2020 05 Sedesirer
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Se désirer
dans le désir
de Dieu
Itinéraire spirituel
Du désir éveillé au désir harmonisé.
Montréal
2021
1
Préambule
D’entrée de jeu, je tiens à préciser que j’ai éprouvé une grande difficulté à choisir de
dire Dieu en JE ou en NOUS.
Qu’on me pardonne si je passe de l’un à l’autre. Parfois, cela peut être révélateur de
l’évolution de mon désir profond.
Ce que je partagerai avec vous relève davantage de mon vécu tributaire de mon
environnement culturel et spirituel, celui tout d’abord des sages dont je m’inspire et que
je cite souvent et parfois abondamment dont la Bible, celui de mon expérience
personnelle ensuite, que, malgré bien des réticences, il m’est difficile de ne pas exposer.
Car comment parler de cheminement intérieur sans trahir un peu le sien?
2
Qu’il soit clair cependant que je ne me considère pas comme un modèle : je conserve
des parts d’ombre, (mon côté sombre dont parle mon ami Réjean Paquin) et je ne parviens pas toujours
à mettre en pratique les enseignements que je sème à tout vent. (Devise du Petit Larousse)
Ce qui est certain, c’est que je suis aujourd’hui beaucoup plus lucide, apaisé et, tout
compte fait, plus heureux que je ne l’ai été dans le passé.
*****
Si on te posait la question : es-tu heureux? Je suis à peu près certain que tu te sentirais
mal à l’aise par cette question fermée. Difficile de répondre par oui ou par non à cette
question. Tu n’es pas le seul. Es-tu heureux? Formulée de manière aussi abrupte, cette
question indispose.
Si elle entend interroger mon état actuel, elle ne présente aucun intérêt véritable : je
puis être mal à l’aise dans cette assemblée où l’on me décroche cette question et avoir
envie d’y répondre « non » par référence à ce mal-être ponctuel alors que je suis
globalement heureux dans ma vie…
Si elle entend interroger mon état global dans la durée, elle a le défaut d’être trop
binaire (oui ou non) comme si on était totalement heureux ou, à l’inverse, intégralement
malheureux.
En fait nous sommes presque tous « plus ou moins heureux » et notre impression de
bonheur fluctue avec le temps. (Cf. Lenoir F. Du bonheur… p. 79)
Mais nous sommes dans une société qui veut le bonheur tout de suite, à tout prix. Une
société adolescente. Si bien que la question :
3
La quête du bonheur peut-elle rendre malheureux?
L’homme moderne est « condamné » à être heureux et ne peut s’en prendre qu’à lui-
même s’il n’y parvient pas…
Nous sommes probablement les premières sociétés dans l’histoire à rendre les gens
malheureux de ne pas être heureux…
On le verra tout au long de notre itinéraire en 11 étapes. L’important est de se relire dans
le miroir de l’Évangile et dans les enseignements du père Coindre afin de se situer, puis
de se remettre en route avec le désir de se désirer dans le désir de Dieu.
4
Chant à l’Esprit Saint…
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Introduction
Se désirer dans le désir de Dieu
Deux textes d’Osée devaient donner le climat à cette retraite.
Puis, récemment la liturgie, en la fête de sainte Marie de Madeleine, nous donne un
extrait du Cantique des cantiques. Abreuvons-nous à l’un et à l’autre.
Parole du Seigneur.
Mon épouse infidèle, je vais la séduire, je vais l’entraîner jusqu’au désert, et je lui
parlerai cœur à cœur.
Là, elle me répondra comme au temps de sa jeunesse, au jour où elle est sortie du pays
d’Égypte.
Osée, 2, 16.17b.21.22
Voici le texte du Cantique (3, 1-4a)
Toute la nuit, j’ai cherché celui que mon cœur aime. Étendue sur mon lit, je l’ai cherché,
je ne l’ai pas trouvé !
Il faut que je me lève, que je parcoure la ville, ses rues et ses carrefours.
Je veux chercher celui que mon cœur aime…
À peine les avais-je dépassés, j’ai trouvé celui que mon cœur aime.
Je l’ai saisi, je ne le lâcherai pas.
6
Parole du père André Coindre, prophète au coeur de feu :
Le mot désir est un terme équivoque, à tout le moins, dans la langue courante. Désir peut
avoir plusieurs synonymes comme volonté, ambition, aspiration, soif, appétit, rêve,
convoitise, projet etc. Synonymes trouvant leur acception dans différents contextes. Il
suffit d’ouvrir la Table pastorale de la Bible pour entrer dans les méandres du mot désir.
Pour le « vulgaire », le ‘quidam, le citoyen lambda, le mot désir évoque une pulsion, un
attrait de type érotique pour une personne. On trouve cette acception dans le Cantique
des Cantiques : « Je suis l’objet des désirs de mon bien-aimé (7,11). » Dès la Genèse,
Dieu reconnaît ces désirs, liés à notre condition de créature. Ne dit-il pas à Ève : « Tes
désirs te porteront vers ton mari (3,16). »
Ce type de désir notre éducation a eu tendance à l’occulter. Mais ce déni n’existe plus.
Le désir s’affiche partout : mode, publicité, média. On provoque le désir, on l’évoque à
toute occasion - quel humoriste n’y fait pas allusion? et on le révoque avec violence
parfois. (Les Djiadhistes en ont contre nos sociétés érotisées) Nous sommes dans une civilisation du
désir exacerbé.
Le dominicain Louis Roy a écrit un livre au titre évocateur : Libérer le désir. L’axiome
du philosophe Jacques Maritain, distinguer pour unir, s’impose encore ici. Écoutons
Louis Roy :
7
Le désir a-t-il besoin d’être libéré?
Pour répondre à cette question, il faut [distinguer] deux attitudes face aux désirs.
La première consiste en une méfiance face à nos désirs, car ils peuvent nous entraîner
dans des actions désordonnées, qui nous rendront malheureux de même que les autres
autour de nous. (Cf. Bonheur d’occasion de G. Roy) Les individus qui vivent dans cette méfiance
souffrent de leur manque de liberté et restent fascinés par ce que leurs désirs, qu’ils
réprouvent, leur font miroiter.
Le verbe languir évoque une idée de lenteur dans le cheminement, dans notre marche en
avant. C’est cet itinéraire tout en lenteur que nous entreprenons aujourd’hui. D’étape en
étape, nous passerons du désir éveillé au désir harmonisé, répondant ainsi à
Lui faire avaler du sel ? Pire encore et qui relève presque des tortures psychiatriques.
Une seule réponse : trouver un autre âne qui a soif... et qui boira longuement, avec joie
et volupté, au côté de son congénère.
Non pas pour donner le bon exemple, mais parce qu'il a fondamentalement soif,
vraiment, simplement soif, perpétuellement soif.
Un jour, peut-être, son frère, pris d'envie, se demandera s'il ne ferait pas bien de
plonger, lui aussi, son museau dans le baquet d'eau fraîche…
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Des hommes ayant soif de Dieu,
plus efficaces que tant d'âneries racontées sur Lui."
Si nous faisons une retraite communautaire, c’est que nous avons besoin d’être avec des
hommes qui ont fondamentalement soif, vraiment soif, simplement soif,
Le frère Yvon Moreau a écrit un très beau poème intitulé : Tu es désir de Dieu!
Je me l’approprie volontiers sans trop le modifier.
Dans son Traité de l’Amour de Dieu (VII, 21), saint Bernard a cette trouvaille
merveilleuse : « Dieu a fait de toi un être de désir, et ton désir, c’est lui, Dieu. »
Quelle plus belle définition de l’être humain! Quel plus fidèle écho à la parole du récit
de la création : « Dieu dit : faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance. »
(Gn, 1,26)
« Tu es désir de Dieu! »
Ne sois donc pas surpris(e) si les choses ne peuvent te consoler, si tu restes toujours sur
ton appétit, tu as été fait(e) pour plus, tu as été fait(e) pour Dieu!(Pause)
« Tu es désir de Dieu! »
Ne sois donc pas surpris(e) si tes amours humaines les plus belles doivent demeurer
vigilantes, si parfois et pas nécessairement en même temps, vous sentez le besoin de
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vous tourner vers la Source véritable… Vous avez été faits pour Dieu, pour que son
amour au cœur de votre amour soit feu et lumière… pour que son amour rende votre
amour capable de dépassement… pour que votre amour et son amour soient promesse et
enchantement, soient harmonisés !(Pause)
« Tu es désir de Dieu! »
Ne sois donc pas surpris(e) si le temps te semble éphémère, s’il passe trop vite, s’il fuit
et s’il t’échappe certains jours… Tu as été fait(e) pour l’éternité, pour une durée pleine
de vie et de continuité. Tu as été fait(e) pour la joie d’un désir que Dieu seul peut
combler tout en le gardant éveillé et en le rendant accueillant à plus encore! (Pause)
« Tu es désir de Dieu! »
Ne sois donc pas surpris(e) si le temps te semble trop long et plein d’ennui d’autres
jours, si tu te sens étouffé(e) par la monotonie et la répétition du quotidien… Tu as été
fait(e) pour l’éternité, pour la vie avec le Dieu toujours nouveau, dont la beauté sera ta
joie et le salut ton allégresse!(Pause)
Ce désir en toi, c’est la signature de Dieu, le sceau de Dieu, la marque de son amour…
Ce désir en toi, c’est une capacité, une ouverture, un appel… Ce désir en toi, c’est ta
vocation à réaliser… ce désir, ce n’est pas une potion, c’est l’exigence radicale de ton
être de race humaine. Si ce désir ne sourd pas en toi ou si tu ne l’écoutes pas, c’est
l’échec de ta vie! Si tu prends le temps de le reconnaître en toi et si tu l’écoutes, c’est la
réussite de ta vie!
Chacun-e entre en retraite avec un désir plus ou moins formulé, il serait intéressant que
chacun essaie de formuler un désir…
À titre d’exemple, remonte en moi ce vers de Kévin Parent dans son célèbre Seigneur :
Oui j’aimerais prendre le temps de faire la paix avec quelques souffrances…
Tu es le A et le Z,
Mais il reste encore 24 autres lettres à l’alphabet.
Amen
p. 532. André Beauchamp, Comprendre la PAROLE, Année C
13
1ière étape
Du désir ÉVEILLÉ…
Cf. Genèse, chapitre 1 : Récit de la création. ou Daniel 3, 52-90
Chant : Que tes œuvres sont belles ou Psaume de la création de P. Richard
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Le désir éveillé
La nature, pour beaucoup de gens, est un haut lieu où ils ont le sentiment de l’existence
d’un Dieu TOUT AUTRE qui est à l’origine de ce qui existe. Le père Coindre fait
partie de ces gens-là :
Qui n’a pas été ému aux entrailles par un firmament étoilé, un coucher de soleil sur la
mer océane, un arc-en-ciel après l’orage, la première jonquille au printemps…sans
oublier la musique qui la langue de Dieu selon Mozart.
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La liturgie, durant la Veillée pascale, nous invite à relire ce récit fondateur. Récit
propre à susciter en nous l’émerveillement devant ce Dieu épris de beauté et de
bonté.
Racontant sa rencontre avec le Tout-Autre, EricEmmannuel Schmitt évoque son
désir éveillé qui devient adhésion au créateur du ciel et de la terre.
[Je me souviens, j’avais vingt ans, et j’aimais aller en montagne jusqu’à une éclaircie.
Là, je m’assoyais dans l’herbe dorée et je contemplais. Que de poèmes sont nés de
cette contemplation. J’étais en harmonie avec ce qui m’entourait : frémissement des
feuilles dans les arbres, babillage des oiseaux se poursuivant de branche en branche,
course à obstacle des écureuils dans le sous-bois, travail acharné d’un pic-bois sur un
tronc d’arbre mort…
Quand, dans le silence et l’obscurité de la nuit, David levait vers les cieux des mains
innocentes et des yeux purs, son cœur, ému par le spectacle imposant d’un ciel net et
tranquille, par l’innombrable multitude des étoiles rangées comme en ordre de
bataille autour de l’astre de la nuit, David s’écriait, en versant des larmes
d’admiration et de reconnaissance :
« Les cieux racontent la gloire du Seigneur et le firmament est l’ouvrage
de ses mains. »
Désir ÉVEILLÉ!
*****
Dans l’Évangile de Marc, les appels de Jésus ont le don d’éveiller un désir latent chez
ses auditeurs. Cela est flagrant avec l’appel des premiers disciples : Simon et son frère
André, Jacques et son frère Jean.
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Ayant entendu Jésus dire avec autorité : « Les temps sont accomplis, le règne de Dieu
est tout proche… », ils sont remués au plus profond d’eux-mêmes. Et Jésus leur
dit : « Venez derrière moi. Je ferai de vous des pécheurs d’hommes. »
Irrésistible cet appel! Jésus a déjà quatre disciples et non les moindres. On le voit, tout
ou presque tout peut éveiller le désir profond, celui qui engage une vie : la beauté du
monde créé, la parole d’un témoin, une cause politique, une valeur…
*****
C’est le cas d’Isabelle. On se demande quelle mouche l’a piquée…
[Cette professionnelle des communications a du succès. Elle habite le plus beau quartier
de la grande ville. Soudain, elle annonce à son réseau de contacts une décision radicale :
« Je donne à ma vie une nouvelle allure. Un troupeau de chèvres laitières m’attend en
région. »
Quelques mois plus tard, ses anciennes collègues organisent avec Isabelle un appel
conférence : « Tu menais la ‘grosse vie’. Tu avais tout : compte de dépenses, auto
fournie, fonds de pension, réputation, superbe maison… Pourquoi tourner le dos à ta
réussite? »
Désir Éveillé !
*****
18
La vie du pape François a connu un moment de désir profond, un désir éveillé qui
marque un tournant vocationnel :
Jorge Mario démarre ses études à l’école publique. Son projet professionnel initial est de
devenir chimiste. Mais à l’âge de dix-sept ans, il fait une expérience spirituelle forte qui
va l’en détourner. Alors il se confesse dans son église paroissiale, il est bouleversé par
les paroles de son curé. Il se sent attiré par une vocation religieuse.
Depuis qu’il est ordonné prêtre, Jorge Mario Bergoglio commémore chaque année à
Pâques le souvenir de la naissance de sa vocation dans cette église où elle lui a été
révélée.
Le jeune homme décide de changer de vie : il ne va plus danser le tango dans les bars de
Buenos Aires avec des camarades de son âge et il cesse de voir sa petite amie.
En 1958, il quitte le laboratoire d’analyse alimentaire où il travaillait et entre à l’âge de
vingt-deux ans au noviciat de la Compagnie de Jésus.
Il reçoit l’ordination sacerdotale onze ans plus tard au terme d’une longue formation
littéraire, philosophique et théologique…
******
12 novembre 2013
À 11 h 09 heure de France (05 h 09 EST) le 12 novembre 2013, après 129 jours en mer, 10 chavirages
et des vagues de plus de dix mètres, Mylène Paquette devenait la première nord-américaine à traverser
l’océan Atlantique Nord, à la rame en solitaire Ŕ du Canada à la France.
Mylène, infirmière à Ste-Justine s’était fait dire : Vous ne savez ce que sait que d’affronter la
contradiction…
Naît en elle le désir d’affronter sa peur de l’Océan, défi qu’elle relève …
La rameuse Mylène Paquette est rentrée au pays mercredi après-midi, quelques jours
après être devenue la première Nord-Américaine à traverser l'océan Atlantique Nord, à
la rame et en solitaire.
La Québécoise a été accueillie comme une véritable héroïne par ses proches et ses
admirateurs à son arrivée à l’aéroport Montréal-Trudeau, des moments intenses en émotion.
Son premier geste a été de serrer dans ses bras ses neveux, les enfants de sa soeur. Et elle
a chaleureusement remercié tous ceux qui l'ont épaulée pendant sa traversée.
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Une semaine après son arrivée sur la terre ferme, au port de Lorient, en France, Paquette a
avoué encore ressentir l'effet du roulis des vagues qui parfois atteignaient plus de 10 mètres.
Elle a dit avoir beaucoup appris sur elle-même, pendant ses 129 jours en mer.
L’athlète a bravé les épreuves, la maladie, les blessures, ainsi que 10 chavirages. «Je dirais
vraiment, la clé du succès, c'est l'équipe au sol; ces gens-là comptaient sur moi. Le public
aussi, ces gens qui m'ont encouragée financièrement.»
Même sans assistance physique tout au long de son parcours, elle a pu compter sur le
support de plus de 20 personnes afin d’accomplir cette prouesse: médecin, thérapeute,
personnel aux communications, conseiller de navigation, etc.
«Mais surtout ce qui m'a aidé, toute seule dans mon bateau, c'est le sens de l'humour, c'est
de trouver des choses positives à tous les jours», a-t-elle raconté.
*****
Désir ÉVEILLÉ!
Inigo, blessé au siège de Pampelune et confiné sur un lit d’hôpital demande qu’on lui
apporte des romans d’amour chevaleresque.
N’en ayant pas trouvé, on lui offre Fleurs des saints et la Vie du Christ.
Désir éveillé!
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Ce désir éveillé ira au bout de lui-même et donnera à l’Église un nouvel Augustin pour
les temps nouveaux : Ignace de Loyola.
Il y a quelque chose d’un coup de foudre dans ce désir éveillé. Ce coup de foudre a
quelque chose d’une révélation, de la révélation que le grand amour est possible.
Penser au frère Luc dans Des hommes et des dieux dans son dialogue avec la jeune
algérienne qui lui demande s’il a déjà été amoureux… C’est la longue et belle
histoire de tout un chacun enveloppée dans cet amour créateur.
Désir ÉVEILLÉ!
La beauté éveille en nous
le désir d’atteindre « notre lointaine patrie ».
(C .S . Lewis)
21
Se désirer dans le désir de Dieu, c’est entreprendre le long chemin du retour au Jardin
originel.
Prière
Amen !
p. 449 dans Comprendre la Parole d’André Beauchamp, Année C, Novalis, 2006
C’est toi le Dieu qui nous a faits, Qui nous a pétris de la terre
Tout homme est une histoire sacrée,
L'homme est à l'image de Dieu
* Didier Rimaud
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1ière : Proposition de relecture : Sentiment de l’existence de Dieu
Après avoir lu et prié le texte de la Genèse chapitre 1, fais un retour en arrière dans ta
vie pour te mettre à l’écoute de ce qui émerge comme première adhésion à Dieu, autre
qu’une adhésion purement intellectuelle.
Puis, tu pries tout cela dans une prière que tu laisses émerger. Tu peux même écrire cette
prière. Souviens-toi que ce n’est pas un exercice scolaire.
- La veille de la rencontre, tu relis tes notes de journal spirituel tout en étant attentif (ve)
à ce qui se passe en toi.
- Tu sélectionnes les principales prises de conscience que tu veux partager avec tes
compagnons (gnes) de route ou ton accompagnateur (trice).
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1ière Écoute du père André Coindre
Ce n’est point pour donner à nos yeux un vain spectacle que le Seigneur a déployé
tant de magnificence et de fécondité, dans l’enceinte de ce monde.
Ce n’est point pour retenir nos affections sur la terre que la nature est revêtue de
tant de beauté.
À quoi bon, dans ce monde, la multitude infinie des êtres qui le composent, si ce
n’était pour rappeler à notre imagination la multitude infinie des perfections de notre
Dieu ?
À quoi bon cette foule d’insectes que nous n’apercevons qu’à travers ces
instruments d’optique que l’homme a inventés, si ce n’était pour nous découvrir la
puissance de celui qui fait à son gré des mondes infiniment petits ?
À quoi bon cette multitude innombrable d’étoiles qui ornent la voûte des cieux, --
le soleil, la lune et quelques autres astres n’eussent-ils pas suffi pour nous éclairer et
nous conduire ? -- s’il n’avait voulu nous faire connaître son immense grandeur par de
tels prodiges de puissance ?
Oui, ce n’est point pour donner à nos yeux un vain objet de curiositéque le
Seigneur a fait toutes ces choses.
In Notes de prédication, p. 13
25
Voir Dieu dans la création
C’est le seul rayon de lumière qui pénètre sous le toit du laboureur et éclaire son
âme dure et rustique, qui perce jusqu’au fond des bois, pour être connu de ces peuples
sauvages …
Séparées les unes des autres par les mers, les solitudes, les montagnes, les mœurs, les
langages, toutes les nations se réunissent à reconnaître ce centre commun de toute chose.
- Mais, dans l’univers, dit l’impie, je vois la terre et les cieux et rien de plus ;
comment y voyez-vous que Dieu existe ?
Vous ne voyez que les cieux et la terre et rien de plus ? Vous avez raison, vous
ne voyez pas au fond de votre cœur, ces passions qui vous aveuglent. Vous craignez de
trouver Dieu, d’être obligés à tant de sacrifices que sa loi commande. Est-il étonnant
que vous ne le trouviez pas ?
Quand, dans le silence et l’obscurité de la nuit, David levait vers les cieux des
mains innocentes et des yeux purs, son cœur, ému par le spectacle imposant d’un ciel net
et tranquille, par l’innombrable multitude des étoiles rangées comme en ordre de bataille
autour de l’astre de la nuit, il s’écriait, en versant des
26
témoins du même spectacle, parce que leur cœur était injuste ou corrompu, s’écriaient :
« Il n’y a point de Dieu. »
Oui, Dieu veut que nous allions à lui avec mérite et il donne assez de lumière pour
éclairer les belles âmes et nous laisse assez de ténèbres pour qu’un excès de perversité
ne le connaisse pas.
Que de personnes qui la virent et qui n’y trouvèrent rien de plus parce qu’elles
étaient indignes de pénétrer jusqu’au grand mystère qu’elle annonçait, tandis que trois
mages, instruits sans doute par la prophétie de Balaam, qui annonçait que l’étoile de
Jacob se lèverait un jour, la reconnaissent, la suivent sans hésiter et trouvent à Bethléem
un Sauveur.
27
2ième étape
du désir APPRIVOISÉ
C’est ce dont
le père Coindre nous invite
à prendre conscience.
28
Désir apprivoisé
Chaque retraite, chaque retrait au désert, est une occasion de relire tel ou tel aspect de
son vécu, non à la façon d’un inquisiteur, mais en étant attentif à ce qui remonte, à ce
qui émerge au regard de tel événement, car à quelque part, tout événement est parole
de Dieu.
parce qu’il était là, au début de mon être, dans l’amour de mes parents;
parce qu’il était là, dans la tendresse de ma mère, toujours, jour et nuit, nuit et
jour, aux petits soins avec moi;
parce qu’il était là, dans le travail humble et caché, mais combien régulier et
professionnel de mon père, apportant l’eau au moulin du foyer familial;
parce qu’il était là, dans mes éducateurs scolaires qui m’initiaient au goût du
beau, du bon et du bien à travers leur exigences;
parce qu’il me parlait au cœur à travers l’enseignement religieux de mes
maîtresses : « Guy, il ne faut jamais dire non à ce qui est demandé pour
l’amour de Dieu. » N’est-ce pas le titre d’un film audacieux en ces temps
d’indifférence religieuse : Pour l’amour de Dieu…
29
parce que je me sentais appelé à être plus près de lui aux jours de mes 14 ans :
sans moi, il me semblait que Dieu serait moins aimé…
parce que je me savais protégé par lui tout au long de ma formation religieuse
initiale…quelque difficulté que je rencontrasse…
parce que je devenais tellement amoureux de lui que je faisais profession
religieuse un certain 15 août 1962 (…) :
laisse apprivoiser par Jésus. Son histoire est un peu la nôtre.Attardons-nous à son
parcours.
Ce petit homme vit mal ses compromissions avec le pouvoir et il vit encore plus mal le
rejet des siens.
Toutefois, sa candeur, sa curiosité à l’origine de son désir éveillé, sa naïveté en font une
personne habitée d’un désir immense : voir le prophète de Galilée dont tout le monde
parle. Empressement, non pas de « voir Jésus » au motif de curiosité, mais soif de
voir « qui est Jésus » (Lc 19,3) Rey, p. 78
Peut-être cet homme lui donnera-t-il le courage de fuir son existence médiocre et lui
permettra-t-il de répondre au désir qui l’habite : cette aspiration à une autre vie.
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Quelque chose d’impératif le pousse à grimper dans un arbre. Discrètement. Personne ne
le verra, mais lui verra son Jésus.Zachée veut rencontrer Jésus face à face, quitte à
« perdre la face. » Rey, p. 78L’amour entraperçu à distance force la porte du cœur qui
désire. Rey, p. 80
On peut lire l’histoire de Zachée comme si c’était la nôtre. Car nous sommes tous, à
quelque part, potentiellement Zachée.
chez toi ». Chez toi ? Cela veut dire tes propres contradictions, dans les
difficultés de ta situation, dans tes désirs, dans tes échecs, dans tes
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lui un morceau de paradis.
Laissons Jésus venir chez nous. Pas seulement dans les parties les plus
présentables de notre existence, dans la pièce la plus en ordre en
cadenassant à double tour les chambres mal rangées dont on est moins
fier.Car l’homme peut tomber au-dessous de lui-même, mais il ne
tombera jamais au-desous de Dieu, jusqu’où Dieu est venu le chercher.
Rey p. 81
Le tréfonds de l’âme de Zachée est offert au regard de Dieu. Et quel regard que celui de
Jésus!
Zachée est appelé par son nom,
arraché à ses pesanteurs,
rejoint dans les désirs secrets, jusque-là sans réponse, qui l’habitaient,
saisi par la joie. Rey, p. 81
Jésus s’est invité au jardin secret de Zachée où se terrent « toutes les potentialités de ce
qu’il est appelé à devenir – de ce que nous sommes appelés à devenir -- un jour que ce
soit dans cette vie-ci ou dans la vie éternelle. »
Zachée se rend à l’invitation de Jésus. Il descend et il est apprivoisé. Alors, il est déjà
inscrit dans la lignée de Jésus. Car être sauvé, c’est se précipiter totalement sans calculs
et sans restrictions, entre les bras de Celui que l’on aime, s’abîmer, s’enfoncer en lui et
consentir à perdre en lui ses faiblesses et ses illusions. Rey, p. 80
Avec lui, nous acceptons le message du-plus-grand-que-Jean-Baptiste :
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il me faut demeurer chez toi, partout chez toi ; laisse-moi m’installer
dans tes échecs, tes péchés, dans tes désirs d’enfance et tes naïvetés.
Offre-toi face à moi avec tout ce que tu es. En m’acceptant partout chez
toi, tu t’accepteras partout chez toi, tu deviendras homme. Tu seras fils
de Dieu.
Charles-André Sohier 4 novembre 2007
octobre 2004
Lorsque Jésus s’invite chez un pécheur, il suscite la grogne des bien pensants.
C’est bien cela qui se produit, car immédiatement Zachée montre les
signes évidents de sa conversion. Accueilli et sauvé par Jésus, (son hôte)
Zachée
33
montrera dans sa vie les signes du salut qu’il a reçu : « Je fais don aux
pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais
lui rendre quatre fois plus. »
Jésus qui « demeure chez lui », habite désormais tous ses appétits (désirs)
et le dispense de l’âpreté au gain qui l’avait conduit à spolier et rançonner
ses concitoyens. Rey, p. 80.
34
simple conversion religieuse. Il montre dans son agir, dans son
comportement moral qu’il a saisi tout le retentissement de sa conversion.
Car on ne peut se tourner vers Dieu sans aussi changer son regard et ses
gestes à l’égard d’autrui. Zachée l’exploiteur est de venu Zachée le
partageur, Zachée le fraudeur est devenu Zachée le compensateur.
Désir apprivoisé!
André Beauchamp, Comprendre la Parole,
Commentaires bibliques des dimanches année C, pp. 508-509
Nous sommes tous à quelque part potentiellement Zachée. Reconnaître lucidement les
oppositions dans notre cœur est un chemin de libération.
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Ignace de Loyola donnait comme conseil d’entrer en retraite avec l’Évangile, l’Imitation
de Jésus-Christ et la Vie des Saints. Rendons visite à Jean Bosco. Un Saint doué pour
l’apprivoisement.
On est à Turin.
C’est le 8 décembre 1841.
Un jeune prêtre, récemment ordonné, s’apprête à célébrer la messe.
Il fait froid et il vente.
Jean Bosco a tout entendu et il s’interpose avec douceur et tact, mettant ainsi en
pratique le conseil de François de Sales : On attire davantage avec une cuillérée de
miel qu’avec un tonneau de vinaigre.
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- Rien, répond l’enfant de la rue. Ce mal-aimé, cet oublié, ce rejeté. Le regardant
avec amitié, avec le regard de maman Marguerite, sa mère, Bosco poursuit :
- Rien vraiment ? Sais-tu au moins jouer, siffler ? Un sourire, et le jeune homme
est conquis, apprivoisé.
- Oui, bien sûr ! Je sais jouer.
- Alors, reviens me voir avec tes amis. D’accord. Je peux compter sur toi ?
- Si, si !
-
Une semaine plus tard, le garçon est de retour avec des copains. On joue avec
entrain ; le jeune abbé, la soutane relevée, se mêle à eux.
Et l’activité se répète.
Audacieux, Jean Bosco leur demande si il peut leur parler du bon Dieu, leur faire le
catéchisme. Et la réponse ne se fait pas attendre. C’est
- OUI !
C’est le début des patros pour les jeunes. C’est l’apparition d’une pédagogie nouvelle
faite de présence, d’affection et de confiance. En naîtra une congrégation dévouée
aux jeunes : les Salésiens.*
Il n’y a pas que les génies qui se rencontrent, les saints aussi…
37
*Cf. Odile Haumonté, Drôles de saints ! 30 fioretti, Édition des Béatitudes, 2011
Jalons Biographiques
« Il y a de quoi surprendre
Un cœur de publicain
Quand l’amour vient le prendre
Au bord du chemin! »
Continue Zachée;
Continue ton histoire…
« Je suis devenu tendre
Et j’ai ouvert mes mains
Pour donner sans attendre
Aux pauvres tous mes biens. »
Dis-nous, Zachée,
Comment tu vois la vie
Depuis le jour
Où l’Amour est passé
Et qu’il t’a invité chez toi
….
39
2e Proposition de relecture
Cette activité de relecture doit se faire sans effort et dans un climat de recueillement. Tu
écoutes ce qui remonte en toi et tu le notes dans « ton journal de bord spirituel » sans
souci d’ordonnance.
Puis, tu pries tout cela dans une prière que tu laisses émerger. Tu peux même
écrire cette prière. Souviens-toi que ce n’est pas un exercice scolaire.
- La veille de la rencontre, tu relis tes notes de journal tout en étant attentif à ce qui fait
davantage écho en toi.
- Tu retiens un moment de ton histoire religieuse que tu as le goût de partager avec tes
compagnons (gnes) de route.
40
2e À l’écoute du père André Coindre
Mes frères, parcourez l’histoire de votre vie et voyez si elle n’est pas
l’histoire de la bonté de Dieu sur vous.
Là, nous verrions des Sauls2 terrassés dans les courses à leur persécutions
et, d’ennemis de l’Eglise, en devenir les premières colonnes.
Plus loin, nous verrions des Augustins6gémir toute leur vie sur les
égarements d’une jeunesse orageuse et réparer les années perdues par des exemples
éclatants qui ont fait oublier tous leurs scandales.
1) Mc 2, 13-17
2)Ac 9, 1-19
3)Lc 7, 36-50
4)Jn 8, 1-11
5) Jn 4, 1-42
6) Cf. Les Confessions de saint Augustin
41
3e Étape
DU DÉSIR CONFRONTÉ…
42
Le désir confronté
Je sens la colère pour ne pas dire la révolte monter en moi. C’est le désir confronté
qui perd de son apprivoisement. La confrontation avec le réel quotidien nous place en
présence du mal omniprésent. Mal en moi d’abord et mal autour de moi ensuite.
Mal en moi d’abord. Le combat entre la chair et l’esprit dont parle saint Paul est
bien réel. Chaque jour, je suis confronté à mes limites, à mes fragilités : fragilité
physique : ce mal de jambe lancinant… fragilité psychique : cette mémoire qui fout le
camp… fragilité spirituelle : le doute qui s’installe face aux enseignements répétitifs et
dogmatiques de l’Église hiérarchique… Et tous ces maux requièrent de l’aide. Les
hôpitaux débordent et les psychothérapeutes travaillent des heures et des heures. On
cherche à réduire le mal qui ronge le moral, qui consume nos énergies et qui réduit notre
qualité de vie.
Mal autour de moi. La célèbre boutade de Sartre, « L’enfer, c’est les autres », je
ne la lis plus comme un barrage à ma volonté de puissance, à ma liberté narcissique,
mais je la lis comme un constatŕque je veux provisoire Ŕ de mon impuissance à stopper
43
le mal autour de moi : violence verbale…* violence physique…* violence ethnique…*
violence idéologique…* violence religieuse…* violence climatique…* (revisiter la dernière
Trop souvent notre bonheur a quelque chose de fugitif si bien bien qu’on a peu de
temps pour en jouir. On est si souvent confronté au malheur de la maladie sous toutes
ses formes. C’est ce qu’expérimente le professeur de philosophie devenu du jour au
lendemain un écrivain reconnu Eric Emmanuel Schmitt :
Je suis las, [cher] Mozart,[mon Mozart à moi, c’est Jésus] si las. Les couloirs
d’hôpitaux n’ont plus de secrets pour moi, j’en sais les rites, les horaires, les odeurs,
les bruits feutrés, le peuple infatigable des infirmières en galoches, les médecins fugitifs
au front barré par les soucis, les chariots chromés avec leur bimbeloterie de
médicaments inefficaces, les râles qui parfois s’échappent des chambres, les familles
44
plombées qui stationnent devant la porte en craignant le malade; je frissonne au
moment où le jour glisse dans la nuit, quand l’angoisse va saisir les patients et qu’il
faudrait se trouver auprès de chacun pour lui tenir la main, le bercer, lui raconter une
histoire.
Même si je n’aime pas ce qui s’y déroule, j’aime l’hôpital car il est devenu un lieu
d’amour… (Cf.pp. 54-56)
En lien avec le problème du mal qui confronte notre désir, je nous propose de méditer le
petit roman policier que constitue la péricope évangélique propre à Jean : le récit de
l’aveugle de naissance.
Pour lancer notre méditation, rappelons les interpellations des uns et des autres dans ce
récit :
- Rabbi, qui a péché pour qu’il soit né aveugle, lui ou ses parents ?
Cette question des Apôtres rejoint celle qu’on entend si souvent : « Mais qu’ai-je donc
fait pour que ceci m’arrive? Question à laquelle Jésus ne répond pas. Ou plutôt sa
réponse, c’est une action de compassion…
45
À défaut de s’entendre, ces exégètes vont harceler le nouveau voyant en espérant le
confondre.
- Et toi que dis-tu de celui qui t’a ouvert les yeux ? Ce n’est plus le nouveau voyant
qui répond, mais le bien voyant :
- C’est un prophète !
- Que t’a-t-il fait ? Comment t’a-t-il ouvert les yeux ? Et le tout nouveau regard du
miraculé ose dans la fraîcheur de l’insolence :
- Je vous l’ai déjà dit, et vous ne m’avez pas écouté ! Mieux. Puisqu’il a maintenant du
rire dans les yeux, il voit la manœuvre et s’enhardit encore un peu plus : « Pourquoi
voulez-vous m’entendre encore une fois ? serait-ce que vous aussi, vous voulez
devenir ses disciples ? » (Cf. Ringlet, in La Croix, 1er mars 2008)
Le nouveau voyant est bien plus que quelqu’un qui recouvre la vue, c’est un visionnaire
apostolique. Et il nous appelle à sa suite. Une condition ? Se laisser mette un peu de
boue sur les yeux par Jésus ! S’offrir une thalassothérapie recréatrice. Difficile de ne pas
faire le lien avec le premier homme façonné avec de la glaise !(Gn 2, 7) La guérison
opérée par Jésus est le prolongement de l’œuvre créatrice. La foi ne se définirait-ellepas
comme une re-création du regard ?(Cf. Rey, p. 92)
Son désir confronté a déjà évolué en désir ordonné dont le point focal est Jésus !
Assez, c’est assez ! Du haut de la chaire, en 1509, le père Montesinos s’élève avec
véhémence devant l’effrayante dépopulation due aux exactions des chrétiens venus
d’Espagne. Combien dans l’assistance, rentrèrent en eux-mêmes et se demandèrent si
leur conduite était digne de baptisés ? Touché au cœur Bartolomé de las Casas vit une
conversion profonde. Il deviendra le défenseur des Indiens. Riche propriétaire, il
affranchit ses travailleurs. Le laïc devint prêtre, puis dominicain et enfin évêque.
En 1514, alors qu’il prépare sa messe, de las Casas lit « Celui qui offre un sacrifice tiré
de la substance du pauvre agit comme s’il sacrifiait un fils en présence de son père ». Il
prend alors conscience de la condition indigène et décide de partir pour la métropole
avec Antonio de Montesinos, c’est sa « Première Conversion ». Il refera 6 fois le voyage
en Espagne pour défendre les autochtones auprès des rois et des papes.Toujours à la
défense des Indiens, il dénonce et écrit des textes prophétiques et programmatiques. En
voici deux exemples :
47
de prendre des Noirs comme esclaves pour compenser la mortalité des indigènes
(prise de conscience tardive de son erreur, 9 000 Noirs amenés en dix ans)
Il rédige alors « De Unico Modo » qui signifie « de l’unique façon d’attirer tout le genre
humain à la véritable religion » qu’il enrichit en 1537 de la bulle du pape Paul III
« Sublimis Deus » qui proclame l’humanité des Indiens et leur aptitude à recevoir la foi
chrétienne : « Considérant que les Indiens, étant de véritables hommes sont aptes à
recevoir la foi chrétienne, mais encore, d’après ce que nous savons le désirent
fortement... nous décidons et déclarons, nonobstant toute opinion contraire, que les dits
Indiens... ne pourront être en aucune façon privés de leur liberté ni de la possession de
leurs biens... et qu’ils devront être appelés à la foi de Jésus-Christ par la prédication de
la parole divine et par l’exemple d’une vie vertueuse et sainte. »
Il s’appuie sur les évangiles, « Rien n’est bon que ce qui est libre... que personne ne
contraigne les infidèles à croire », et fait cinq propositions :
le prédicateur doit apparaître comme une personne qui ne veut pas asservir ses
auditeurs,
il ne doit avoir aucune intention de posséder des richesses,
il doit être doux, affable, pacifique, bienveillant, écouter avec respect et plaisir la
doctrine,
sa vie et son comportement doivent être en accord avec ce qu’il enseigne,
les auditeurs voyant l’action du maître glorifieront le Père du Ciel,
À la question du père Coindre « Qu’ai-je fait pour mon Dieu? » je préfère celle-ci :
« Que vais-je faire avec Dieu connu en Jésus-Christ? » La confrontation de mon désir
n’est pas sa suppression, mais bien davantage un appel à l’orienter à la suite de Celui qui
désire pour chacun de nous, fut-il indien ! « une vie en abondance ».
Chant ou vidéorama : Prière de François
48
Prière de François
Là où il y a la haine,
Que surgisse ton amour.
Là où il y a le doute,
Que s’élève un chant de foi!
Là où il y a l’offense,
Que s’éveille le pardon.
Là où règne la tristesse,
Que s’élève un chant de joie!
Là où germe le mensonge,
Fais fleurir la vérité.
Là où siège l’injustice,
Que s’élève un chant d’amour!
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Écoute dans le vent
Ecoute, mon ami
Ecoute dans le vent
Ecoute, la réponse est dans le vent.
(Écoute la réponse vient de l’Esprit)
1.
Combien de routes un garçon peut-il faire
Avant qu’un homme il ne soit?
Combien l’oiseau doit-il franchir de mers
Avant de s’éloigner du froid?
Combien de morts un canon peut-il faire
Avant que l’on oublie sa voix?
2.
Combien de fois doit-on lever les yeux
Avant que de voir le soleil?
Combien d’oreilles faut-il au(x) malheureux
Avant d’écouter leurs pareils?
Combien de pleurs faut-il à l’homme heureux
Avant que son cœur ne s’éveille?
3.
Combien d’années faudra-t-il à l’esclave
Avant d’avoir sa liberté?
Combien de temps un soldat est-il brave
Avant de mourir oublié?
Combien de mers franchira la colombe
Avant que nous vivions en paix?
50
3e Proposition de relecture
- Prends le temps d’entrer en contact avec cet événement, de le situer dans le temps
(quand), dans l’espace (où).
Puis, tu pries tout cela dans une prière que tu laisses émerger. Tu peux même écrire cette
prière.
- La veille de la rencontre, te relis tes notes de journal spirituel tout en étant attentif (ve)
à ce qui se passe en moi.
- Tu sélectionnes les principales prises de conscience que tu veux partager avec tes
compagnons (gnes) de route ou ton accompagnateur (trice)
51
3e À l’écoute du père André Coindre
Pour vous qui reconnaissez que vous avez reçu de votre Dieu un esprit pour le
connaître, un cœur pour l’aimer, des forces corporelles pour le servir, faites un retour sur
vous-mêmes; examinez les principales époques de votre vie et demandez-vous :
À quel moment Dieu a-t-il cessé de vous protéger, de vous conserver votre corps
et votre âme? Jour et nuit, il vous a investis de ses bienfaits, il vous a cultivés comme un
parterre délicieux; il avait donc droit chaque jour de recueillir en vous des fruits mûrs,
des fruits d’honneur et de justice.
Quand vous cultivez chaque jour un jardin, vous voulez que chaque jour il vous
rapporte quelque chose et, cependant, jeunes gens, Dieu entretient, cultive votre belle
jeunesse et vous la lui refusez et vous, vous ne lui réservez que les restes d’une vie
souillée par le péché. Vous ne lui réservez que les restes du monde, les restes impurs de
vos passions, les restes du démon. Est-ce donc ainsi, hommes aveugles et insensés,
que vous êtes reconnaissants envers votre Dieu? N’est-ce pas lui qui est votre Père,
qui vous a créés et qui vous conserve? Vous voulez laisser vieillir l’arbre et, lorsqu’il
ne portera plus que des fruits jaunâtres, lorsque la sève ne montera plus jusqu’aux
branches, alors vous le donnerez au Seigneur pour qu’il en recueille des fruits!
52
Dieu; et voilà que plus vous recevez de sa main libérale, plus vous l’offensez par vos
crimes. Est-ce donc ainsi, hommes insensés et aveugles, que vous êtes reconnaissants
envers votre Dieu? N’est-il donc pas, lui, votre Père qui vous a créés et qui vous
conserve?
Et vous, hommes riches qui jouissez d’une honnête aisance, pourquoi n’êtes-vous
pas plus religieux et plus fervents que les pauvres? Que devait faire pour vous votre
Dieu qu’il n’ait fait? De la manière dont il vous a favorisés ici-bas, on dirait qu’il vous a
aimés d’un amour de prédilection et voilà que vous oubliez celui qui vous a placés au
sein de l’abondance, voilà que vous ne l’aimez même pas. Pourquoi faites-vous servir
vos richesses à l’offenser? Pourquoi êtes-vous ses premiers ennemis? Est-ce donc ainsi,
peuple insensé et ingrat, que tu es reconnaissant envers ton Dieu?
53
4e étape
Du désir ORDONNÉ…
Et pour celui
dont la vie est « réfléchie »
aux RX de l’Évangile,
une parole de Jésus illumine
le sanctuaire de son cœur :
« Qu’il renonce à lui-même. »
54
Du désir ordonné
Notre confrontation au mal omniprésent, si elle nous ébranle ou nous taraude, elle
ne nous anéantit pas. Car historiquement, en avril 27, Jésus a assumé ce mal dans le
mystère de la Croix.
Contempler la Croix, c’est entendre le cri de déréliction lancé par Jésus à son Père
du haut de la croix : Pourquoi m’as-tu abandonné ? Et bien ! depuis ce jour, ce cri est
adressé à chacun de nous. L’entendons-nous ? Je me sens interpeller dans les
profondeurs de mon désir. Au Dieu esseulé, en cet après-midi du premier Vendredi
Saint, je dis que je me range derrière lui. Qu’il ne sera plus désormais seul pour faire
reculer le mal.
Pourtant au fond de moi, une petite voix adhère avec chaleur aux paroles du père
Coindre :
Qui rendra l’homme supérieur à lui-même et qui élèvera son âme au milieu de ses désirs
pour les diriger tranquillement, comme un général au milieu de son armée et dans le
tumulte des armes ?
55
C’est celui qui a créé cette âme qui le lui apprendra et c’est ici le grand secret que
Jésus-Christ a révélé à la terre en ces mots : « Qu’il renonce à lui-même. »
Oui, pour tenir sous le joug, // l’abnégation, le renoncement de ses inclinations, voilà le
grand moyen que [l’évangile] nous offre. C’est lui seul qui nous dit qu’il faut nous faire
violence, que le royaume de Jésus est au fond de nos cœurs. C’est lui seul qui nous
envoie des secours d’en haut pour faire cette guerre intestine et c’est par là qu’il nous
procure la paix du cœur. Et la paix du cœur, c’est le bonheur.
Main)
Soyons honnêtes : ce n’est pas évident alors qu’aujourd'hui, nous ne savons plus
vraiment ce que cela signifie que de renoncer à soi. En effet, le renoncement à soi n'est pas
une expérience familière ou même tout à fait compréhensible à nos contemporains,
principalement parce que notre société met plutôt l'accent sur la réussite personnelle, sur des
principes et des comportements qui relèvent de l'individualisme. Le matérialisme de notre
société de consommation établit le « ce que je veux» au centre de notre vie, et ramène
«l'autre» à la qualité de simple objet dont nous pouvons disposer selon notre plaisir ou à notre
avantage. Toutefois, l'autre n'est réellement Autre que si nous l'approchons avec révérence
pour lui-même et en tant que lui-même.
Nous devons apprendre à lui porter une attention complète, plutôt que de s'intéresser
seulement à l'effet qu'il peut avoir sur nous. Si nous commençons à faire de l'autre un objet,
alors sa réalité, son caractère unique et sa valeur essentielle nous échappent. Il devient non
pas l'autre, mais une projection de nous-mêmes.Une prolongation de soi…
56
une tentative d'échapper à la responsabilité de son être, de sa vie et de ses rapports
avec autrui. Ce désir est davantage une affirmation de soi-même, non pas du soi
engagé dans telle ou telle responsabilité particulière, ou du soi qui désire ceci ou
cela - ces aspects du soi sont illusoires; ils deviennent de petits ego lorsque nous
les isolons du point central de notre être Ŕ mais du soi où notre être irréductible
existe en complète harmonie avec l'Autre, cet Autre qui est la source de notre être
et celui par qui nous existons. C'est ce véritable soi, le soi complet auquel nous
aspirons dans notre itinéraire spirituel.(Cf. John Main, Le renoncement à soi, dans un mot dans
le silence, un mot pour méditer. Web)
En fixant mon regard sur le Christ vainqueur des ténèbres, je peux éviter le piège
de l’enfermement, et entendre chanter en moi ce vieux cantique de mes pères et mères
dans la foi :
Victoire, tu règneras
Ô Croix, tu nous sauveras !
Laisser Dieu être Dieu connu en Jésus-Christ. Ce Jésus n’a pas répondu au
pourquoi du mal. Il a agi et connu le mal de la mort injuste, mais il en est sorti
vainqueur. Il nous fait signe : la vie est en avant, à sa suite.
Désir ordonné!
57
Le frère Polycarpe a beaucoup fréquenté saint Paul. Fidèle à ce mentor, allons voir
comment Paul a vécu ce précepte de Jésus : « Renoncer à soi-même » pour se mettre
en quête de « la justice » du Dieu de Jésus-Christ?
Et Paul l’a compris sur le chemin de Damas qui fut son chemin de croix. Jésus a
payé le prix de la transgression de la Loi en mourant sur la Croix, en nous ouvrant son
cœur. Et c’est ce Fils faisant confiance à son Père que ce dernier ressuscite, signifiant
par là, que la Foi, dans la quête de Dieu, se substitue qualitativement à la Loi. Le
symbole de la foi, c’est la croix : au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.
58
Dans le petit catéchisme du diocèse de Québec de 1847, à la question : Quelle est la
marque du chrétien ? on trouve comme réponse : « C’est le signe de la croix. » On se
souvient que le père Coindre, comme membre temporaire de la Société de la croix de
Jésus (1816-1822) avait ce cri identitaire : Tout par la croix de mon adorable de Jésus !
Mt 16, 21-26 a été commenté par de nombreux prédicateurs. Je vous partage ici
celui du P. Cantalamessa intitulé « Monter dans le train de la vie »
Le train de la vie sur lequel nous voyageons se dirige vers la mort. Sur ce point au
moins, il n'y a pas de doute. Notre moi naturel, étant mortel, est destiné à prendre
fin. Ce que l'Évangile nous propose quand il nous exhorte à renoncer à nous-
mêmes, c'est de descendre de ce train et de monter sur un autre qui conduit à la vie.
Le train qui conduit à la vie est la foi en celui qui a dit : « Qui croit en moi, même mort
vivra ».
59
Riace », qui se trouvent dans le musée de Reggio Calabre, et comptent parmi les
sculptures les plus admirées de l'antiquité.
Les guerriers ou bronzes de Riace sont deux sculptures grecques en bronze datées
du Vᵉ siècle av. J.-C. et conservées au musée national de Reggio de Calabre. Un
peu plus grands que nature, ils furent découverts en 1972 au large de Riace, en
Calabre, probablement sur les lieux d'un naufrage dans l'Antiquité.
Ce sont des exemples qui nous aident à comprendre l'aspect positif qui se trouve
dans la proposition évangélique. Nous ressemblons, en esprit, à ces statues avant
leur restauration. La belle image de Dieu que nous devrions être, est recouverte des
sept couches qui sont les sept péchés capitaux. Peut-être n'est-il pas superflu de les
rappeler au cas où nous les aurions oubliés. Ce sont : la paresse, l'orgueil, la
gourmandise, la luxure, l'avarice, la colère, l'envie. Saint Paul appelle cette image
60
défigurée « l'image terrestre », par opposition à « l'image céleste » qui est la
ressemblance avec le Christ.
« Renoncer à soi-même » n'est donc pas une action pour la mort, mais pour la vie,
pour la beauté et pour la joie. C'est aussi un moyen d'apprendre le langage du
véritable amour. Imagine, disait un grand philosophe du siècle dernier,
Kierkegaard, une situation purement humaine. Deux jeunes s'aiment. Toutefois, ils
appartiennent à deux peuples différents et parlent deux langues totalement
différentes. Si leur amour veut survivre et grandir, il est nécessaire que l’un des
deux jeunes apprenne la langue de l'autre. Autrement, ils ne pourront pas
communiquer et leur amour ne durera pas.
A l’évidence, ce mystère est grand, tellement grand que la vocation de Paul sera
de relire la Loi à travers la Croix dont les bras ouverts embrassent toutes les nations.
Il inaugurera une théologie nouvelle où la foi est chemin de salut parce qu’accueil d’un
Dieu Père, Notre Père !
Chant : Seigneur, que veux-tu que je fasse ? de R. Lebel ou Les croix de G. Bécaud
61
Seigneur, que veux-tu que je fasse ?
(Robert Lebel)
62
4e Proposition de relecture :
Se défaire de ses masques
C’est bien connu aujourd’hui, notre éducation, notre environnement, notre temps
habillent sournoisement notre moi profond : alors un surmoi prend de plus en plus sa
place. Renoncer à soi-même, c’est sans doute se défaire de ses masques, se libérer des
enveloppes du surmoi.
Revois une situation précise où tu sais qu’à l’intime de toi-même, il y avait une
disharmonie profonde… Quel masque portais-tu alors? Es-tu prêt à y renoncer? Qu’est-
ce que cela entraînera?
Puis, tu pries tout cela dans une prière que tu laisses émerger. Tu peux même écrire cette
prière.
- La veille de la rencontre, te relis tes notes de journal spirituel tout en étant attentif (ve)
à ce qui se passe en moi.
- Tu sélectionnes les principales prises de conscience que tu veux partager avec tes
compagnons (gnes) de route ou ton accompagnateur (trice).
63
4e À l’écoute du père André Coindre
Renoncer à soi-même
Mt 16, 24
Mais ce n’est pas assez pour la paix de mon âme que mon esprit connaisse la
vérité, il faut encore que mon cœur maîtrise ses passions.
Ces ennemis domestiques nous attaquent avec une fureur toujours croissante. En
effet, qu’est-ce qui rend l’homme malheureux? C’est qu’il porte au-dedans de lui-même
mille affections plus ou moins violentes qui altèrent le calme et la tranquillité de son
âme. Si elles ne sont pas modérées par un secours d’en haut et par les lumières de la
sagesse, elles font mille efforts pour se répandre au-dehors. Elles s’agitent, elles
s’échauffent les unes les autres et, de leur choc mutuel, il en résulte ce trouble, cette
agitation qui ne peut être comparée qu’au flot d’une mer écumante que les vents
poussent tantôt d’un côté, tantôt de l’autre; ce sont des tigres qui se déchirent et qui
rongent leurs fers; ce sont des séditieux qui troublent la paix de l’empire et qu’il faut
enchaîner ou chasser hors de leur patrie.
Or, quel moyen trouvera la philosophie pour réduire ces ennemis domestiques?
Les sages du paganisme nous ont peint les héros, mais ceux-ci n’ont eu d’existence que
dans leurs livres. Les esprits forts du jour, loin de les combattre, leur ont lâché la bride,
ont flatté tous les penchants et ont placé le bonheur à les satisfaire, c’est-à-dire à se
donner autant de tyrans et de tyrans cruels qui les maîtrisent comme des esclaves. Qui
rendra l’homme supérieur à lui-même et qui élèvera son âme au milieu de leur
mouvement pour les diriger tranquillement, comme un général au milieu de son armée et
dans le tumulte des armes? C’est celui qui a créé cette âme qui le lui apprendra et c’est
ici le grand secret que Jésus-Christ a révélé à la terre en ces mots : « Qu’il renonce à
lui-même. »
Oui, encore une fois, guerre continuelle avec nous-mêmes et nous serons heureux.
Nous jouirons de ce repos, de cette paix dont jouit un vaste empire qui, pour repousser
64
les ennemis du dehors, met sur ses frontières de grandes armées, et pour retenir ceux du
dedans les relègue dans des cachots et les enchaîne.
Et sans remonter si haut, interrogez les âmes ferventes dont le visage toujours
calme et serein annonce le calme et la paix de leur cœur. Où puisent-ils ce bonheur
? Ils vous diront que c’est en contrariant leurs penchants, en résistant au langage des
passions, que la religion et la grâce de Jésus-Christ les rendent si heureux et si supérieurs
à eux-mêmes.
65
5e étape
Du désir émerveillé…
Cf. Luc 2, 41-52
Chant : Saint Joseph
Le conseil de Jésus-Christ,
renoncer à soi-même,
nous amène à nous poser la question de l’identité de celui qui le donne.
Avec le père Coindre,
nous découvrons que ce fils de Dieu
en devenant homme, comme fils de dame Marie,
nous montre en quelque sorte
ce qu’est « l’humanitude » dans le désir de Dieu.
66
Du désir émerveillé
Suite à mon option de faire reculer le mal, j’ai le goût de mettre mes pas dans les
pas du Christ Jésus, « au nom duquel tout genou fléchit… » C’est comme un coup de
foudre : je suis amoureux de Jésus sans vraiment connaître celui que j’aime. Admiration
et compassion me le rendent attachant. Alors, connaître Jésus devient la priorité. Le mot
à Augustin devient un impératif catégorique pour moi : « Prends et lis. » Il y a un
commencement à tout.
Aussi, c’est avec les yeux du cœur, peut-être plus qu’avec les yeux de
l’imagination, que je revis avec Marie, Joseph et Jésus, les trente années de la vie cachée
du prophète de Nazareth. Cette humanité de Jésus se vit dans l’intimité d’un couple
pieux et discret du petit village de Galilée. Jésus se révèle à moi dans le quotidien d’une
vie familiale tranquille, effacée, de Palestine :
La vie cachée de Jésus ressemble étrangement à la nôtre par certains côtés, vie
ponctuée d’événements fondateurs :
Que renaisse en nous l’estime du silence, cette admirable et indispensable condition de l’esprit,
en nous qui sommes assaillis par tant de clameurs, de fracas et de cris dans notre vie moderne,
bruyante et hyper sensibilisée. O silence de Nazareth, enseigne-nous le recueillement,
l’intériorité, la disposition à écouter les bonnes inspirations et les paroles des vrais maîtres ;
enseigne-nous le besoin et la valeur des préparations, de l’étude, de la méditation, de la vie
personnelle et intérieure, de la prière que Dieu seul voit dans le secret.
Que Nazareth nous enseigne ce qu’est la famille, sa communion d’amour, son austère et simple
beauté, son caractère sacré et inviolable ; apprenons de Nazareth comment la formation qu’on y
reçoit est douce et irremplaçable ; apprenons quel est son rôle primordial sur le plan social.
Nazareth, maison du fils du charpentier, c’est ici que nous voudrions comprendre et célébrer la loi
sévère et rédemptrice du labeur humain ; ici, rétablir la conscience de la noblesse du travail ; ici,
69
rappeler que le travail ne peut pas avoir une fin en lui-même, mais que sa liberté et sa noblesse
lui viennent, en plus de sa valeur économique, des valeurs qui le finalisent ; comme nous
voudrions enfin saluer ici tous les travailleurs du monde entier et leur montrer leur grand modèle,
leur frère divin, le prophète de toutes leurs justes causes, le Christ notre Seigneur.
On est au milieu du 19e siècle. À Antananarivo. Les jésuites y ont introduit le christianisme de peine et
de misère. Ils ont dû s’y prendre à deux fois avec ces fiers Malgaches.
À 13 ans, Rasovamanarivo, c,est notre future Victoire, surprend des hommes vêtus de noir en train de
catéchiser. Elle dit à sa camarade :
- Si on écoutait.
On raconte la mort de jésus sur une croix et ses touchantes paroles faites de pardon. Rasova en est
émue aux larmes…. Elle veut en savoir davantage su Jésus.
Désir éveillé !
Elle revient, seule. La porte de l’église entrouverte l’attire. Tout en continuant à dévorer son fruit, elle
avance vers cette mystérieuse petite armoire. Elle est comme aimantée. Les bougies, les fleurs, le
silence, et ce sentiment de présence. Présence de quelqu’un qui l’observe avec tendresse. Honteuse, elle
sort pour jeter son fruit, puis revient, s’agenouille auprès du tabernacle. Elle se sent si bien avec la
présence qu’elle s’inscrit au catéchisme et demande le baptême à 15 ans.
Désir émerveillé !
Elle veut être fille de dieu. Quelle victoire ! Et le peit homme, tout de noir vêtu, verse l’onction en
disant les paroles rituelles : « Je te baptise Victoire, Au nom du père…
À 16 ans, Victoire est donnée en mariage à un cousin, un gradé militaire, appartenant à la famille
royale, et dont le père est premier ministre.
70
Quelques temps après, le premier ministre convoque Victoire au palais :
- Bonjour Victoire.
- Bonjour dada (père).
- Ma petite fille, depuis que tu es marié à notre fils Radriaka, tu ne nous as apporté que de la joie.
Tu sais que sa mère et moi, nous t’aimons profondément. Notre fils est un militaire de grande
valeur, nous ne connaissions pas le reste de sa vie quand nous t’avons demandé en mariage à tes
parents. Nous avons à présent découvert combien il est mauvais ; il boit, il mène une vie de
débauche, il est violent envers toi. Tu ne te plains jamais, mais nous connaissons ta souffrance
et nous voulons y mettre fin. Nous allons faire rompre ton mariage avec Radrika.
- Pourquoi vous inquiétez-vous pour moi ? proteste la jeune femme. Dieu m’a unie pourtoujours
à votre fils, je ne divorcerai jamais. Je veux faire sa volonté et je resterai toute ma vie avec
Radrika.
Durant 24 ans, Victoire habitée d’une présence subit des humiliations et des violences incessantes de la
part de son mari. Elle se dévoue auprès des chrétiens, souvent persécutés.
Les jésuites sont chasés de nouveau en 1883. Trois ans plus tard, quand ils reviennent, il trouve une
communauté bien vivante grâce au dévouement de Victoire.
Un jour, Radrika tombe gravement malade, et tous savent que la fin est proche. Victoire le soigne avec
un dévouement fait de pardon, de tendresse et de compassion.
Désir purifié !
Victoire s’en ouvre à Raphaël, un frère malgache qui s’occupe avec elle de la communauté chrétienne :
- Baptise ton mari, Victoire.
- Moi ?
- Tu peux le faire puisqu’il n’y a pas de prêtres.
En présence de sa famille Radrika, couché, affaibli, mais le visage rayonnant, reçoit le baptême des
mains de son épouse :
- Je te baptise au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.
Cf. Odile Haumonté, drôles de saints, 30 fioretti, Ed. des Béatitudes, 2011 Texte modifié par fgb le 6
avril 2012, Chapitre 29, pp. 163-166.
71
5e chant : Saint Joseph
SAINT JOSEPH
72
5e Proposition de relecture
d’une annonciation à l’autre
Tu es invité à faire marche arrière dans le temps pour retrouver des moments
d’annonciation durant ton enfance et ton adolescence avant que tu n’entres dans la vie
active.
- As-tu souvenir d’un moment où tu avais le coeur tout brûlant à cause d’une parole
de Jésus?
Puis, tu pries tout cela dans une prière que tu laisses émerger. Tu peux même écrire cette
prière.
- La veille de la rencontre, tu relis tes notes de journal spirituel tout en étant attentif (ve)
à ce qui se passe en toi.
- Tu sélectionnes les principales prises de conscience que tu veux partager avec tes
compagnons (gnes) de route ou ton accompagnateur (trice).
73
5e À l’écoute du père André Coindre
Il fallait donc un moyen plus puissant capable d’ébranler toutes les âmes et de
donner de l’énergie à tous les cœurs; or la Révélation nous apprend que ce moyen a été
l’incarnation du Verbe, que l’amour de Dieu pour les hommes a été jusqu’à cet excès de
leur donner son Fils unique. (Jn 3, 16)
Que vous dirais-je donc de l’amour d’un Dieu incarné pour vous en donner une
idée vraie et juste?
Vous dirais-je que cet amour a été si violent en Dieu que celui qui, selon
l’Écriture, est plus haut que les cieux, plus profond que les abîmes,
qui voit toutes les créatures comme un rien,
que celui qui règne au centre d’une grandeur que rien ne peut égaler ni atteindre,
qui va se perdre jusqu’à l’infini, s’est comme élancé de sa vaste et profonde solitude, a
franchi toutes les régions d’esprits célestes pour s’unir à notre humanité, pour se rendre
aimable comme pour leur montrer qu’il les aimait.
Mais ce n’est là que le premier pas de son amour, ce n’est là qu’un présage de ce
qu’il sera dans la suite.
Que vous dirais-je donc de l’amour d’un Dieu incarné pour vous en donner une
idée vraie et juste?
74
Dieu nous aima jusqu'à devenir enfant de la femme
Oui, sans doute, c’est là l’état où l’amour a réduit l’aimable Jésus. Mais ce
n’est point l’amour de Jésus dans toute sa force et son étendue.
75
6e étape
Du désir purifié…
Cf. Mt 4, 1-11
Chant : Quel que soit mon chemin de Robert Lebel
Suivre Jésus,
c’est se mettre à son école, car on sait qu’il enseignait avec autorité.
Cet enseignement,
76
Désir purifié
Le désir de suivre Jésus est fort, mais il rencontre des résistances qui ne disent pas
leur nom. Quelles sont mes résistances à donner une réponse « tout en « oui » et tout en
« non » aux interpellations multiples qui viennent des profondeurs abyssales. Aurai-je le
courage d’identifier le fil d’or ou l’objet d’attachement démesuré qui ralentit ma vie
en avant, ma vie en abondance. L’épreuve de Jésus au désert, prélude à sa mission
publique, est aussi notre épreuve essentielle, notre épreuve ontologique.
Où en est ma liberté intérieure par rapport aux pôles d’attachement que sont mes
besoins d’avoir, d’être reconnu et de dominer ? Lequel de ces besoins fondamentaux
entrave présentement ma suite radicale de Jésus pauvre, humble et caché ?
Vivement que je substitue au miroitement du fil d’or le subtil fil de l’Esprit, car
« savoir en vérité » est toujours piégé par mon histoire personnelle. J’entends la phrase
insolente et sceptique Pilate à Jésus : « Qu’est-ce que la vérité ? » La gestion de mon
bien apparent appelle le discernement au quotidien, discernement nourri de ma prière
d’offrande, qui est adhésion au Christ, tel que je suis avec mes forces et mes limites.
Les tentations de Jésus au désert que l’on trouve en Mt 4, 1-11 ne sont sans doute pas du
domaine historique au sens strict, c’est-à-dire factuel. Mais cette péricope évangélique
n’en demeure pas moins un haut lieu d’une vérité ontologique. Toute personne est
retardée dans sa croissance humaine (en humanité) ou spirituelle par un attachement qui
77
obscurcit ou colore ses prises de décision. C’était le cas d’un grand admirateur de
Vincent de Paul au temps où il était curé de Chatillon-les-Dombes, à 25 km de Bourg-
en-Bresse, première paroisse d’affectation de notre père Coindre. Il s’agit du comte de
Rougement.
(p. 82++)
Vincent de Paul gagne les cœurs de ce milieu protestant. Chatillon constitue la naissance
véritable de monsieur Vincent, le frère des pauvres. On lui fait confiance, on vient le
voir, on discute avec lui et on se confie à lui. On se confesse. Et parfois on se convertit.
Vincent vit l’Évangile : ce n’est plus lui, c’est le Christ qui vit en lui. Son rayonnement
touche les paysans mais aussi les nobles de la province. Le comte de Rougemont se
tourne vers lui. Il s’ennuie malgré la chasse, la cavalcade et la brume. L’année passe
lentement. Ayant entendu parler de Vincent de Paul, de sa personnalité, des conversions,
et des prêtres qui le suivent dans un cheminement qui n’est pas sans rappeler le Christ de
l’Évangile, le comte rencontre l’ecclésiastique qui répète encore et encore : « Il faut se
donner à Dieu. »
Le comte de Rougement est curieux de ce curé catholique qui parle comme luthérien. Il
vient à Châtillon et le rencontre. Le noble est ébranlé. Il se convertit et lui confie sa
direction de conscience. Le prêtre le conduit sur la voie d’une vie respectueuse des
préceptes du Christ ou dit dans le langage de notre thème de retraite, il l’emmène à se
désirer dans le désir de Dieu. Et petit à petit, Vincent réussit à convaincre le bouillant
comte de cesser de se battre en duel. Écoutons Vincent raconter lui-même cette
expérience.
« J’ai connu un gentilhomme de Bresse, qui avait été un franc éclaircilleur. (qqn qui se
bat en duel) Il m’a dit et il n’est pas croyable combien il a battu, blessé et tué de monde.
Enfin, Dieu le toucha si efficacement qu’il entra en lui-même et, connaissant l’état
malheureux où il était, il résolut de changer de vie.
78
Un jour, allant en voyage, il s’examina si, depuis le temps qu’il avait renoncé à tout, il
lui était resté quelque attache. Il parcourut l’histoire de sa vie dans ses affaires, ses biens,
ses alliances, sa réputation. Il tourne, il vire, il tombe sur son épée. Pourquoi la portes-
tu ? pensa-t-il. Comment en souffrirai-je la privation ? Quoi ! Quitter cette chère épée
qui m’a si bien servi en tant d’occasions et qui, après Dieu, m’a tiré de mille dangers ! Si
on m’attaquait encore, je serais perdu sans elle. Mais, aussi, il peut t’arriver quelque
querelle où tu n’aurais pas la force de ne pas te servir de l’épée que tu portes. Tu
offenserais encore Dieu. Et, en ce moment, se trouvant près d’une grosse pierre, il
descend de son cheval, prend son épée, bat la pierre avec celle-ci. Il la rompt, la met en
pièce et s’en va. »
Pas facile de se défaire d’un bien apparent !
Désir Purifié !
79
Quel que soit mon chemin *
Toi qui sais d’où je viens
Et de quoi je suis fait,
Toi qui perces de loin
Mes pensées…
Tu connais mes chemins,
Ils te sont familiers.
Je pars et je reviens?
Tu le sais!
Quel que soit mon chemin,
Moi, je voudrais bien
Me rendre chez toi! Chez toi!
Et si j’allais trop loin, Toi, tends-moi la main
Et ramène-moi!
Tu as inscrit mes jours
Dans le creux de ta main,
Dans ton livre d’amour,
Un matin…
Et je veux à mon tour
Écrire de ma main
Cette chanson d’amour, ce refrain
Que les ailes du vent
Me conduisent au soleil?
Et celles du levant
Jusqu’au ciel?
Par delà l’océan?
Au bout de l’arc en ciel?
Même là, tu m’attends;
C’est pareil!
Quels que soient mon pays,
Mon nom et ma couleur, que je vienne d’ici
Ou d’ailleurs,
Tu sais pourquoi je vis,
Tu sais pourquoi je meurs,
Tout cela est écrit
Dans ton cœur.
80
6e Proposition de relecture
Vivre humainement unifié
J’ai beau avoir le goût de la vie en abondance, je me rends compte que des
attachements obscurcissent mon itinéraire de lumière.
- À la lumière de cette relecture as-tu le sentiment qu’une libido domine chez toi
? Qu’entends-tu faire pour l’ajuster de façon à vivre davantage libre
intérieurement ?
Puis, tu pries tout cela dans une prière que tu laisses émerger. Tu peux même écrire cette
prière.
- La veille de la rencontre, tu relis tes notes de journal spirituel tout en étant attentif (ve)
à ce qui se passe en toi.
- Tu sélectionnes les principales prises de conscience que tu veux partager avec tes
compagnons (gnes) de route ou ton accompagnateur (trice).
81
6e À l’écoute du père André Coindre
… car je suis doux et humble de cœur
Mt 11, 29
Dans ce texte,
le père Coindre montre
comment l’orgueil est la source de bien des maux
et en appelle à l’enseignement de Jésus
pour nous inviter à être doux et humble de cœur.
Cette fièvre de l’âme qui nous agite tous, sans nous quitter un instant, depuis la
première lueur de notre raison jusqu’à son obscurcissement dans les ombres de la mort.
Le dernier homme du monde, autant que celui qui occupe le premier rang, si on le
méprise, il s’indigne, il se courrouce. De là tant de scènes dans le monde dont l’orgueil
est le principal acteur, quoiqu’il soit revêtu de formes différentes.
Ici, c’est une famille, vraie image de l’enfer, où l’opiniâtre désobéissance des
enfants provoque la colère du père, où la jalousie du frère s’aigrit de ce qu’on a pour la
sœur plus de bonté que pour lui. Là, ce sont deux rivaux que l’envie dévore parce que
leur vanité et leurs prétentions ridicules s’irritent de ce qu’ils ne sont point seuls. Aussi
leur noire imagination se fatigue, s’épuise pour traverser un projet, pour brouiller des
amis. Et c’est ainsi que le bonheur d’autrui fait leur propre malheur. Tout l’orgueil est
enraciné dans eux-mêmes; il en est la source des plus monstrueux penchants.
Oui, c’est l’orgueil qui prête à la colère ses fureurs, et qui porta le grand Théodose
à livrer Thessalonique au fer et au feu. C’est l’orgueil qui est le principe de ces rixes, de
ces disputes qui font des hommes comme autant de bêtes féroces qui se déchirent et se
dévorent. C’est l’orgueil qui arme sa propre victime pour lui plonger le poignard dans le
sein. C’est l’orgueil enfin, le père de tous les crimes, qui met sous les yeux des scènes
sanglantes, des scènes d’horreur trop communes dans nos malheureux temps.
Or, qui bannira de la société un fléau si général et si terrible? Que les philosophes
s’épuisent; toutes leurs ressources, ici, sont inutiles. Et comment pourraient-ils le bannir
puisque l’orgueil est leur élément, l’orgueil est leur grand mobile.
82
Gloire soit donc à vous seul, ô mon Dieu, qui avez droit de commander aux
hommes de s’anéantir devant vous; gloire à Jésus-Christ qui nous a enseigné la vertu
d’humilité, dont les anciens philosophes ont ignoré jusqu’au nom; gloire à la religion
chrétienne à qui seule il appartient de donner des leçons d’abaissement et d’encourager
ses disciples par l’exemple d’un Dieu anéanti! Doux et humble de cœur!
83
…car je me méfie de l’argent
Cf. 1 Tm 6, 10
Dans ce texte,
Le père Coindre dénonce l’amour de l’argent
comme l’ennemi du partage et de la compassion.
De là le pauvre pille le riche; le riche à son tour a des entrailles de fer pour le
pauvre, et va quelquefois jusqu’à le fouler, l’écraser et lui extorquer inhumainement le
fruit de ses épargnes et de ses sueurs. De là le plus fort opprime le plus faible; le plus
adroit médite ses artifices et tend ses filets. Cabales, intrigues, calomnies, trames sourdes
et perfides, tout est employé pour s’agrandir. On entasse, on accumule et nos frères
dépouillés pleurent et gémissent souvent, cherchent le pain que nos cœurs de tigres leur
ont ravi. L’or et l’argent, voilà ce qui frappe seul ces âmes plus dures que les métaux
dont elles sont avides.
Aussi voit-on les frères, pour une succession modique, se poursuivre avec haine
jusque devant les tribunaux où ils se déchirent; des hommes assez dépourvus de
sentiment et d’humanité qui, pour augmenter leurs bénéfices, multiplier leur propriété,
n’ont pas honte de promener la famine de province en province, par leurs spéculations
perfides, par une industrie infernale.
Quelle barrière mettra-t-on pour arrêter ce déluge de crimes dont la cupidité est la
source?
La raison?
Mais quelle force a-t-elle sur les cœurs ambitieux et avares? Qui ignore qu’on ne
doit pas faire à son frère ce que l’on ne veut pas qu’il soit fait à nous-mêmes? Et,
cependant que d’iniquités!
84
Les lois?
Mais atteignent-elles toutes les injustices? Et les atteignissent-elles, encore est-il facile
de s’y soustraire; ne voit-on pas tous les jours le dol et la fraude sortir triomphants même
du temple de la justice? Combien de moyens pour tromper l’intégrité et la vigilance des
juges! Une éloquence artificieuse, les intrigues de la faveur, le parjure, les faux témoins
ne vont-ils pas souvent briser entre les mains de la justice le glaive levé pour les
défendre?
Il n’y a donc que la religion qui, en faisant respecter nos propriétés, puisse arrêter
le bras des voleurs.
L’industrie barbare des agioteurs et la férocité infernale de ceux qui dévorent tout
vivants les pauvres, les veuves et les orphelins, oui, c’est eux qu’elle dévoue aux enfers
avec le mauvais riche. (Cf. Lc 16, 20ss)
85
… car j’aime le pardon
Dans ce texte,
André Coindre nous invite à ne pas donner prise au désir de vengeance
qui nous guette à la moindre offense, mais à disposer notre cœur au pardon.
Cependant il lui faut habiter parmi une foule d’hommes dont l’humeur bizarre, le
caractère malin le font souffrir beaucoup. Quelque doux et patient qu’il soit
naturellement, il rencontre souvent des âmes de mauvaise trempe qui le provoquent, qui
l’outragent ou blessent l’endroit du point d’honneur. Il est piqué au vif. On le calomnie,
il hait, il veut se venger. C’est le cri naturel du cœur. De là cette maxime exprimée sinon
par leur bouche, du moins par leurs actions : haine pour haine, œil pour œil, dent pour
dent.
Mais que je présente à ces ennemis, d’une main la croix de mon Maître
pardonnant à ses bourreaux et priant pour eux; de l’autre, le bras vengeur de ce Dieu qui
s’est réservé la vengeance. Que je les persuade de prier, d’invoquer le Seigneur ;
pourront-ils prononcer ces paroles : « Pardonnez-nous nos offenses comme nous les
pardonnons à ceux qui nous ont offensés »*, sans sentir leurs mains désarmées, sans dire
avec générosité : « Périsse tout ressentiment de haine, je veux être pardonné de mon
Dieu, je pardonne ».
Oui, un bon chrétien pardonne, ou plutôt il aime son ennemi, il lui fait du bien.
Mt 6, 12
86
7e étape
du désir singularisé…
Cf. Mt 11, 28-30
Chant : Venez à moi vous qui peinez de Robert Lebel
87
Désir singularisé
Mon style de vie fraternelle aura les couleurs d’un certain Jésus des années trente
en Palestine.
88
Douceur et humilité sont déjà présentes dans la réponse de Jésus à Jean-Baptiste :
« C’est ainsi qu’il convient d’accomplir toute justice », c’est-à-dire d’être fidèle à Dieu
et aux hommes. Douceur et humilité, deux vertus chères aux frères du Sacré-Cœur que
nous sommes. Devise que nous avait laissée le père Coindre dans notre première Règle.
Deux vertus par lesquelles Jésus se présente. « Apprenez de moi que je suis doux et
« Seigneur, que veux-tu que je fasse ? » Confronté aux mille et une interpellations
du quotidien, à la fin de ma journée, être capable de dire encore et toujours : « Seigneur,
que veux-tu que je fasse » ici et maintenant ? Et que j’entende au fond de moi un « que
tu voies! » Appel au discernement dans le « déjà-là et le pas-encore » du Royaume.
89
La contemplation de la vie publique de Jésus allume pour moi des balises,
repères-secours, aux moments d’agonie (lassitude extrême : spleen spirituel), présents
dans toute vie humaine, et peut-être davantage, comme l’écrit Rulla, dans la vie de celui
qui oriente son existence dans un horizon de transcendance.
Un peu plus qu’à mi-chemin de notre itinéraire spirituel, j’ai le goût de vous
partager mon poème JÉSUS, inspiré par le très beau texte de Didier RimaudToi qui
m’as brûlé le cœur…
JÉSUS
Adolescent, il s'éloigna de la foi. Connu pour son goût de la vie facile, il révéla
cependant une volonté forte et constante dans les difficultés. Il entreprit une périlleuse
exploration au Maroc (1883-1884). Le témoignage de la foi des musulmans réveilla en
lui la question de Dieu: "Mon Dieu, si vous existez, faites que je vous connaisse".
Désir éveillé !
De retour en France, touché par l'accueil affectueux et discret de sa famille
profondément chrétienne, il se mit en quête. Guidé par un prêtre, l'abbé Huvelin, il
retrouva Dieu en octobre 1886. Il avait 28 ans. "Aussitôt que je crus qu'il y avait un
Dieu, je compris que je ne pouvais faire autrement que de ne vivre que pour lui".
Désir orienté !
Ordonné prêtre à 43 ans (1901), il partit au Sahara, d'abord à Beni-Abbès, puis à
Tamanrasset parmi les Touaregs du Hoggar. Il voulait rejoindre ceux qui étaient le plus
loin, "les plus délaissés, les plus abandonnés". Il voulait que chacun de ceux qui
l'approchaient le considère comme un frère, "le frère universel". Il voulait "crier
l'Évangile par toute sa vie" dans un grand respect de la culture et de la foi de ceux au
milieu desquels il vivait. "Je voudrais être assez bon pour qu'on dise: Si tel est le
serviteur, comment donc est le Maître?".
Désir singularisé !
Le soir du 1ier décembre 1916, il fut tué pas une bande qui avait encerclé sa maison.
92
Il avait toujours rêvé de partager sa vocation avec d'autres: après avoir écrit plusieurs
règles religieuses, il pensa que cette "vie de Nazareth" pouvait être vécue partout et par
tous. Aujourd'hui, la "famille spirituelle de Charles de Foucauld" comprend plusieurs
associations de fidèles, des communautés religieuses et des instituts séculiers de laïcs ou
de prêtres.
93
Venez à moi, vous qui peinez…*
Venez à moi
Vous qui peinez
Vous qui ployez sous le fardeau
Et moi, je vous soulagerai.
94
7e Proposition de relecture
reconnaître ma singularité
Ma réponse à cette question colorera d’une certaine singularité mon désir d’être Jésus
continué ici et maintenant.
Prends le temps de bien cerner ta réponse : elle singularisera ton être évangélique.
Puis, tu pries tout cela dans une prière que tu laisses émerger. Tu peux même écrire cette
prière.
- La veille de la rencontre, tu relis tes notes de journal spirituel tout en étant attentif (ve)
à ce qui se passe en toi.
- Tu sélectionnes les principales prises de conscience que tu veux partager avec tes
compagnons (gnes) de route ou ton accompagnateur (trice).
95
7e À l’écoute du père Coindre
C’est perdre le temps que de s’occuper en des désirs inutiles : se forger une
conduite parfaite pour un état autre que le nôtre.
C’est une ruse de Satan de nous faire prévoir, de nous occuper de tout autre chose
que de ce qui est notre devoir. Que chacun se perfectionne dans son propre état : le
négociant dans son négoce ; la mère de famille dans son ménage ; le domestique dans
son devoir ; et chacun emploiera bien son temps. Par là, Dieu sanctionnera toutes nos
œuvres du sceau de son approbation, et malgré la diversité des rangs et des fortunes,
tous deviendront également riches des trésors célestes, car le simple laboureur, qui
remplit pour Dieu toutes ses fonctions, aura dans le ciel la même récompense que le roi,
qui remplirait les siennes avec un égal degré de ferveur ; et un Souverain Pontife qui
mourrait avec un crime qu’il aurait commis, comme le dernier des hommes en recevrait
la même punition aux enfers.
Ainsi, pour tous, dans l’autre vie, la mesure est égale ; tous n’ont qu’à attendre ou
le paradis ou l’enfer. Ce monde n’est qu’un vaste théâtre dont Dieu juge les acteurs, non
par la dignité du personnage qu’ils jouent mais par le plus ou moins de perfection que
chacun a mis pour remplir son rôle.
C’est la marque d’un esprit ulcéré et malade que de n’être pas satisfait du poste qui lui est
confié. Sans force et sans courage, il languit et se prépare encore de plus pénibles langueurs.
Un ange dans le ciel est devenu un démon parce qu’il n’a pas été content de l’état
qui lui avait été donné.
Judas s’est perdu dans la sublime fonction de l’apostolat et dans le collège des
Apôtres parce qu’il n’a pas su être fidèle aux grâces de sa vocation.
96
…
En vous,
ô mon Dieu, je trouve tous les trésors, toutes les richesses.
Hors de vous,
je ne vois que néant. Je me jette donc tout entier sur vous, convaincu que vous serez le
soutien et l’appui de ma substance qui m’échappe et tombe de toute part.
+Faire les petites choses comme grandes à cause de la majesté de Jésus-Christ qui les
fait en nous et qui vit notre vie,
Et les grandes comme petites et aisées à cause de sa toute-puissance.
(Pascal)
97
8e étape
Du désir esseulé
Cf. Jn 19, 17-30 La mort de Jésus en croix
Chant : quatre chansons traitant prophétiquement de la solitude : Bécaud, Dalida, Moustaky et
Garou
Bienheureux
ceux qui servent jusqu’à l’extrême !
Le service extrême, c’est le bonheur
et le bonheur, quelque part, c’est le paradoxe absolu,
car la mort, l’extrême bout de notre vie terrestre,
nous met, seuls, en présence de Celui dans lequel nous voulions nous désirer.
98
Du désir esseulé
Depuis mon enfance, je fais mémoire du mystère pascal avec grande émotion… à
l’occasion du grand triduum annuel. Aimer comme le Christ et à sa suite dans ma
singularité chrétienne, tel est mon désir profond.
99
Bécaud crie que la solitude ça n’existe pas.
Et il tente de nous le prouver en énumérant des lieux où l’on fuit la solitude. Mais n’en
demeure pas moins que la quadruple affirmation finale lasolitude ça n’existe pas dit tout
le contraire. Écoutons le prophète gueulard Bécaud…
La Solitude ça n'existe pas
100
Dalida nous émeut toujours avec son Pour ne pas vivre seul. Même thématique
que Bécaud, mais en plus fort métaphysiquement parlant. Car elle s’en prend aux grands
engagements de la vie, prêtant comme motivation à ses engagements la fuite de la
solitude. Sommes-nous concernés par ces mots magnifiques mais combien tristes : Pour
ne pas vivre seul, on fait des cathédrales où tous ceux qui sont seuls s´accrochent à
une étoile…Écoutons la torturée prophétesse Dalida
Pour ne pas vivre seul…
Plus moderne et plus près de nous et, tout au moins aussi profond,écoutons Garou
nous parlant de
- l’échec qui laisse seul…
- des amis qui habitent au cimetière élargissant notre cercle de solitude…
- de l’expérience de vacuum que laissent l’argent, les amours multiples, la gloire
précaire, provisoire, souvent éphémère : solitude du passage à l’abîme…
Et la conclusion de Garou :
Celui qui n’a jamais été seul au moins une fois dans sa vie,
Peut-il seulement aimer, peut-il aimer jamais ? exprime-t-elle quelque vérité?...
102
Et si Aller jusqu’au bout de ses rêves, au point de se sentir seul,
était la condition de l’expérience d’aimer…
Jamais, jamais
Je continuerai
Je continuerai
Peut-il jamais aimer
103
De l’Agonie à la croix, Jésus est seul à assumer en vérité l’originalité de
son nom JE SUIS CELUI QUI SAUVE : « Père que ta volonté soit faite ».
Seul, il se retire à l’écart pour prier intensément
Seul, au désert, Jésus triomphe de Satan, en fidélité à l’Écriture.
Seul, depuis le Jardin des Oliviers jusqu’au Calvaire, Jésus reste fidèle au
dessein du Père bien-aimé.
Seul, au matin de Pâques, Jésus ressuscite : c’est la signature de l’amour
trinitaire.
104
8e Proposition de relecture
Apprivoiser la solitude
- Laisse remonter en toi ce moment dans tous ces aspects. Où étais-tu? Quel
âge avais-tu? Pourquoi cela faisait si mal? Combien de temps as-tu mis à
consentir au réel ?
- Et ce consentir au réel a été rendu possible grâce à quoi, à qui selon toi.
- …
Puis, tu pries tout cela dans une prière que tu laisses émerger. Tu peux même
écrire cette prière.
- La veille de la rencontre, tu relis tes notes de journal spirituel tout en étant attentif (ve) à ce
qui se passe en toi.
- Tu sélectionnes les principales prises de conscience que tu veux partager avec tes
compagnons (gnes) de route ou ton accompagnateur (trice).
105
8e À l’écoute du père André Coindre
Il fallait donc un moyen plus puissant capable d’ébranler toutes les âmes et
de donner de l’énergie à tous les cœurs; or la Révélation nous apprend que ce
moyen a été l’incarnation du Verbe, que l’amour de Dieu pour les hommes a été
jusqu’à cet excès de leur donner son Fils unique. (Jn 3, 16)
Que vous dirais-je donc de l’amour d’un Dieu incarné pour vous en donner
une idée vraie et juste?
Oui, c’est là un des effets de l’amour de Jésus sur son corps; mais ce n’est
point encore l’amour, les flammes de son sacré Cœur.
In Notes de prédication, p. 50 MS 30
106
9eétape
Du désir enthousiasmé…
Cf. Lc 24, 13-35
Chant : Hymne Jésus qui m’as brûlé le cœur… ou Prière de François
107
Désir enthousiasmé
J’ai beau avoir fréquenté Jésus depuis mon enfance, il m’est encore
difficile de le reconnaître dans le quotidien de mes décisions. J’ai besoin de
l’entendre me dire : «N’aie pas peur, c’est moi. La paix soit avec toi », car mon
esprit est souvent sans intelligence, mon cœur lent à croire, et pourtant, c’est bien
mon cœur qui brûle au contact quotidien des Écritures. Cette brûlure qui
renouvelle mon enthousiasme à la suite de Jésus.
Faire la vérité, c’est me reconnaître avec mes forces et avec mes fragilités,
et apprivoiser ainsi, tout en douceur, la liberté intérieure car la vérité rend libre.
Je ne suis rien de Jésus que cela ne me soit donné par l’Esprit qui m’envoie
108
porter la Bonne Nouvelle là où je suis - dans mes terres -, fort de la béatitude
dernière : « Bienheureux ceux qui, sans avoir vu, ont cru. » (Jn 20,29)
109
1. Motivé par une solidarité de communion
2. Appel au discernement
Nous sommes tous conscients que le succès des inspections suppose que nous
aboutissions à une coopération pleine et entière de l'Iraq. La France n'a cessé de
l'exiger. Des progrès réels commencent à apparaître :
110
militaires.
La France attend bien entendu que ces engagements soient durablement vérifiés.
Au-delà, nous devons maintenir une forte pression sur l'Iraq pour qu'il aille plus
loin dans la voie de la coopération.
Il y a ceux qui pensent que dans leur principe, les inspections ne peuvent avoir
aucune efficacité.
Il y a ceux qui croient que la poursuite du processus d'inspection serait une sorte
de manœuvre de retardement visant à empêcher une intervention militaire.
Cela pose naturellement la question du temps imparti à l'Iraq.
L'option de la guerre peut apparaître a priori la plus rapide. Mais n'oublions pas
qu'après avoir gagné la guerre, il faut construire la paix. Et ne nous voilons pas la
face : cela sera long et difficile, car il faudra préserver l'unité de l'Iraq, rétablir de
manière durable la stabilité dans un pays et une région durement affectés par
l'intrusion de la force.
Face à de telles perspectives, il y a l'alternative offerte par les inspections, qui
permet d'avancer de jour en jour dans la voie d'un désarmement efficace et
pacifique de l'Iraq. Au bout du compte, ce choix-là n'est-il pas le plus sûr et le
plus rapide ?
Personne ne peut donc affirmer aujourd'hui que le chemin de la guerre sera plus
court que celui des inspections. Personne ne peut affirmer non plus qu'il pourrait
111
déboucher sur un monde plus sûr, plus juste et plus stable. Car la guerre est
toujours la sanction d'un échec. Serait-ce notre seul recours face aux nombreux
défis actuels ?
Donnons par conséquent aux inspecteurs des Nations Unies le temps nécessaire à
la réussite de leur mission. Mais soyons ensemble vigilants…
Dans ce temple des Nations Unies, nous sommes les gardiens d'un idéal, nous
sommes les gardiens d'une conscience. La lourde responsabilité et l'immense
honneur qui sont les nôtres doivent nous conduire à donner la priorité au
désarmement dans la paix.
Et c'est un vieux pays, la France, d'un vieux continent comme le mien, l'Europe,
qui vous le dit aujourd'hui, qui a connu les guerres, l'occupation, la barbarie. Un
pays qui n'oublie pas et qui sait tout ce qu'il doit aux combattants de la liberté
venus d'Amérique et d'ailleurs. Et qui pourtant n'a cessé de se tenir debout face à
l'Histoire et devant les hommes. Fidèle à ses valeurs, il veut agir résolument avec
tous les membres de la communauté internationale. Il croit en notre capacité à
construire ensemble un monde meilleur.
*****
112
Rappelons l’essentiel de sa biographie sous le titre de : François le magnifique,
François le pacifique
114
Jésus, qui m’as brûlé le cœur *
* Didier Rimaud
115
Prière de François
1.
Là où il y a la haine
que surgisse l’amour.
Là où il y a le doute
que s’élève un chant de foi!
2.
Là où règnent les ténèbres,
que paraisse ta clarté.
Là où cesse l’espérance
que s’élève un chant d’espoir!
3.
Là où naissent les discordes.
que s’installe l’unité.
Là où il y a la guerre.
que s’élève un chant de paix!
4.
Là où il y a l’offense
que s’éveille le pardon.
Là où règne la tristesse,
que s’élève un chant de joie!
5.
Là où règne le mensonge,
fais fleurir la vérité.
Là où siège l’injustice,
que s’élève un chant d’amour!
116
9e Proposition de relecture
Une expérience d’amitié
- Énumère les faits et les qualités reliés à cette personne qui faisaient que
cette personne n’était pas comme les autres pour toi : elle était comme un
phare pour toi.
- Quel événement est venu éteindre le feu du phare ?
- Comment as-tu vécu cet événement ? Quels sentiments contradictoires
t’ont envahi ?
- Alors surgit un autre événement qui vient rallumer ton admiration et ta
confiance. Prends le temps de goûter…
Puis, tu pries tout cela dans une prière que tu laisses émerger. Tu peux même
écrire cette prière.
117
9e À l’écoute du père Coindre
Car tous ces cœurs n’aiment que comme des créatures tandis que
le Cœur de Jésus nous a aimés en Dieu. Et quel autre que Dieu pouvait
aimer un Judas jusqu’à lui donner son sang à boire et sa chair à manger!
Quel autre qu’un Dieu pouvait aimer des Juifs jusqu’à prier pour ses
bourreaux!
Oui, cela se peut et c’est pour ceux qui n’aiment pas l’amour
que son cœur s’est éteint.
Oui, encore une fois, c’est pour tous les hommes, c’est pour
moi, c’est pour tous les pécheurs, jusqu’à la fin du monde que
l’amour est mort.
118
Dieu de la résurrection, béni sois-tu !
119
10e étape
Du désir engagé…
Cf. Mt 5, 3-12
Chant : Mille fois bienheureux ou Heureux celui de Robert Lebel
« je suis venu allumer un feu sur la terre et que désirai-je si ce n’est qu’il brûle »
120
Désir engagé
Vivre les béatitudes en 2021+…, c’est prendre parti pour les pauvres
laissés aux périphéries du système ou exploités par le système. Faire reculer la
pauvreté n’était-ce pas un des 8 objectifs du millénaire décrétés par l’ONU. Et
quand je dis système, je pense à l’idéologie sous-jacente à tout système. Il ne
s’agit pas de rejeter le système, par exemple la mondialisation, mais de l’ o r d o
n n e r en fonction de l’homme, car le sabbat a été fait pour l’homme et non
l’homme pour le sabbat. Pas plus qu’on ne dit non au sabbat, pas plus on ne doit
dire non au système, car le système appartient au réel, et l’adéquation
évangélique au réel est vérité libératrice, est la condition d’une action pertinente.
Le maître mot, c’est l’équité dans le partage de nos avoirs, de nos savoirs et de
notre maison commune : la terre.
121
Vivre les béatitudes en 2021+…, c’est faire siennes les heureux ceux qui
sont doux parce qu’ils possèdent la terre et les heureux les pacifiques parce
qu’ils obtiendront d’être nommés enfants de Dieu.
*ils sont à côté de moi, dans ces jeunes chercheurs de paradis sans lendemain qui
chante, dans ces grands adolescents en manque de confiance en eux-mêmes ou
dans le monde adulte ;
*ils sont à côté de moi dans ces aînés dont on se débarrasse avec plus ou moins
d’élégance en les « parquant » dans des solitudes dorées…
*ils sont à côté de moi, rue Ontario, dans les prostituées mercantilisées…
122
* ils sont à côté de moi…
Les 8 objectifs
o 1.1Objectif 1 : réduire l'extrême pauvreté et la faim
o 1.2Objectif 2 : assurer à tous l'éducation primaire
o 1.3Objectif 3 : promouvoir l'égalité des genres et l'autonomisation des femmes
o 1.4Objectif 4 : réduire la mortalité infantile
o 1.5Objectif 5 : améliorer la santé maternelle
o 1.6Objectif 6 : combattre le VIH/SIDA, le paludisme et les autres maladies
o 1.7Objectif 7 : assurer un environnement humain durable
o 1.8Objectif 8 : construire un partenariat mondial pour le développement
Parce que je désire être Jésus continué, ma vie témoigne de la vérité de ce message de
lumière :« Venez à moi vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi je
vous donnerai le repos. Prenez sur vous mon joug et mettez-vous à mon école,
car je suis doux et humble de cœur. »
Le père Coindre pour vivre ce message prophétique avait son mentor : Vincent
de Paul. Je le laisse nous présenter ce héraut de Dieu jusqu’à l’extrême : son
héros!
123
Vincent de Paul, un homme selon le cœur de Dieu
Vincent a déjà atteint sa soixante-dix-huitième année, mais les glaces de
l’âge n’ont pas ralenti sa charité, et sa vieillesse se signale encore par de
nouveaux bienfaits, de nouvelles réalisations, de nouveaux engagements.
124
qui sont toujours prêts à comparaître au tribunal du Souverain Juge. Depuis dix-
huit ans, il ne s’endormait jamais sans se mettre en état de mourir la nuit même.
Enfin, plein de jours et de bonnes œuvres, il meurt et va recevoir, dans les
tabernacles éternels, la récompense de ses vertus.
Vincent n’est plus mais ses actions restent au milieu de nous. Sa mémoire
passera dans tous les âges, comblée des bénédictions de tous les peuples. (Car)
constamment, jusqu’au dernier soupir, il a accompli toute justice en aimant Dieu
et les hommes.
Désir engagé…
Heureux!
Mille fois bienheureux,
Tous ceux qui espèrent!
126
10e Proposition de relecture
Rendre crédibles les béatitudes
- des pauvres,
- des doux,
- des malheureux,
- des miséricordieux,
- des purs,
- des pacifiques,
- des contestataires…
Puis, tu pries tout cela dans une prière que tu laisses émerger. Tu peux même
écrire cette prière.
127
10e À l’écoute du père Coindre
Les BÉATITUDES
Je viens offrir à votre méditation les huit béatitudes que le Sauveur est
venu promettre aux hommes s’ils savent se rendre dociles à la voix de la grâce,
et si par leurs vertus ils parviennent à mériter les récompenses qui y sont
attachées ;
et d’abord : bienheureux sont les pauvres d’esprit, dit Jésus Christ. Par
pauvres d’esprit, qu’entend-il ? Ah ! pouvons-nous nous méprendre sur le sens
de ces paroles ! par là, il entend, il désigne ceux qui sont détachés des biens, des
richesses, des hommes de ce monde ; qu’ils ne les désirent point ou qui n’en
jouissent que comme devant les quitter un jour.
Par ces pauvres d’esprit, il entend ceux qui ne tiennent en rien à la terre et qui ne
font usage de leurs richesses que pour soulager les malheureux, secourir les
affligés et apporter quelque adoucissement aux peines de leurs frères, ne s’en
servant point pour se procurer toutes les commodités d’une vie sensuelle et
immortifiée, ni point ajouter aux jouissances du luxe et aux futilités des plaisirs
et des joies du siècle, à ces pauvres d’esprit le ciel est promis en récompense,
le ciel où l’on possède tous les biens, le ciel où nous serons heureux à jamais du
bonheur de Dieu même.
Heureux, ajoute le Sauveur Jésus, ceux qui sont doux parce qu’ils
possèdent la terre. Par là, notre aimable Maître engage tous les hommes à être
doux à l’égard de leurs frères, c’est-à-dire à n’entrer jamais en violence contre
eux, à les reprendre toujours avec douceur, à ne les molester jamais ; c’est à ces
conditions que l’empire de la terre leur est promis, c’est-à-dire que non
seulement par la pratique de cette aimable vertu, ils se rendront agréables à Dieu,
mais encore qu’ils se gagneront les cœurs de tous les hommes par la voie courte
et facile de la douceur et de la paix.
128
veut les consoler, les aider à porter avec patience le poids des misères et des
chagrins auxquels chacun est assujetti ici- bas, en lui montrant un terme à tant de
douleur, et en lui faisant entrevoir la bienheureuse espérance que ses larmes
seront essuyées, et qu’un jour viendra où loin d’en répandre, elle sera consolée et
dédommagée au centuple de tant de sacrifices faits pour Dieu et de tant
d’afflictions souffertes pour son amour et en vue de lui plaire.
Heureux ceux qui sont miséricordieux parce qu’ils seront traités avec
miséricorde. Ceux qui pardonnent à leurs frères, qui les traitent avec bonté, à
ceux-là, Dieu fera miséricorde en faveur de celle qu’ils auront faite à leurs
semblables, et il oubliera leurs péchés, comme ils auront oublié les torts de leurs
frères à leur égard.
Heureux ceux qui ont le cœur pur parce qu’ils verront Dieu, c’est-à-
dire ceux qui évitent le péché avec soin, ainsi que tout ce qui peut ternir la pureté
d’une âme ; ceux qui mettent leur bonheur et qui font leur continuelle occupation
du soin de contenter Dieu et de mériter par la sainteté de leur vie de voir un jour
face à face le saint des saints, le Dieu du Ciel et de la Terre.
Heureux ceux qui sont pacifiques. Par pacifiques, on entend ceux qui
évitent avec soin les querelles avec le prochain, les contestations, et qui par là,
obtiendront d’être nommés enfants de Dieu.
129
Dieu juge selon la charte des Béatitudes
Aujourd’hui, le monde s’établit le juge des vertus des justes, mais il n’a ni
le droit d’être leur juge, ni l’équité impartiale que cette auguste qualité exige. Le
pouvoir de juger est une partie de la puissance des rois.
Intéressé dans ses jugements, le monde ne peut applaudir qu’à ce qui est
conforme à ses usages et à ses maximes, et il doit condamner la conduite des
saints qui les foulent aux pieds et qui les méprisent.
*****
130
Bienheureux ceux qui espèrent en lui
Oui,
bienheureux les humbles qui ne se seront pas fiés à leur propre lumière, qui
n’auront pas cru en savoir assez, être assez vertueux et assez honnêtes, mais qui
auront cherché à s’éclairer, à devenir meilleurs en écoutant la voix de l’Église,
leur mère :
- ils ne seront pas confondus.
Bienheureux les chrétiens qui auront su se vaincre et qui font à Dieu des
sacrifices, ils en ressentiront de la joie et
- ils ne seront pas confondus.
Bienheureux les chrétiens courageux qui ne se sont pas laissé alarmer par ce que
dirait le monde, ils ont écouté le cri de leur conscience et
- ils ne seront pas confondus.
Bienheureux tous ceux qui se préparent pour la communion. Ils espèrent s’unir à
Dieu, se nourrir de Dieu, se purifier en Dieu, recevoir en eux l’auteur de la vie,
ils seront bien consolés dans leur espérance et
- ils ne seront pas confondus.
Bienheureux tout ceux qui les imiteront, qui marcheront sur leurs traces, ce n’est
pas en vain qu’ils travaillent pour l’immortelle patrie et
- ils ne seront pas confondus.
131
11e étape du désir harmonisé…
Cf. Rm 8, 31-39
Chant : Rien jamais de Robert Lebel
Désir harmonisé !
132
Désir harmonisé
Si je devais résumer notre itinéraire de retraite avec le père Coindre en quelques mots,
j’écrirais bien lisiblement :
De la libération de soi
à l’identification au Christ Amour
pour l’action au service du Royaume
Devenir quelque part en soi Jésus …, (mettre son nom de famille : Brunelle) est-
il plus beau poème ? est-il plus beau je t’aime ?
133
La quête spirituelle ne peut faire fi du réel, réel humain, réel psychique et réel
spirituel d’une personne.
Je dois me recevoir de Jésus tel que je suis avec mes forces et mes limites. Avec
Jésus, la fidélité est en avant…de fidélité en fidélité dans la grande fidélité au
projet (désir) de Dieu. C’est ça se désirer dans le désir de Dieu.
Une prière monte alors à mes lèvres :
Mon Seigneur,
merci de te révéler à moi
comme Jésus enseignant le pardon et le don,
comme Jésus guérisseur blessé
dont la blessure du côté ouvert guérit et féconde toute blessure,
comme frère aîné doux et humble de cœur.
Votre raison et votre passion sont le gouvernail et les voiles de votre âme
navigatrice.
Si voiles ou gouvernail se brisent, vous ne pourrez qu’être malmenés ou
dérivés, ou bien rester en panne entre deux eaux.
Car la raison, si elle est seule à gouverner, est une force qui limite; tandis
que la passion, laissé à elle-même, est flamme qui brûle jusqu’à se détruire elle-
même.
J’aimerais que vous considériez votre jugement et votre désir comme vous
feriez de deux invités [bien aimés] sous votre toit.
Car il est bien certain que vous n’honoreriez pas l’un plus que l’autre, car
se soucier davantage de l’un vous fait perdre l’amour et la confiance des deux.
136
Parmi les collines, quand vous êtes assis à l’ombre fraîche des peupliers
blancs, goûtez la paix et la sérénité des pré et des champs éloignés, que votre
cœur murmure en silence : « Dieu se repose dans la raison. »
Et quand vient l’orage, que le vent puissant secoue la forêt, que le tonnerre
et l’éclair proclament la majesté du ciel, que votre cœur terrifié déclare : « Dieu
se meut dans la passion. »
137
Alors la Paix viendra (Pierre Guilbert)
Si tu crois que ce qui rassemble les hommes est plus important que ce qui divise,
Si tu estimes que c’est à toi de faire le premier pas, plutôt qu’à l’autre
Si l’injustice qui frappe les autres te révolte autant que celle que tu subis,
138
Si tu partages ton pain et que tu saches y joindre un morceau de ton coeur,
Si tu peux écouter le malheureux qui te fait perdre ton temps et lui garder ton
sourire,
justifier
Si la colère est pour toi une faiblesse, non une preuve de force,
139
de Jean de la Croix traduisent harmonieusement ce que nous ressentons au terme
de ce voyage intérieur :
140
141
Chant : Rien jamais de Robert Lebel
142
Rien Jamais *
143
11e Proposition de relecture :
Mon hymne à l’amour de Dieu
144
Annexe 1: Chant thématique
145
146
Annexe 2
30 mai 1826
18 1er 2 3 4 5 6 7
Calendrier 19 8 9 10 11 12 13 14
20 15 16 17 18 19 20 21
21 22 23 24 25 26 27 28
22 29 30 31
10 mai 1826
Mais de nouveau,
je me sens bizarre.
Je ne suis pas bien dans ma tête.
Je m’isole.
Je fuis le monde.
14 mai 1826
À l’office de la Pentecôte,
un médecin me dévisage.
A-t-il deviné le mal qui m’assaille?
Il me semble l’entendre murmurer à la sortie :
« Voilà un homme
qui n’est point dans son bon sens. »
14 mai 1826
En fin d’après-midi, j’ai une illumination
que je tiens à partager avec Monseigneur :
« Le Père éternel a régné 4000 ans,
le Fils dix-huit cents ans,
maintenant va commencer le règne du Saint-Esprit
qui doit s’incarner. »
Monseigneur me dit:
« André, un peu de repos vous ferait du bien.
Allez donc voir votre ami M. Dufêtre à Tours. »
15 mai 1826
Ce que je fais aujourd’hui.
Tout à coup, je me surprends à dire à celui qui m’accompagne :
« Ne soyez pas surpris si je deviens fou;
cela ne durera pas plus loin que le 28. »
148
18 mai 1826
Pas de mieux à Tours.
Je fais peur à mon ami.
Aussi bien revenir chez moi.
Je réintègre ma chambre
où je suis en proie au délire, un délire de plus en plus violent.
22 mai 1826
Je me fais peur.
Je fais peur.
Si bien qu’on m’emmène à l’hospice pour des soins.
Infirmiers, médecins s’affairent autour de moi.
Des séminaristes tristes et inquiets,
dont Abel Dehaye,
me veillent jour et nuit.
Les professeurs passent me visiter.
28 mai 1828
Dans un moment de lucidité,
je reconnais M. Lyonnet.
Je demande à me confesser.
Sérénité! Sérénité! Sérénité!
Cette rémission fait que
les infirmiers consentent à me détacher.
Espoir! Espoir! Espoir!
Écoute, écoute,
il fait noir sur ma route
30 mai 1826
J’entends, j’entends :
« Parle-nous de Jésus. »
Je me précipite…
Écoute, écoute
il fait noir sur ma route
149
Tombant d’une fenêtre, c’est ainsi que s’en est allé ce missionnaire
infatigable.
(Cf. Extraits de la lettre de M. Lyonnet)
(Cf. Poème de Jean Humenry)
150
Itinéraire spirituel Célébrations
C’est ce Dieu, présent dans la Création en renouvellement, que nous voulons reconnaître et
louer, tout en nous invitant à être « veilleurs » auprès de la beauté du monde.
151
L’hymne à la beauté du monde
( L. Plamondon et I. Boulay )
Ne tuons pas la beauté du monde
La dernière chance de la terre
Ne tuons pas la beauté du monde
C'est maintenant qu'elle se joue
Ne tuons pas la beauté du monde
Animateur- Dieu, notre Père, mon Père, Toi qui es Souffle de vie, insuffle à nouveau
l’amour dans le cœur de l’être humain.
1ère Voix- Toi qui as créé le ciel et la terre, la beauté de la nature avec ses mille et une couleurs,
pardonne nos irresponsabilités face à l’environnement. Le monde est en effet exposé à une
série de risques dus à des choix et des styles de vie que ne font que dégrader les milieux dans
lesquels nous vivons.
- Et du Fils
- À qui toutes choses sont données
- Et du Saint Esprit
- Dans lequel Jésus exulte et renouvelle la création.
AMEN!
153
2e Célébration Du désir confronté au désir ordonné
154
155
3e Célébration Du désir émerveillé au désir purifié
Célébrons Joseph
Humble et grande figure de Joseph que l'Église nous propose en exemple au milieu de
notre préparation pascale!
Sans tout comprendre, il a accepté, dans la foi, le plan mystérieux de dieu et y a consacré
toute sa vie.
Saurons-nous
3.
comme toi faire confiance* Saurons-nous comme toi
Apprendre à contempler
1. La beauté du mystère
Saurons-nous comme toi Et dire dans la foi
Apprendre à découvrir L’enfant qui m’est confié
Le langage des anges C’est le oui de sa mère
Veiller dans la foi
Heureux de consentir 4.
Au message de l’ange Saurons-nous comme toi
Apprendre à travailler
Dans le bois de ce monde
R/ Chercher dans la foi
Joseph, Joseph, Joseph, Joseph, Quels que soient nos métiers
Bienheureux compagnon d’espérance À bâtir le Royaume
Saurons-nous comme toi
Faire confiance?
* Robert Lebel
2.
In À toi mes hymnes
Saurons-nous comme toi
Apprendre à dépasser
La colère et la haine
Marcher dans la foi
Et nous abandonner
A ce Dieu qui nous aime
156
1ière partie : Joseph le silencieux 2e partie: Joseph le confiant
- Joseph, on t'appelle le juste, le charpen- - Joseph, mon ami, toi qui as cheminé à travers
tier, le silencieux, moi, je veux t'appeler les rayons et les ombres, apprends-moi à
mon ami. rencontrer le Seigneur dans le quotidien de ma
vie.
- Avec Jésus, ton fils et mon sauveur, avec - Toi, le témoin étonné de l'action de l'Esprit,
Marie, ton épouse et ma mère, tu as place aide-moi à reconnaître ses merveilles et à lui
dans mon coeur, tu as place dans ma vie. être soumis.
Ave à Joseph
- Saint Joseph, époux de Marie et père de - Où est-il le Seigneur? Toi qui l'as cherché, toi
Jésus, prie pour nous pécheurs, maintenant qui l'as trouvé, dis-moi où il est.
et à l'heure de notre mort. Amen
- Dis-moi où il est quand l'espérance relève
mon courage et m'invite à avancer avec plus
d'entrain.
157
-Dis-moi où il est quand mon coeur veut - Et Jésus apprend avec toi le métier qui le
l'aimer, lui le premier, et les autres avec rendra autonome et soutien de Marie.
lui et en lui. (L. Soulier)
(L. Soulier)
Ave à Joseph
158
-Nous te prions de protéger ceux
qui se tournent vers toi en toute confiance.
Oraison finale
159
SAINT JOSEPH
160
4e célébration Du désir singularisé au désir esseulé
Prions avec André Coindre en ce jour anniversaire de sa
mort (30 mai 1826)
(dialogue)
- Que vous dirais-je donc de l’amour du Père André Coindre?
- Le père Coindre aima l’Église en lançant des œuvres de
compassion …
- Providences et Communautés religieuses…
- Toujours actives aujourd’hui
- Actualisées dans des œuvres telles : l ’Ancre des jeunes, les Villages de sources…
- Vivantes sur les cinq continents à travers des Communautés locales aux
multiples couleurs
Animateur
Le père Coindre nous quitta suite à une courte maladie,
emporté tragiquement par des fièvres cérébrales…
1.
Chaque enfant mérite d’être aimé,
Chaque enfant a droit à la tendresse!
161
Chaque enfant est un trésor sacré,
Un jardin de milliers de promesses!
Chaque enfant mérite d’être aimé
Puisque Dieu habite sa faiblesse!
Il suffit d’un regard de bonté
Pour l’aimer jusqu’en ses maladresses.
2.
Bien des gens sont blessés pour toujours
En ces temps marqués par la violence…
Que ta voix devienne un chant d’amour,
Que tes bras se fassent providence.
Qu’un parfum émane de ton cœur,
Un parfum aux saveurs d’Évangile,
De pardon et d’infinie douceur,
De bonté et de joie indicible.
3.
À vrai dire, est-il plus grand malheur
Que de vivre sans jamais le connaître,
Que de vivre en dehors du bonheur
Et mourir sans espoir de renaître?
Redis-leur que Jésus est la Vie!
Montre-leur que Jésus est la Route!
Mets leur cœur dans le cœur de Marie,
Aime-les… jusqu’à ton dernier souffle.
162
ECOUTE
Ne tranche pas!
Si tu ne sais pas
Ce qu’ils désirent
Écoute-les!
Ecoute! Ecoute!
Ce sont eux
Qui doivent parler
Et non toi,
Alors?
Alors?
Écoute!
*Dans une société de la parole, de l’émission et des discours, la demande d’être écouté
demeure forte : « Écoute-moi!
Fais attention à moi, fais que j’existe pour toi! »
*Avant de concevoir l’écoute comme une attitude indispensable pour connaître l’autre, le
respecter, le comprendre et pouvoir mieux lui parler, elle peut être regardée comme « la
relation nécessaire d’humanité, le ce-sans-quoi l’homme est pour l’homme le pur
étranger, l’abîme d’absence » (Maurice Bellet)
*Elle est une relation mystérieuse où un pont s’établit entre deux personnes, une
connivence qui permet à de l’humanité d’émerger davantage.
*Écouter vraiment quelqu’un, c’est lui dire sans mots qu’il existe, que ce qu’il porte et
qui est parfois confus ou entremêlé a de la valeur, tout simplement parce qu’il le vit ou le
pense.
163
*Quand l’écoute apporte plus d’humanité, l’humain est assuré dans ses fondements, et il
peut porter du fruit.
*Un pédagogue qui écoute est aussi un pédagogue thérapeute.
(cf. La Croix, 25 avril 2009/ Christine Gilbert, animatrice de pastorale)
Écoute
Fgb/28-05-11
164
5e célébration: Du désir enthousiasmé au désir engagé
165
3. 4.
Leurs yeux s’ouvrirent et ils le C’est vrai le Seigneur est ressuscité...
reconnurent...
Animateur
Animateur Je vous salue Marie, ô Mère de Jésus. LUI
Je vous salue Marie, ô Mère de Jésus, LUI qui suscite courage et confiance en la vie qui
que les disciples reconnaissent à la fraction est en avant,
du pain (Cf. Lc 24,31) ô Mère de Jésus,
ô Mère de Jésus, vous êtes bénie entre toutes les femmes;
vous êtes bénie entre toutes les femmes; et je salue en vous et ma mère et ma mie,
et je salue en vous et ma mère et ma mie, ô Mère de Jésus, je vous salue Marie.
ô Mère de Jésus, je vous salue Marie.
Tous : Tous :
Je vous salue Marie, ô Mère du Sauveur, Je vous salue Marie, ô Mère du Sauveur,
servante de la vie, douce étoile des âmes. servante de la vie, douce étoile des âmes.
Priez pour nous pécheurs, ces pécheurs qui Priez pour nous pécheurs, ces pécheurs qui vous
vous prient. prient.
Ô Mère du Sauveur, je vous salue Marie. Ô Mère du Sauveur, je vous salue Marie.
R/ Nous l’avons vu ressuscité, nous témoins R/ Nous l’avons vu ressuscité, nous témoins de
de la vérité, il est venu, il reviendra, la vérité, il est venu, il reviendra,
Amen, Alléluia, Amen Alléluia! Amen, Alléluia, Amen Alléluia!
166
Table des matières (se désirer dans le désir de Dieu)
Étape Titre Page
Préambule 2-5
Introduction 6-13
1ière Du désir éveillé... au... 14-22
- Cf. Gn 1 et Dn 3, 52-90
- Chant: Que tes oeuvres sont belles ou Psaume de la 23
création. 24
- Proposition de relecture: Sentiment de l'existence de 25-27
Dieu
- Écoute de Coindre: Les oeuvres de dieu racontent sa
gloire
Voir Dieu dans la création
2e Du désir apprivoisé... au... 28- 38
- Cf. Lc 19, 1-10
- Chant: Dis-nous Zachée 39
- Proposition de relecture: Mon histoire religieuse 40
- Écoute de Coindre: La bonté qui donne confiance 41
3e Du désir confronté... au... 42-48
- Cf. Jn 9, 1-41
- Chant: Prière de François ou Écoute dans le vent 49-50
- Proposition de relecture: Le face à face avec le mal 51
- Écoute de Coindre: Qu'ai-je fait pour mon Dieu? 52-53
4e Du désir ordonné... au ... 54- 61
- Cf. Mt 16, 21-26
- Chant: Seigneur, que veux-tu que je fasse 62
- Proposition de relecture: Se défaire de ses masques 63
- Écoute de Coindre: Renoncer à soi-même 64-65
5e Du désir émerveillé ... au ... 66-71
- Cf. Luc 2, 41-52
- Chant: Saint-Joseph 72
- Proposition de relecture: d'une annonciation à l'autre 73
- Écoute de Coindre: L'amour d'un Dieu incarné 74-75
6e Du désir purifié ... au ... 76-79
- Cf. Mt 4, 1-11
- Chant: Quel que soit mon chemin 80
- Proposition de relecture: Vivre humainement unifié 81
- Écoute de Coindre:
167
- Car je suis doux et humble de coeur 82-83
- Car je me méfie de l'argent 84-85
- Car j'aime le pardon 86
7e Du désir singularisé... au ... 87-93
- Cf. Mt 11, 28-30
- Chant: Venez à moi vous qui peinez 94
- Proposition de relecture: Reconnaître ma singularité 95
- Écoute Coindre: Que chacun se perfectionne dans son 96-97
état
8e Du désir esseulé ... au ... 98-104
- Cf. Jn 19, 17-30
- Chant: - La solitude, ça n'existe pas de Bécaud 100
- Pour ne pas vivre seul de Dalida 101
- Ma solitude de Moustaki 102
- Seul de Garou 103
- Proposition de relecture: Apprivoiser la solitude 105
- Écoute Coindre: - Dieu nous aima jusqu'à souffrir la 106
passion
168
Annexe Chant thématique: Que soit béni mon désir de Dieu 145-146
1
Annexe Le dernier mois de mai 147-150
2
Célébration 1 Célébrons Dieu présent dans la création 151-153
Célébration 2 Indignez-vous en tenant ferme dans l'espérance 154-155
Célébration 3 Célébrons Joseph 156-160
Célébration 4 Prions avec André Coindre en ce jour du 30 161-164
mai
Célébration 5 Se laisser accompagner par Jésus 165-166
169