une dimension de l'espace. Pour des grains cylindriques (cylindres
« allongés »), elle a lieu selon deux dimensions de l'espace (en négligeant la croissance au
niveau des faces des cylindres). Pour des grains de géométrie sphérique, la nouvelle phase se
développe selon les trois dimensions de l'espace. Enfin pour des parallélépipèdes, le
développement de la nouvelle phase se déroule également selon trois dimensions mais avec
des constantes différentes.
- 11 -
Chapitre I Etude bibliographique
Enfin, la croissance d'un germe se déroule en plusieurs étapes élémentaires qui ont
lieu dans des zones réactionnelles différentes. Ces étapes sont des réactions interfaciales et
des étapes de diffusion [12]. Les réactions interfaciales peuvent se dérouler soit à l'interface
interne (interface solide initial/solide final), soit à l'interface externe (interface solide
final/gaz). Pour établir l'expression de la vitesse de croissance, les auteurs considèrent qu'une
étape est limitante et qu'elle fixe la vitesse de croissance.
- 12 -
Chapitre I Etude bibliographique
Remarque 2 : de manière générale, on peut noter chez la plupart des auteurs (excepté les
études d’oxydation de métaux), l’absence de la proposition de mécanismes en étapes élémentaires
(avec les intermédiaires réactionnels des deux phases) comme en cinétique homogène.
- 13 -
Chapitre I Etude bibliographique
Comme on le verra dans la suite, cette écriture offre de nombreux avantages, dont en
particulier :
• la décomposition de la vitesse en deux fonctions séparées ;
• pour chaque étape élémentaire d’un mécanisme, on peut calculer les expressions des deux
fonctions φ et E.
Quelle que soit l’approche considérée, il apparaît que l’hypothèse d’une étape
limitante est à la base des modèles de croissance. Le paragraphe suivant montre que cette
hypothèse n’est valable que dans certaines conditions, et qu’il est possible de la vérifier
expérimentalement.
Pour établir une loi de vitesse de croissance, les auteurs supposent donc que la vitesse
est imposée par une étape particulière du mécanisme, se produisant dans une zone
réactionnelle donnée. L’équation (I.18) est ainsi une généralisation de ce principe
communément (et parfois implicitement) admis.
Soustelle [12] précise que pour les transformations de solides, il est nécessaire de
considérer des systèmes « pseudo-stationnaires » pour lesquels les concentrations en espèces
intermédiaires ([Xi]) ne varient pas au cours du temps et la variation du logarithme du volume
(Vi) ou de la surface des zones réactionnelles (Si) évolue peu dans le temps. Ces deux
conditions s'écrivent sous la forme :
∂[ X i ] ∂ ln( S i ) ∂ ln( Vi )
= 0 et ≈ 0 ou ≈0 (I.19)
∂t ∂t ∂t
Ces deux conditions peuvent également se traduire par la faible variation des quantités
δni/δ
de chaque intermédiaire réactionnel (δ δt≈
≈0 où ni est le nombre de mole d'un intermédiaire
- 14 -
Chapitre I Etude bibliographique
i). Il est possible de démontrer que les vitesses des étapes élémentaires constituant le
mécanisme réactionnel d'un système pseudo-stationnaire sont liées entre elles [12].
Dans l’annexe A, nous montrons que la vitesse de croissance peut s’exprimer par
l’équation (I.18), lorsque les hypothèses de pseudo-stationnarité et de l’étape limitante sont
satisfaites.
Cette méthode a notamment été utilisée par Viricelle et al. [16] pour la transformation
de l'hydroxycarbonate de cérium en cérine et par Bouineau [14] pour la décomposition du
carbonate de calcium.
Remarque : le test du φE peut également être vérifié pour un cas mixte (c'est-à-dire quand il y
a deux étapes limitantes) où les deux étapes limitantes se produisent dans des zones réactionnelles de
même dimension. En effet dans ce cas de figure, d'après le théorème des lenteurs [12], il est possible
d'écrire la vitesse sous la forme :
- 15 -
Chapitre I Etude bibliographique
dα 1
= (I.20)
dt 1 1
+
φ 1 E1 φ 2 E 2
où φ1, φ2 sont les réactivités surfaciques de croissance de chacune des étapes considérées limitantes et
E1, E2 sont les fonctions d'espace de ces deux étapes. Sachant que ces deux étapes se produisent dans
des zones réactionnelles de même dimension, E1 est égale à E2. La vitesse est alors égale à :
dα φ 1φ 2
= E1 (I.21)
dt φ 1 + φ 2
La vitesse peut une nouvelle fois être considérée comme le produit de deux fonctions φ.E et le
test sera également vérifié dans ce cas de figure.
Ainsi, nous pouvons conclure, à l'aide du tableau I.1, que le test du φE sera vérifié
uniquement dans certains cas (sauf cas très particulier de diffusion sous champ électrique
[15]).
L'expression (I.18) pour la vitesse de croissance est celle que nous utiliserons dans la
suite car elle permet d'imaginer toutes les étapes limitantes de la croissance : diffusion ou
réaction d'interface. En effet, le tableau I.2 [9] montre quelles seraient les expressions de φ et
E dans les deux cas précédents.
- 16 -
Chapitre I Etude bibliographique
φ E
Réaction élémentaire d'interface k0f(T,P) S/n0
Diffusion D(T)∆C/l0 GDSI /n0
Tableau I.2 : Expressions de φ et E selon l'étape limitant la croissance
Si l'étape limitante est une réaction d'interface interne, c'est-à-dire à l'interface entre
les deux phases solides, on retrouve l'expression de Delmon pour la croissance (I.16) avec :
φ = ki (I.22)
Si
E= (I.23)
n0
On peut également imaginer l'étape limitant la croissance située à l'interface externe,
c'est-à-dire à la surface transformée des grains. La fonction d'espace est alors :
Se
E= (I.24)
n0
où Se représente l'aire de l'interface externe.
Si l'étape limitante est une réaction d'interface (interne ou externe), alors l'expression
de φ est donnée dans le tableau I.2 où k0 est le facteur de fréquence de l'étape élémentaire qui
limite la réaction et f(T,P) est une fonction qui dépend notamment du mécanisme réactionnel
de croissance.
Dans le cas où une étape de diffusion est l'étape limitant la croissance, on montre que
l'expression de la réactivité surfacique de croissance, en régime pseudo-stationnaire de
diffusion, est alors :
φ = D∆C (I.25)
l0
où D est le coefficient de diffusion de l'espèce diffusante au sein de la nouvelle phase formée,
∆C est la différence de concentrations de l'espèce diffusante entre l'interface interne et
l'interface externe et l0 est une longueur arbitraire. Ainsi, la réactivité surfacique de croissance
s'exprime également en mol.m-2.s-1 dans ce cas de figure.
L'expression de la fonction d'espace (en m2.mol-1) pour une diffusion limitant la
croissance est :
- 17 -
Chapitre I Etude bibliographique
GD Si
E= (I.26)
n0
où GD est un terme sans dimension qui vient de l'expression du flux pour une géométrie
particulière. L'expression de celui-ci est donnée dans le tableau I.3 pour différentes
géométries de grains :
Géométrie GD
l0
Plaquette
x
l0
Cylindre
ri ln(re ri)
l0re
Sphère
ri(ri −re)
Tableau I.3 : Expression de GD selon la géométrie des grains
Dans le tableau I.3, x est la demi-épaisseur de la couche de produit formé pour une
plaquette, ri et re sont respectivement le rayon interne et le rayon externe de la couche de
solide produit pour une sphère ou un cylindre.
On pourra être amené à prendre pour l0 une valeur liée à la géométrie et à la taille du
grain comme par exemple, dans le cas de plaquettes, la demi-épaisseur initiale x0 ou dans le
cas de la sphère et du cylindre, le rayon initial r0.
La loi décrivant la croissance de la nouvelle phase est déterminée avec les différents
éléments que nous venons de détailler (mode de croissance du germe, géométrie des grains,
développement de la nouvelle phase, étape limitante) dans le calcul de la fonction d'espace.
- 18 -
Chapitre I Etude bibliographique
où σ est un facteur de forme du germe et (dN/dt)t=τ est une loi de germination du type (I.1) à
(I.13).
- 19 -
Chapitre I Etude bibliographique
On retrouve ici une expression du type (I.18), et la vitesse peut s'écrire sous la forme
d'un produit de deux fonctions, dα/dt=φE, avec la fonction d'espace égale à :
E(t)= 1 ∫0[γ(τ)SL(τ)Gd(t,τ)sP(t,τ)]dτ
t
(I.29)
n0
Remarque : dans le cas où la vitesse de germination est très lente par rapport à la vitesse de
croissance, chaque fois qu'un germe apparaît sur un grain il recouvre complètement celui-ci. La vitesse
de la réaction s'exprime alors sous la forme :
dα n g γS L
= (I.30)
dt n0
où ng est la quantité de matière dans un grain. Il est donc possible d'écrire de nouveau la vitesse sous la
forme d’un produit de fonctions : dα/dt=ngγE avec E=SL/n0.
Selon les lois de germination et de croissance choisies, différents modèles ont été
développés par de nombreux auteurs depuis environ 70 ans. En 1966, Sharp et al. [19] ont
publié un article dans lequel ils répertorient neuf modèles de transformation présentés dans le
tableau I.4. Ils proposent d'écrire les lois de vitesse en utilisant deux fonctions, f(α) et g(α)
définies par :
dα
= kf ( α ) (I.31)
dt
α dα
g( α ) = ∫ (I.32)
0 f (α )
La définition de la constante cinétique k est différente selon les lois utilisées pour la
germination, pour la croissance et dépend des paramètres géométriques des grains. Dans la
dernière colonne de ce tableau, nous avons ajouté l'expression de la fonction d'espace selon
l'équation (I.18) pour les modèles cités.
Remarque : comme nous le verrons, il n'est pas toujours possible d'écrire l'équation (I.28) qui
exprime la vitesse de la réaction comme une fonction du degré d'avancement (équation I.31).
- 20 -
Chapitre I Etude bibliographique
Symbole α)
f(α α)
g(α α)
E(α
A2 2(1−α)[−ln(1- α)] 1/2
[−ln(1- α)]1/2
A3 3(1−α)[−ln(1- α)]1/3 [−ln(1- α)]1/3
F1 (1- α) -ln(1- α) (s0/n0)(1- α)
R2 (1- α)1/2 2[1-(1- α)1/2] (s0/n0)(1- α)1/2
R3 (1- α)2/3 3[1-(1- α)1/3] (s0/n0)(1- α)2/3
D1 1/2α α2 (s0/n0)/2α
D2 1/−ln(1- α) (1- α)ln( 1- α)+α (2s0/n0)/−ln(1- α)
2/3
D3 (3(1−α) )/(2[1−(1- α) ])1/3
[1-(1- α)1/3]2
D4 3/(2[(1- α)-1/3-1]) 1−2α/3−(1- α)2/3 (s0/n0)/( [(1- α)-1/3-1])
(s0 étant la surface initiale des grains)
Tableau I.4 : Lois cinétiques répertoriées par Sharp et al. [19]
Ce modèle a été développé par Avrami [8] et par Jonhson et Mehl [20]. Il a ensuite
été repris par Erofeev [21] avec une loi de germination différente. Ces auteurs considèrent une
germination dans le volume du solide suivie par une croissance isotrope des germes. Ce
modèle tient compte du recouvrement de sites potentiels à la germination et du recouvrement
des germes en cours de croissance. L'expression de la loi cinétique est de la forme :
− ln( 1 − α ) 1 n = kt (I.33)
Cette loi est notée An où n dépend de la forme des germes et de la loi de germination.
Pour cette loi couramment appelée d'ordre 1 (et notée F1), Sharp et al. ne donnent pas
de signification physique. Or, si nous supposons que la germination aléatoire est suivie d'une
croissance instantanée sur chaque grain, il est aisé de démontrer que c'est précisément cette loi
qui en résulte :
ln(1 − α ) = −kt (I. 34)
Remarque : on retrouve cette loi en considérant le modèle d’Avrami pour des plaquettes et
une germination supposée instantanée c’est à dire l’équation (I.33) avec n=1.
- 21 -
Chapitre I Etude bibliographique
La germination a lieu sur tous les grains en même temps et chaque germe recouvre la
surface d'un grain. La croissance tangentielle est considérée comme très rapide par rapport à
la croissance radiale (croissance anisotrope). La réaction, qui est considérée limitante pour la
croissance, est située au niveau de l'interface réactionnelle entre la phase initiale et la nouvelle
phase formée. La loi cinétique s'écrit sous la forme :
1 − ( 1 − α )1 n = kt (I.35)
où n dépend de la géométrie de l'interface réactionnelle. Pour une plaquette, n=1, la loi est
appelée R1. Pour une interface de forme cylindrique, n=2, la loi est notée R2 alors que pour
une interface de forme sphérique, n=3, la loi est notée R3 et appelée couramment cœur
rétrécissant. On trouve la même expression dans le cas du cube rétrécissant.
Comme pour le cas précédent, la germination est instantanée sur tous les grains et
chaque germe occupe toute la surface d'un grain. La diffusion d'intermédiaires réactionnels au
sein de la couche de produit formé est l'étape limitante. Il est supposé que le rapport des
volumes molaires entre la phase produite et la phase initiale, noté Z (coefficient de Pilling-
Bedworth), est égal à 1.
La loi cinétique dépend de la géométrie du système. Pour une géométrie où la
diffusion a lieu selon une seule dimension (grains en plaquettes), la loi, notée D1 et appelée loi
parabolique, s'écrit sous la forme :
α 2 = kt (I.36)
Pour une diffusion se déroulant dans des grains cylindriques, l'équation cinétique notée
D2 a été obtenue par Holt et al. [22] :
(1 − α ) ln(1 − α ) + α = kt (I.37)
Cette expression pourrait également être calculée dans le cas où le coefficient de
Pilling-Bedworth, Z, est différent de 1.
- 22 -
Chapitre I Etude bibliographique
Enfin pour une diffusion à l'intérieur de grains sphériques, la loi cinétique déterminée
par Ginstling et Brounshtein [23] est notée D4 et s'exprime sous la forme :
1 − 2α / 3 − (1 − α ) = kt
23
(I.38)
L'expression de la loi de diffusion dans des grains sphériques a également été calculée
par Valensi [24] et Carter [25] dans le cas où le volume molaire de la phase finale est
différent du volume molaire de la phase initiale (Z≠1). Ceci conduit à une variation du
volume des grains. L'équation cinétique s'écrit :
Z − [1 + ( Z − 1 )α ] − ( Z − 1 )( 1 − α ) 2 3
23
= kt (I.39)
2( Z − 1 )
Une dernière loi de diffusion est fréquemment utilisée dans la littérature. Il s'agit du
modèle de Jander [26], noté D3 et qui s'exprime par l'équation :
[1 − (1 − α ) ] 13 2
= kt (I.40)
Cependant comme le soulignent plusieurs auteurs [27,28], cette loi n'a aucune
signification physique. Elle est l'application directe de la loi parabolique, uniquement valable
en symétrie plane, à une géométrie sphérique. Elle ne peut être envisagée que pour des
couches de faible épaisseur car en début de réaction, les expressions des flux de diffusion en
coordonnées planes et sphériques sont sensiblement les mêmes.
Excepté les lois d’Avrami (An), les lois du tableau I.4 correspondent à des modèles
dans lesquels, soit la germination (Rn, Dn), soit la croissance (F1) est supposée instantanée.
Les lois d’Avrami étant établies sur la base de l’apparition aléatoire de germes en volume,
elles ne sont en principe pas utilisables dans le cas des réactions entre un solide et un gaz ou
des décompositions de solides inorganiques pour lesquelles les germes se forment à la surface
du solide. Cependant, sans doute parce que les lois d’Avrami sont simples et donnent des
courbes d’allure sigmoïde, force est de constater qu’elles ont été fréquemment choisies pour
rendre compte des courbes expérimentales quel que soit le type de transformation (et donc de
germination).
Il existe cependant dans la littérature un modèle, développé par Mampel [29] en 1940
et par ailleurs par Johnson et Mehl [20] en 1939, qui est bien adapté à la germination en
surface suivie d'une croissance isotrope. Peu utilisé dans le passé, probablement à cause de
l’importance des calculs mis en jeu par rapport aux moyens de l’époque, le modèle de
- 23 -
Chapitre I Etude bibliographique
Mampel a été repris par Delmon (pour des grains sphériques et des plaquettes) [2]. L’intérêt
de ce modèle est qu’il permet de remonter à deux grandeurs caractéristiques de la germination
et de la croissance, notées respectivement k'g0 et ki par Delmon : k'g0 correspond à la
fréquence surfacique de germination γ (nombre de germes.s-1.m-2) et ki est la vitesse
spécifique de croissance et sera remplacé avec, l’expression de vitesse donnée par l’équation
(I.18), par φ.
Avec le modèle de Mampel, en faisant varier un seul paramètre de modèle (noté A),
qui est proportionnel au rapport γ/φ (quelle que soit la forme géométrique des grains), il est
possible de rendre compte des courbes expérimentales [2]. Des exemples de courbes de
vitesses réduites ω (vitesse divisée par vitesse maximum) en fonction du degré d'avancement
sont représentés pour différentes valeurs du paramètre de modèle sur la figure I.3.
Figure I.3 : Courbes de vitesse en fonction du degré d'avancement pour le modèle de Mampel et pour
différentes valeurs du paramètre de modèle A [2]
Grâce aux moyens de calculs actuels, il est assez facile de calculer la vitesse selon le
modèle de Mampel. Viricelle [18] et Bouineau [14] ont pu interpréter leurs courbes de vitesse
grâce à ce modèle pour la transformation de l’hydroxycarbonate de cérium en cérine et la
décomposition du carbonate de calcium, respectivement.
- 24 -
Chapitre I Etude bibliographique
étape limitante pour la croissance et une forme de grains, les expressions de GD, s0 et SL sont
déterminées. Ainsi, Bouineau [14] a interprété les courbes de vitesse obtenues pour la
déshydratation du sulfate de lithium monohydraté, et Brun [17] celles de la réduction de U3O8
par l’hydrogène. Nous reviendrons plus tard sur cette réaction.
Comme pour le calcul de la vitesse d’après le modèle de Mampel, avec les modèles de
germination-croissance anisotrope, il est possible de paramétrer les courbes calculées à l’aide
d’un seul paramètre de modèle, également noté A, défini de la même manière. La
comparaison des courbes expérimentales aux lois de vitesse à l'aide du paramètre de modèle
est présentée dans l'annexe D.
Remarque : des modèles de germination-croissance anisotrope [30] ont été proposés dans le
passé à partir de l’équation (I.27). Nous ne les présentons pas ici car le choix d’une loi de germination
en surface indépendante de la quantité de surface restant disponible pour la formation de nouveaux
germes ne nous a pas semblé très réaliste.
1 Modèles de transformation
Finalement on s'aperçoit que l'ensemble des modèles pouvant être développés afin de
décrire une transformation prend en compte :
Le tableau I.5 rassemble à notre connaissance la plupart des modèles ainsi déterminés.
Les modèles correspondant aux lois répertoriées par Sharp sont précisés dans le
tableau I.5. De plus, dans ce tableau figurent également des références d'exemples de
réactions correspondant à d'autres modèles. On peut remarquer que c'est à partir de l'équation
(I.18) de la vitesse que certains modèles ont été construits sans qu'il n'existe (à notre
connaissance) de cas concret correspondant.
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Chapitre I Etude bibliographique
Remarque : dans le cas d'une étape limitante d'interface externe ou de diffusion, il est
également nécessaire de tenir compte dans le calcul de la vitesse du coefficient de Pilling-Bedworth
(ou coefficient d'expansion volumique) Z.
Ce tableau met en évidence le grand nombre de modèles possibles pour décrire une
réaction en cinétique hétérogène. Chaque modèle entraîne un calcul spécifique afin de
déterminer l'expression de la fonction d'espace afin d’obtenir la vitesse de la réaction.
- 26 -
Chapitre I Etude bibliographique
Figure I.4 : test du cas limite appliqué à la décomposition du carbonate de calcium [14]
Soustelle et Pijolat [9] ont appelé ce test le test du cas limite. Flynn [36] propose une
méthode similaire afin de vérifier l'influence de l'histoire thermique sur la vitesse de réaction.
Remarque : il est également possible de savoir si le modèle correspond à un cas limite selon
la forme des courbes expérimentales. En effet, la présence d'un maximum sur les courbes de vitesse est
en général caractéristique d'une « compétition » entre la germination et la croissance et donc d'un
modèle où les deux phénomènes jouent un rôle sur la vitesse.
- 27 -
Chapitre I Etude bibliographique
Les équations de vitesse liées à ces deux approches (I.31) et (I.28) dépendent de
grandeurs cinétiques, k ou φ selon les notations utilisées. Il paraît nécessaire de connaître
l'influence des conditions expérimentales sur ces grandeurs afin de comprendre comment la
vitesse de la réaction évolue lorsqu'on modifie celles-ci.
Cette équation est à variables séparées T,P1,...α. Comme nous l’avons déjà évoqué,
elle n'est notamment pas utilisable pour décrire les cas complexes de germination croissance.
de croissance.
Remarque : pour les travaux menés en considérant la séparation des variables, la constante
cinétique est toujours notée k et dépend seulement de la température.
- 28 -
Chapitre I Etude bibliographique
Pour les études prenant en compte la non-séparation des variables, les notations diffèrent selon
les auteurs. Afin de rendre plus compréhensible cette partie de l'étude bibliographique, nous utiliserons
l'équation (I.18). La grandeur cinétique sera à chaque fois la réactivité surfacique de croissance φ. Ces
études supposent une succession d'étapes élémentaires pour décrire les mécanismes réactionnels.
Ainsi, nous noterons ki la constante de vitesse de l'étape élémentaire i. Les constantes ki dépendent de
la température selon la loi d'Arrhenius [12].
L'expression de la vitesse dans ce cas est sous la forme de l'équation (I.41). Cette
équation dépend du type de réaction.
Pour les réactions solide-gaz, la vitesse de croissance peut dépendre ici de la pression
du gaz réactif, P1 et de la pression du gaz produit, P2. Comme nous le verrons dans le
chapitre IV avec l'exemple de la réduction d'oxyde d'uranium par l'hydrogène, de nombreux
auteurs se contentent de chercher une loi à ordre vis-à-vis de la pression P1. Ainsi, ils écrivent
la vitesse de réaction sous la forme :
dα
= k( T )P1n f ( α ) (I.43)
dt
Etant donné que les variables sont séparées, il apparaît possible d'étudier
indépendamment l'influence de la température et de la pression en comparant les vitesses en
gardant deux variables constantes (par exemple en étudiant l'influence de la température à
pression et degré d'avancement constants).
- 29 -
Chapitre I Etude bibliographique
Pour le gaz réactif, les auteurs ne justifient pas le choix de rendre compte de
l'influence de la pression à l'aide d'une loi à ordre. Ils n'expliquent pas la signification
physique de cet ordre n.
Pour les deux équations (I.42) et (I.43), la pression du gaz produit n'est pas prise en
compte. Or ceci ne peut être vrai que si la réaction se déroule loin des conditions d'équilibre
thermodynamique. Mais comme le souligne Bertrand et al. [37], si la pression est proche de
la pression d'équilibre, il est nécessaire de prendre en compte dans l'équation cinétique l'écart
à l'équilibre, c'est-à-dire l'écart entre la pression de la réaction et la pression d'équilibre. Cette
dernière dépend de la température. Dans ce cas de figure, les variables température et pression
ne sont plus séparées et cette approche paraît donc ne plus convenir.
- 30 -
Chapitre I Etude bibliographique
que certains paramètres n'ont pas été pris en compte dans la vitesse alors qu'ils jouent un rôle
sur celle-ci.
Bien que selon les études réalisées sur une même réaction et selon les conditions
expérimentales, les valeurs de l’énergie d’activation et du facteur pré-exponentiel ne soient
pas les mêmes, certains auteurs observent une relation entre les valeurs de l'énergie
d'activation et les valeurs du facteur pré-exponentiel sous la forme :
ln A = a + bEa (I.45)
Cette relation entre A et Ea est appelée effet de compensation.
Afin de résumer cette approche sur la séparation des variables, prenons un exemple.
Dans le cas d'une réaction limitée par une étape interfaciale, et où on suppose l'adsorption
gazeuse (décrite par la théorie de Langmuir) à l'équilibre, la vitesse peut suivre une loi
homographique en fonction de la pression et s'écrire :
a( T )P
k( T , P ) = (I.46)
1 + b( T )P
Il apparaît clairement que, dans ce cas, les variables température et pression ne sont
pas séparées.
De plus, la séparation de la variable α dans l'équation (I.41) restreint cette approche
aux modèles limites.
Afin de pouvoir palier à ces problèmes, une deuxième approche a été proposée sans
supposer la séparation des variables.
Dans cette approche aucune hypothèse n'est réalisée sur la loi liant la grandeur
cinétique (φ) aux paramètres intensifs de la réaction. Les études réalisées ont essayé de
montrer comment ces différents paramètres pouvaient jouer sur la réactivité surfacique de
croissance.
- 31 -
Chapitre I Etude bibliographique
Delmon [2] puis Barret [3] ont développé une méthode afin d'accéder directement à
l'évolution de la réactivité surfacique de croissance en fonction de la température ou de la
pression partielle des gaz de la réaction. Cette méthode est connue sous le nom de méthode de
l'isolement.
Elle consiste à commencer une série d'expériences avec les mêmes contraintes
physico-chimiques (T1, P1,...) jusqu'à un même instant td. A cet instant, une des contraintes
(celle dont on veut évaluer l'influence) est brusquement modifiée et amenée rapidement à une
nouvelle valeur. Comme le montre la figure I.5, dans le cas de la réduction de l'oxyde de
nickel par l'hydrogène, étude réalisée par Delmon [2] avec des variations de température, la
valeur de la contrainte modifiée (ici la température) est différente après le décrochement pour
chaque expérience. Il réalise des décrochements en température entre 206,5°C et différentes
températures (Ti).
- 32 -
Chapitre I Etude bibliographique
Cette variation doit être rapide afin que la fonction d'espace reste constante durant le
temps du décrochement. Le rapport des vitesses se simplifie pour obtenir le rapport des
réactivités de croissance :
( dα dt )ap ( t d ) φ ( Ti , P ,...)
= (I.48)
( dα dt )av ( t d ) φ ( T1 , P ,...)
Ainsi, il est possible de déterminer l'évolution de φ(T) directement à partir
d'expériences. En fait ce n'est pas exactement les valeurs de φ(T) qui sont obtenues mais les
rapports φ(T)/ φ(T1). De même, en réalisant des décrochements en pression, il est possible
d'obtenir l'évolution de la réactivité surfacique de croissance en fonction de la pression
partielle d'un gaz à une constante près.
Cette méthode a été reprise par Viricelle et al. [16] pour la transformation de
l'hydroxycarbonate de cérium en cérine. Ainsi, la figure I.6 représente d'une part les courbes
du degré d’avancement (noté ici λ) en fonction du temps pour des décrochements en pression
de dioxyde de carbone et d'autre part l'évolution de la vitesse mesurée après le décrochement,
qui est proportionnelle à la réactivité surfacique de croissance, en fonction de cette pression.
Ils ont pu ainsi mettre en évidence l'influence de la pression de dioxyde de carbone sur la
réactivité surfacique de croissance de cette réaction.
Figure I.6 : Détermination de φ(PCO2) par la méthode des décrochements pour la transformation de
l'hydroxycarbonate de cérium en cérine [16]
Ils ont réalisé un travail similaire pour étudier l'influence de la pression d'oxygène sur
cette réaction.
- 33 -
Chapitre I Etude bibliographique
Cette méthode, appelée aussi méthode des décrochements, est très intéressante car elle
peut être réalisée sans connaître le modèle de transformation de la réaction et permet donc
d'accéder directement par l'expérience à la connaissance de φ(T) et φ(P) à une constante près.
Remarque 1 : comme l'a montré Surla et al. [11] pour l'oxydation du magnésium, un autre
intérêt de cette méthode est la possibilité d'obtenir l'expression de la réactivité surfacique de croissance
en fonction de la température et de la pression même avec des expériences non reproductibles dues à la
non-reproductibilité de la fonction d'espace.
- 34 -
Chapitre I Etude bibliographique
En supposant qu'une étape est très lente par rapport aux autres, celle-ci impose sa
vitesse à la réaction. Les autres étapes élémentaires sont alors considérées comme étant à
l'équilibre. La recherche de l'étape limitante va permettre d'interpréter les courbes φ(T,P).
Dans la suite de ce chapitre nous développons quelques études qui illustrent la manière
de déterminer φ(T,P).
Pour les décompositions thermiques, Bouineau [14] classe les courbes φ(P) en deux
catégories :
• celles qui sont monotones où φ diminue avec la pression et qui sont représentées sur la
figure I.7 ;
• celles qui présentent un ou plusieurs extremum représentées sur la figure I.8.
a b
d
c
- 35 -
Chapitre I Etude bibliographique
- 36 -
Chapitre I Etude bibliographique
De nouveau Barret [3] s'appuie sur l'écriture d'un mécanisme de croissance relatif à la
réduction d'oxyde métallique par l'hydrogène pour rendre compte de l'influence des différents
paramètres sur cette réaction. Il considère une nouvelle fois le système quasi-stationnaire (ou
plutôt pseudo-stationnaire) et suppose un mécanisme en quatre étapes :
• 1) adsorption de l'hydrogène ;
• 2) formation d'une molécule d'eau adsorbée à partir d'un anion superficiel ;
• 3) désorption de l'eau ;
• 4) réorganisation du réseau du métal et renouvellement de l'interface.
Cette dernière étape est considérée comme étant à l'équilibre et n'est donc pas l'étape
limitante.
Remarque : dans les deux mécanismes écrits par Barret, décomposition d'oxydes métalliques
et réduction d'oxydes métalliques par l'hydrogène, celui-ci suppose l'absence de couche protectrice
c'est-à-dire que le solide produit ne constitue pas une couche imperméable au gaz. Ainsi, il ne fait pas
intervenir, dans ses mécanismes réactionnels, d'étapes de diffusion au sein de la nouvelle phase
formée.
- 37 -
Chapitre I Etude bibliographique
Dans les études que nous allons développer dans ce manuscrit, nous décrirons la
croissance à l'aide d'une succession d'étapes élémentaires. Pour prendre en compte l'influence
de la pression et de la température, il sera nécessaire de déterminer l'étape limitante du
- 38 -
Chapitre I Etude bibliographique
- 39 -
Chapitre I Etude bibliographique
Delmon [2] a étudié l'influence de la granulométrie de la poudre dans le cas d'un cube
rétrécissant. Il montre que les variations de µ et σ ont une influence sur la forme des courbes
cinétiques.
Miyokawa et Masuda [41] ont étudié l'effet d'une distribution granulométrique sur
trois modèles : cube contractant, modèle de Jander et modèle d'Avrami. Ils regardent
l'influence de la distribution granulométrique sur les valeurs de l'énergie d'activation et du
facteur pré-exponentiel et constatent que ces grandeurs varient avec la distribution
granulométrique seulement pour le modèle d'Avrami. Lahiri [42] réalise une étude similaire
pour un modèle de cœur rétrécissant (R3) en condition non isotherme. Il observe que Ea et A
varient avec la distribution granulométrique et propose d'interpréter l'effet de compensation
(lnA=a+bEa) comme provenant des effets de la distribution granulométrique.
Koga et Criado [43,44] ont réalisé l'étude du rôle d'une distribution de taille de grains
sur les modèle D1, D2, D3, D4, R1, R2 et R3. Ils constatent que la détermination de l'énergie
d'activation ne dépend pas de la distribution granulométrique par contre celle-ci a une
influence sur les valeurs du facteur pré-exponentiel et sur la forme des courbes cinétiques.
Ainsi, la figure I.9 où sont tracées, pour les modèles R3 et D4, les courbes cinétiques de α en
fonction du temps réduit (temps divisé par le temps à demi réaction) pour différentes valeurs
de σ, montre que la distribution granulométrique a une influence sur la fin de courbes. Ils
observent également que plus l'étalement de la granulométrie est grand (σ élevée), plus il est
difficile de faire le choix entre les modèles de transformation. Johnson et Kessler [45]
obtiennent le même type de courbe (figure I.9) pour le modèle D4 au cours de leur étude sur
l'influence d'une distribution granulométrique sur la déshydroxylation de la kaolinite.
- 40 -
Chapitre I Etude bibliographique
Hutchinson et al. [46] ont étudié la décomposition de PbN6 avec des poudres de
granulométries différentes. En choisissant un modèle de germination-croissance où la
croissance est du type cœur rétrécissant (R3), ils arrivent à bien interpréter les courbes
cinétiques expérimentales en tenant compte des différentes distributions granulométriques des
poudres étudiées.
Après ce rappel sur les modèles relatifs aux réactions solide-gaz, voyons à présent
comment ceux-ci sont utilisés en condition non isotherme.
I.2.1 Objectifs
La modélisation en condition non isotherme a pour but de rendre compte des modèles
de transformation décrits précédemment lorsque la température varie au cours de la réaction.
- 41 -
Chapitre I Etude bibliographique
Ces raisons ont rendu les expériences en programmation de température très utilisées.
- 42 -
Chapitre I Etude bibliographique
Galwey et Brown [1] ont fait une synthèse de ces méthodes. Celles-ci utilisent en
général des programmations linéaires en température en fonction du temps et appliquent le
système d'équations suivant :
∂α =kf(α) (I.31)
∂t
E
k = Aexp − a (I.44)
RT
∂α = 1 ∂α (I.54)
∂T β ∂t
où β est la pente de la montée programmée en température.
f (α ) = (1 − α )
n
(I.55)
où n est appelé improprement l’ordre de la réaction. Le but est alors de déterminer la valeur
de n. Cette écriture provient de la cinétique homogène. De nombreux auteurs [48,49,50,51]
insistent sur l'impossibilité d'utiliser cette expression en cinétique hétérogène. Ils constatent
l'absence de signification physique de l'ordre de la réaction écrit sous la forme de l'équation
(I.55). En réalité n n'a de signification que si sa valeur est égale à 1, 2/3, 1/2 et 0 qui
correspond respectivement aux modèles F1, R3, R2, R1, et dans ce cas n n’est pas un ordre.
- 43 -
Chapitre I Etude bibliographique
On distinguera les méthodes dérivées des méthodes intégrales. Pour chaque cas, nous
donnerons quelques exemples d'études réalisées ainsi.
1) Méthodes dérivées
Elles consistent à reprendre les équations (I.31), (I.44) et (I.54) sous la forme logarithmique :
dα
ln dT = ln A − E a
β RT
(I.56)
f(α )
Friedman [52] propose ainsi de représenter ln(dα/dt)i en fonction de 1/Ti, mesuré pour
un même degré d'avancement αi, pour différentes montées en température et utilise l'équation
(I.56) sous la forme :
(
ln d α
dt
)=ln Afβ(α ) − RT
E
a (I.57)
Les lignes parallèles, obtenues pour différents αi, ont une pente –Ea/R et une ordonnée
à l'origine ln(Af(αi)). Il est possible de déterminer A par extrapolation lorsque αi tend vers 0.
Cette méthode permet la détermination des paramètres cinétiques sans connaître f(α). Cela
suppose que f(α) existe, donc qu'il s'agisse d'un cas limite.
Il applique cette méthode à l'étude de la décomposition de polymère phénolique.
- 44 -
Chapitre I Etude bibliographique
solides (magnésite, calcite, brucite ...) et trouve des valeurs pour les différents paramètres
cinétiques (E,A,n) proches de celles trouvées en utilisant des méthodes isothermes.
∆ln( dα )=n∆ln(1−α) − a ∆( 1 T )
E
(I.60)
dT R
Ainsi ils déterminent l'énergie d'activation en traçant [∆ ln(dα dT) / ∆ ln(1 − α)] en
[∆ ln(1 − α) / ∆(1 T )] .
2) Méthodes intégrales
Ces méthodes sont basées sur l'intégration de l'équation (I.31) sous la forme :
α
g ( α )= ∫ d α = A ∫ exp − E a dT
(I.61)
0 f (α ) β RT
En effectuant un changement de variable, on obtient :
g ( α )= AE a p ( x )
βR
(I.62)
E ∞ e− x
avec x = a et p ( x )= ∫ dx
RT x x2
Afin de déterminer g(α), il faut évaluer la fonction p(x). Trois méthodes sont utilisées :
• utilisation de valeurs numériques de p(x) ;
• approximation de p(x) à l'aide d'une somme de termes d'une série ;
• approximation de p(x) à l'aide d'une fonction.
Ozawa [55] s’appuie au départ de son raisonnement sur une loi à "ordre" pour
exprimer f(α) et il fait une approximation de l'intégrale p(x) à l'aide d'une fonction
mathématique. Il établit une relation permettant de déterminer l’énergie d’activation. L’auteur
démontre qu’à un avancement donné, il existe une relation liant la pente (βi) de la montée en
température et la température (Ti) :
- 45 -
Chapitre I Etude bibliographique
Coats et Redfern [56] utilisent eux aussi une équation avec un "ordre" pour décrire
une réaction du type aA(s) → bB(s)+cC(g). Les auteurs établissent, en faisant une approximation
sur p(x) et en le remplaçant par une somme de termes d'une série, les équations suivantes :
Ea
Y =− avec
2.3RT
1−(1−α )n
Y =log 2 pour n≠1 (I.64)
T (1−n)
−log10(1−α )
Y =log pour n=1
T2
En traçant les courbes Y=f(1/T), ils choisissent la valeur de n correspondant à une
droite et la pente de celle-ci leur permet d’accéder à l’énergie d’activation.
Ils utilisent cette méthode afin de déterminer les paramètres cinétiques de trois
réactions : la déshydratation de CaC2O4,H2O puis la décarbonatation de CaC2O4 et enfin la
décarbonatation de CaCO3.
Pan et al. [57] combinent les méthodes de Coats et Redfern [55] et d'Ozawa [56] pour
étudier en condition non isotherme la déshydratation de l'oxalate de manganèse dihydraté. Ils
aboutissent à une loi R2, f(α)=(1-α)1/2 et à une énergie d'activation égale à 162kJ/mol.
Ea =nRTm2
(ddTα )
m
(I.66)
(1−α m )
- 46 -
Chapitre I Etude bibliographique
dα
où Tm, αm, et sont la température, le degré d’avancement et la vitesse correspondant à
dT m
Tomashevitch et al. [58] ont repris la méthode par intégration mais en opérant avec
une programmation en température selon :
1 1
= + γt (I.67)
T T0
Ils obtiennent une expression de f(α) sans approximation :
f ( α )= ∂ α 1 (I.68)
∂t exp − E aγ t
A exp − E a
RT 0 R
Ils calculent alors f(α) grâce à l'expression précédente pour différentes valeurs de E
avec différentes pentes « réciproques » γ. Quelle que soit la pente, f(α) est le même pour une
valeur donnée de α. Ils tracent f(α) et choisissent la valeur de l’énergie d’activation qui
correspond le mieux à cette hypothèse, c'est-à-dire pour que, quel que soit Ea, toutes les
courbes f(α) soient confondues. Enfin ils déterminent le meilleur modèle qui correspond à la
courbe f(α) trouvée.
Ils appliquent cette technique à la réaction Fe2O3+Li2CO3=2LiFeO2+CO2.
Li et Tang [59] essaient aussi d'utiliser une méthode intégrale sans approximation.
Pour cela, ils passent par le logarithme de la vitesse avant d'intégrer :
( )
g ( α )= ∫0 ln d α d α = − a ∫0 d α + G ( α )
α
dt
E α
R T
(I.69)
α
avec G ( α )=α ln A + ∫0 ln ( f ( α ) ) d α
α dα α dα
Le tracé de ∫0 ln d α en fonction de ∫0 , pour différentes pentes et à un
dt T
- 47 -
Chapitre I Etude bibliographique
Afin de vérifier le bon accord entre toutes ces méthodes, des études ont consisté à
vérifier les paramètres cinétiques obtenus en utilisant différentes méthodes. Ainsi, Koga et
Tanaka [60] ont étudié la déshydratation du sulfate de lithium monohydraté en utilisant à la
fois des méthodes isothermes et non isothermes. Des paramètres d'Arrhenius différents sont
obtenus selon les méthodes utilisées. Par certaines méthodes, ils obtiennent une énergie
d'activation qui évolue avec α. Cette variation de l'énergie d'activation en fonction de
l'avancement de la réaction confirme que les méthodes et les modèles de transformation
utilisés ne sont pas toujours adaptés aux réactions étudiées.
- 48 -
Chapitre I Etude bibliographique
Cependant, comme le montre la figure I.10, qui représente les courbes obtenues en ATVC
pour les modèles R2 et R3, il n'y a par contre pas beaucoup de différence entre les lois d'une
même famille.
Figure I.10 : Courbe α(T) obtenue en ATVC pour les modèles R2 et R3 [62]
Ces études, menées en analyse thermique à vitesse contrôlée, se limitent pour l'instant
aux modèles limites et supposent la séparation des variables au niveau de la constante
cinétique.
Remarque : Flynn et al. [64] utilisent également cette méthode de décrochements en analyse
thermique classique en arguant l'avantage par rapport aux méthodes isothermes où le passé réactionnel
peut influencer la vitesse de réaction. Avec cette méthode, tous les échantillons ont la même histoire
thermique. En utilisant les équations (I.31) et (I.44), ils obtiennent l'expression de l'énergie d'activation
en réalisant des sauts en température :
- 49 -
Chapitre I Etude bibliographique
T2 et T1 étant les températures avant et après le décrochement, v2 et v1 étant les vitesses obtenues avant
et après le décrochement. La valeur de la vitesse après le décrochement est extrapolée à l'instant du
décrochement.
L'analyse thermique à vitesse contrôlée est de plus en plus utilisée pour étudier la
cinétique d'une réaction. Par exemple, Tiernan et al. [51] ont étudié par ATVC la réduction
de CuO et NiO par l'hydrogène en gardant constante la vitesse de production de vapeur d'eau.
Par la méthode des créneaux, ils obtiennent une variation de l'énergie d'activation avec le
degré d'avancement de la réaction. Ils en déduisent par un raisonnement qualitatif la présence
et l'effet simultané de la germination et de la croissance sur les courbes cinétiques. Ils mettent
ainsi en évidence la nécessité de prendre en compte les deux phénomènes. Ils suggèrent aussi
qu'il faut mesurer une énergie d'activation pour la germination et une pour la croissance.
Par conséquent, il serait très intéressant de prendre en compte les modèles complexes
de germination-croissance en analyse thermique à vitesse contrôlée.
I.3 Conclusions
Dans cette revue bibliographique, nous avons d’abord tenté de comprendre l’origine des
lois de vitesse utilisées pour l’étude cinétique des réactions de transformation des solides. En
recherchant les hypothèses utilisées lors de l’établissement de ces lois, il a été possible de
recenser les différentes sortes de modèles en se basant sur les équations (I.14) et (I.18) et sur
les hypothèses suivantes :
• la pseudo-stationnarité de la croissance,
• la germination aléatoire en surface,
• l’étape limitante de la croissance,
• le mode de croissance des germes (isotrope ou anisotrope),
• le sens de développement de la nouvelle phase,
• la forme géométrique du solide initial.
- 50 -
Chapitre I Etude bibliographique
Remarque : un logiciel (« CIN ») regroupe l’ensemble des modèles du tableau I.5, permettant
ainsi d’avoir rapidement accès à l’allure théorique des courbes (α(t) et dα/dt(α)) et à la détermination
de φ et/ou γ.
Les critiques que nous avons pu émettre lors de cette analyse s’ajoutent à celles déjà
exprimées par de nombreux auteurs. En effet, Brown et Galwey [65] faisaient remarquer en
2000 le manque d’une théorie générale et la nécessité de la prise en considération de la
complexité des phénomènes. Baram [66] reproche notamment l'utilisation de modèle en
cinétique se limitant en général à des cas où la germination est instantanée.
- 51 -
Chapitre I Etude bibliographique
Dans le chapitre suivant, nous proposons une nouvelle méthodologie, afin de rendre
compte des réactions se déroulant en conditions non isotherme mais aussi non isobare, qui
permet de résoudre une partie des problèmes soulignés précédemment. Ainsi, nous essaierons
de développer une modélisation en conditions non isotherme et non isobare valable pour
l'ensemble des modèles (modèles limites et modèles complexes de germination croissance) et
également applicable aux systèmes mettant en jeu des réactions successives.
- 52 -
Chapitre II Approche non isotherme et non isobare de la modélisation cinétique
C
Chhaappiittrree IIII
Le but de cette étude est de développer des modèles permettant de décrire les réactions
solide-gaz en conditions non isotherme et non isobare. Afin de réaliser ce travail, nous allons
d'abord détailler une méthodologie pour mettre en place ces modèles. Celle-ci sera ensuite
appliquée pour les deux réactions étudiées : la déshydroxylation de la kaolinite et la réduction
de l'octooxyde de triuranium par l'hydrogène.
Pour rendre compte de l'évolution d'une réaction, nous allons développer d'une part un
modèle de transformation permettant de décrire l'évolution des zones réactionnelles au
cours du temps et de déterminer la zone réactionnelle où se déroule l'étape limitant la
croissance et d'autre part un modèle physico-chimique qui expliquera à l'aide de mécanismes
réactionnels comment évoluent les vitesses surfaciques de croissance et de germination en
fonction des paramètres intensifs de la réaction.
L'obtention de ces deux modèles nous permettra ensuite de connaître comment la
vitesse de réaction varie lorsque les paramètres physico-chimiques sont modifiés au cours du
temps.
- 53 -
Chapitre II Approche non isotherme et non isobare de la modélisation cinétique
Les objectifs de ce travail sont de pouvoir décrire, à l'aide de modèles, des réactions
solide-gaz lorsque la température ou la pression des gaz varie au cours du temps. Cette étude
entre dans le cadre d'un programme de recherche dont le but est la modélisation de fours
industriels où les conditions de température et de pression fluctuent. Elle sera donc utilisée par
la suite dans ce programme de recherche afin d’introduire les termes sources issus des
réactions.
Par ailleurs l'étude bibliographique du premier chapitre a montré que les modèles
développés en condition non isotherme utilisent des lois « simples » pour exprimer la
variation des constantes cinétiques en fonction de la température et de la pression :
• la température influe toujours sur la constante cinétique selon une loi d'Arrhenius ;
• pour les décompositions solides, ces études ne prennent pas généralement en compte
l'influence de la pression ; pour les réactions solide-gaz, la vitesse dépend de la pression
en gaz réactant selon une loi à « ordre ».
Comme nous l'avons montré, il est possible de déterminer l'évolution des grandeurs
cinétiques (réactivité surfacique de croissance et fréquence surfacique de germination) en
fonction de la température et de la pression. Nous prendrons en compte ces lois, dont les
expressions seront différentes pour chaque réaction, dans l'utilisation de la modélisation non
isotherme et non isobare.
- 54 -
Chapitre II Approche non isotherme et non isobare de la modélisation cinétique
Un autre aspect important de cette étude et qui sera développé dans les prochains
chapitres est la difficulté de réaliser des expériences réellement en conditions isotherme-
isobare. En effet, afin de démarrer une réaction, un des paramètres est modifié : montée rapide
en température, envoi du gaz réactant dans le réacteur.
Au départ, il existe donc toujours une durée pendant laquelle une des contraintes
intensives varie. Or, souvent le modèle, qui interprète ces réactions, considère un système
isotherme-isobare et ne prend pas en compte cette variation. Comme nous le verrons, il sera
possible à partir du modèle développé dans un premier temps en conditions isotherme et
isobare de tenir compte cette fois, du changement initial de température ou de pression.
Ainsi, notre travail consiste à développer des modèles permettant de décrire les
systèmes réactionnels en conditions non isotherme et non isobare aussi bien pour les modèles
limites que pour les modèles complexes de germination-croissance ou encore pour des
réactions successives.
Nous allons illustrer, à l’aide d’un exemple simple, l’influence du passé du solide sur
la vitesse de réaction à un degré d’avancement donné.
Prenons le modèle de germination-croissance anisotrope avec un développement
interne et une réaction limitant la croissance située à l'interface interne. Ce modèle a
notamment permis à Bouineau [14] de décrire la déshydratation du sulfate de lithium
monohydraté. Les grains sont supposés sphériques avec un rayon égal à 0,2 µm. Nous
supposons une réaction pouvant être décrite à l'aide de ce modèle. Deux expériences sont
réalisées. La première se déroule en conditions isotherme et isobare avec une température T1
et une pression P1 correspondant à des valeurs de la fréquence surfacique de germination de
γ1=109 germes.m-2.s-1 et de la réactivité surfacique de croissance de φ1=5.10-7 mol.m-2.s-1. La
deuxième expérience débute dans des conditions différentes avec une température T2 et une
pression P2 correspondant à γ2= γ1/1,5 et φ2= φ1/3. Pour cette seconde expérience, on réalise
un rapide décrochement à un temps égal à 2000 secondes afin de revenir aux conditions
expérimentales de la première expérience (T1,P1). Ainsi après le décrochement, les deux
expériences se déroulent dans les mêmes conditions. Or, comme le montre la figure II.1 qui
représente pour ces deux expériences la vitesse en fonction du degré d'avancement, la vitesse
- 55 -
Chapitre II Approche non isotherme et non isobare de la modélisation cinétique
de la réaction n'est pas la même après le décrochement. Ainsi, le passé réactionnel influe sur
la vitesse de réaction.
0.0003 T ,P
1 1
0.00025
T ,P
d α /dt (s )
-1
1 1
0.0002
0.00015
0.0001
T ,P
2 2
-5
5 10 Expérie nce iso therme-iso bare
Expérie nce avec un décrochement
0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
α
Figure II.1 : Influence du passé de la réaction, modèle complexe de germination-croissance
Si on prend le même modèle pour la croissance des grains avec les même paramètres
pour la réactivité surfacique de croissance, mais cette fois-ci avec une germination
instantanée, nous pouvons également calculer la vitesse de réaction pour une expérience
isotherme et une expérience avec un décrochement. Pour ce modèle limite, comme le montre
la figure II.2, le passé de la réaction n'a pas d'influence sur la vitesse.
0.0005
d α /dt (s )
-1
T ,P
1 1
0.0004
0.0003
0.0002
T ,P
2 2
0.0001
0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
α
Figure II.2 : Influence du passé de la réaction, modèle limite de germination instantanée
- 56 -
Chapitre II Approche non isotherme et non isobare de la modélisation cinétique
Cet exemple montre bien que le passé « thermique » de la réaction a une influence sur
la vitesse dans les cas où il existe une compétition entre la germination et la croissance. Il
n'est pas alors possible d'écrire la vitesse de la réaction sous la forme dα/dt =kf(α).
Remarque : les deux figures II.2 et II.3 correspondent en fait aux expériences réalisées pour le
test du cas limite (cf. I.3).
Remarque : l'étude par analyse thermique à vitesse contrôlée peut permettre parfois de
séparer ces réactions successives. Il est alors possible dans ce cas de modéliser chaque réaction
indépendamment.
Nous venons de montrer les raisons qui motivent cette étude. La première étape est de
mettre en place une méthodologie pour développer la modélisation de réactions en conditions
non isotherme et non isobare.
- 57 -
Chapitre II Approche non isotherme et non isobare de la modélisation cinétique
Comme nous l'avons évoqué dans le premier chapitre, la modélisation cinétique d'une
transformation mettant en jeu des solides doit expliquer l'évolution de la vitesse d'une réaction
en fonction du temps et des paramètres physico-chimiques. Le modèle prendra alors en
compte à la fois les variations géométriques du système réactionnel et les étapes élémentaires
mises en jeu au cours de la transformation.
Voyons d'abord la méthodologie utilisée pour les réactions correspondant à des
modèles de germination-croissance.
1 Etude expérimentale
Ce travail a deux objectifs : caractériser les échantillons étudiés d'un point de vue
géométrique et structural et déterminer les courbes cinétiques expérimentales en conditions
isotherme-isobare. Celles-ci seront obtenues par thermogravimétrie.
Nous supposons que la vitesse peut se mettre sous la forme de l'équation I.18,
dα/dt=φE, c'est-à-dire que le mécanisme de croissance peut s’écrire comme une succession
d’étapes élémentaires et qu’une de ces étapes peut être considérée comme limitante. Ceci
suppose que le système réactionnel est pseudo-stationnaire. Cette hypothèse sera donc
- 58 -
Chapitre II Approche non isotherme et non isobare de la modélisation cinétique
Les hypothèses précédentes étant vérifiées, nous allons chercher un modèle qui, à
partir d'hypothèses sur la germination et la croissance, permet de décrire comment la nouvelle
phase va se développer sur les grains de la phase initiale. Afin de choisir quel modèle pourra
décrire une réaction, nous nous appuierons à la fois sur la forme des courbes cinétiques
expérimentales et sur les expériences de caractérisations des produits réalisées avant et
pendant la réaction.
Nous calculerons la vitesse et la fonction d'espace relatives à ce modèle dans le cas de
grains de même taille mais également pour une poudre présentant une distribution
granulométrique. Pour cela nous calculerons le degré d'avancement pour chaque taille de
grain α(r,t) à l'aide du modèle et nous intégrerons cette expression sur l'ensemble des tailles
de grain.
- 59 -
Chapitre II Approche non isotherme et non isobare de la modélisation cinétique
- 60 -
Chapitre II Approche non isotherme et non isobare de la modélisation cinétique
Remarque : si les expressions des fonctions φ(T,P) et γ(T,P) sont connues mais pas les
paramètres relatifs à celles-ci (énergies d'activation apparentes …), il est possible de déterminer ces
paramètres en comparant directement le modèle aux expériences à température ou pression variable.
La figure II.3 présente un schéma qui résume la méthode pour déterminer un modèle
en conditions non isotherme et non isobare.
- 61 -
Chapitre II Approche non isotherme et non isobare de la modélisation cinétique
2 Vérification de la
pseudo-stationnarité du 7 Expériences non
1 Caractérisations "φE" et test du cas limite isotherme et/ou non-
isobare
3 Modèle de transformation
1 Expériences - grains de même taille : E(t)
"isotherme-isobare" - distribution granulométrique : Edg(t)
5
8 Modélisation en
4 condition non
γ(T,P) et φ(T,P) isotherme et non
isobare
6 4 6
Figure II.3 : Schéma de la méthodologie pour obtenir un modèle décrivant des réactions en
conditions non isotherme et non isobare
Nous pouvons également proposer une méthodologie pour déterminer les modèles
cinétiques relatifs à des réactions successives en conditions non isotherme et non isobare.
Celle-ci est proche de la méthodologie développée pour un cas de germination-
croissance.
La première partie concerne toujours l'obtention des courbes cinétiques expérimentales
et la caractérisation des échantillons, mais une étude plus complète sera réalisée sur
l'évolution de la structure du solide au cours de la réaction. Nous essaierons, ainsi, de mettre
en évidence les phases solides intermédiaires qui se forment.
Ensuite nous appliquerons la démarche précédente à savoir la détermination d'un
modèle de transformation et d'un modèle physico-chimique pour chaque réaction.
Une étape supplémentaire consistera à relier le degré d'avancement global mesuré
expérimentalement au degré d'avancement réel de chaque transformation.
Enfin nous terminerons en comparant les expériences réalisées en conditions non
isotherme et non isobare au modèle cinétique dans ces conditions.
- 62 -
Chapitre II Approche non isotherme et non isobare de la modélisation cinétique
- 63 -
Chapitre II Approche non isotherme et non isobare de la modélisation cinétique
- 64 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
C
Chhaappiittrree IIIIII
- 65 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
- 66 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
La kaolinite est généralement associée à l'état naturel à d'autres minéraux tels que le
mica ou le quartz.
• une recristallisation avec deux pics exothermiques vers 980°C et 1200°C, correspondant
dans un premier temps à la formation d'une phase transitoire, puis à la formation d'une
nouvelle phase, la mullite.
- 67 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
10
(H20)eq
0.1
0.001
P
-5
Métakaolinite
10
-7
10
200 300 400 500 600 700
T(°C)
Figure III.2 : Diagramme d'équilibre thermodynamique de la déshydroxylation de la kaolinite
A partir de cette figure, il apparaît qu'avec les données du logiciel Thermodata, dans
les conditions de températures et de pressions de vapeur d'eau choisies pour les expériences,
une grande partie de celles-ci ne devraient pas se dérouler.
- 68 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
4
10
100 Kaolinite
(hPa) 1
(H2O ) eq
0.01
0.0001
Métakaolinite
P
-6
10
D onnées "therm ochemic al properties
-8 of inorganic substances"
10
D onnées "therm odata" [71]
-10
10
300 350 400 450 500 550 600 650
T(°C)
Figure III.3 : Diagramme thermodynamique ; comparaison entre des données de différentes origines
Les mécanismes proposés pour décrire cette réaction font en général intervenir
plusieurs étapes dont une correspond à la dissociation d'ions hydroxydes, et une autre à la
formation d'eau. Selon certains auteurs, les groupements hydroxydes sont supposés adjacents
et la déshydroxylation est dite « homogène » [72-74], alors que d'autres pensent que les
hydroxydes qui réagissent ne sont pas proches et la déshydroxylation est dite « hétérogène »
[75-78]. Dans le deuxième cas, il est nécessaire de supposer une diffusion et une production
d'eau à la surface des grains.
Les études cinétiques réalisées sur cette réaction, soit en condition isotherme, soit en
programmation linéaire de température, utilisent les expressions mathématiques de la vitesse
qui correspondent seulement à des cas limites de germination ou croissance instantanée (en
particulier les lois de Sharp et al [19]). Les résultats de ces travaux diffèrent selon la nature
de l'atmosphère gazeuse. Les études menées sous pression atmosphérique [72,77,78,79,80]
proposent un modèle de type F1, c'est-à-dire un modèle de germination aléatoire et croissance
instantanée. Les travaux réalisés sous vide ou sous faible pression de vapeur d'eau sont plus
- 69 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
en accord avec un modèle de type D3 [81-84] ou D2 [61]. Comme nous l'avons évoqué dans le
premier chapitre, la loi D3, bien que souvent utilisée dans la littérature, n'a pas de signification
physique. La loi D2 correspond à un modèle de germination instantanée avec un mécanisme
de croissance limité par la diffusion selon deux directions (géométrie cylindrique).
Dans tous les cas, quelle que soit la loi utilisée pour décrire la réaction, il ne semble
pas possible de rendre complètement compte des expériences réalisées. Le modèle ne permet
de décrire l'expérience que jusqu'à un degré d'avancement environ égal à 0,7. Certains auteurs
[85,86] proposent un changement de mécanisme réactionnel afin de justifier cette non
correspondance du modèle en fin de réaction.
Cette réaction a également été étudiée par analyse thermique à vitesse controlée
[70,87,88]. Un modèle a ainsi été proposé en imaginant une compétition entre les lois F1 et D3
[70]. La forme des courbes obtenues pour des kaolinites différentes a permis de montrer que
la présence de défauts avait une influence sur le modèle à prendre en compte pour la
déshydroxylation. Il semblerait que pour une kaolinite bien cristallisée, la loi F1 soit
prépondérante, alors que dans le cas contraire la loi cinétique correspondrait plus à la loi D3.
L'influence de la pression de vapeur d'eau a également été étudiée par ATVC [88] pour
des pressions de 10-3 hPa et 5 hPa. L'énergie d'activation apparente déterminée à l'aide de la
méthode des créneaux de vitesse est différente pour ces deux pressions. Afin d'interpréter ce
résultat, il est proposé un changement de mécanisme réactionnel avec la pression de vapeur
d'eau : en dessous de 10-3 hPa, la diffusion est l'étape limitante, alors qu'au-dessus de 5 hPa, la
désorption de vapeur d'eau devient l'étape limitante.
Par diffraction des rayons X [70,77,78], il a été observé que la nouvelle phase obtenue,
la métakaolinite est très désordonnée voire amorphe. En fin de transformation, il reste au sein
de la métakaolinite environ 11% des groupements hydroxydes initiaux [89]. De plus, l'étude
par RMN de l'aluminium 27 [70,90] montre l'apparition d'ions aluminium de coordinances IV
et V au cours de la transformation. Cependant, il est important de noter que malgré cette
désorganisation de la structure du solide, la structure en feuillets persiste dans la
métakaolinite [89].
- 70 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
croissance instantanée, et de plus, il apparaît qu'un modèle unique ne permet pas de décrire la
totalité de la transformation. Nous allons donc essayer de développer un modèle cinétique en
partant d'une étude expérimentale isotherme-isobare avec une kaolinite de Géorgie qui
présente l'avantage d'être une kaolinite pure (à plus de 98%). Puis, nous essaierons d'étendre
ce modèle à des expériences non isothermes.
Les échantillons utilisés proviennent d'un gisement de Géorgie aux Etats Unis et sont
commercialisés par la firme Sigma.
- 71 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
150
140
130
120
110
100
Lin (Counts)
90
80
70
60
50
40
30
20
10
11 20 30 40 50 60
2-Theta - Scale
Figure III.4 : Diffractogramme des rayons X du solide initial et pics théoriques de la kaolinite
27
26
25
24
23
22
21
20
19
18
17
Lin (Counts)
16
15
14
13
12
11
10
9
8
7
6
5
4
3
2
1
0
10 20 30 40 50 60
2-Theta - Scale
Figure III.5 : Diffractogramme des rayons X du solide en fin de transformation
Les pics du diffractogramme du produit initial (figure III.4) montrent que le solide est
bien cristallisé, et correspondent aux pics théoriques de la kaolinite. De plus, la poudre ne
présente pas d’impuretés visibles par diffraction des rayons X.
En fin de transformation, le solide obtenu (figure III.5) correspond à une phase
amorphe ce qui est en accord avec les données bibliographiques sur la métakaolinite.
- 72 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
Ces observations ont été réalisées à l'aide d'un appareil Philips CM200 en dispersant la
poudre préalablement dans de l'éthanol. Ainsi, un grain de kaolinite est présenté sur la figure
III.6.
100nm
Figure III.6 : Cliché d'un grain de kaolinite observé par microscopie électronique à transmission
La forme de la face observée sur ce cliché est un hexagone allongé et, d'après la
bibliographie (cf. III.1.1), correspond sûrement à la face basale du grain. On peut donc
supposer que les grains se présentent bien sous la forme de plaquettes hexagonales de fine
épaisseur. Ceci va être vérifié par les observations de la poudre réalisées par microscopie
électronique à balayage.
Des clichés de la poudre ont été obtenus par microscopie électronique à balayage à
effet de champs de type JEOL JSM6500F. Ces micrographies ont montré à la fois la forme et
la taille des faces basales représentées par les clichés de la figure III.7, mais également
l'épaisseur des plaquettes en observant des empilements de plaquettes comme le montre la
figure III.8.
- 73 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
Figure III.7 : Observation des faces basales des grains par microscopie électronique à balayage
Figure III.8 : Observation des faces latérales (épaisseurs) des grains par microscopie électronique à
balayage
Ces micrographies confirment que les cristaux de kaolinite sont des plaquettes
hexagonales. L'épaisseur des plaquettes semble être proche pour tous les grains, environ égale
à 0,05 µm (figure III.8). Par contre, l'aire de la surface basale de ces plaquettes varie
beaucoup selon les grains observés. Ainsi, dans un premier temps, les grains seront considérés
de même taille puis, dans un deuxième temps, une distribution de la taille des surfaces basales
sera prise en compte au niveau du modèle afin de se rapprocher de la réalité.
De plus, nous avons également observé des grains de métakaolinite obtenus après la
déshydroxylation de la kaolinite. Ceux-ci sont représentés sur la figure III.9.
Comme on peut le noter sur cette figure, la taille et la forme des grains ne semblent
pas être modifiées après la déshydroxylation.
- 74 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
Figure III.9 : Observation des grains de métakaolinite par microscopie électronique à balayage
Dans la modélisation, il sera plus simple de représenter les grains par des cylindres de
rayon r0 de faible épaisseur e, comme le montre la figure III.10.
r0
e
- 75 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
80
3
60 désorption
50
40
30
20
10
0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
P/P
0
Figure III.11 : Isotherme d'adsorption-désorption d'azote sur la kaolinite de Géorgie
L'isotherme d'adsorption est de type II et est caractéristique d'une surface non poreuse
ou présentant des macropores.
Ainsi, les grains de kaolinite seront considérés comme non poreux.
L’isotherme d’adsorption étant de type II, l’équation BET est applicable. La surface
spécifique de la kaolinite a donc été calculée à l'aide de la méthode BET et est égale à
18 (±1) m2.g-1.
En considérant les grains cylindriques, tous de même taille et d'épaisseur e égale à
50 nm, il est possible d'estimer un rayon moyen rm de ces cylindres sachant que :
2πrm e + 2πrm2
S sp = (III.1)
ρπrm2 e
- 76 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
Les courbes granulométriques obtenues avec les deux théories optiques de Fraunhofer
et de Mie sont représentées sur la figure III.12.
5 Mie
4
Fraunhofer
% Vo lum e
0
0.1 1 10
Diam ètre (µ m )
Figure III.12 : Courbes granulométriques expérimentales
La théorie de Fraunhofer ne peut être utilisée pour des grains de tailles inférieures à un
micron et, vu les observations microscopiques, ne s'applique donc pas à la mesure de la taille
des grains de la kaolinite. La théorie de Mie est par contre applicable à la mesure de particules
submicrométriques. D'après la figure III.12, deux populations de grains sont présentes : une
- 77 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
16 Estim ée
14
M ie
12
% Volum e
10
8
6
4
2
0
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8
r ( µ m)
Figure III.13 : Courbe granulométrique estimée des rayons des grains et comparée à celle obtenue à
l'aide du granulomètre
- 78 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
Jauges Acquisition
pression informatique
de ∆m
H2O
Bain
thermorégulé
Echantillon
Four symétrique
mobile
Thermocouple
Creuset de référence
Enceinte
thermostatée
Figure III.14 : Schéma de la thermobalance utilisée pour l'étude de la déshydroxylation de la
kaolinite
- 79 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
que le four a atteint sa température de consigne, celui-ci est remonté rapidement afin de
démarrer la réaction. Un thermocouple placé sous le creuset indique qu'il faut à peu près
300 secondes pour que l'échantillon atteigne la température du four. Le début de la réaction
n'est donc pas en condition isotherme. Cependant, dans la première partie de la
modélisation, nous supposerons que la réaction se déroule en condition isotherme tout au long
de l'expérience. Nous reviendrons par la suite sur la non isothermicité du début de la réaction.
A partir de ce mode opératoire, les courbes cinétiques expérimentales ont été obtenues
pour différentes pressions de vapeur d'eau et différentes températures. Pour toutes ces
expériences, la partie non isotherme en début de réaction ne sera pas représentée.
Pour cette première série d'expériences, la température est fixée à 450°C. Les
expériences réalisées à différentes pressions de vapeur d'eau sont représentées sur la figure
III.15 avec les courbes α(t).
- 80 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
1 2,5hPa
-3
10 hPa 5hPa
0.8
3,8hPa
0.6
10hPa
α
0.4
0.2
0
4 4 4 4 4
0 1 10 2 10 3 10 4 10 5 10
temps (s)
Figure III.15 : Courbes cinétiques expérimentales à 450°C pour différentes pressions de vapeur d'eau
1 500°C
490°C
480°C
0.8 470°C 460°C
450°C
0.6
α
0.4
0.2
0
0 1000 2000 3000 4000 5000 6000 7000 8000
temps (s)
Figure III.16 : Courbes cinétiques expérimentales à PH2O=2,5 hPa pour différentes températures
- 81 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
1 520
500
0.8
480
T(°C)
0.6
T(°C)
460
α
0.4 α 440
420
0.2
400
0
4
0 2000 4000 6000 8000 1 10
temps (s)
Figure III. 17 : Courbe cinétique expérimentale pour une montée en température de 3°C.min-1 jusqu'à
500°C (PH2O=2,5 hPa)
Afin de rendre compte des courbes expérimentales obtenues dans ces différentes
conditions, nous allons mettre en place un modèle en utilisant des hypothèses simplificatrices
et en considérant d'abord la forme des courbes obtenues en condition « isotherme ».
- 82 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
La construction du modèle repose toujours sur certaines hypothèses qu'il est nécessaire
de vérifier préalablement. Nous verrons successivement :
• la pseudo-stationnarité,
• le test du φE,
• le test du cas limite.
- 83 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
dQ ∆H 0 dm
= (III.3)
dt 2M H 2O dt
où ∆H0 est l'enthalpie standard de la réaction et MH2O est la masse molaire de l'eau.
0.0001
vitesse de perte de m asse 0
0
-4
-1
-1 10 -1
dQ /dt (mW )
-0.0002
-2
-0.0003
-0.0004 -3
-0.0005
-4
-0.0006
D'après la figure III.18, il existe bien une affinité orthogonale entre la vitesse de perte
de masse et la puissance thermique pour un degré d'avancement supérieur à 0,2. Donc, le
système est pseudo-stationnaire au moins à partir de ce degré d'avancement.
De plus, à partir de l'équation (III.3) et du rapport entre la vitesse de perte de masse et
la puissance thermique obtenue à partir de la figure III.18, nous avons pu déterminer la valeur
de l'enthalpie standard à 450°C :
∆H0=230 (±15) kJ.mol-1
Cette valeur est inférieure à celle obtenue à l'aide les données thermodynamiques [71]
(∆H0=270 kJ.mol-1).
- 84 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
T=300°C T=600°C
0.0005 0
0
dQ/dt
-5
dm/dt (mg.s )
-1
-0.0005
dQ/dt (m W )
-0.001 dm/dt
-10
-0.0015
-0.002
-15
-0.0025
-0.003 -20
-0.0035
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
α (= ∆ m/m)
Figure III.19 : Comparaison de la vitesse de perte de masse et de la puissance thermique pour une
programmation de température de 8°C.min-1
III.3.1.1.2 Test du φE
- 85 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
Ainsi, une série d'expériences est effectuée avec au départ les mêmes conditions de
température, 450°C, et de pression de vapeur d'eau, 2,5 hPa. A un certain instant de la
réaction, la pression est modifiée rapidement à l'aide du bain thermostaté pour obtenir une
pression de vapeur d'eau égale à 10 hPa. Quelques exemples de ces décrochements sont
présentés sur la figure III.20.
10hPa
0.8
10hPa
10hPa
0.6
α
2,5hPa
0.4 10hPa
0.2
0
0 1000 2000 3000 4000 5000 6000 7000
temps (s)
Figure III.20 : Courbes du degré d'avancement en fonction du temps pour des décrochements en
pression de vapeur d'eau de 2,5 à 10 hPa
Pour chaque expérience, les vitesses, avant (vg) et après (vd) le décrochement, sont
mesurées, et les rapports entre les deux vitesses sont calculés. Ces résultats sont présentés
dans le tableau III.1.
A partir de ce tableau et vu l'erreur estimée sur les mesures, il est possible de conclure
que le rapport des vitesses ne varie pas quel que soit l'instant du décrochement. Ainsi, la
α/dt=φ
vitesse peut s'écrire sous la forme dα φE.
- 86 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
0.0007
T=460°C
0.0006
0.0005
d α /dt (s )
-1
T=450°C
0.0004
T=460°C
0.0003
0.0002
0.0001
0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
α
Figure III.21 : Test du cas limite (PH2O=2,5 hPa)
La vitesse est différente après le décrochement pour les deux expériences (qui sont
alors dans les mêmes conditions expérimentales). La vitesse dépend donc du passé de la
réaction et nous en déduisons que le modèle de transformation est un cas complexe de
germination-croissance (et non un modèle limite comme on l'a vu dans l'étude
bibliographique).
Une fois ces trois tests réalisés, il est possible de choisir un modèle de transformation
en tenant compte de la forme des courbes cinétiques expérimentales obtenues dans les
conditions "isotherme" et isobare.
- 87 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
0.0012
0.001
0.0008
d α /dt (s )
-1
0.0006
0.0004
0.0002
0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
α
Figure III.22 : Courbe cinétique dα/dt en fonction de α pour T=480°C et PH2O=2,5 hPa
Deux éléments de cette courbe vont être utiles pour construire le modèle :
• la présence d'un maximum en accord avec une compétition entre la germination et la
croissance (cf. test du cas limite au III.3.1.1.3),
• la forme de la courbe caractéristique d'une étape limitante de diffusion. Ce résultat est en
accord avec la bibliographie pour les modèles de type D2 (cf. III.1.3).
Compte tenu de la nature même de la transformation (déshydroxylation), le sens du
développement de la nouvelle phase, la kaolinite, ne peut être qu'interne.
Nous ne connaissons pas le volume molaire de la métakaolinite. Donc, il n'a pas été
possible de calculer le coefficient d'expansion volumique Z pour cette réaction. Cependant,
étant donné que les observations microscopiques montrent que la taille des grains semble être
la même au début et en fin de réaction et que la surface spécifique ne varie pas non plus au
cours de la déshydroxylation, nous supposons que la taille des grains reste constante durant la
réaction, et donc que le coefficient d'expansion volumique est égal à 1.
Pour interpréter les courbes cinétiques expérimentales, nous proposons un modèle de
germination-croissance anisotrope. Ainsi que nous l'avions remarqué au I.1.3 (tableau I.2),
seule la croissance anisotrope est compatible avec une étape de diffusion.
- 88 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
Métakaolinite
Kaolinite
Kaolinite
Métakaolinite
Métakaolinite (germe)
Figure III. 24 : Poudre de kaolinite en cours de déshydroxylation
A partir des hypothèses de ce modèle, il est possible de calculer les courbes théoriques
du degré d'avancement et de la vitesse en fonction du temps.
- 89 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
dα =VmKφγs0 exp(−γs τ)
t
−4
dt r0 ∫ 0
ln(1− β(t,τ))
dτ (III.4)
0
où VmK est le volume molaire de la kaolinite. β(t,τ) est le degré d’avancement d’un grain né à
τ et est solution de l'équation :
4VmKφ
β +(1−β)ln(1−β)= (t −τ) (III.5)
r0
centre SIMMO de l'Ecole des Mines de Saint Etienne, il est possible d'obtenir la vitesse dα
dt
en fonction du temps et, par intégration de celle-ci, l’expression du degré d’avancement.
Remarque : l'équation (III.4) correspond à l'écriture dα/dt=φE avec une fonction d'espace
égale à :
Vm γs t −4
E(t)= K 0 ∫exp(−γs0τ) dτ (III.6)
r0 0 ln(1− β(t,τ))
- 90 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
calcul pour n’importe quel rayon et d’en déduire l’expression du degré d’avancement pour
une poudre de grains de tailles différentes (cf. équation I.66).
La vitesse peut s’écrire sous la forme :
dα( t ) rmax dα( t , r )
=∫ g( r )d ( r ) (III.7)
dt rmin dt
rmin est le rayon des plus petits grains et rmax le rayon des plus gros.
La distribution granulométrique des rayons des particules (g(r)) a été présentée sur la
figure III.13.
De nouveau, l’ensemble des calculs a été réalisé à l’aide du logiciel Matlab 5.3.
Les courbes théoriques obtenues à partir des équations (III.4) et (III.5) dépendent de
deux paramètres inconnus : γ et φ. La détermination de ces paramètres est réalisée à l’aide de
la méthode présentée dans l'annexe D en utilisant les vitesses réduites et le paramètre de
modèle A. Les équations de la vitesse réduite sont présentées dans l’annexe E. De plus, dans
cette annexe, figure également un exemple de comparaison en vitesse réduite d'une courbe
expérimentale et d'une courbe théorique, avec la recherche du paramètre A, ainsi que la
détermination de l'erreur sur A, φ et γ. Comme le montre le tableau III.2, le paramètre de
modèle (proportionnel au rapport γ/φ) augmente avec la pression de vapeur d’eau.
Ainsi, nous avons pu déterminer les valeurs de φ et γ par ajustement entre les courbes
calculées et les courbes expérimentales. La confrontation entre ces courbes de vitesse en
fonction du degré d'avancement pour différentes pressions de vapeur d’eau, et pour une
température de 450°C, est présentée sur la figure III.25.
- 91 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
Remarque 1 : seule la partie isotherme des courbes expérimentales est représentée sur les
figures qui montrent la comparaison entre le modèle et l’expérience.
0.0006 -3
10 hPa
Expériences
0.0005
Modèle
d α /dt (s )
2,5 hPa
-1
0.0004
3,8 hPa
0.0003
5 hPa
0.0002
0.0001 10 hPa
0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
α
Figure III.25 : Comparaison des courbes cinétiques expérimentales et théoriques pour différentes
pressions de vapeur d’eau (T=450°C)
Pour les pressions de vapeur d’eau comprises entre 10-3 et 5 hPa, le modèle représente
assez bien la vitesse expérimentale sauf pour la fin des courbes. On peut penser que ces écarts
- 92 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
proviennent de la granularité de la poudre qui n’a pas encore été prise en compte, et peut être
aussi du début non isotherme des expériences.
Pour l’expérience réalisée à 10 hPa, le modèle n’interprète pas bien le début de
l’expérience. Cette expérience est proche du cas limite de germination instantanée.
Comme le montre la figure III.26, les courbes théoriques ont également été comparées
aux expériences réalisées à différentes températures pour une même pression de vapeur d’eau
(2,5 hPa).
0.0024
Expériences
0.002 500°C Modèle
0.0016
d α /dt (s )
-1
490°C
0.0012 480°C
470°C
0.0008
460°C
0.0004
450°C
0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
α
Figure III. 26 : Comparaison des courbes cinétiques expérimentales et théoriques pour différentes
températures (PH2O=2,5 hPa)
L’ajustement a été plus délicat. En effet, plus les expériences se déroulent à haute
température, plus une partie importante de la réaction se déroule en condition non isotherme.
Par exemple à 500°C, la partie isotherme de l’expérience débute seulement à partir d’un degré
d’avancement égal à 0,2. Ceci explique pourquoi le modèle ne décrit pas bien l’expérience à
490°C et 500°C : le modèle considère que la réaction se déroule en condition isotherme, or
avec ces températures, on s’éloigne beaucoup de ces conditions.
Pour les courbes obtenues à une température inférieure, nous pouvons faire les mêmes
remarques que précédemment à savoir que le modèle décrit assez bien l’expérience, mais qu'il
existe des écarts en fin d’expérience.
Afin d’essayer de comprendre cette différence entre les courbes théoriques et
expérimentales en fin de réaction, nous avons considéré une distribution granulométrique
dans le calcul de la vitesse.
- 93 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
0.0006 -3
10 hPa
Expériences
0.0005
Modèle
2,5hPa
0.0004
d α /dt (s )
-1
3,8hPa
0.0003
5hPa
0.0002
0.0001
10hPa
0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
α
Figure III.27 : Comparaison des courbes cinétiques expérimentales et théoriques pour différentes
pressions de vapeur d’eau (T=450°C) en considérant une distribution granulométrique
0.0025
Expériences
Modèle
0.002 500°C
d α /dt (s )
-1
0.0015 490°C
480°C
0.001
470°C
460°C
0.0005
450°C
0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
α
Figure III.28 : Comparaison des courbes cinétiques expérimentales et théoriques pour différentes
températures (PH2O=2,5 hPa) en considérant une distribution granulométrique
- 94 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
Comme le montrent ces deux figures, la prise en compte des différentes tailles des
grains dans le calcul de la vitesse, donne un meilleur accord entre les courbes calculées et les
courbes expérimentales, en particulier en ce qui concerne la fin de la réaction.
Cependant, pour des températures élevées où la réaction se déroule rapidement, une
nouvelle fois le modèle n’interprète pas bien la courbe cinétique expérimentale. Ceci est la
conséquence du traitement des courbes en condition isotherme alors qu’une partie a lieu à
température non constante. Il est donc nécessaire de prendre en compte dans le modèle, la
variation initiale de température.
Mais pour cela, il faut connaître l’évolution de la réactivité surfacique de croissance et
celle de la fréquence surfacique de germination en fonction de la température. Afin d'obtenir
les lois correspondantes, nous présentons les résultats de la modélisation physico-chimique.
L’ajustement des courbes théoriques sur les courbes expérimentales nous a permis
d’obtenir les valeurs de la fréquence surfacique de germination, et de la réactivité surfacique
de croissance en fonction de la pression de vapeur d’eau, et de la température. Ces valeurs
sont présentées dans les figures III.29 et III.30.
- 95 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
-7 11
1 10 2.5 10
-8 11 γ
γ (germ e.m .s )
8 10 φ 2 10
-1
φ (mole.m .s )
-1
-2
-8
-2
11
6 10 1.5 10
-8 11
4 10 1 10
-8 10
2 10 5 10
0 0
0 2 4 6 8 10
0 2 4 6 8 10
P (hPa)
P (hPa) H2O
H2O
11
-7 2 10
7 10
-7
6 10 11
γ (germes.m .s )
φ -1
1.6 10
φ (mole.m .s )
-1
5 10
-7 γ
-2
-2
11
-7 1.2 10
4 10
-7
3 10 10
8 10
-7
2 10
-7 10
1 10 4 10
0
450 460 470 480 490 500 450 460 470 480 490 500
T(°C) T(°C)
Figure III.30 : Valeurs de φ et γ en en fonction de la température
- 96 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
1 φ(PH2O)
0.6 3,8hPa
5hPa
0.5
8hPa 10hPa
0.4
α
0.3
0.2
2,5hPa
0.1
0
0 1000 2000 3000 4000 5000 6000
t (s)
Figure III. 31 : Décrochements en pression de vapeur d'eau (T=450°C)
Le rapport des vitesses, avant et après le décrochement, permet d'accéder aux valeurs
de φ(PH2O)/φ(2,5 hPa) à 450°C présentées sur la figure III.32.
2.5
2
)/ φ (2.5hPa)
1.5
H2O
1
φ( P
0.5
0
0 2 4 6 8 10
P (hPa)
H2O
Figure III. 32 : Evolution de φ en fonction de la pression de vapeur d'eau par la méthode des
décrochements (T=450°C)
- 97 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
1 φ(T)
1 500°C
490°C
0.8 480°C
470°C
0.6
460°C
α
0.4
0.2
450°C
0
0 1000 2000 3000 4000 5000
temps (s)
Figure III.33 : Décrochements en température (PH2O=2,5 hPa)
14
12
φ (T)/ φ (450°C)
10
0
450 460 470 480 490 500
T(°C)
Figure III. 34 : Evolution de φ en fonction de la température par la méthode des décrochements
(PH2O=2,5 hPa)
- 98 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
2.5
-3
10 hPa
)/ φ (2,5hPa)
1.5
1 2,5hPa
H2O
φ (P
3,8hPa
0.5
10hPa 5hPa
0
-8 -8 -8 -8 -7
0 2 10 4 10 6 10-2 -1 8 10 1 10
φ (P ) (mole.m .s )
H2O
(modèle de transformation)
Figure III.35 : Comparaison des valeurs de la réactivité surfacique de croissance obtenues par le
modèle de transformation et par la méthode des décrochements pour différentes pressions de vapeur
d’eau
De même les valeurs de la réactivité surfacique de croissance ont été comparées pour
différentes températures, sur la figure III.36, en traçant φ(T)/φ(450°C) obtenu par la méthode
des décrochements en fonction de φ(T) obtenue par confrontation entre les expériences et le
modèle de transformation. Comme nous l’avons évoqué, les valeurs de la réactivité surfacique
- 99 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
de croissance à 490°C et 500°C sont très approximatives puisque ces expériences doivent être
modélisées en condition non isotherme. Ainsi, nous comparerons uniquement les valeurs
obtenues pour des températures inférieures.
5 4 80°C
4
φ (T)/ φ (450°C)
470°C
3
4 60°C
2
450°C
0
-8 -7 -7 -7 -7 -7
0 5 10 1 10 1.5 10 2 10 2.5 10 3 10
-2 -1
φ (T) (mole.m .s )
(m odèle de transformation)
Figure III.36 : Comparaison des valeurs de la réactivité surfacique de croissance obtenues par le
modèle de transformation et par la méthode des décrochements pour différentes températures
De nouveau, il existe une relation linéaire entre les valeurs de la réactivité surfacique
de croissance obtenues par les deux méthodes pour différentes températures.
Ce résultat valide le modèle de germination-croissance anisotrope et les valeurs de la
réactivité surfacique de croissance obtenues à l'aide de ce modèle.
Essayons de trouver à présent un mécanisme de croissance qui permette d’interpréter
l'évolution de cette grandeur en fonction des paramètres physico-chimiques.
- 100 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
2− OHOHKint → •
← OOH Kint +H iMKint
'
5− H2O−s →
← H2O(g) +s
•
6− O'OHK +VOH → O×
K
int int ← OMKint
Les deux premières étapes se déroulent à l'interface interne (entre la kaolinite et la
métakaolinite), et correspondent à la création de défauts : ions hydroxydes en positions
interstitielles et protons dans la métakaolinite, lacunes d'hydroxydes et ions oxygène en
positions d'hydroxydes dans la kaolinite. La troisième étape est la diffusion des défauts au
sein de la métakaolinite, de l'interface interne vers l'interface externe. L'étape (4) a lieu à
l'interface externe et correspond à la formation d’une molécule d'eau qui est désorbée pendant
l'étape (5). L'étape (6) traduit l'avancement de l'interface interne avec la création de la phase
métakaolinite.
D'après le modèle de transformation, l'étape limitant la croissance est une étape de
diffusion à travers la couche de métakaolinite formée. Il s'agit de l'étape (3). Deux défauts
diffusent : les ions hydroxydes et les protons. Celui qui possède le plus faible coefficient de
diffusion est vraisemblablement l'ion hydroxyde en position interstitielle. En supposant
l'électroneutralité de la métakaolinite, les protons vont diffuser à la même vitesse que les ions
hydroxydes.
Les étapes (1), (2), (4), (5) et (6) sont supposées être à l'équilibre et on note Ki la
constante d'équilibre de l'étape i. Ainsi, en considérant l'étape de diffusion des ions
hydroxydes comme étape limitante, l'expression de la réactivité surfacique de croissance peut
s'écrire selon l'équation (III.8) :
- 101 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
Les étapes (1), (2), (4), (5) et (6) étant à l'équilibre, on peut écrire les équations :
•
K1 =[VOH K int
][OH 'iMK int ] (III.9)
[H 2O−s]
K4 = •
(III.11)
[H iMKext ][OH 'iMKext ][s]
[s]PH 2O
K5 = (III.12)
[H 2O−s]
K6 = 1 (III.13)
•
[O'OH K int ][VOH K int
]
Nous noterons Peq la pression de vapeur d’eau à l’équilibre. L’équation (III.17) peut
donc également s’écrire :
P 1/2
φ=D K 1 K 2 K 6 1 − H1/2
2O (III.18)
r0 Peq
- 102 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
• φ(PH2O) :
L'équation (III.18) peut être confrontée aux valeurs expérimentales obtenues, soit par
comparaison avec l’expérience, soit par la méthode des décrochements.
Ainsi, la figure III.37 présente l’ajustement de la loi précédente par rapport aux valeurs
de φ en fonction de la pression de vapeur d’eau pour une température de 450°C.
-7
1 10 T=450°C
-8
8 10
φ (mole.m .s )
-1
1/2
P 2O
φ = D K 1K 2 K 6 (1− H1/2 )
-2
-8 r0 P
6 10 eq
-8
4 10
-8
2 10
0
0 2 4 6 8 10
P (hPa)
H2O
Figure III.37 : Comparaison des valeurs expérimentales de φ à différentes pressions de vapeur d’eau
avec la loi déterminée à l’aide du mécanisme réactionnel de croissance
- 103 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
Remarque : à chaque fois que nous ajustons les paramètres d'une loi par rapport à des valeurs
expérimentales, nous déterminons une erreur sur ces paramètres. Celle-ci est calculée à l'aide d'un
programme d'ajustement du logiciel Kaleidagraph basé sur une méthode des moindres carrées . Cette
erreur ne prend pas en compte les barres d'erreur obtenues sur les valeurs expérimentales.
• φ(T) :
Ki0 =exp(−∆Si0 R) .
Ainsi, l’équation (III.18) peut être écrite en fonction de la température :
E a + ∆ H 10 2 + ∆ H 20 2 + ∆ H 60 2 PH 2 O
1/2
D0 K 10 K 20 K 60
φ= exp - 1− 1/2 (III.19)
r0 RT Peq ( T )
- 104 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
-7
3.5 10
E + ∆H10 2+ ∆H 02 2+ ∆H 06 2 PH 2O
1/2
D0 K10K 02K 06
exp - × 1− 1/2
-7
3 10 φ=
r0 RT Peq (T)
φ (mole.m .s )
-1
-7
2.5 10
-2
-7
2 10
-7
1.5 10
-7
1 10
-8
5 10
0
720 725 730 735 740 745 750 755
T(K)
Figure III.38 : Comparaison des valeurs expérimentales de φ à différentes températures avec la loi
déterminée à l’aide du modèle physico-chimique
La loi (III.19) est en bon accord avec les valeurs expérimentales de φ en fonction de la
température. L’ajustement se fait au moyen de deux paramètres, et en conséquence :
- 105 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
D0 K10K02K06
3,2.107 ≤ ≤1,1.109 mole.m−2.s−1
r0
Remarque : l'erreur sur le paramètre D0 K10K 02K 06 r0 est très grande. Ceci peut paraître
surprenant. En fait, ce résultat est dû au fait que les erreurs sur les deux paramètres de la loi (III.19)
sont liées. Prenons un exemple pour justifier ce propos. Nous notons Ac le paramètre D0 K10K 02K 06 r0
et Eac le paramètre Ea +∆H10 2+∆H02 2+∆H06 2 . Prenons deux couples de paramètres (Ac1,Eac1) et
(Ac2,Eac2) qui permettent d'obtenir un ajustement valable de la loi (III.19) par rapport aux valeurs
expérimentales. Alors, il est possible d'écrire :
PH 2 O
1/2
PH 2 O
1/2
E ac 1 E ac 2
Ac 1 exp - 1− 1/2 ≈ A exp - 1− 1/2
RT P ( T ) c2 RT Peq ( T )
eq
A partir de cette équation, nous pouvons écrire :
E −E
Ac 1 ≈ Ac2 exp - ac 2 ac 1
RT
Supposons alors qu'il existe un erreur sur l'énergie d'activation apparente (Eac) de 15 kJ.mole-1
et prenons la température à 480°C.
Si l'erreur est de +15 kJ.mole-1 alors Ac1≈0,09Ac2
Si l'erreur est de –15 kJ.mole-1 alors Ac1≈11Ac2
Ceci montre bien qu'une faible erreur sur Eac entraîne une forte erreur sur Ac.
- 106 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
1− OHOHext →
← OOHext +H i
' •
2− OHOHext +H•i +s →
•
← H2O−s+VOHext
3− H2O−s →
← H2O+s
4− nO'OHext +nVOHext →
• ×
← nOOMK
Remarque : ce mécanisme s'inspire de ceux proposés par Bouineau [14] et Brun [17] pour
les réactions de déshydratation du sulfate de lithium monohydraté, de décomposition du carbonate de
calcium et de réduction de l'octooxyde de triuranium par l'hydrogène.
Nous supposons une étape limitante pour la germination. Il peut s’agir a priori de
n’importe laquelle des quatre étapes. Pour chaque cas, nous avons calculé la vitesse de
germination en considérant les autres étapes à l’équilibre. Ces expressions sont rassemblées
dans le tableau III.3. Nous notons kgi la constante cinétique de l’étape i, Kgi la constante
d'équilibre de l’étape i. Le produit des constantes d’équilibre des quatre étapes est égal à la
pression d’équilibre de la germination notée Pgeq ( Pgeq =Kg1Kg2Kg3K1/n
g4 ).
- 107 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
Toutes les lois obtenues à partir du mécanisme de germination mettent en avant une
diminution de la fréquence surfacique de germination en fonction de la pression de vapeur
d’eau. Or, expérimentalement (cf. figure III.29), on observe une fréquence surfacique de
germination constante aux faibles pressions de vapeur d’eau, puis qui augmente aux plus
fortes pressions. Aucune de ces lois ne peut rendre compte de cette augmentation.
Toutefois comme le montre la figure III.39, les lois (III.22) et (III.24) peuvent
expliquer que la fréquence surfacique de germination ne varie pas en fonction de la pression
de vapeur d'eau, si on considère que la germination se déroule loin de l’équilibre
thermodynamique de ce processus, et si on se limite aux basses pressions.
11
2.5 10
11
2 10
γ (germes.m .s )
-1
-2
11
1.5 10
11
1 10
10
5 10
0
0 2 4 6 8 10 12
P (hPa)
H2O
- 108 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
g4 〉〉 1 ou K g1 K g2 K g4 〈〈 1 .
K g1 K g2 K 1/n 1/n
Comme le montre la figure III.40, cette loi est en accord avec l’évolution de la
fréquence surfacique de germination en fonction de la température.
11
1 10
10
9 10
γ (germes.m .s )
-1
10
8 10 Eag
γ=Ag exp(−
-2
)
10 RT
7 10
10
6 10
10
5 10
10
4 10
10
3 10
720 725 730 735 740 745 750 755
T (K)
Figure III.40 : Confrontation de la loi cinétique de germination en fonction de la température avec
les valeurs déterminées à l’aide du modèle de transformation (PH2O=2,5 hPa)
- 109 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
dt ∫ 0 0 ∫0
r0 ln(1−
1
β(t,τ))
dτ (III.27)
0
- 110 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
Un exemple est présenté sur la figure III.41 où nous comparons la courbe de vitesse
d'une expérience réalisée à 490°C sous 2,5 hPa et la courbe théorique obtenue avec le modèle
non isotherme. La variation de la température enregistrée depuis le début de l'expérience est
également représentée sur cette figure.
480
d α /dt (s )
-1
0.001
460
T (°C)
440
0.0005
Expérience
Modèle 420
0 400
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
α
Figure III.41 : Comparaison des courbes cinétiques expérimentale et théorique, obtenues à l'aide du
modèle non isotherme, à 490°C et pour PH2O=2,5 hPa
- 111 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
0.0015 490°C
Expériences
M odèle
480°C
d α /dt (s )
-1
0.001
470°C
0.0005 460°C
0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
α
Figure III.42 : Comparaison des courbes cinétiques expérimentales et théoriques, obtenues à l'aide
du modèle non isotherme, pour différentes températures (PH2O=2,5 hPa)
Voyons, pour terminer, l'utilisation du modèle pour interpréter les courbes cinétiques
expérimentales obtenues dans le cas d'une programmation linéaire de la température en
fonction du temps.
Comme on le voit sur ces trois figures, il existe à chaque fois des écarts entre les
courbes cinétiques théoriques et les courbes cinétiques expérimentales.
- 112 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
0.00028 460
0.00024 450
0.0002 T (°C)
440
d α /dt (s )
-1
T(°C)
0.00016
430
0.00012
-5 420
8 10
-5 Expérience 410
4 10
Modèle
0 400
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
α
Figure III.43 : Comparaison des courbes cinétiques expérimentale et théorique pour une montée
linéaire en température de 1°C.min-1 suivie d'un palier à 450°C avec PH2O=2,5 hPa
0.00035 500
T(°C)
0.0003
480
0.00025
d α /dt (s )
-1
460
T(°C)
0.0002
0.00015 440
0.0007
500
0.0006
d α /dt (s )
480
-1
0.0005
T (°C)
0.0004 460
0.0003
Expérience 440
0.0002 Modèle
420
0.0001
0 400
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
α
Figure III.45 : Comparaison des courbes cinétiques expérimentale et théorique pour une montée
linéaire en température de 3°C.min-1 suivie d'un palier à 500°C avec PH2O=2,5 hPa
- 113 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
Les différences entre les vitesses calculée et expérimentale peuvent être expliquées en
considérant l'imprécision sur les valeurs de la réactivité surfacique de croissance et surtout sur
celles de la fréquence surfacique de germination. Plusieurs causes sont explicitées dans ce qui
suit : l'incertitude sur l'estimation de γ et φ, le choix de la fonction γ(T) et la méthode de
détermination de γ.
Comme l'ont montré les figures III.29 et III.30, une erreur a été déterminée sur les
valeurs expérimentales de la fréquence surfacique de germination et de la réactivité surfacique
de croissance. On peut alors se demander comment celle-ci peut intervenir sur les lois φ(T) et
γ(T).
Pour cela, nous avons cherché à exprimer, de nouveau, les variations de ces deux
grandeurs en fonction de la température, toujours avec les lois (III.19) et (III.26), mais en
prenant cette fois-ci pour les températures la plus basse et la plus haute, les valeurs situées aux
extrémités des barres d'erreur, comme le montre la figure III.46. Nous obtenons ainsi deux
nouvelles courbes de variation de φ et γ en fonction de la température. Ces courbes
correspondent aux variations maximale et minimale de φ et γ dans le domaine de température
considéré. Ces variations maximale et minimale, ainsi obtenues, sont notées respectivement 1
et 2 pour la fréquence surfacique de germination et a et b pour la réactivité surfacique de
croissance.
11
1 10 -7
10
3.5 10 a
9 10 -7
3 10
γ (germes.m .s )
1
-1
φ (mole.m .s )
-1
10
8 10 2.5 10
-7
b
-2
-2
10 -7
7 10 2 10
10 -7
6 10 1.5 10
10 -7
5 10 2 1 10
-8
4 10
10 5 10
10 0
3 10
720 725 730 735 740 745 750 755 720 725 730 735 740 745 750 755
T (K)
T(K)
Figure III.46 : Estimation des lois de γ(T) et φ(T) en tenant compte de l'erreur expérimentale
Nous avons alors associé dans la loi de vitesse (équations III.27), les lois de
germination et de croissance correspondant, d'une part aux variations de φ et γ les plus
- 114 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
1 2
-2 -1
Ag (germe.m .s ) 2.1021 5,55.1010
γ Eag (kJ.mole-1) 150 0
a b
D0 K10K 02K 06 r0 (mole.m-2.s-1) 5,8.109 6,5.106
φ
Ea +∆H10 2+∆H02 2+∆H06 2 (kJ.mole-1) 231 190
Tableau III.4 : Valeurs des paramètres des lois cinétiques exprimant γ et φ en tenant compte de la
barre d'erreur expérimentale
Les vitesses théoriques, ainsi calculées, sont comparées, d'une part aux courbes
cinétiques expérimentales, et d'autre part aux courbes calculées précédemment sur les figures
III.47, III.48, III.49.
Remarque : l'erreur estimée sur la réactivité surfacique de croissance est plus faible que celle
estimée sur la fréquence surfacique de germination. Les différentes courbes φ(T) sont assez proches.
On peut donc penser que l'erreur estimée sur γ va davantage jouer un rôle sur la forme des courbes
cinétiques.
0.0003
Expérience
0.00025 Modèle
Modèle "2-b"
d α /dt (s )
0.00015
0.0001
-5
5 10
0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
α
Figure III.47 : Comparaison des courbes cinétiques expérimentale et théoriques en tenant compte de
l'erreur sur les valeurs de φ et γ pour une montée linéaire en température de 1°C.min-1 suivie d'un
palier à 450°C avec PH2O=2,5 hPa
- 115 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
0.00032
0.00028
0.00024
d α /dt (s )
-1
0.0002
0.00016
Expérience
0.00012
Modèle
-5
8 10 Modèle "2-b"
4 10
-5 Modèle "1-a"
0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
α
Figure III.48 : Comparaison des courbes cinétiques expérimentale et théoriques en tenant compte de
l'erreur sur les valeurs de φ et γ pour une montée linéaire en température de 1°C.min-1 suivie d'un
palier à 480°C avec PH2O=2,5 hPa
0.0008
0.0007
0.0006
d α /dt (s )
-1
0.0005
0.0004
Expérience
0.0003
Modèle
0.0002 Modèle "2-b"
0.0001 Modèle "1-a"
0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
α
Figure III.49 : Comparaison des courbes cinétiques expérimentale et théoriques en tenant compte de
l'erreur sur les valeurs de φ et γ pour une montée linéaire en température de 3°C.min-1 suivie d'un
palier à 500°C avec PH2O=2,5 hPa
- 116 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
Pour l'expérience réalisée avec une programmation de température jusqu'à 500°C, bien
qu'il subsiste entre les deux courbes des écarts, il semble que le "modèle 1-a " donne encore
le meilleur résultat.
De manière générale, la différence entre les courbes théoriques issues des deux
« modèles extrêmes » montre bien que les erreurs estimées sur les valeurs de φ et surtout de γ
jouent un rôle important sur la forme des courbes cinétiques de vitesse en condition non
isotherme.
Une deuxième source d'erreur provient du « choix » de la loi décrivant les variations
de γ en fonction de la température. En effet, nous avons vu que dans les conditions des
expériences « isothermes », la germination se déroule loin des conditions d'équilibre, et nous
supposons alors que le terme d'écart à l'équilibre (1-P/Pgeq) est égal à 1. Ces expériences ont
été réalisées pour des températures supérieures à 450°C. Lorsque la température diminue, il
semble normal de supposer que la pression d'équilibre diminue également. Ainsi, il n'est pas
évident, pour des températures inférieures à 450°C, que le terme prenant en compte l'écart à
l'équilibre soit toujours négligeable.
Ainsi, la loi de germination choisie (équation III.26) n'est peut être pas correcte à des
températures inférieures à 450°C. Nous pensons qu'elle décrit alors moins bien les variations
de γ en début d'expérience non isotherme, ce qui entraîne une erreur sur la vitesse calculée
pour ces températures.
Une dernière cause des différences observées entre les vitesses expérimentales et
théoriques provient de l'incertitude sur les valeurs φ et γ du fait de la méthode d'obtention de
ces grandeurs. En effet, nous déterminons celles-ci à l’aide de courbes qui sont considérées
- 117 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
isothermes alors qu’en fait ce n’est pas le cas en début de réaction. Ceci entraîne donc une
nouvelle imprécision, en particulier sur les valeurs de la fréquence surfacique de germination.
Pour la réactivité surfacique de croissance, les valeurs sont a priori correctes puisque
nous les avons comparées à celles obtenues par la méthode des décrochements et constaté un
bon accord.
Nous pouvons donc conclure que les écarts entre modèle et expérience proviennent
essentiellement de la difficulté de connaître précisément les variations de la fréquence
surfacique de germination en fonction de la température.
Une méthode pour résoudre ces problèmes serait d'obtenir les variations de ces
grandeurs directement à partir d'une expérience non isotherme. Il est toujours nécessaire de
connaître le modèle de transformation qui nous permet d'obtenir l'expression de la fonction
d'espace au cours du temps et donc de la vitesse. En condition non isotherme, celle-ci peut
être écrite sous la forme :
dα/dt=φ(T)E(t,φ(T),γ(T))
Ne connaissant pas les expressions de φ(T) et γ(T), il pourrait être possible de
remonter à ces dernières par comparaison des courbes cinétiques théoriques et expérimentales
et à l'aide d'un programme d'optimisation qui déterminerait pour chaque température les
valeurs de φ et γ.
Ainsi, les valeurs de la fréquence surfacique de germination et de la réactivité
surfacique de croissance seront obtenues directement sans approximation (excepté celles sur
les hypothèses physiques du modèle de transformation) et sur tout le domaine de température
de la programmation.
1 Conclusions
- 118 -
Chapitre III La déshydroxylation de la kaolinite
- 119 -
Conclusion
La méthodologie mise en place pour étudier ces systèmes repose sur le développement
de deux modèles : un modèle de transformation susceptible de décrire l'évolution des zones
réactionnelles au cours de la réaction et un modèle physico-chimique qui traduit, à l'aide de
mécanismes réactionnels, l'évolution de la réactivité surfacique de croissance et de la
fréquence surfacique de germination en fonction des contraintes intensives de la réaction.
L'utilisation de ces deux modèles nous a permis d'en déduire une expression de la vitesse
théorique pour n'importe quelle modification de température ou de pression partielle pendant
la transformation.
Pour chaque réaction, les modèles développés s'appuient sur une étude expérimentale.
Ainsi, pour la déshydroxylation de la kaolinite, la forme des courbes expérimentales, obtenues
par thermogravimétrie, nous a permis de développer un modèle de germination-croissance
anisotrope à développement interne et dont l'étape limitante est une étape de diffusion.
L'observation des grains et la structure de la kaolinite nous ont fait considérer ces grains
comme des cylindres de faible épaisseur. La diffusion se déroule parallèlement aux plans des
feuillets à travers la surface latérale des cylindres. Nous avons également essayé de prendre en
compte la granularité de la poudre dans la modélisation cinétique. Le mécanisme de
croissance développé a mis en évidence que l'étape limitante est la diffusion des ions
hydroxydes au sein de la métakaolinite. Nous en avons déduit une loi relative à la réactivité
surfacique de croissance. Pour la fréquence surfacique de germination, nous avons montré
qu'il était plus difficile de déterminer une bonne estimation de cette grandeur (incertitudes
importantes des valeurs de γ, détermination avec des courbes expérimentales non isothermes
considérées isothermes, processus de germination supposé se dérouler loin de l'équilibre).
- 120 -
A partir du modèle de transformation et du modèle physico-chimique, nous avons
déterminé l'expression de la vitesse en conditions non isobare et non isotherme, et comparé
celle-ci aux vitesses expérimentales. Nous avons alors constaté des écarts entre les courbes
calculées et les expériences, et mis en évidence que ceux-ci étaient liés à l'incertitude sur la
connaissance de la fréquence surfacique de germination.
- 121 -
Annexe A : Expression de la vitesse de croissance en considérant
les hypothèses de pseudo-stationnarité et de l'étape limitante
Une réaction élémentaire ne se déroule que dans une seule zone réactionnelle. La
vitesse (en mole.s-1), V, d'une étape élémentaire est supposée être égale à :
V =n0φE (A.1)
où n0 est le nombre de mole mise en jeu (en supposant ici des coefficients stœchiométriques
égaux à 1), φ est la réactivité surfacique de l'étape considérée et E la fonction d'espace
caractérisant la zone réactionnelle où a lieu cette étape.
Théorème 1 : si une des étapes d'un système linéaire a ses constantes des deux réactions
inverses finies, toutes les constantes de vitesse des autres étapes étant infinies, alors la
concentration des produits intermédiaires est constante et chaque espèce intermédiaire est en
équilibre avec certains réactants et certains produits de la réaction.
- 122 -
….⇔ X1
….+ X1 ⇔ X2 + ….
…………………….
….+ Xm-1 ⇔ Xm +...
…………………….
….+ Xi-1 ⇔ Xi +...
…………………….
….+ Xj-1 ⇔ Xj +...
……………………
….+ Xn-1 ⇔ Xn +...
φ1= f1 1− 1
[X ]
(A.4)
[ X 1 ]e
De même pour n'importe quelle étape k, il est possible d'écrire :
f ' [X k ]
φk = fk [X k −1 ] 1− k (A.5)
fk [X k −1 ]
- 123 -
D'où l'expression de φk :
φk = f k [X k −1 ] 1− k
[X ] [X k −1 ]e
X k −1 ] [X k ]e
(A.7)
[
φk = D [X k −1 ] 1− k
[X ]
(A.9)
x [ X k −1 ]
Supposons que les constantes kk et k'k soient toutes infinies, sauf celles de l'étape i :
ki et k'i sont donc finies. Donc de même, fk et f'k sont infinis contrairement à fi et f'i. L'étape i
correspond alors à l'étape limitante.
Regroupons l'ensemble des étapes à constantes infinies en deux sous-ensembles. Le
sous-ensemble A inclut toutes les étapes m précédant l'étape i (m<i). Le sous-ensemble B
contient toutes les étapes j qui suivent l'étape i (j>i).
- 124 -
[X 2 ] = f 2 f1
(A.13)
f 2' f 1'
En continuant ce raisonnement de proche en proche, on obtient pour toutes les étapes
m<i :
m
[X m ] = ∏ f k' (A.14)
k =1 fk
Et pour notamment pour l'étape m=i-1, il est possible d'écrire :
i −1
[X i −1 ] = ∏ f k' (A.15)
k =1 fk
Ainsi, tous les intermédiaires Xm, formés par une étape du sous-ensemble A, sont en
équilibre avec les réactants et les produits intervenant dans la somme des étapes qui précèdent
l'étape de sa consommation.
Par conséquent tous les intermédiaires réactionnels ont bien une concentration
constante et chaque espèce est en équilibre avec certains réactants et certains produits
de réaction. On parle, dans ce cas, de régime cinétique de cas pur ou de processus
limitant.
- 125 -
Théorème 2 : dans l'approximation pseudo-stationnaire d'un processus limitant, la vitesse de
la réaction peut se mettre sous la forme du produit :
V =n0φi Ei (A.19)
φi est la réactivité de l'étape limitante, les autres étapes étant à l'équilibre et Ei est la
fonction d'espace liée à la zone où se déroule cette étape limitante.
D'après le théorème précédent, les réactivités de toutes les étapes ont une forme
indéterminée (∞x0), sauf celle de l'étape limitante, qui, d'après l'équation (A.5) appliquée à
k=i, s'écrit :
f ' [ Xi ]
φ i = f i [ X i −1 ] 1 − i (A.20)
f i [ X i −1 ]
Or, d'après les expressions des concentrations des intermédiaires de réaction Xi-1 et Xi
(équations (A.15) et (A.18)), nous pouvons écrire :
n +1
f k'
i −1
fk
f i'
∏
k = i +1 f k
φi = f i ∏ 1 − (A.21)
f k' fi i −1
f
k =1
∏ f k'
k =1 k
Ainsi, la réactivité de l'étape limitante s'écrit :
i −1
fk n +1 '
f
φi = f i ∏ 1 − ∏ k
(A.22)
k =1 f k' k =1 f k
Ecrivons à présent les bilans sur les variations des quantités de chaque espèce [12] :
dn X 1
= (φ 1 E1 − φ 2 E 2 )n0 (A.23)
dt
...................
dn X i
= (φ i Ei − φ i +1 Ei +1 )n0 (A.24)
dt
................
dn X n
= (φ n E n − φ n+1 E n+1 )n0 (A.25)
dt
Tous les produits φkEk (k≠i) sont des expressions indéterminées.
La pseudo-stationnarité permet d'écrire que toutes les quantités en intermédiaires
réactionnels sont constantes :
- 126 -
dn X k
∀k , =0
dt
On en déduit des équations (A.23) à (A.25) :
φ 1 E1 = φ 2 E 2 = .... = φ i Ei = .... = φ n E n (A.26)
Ainsi, toutes les vitesses sont égales.
On peut mesurer la vitesse à l'aide d'une étape quelconque, par exemple la première :
V = n0φ 1 E1 (A.27)
Dans la plupart des cas, cette forme est indéterminée. Cependant, l'égalité des vitesses
nous permet d'écrire que cette vitesse est égale à la vitesse de l'étape i (qui est déterminée).
V = n0φ i Ei
Nous avons ainsi démontré le théorème 2.
- 127 -
Annexe B : Pseudo-stationnarité d'un système réactionnel
La calorimétrie mesure la puissance thermique qui est la somme des produits des
vitesses vi par la variation de l'enthalpie de l'étape i pour toutes les étapes élémentaires :
dQ
= vi∆Hi
dt ∑
(B.2)
i
Nous supposons qu'il n'y a qu'une étape élémentaire d'adsorption de gaz et qu'une
étape élémentaire de désorption gazeuse. Nous prenons alors la première étape élémentaire
comme étape d'adsorption, et la deuxième étape élémentaire comme étape de désorption :
vads=v1 (B.3)
vdes=v2 (B.4)
Si le système est pseudo-stationnaire, il est possible d'écrire que l'étape 1 est liée à
toutes les autres :
∀i, v1=λivi (B.5)
- 128 -
On obtient alors les expressions suivantes pour la vitesse de variation de masse et la
puissance thermique :
d∆m =(λ M − M ) v (B.6)
2 des ads 1
dt
dQ
dt ∑
= λ i ∆ H i v1 (B.7)
i
Ce travail a été réalisé avec un appareil Setaram DSC 111 qui réalise en parallèle les
mesures de la variation de masse et du flux de chaleur au cours du temps. Il fonctionne en
système dynamique avec une entrée pour le gaz vecteur GV, et une entrée pour le gaz
auxiliaire. Les débits des gaz sont réglés à l'aide de débitmètres massiques situés en amont de
l'appareil et permettant donc de fixer les pressions partielles des différents gaz.
Le schéma du montage est représenté sur la figure B.1.
- 129 -
Gv
dm/dt
Gaz
auxiliaire
dQ/dt
Débitmètre Réactif
massique
Fluxmètres
Thermocouple
- 130 -
- 131 -
Annexe C : Test du φΕ
Nous développons ici une méthode décrite par Soustelle et Pijolat [9] pour montrer la
possibilité d'écrire la vitesse sous la forme du produit φE. φ ne dépend que des paramètres
intensifs de la réaction : φ(T,P..). E caractérise la géométrie du système réactionnel, et plus
particulièrement la zone réactionnelle de l'étape limitante à un instant t.
Cette méthode est basée sur une variation d'une des conditions expérimentales au
cours de la réaction comme la méthode de l'isolement [2].
Elle consiste à réaliser une série d'expériences avec au départ les mêmes conditions
expérimentales, et à modifier une des variables réactionnelles pour l'amener rapidement à une
autre valeur. On peut par exemple réaliser un décrochement en température, et passer d'une
température T1 à une température T2.
Comme le montre la figure C.1, pour chaque expérience, l’instant où le décrochement
est réalisé, est différent.
α (dα/dt)ap (t1) T2
T2
(dα/dt)ap (t0)
(dα/dt)av(t1)
(dα/dt)av (t0) T1
t0 t1 Temps
Figure C.1 : Schéma de la méthode utilisée pour vérifier l'unicité de la zone réactionnelle
- 132 -
Le rapport des vitesses est alors égal à :
(dα dt ) ap ( t 0 ) φ(T2 , P,...)E( t 0 ) φ(T2 , P,...)
= = (C.3)
(dα dt ) av ( t 0 ) φ(T1 , P,...)E( t 0 ) φ(T1 , P,...)
Ainsi, il est possible de vérifier expérimentalement que la vitesse peut s'écrire sous la
forme φE.
- 133 -
Annexe D : Comparaison modèle-expérience. Utilisation du
paramètre de modèle
1 Comparaison modèle-expérience
Une fois la vitesse calculée à l'aide d'un modèle, il est possible de comparer les courbes
cinétiques théoriques et expérimentales. Pour un cas limite, un seul paramètres, φ ou γ, est à
ajuster pour confronter ces courbes. Par contre, dans un cas complexe de germination-
croissance, la vitesse théorique de la réaction dépend de deux inconnues : la fréquence
surfacique de germination et la réactivité surfacique de croissance. Si la réaction s'est déroulée
en conditions isotherme-isobare, φ et γ sont constants. Afin de confronter le modèle aux
expériences, il faut déterminer les valeurs de ces deux grandeurs pour chaque expérience
réalisée. Pour obtenir ces valeurs, il est possible d'ajuster les courbes calculées à partir du
modèle afin de le faire correspondre le mieux possible aux courbes expérimentales.
Cependant, il n'est pas aisé d'ajuster deux paramètres à la fois.
- 134 -
Pour tous les modèles, il est alors possible de déterminer les expressions du degré
d'avancement en fonction du temps adimensionné, α(θ), et la vitesse réduite, dα/dθ. Celles-ci
ne dépendent que du paramètre de modèle A.
Afin de comparer le modèle à l’expérience, il est nécessaire de définir une vitesse
adimensionnée pour le modèle et l'expérience définie par :
dα
ω 0.5théorique = dθ (D.3)
dα
dθ α =0 ,5
dα
ω 0.5 exp érimentale = dt (D.4)
dα
dt α =0 ,5
Si le modèle décrit bien l'expérience, sur tout le domaine réactionnel, les vitesses dα/dt
et dα/dθ sont proportionnelles puisque θ est proportionnel à t :
Vm A φ
θ= t
x0
On obtient ainsi l'égalité :
dα dα
ω 0.5théorique ( α ) = dθ = dt = ω 0.5 exp érimentale ( α ) (D.5)
dα dα
dθ α =0 ,5 dt α =0 ,5
Or, la courbe théorique ne dépend que du paramètre A. Il suffit donc de faire
correspondre les courbes théoriques, ω0.5(α), par rapport aux courbes expérimentales, en
ajustant le paramètre A uniquement.
Pour un cas limite, la vitesse ne dépend que d'une seule grandeur cinétique (φ ou γ). La
comparaison du modèle aux courbes expérimentales permet d'accéder directement à cette
grandeur.
Pour un cas complexe de germination-croissance, il est plus facile en général de
travailler en vitesses réduites. Comme nous venons de le voir, la comparaison des courbes
cinétiques théoriques et expérimentales en vitesses réduites permet la détermination du
paramètre de modèle A. Une fois le paramètre A connu, la courbe α(θ) est calculée. Or,
- 135 -
l'expérience permet d'accéder à la courbe α(t). A partir de ces deux courbes, la fonction θ(t)
Vm A φ
est tracée. D'après la définition de θ (équation D.1), celle-ci est une droite de pente .
x0
Connaissant VmA et x0, la valeur de φ est déduite dans les conditions où a été réalisée
l'expérience.
Connaissant φ et A, la valeur de γ est obtenue à partir de la définition de A :
Vm A
γ = Aφ (D.6)
x0 s0
Par conséquent, l'ajustement des courbes calculées par rapport aux courbes
expérimentales permet de déterminer les valeurs de la fréquence surfacique de germination et
de la réactivité surfacique de croissance dans les conditions où ont été réalisées les
expériences.
- 136 -
- 137 -
Annexe E : Modèle de germination-croissance anisotrope à
développement interne avec une étape limitante de croissance
de diffusion et des grains cylindriques
r0
ri
Métakaolinite
e Kaolinite
α =VK −0VK
0
(E.1)
VK
Or, les expressions de ces volumes sont :
VK0 =πr02e (E.2)
VK =πri2e (E.3)
- 138 -
Il est donc possible, à partir des équations (E.1), (E.2) et (E.3), d'exprimer le rayon
interne et la surface interne en fonction du degré d'avancement :
ri =r0(1−α)1/ 2 (E.4)
si =s0(1−α)1/ 2 (E.5)
dα =φ r0 s0(1−α)1/ 2
(E.9)
dt r0(1−α)1/ 2 ln(1−α)−1/ 2 n0
d α = − 4 Vm K φ 1 (E.12)
dt r0 ln( 1 −α )
- 139 -
En intégrant l’équation (E.12) entre 0 et t, on obtient la relation entre le degré
d'avancement et le temps :
La transformation est terminée au temps tf pour α=1. Il est possible de calculer cette
durée tf à partir de l’équation (E.13) :
tf r0
∫0 φ(t)dt =
4VmK
(E.14)
Dans le cas d'une poudre, tous les grains ne commencent pas à réagir en même temps.
Entre un instant τ et un instant τ+dτ, il s'est formé un nombre de germes :
dNτ =γ(τ)SL(τ)dτ (E.16)
où SL(τ) est l'aire de la surface de l'ensemble des grains qui n'ont pas commencé à réagir au
temps τ.
- 140 -
Or, la variation du nombre de grains non attaqués pendant dτ s’exprime à l’aide de la
fréquence surfacique de germination par :
dN = −γs 0 N ( τ )dτ (E.18)
dt N0 ∫0 L (E.22)
dt
dt ∫0 0 ∫0
1 dτ
0
r0 ln(1− β(t,τ)) (E.23)
Or, d’après l’équation (E.13), le degré d’avancement d’un grain peut être obtenu par :
- 141 -
L'équation (E.23) peut être écrite sous la forme φ.E, avec la fonction d'espace égale à :
t τ −4VmK
E(t)=∫γ(τ)s0 exp(−s0 ∫0 γ(x)dx ) 1 dτ
0
r0 ln(1− β(t,τ))
φ = D ∆C
l0
l0 est une longueur arbitraire. Dans le calcul de la vitesse, cette valeur est égale au rayon moyen des
grains : 0,3 µm. Cependant, dans le cas où nous considérons une distribution granulométrique, la
valeur de φ n’est pas modifiée selon le rayon des grains. Donc, la fonction d’espace pour une classe de
grains de rayon r sera égale à E’(r,t).
r0
E '(r , t ) = E (r0 , t ) ×
r
dα =VmKφγs0 exp(−γs τ)
t
−4
r0 ∫0
dτ (E.25)
dt 0
ln(1− β(t,τ))
4VmKφ
β +(1− β)ln(1− β)= (t −τ) (E.26)
r0
Nous pouvons alors calculer la vitesse en temps adimensionné (en condition isotherme
et isobare) qui est égale à :
- 142 -
θ
dα =2A exp(−Aη) −2 dη
dθ ∫0 ln(1− β))
(E.27)
4
A=20 Expérience (T = 450°C,P
-3
=10 hP a)
H2O
3.5
A=15 Modèle
3
2.5
0,5
A=10
ω
1.5
A=1
1
0.5
0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
α
Figure E.2 : Confrontation du modèle avec l’expérience. Détermination du paramètre A
- 143 -
Connaissant A et φ, la fréquence surfacique de germination est alors égale à :
Aφ Vm K
γ= = 4,75.1010 germes.m2.s-1
r0s 0
Afin d'estimer l'erreur sur les grandeurs cinétiques, nous cherchons d'abord les valeurs
« limites » de A. Comme le présente la figure E.3, nous encadrons la courbe expérimentale
(expérience réalisée à 450°C sous 10-3 hPa de vapeur d'eau) à l'aide de courbes calculées, pour
lesquelles nous considérons que le modèle est encore satisfaisant. Ainsi, nous déterminons
deux valeurs de A « limites » :
A=15±2
3.5 A=17
3 Expérience
2.5 Modèle
A=13
2
0.5
ω
1.5
0.5
0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
α
Figure E.3 : Confrontation du modèle avec l’expérience. Détermination de l'erreur sur A
Pour chacune des courbes calculées, nous pouvons calculer une valeur de φ, et nous en
déduisons une erreur sur cette grandeur :
φ = 9,2.10-8 (±0,6.10-8) mole.m2.s-1
L'erreur sur la fréquence surfacique de germination est obtenue à partir de l'erreur sur
les valeurs de A, et de celle sur les valeurs de la réactivité surfacique de croissance. On
obtient alors :
γ = 4,75.1010 (±0,5.109) germes.m2.s-1
- 144 -
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- 150 -
ECOLE NATIONALE SUPERIEURE N° d’ordre : 296CD
DES MINES DE SAINT-ETIENNE
Résumé :
L’objectif de ce travail est de pouvoir décrire des transformations mettant en jeu des
solides et des gaz en conditions non isotherme et non isobare, à l’aide de modèles cinétiques.
Afin d’atteindre cet objectif, nous avons mis en place une méthodologie. Deux
processus essentiels doivent être pris en compte : la germination et la croissance. Les germes
sont supposés se former (à température et pression constantes) en surface des grains avec une
vitesse constante par unité de surface, γ, appelé fréquence surfacique de germination (nombre
de germes.m-2.s-1). La vitesse de croissance est caractérisée par une réactivité surfacique de
croissance, φ (en mol.m-2.s-1). Avec un modèle de transformation approprié, il est possible
d’obtenir les variations de γ et φ en fonction de la température et de la pression qui sont
ensuite utilisées dans le calcul de la vitesse en conditions non isotherme et non isobare.
Afin de valider la méthode développée, deux réactions ont été étudiées. Pour la
première, la déshydroxylation de la kaolinite, un modèle de germination-croissance anisotrope
où l’étape limitant la croissance est une étape de diffusion, a été développé afin d’interpréter
les courbes cinétiques expérimentales. Cependant les courbes de vitesse calculées à partir de
ce modèle ne permettent pas de décrire la réaction pour certaines variations de température.
Ce résultat met en avant la difficulté de déterminer précisément la fréquence surfacique de
germination ce qui engendre une approximation importante sur les courbes cinétiques.
La deuxième réaction est la réduction de l’octooxyde de triuranium par l’hydrogène.
Nous avons montré que celle-ci se déroulait selon trois transformations successives. Nous
avons développé un modèle cinétique pour chacune de ces réactions en considérant cette fois-
ci la germination comme instantanée. Enfin en comparant ce modèle aux courbes de vitesse
expérimentales, nous avons constaté un très bon accord aussi bien pour une variation de
température que pour un changement de la pression partielle d’hydrogène au cours de la
réaction.