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2020 05 Sedesirer

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Guy Brunelle S.

Se désirer
dans le désir
de Dieu
Itinéraire spirituel
Du désir éveillé au désir harmonisé.

Montréal
2021

1
Préambule

D’entrée de jeu, je tiens à préciser que j’ai éprouvé une grande difficulté à choisir de
dire Dieu en JE ou en NOUS.

Qu’on me pardonne si je passe de l’un à l’autre. Parfois, cela peut être révélateur de
l’évolution de mon désir profond.

Saint Augustin a écrit :

« Le bonheur, c’est de continuer à désirer ce que l’on possède. »

Qu’est-ce à dire « continuer à désirer ce que l’on possède »? La profondeur du texte


d’Augustin tient dans le non-dit. Continuer à désirer ce que l’on possède, ne serait-ce
pas posséder écologiquement, c’est-à-dire harmonieusement? Il y a une tension vers le
meilleur soi-même. La vie religieuse d’avant le Concile avait comme substrat le « Soyez
parfaits comme votre Père céleste est parfait. » Comme si cela était possible!
Aujourd’hui, la traduction donne : « Soyez miséricordieux… » N’empêche que le Soyez
parfaits exprimait bien que l’avenir était en avant! Se désirer dans le désir de Dieu,
notre thématique, implique cette dynamique de l’inachevé. Tension sans contention! En
langage théologique d’aujourd’hui : Faire advenir le pas-encore à partir du déjà-là!

Ce que je partagerai avec vous relève davantage de mon vécu tributaire de mon
environnement culturel et spirituel, celui tout d’abord des sages dont je m’inspire et que
je cite souvent et parfois abondamment dont la Bible, celui de mon expérience
personnelle ensuite, que, malgré bien des réticences, il m’est difficile de ne pas exposer.
Car comment parler de cheminement intérieur sans trahir un peu le sien?

2
Qu’il soit clair cependant que je ne me considère pas comme un modèle : je conserve
des parts d’ombre, (mon côté sombre dont parle mon ami Réjean Paquin) et je ne parviens pas toujours
à mettre en pratique les enseignements que je sème à tout vent. (Devise du Petit Larousse)

Risque que court tout prédicateur ou écrivain !

Ce qui est certain, c’est que je suis aujourd’hui beaucoup plus lucide, apaisé et, tout
compte fait, plus heureux que je ne l’ai été dans le passé.

*****

Si on te posait la question : es-tu heureux? Je suis à peu près certain que tu te sentirais
mal à l’aise par cette question fermée. Difficile de répondre par oui ou par non à cette
question. Tu n’es pas le seul. Es-tu heureux? Formulée de manière aussi abrupte, cette
question indispose.

Si elle entend interroger mon état actuel, elle ne présente aucun intérêt véritable : je
puis être mal à l’aise dans cette assemblée où l’on me décroche cette question et avoir
envie d’y répondre « non » par référence à ce mal-être ponctuel alors que je suis
globalement heureux dans ma vie…

Si elle entend interroger mon état global dans la durée, elle a le défaut d’être trop
binaire (oui ou non) comme si on était totalement heureux ou, à l’inverse, intégralement
malheureux.

En fait nous sommes presque tous « plus ou moins heureux » et notre impression de
bonheur fluctue avec le temps. (Cf. Lenoir F. Du bonheur… p. 79)
Mais nous sommes dans une société qui veut le bonheur tout de suite, à tout prix. Une
société adolescente. Si bien que la question :
3
La quête du bonheur peut-elle rendre malheureux?

n’est pas incongrue. Écoutons le philosophe Frédéric Lenoir :

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, la quête du bonheur s’est progressivement


muée en injonction au bonheur.

Le droit au bonheur s’est mué en devoir, et du coup, en fardeau.

L’homme moderne est « condamné » à être heureux et ne peut s’en prendre qu’à lui-
même s’il n’y parvient pas…

Nous sommes probablement les premières sociétés dans l’histoire à rendre les gens
malheureux de ne pas être heureux…

A la dramatisation chrétienne de la salvation et de la perdition, fait pendant la


dramatisation laïque de la réussite et de l’insuccès.

Frédéric Lenoir, Du bonheur un voyage philosophique, Fayard, 2013. pp. 121ss

L’itinéraire Du désir éveillé au désir harmonisé n’est pas linéaire ou unidirectionnel.


C’est une présentation de l’esprit. La vie réelle a ses avancées et ses reculs, ses
stagnations et ses accélérations. Elle n’obéit pas à une logique cartésienne. Elle a
quelque chose de la météo : elle est versatile!

On le verra tout au long de notre itinéraire en 11 étapes. L’important est de se relire dans
le miroir de l’Évangile et dans les enseignements du père Coindre afin de se situer, puis
de se remettre en route avec le désir de se désirer dans le désir de Dieu.

4
Chant à l’Esprit Saint…

Ouvrez vos cœurs


Ouvrez vos coeurs au souffle de Dieu;
Sa vie se greffe aux âmes qu'il touche;
Qu'un peuple nouveau renaisse des eaux
Où plane l'Esprit de vos baptêmes.
Ouvrons nos coeurs au souffle de Dieu,
Car il respire en notre bouche
Plus que nous-mêmes!

Offrez vos coeurs aux langues du Feu:


Que brûle enfin le coeur de la terre;
Vos fronts sont marqués des signes sacrés:
Les mots de Jésus et de victoire!
Offrons nos corps aux langues du Feu
Pour qu'ils annoncent
le mystère de notre gloire.

Livrez votre être aux germes d'Esprit


Venus se joindre à toute souffrance;
Le Corps du Seigneur est fait de douleurs
De l'homme écrasé par l'injustice.
Livrons notre être aux germes d’esprit
Pour qu’il nous donne sa violence
À son service

Tournez les yeux vers l'hôte intérieur


Sans rien vouloir que cette présence;
Vivez de l'Esprit,
pour être celui
Qui donne son Nom à votre Père.
Tournons les yeux vers l'hôte intérieur,
Car il habite nos silences
Et nos prières.

5
Introduction
Se désirer dans le désir de Dieu
Deux textes d’Osée devaient donner le climat à cette retraite.
Puis, récemment la liturgie, en la fête de sainte Marie de Madeleine, nous donne un
extrait du Cantique des cantiques. Abreuvons-nous à l’un et à l’autre.

Parole du Seigneur.

Mon épouse infidèle, je vais la séduire, je vais l’entraîner jusqu’au désert, et je lui
parlerai cœur à cœur.
Là, elle me répondra comme au temps de sa jeunesse, au jour où elle est sortie du pays
d’Égypte.

Tu seras ma fiancée, et ce sera pour toujours. Tu seras ma fiancée, et je t’apporterai la


justice et le droit, l’amour et la tendresse; tu seras ma fiancée, et je t’apporterai la
fidélité, et tu connaîtras l’amour.

Osée, 2, 16.17b.21.22
Voici le texte du Cantique (3, 1-4a)

Toute la nuit, j’ai cherché celui que mon cœur aime. Étendue sur mon lit, je l’ai cherché,
je ne l’ai pas trouvé !

Il faut que je me lève, que je parcoure la ville, ses rues et ses carrefours.
Je veux chercher celui que mon cœur aime…

Je l’ai cherché, je ne l’ai pas trouvé.


J’ai rencontré les gardes qui parcourent la ville :

« Avez-vous vu celui que mon cœur aime ? »

À peine les avais-je dépassés, j’ai trouvé celui que mon cœur aime.
Je l’ai saisi, je ne le lâcherai pas.

6
Parole du père André Coindre, prophète au coeur de feu :

« Il faut entrer au sanctuaire de son cœur…»

Se désirer dans le désir de Dieu, est-il plus belle déclaration d’amour?


Se désirer dans le désir de Dieu, est-il plus beau cheminement d’amour?

Le mot désir est un terme équivoque, à tout le moins, dans la langue courante. Désir peut
avoir plusieurs synonymes comme volonté, ambition, aspiration, soif, appétit, rêve,
convoitise, projet etc. Synonymes trouvant leur acception dans différents contextes. Il
suffit d’ouvrir la Table pastorale de la Bible pour entrer dans les méandres du mot désir.

Pour le « vulgaire », le ‘quidam, le citoyen lambda, le mot désir évoque une pulsion, un
attrait de type érotique pour une personne. On trouve cette acception dans le Cantique
des Cantiques : « Je suis l’objet des désirs de mon bien-aimé (7,11). » Dès la Genèse,
Dieu reconnaît ces désirs, liés à notre condition de créature. Ne dit-il pas à Ève : « Tes
désirs te porteront vers ton mari (3,16). »

Ce type de désir notre éducation a eu tendance à l’occulter. Mais ce déni n’existe plus.
Le désir s’affiche partout : mode, publicité, média. On provoque le désir, on l’évoque à
toute occasion - quel humoriste n’y fait pas allusion? et on le révoque avec violence
parfois. (Les Djiadhistes en ont contre nos sociétés érotisées) Nous sommes dans une civilisation du
désir exacerbé.

Le dominicain Louis Roy a écrit un livre au titre évocateur : Libérer le désir. L’axiome
du philosophe Jacques Maritain, distinguer pour unir, s’impose encore ici. Écoutons
Louis Roy :

7
Le désir a-t-il besoin d’être libéré?

Pour répondre à cette question, il faut [distinguer] deux attitudes face aux désirs.

La première consiste en une méfiance face à nos désirs, car ils peuvent nous entraîner
dans des actions désordonnées, qui nous rendront malheureux de même que les autres
autour de nous. (Cf. Bonheur d’occasion de G. Roy) Les individus qui vivent dans cette méfiance
souffrent de leur manque de liberté et restent fascinés par ce que leurs désirs, qu’ils
réprouvent, leur font miroiter.

La deuxième attitude consiste à essayer de satisfaire pleinement nos désirs. Un grand


nombre de psychologues, d’artistes et d’écrivains sérieux, la plupart des grandes
personnalités religieuses et la majorité des maîtres spirituels authentiques nous disent
que n’importe quelle tentative de combler nos désirs est vouée à l’échec. À moins,
évidemment, qu’on parvienne à se faire accroire qu’on est heureux dans la poursuite de
ses désirs. Il y a des bonheurs qui ne donnent pas la paix du coeur, mais il ne faut pas
mépriser ceux qui s’y adonnent.
Ce qu’il importe de remarquer, c’est que, si opposées qu’elles apparaissent à un regard
superficiel, ces deux attitudes – la méfiance ou la gloutonnerie face aux désirs – se
ressemblent étrangement.
Toutes deux, en effet, se centrent sur les désirs, sans examiner pour la peine la question
du désir. La solution ne se trouve donc pas du côté des désirs. Il s’agit, en effet, non pas
de multiplier les désirs, mais bien d’intensifier le désir. Une fois le désir intensifié, on
peut accepter ses désirs, faire de certains d’eux des priorités et chercher à les réaliser;
mais on le fera non seulement avec ardeur, mais aussi avec détachement. Ardeur et
détachement peuvent très bien se révéler compatibles.
C’est l’objet de notre itinéraire spirituel.
CF. LIBERER LE DESIR JUSQU'A L'ULTIME
ET MATURITE HUMAINE
Louis Roy. Septembre 2011 Publié sur le site de l’Association des psychothérapeutes pastoraux du Canada en format pdf.
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L’itinéraire spirituel dans lequel nous engage cette retraite nous permettra d’y voir plus
clair.

Se désirer dans le désir de Dieu évoque un itinéraire de croissance spirituelle dans


notre relation au Tout-Autre, à Celui qui pour nous est, depuis le père Coindre, le Sacré-
Cœur, c’est-à-dire Jésus compatissant et miséricordieux.

Nous sommes de la lignée de David et nous chantons volontiers avec lui :


Mon âme a soif du Dieu vivant
Quand le verrai-je face à face? (62, 2-3)
ou encore :
Quand viendras-tu vers moi? (100, 2)
Mon âme languit d’observer tes sentences. (118, 20)

Le verbe languir évoque une idée de lenteur dans le cheminement, dans notre marche en
avant. C’est cet itinéraire tout en lenteur que nous entreprenons aujourd’hui. D’étape en
étape, nous passerons du désir éveillé au désir harmonisé, répondant ainsi à

l’interpellation finale de livre de l’Apocalypse : « Et que l’homme assoiffé


s’approche, que l’homme de désir reçoive l’eau de la vie,
gratuitement. »22, 18
Rentrer en retraite suppose une certaine soif de rencontrer à nouveau Jésus. Et si cette
soif était inexistante… Et si avoir soif encore et encore nous donnait le spleen
spirituel… Ce sont des choses qui arrivent plus souvent qu’on ne veut bien l’admettre.
Alors que faire? Relire naïvement le magnifique conte de Jacques Loew dans son livre
« Paraboles et fariboles », conte intitulé :
Comment faire boire un âne qui n'a pas soif ?
9
"Comment faire boire un âne qui n'a pas soif ?
Et comment, toute révérence gardée, donner la soif et le goût de Dieu aux hommes qui
l'ont perdus?
Et qui se contentent du pastis ou du whisky, de la télé ou de l'auto, de Facebook ou
Twitter ?

Des coups de bâton ?


Mais l'âne est plus têtu que nos bâtons.
Et cette méthode ancienne est déclarée trop directive par les éducateurs d'aujourd'hui.
Une pédagogie réprouvée ! Même au temps du père Coindre :
Qu’on ne donne pas les étrivières pour n’avoir pas fait sa tâche; c’est la dernière des
punitions et il ne faut pas l’employer si souvent. (Cf. Lettres

Lui faire avaler du sel ? Pire encore et qui relève presque des tortures psychiatriques.

Comment donc faire boire cet âne en respectant sa liberté ?

Une seule réponse : trouver un autre âne qui a soif... et qui boira longuement, avec joie
et volupté, au côté de son congénère.

Non pas pour donner le bon exemple, mais parce qu'il a fondamentalement soif,
vraiment, simplement soif, perpétuellement soif.

Un jour, peut-être, son frère, pris d'envie, se demandera s'il ne ferait pas bien de
plonger, lui aussi, son museau dans le baquet d'eau fraîche…

10
Des hommes ayant soif de Dieu,
plus efficaces que tant d'âneries racontées sur Lui."

Si nous faisons une retraite communautaire, c’est que nous avons besoin d’être avec des
hommes qui ont fondamentalement soif, vraiment soif, simplement soif,

perpétuellement soif parce qu’ils se désirent dans le désir de Dieu.

Qu’il soit béni mon désir de Dieu,


De jour en jour qu’il soit béni !

Le frère Yvon Moreau a écrit un très beau poème intitulé : Tu es désir de Dieu!
Je me l’approprie volontiers sans trop le modifier.
Dans son Traité de l’Amour de Dieu (VII, 21), saint Bernard a cette trouvaille
merveilleuse : « Dieu a fait de toi un être de désir, et ton désir, c’est lui, Dieu. »
Quelle plus belle définition de l’être humain! Quel plus fidèle écho à la parole du récit
de la création : « Dieu dit : faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance. »
(Gn, 1,26)

« Tu es désir de Dieu! »
Ne sois donc pas surpris(e) si les choses ne peuvent te consoler, si tu restes toujours sur
ton appétit, tu as été fait(e) pour plus, tu as été fait(e) pour Dieu!(Pause)

« Tu es désir de Dieu! »
Ne sois donc pas surpris(e) si tes amours humaines les plus belles doivent demeurer
vigilantes, si parfois et pas nécessairement en même temps, vous sentez le besoin de

11
vous tourner vers la Source véritable… Vous avez été faits pour Dieu, pour que son
amour au cœur de votre amour soit feu et lumière… pour que son amour rende votre
amour capable de dépassement… pour que votre amour et son amour soient promesse et
enchantement, soient harmonisés !(Pause)

« Tu es désir de Dieu! »
Ne sois donc pas surpris(e) si le temps te semble éphémère, s’il passe trop vite, s’il fuit
et s’il t’échappe certains jours… Tu as été fait(e) pour l’éternité, pour une durée pleine
de vie et de continuité. Tu as été fait(e) pour la joie d’un désir que Dieu seul peut
combler tout en le gardant éveillé et en le rendant accueillant à plus encore! (Pause)

« Tu es désir de Dieu! »
Ne sois donc pas surpris(e) si le temps te semble trop long et plein d’ennui d’autres
jours, si tu te sens étouffé(e) par la monotonie et la répétition du quotidien… Tu as été
fait(e) pour l’éternité, pour la vie avec le Dieu toujours nouveau, dont la beauté sera ta
joie et le salut ton allégresse!(Pause)

Voilà ce que tu es : désir de Dieu !

Ce désir en toi, c’est la signature de Dieu, le sceau de Dieu, la marque de son amour…
Ce désir en toi, c’est une capacité, une ouverture, un appel… Ce désir en toi, c’est ta
vocation à réaliser… ce désir, ce n’est pas une potion, c’est l’exigence radicale de ton
être de race humaine. Si ce désir ne sourd pas en toi ou si tu ne l’écoutes pas, c’est
l’échec de ta vie! Si tu prends le temps de le reconnaître en toi et si tu l’écoutes, c’est la
réussite de ta vie!

« Tu es désir de Dieu! » C’est ta grandeur et ta beauté


12
Me voici, je viens, ô mon Dieu,
Près de toi, je cherche un abri.
Cf. Ps. 57

Chacun-e entre en retraite avec un désir plus ou moins formulé, il serait intéressant que
chacun essaie de formuler un désir…
À titre d’exemple, remonte en moi ce vers de Kévin Parent dans son célèbre Seigneur :
Oui j’aimerais prendre le temps de faire la paix avec quelques souffrances…

Prière évoquant un long cheminement…

Nous sommes sortis de toi


Et nous allons vers toi.
De toi à toi, il est long parfois le détour.

Tu es le premier né de toute créature,


Tu es le premier né d’entre les morts,
Nous sommes dans l’entre-deux de la création et de la mort.

Tu es le A et le Z,
Mais il reste encore 24 autres lettres à l’alphabet.

De ces lettres nous formons des mots, des phrases,


Nous inventons nos vies
Nous traçons nos chemins
Pour un oui ou pour un non.

Nous changeons parfois de route, de vie, de discours.

Heureux qui croise ton regard


Au chemin de l’espérance.

Amen
p. 532. André Beauchamp, Comprendre la PAROLE, Année C

13
1ière étape
Du désir ÉVEILLÉ…
Cf. Genèse, chapitre 1 : Récit de la création. ou Daniel 3, 52-90
Chant : Que tes œuvres sont belles ou Psaume de la création de P. Richard

Parole du père André Coindre, prophète au cœur de feu

Si la nature nous présente des traits de grandeur, de puissance et de sagesse,


ce n’est point pour nous arrêter à elle,
mais c’est pour nous faire envisager les traits de CELUI qu’elle représente,
de CELUI qui la forme. (In Notes de prédication, p. 13)

Notre goût de vivre « abondamment »


est sans cesse éveillé
par la beauté du monde,
beauté perçue à la fois
dans la magnificence et dans la munificence de la nature,
aux cieux, sur terre et dans la mer…

Prendre le temps de contempler et de chanter la nature


avec André Coindre,
c’est se mettre en situation d’éveiller notre désir,
d’être partie prenante
du désir de Dieu.
C’est se désirer dans le désir de Dieu.

Qu’il soit béni mon désir de Dieu,


De jour en jour qu’il soit béni !

14
Le désir éveillé

La nature, pour beaucoup de gens, est un haut lieu où ils ont le sentiment de l’existence
d’un Dieu TOUT AUTRE qui est à l’origine de ce qui existe. Le père Coindre fait
partie de ces gens-là :

La connaissance de Dieu, écrit-il, a présidé, en quelque sorte, à la naissance et au


développement de notre raison... On nous fit porter le regard vers les cieux, et le
spectacle de ce firmament, et les étoiles, et le soleil portèrent, écrits sur leur front, en
caractères de feu : « C’est Dieu qui a créé le ciel et la terre ».

Qui n’a pas été ému aux entrailles par un firmament étoilé, un coucher de soleil sur la
mer océane, un arc-en-ciel après l’orage, la première jonquille au printemps…sans
oublier la musique qui la langue de Dieu selon Mozart.

Désir que le temps s’arrête! Le ver de Lamartine remonte en notre mémoire

culturelle : « Ô temps ! suspends ton vol ». Désir d’éterniser ce temps un


peu comme Pierre lors de la Transfiguration… Désir « de découvrir [ou de
sauvegarder] l’intégralité des merveilles dont la planète regorge. »(Schmitt Ŕ ma vie avec
Mozart p. 20)

Le printemps, avec toutes ses transformations perceptibles au jour le jour, éveille en


nous une émotion forte qui confirme notre « intime conviction » de la réalité de
l’existence du TOUT AUTRE. Jacques Gauthier le dit autrement : « La nature est
un grand livre ouvert où la beauté de Dieu se révèle dans toute sa splendeur. »
Qu’on se rappelle le récit de la création au chapitre 1er du livre de la Genèse. « Et
Dieu vit que cela était bon, il y eut un soir, il y eut un matin… »

15
La liturgie, durant la Veillée pascale, nous invite à relire ce récit fondateur. Récit
propre à susciter en nous l’émerveillement devant ce Dieu épris de beauté et de
bonté.
Racontant sa rencontre avec le Tout-Autre, EricEmmannuel Schmitt évoque son
désir éveillé qui devient adhésion au créateur du ciel et de la terre.

[S’étant éloigné de ses compagnons d’expédition, il se trouve perdu dans le désert


pendant une trentaine d’heures, il doit passer la nuit à la belle étoile. Or le désert la
nuit, c’est très froid. Il s’ensable jusqu’au cou au pied d’un rocher, pour se protéger
et du vent, et du froid. Il croit son heure dernière arrivée. Et il passe la nuit à
contempler le ciel nocturne. Pris de vertige, l’existence du Tout Autre se pose à lui
comme une évidence. En son fort interne, il se dit avec humour : « Me voilà pris
mourir croyant ou pour vivre croyant. » Et il vit en croyant, publiant des livres qui ne
laissent pas indifférents : l’Évangile selon Pilate, M. Ibrahim et les fleurs du Coran,
l’Enfant de Noé, Ma vie avec Mozart.]

[Je me souviens, j’avais vingt ans, et j’aimais aller en montagne jusqu’à une éclaircie.
Là, je m’assoyais dans l’herbe dorée et je contemplais. Que de poèmes sont nés de
cette contemplation. J’étais en harmonie avec ce qui m’entourait : frémissement des
feuilles dans les arbres, babillage des oiseaux se poursuivant de branche en branche,
course à obstacle des écureuils dans le sous-bois, travail acharné d’un pic-bois sur un
tronc d’arbre mort…

Montait alors en moi un sentiment de pacification. Je faisais corps avec mon


environnement : osmose et symbiose tout à la fois pour emprunter les mots chers à
Senghor. La beauté de la nature éveillait chez moi le désir d’être plus. Je revenais
de cette promenade-contemplation en montagne avec plus d’énergie, avec le goût de
vivre intensément, décidé à prolonger ces moments d’adhésion au Tout Autre.]
16
Et je me surprends à fredonner « que tes œuvres sont belles, que tes œuvres sont
grandes, Seigneur, Seigneur, tu nous combles de joie. »[inviter un frère à chanter le refrain] Ce
qu’avait déjà chanté avant nous le père André Coindre :

Quand, dans le silence et l’obscurité de la nuit, David levait vers les cieux des mains
innocentes et des yeux purs, son cœur, ému par le spectacle imposant d’un ciel net et
tranquille, par l’innombrable multitude des étoiles rangées comme en ordre de
bataille autour de l’astre de la nuit, David s’écriait, en versant des larmes
d’admiration et de reconnaissance :
« Les cieux racontent la gloire du Seigneur et le firmament est l’ouvrage
de ses mains. »

Désir ÉVEILLÉ!

Qu’il soit béni mon désir de Dieu,


De jour en jour qu’il soit béni !

*****
Dans l’Évangile de Marc, les appels de Jésus ont le don d’éveiller un désir latent chez
ses auditeurs. Cela est flagrant avec l’appel des premiers disciples : Simon et son frère
André, Jacques et son frère Jean.

17
Ayant entendu Jésus dire avec autorité : « Les temps sont accomplis, le règne de Dieu
est tout proche… », ils sont remués au plus profond d’eux-mêmes. Et Jésus leur
dit : « Venez derrière moi. Je ferai de vous des pécheurs d’hommes. »

Irrésistible cet appel! Jésus a déjà quatre disciples et non les moindres. On le voit, tout
ou presque tout peut éveiller le désir profond, celui qui engage une vie : la beauté du
monde créé, la parole d’un témoin, une cause politique, une valeur…
*****
C’est le cas d’Isabelle. On se demande quelle mouche l’a piquée…

[Cette professionnelle des communications a du succès. Elle habite le plus beau quartier
de la grande ville. Soudain, elle annonce à son réseau de contacts une décision radicale :
« Je donne à ma vie une nouvelle allure. Un troupeau de chèvres laitières m’attend en
région. »

Quelques mois plus tard, ses anciennes collègues organisent avec Isabelle un appel
conférence : « Tu menais la ‘grosse vie’. Tu avais tout : compte de dépenses, auto
fournie, fonds de pension, réputation, superbe maison… Pourquoi tourner le dos à ta
réussite? »

La réponse d’Isabelle ne se fait pas attendre : « C’était le moment ou jamais de me


lancer à fond dans ce qui me tient à cœur : la bonne alimentation pour la santé des gens
et le développement des produits du terroir. La ferme de mes rêves était disponible à bon
prix. Je veux changer les choses en ce monde. » ] Cf. Prions en Église, Editon dominicale, 22 janvier

2012, 3e dimanche du temps ordinaire, Vo, 76, No 4, p. 2.

Désir Éveillé !

*****

18
La vie du pape François a connu un moment de désir profond, un désir éveillé qui
marque un tournant vocationnel :

Jorge Mario démarre ses études à l’école publique. Son projet professionnel initial est de
devenir chimiste. Mais à l’âge de dix-sept ans, il fait une expérience spirituelle forte qui
va l’en détourner. Alors il se confesse dans son église paroissiale, il est bouleversé par
les paroles de son curé. Il se sent attiré par une vocation religieuse.
Depuis qu’il est ordonné prêtre, Jorge Mario Bergoglio commémore chaque année à
Pâques le souvenir de la naissance de sa vocation dans cette église où elle lui a été
révélée.
Le jeune homme décide de changer de vie : il ne va plus danser le tango dans les bars de
Buenos Aires avec des camarades de son âge et il cesse de voir sa petite amie.
En 1958, il quitte le laboratoire d’analyse alimentaire où il travaillait et entre à l’âge de
vingt-deux ans au noviciat de la Compagnie de Jésus.

Il reçoit l’ordination sacerdotale onze ans plus tard au terme d’une longue formation
littéraire, philosophique et théologique…

******

12 novembre 2013
À 11 h 09 heure de France (05 h 09 EST) le 12 novembre 2013, après 129 jours en mer, 10 chavirages
et des vagues de plus de dix mètres, Mylène Paquette devenait la première nord-américaine à traverser
l’océan Atlantique Nord, à la rame en solitaire Ŕ du Canada à la France.

« On peut tout faire à petits pas mesurés,


mais il faut parfois avoir le courage de faire un grand saut.
Un abîme ne se franchi pas en deux petits bonds ! »

Citation d’une jeune patiente de l’Hôpital Sainte-Justine

Mylène, infirmière à Ste-Justine s’était fait dire : Vous ne savez ce que sait que d’affronter la
contradiction…
Naît en elle le désir d’affronter sa peur de l’Océan, défi qu’elle relève …

La rameuse Mylène Paquette est rentrée au pays mercredi après-midi, quelques jours
après être devenue la première Nord-Américaine à traverser l'océan Atlantique Nord, à
la rame et en solitaire.

La Québécoise a été accueillie comme une véritable héroïne par ses proches et ses
admirateurs à son arrivée à l’aéroport Montréal-Trudeau, des moments intenses en émotion.
Son premier geste a été de serrer dans ses bras ses neveux, les enfants de sa soeur. Et elle
a chaleureusement remercié tous ceux qui l'ont épaulée pendant sa traversée.

19
Une semaine après son arrivée sur la terre ferme, au port de Lorient, en France, Paquette a
avoué encore ressentir l'effet du roulis des vagues qui parfois atteignaient plus de 10 mètres.
Elle a dit avoir beaucoup appris sur elle-même, pendant ses 129 jours en mer.

L’athlète a bravé les épreuves, la maladie, les blessures, ainsi que 10 chavirages. «Je dirais
vraiment, la clé du succès, c'est l'équipe au sol; ces gens-là comptaient sur moi. Le public
aussi, ces gens qui m'ont encouragée financièrement.»

Même sans assistance physique tout au long de son parcours, elle a pu compter sur le
support de plus de 20 personnes afin d’accomplir cette prouesse: médecin, thérapeute,
personnel aux communications, conseiller de navigation, etc.

«Mais surtout ce qui m'a aidé, toute seule dans mon bateau, c'est le sens de l'humour, c'est
de trouver des choses positives à tous les jours», a-t-elle raconté.

*****

Désir ÉVEILLÉ!

Un dernier exemple et non le moindre : Ignace de Loyola

Inigo, blessé au siège de Pampelune et confiné sur un lit d’hôpital demande qu’on lui
apporte des romans d’amour chevaleresque.

N’en ayant pas trouvé, on lui offre Fleurs des saints et la Vie du Christ.

Il faut bien tuer le temps.

Inigo lit et s’enthousiasme pour François d’assise et Dominique.

Il s’entend murmurer intérieurement :

- Saint Dominique l’a fait, je le ferai aussi.!


- Saint François l’a fait, je le ferai aussi!

Désir éveillé!

20
Ce désir éveillé ira au bout de lui-même et donnera à l’Église un nouvel Augustin pour
les temps nouveaux : Ignace de Loyola.

Et la liturgie ne dit pas autre chose via Rm 1, 20 :

Depuis la création du monde,


les hommes avec leur intelligence,
peuvent voir, à travers les œuvres de Dieu,
ce qui est invisible :
sa puissance éternelle et sa divinité.
(Rm 1, 20) Version liturgique

Il y a quelque chose d’un coup de foudre dans ce désir éveillé. Ce coup de foudre a
quelque chose d’une révélation, de la révélation que le grand amour est possible.
Penser au frère Luc dans Des hommes et des dieux dans son dialogue avec la jeune
algérienne qui lui demande s’il a déjà été amoureux… C’est la longue et belle
histoire de tout un chacun enveloppée dans cet amour créateur.

Désir ÉVEILLÉ!
La beauté éveille en nous
le désir d’atteindre « notre lointaine patrie ».
(C .S . Lewis)

Cette lointaine patrie, c’est le Paradis perdu.

Aujourd’hui même, tu seras avec moi au Paradis.

21
Se désirer dans le désir de Dieu, c’est entreprendre le long chemin du retour au Jardin
originel.

Prière

Que ce soit par le calcul ou la réflexion,


Par la lecture ou la recherche sur Internet,
En contemplant les étoiles ou en regardant la mer,
Je cherche partout les secrets de l’énigme.

Je cherche mon chemin,


je cherche la fidélité,
je cherche [la vérité de mon désir].

[Qui que tu sois,


toi le créateur du ciel et de la terre],
donne-moi un peu de ta sagesse,
et la nuit s’éclairera.

Amen !
p. 449 dans Comprendre la Parole d’André Beauchamp, Année C, Novalis, 2006

Chant : Que tes œuvres sont belles ou Psaume de la création de P. Richard


22
Que tes oeuvres sont belles *
Refrain :
Que tes oeuvres sont belles
Que tes oeuvres sont grandes
Seigneur, Seigneur, tu nous combles de joie (bis)

C’est toi le Dieu qui nous a faits, Qui nous a pétris de la terre
Tout homme est une histoire sacrée,
L'homme est à l'image de Dieu

Ton amour nous a façonnés, tirés du ventre de la terre


Tout homme...etc...

La terre nous donne le pain, le vin qui réjouit notre coeur,


Tout homme...etc...

Tu fais germer le grain semé, au temps voulu les fruits mûrissent,


Tout homme...etc...

* Didier Rimaud

23
1ière : Proposition de relecture : Sentiment de l’existence de Dieu

Après avoir lu et prié le texte de la Genèse chapitre 1, fais un retour en arrière dans ta
vie pour te mettre à l’écoute de ce qui émerge comme première adhésion à Dieu, autre
qu’une adhésion purement intellectuelle.

- Quel événement as-tu repéré, moment où tu as eu le sentiment très fort de


l’existence de Dieu…

- Cela se passait où. Décris le milieu où tu as vécu ce sentiment.

- Comment cela s’est-il manifesté?

- Étais-tu seul ou avec quelqu’un? Précise.

- Y a-t-il eu échange de paroles? Si oui, lesquelles.

- Cet événement te revient-il à la mémoire parfois? Si oui, dans quelles


circonstances?

- Aujourd’hui, en redécouvrant cet événement, comment te sens-tu? Quels


sentiments t’habitent?

Puis, tu pries tout cela dans une prière que tu laisses émerger. Tu peux même écrire cette
prière. Souviens-toi que ce n’est pas un exercice scolaire.

Pour préparer la rencontre de partage individuel ou en groupe

- La veille de la rencontre, tu relis tes notes de journal spirituel tout en étant attentif (ve)
à ce qui se passe en toi.

- Tu sélectionnes les principales prises de conscience que tu veux partager avec tes
compagnons (gnes) de route ou ton accompagnateur (trice).

24
1ière Écoute du père André Coindre

Les œuvres de Dieu racontent sa gloire

Ce n’est point pour donner à nos yeux un vain spectacle que le Seigneur a déployé
tant de magnificence et de fécondité, dans l’enceinte de ce monde.

Ce n’est point pour retenir nos affections sur la terre que la nature est revêtue de
tant de beauté.

Si elle nous présente des traits de grandeur, de puissance et de sagesse ce n’est


point pour nous arrêter à elle, -- elle n’est qu’un tableau inanimé -- mais c’est pour nous
faire envisager les traits de celui qu’elle représente, de celui qui la forme.

À quoi bon, dans ce monde, la multitude infinie des êtres qui le composent, si ce
n’était pour rappeler à notre imagination la multitude infinie des perfections de notre
Dieu ?

À quoi bon cette foule d’insectes que nous n’apercevons qu’à travers ces
instruments d’optique que l’homme a inventés, si ce n’était pour nous découvrir la
puissance de celui qui fait à son gré des mondes infiniment petits ?

À quoi bon cette multitude innombrable d’étoiles qui ornent la voûte des cieux, --
le soleil, la lune et quelques autres astres n’eussent-ils pas suffi pour nous éclairer et
nous conduire ? -- s’il n’avait voulu nous faire connaître son immense grandeur par de
tels prodiges de puissance ?

Oui, ce n’est point pour donner à nos yeux un vain objet de curiositéque le
Seigneur a fait toutes ces choses.

C’est, dit le roi-prophète,pour nous raconter sa gloire et pour manifester la


puissance de ses mains. (Ps 18, 2)

In Notes de prédication, p. 13

25
Voir Dieu dans la création

La connaissance de Dieu a présidé, en quelque sorte, à la naissance et au


développement de notre raison. La voix de nos pères qui le firent craindre ne fut pas la
voix de la nature. On nous fit porter les regards vers les cieux et le spectacle de ce
firmament et les étoiles et le soleil portèrent, écrits sur leur front, en caractères de feu :
« C’est Dieu qui a créé le ciel et la terre ».

C’est le seul rayon de lumière qui pénètre sous le toit du laboureur et éclaire son
âme dure et rustique, qui perce jusqu’au fond des bois, pour être connu de ces peuples
sauvages …
Séparées les unes des autres par les mers, les solitudes, les montagnes, les mœurs, les
langages, toutes les nations se réunissent à reconnaître ce centre commun de toute chose.

- Mais, dans l’univers, dit l’impie, je vois la terre et les cieux et rien de plus ;
comment y voyez-vous que Dieu existe ?

- Misérable et ridicule argutie car, par un semblable raisonnement, on pourrait


dire, à la vue d’un tableau : « Je n’aperçois que la toile et des couleurs comment y
voyez-vous qu’un peintre ait existé ? » On pourrait [encore] dire, à la vue de cette
basilique : « Je n’aperçois que des pierres, des colonnes, une voûte ; comment voyez-
vous qu’un architecte l’a érigée ? »

Vous ne voyez que les cieux et la terre et rien de plus ? Vous avez raison, vous
ne voyez pas au fond de votre cœur, ces passions qui vous aveuglent. Vous craignez de
trouver Dieu, d’être obligés à tant de sacrifices que sa loi commande. Est-il étonnant
que vous ne le trouviez pas ?

Il faut avoir un cœur droit pour trouver Dieu.

Quand, dans le silence et l’obscurité de la nuit, David levait vers les cieux des
mains innocentes et des yeux purs, son cœur, ému par le spectacle imposant d’un ciel net
et tranquille, par l’innombrable multitude des étoiles rangées comme en ordre de bataille
autour de l’astre de la nuit, il s’écriait, en versant des

larmes d’admiration et de reconnaissance : « Les cieux racontent la gloire du Seigneur


et le firmament est l’ouvrage de ses mains. » Tandis que ceux qui, avec lui, étaient

26
témoins du même spectacle, parce que leur cœur était injuste ou corrompu, s’écriaient :
« Il n’y a point de Dieu. »

Oui, Dieu veut que nous allions à lui avec mérite et il donne assez de lumière pour
éclairer les belles âmes et nous laisse assez de ténèbres pour qu’un excès de perversité
ne le connaisse pas.

Témoin cette fameuse étoile


qui parut dans le monde
pour annoncer la naissance d’un Sauveur .

Que de personnes qui la virent et qui n’y trouvèrent rien de plus parce qu’elles
étaient indignes de pénétrer jusqu’au grand mystère qu’elle annonçait, tandis que trois
mages, instruits sans doute par la prophétie de Balaam, qui annonçait que l’étoile de
Jacob se lèverait un jour, la reconnaissent, la suivent sans hésiter et trouvent à Bethléem
un Sauveur.

Impies, faites-en de même. Abandonnez vos crimes et la lumière du ciel vous


fera trouver un Dieu.

In Notes de prédication, pp. 11-13

27
2ième étape
du désir APPRIVOISÉ

Présentation : désir apprivoisé


Cf. Lc 19, 1-10
Chant : Dis-nous, Zachée de Robert Lebel

Notre goût de vivre « abondamment »


à la vue de la beauté du monde
prend racine dans le constat de la bonté de Dieu
discrètement présente
à chaque étape de notre itinéraire spirituel.

C’est ce dont
le père Coindre nous invite
à prendre conscience.

Notre désir s’en trouve comme apprivoisé,


comme prêt à faire confiance au désir de Dieu sur nous.

Qu’il soit béni mon désir de Dieu,


De jour en jour qu’il soit béni !

28
Désir apprivoisé

La relecture du vécu est un moyen de croissance spirituelle. « Mes frères, parcourez


l’histoire de votre vie et voyez si elle n’est pas l’histoire de la bonté de Dieu sur
vous. » C’est le père Coindre qui nous lance cet appel.

Chaque retraite, chaque retrait au désert, est une occasion de relire tel ou tel aspect de
son vécu, non à la façon d’un inquisiteur, mais en étant attentif à ce qui remonte, à ce
qui émerge au regard de tel événement, car à quelque part, tout événement est parole
de Dieu.

En suivant le conseil du père Coindre, nous découvrons la bonté de Dieu à l’œuvre


dans notre vie, et cette bonté est fascinante. Ne dit-on pas « reposer en confiance ».
La béance de mon désir trouve son repos en Dieu : c’est mon désir apprivoisé. Je me
sens en confiance avec Dieu

parce qu’il était là, au début de mon être, dans l’amour de mes parents;
parce qu’il était là, dans la tendresse de ma mère, toujours, jour et nuit, nuit et
jour, aux petits soins avec moi;
parce qu’il était là, dans le travail humble et caché, mais combien régulier et
professionnel de mon père, apportant l’eau au moulin du foyer familial;
parce qu’il était là, dans mes éducateurs scolaires qui m’initiaient au goût du
beau, du bon et du bien à travers leur exigences;
parce qu’il me parlait au cœur à travers l’enseignement religieux de mes
maîtresses : « Guy, il ne faut jamais dire non à ce qui est demandé pour
l’amour de Dieu. » N’est-ce pas le titre d’un film audacieux en ces temps
d’indifférence religieuse : Pour l’amour de Dieu…

29
parce que je me sentais appelé à être plus près de lui aux jours de mes 14 ans :
sans moi, il me semblait que Dieu serait moins aimé…
parce que je me savais protégé par lui tout au long de ma formation religieuse
initiale…quelque difficulté que je rencontrasse…
parce que je devenais tellement amoureux de lui que je faisais profession
religieuse un certain 15 août 1962 (…) :

j’étais apprivoisé, je me reposais en confiance un peu comme Zachée l’éveillé qui se

laisse apprivoiser par Jésus. Son histoire est un peu la nôtre.Attardons-nous à son

parcours.

Zachée l’éveillé qui devient


l’apprivoisé du Seigneur…

Qu’il soit béni mon désir de Dieu,


De jour en jour qu’il soit béni !

Ce petit homme vit mal ses compromissions avec le pouvoir et il vit encore plus mal le
rejet des siens.
Toutefois, sa candeur, sa curiosité à l’origine de son désir éveillé, sa naïveté en font une
personne habitée d’un désir immense : voir le prophète de Galilée dont tout le monde
parle. Empressement, non pas de « voir Jésus » au motif de curiosité, mais soif de
voir « qui est Jésus » (Lc 19,3) Rey, p. 78

Peut-être cet homme lui donnera-t-il le courage de fuir son existence médiocre et lui
permettra-t-il de répondre au désir qui l’habite : cette aspiration à une autre vie.

30
Quelque chose d’impératif le pousse à grimper dans un arbre. Discrètement. Personne ne
le verra, mais lui verra son Jésus.Zachée veut rencontrer Jésus face à face, quitte à
« perdre la face. » Rey, p. 78L’amour entraperçu à distance force la porte du cœur qui
désire. Rey, p. 80

On peut lire l’histoire de Zachée comme si c’était la nôtre. Car nous sommes tous, à
quelque part, potentiellement Zachée.

Jésus passe sous l’arbre, aperçoit l’homme comme il nous perçoit


maintenant,
-- Le désir de l’accomplissement du salut presse Jésus en faveur de
Zachée, Rey, p. 78 --et crie : « Descends ! » descends de ton personnage,
descends de tes rôles, descends de tes peurs et de ton égocentrisme,
descends dans ton cœur pour y rejoindre Celui qui y habite depuis ton
baptême ! Prendre le temps de descendre, c’est le premier pas de la
conversion.
Jésus ajoute simplement : « Aujourd’hui il faut que j’aille demeurer

chez toi ». Chez toi ? Cela veut dire tes propres contradictions, dans les

difficultés de ta situation, dans tes désirs, dans tes échecs, dans tes

candeurs et dans tes pesanteurs... c’est là que le Christ veut s’installer

pour y apporter la liberté. « Le Fils de l’homme est venu chercher et

sauver ce qui était perdu. »

Le Fils de l’homme vient mettre en harmonie ce qui me tourmente. Il


vient, par son pardon, restaurer ce que je crois perdu avec ce qui en
moi est encore vrai. Même l’être apparemment le plus abîmé garde en

31
lui un morceau de paradis.

Laissons Jésus venir chez nous. Pas seulement dans les parties les plus
présentables de notre existence, dans la pièce la plus en ordre en
cadenassant à double tour les chambres mal rangées dont on est moins
fier.Car l’homme peut tomber au-dessous de lui-même, mais il ne
tombera jamais au-desous de Dieu, jusqu’où Dieu est venu le chercher.
Rey p. 81

Le tréfonds de l’âme de Zachée est offert au regard de Dieu. Et quel regard que celui de
Jésus!
Zachée est appelé par son nom,
arraché à ses pesanteurs,
rejoint dans les désirs secrets, jusque-là sans réponse, qui l’habitaient,
saisi par la joie. Rey, p. 81
Jésus s’est invité au jardin secret de Zachée où se terrent « toutes les potentialités de ce
qu’il est appelé à devenir – de ce que nous sommes appelés à devenir -- un jour que ce
soit dans cette vie-ci ou dans la vie éternelle. »

Zachée se rend à l’invitation de Jésus. Il descend et il est apprivoisé. Alors, il est déjà
inscrit dans la lignée de Jésus. Car être sauvé, c’est se précipiter totalement sans calculs
et sans restrictions, entre les bras de Celui que l’on aime, s’abîmer, s’enfoncer en lui et
consentir à perdre en lui ses faiblesses et ses illusions. Rey, p. 80
Avec lui, nous acceptons le message du-plus-grand-que-Jean-Baptiste :

32
il me faut demeurer chez toi, partout chez toi ; laisse-moi m’installer
dans tes échecs, tes péchés, dans tes désirs d’enfance et tes naïvetés.
Offre-toi face à moi avec tout ce que tu es. En m’acceptant partout chez
toi, tu t’accepteras partout chez toi, tu deviendras homme. Tu seras fils
de Dieu.
Charles-André Sohier 4 novembre 2007

Comme pour Zachée, le Christ porte aujourd’hui encore sur nous un


regard bienveillant de compassion et de miséricorde. Un regard nous
appelant à exister mais à exister autrement c’est-à-dire à inscrire notre
vie en Dieu en l’écrivant avec l’encre de l’Esprit Saint, une encre
indélébile qui nous conduit à ne poser que des actes d’amour révélant
ainsi la divinité existant en chaque être. Philippe Cochinaux op Belgique 31

octobre 2004

Lorsque Jésus s’invite chez un pécheur, il suscite la grogne des bien pensants.

Si Jésus fréquentait les pécheurs pour se complaire avec eux et profiter de


leurs largesses, il serait répréhensible. Il va chez eux dans un tout autre
motif, religieux celui-là : ranimer l’espérance chez un homme qui se sait
rejeté et pécheur. « Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui
était perdu » (Lc 19,10).

C’est bien cela qui se produit, car immédiatement Zachée montre les
signes évidents de sa conversion. Accueilli et sauvé par Jésus, (son hôte)
Zachée

33
montrera dans sa vie les signes du salut qu’il a reçu : « Je fais don aux
pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais
lui rendre quatre fois plus. »
Jésus qui « demeure chez lui », habite désormais tous ses appétits (désirs)
et le dispense de l’âpreté au gain qui l’avait conduit à spolier et rançonner
ses concitoyens. Rey, p. 80.

On trouve ici une pensée chère à Luc à propos de l’argent malhonnête. Il


faut le distribuer aux pauvres. Zachée a sans doute travaillé fort. Il a
gagné son argent. Mais il a aussi profité du système. C’est pourquoi il
distribue la moitié de ses biens aux pauvres. Quant à ceux qu’il a lésés et
qu’il peut identifier, il leur rendra quatre fois plus qu’il ne leur a pris.
Zachée perçoit [la nécessité de la justice réparatrice] d’un coup, et le récit
montre bien l’ampleur de son retournement, de sa conversion. Zachée
compensera les gens qu’il a roulés.
Nous vivons dans une société extrêmement complexe. Souvent nous
demandons au système de justice de punir, d’emprisonner, de surveiller les
délinquants par tous les moyens possibles. Notre société a aboli la peine
de mort car elle estime que la vengeance n’est pas le but de la justice. La
punition doit montrer certes la gravité de la faute mais si possible aussi
conduire à la guérison, permettre à l’offenseur de comprendre tous les
dommages qu’il a faits. Je me rappelle avoir été dévalisé à mon bureau.
Ce qui m’a coûté le plus, ce n’est pas les objets qu’on m’a volés. C’est le
sentiment que quelqu’un était entré à mon insu dans mon intimité, c’est
cette sensation d’insécurité quand on rentre chez soi et qu’on se demande
s’il y a quelqu’un de caché quelque part à l’intérieur ou qui, du dehors,
épie vos moindres gestes.
Zachée ne fait pas que se réjouir de la venue de Jésus. Il ne fait pas une

34
simple conversion religieuse. Il montre dans son agir, dans son
comportement moral qu’il a saisi tout le retentissement de sa conversion.
Car on ne peut se tourner vers Dieu sans aussi changer son regard et ses
gestes à l’égard d’autrui. Zachée l’exploiteur est de venu Zachée le
partageur, Zachée le fraudeur est devenu Zachée le compensateur.

Sera-t-il ruiné? Probablement pas. Il accumulera moins d’argent mais le


partagera davantage, ce qui fera de lui un être libéré, plus heureux. Mais
à long terme, je pense que Zachée réussira plus qu’avant. Ses clients, les
payeurs de douane, comprendront que Zachée est devenu honnête. Ils
auront davantage confiance. Ils auront tendance à passer par les points de
contrôle sous son autorité plutôt qu’ailleurs.

À la longue, sa plus grande justice lui sera profitable.

Zachée est entré dans la joie


car il a accepté l’invitation de Jésus d’aller chez lui,
et cela a changé toute sa vie.

Désir apprivoisé!
André Beauchamp, Comprendre la Parole,
Commentaires bibliques des dimanches année C, pp. 508-509

Nous sommes tous à quelque part potentiellement Zachée. Reconnaître lucidement les
oppositions dans notre cœur est un chemin de libération.

35
Ignace de Loyola donnait comme conseil d’entrer en retraite avec l’Évangile, l’Imitation
de Jésus-Christ et la Vie des Saints. Rendons visite à Jean Bosco. Un Saint doué pour
l’apprivoisement.

On est à Turin.
C’est le 8 décembre 1841.
Un jeune prêtre, récemment ordonné, s’apprête à célébrer la messe.
Il fait froid et il vente.

Un jeune se faufile dans l’église et laisse la porte entr’ouverte.


Le sacristain accourt pour la fermer. Il remarque l’ado à l’entrée en train de se
réchauffer.

Peu amène, le bedeau l’apostrophe :


- Qu’est-ce que tu fais, ici, toi ? (Il dévisage l’enfant au visage insolent et
boutonneux.)
- Tu veux te rendre utile ? Tu sais servir la messe ?
- NON !
- Alors déguerpis. Tu n’as pas ta place ici.

Jean Bosco a tout entendu et il s’interpose avec douceur et tact, mettant ainsi en
pratique le conseil de François de Sales : On attire davantage avec une cuillérée de
miel qu’avec un tonneau de vinaigre.

-Non, je vous en prie. Ne le chassez pas, c’est mon ami !


Il rattrape le garçon.
- Attends, nous allons trouver quelque chose. Que sais-tu faire ?

36
- Rien, répond l’enfant de la rue. Ce mal-aimé, cet oublié, ce rejeté. Le regardant
avec amitié, avec le regard de maman Marguerite, sa mère, Bosco poursuit :
- Rien vraiment ? Sais-tu au moins jouer, siffler ? Un sourire, et le jeune homme
est conquis, apprivoisé.
- Oui, bien sûr ! Je sais jouer.
- Alors, reviens me voir avec tes amis. D’accord. Je peux compter sur toi ?
- Si, si !
-
Une semaine plus tard, le garçon est de retour avec des copains. On joue avec
entrain ; le jeune abbé, la soutane relevée, se mêle à eux.

Et l’activité se répète.
Audacieux, Jean Bosco leur demande si il peut leur parler du bon Dieu, leur faire le
catéchisme. Et la réponse ne se fait pas attendre. C’est
- OUI !

Le désir apprivoisé a précédé le désir éveillé.

C’est le début des patros pour les jeunes. C’est l’apparition d’une pédagogie nouvelle
faite de présence, d’affection et de confiance. En naîtra une congrégation dévouée
aux jeunes : les Salésiens.*

Faut-il se rappeler que


[25 ans plus tôt, à Lyon, le père Coindre avait lancé le Pieux-Secours en 1817 à
l’intention des sortants de prisons, puis fondé notre Institut en 1821 en l’orientant dès
1822 vers les écoles de campagne.]

Il n’y a pas que les génies qui se rencontrent, les saints aussi…
37
*Cf. Odile Haumonté, Drôles de saints ! 30 fioretti, Édition des Béatitudes, 2011

Texte remanié par fgb le 3 avril 2012 et le 24 novembre 2013-11-24


Chapitre XV : Sais-tu au moins jouer, pp. 87-90

Jalons Biographiques

- Naissance le 16 août 1815 à Castelnuovo d’Asti, Italie


- Décès le 31 janvier 1898 à Turin
- Fonde en 1854 la Société Saint-François de Sales ou Salésiens.

Chant ou vidéorama : Dis-nous, Zachée


38
Dis-nous, Zachée

D’abord je dois vous dire


Que j’ai failli tomber
Quand j’ai eu la surprise
De voir qu’il s’approchait
Continue Zachée;
Continue ton histoire…
Il m’a dit : « Descends vite,
Je voudrais te parler
J’attends que tu m’invites
Chez toi pour dîner. »
Dis-nous, Zachée,
Comment tu vois la vie
Depuis le jour
Où l’Amour est passé
Et qu’il t’a invité chez toi

« Il y a de quoi surprendre
Un cœur de publicain
Quand l’amour vient le prendre
Au bord du chemin! »
Continue Zachée;
Continue ton histoire…
« Je suis devenu tendre
Et j’ai ouvert mes mains
Pour donner sans attendre
Aux pauvres tous mes biens. »

Dis-nous, Zachée,
Comment tu vois la vie
Depuis le jour
Où l’Amour est passé
Et qu’il t’a invité chez toi

….

Robert Lebel in Le pari du coeur

39
2e Proposition de relecture

Mon histoire religieuse

Tu es invité à relire ton histoire religieuse depuis ta conception jusqu’à ce jour en


étant attentif à certains moments qui ont marqué une avancée ou un recul dans ta
croissance spirituelle.

Tu pourrais représenter ce parcours par un chemin, chaque avancée ou chaque


recul, en serait les bornes kilométriques.

Pour chaque avancée ou recul significatif, prends le temps de noter :

- le lieu où cela s’est produit…

- l’âge que tu avais…

- l’événement déclencheur… dans son déroulement ponctuel, émotif et


décisionnel…

Cette activité de relecture doit se faire sans effort et dans un climat de recueillement. Tu
écoutes ce qui remonte en toi et tu le notes dans « ton journal de bord spirituel » sans
souci d’ordonnance.

Puis, tu pries tout cela dans une prière que tu laisses émerger. Tu peux même
écrire cette prière. Souviens-toi que ce n’est pas un exercice scolaire.

Pour préparer la rencontre de partage individuel ou en groupe

- La veille de la rencontre, tu relis tes notes de journal tout en étant attentif à ce qui fait
davantage écho en toi.

- Tu retiens un moment de ton histoire religieuse que tu as le goût de partager avec tes
compagnons (gnes) de route.
40
2e À l’écoute du père André Coindre

La bonté qui donne confiance…

Ici, le père Coindre est très moderne.


Il invite chacun à relire son histoire religieuse
pour y découvrir Dieu toujours présent…

Mes frères, parcourez l’histoire de votre vie et voyez si elle n’est pas
l’histoire de la bonté de Dieu sur vous.

Ah ! si je pouvais m’adresser à chacun de vous pour vous faire raconter les


prodiges de miséricorde qui vous sont personnels, nous ne pourrions nous lasser
d’admirer et de bénir avec larmes l’inépuisable tendresse du Dieu d’amour qui vous a
recherchés, qui vous a portés dans ses bras.

Oui, ici,nous verrions des Matthieux1que le Seigneur a été chercher jusque


dans leur comptoir et qui, d’avares publicains, sont devenus des apôtres.

Là, nous verrions des Sauls2 terrassés dans les courses à leur persécutions
et, d’ennemis de l’Eglise, en devenir les premières colonnes.

Ailleurs, nous verrions des Madeleines3, des femmes adultères4, des


pécheresses de Samarie5arrachées aux plus honteux désordres et aimer, dans leurs
existence, encore plus Jésus-Christ que ces plus innocentes épouses qui n’ont eu jamais
aucun reproche à se faire.

Plus loin, nous verrions des Augustins6gémir toute leur vie sur les
égarements d’une jeunesse orageuse et réparer les années perdues par des exemples
éclatants qui ont fait oublier tous leurs scandales.

1) Mc 2, 13-17
2)Ac 9, 1-19
3)Lc 7, 36-50
4)Jn 8, 1-11
5) Jn 4, 1-42
6) Cf. Les Confessions de saint Augustin

In Notes de prédication, pp. 272-273

41
3e Étape
DU DÉSIR CONFRONTÉ…

Cf. Jn 9, 1-41 La guérison d’un aveugle de naissance


Chant : Prière de François
Parole du père André Coindre, prophète au cœur de feu :
« Qu’ai-je fait pour mon Dieu ? »

comme il suffit de peu pour mettre en doute la beauté du monde :


une inondation, un tsunami, un séisme…
il s’en suit que notre désir est confronté…
Avions-nousrêvé en couleur ?
Avions-nous oublié que l’arc-en-ciel est un après ?
Le père Coindre nous invite à lire en profondeur ce qui nous confronte,
et pour lui,
ni la bonté de Dieu, ni la beauté du monde
ne sont remises en cause.
Notre désir confronté nous ouvre sur le miroir de notre enfer-mement comme individu,
comme société.

Qu’il soit béni mon désir de Dieu,


De jour en jour qu’il soit béni !

42
Le désir confronté

Se reposer en Dieu n’est pas si facile qu’il n’y paraît.


Sans cesse la vie nous rappelle que le quotidien est « terrible ». Il suffit d’ouvrir le
journal. Par exemple, aujourd’hui, en première page, je lis : « Tout ce qu’on fait, c’est
d’éteindre des feux. » (unchirurgien) Bilan d’une dure année : « Si je contrôlais tous
les leviers, je n’aurais pas de problème. » (G. Tremblay) « Boisclair s’accroche. » « Les
verts sont mécontents. » « Ottawa voit son plan vert contesté. » « De plus en plus de
victimes civiles en Irak. » Alex Kovalev se plaint de son utilisation. » « Pour contrer la
violence, 653 écoliers en désintox. » Et en tournant les pages, ce n’est guère mieux!

Je sens la colère pour ne pas dire la révolte monter en moi. C’est le désir confronté
qui perd de son apprivoisement. La confrontation avec le réel quotidien nous place en
présence du mal omniprésent. Mal en moi d’abord et mal autour de moi ensuite.

Mal en moi d’abord. Le combat entre la chair et l’esprit dont parle saint Paul est
bien réel. Chaque jour, je suis confronté à mes limites, à mes fragilités : fragilité
physique : ce mal de jambe lancinant… fragilité psychique : cette mémoire qui fout le
camp… fragilité spirituelle : le doute qui s’installe face aux enseignements répétitifs et
dogmatiques de l’Église hiérarchique… Et tous ces maux requièrent de l’aide. Les
hôpitaux débordent et les psychothérapeutes travaillent des heures et des heures. On
cherche à réduire le mal qui ronge le moral, qui consume nos énergies et qui réduit notre
qualité de vie.

Mal autour de moi. La célèbre boutade de Sartre, « L’enfer, c’est les autres », je
ne la lis plus comme un barrage à ma volonté de puissance, à ma liberté narcissique,
mais je la lis comme un constatŕque je veux provisoire Ŕ de mon impuissance à stopper

43
le mal autour de moi : violence verbale…* violence physique…* violence ethnique…*
violence idéologique…* violence religieuse…* violence climatique…* (revisiter la dernière

année) S’ensuit un sentiment d’enfer-mement à force de confrontations. Lassitude, auras-


tu le dernier mot?

Trop souvent notre bonheur a quelque chose de fugitif si bien bien qu’on a peu de
temps pour en jouir. On est si souvent confronté au malheur de la maladie sous toutes
ses formes. C’est ce qu’expérimente le professeur de philosophie devenu du jour au
lendemain un écrivain reconnu Eric Emmanuel Schmitt :

En même temps, le destin a décidé que je ne me réjouirais pas de ce bonheur : on


agonise autour de moi. Des êtres que j’aime sont atteints d’une maladie nouvelle, un
virus qu’on attrape en faisant l’amour et qui désarme peu à peu le corps jusqu’à le
rendre incapable de lutter contre les maux qui l’attaquent. On ne meurt pas de ce virus
mais on crève d’être devenu une citadelle privée de résistance.

Chaque génération connaît une guerre; la nôtre n’aura eu qu’une épidémie.


Notre défaite restera sans gloire. Sur les photos rappelant mes années d’études, je peux
dorénavant tracer une croix sous plusieurs visages. Mon réseau d’amis loge au
cimetière. Trente-quatre ans et déjà encerclé de fantômes…

Je suis las, [cher] Mozart,[mon Mozart à moi, c’est Jésus] si las. Les couloirs
d’hôpitaux n’ont plus de secrets pour moi, j’en sais les rites, les horaires, les odeurs,
les bruits feutrés, le peuple infatigable des infirmières en galoches, les médecins fugitifs
au front barré par les soucis, les chariots chromés avec leur bimbeloterie de
médicaments inefficaces, les râles qui parfois s’échappent des chambres, les familles
44
plombées qui stationnent devant la porte en craignant le malade; je frissonne au
moment où le jour glisse dans la nuit, quand l’angoisse va saisir les patients et qu’il
faudrait se trouver auprès de chacun pour lui tenir la main, le bercer, lui raconter une
histoire.

Même si je n’aime pas ce qui s’y déroule, j’aime l’hôpital car il est devenu un lieu
d’amour… (Cf.pp. 54-56)

En lien avec le problème du mal qui confronte notre désir, je nous propose de méditer le
petit roman policier que constitue la péricope évangélique propre à Jean : le récit de
l’aveugle de naissance.

Pour lancer notre méditation, rappelons les interpellations des uns et des autres dans ce
récit :
- Rabbi, qui a péché pour qu’il soit né aveugle, lui ou ses parents ?
Cette question des Apôtres rejoint celle qu’on entend si souvent : « Mais qu’ai-je donc
fait pour que ceci m’arrive? Question à laquelle Jésus ne répond pas. Ou plutôt sa
réponse, c’est une action de compassion…

Autre interpellation, cette fois-ci de la part de l’entourage de l’aveugle :


- Et tes yeux comment se sont-ils ouverts ?
Le nouveau voyant, sans cachotterie ou réticence répond : c’est celui qu’on appelle
Jésus.

Autour des pharisiens de disputer entre eux :


- Comment un homme qui n’observe pas le sabbat serait-il de Dieu ? et a contrario

- Comment un homme pécheur aurait-il le pouvoir d’opérer de tels signes ?

45
À défaut de s’entendre, ces exégètes vont harceler le nouveau voyant en espérant le
confondre.
- Et toi que dis-tu de celui qui t’a ouvert les yeux ? Ce n’est plus le nouveau voyant
qui répond, mais le bien voyant :
- C’est un prophète !
- Que t’a-t-il fait ? Comment t’a-t-il ouvert les yeux ? Et le tout nouveau regard du
miraculé ose dans la fraîcheur de l’insolence :
- Je vous l’ai déjà dit, et vous ne m’avez pas écouté ! Mieux. Puisqu’il a maintenant du
rire dans les yeux, il voit la manœuvre et s’enhardit encore un peu plus : « Pourquoi
voulez-vous m’entendre encore une fois ? serait-ce que vous aussi, vous voulez
devenir ses disciples ? » (Cf. Ringlet, in La Croix, 1er mars 2008)

Le nouveau voyant est bien plus que quelqu’un qui recouvre la vue, c’est un visionnaire
apostolique. Et il nous appelle à sa suite. Une condition ? Se laisser mette un peu de
boue sur les yeux par Jésus ! S’offrir une thalassothérapie recréatrice. Difficile de ne pas
faire le lien avec le premier homme façonné avec de la glaise !(Gn 2, 7) La guérison
opérée par Jésus est le prolongement de l’œuvre créatrice. La foi ne se définirait-ellepas
comme une re-création du regard ?(Cf. Rey, p. 92)

Son désir confronté a déjà évolué en désir ordonné dont le point focal est Jésus !

Le désir confronté au mal multiforme suscite des générosités immenses. En solidarité


avec nos frères oeuvrant en Amérique latine, j’ai le goût de rendre visite à Bartoloméo
de las Calla.

L’Amérique latine, cette Amérique des conquistadores espagnols, au XVIe siècle, a


connu le mal à l’état brut à cause de l’or à l’état brut qu’on y trouvait. Elle fut le port
46
d’attache de la traite négrière et l’empire de l’exploitation chosifiante et éhontée des
Indiens hallucinés par les chevaux et les fusils des conquistadores.

Assez, c’est assez ! Du haut de la chaire, en 1509, le père Montesinos s’élève avec
véhémence devant l’effrayante dépopulation due aux exactions des chrétiens venus
d’Espagne. Combien dans l’assistance, rentrèrent en eux-mêmes et se demandèrent si
leur conduite était digne de baptisés ? Touché au cœur Bartolomé de las Casas vit une
conversion profonde. Il deviendra le défenseur des Indiens. Riche propriétaire, il
affranchit ses travailleurs. Le laïc devint prêtre, puis dominicain et enfin évêque.

En 1514, alors qu’il prépare sa messe, de las Casas lit « Celui qui offre un sacrifice tiré
de la substance du pauvre agit comme s’il sacrifiait un fils en présence de son père ». Il
prend alors conscience de la condition indigène et décide de partir pour la métropole
avec Antonio de Montesinos, c’est sa « Première Conversion ». Il refera 6 fois le voyage
en Espagne pour défendre les autochtones auprès des rois et des papes.Toujours à la
défense des Indiens, il dénonce et écrit des textes prophétiques et programmatiques. En
voici deux exemples :

Il rédige un plan de réformes intitulé le « Mémoire des quatorze remèdes » où il prône


entre autre :

 la fin des encomiendas,


 la réglementation du travail,
 la fin des travaux forcés,
 l'envoi de fermiers espagnols avec leurs familles pour exploiter en commun des
terres avec les Indigènes,
 la destitution des administrateurs en place,
 de combiner évangélisation et colonisation,

47
 de prendre des Noirs comme esclaves pour compenser la mortalité des indigènes
(prise de conscience tardive de son erreur, 9 000 Noirs amenés en dix ans)

Il rédige alors « De Unico Modo » qui signifie « de l’unique façon d’attirer tout le genre
humain à la véritable religion » qu’il enrichit en 1537 de la bulle du pape Paul III
« Sublimis Deus » qui proclame l’humanité des Indiens et leur aptitude à recevoir la foi
chrétienne : « Considérant que les Indiens, étant de véritables hommes sont aptes à
recevoir la foi chrétienne, mais encore, d’après ce que nous savons le désirent
fortement... nous décidons et déclarons, nonobstant toute opinion contraire, que les dits
Indiens... ne pourront être en aucune façon privés de leur liberté ni de la possession de
leurs biens... et qu’ils devront être appelés à la foi de Jésus-Christ par la prédication de
la parole divine et par l’exemple d’une vie vertueuse et sainte. »

Il s’appuie sur les évangiles, « Rien n’est bon que ce qui est libre... que personne ne
contraigne les infidèles à croire », et fait cinq propositions :

 le prédicateur doit apparaître comme une personne qui ne veut pas asservir ses
auditeurs,
 il ne doit avoir aucune intention de posséder des richesses,
 il doit être doux, affable, pacifique, bienveillant, écouter avec respect et plaisir la
doctrine,
 sa vie et son comportement doivent être en accord avec ce qu’il enseigne,
 les auditeurs voyant l’action du maître glorifieront le Père du Ciel,

À la question du père Coindre « Qu’ai-je fait pour mon Dieu? » je préfère celle-ci :
« Que vais-je faire avec Dieu connu en Jésus-Christ? » La confrontation de mon désir
n’est pas sa suppression, mais bien davantage un appel à l’orienter à la suite de Celui qui
désire pour chacun de nous, fut-il indien ! « une vie en abondance ».
Chant ou vidéorama : Prière de François

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Prière de François
Là où il y a la haine,
Que surgisse ton amour.
Là où il y a le doute,
Que s’élève un chant de foi!

Que ton Règne vienne


Comme l’aube sur la nuit!
Que ton Règne vienne
Qu’il éclaire et change notre vie!

Là où règnent les ténèbres,


Que paraisse ta clarté.
Là où cesse l’espérance,
Que s’élève un chant d’espoir!

Là où naissent les discordes,


Que s’installe l’unité.
Là où il y a la guerre,
Que s’élève un chant de paix!

Là où il y a l’offense,
Que s’éveille le pardon.
Là où règne la tristesse,
Que s’élève un chant de joie!

Là où germe le mensonge,
Fais fleurir la vérité.
Là où siège l’injustice,
Que s’élève un chant d’amour!

Que ton Règne vienne


Comme l’aube sur la nuit!
Que ton Règne vienne
Qu’il éclaire et change notre vie!

Robert Lebel, in Je vous écris l’espérance

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Écoute dans le vent
Ecoute, mon ami
Ecoute dans le vent
Ecoute, la réponse est dans le vent.
(Écoute la réponse vient de l’Esprit)

1.
Combien de routes un garçon peut-il faire
Avant qu’un homme il ne soit?
Combien l’oiseau doit-il franchir de mers
Avant de s’éloigner du froid?
Combien de morts un canon peut-il faire
Avant que l’on oublie sa voix?

2.
Combien de fois doit-on lever les yeux
Avant que de voir le soleil?
Combien d’oreilles faut-il au(x) malheureux
Avant d’écouter leurs pareils?
Combien de pleurs faut-il à l’homme heureux
Avant que son cœur ne s’éveille?

3.
Combien d’années faudra-t-il à l’esclave
Avant d’avoir sa liberté?
Combien de temps un soldat est-il brave
Avant de mourir oublié?
Combien de mers franchira la colombe
Avant que nous vivions en paix?

Eh! bien, mon ami


Ecoute dans le vent
Ecoute, la réponse est dans le vent.
Ecoute, la réponse est dans le vent.

50
3e Proposition de relecture

Le face à face avec le mal

Tu es invité à retourner en arrière dans ta vie pour y trouver un évènement où tu as


été confronté au mal au point d’en avoir le vertige et de douter de la bonté de Dieu.

- Prends le temps d’entrer en contact avec cet événement, de le situer dans le temps
(quand), dans l’espace (où).

- Revois-le comme dans un film.

- Laisse remonter en toi ce que tu as ressenti, ce que tu as murmuré face à cet


événement.

- Comment as-tu réussi à retrouver la paix intérieure? Des personnes t’ont-elles


aidé? Des textes bibliques t’ont-ils été secourables?

- As-tu trouvé ta propre réponse au « problème du mal » qui te permette de


l’intégrer dans ta vie? Si oui, explicite ta réponse.

Puis, tu pries tout cela dans une prière que tu laisses émerger. Tu peux même écrire cette
prière.

Pour préparer la rencontre de partage individuel ou en groupe

- La veille de la rencontre, te relis tes notes de journal spirituel tout en étant attentif (ve)
à ce qui se passe en moi.

- Tu sélectionnes les principales prises de conscience que tu veux partager avec tes
compagnons (gnes) de route ou ton accompagnateur (trice)

51
3e À l’écoute du père André Coindre

Qu’ai-je fait pour mon Dieu?

Le père André Coindre invite chacun de nous


à se relire dans son histoire religieuse.

Pour vous qui reconnaissez que vous avez reçu de votre Dieu un esprit pour le
connaître, un cœur pour l’aimer, des forces corporelles pour le servir, faites un retour sur
vous-mêmes; examinez les principales époques de votre vie et demandez-vous :

« Qu’ai-je fait pour mon Dieu? »

Hélas qu’avais-je dans l’enfance? Légèreté, curiosité, résistance à la voix de


l’autorité qui me parlait de votre part, pensées frivoles et souvent criminelles; il n’y a
rien là pour vous, ô mon Dieu.

À quel moment Dieu a-t-il cessé de vous protéger, de vous conserver votre corps
et votre âme? Jour et nuit, il vous a investis de ses bienfaits, il vous a cultivés comme un
parterre délicieux; il avait donc droit chaque jour de recueillir en vous des fruits mûrs,
des fruits d’honneur et de justice.

Quand vous cultivez chaque jour un jardin, vous voulez que chaque jour il vous
rapporte quelque chose et, cependant, jeunes gens, Dieu entretient, cultive votre belle
jeunesse et vous la lui refusez et vous, vous ne lui réservez que les restes d’une vie
souillée par le péché. Vous ne lui réservez que les restes du monde, les restes impurs de
vos passions, les restes du démon. Est-ce donc ainsi, hommes aveugles et insensés,
que vous êtes reconnaissants envers votre Dieu? N’est-ce pas lui qui est votre Père,
qui vous a créés et qui vous conserve? Vous voulez laisser vieillir l’arbre et, lorsqu’il
ne portera plus que des fruits jaunâtres, lorsque la sève ne montera plus jusqu’aux
branches, alors vous le donnerez au Seigneur pour qu’il en recueille des fruits!

Et vous, hommes avancés en âge, pourquoi avez-vous dégénéré de votre


première ferveur? Si vous comptez quarante ou soixante années de vie, c’est compter
quarante ou soixante années de miséricorde de la part de votre

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Dieu; et voilà que plus vous recevez de sa main libérale, plus vous l’offensez par vos
crimes. Est-ce donc ainsi, hommes insensés et aveugles, que vous êtes reconnaissants
envers votre Dieu? N’est-il donc pas, lui, votre Père qui vous a créés et qui vous
conserve?

Et vous, hommes riches qui jouissez d’une honnête aisance, pourquoi n’êtes-vous
pas plus religieux et plus fervents que les pauvres? Que devait faire pour vous votre
Dieu qu’il n’ait fait? De la manière dont il vous a favorisés ici-bas, on dirait qu’il vous a
aimés d’un amour de prédilection et voilà que vous oubliez celui qui vous a placés au
sein de l’abondance, voilà que vous ne l’aimez même pas. Pourquoi faites-vous servir
vos richesses à l’offenser? Pourquoi êtes-vous ses premiers ennemis? Est-ce donc ainsi,
peuple insensé et ingrat, que tu es reconnaissant envers ton Dieu?

In Notes de prédication, pp. 19-21

53
4e étape
Du désir ORDONNÉ…

Cf. Mt 16, 21-26 : Renoncer à soi-même


Chant : Seigneur que veux-tu que je fasse ? de R. lebel ou Les croix de Bécaud
Présentation : Désir ordonné
Parole du père André Coindre, prophète au cœur de feu :
« Qu’il renonce à lui-même. »

Les interpellations du réaliste prédicateur lyonnais


invitent à mieux ordonner notre désir.
Il nous renvoie à nos passions.
Sont-elles sources de croissance
ou sont-elles sources d’enfer-mement ?

Et pour celui
dont la vie est « réfléchie »
aux RX de l’Évangile,
une parole de Jésus illumine
le sanctuaire de son cœur :
« Qu’il renonce à lui-même. »

Qu’il soit béni mon désir de Dieu,


De jour en jour qu’il soit béni !

54
Du désir ordonné

Notre confrontation au mal omniprésent, si elle nous ébranle ou nous taraude, elle
ne nous anéantit pas. Car historiquement, en avril 27, Jésus a assumé ce mal dans le
mystère de la Croix.

Contempler la Croix, c’est entendre le cri de déréliction lancé par Jésus à son Père
du haut de la croix : Pourquoi m’as-tu abandonné ? Et bien ! depuis ce jour, ce cri est
adressé à chacun de nous. L’entendons-nous ? Je me sens interpeller dans les
profondeurs de mon désir. Au Dieu esseulé, en cet après-midi du premier Vendredi
Saint, je dis que je me range derrière lui. Qu’il ne sera plus désormais seul pour faire
reculer le mal.

J’entends fortement cette parole de Jésus : « Si quelqu’un veut venir à ma


suite qu’il se renie lui-même et prenne sa croix, et qu’il me suive. »(Mt 16, 24)
Cette parole, je le concède, me fait peur. Toutes les psychologies viennent me dire le
contraire : confiance en soi et valorisation de soi sont des leitmotivs envahissants… Le
monde médiatique chante tout autre chose. Même mon entourage me regarde comme un
dément en puissance. Qu’importe !

Pourtant au fond de moi, une petite voix adhère avec chaleur aux paroles du père
Coindre :

Qui rendra l’homme supérieur à lui-même et qui élèvera son âme au milieu de ses désirs
pour les diriger tranquillement, comme un général au milieu de son armée et dans le
tumulte des armes ?
55
C’est celui qui a créé cette âme qui le lui apprendra et c’est ici le grand secret que
Jésus-Christ a révélé à la terre en ces mots : « Qu’il renonce à lui-même. »

Oui, pour tenir sous le joug, // l’abnégation, le renoncement de ses inclinations, voilà le
grand moyen que [l’évangile] nous offre. C’est lui seul qui nous dit qu’il faut nous faire
violence, que le royaume de Jésus est au fond de nos cœurs. C’est lui seul qui nous
envoie des secours d’en haut pour faire cette guerre intestine et c’est par là qu’il nous
procure la paix du cœur. Et la paix du cœur, c’est le bonheur.

Cette parole de Jésus de renoncer à soi comment résonne-t-elle en moi ? Me fait-


elle peur ou ai-je un secret désir d’en faire un mantra (leitmotiv spirituel) qui
m’aiderait à transcender toutes les limitations de mon égo étroit et isolé ? (John

Main)

Soyons honnêtes : ce n’est pas évident alors qu’aujourd'hui, nous ne savons plus
vraiment ce que cela signifie que de renoncer à soi. En effet, le renoncement à soi n'est pas
une expérience familière ou même tout à fait compréhensible à nos contemporains,
principalement parce que notre société met plutôt l'accent sur la réussite personnelle, sur des
principes et des comportements qui relèvent de l'individualisme. Le matérialisme de notre
société de consommation établit le « ce que je veux» au centre de notre vie, et ramène
«l'autre» à la qualité de simple objet dont nous pouvons disposer selon notre plaisir ou à notre
avantage. Toutefois, l'autre n'est réellement Autre que si nous l'approchons avec révérence
pour lui-même et en tant que lui-même.

Nous devons apprendre à lui porter une attention complète, plutôt que de s'intéresser
seulement à l'effet qu'il peut avoir sur nous. Si nous commençons à faire de l'autre un objet,
alors sa réalité, son caractère unique et sa valeur essentielle nous échappent. Il devient non
pas l'autre, mais une projection de nous-mêmes.Une prolongation de soi…

De nombreuses personnes, aujourd'hui comme hier, ont confondu renoncement à


soi et rejet de soi. Or, se désirer dans le désir de Dieu n'est pas une fuite de soi,

56
une tentative d'échapper à la responsabilité de son être, de sa vie et de ses rapports
avec autrui. Ce désir est davantage une affirmation de soi-même, non pas du soi

engagé dans telle ou telle responsabilité particulière, ou du soi qui désire ceci ou
cela - ces aspects du soi sont illusoires; ils deviennent de petits ego lorsque nous
les isolons du point central de notre être Ŕ mais du soi où notre être irréductible
existe en complète harmonie avec l'Autre, cet Autre qui est la source de notre être
et celui par qui nous existons. C'est ce véritable soi, le soi complet auquel nous
aspirons dans notre itinéraire spirituel.(Cf. John Main, Le renoncement à soi, dans un mot dans
le silence, un mot pour méditer. Web)

La contemplation du crucifié (RdV no 14) me redit que la bonté de Dieu est de


toujours à toujours. Dans ma croissance spirituelle, l’intégration de mes limites
personnelles trouve un modèle dans le crucifié qui s’est dit « chemin, vérité et vie ».
C’est comme si Dieu, à travers le Fils bien-aimé, me donnait la clé du retour au Jardin
originel. Son cœur ouvert en est la porte. (montrer une image significative)

En fixant mon regard sur le Christ vainqueur des ténèbres, je peux éviter le piège
de l’enfermement, et entendre chanter en moi ce vieux cantique de mes pères et mères
dans la foi :
Victoire, tu règneras
Ô Croix, tu nous sauveras !

Laisser Dieu être Dieu connu en Jésus-Christ. Ce Jésus n’a pas répondu au
pourquoi du mal. Il a agi et connu le mal de la mort injuste, mais il en est sorti
vainqueur. Il nous fait signe : la vie est en avant, à sa suite.

Désir ordonné!
57
Le frère Polycarpe a beaucoup fréquenté saint Paul. Fidèle à ce mentor, allons voir
comment Paul a vécu ce précepte de Jésus : « Renoncer à soi-même » pour se mettre
en quête de « la justice » du Dieu de Jésus-Christ?

Au préalable, il faudrait connaître le moi construit de Paul, ce moi dont il est si


fier, ce moi si narcissique qu’il le décline à la moindre occasion :
- circonci le huitième jour,
- de la race d’Israël,
- de la tribu de Benjamin,
- Hébreux fils d’Hébreux,
- pour la loi, pharisien,
- pour le zèle, persécuteur de l’Église,
- pour la justice qu’on trouve dans la Loi : devenu irréprochable…
Quand on lit cette carte d’identité religieuse de Paul, on se pose la question si
l’humilité était une vertu dans le judaïsme…

On est en présence d’un surmoi fabriqué pour répondre à l’Alliance de la Loi : si


vous observez toutes les lois que je vous ai données, vous serez mon peuple, je serai
votre Dieu. Équivalent vétéro-testamentaire du précepte évangélique : « Soyez parfait
comme votre Père céleste est parfait ». S’embarquez dans ce chemin-là, c’est courir à
l’échec, c’est aller tout droit dans un cul de sac. (revisitons notre entourage…)

Et Paul l’a compris sur le chemin de Damas qui fut son chemin de croix. Jésus a
payé le prix de la transgression de la Loi en mourant sur la Croix, en nous ouvrant son
cœur. Et c’est ce Fils faisant confiance à son Père que ce dernier ressuscite, signifiant
par là, que la Foi, dans la quête de Dieu, se substitue qualitativement à la Loi. Le
symbole de la foi, c’est la croix : au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.
58
Dans le petit catéchisme du diocèse de Québec de 1847, à la question : Quelle est la
marque du chrétien ? on trouve comme réponse : « C’est le signe de la croix. » On se
souvient que le père Coindre, comme membre temporaire de la Société de la croix de
Jésus (1816-1822) avait ce cri identitaire : Tout par la croix de mon adorable de Jésus !

Mt 16, 21-26 a été commenté par de nombreux prédicateurs. Je vous partage ici
celui du P. Cantalamessa intitulé « Monter dans le train de la vie »

Le train de la vie sur lequel nous voyageons se dirige vers la mort. Sur ce point au
moins, il n'y a pas de doute. Notre moi naturel, étant mortel, est destiné à prendre
fin. Ce que l'Évangile nous propose quand il nous exhorte à renoncer à nous-
mêmes, c'est de descendre de ce train et de monter sur un autre qui conduit à la vie.
Le train qui conduit à la vie est la foi en celui qui a dit : « Qui croit en moi, même mort
vivra ».

Nous devons toutefois immédiatement apporter une précision. Jésus ne demande


pas de « renoncer à « ce que nous sommes », mais à ce que « nous sommes
devenus ». Etant à l'image de Dieu, nous sommes donc quelque chose de « très bon
», comme le dit Dieu lui-même après avoir créé l'homme et la femme. Ce à quoi
nous devons renoncer n'est pas ce qu'a fait Dieu, mais ce que nous avons fait de
nous-mêmes : des comédiens porteurs de masque. En d'autres termes, les
mauvaises tendances, le péché, toutes choses qui sont comme des incrustations
venues après et superposées à l'original.

Il y a quelques années, on découvrait au fond de la mer, au large des côtes


ioniques, deux masses informes qui avaient une vague ressemblance avec des
corps humains, recouvertes d'incrustations marines. Elles furent ramenées à la
surface et patiemment nettoyées. Aujourd'hui il s'agit des célèbres « Bronzes de

59
Riace », qui se trouvent dans le musée de Reggio Calabre, et comptent parmi les
sculptures les plus admirées de l'antiquité.

Les guerriers ou bronzes de Riace sont deux sculptures grecques en bronze datées
du Vᵉ siècle av. J.-C. et conservées au musée national de Reggio de Calabre. Un
peu plus grands que nature, ils furent découverts en 1972 au large de Riace, en
Calabre, probablement sur les lieux d'un naufrage dans l'Antiquité.

Ce sont des exemples qui nous aident à comprendre l'aspect positif qui se trouve
dans la proposition évangélique. Nous ressemblons, en esprit, à ces statues avant
leur restauration. La belle image de Dieu que nous devrions être, est recouverte des
sept couches qui sont les sept péchés capitaux. Peut-être n'est-il pas superflu de les
rappeler au cas où nous les aurions oubliés. Ce sont : la paresse, l'orgueil, la
gourmandise, la luxure, l'avarice, la colère, l'envie. Saint Paul appelle cette image

60
défigurée « l'image terrestre », par opposition à « l'image céleste » qui est la
ressemblance avec le Christ.

« Renoncer à soi-même » n'est donc pas une action pour la mort, mais pour la vie,
pour la beauté et pour la joie. C'est aussi un moyen d'apprendre le langage du
véritable amour. Imagine, disait un grand philosophe du siècle dernier,
Kierkegaard, une situation purement humaine. Deux jeunes s'aiment. Toutefois, ils
appartiennent à deux peuples différents et parlent deux langues totalement
différentes. Si leur amour veut survivre et grandir, il est nécessaire que l’un des
deux jeunes apprenne la langue de l'autre. Autrement, ils ne pourront pas
communiquer et leur amour ne durera pas.

Ainsi en est-il entre Dieu et nous, commentait-il. Nous parlons le langage de la


chair, lui celui de l'esprit ; nous celui de l'égoïsme, lui celui de l'amour. Renoncer à
soi-même, c'est apprendre la langue de Dieu pour pouvoir communiquer avec lui,
mais c'est aussi apprendre la langue qui nous permet de communiquer entre nous.
L'on ne peut pas être capables de dire des « oui » à l'autre, à commencer par son
propre confrère, si l'on n'est pas capable de se dire des « non » à soi-même.

P. RanieroCantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale, 29 août 2008 ZENIT.


org

A l’évidence, ce mystère est grand, tellement grand que la vocation de Paul sera
de relire la Loi à travers la Croix dont les bras ouverts embrassent toutes les nations.

Il inaugurera une théologie nouvelle où la foi est chemin de salut parce qu’accueil d’un
Dieu Père, Notre Père !

Chant : Seigneur, que veux-tu que je fasse ? de R. Lebel ou Les croix de G. Bécaud

61
Seigneur, que veux-tu que je fasse ?
(Robert Lebel)

Seigneur, que veux-tu que je fasse ?


Je n’ai pas grand-chose à t’offrir
Sinon mon unique désir
De te laisser toute la place.

Depuis longtemps, tu me façonnes


Entre révoltes et beaux jours ;
Voilà qu’entre tes mains d’amour
Ô Dieu, mon Dieu, je m’abandonne.

Seigneur, que veux-tu que je fasse ?


Seigneur, que veux-tu que je fasse ?
Je ne veux vivre que de toi et pour toi.

Que désormais tu sois l’espace


Où je me laisse aimer le cœur.
Que je ne cherche plus ailleurs
Ce qui ne vient que de ta grâce.

Que toute ma vie t’appartienne


Et mes hivers et mes étés,
Car je n’ai d’autre volonté
Que de vivre selon la tienne.

Toi qui m’as donné de t’apprendre


A même l’espoir et la nuit,
Je voudrais tant que d’autres aussi
Retrouvent ton feu sous leur cendre

Vers ceux qui se meurent d’attendre


Que ma tendresse soit tendue,
Qu’elle révèle ta venue
A ceux qui souffrent sans comprendre.

62
4e Proposition de relecture :
Se défaire de ses masques

C’est bien connu aujourd’hui, notre éducation, notre environnement, notre temps
habillent sournoisement notre moi profond : alors un surmoi prend de plus en plus sa
place. Renoncer à soi-même, c’est sans doute se défaire de ses masques, se libérer des
enveloppes du surmoi.

Comme relecture, tu es invité(e) à identifier tes motivations lorsque tu agis avec

- ton conjoint, ta conjointe; ton confrère, ta conseoeur ;


- ton patron; ton supérieur ;
- tes amis; tes collègues ;
- …

Revois une situation précise où tu sais qu’à l’intime de toi-même, il y avait une
disharmonie profonde… Quel masque portais-tu alors? Es-tu prêt à y renoncer? Qu’est-
ce que cela entraînera?

Essaie de voir comment, progressivement, tu pourrais t’en défaire pour goûter la


béatitude : Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, ils verront Dieu.

Puis, tu pries tout cela dans une prière que tu laisses émerger. Tu peux même écrire cette
prière.

Pour préparer la rencontre de partage

- La veille de la rencontre, te relis tes notes de journal spirituel tout en étant attentif (ve)
à ce qui se passe en moi.

- Tu sélectionnes les principales prises de conscience que tu veux partager avec tes
compagnons (gnes) de route ou ton accompagnateur (trice).

63
4e À l’écoute du père André Coindre
Renoncer à soi-même
Mt 16, 24

Mais ce n’est pas assez pour la paix de mon âme que mon esprit connaisse la
vérité, il faut encore que mon cœur maîtrise ses passions.

Ces ennemis domestiques nous attaquent avec une fureur toujours croissante. En
effet, qu’est-ce qui rend l’homme malheureux? C’est qu’il porte au-dedans de lui-même
mille affections plus ou moins violentes qui altèrent le calme et la tranquillité de son
âme. Si elles ne sont pas modérées par un secours d’en haut et par les lumières de la
sagesse, elles font mille efforts pour se répandre au-dehors. Elles s’agitent, elles
s’échauffent les unes les autres et, de leur choc mutuel, il en résulte ce trouble, cette
agitation qui ne peut être comparée qu’au flot d’une mer écumante que les vents
poussent tantôt d’un côté, tantôt de l’autre; ce sont des tigres qui se déchirent et qui
rongent leurs fers; ce sont des séditieux qui troublent la paix de l’empire et qu’il faut
enchaîner ou chasser hors de leur patrie.

Or, quel moyen trouvera la philosophie pour réduire ces ennemis domestiques?
Les sages du paganisme nous ont peint les héros, mais ceux-ci n’ont eu d’existence que
dans leurs livres. Les esprits forts du jour, loin de les combattre, leur ont lâché la bride,
ont flatté tous les penchants et ont placé le bonheur à les satisfaire, c’est-à-dire à se
donner autant de tyrans et de tyrans cruels qui les maîtrisent comme des esclaves. Qui
rendra l’homme supérieur à lui-même et qui élèvera son âme au milieu de leur
mouvement pour les diriger tranquillement, comme un général au milieu de son armée et
dans le tumulte des armes? C’est celui qui a créé cette âme qui le lui apprendra et c’est
ici le grand secret que Jésus-Christ a révélé à la terre en ces mots : « Qu’il renonce à
lui-même. »

Oui, pour tenir sous le joug, l’abnégation, le renoncement de ses inclinations,


voilà le grand moyen que la religion nous offre. C’est elle seule qui nous dit qu’il faut
nous faire violence, que le royaume de Jésus est au fond de nos cœurs. C’est elle seule
qui nous envoie des secours d’en haut pour faire cette guerre intestine et c’est par là
qu’elle procure la paix du cœur.

Oui, encore une fois, guerre continuelle avec nous-mêmes et nous serons heureux.
Nous jouirons de ce repos, de cette paix dont jouit un vaste empire qui, pour repousser
64
les ennemis du dehors, met sur ses frontières de grandes armées, et pour retenir ceux du
dedans les relègue dans des cachots et les enchaîne.

Demandez à ce grand Apôtre pourquoi, au milieu des tribulations, il était plein


d’une joie si pure, aux anachorètes, pourquoi, sous les vêtements de la pénitence, ils
goûtaient de si chastes délices, aux Bernard, pourquoi les haires et les cilices leur étaient
si doux et si délicieux. Ils vous répondront tous que c’était en domptant leur corps qu’ils
se domptaient eux-mêmes, qu’ils triomphaient de leurs passions, et que ces triomphes et
ces victoires étaient l’unique source de leur paix.

Et sans remonter si haut, interrogez les âmes ferventes dont le visage toujours
calme et serein annonce le calme et la paix de leur cœur. Où puisent-ils ce bonheur

? Ils vous diront que c’est en contrariant leurs penchants, en résistant au langage des
passions, que la religion et la grâce de Jésus-Christ les rendent si heureux et si supérieurs
à eux-mêmes.

In Notes de prédication, pp. 113-115

65
5e étape
Du désir émerveillé…
Cf. Luc 2, 41-52
Chant : Saint Joseph

Parole du père André Coindre, prophète au cœur de feu


Gloire à la religion chrétienne qui nous donne l’exemple d’un Dieu anéanti,
doux et humble de cœur.

Le conseil de Jésus-Christ,
renoncer à soi-même,
nous amène à nous poser la question de l’identité de celui qui le donne.
Avec le père Coindre,
nous découvrons que ce fils de Dieu
en devenant homme, comme fils de dame Marie,
nous montre en quelque sorte
ce qu’est « l’humanitude » dans le désir de Dieu.

Et nous voici émerveillésdevant ce Jésus de Bethléem et de Nazareth.


Devenir enfant de Dieu
tel sera notre désir pour l’harmoniser au désir de Dieu.
Être Jésus continué ici et maintenant,
tel est notre itinéraire de croissance.

Qu’il soit béni mon désir de Dieu,


De jour en jour qu’il soit béni !

66
Du désir émerveillé

Suite à mon option de faire reculer le mal, j’ai le goût de mettre mes pas dans les
pas du Christ Jésus, « au nom duquel tout genou fléchit… » C’est comme un coup de
foudre : je suis amoureux de Jésus sans vraiment connaître celui que j’aime. Admiration
et compassion me le rendent attachant. Alors, connaître Jésus devient la priorité. Le mot
à Augustin devient un impératif catégorique pour moi : « Prends et lis. » Il y a un
commencement à tout.

Aussi, c’est avec les yeux du cœur, peut-être plus qu’avec les yeux de
l’imagination, que je revis avec Marie, Joseph et Jésus, les trente années de la vie cachée
du prophète de Nazareth. Cette humanité de Jésus se vit dans l’intimité d’un couple
pieux et discret du petit village de Galilée. Jésus se révèle à moi dans le quotidien d’une
vie familiale tranquille, effacée, de Palestine :

- parole de l’ange à Marie…


- cri émerveillé d’Élizabeth à la vue de sa jeune cousine…
- message des anges aux bergers…
- prophéties des sages, Syméon et Anne…
- et surtout affirmation d’autonomie de Jésus au temple…
- sans oublier la non moins parlante vie d’intégration sociale grâce au travail
artisanal auprès de Joseph…

Revivons tout cela en poésie :

Je le revois petit enfant, bambin auprès de Marie et Joseph,


les yeux grand ouverts sur sa mère et son père tutélaire,
les yeux grand ouverts aux merveilles de l’amour…
67
Désir émerveillé !
Je le revois, adolescent, à son initiation au Temple,
déjà un peu malin, un peu frondeur, un peu sûr de lui
face aux pédagogues étonnés et admiratifs
devant son savoir prodigieux des choses de Dieu…
Désir émerveillé !
Je le revois observateur et imitateur, auprès de Joseph,
s’initiant aux métiers du bois au point d’être reconnu
comme charpentier à la suite de son père Ben Joseph.
Désir émerveillé !

La vie cachée de Jésus ressemble étrangement à la nôtre par certains côtés, vie
ponctuée d’événements fondateurs :

- fidélité de papa… et de maman… à donner la vie au petit (à la petite) …;


- événement du baptême sous le regard responsable de parrain… et marraine…;
- événement central de ma vocation à …ans…

Ma vie est tissée d’annonciations… C’est un constat de relecture rétrospective. Et


qu’est-ce que l’Esprit me dit dans tout cela ?

L’humanité de Jésus est bien réelle et devient pour nous message :

- Devenons ce que nous sommes au plus intime de nous-mêmes.


- Donnons du temps à cette croissance en fidélité à Dieu et aux hommes.
La vie ordinaire, c’est le lieu d’incarnation de ma filiation divine et fraternelle.
Avec Marie et Joseph, je me dois d’être à l’écoute des murmures de l’Esprit, d’être
attentif à ses clins d’œil et de devenir acteur de la construction du Royaume là où je vis.
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La vie cachée de Jésus devient mon passage au « bois sacré », lieu de mon
initiation : j’en sors adulte dans la foi en Jésus. Ce grade d’homme nouveau, je me dois
de l’entretenir quotidiennement dans mes colloques avec Jésus, Parole et Pain de vie…

Entrons dans ce mystère de Jésus à Nazareth, en nous appropriant la méditation de


Paul VI lors de son pèlerinage à Nazareth le 5 janvier 1964 :

Recueillons à la hâte, et comme à la dérobée, quelques brèves leçons de Nazareth :

Une leçon de silence d’abord.

Que renaisse en nous l’estime du silence, cette admirable et indispensable condition de l’esprit,
en nous qui sommes assaillis par tant de clameurs, de fracas et de cris dans notre vie moderne,
bruyante et hyper sensibilisée. O silence de Nazareth, enseigne-nous le recueillement,
l’intériorité, la disposition à écouter les bonnes inspirations et les paroles des vrais maîtres ;
enseigne-nous le besoin et la valeur des préparations, de l’étude, de la méditation, de la vie
personnelle et intérieure, de la prière que Dieu seul voit dans le secret.

Une leçon de vie familiale

Que Nazareth nous enseigne ce qu’est la famille, sa communion d’amour, son austère et simple
beauté, son caractère sacré et inviolable ; apprenons de Nazareth comment la formation qu’on y
reçoit est douce et irremplaçable ; apprenons quel est son rôle primordial sur le plan social.

Une leçon de travail

Nazareth, maison du fils du charpentier, c’est ici que nous voudrions comprendre et célébrer la loi
sévère et rédemptrice du labeur humain ; ici, rétablir la conscience de la noblesse du travail ; ici,
69
rappeler que le travail ne peut pas avoir une fin en lui-même, mais que sa liberté et sa noblesse
lui viennent, en plus de sa valeur économique, des valeurs qui le finalisent ; comme nous
voudrions enfin saluer ici tous les travailleurs du monde entier et leur montrer leur grand modèle,
leur frère divin, le prophète de toutes leurs justes causes, le Christ notre Seigneur.

Et mon désir émerveillé se traduit par un nouveau prénom que j’ajoute en


catimini, au mien : J É S U S. Désormais, en mon désir émerveillé, je me prénomme
Guy-Jésus… Rappel à vivre l’aujourd’hui de l’Évangile, sous un charisme qui m’est
propre, en l’actualisant harmonieusement avec celui de ma communauté…
Voici l’exemple d’une laïque dont le désir émerveillé s’est traduit dans un engagement
matrimonial et paroissial d’une grande intériorité :

La bienheureuse Victoire de Madagascar

On est au milieu du 19e siècle. À Antananarivo. Les jésuites y ont introduit le christianisme de peine et
de misère. Ils ont dû s’y prendre à deux fois avec ces fiers Malgaches.

À 13 ans, Rasovamanarivo, c,est notre future Victoire, surprend des hommes vêtus de noir en train de
catéchiser. Elle dit à sa camarade :
- Si on écoutait.
On raconte la mort de jésus sur une croix et ses touchantes paroles faites de pardon. Rasova en est
émue aux larmes…. Elle veut en savoir davantage su Jésus.

Désir éveillé !

Elle revient, seule. La porte de l’église entrouverte l’attire. Tout en continuant à dévorer son fruit, elle
avance vers cette mystérieuse petite armoire. Elle est comme aimantée. Les bougies, les fleurs, le
silence, et ce sentiment de présence. Présence de quelqu’un qui l’observe avec tendresse. Honteuse, elle
sort pour jeter son fruit, puis revient, s’agenouille auprès du tabernacle. Elle se sent si bien avec la
présence qu’elle s’inscrit au catéchisme et demande le baptême à 15 ans.

Désir émerveillé !

Elle veut être fille de dieu. Quelle victoire ! Et le peit homme, tout de noir vêtu, verse l’onction en
disant les paroles rituelles : « Je te baptise Victoire, Au nom du père…
À 16 ans, Victoire est donnée en mariage à un cousin, un gradé militaire, appartenant à la famille
royale, et dont le père est premier ministre.

70
Quelques temps après, le premier ministre convoque Victoire au palais :

- Bonjour Victoire.
- Bonjour dada (père).
- Ma petite fille, depuis que tu es marié à notre fils Radriaka, tu ne nous as apporté que de la joie.
Tu sais que sa mère et moi, nous t’aimons profondément. Notre fils est un militaire de grande
valeur, nous ne connaissions pas le reste de sa vie quand nous t’avons demandé en mariage à tes
parents. Nous avons à présent découvert combien il est mauvais ; il boit, il mène une vie de
débauche, il est violent envers toi. Tu ne te plains jamais, mais nous connaissons ta souffrance
et nous voulons y mettre fin. Nous allons faire rompre ton mariage avec Radrika.
- Pourquoi vous inquiétez-vous pour moi ? proteste la jeune femme. Dieu m’a unie pourtoujours
à votre fils, je ne divorcerai jamais. Je veux faire sa volonté et je resterai toute ma vie avec
Radrika.

Durant 24 ans, Victoire habitée d’une présence subit des humiliations et des violences incessantes de la
part de son mari. Elle se dévoue auprès des chrétiens, souvent persécutés.

Les jésuites sont chasés de nouveau en 1883. Trois ans plus tard, quand ils reviennent, il trouve une
communauté bien vivante grâce au dévouement de Victoire.

Un jour, Radrika tombe gravement malade, et tous savent que la fin est proche. Victoire le soigne avec
un dévouement fait de pardon, de tendresse et de compassion.

Désir purifié !

Touché, Radrika se convertit. :


- Je veux mourir en chrétien. Je veux être baptisé.
- Hélas ! Tous les missionnaires sont partis.
- Victoire, je ne veux pas mourir comme j’ai vécu. Je veux devenir chrétien.

Victoire s’en ouvre à Raphaël, un frère malgache qui s’occupe avec elle de la communauté chrétienne :
- Baptise ton mari, Victoire.
- Moi ?
- Tu peux le faire puisqu’il n’y a pas de prêtres.

En présence de sa famille Radrika, couché, affaibli, mais le visage rayonnant, reçoit le baptême des
mains de son épouse :
- Je te baptise au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.

Un beau témoin du désir émerveillé au désir purifié.

Cf. Odile Haumonté, drôles de saints, 30 fioretti, Ed. des Béatitudes, 2011 Texte modifié par fgb le 6
avril 2012, Chapitre 29, pp. 163-166.

71
5e chant : Saint Joseph

SAINT JOSEPH

Saint Joseph, écoute ma prière


Guide-moi vers Lui comme un enfant
Saint Joseph, obtiens-moi sa lumière
Pour rester en Lui toujours présent.

1. Bienheureux l'humble époux de Marie,


Protecteur et père nourricier,
Accueillant chastement dans sa vie
UN PROJET - SON PROJET.

2. Bienheureux qui peut permettre à


l'autre
De grandir, de naître et devenir,
Le témoin silencieux et l'apôtre
D'UN DÉSIR - SON DÉSIR.

3. Bienheureux serviteur d'un mystère


Recensé aux livres des vivants,
Pour rester simple dépositaire
DE L'ENFANT - SON ENFANT.

4. Bienheureux qui vit à mains ouvertes


Et choisit la pureté du coeur
Pour permettre en soi la découverte
DU BONHEUR - SON BONHEUR.

72
5e Proposition de relecture
d’une annonciation à l’autre

Tu es invité à faire marche arrière dans le temps pour retrouver des moments
d’annonciation durant ton enfance et ton adolescence avant que tu n’entres dans la vie
active.

- As-tu souvenir de ta première communion?

- As-tu souvenir de ta confirmation?

- As-tu souvenir de ta profession de foi?

- As-tu souvenir d’un moment où tu avais le coeur tout brûlant à cause d’une parole
de Jésus?

- Comment te sens-tu en relisant ces moments d’annonciation de ta jeunesse?

Puis, tu pries tout cela dans une prière que tu laisses émerger. Tu peux même écrire cette
prière.

Pour préparer la rencontre de partage individuel ou en groupe

- La veille de la rencontre, tu relis tes notes de journal spirituel tout en étant attentif (ve)
à ce qui se passe en toi.

- Tu sélectionnes les principales prises de conscience que tu veux partager avec tes
compagnons (gnes) de route ou ton accompagnateur (trice).

73
5e À l’écoute du père André Coindre

L'amour d’un Dieu incarné


La raison nous le démontre, la révélation le confirme. Pendant plus de quatre mille
ans, Dieu n’avait cessé de créer et de conserver des hommes pour en être aimé; pendant
plus de quatre mille ans, et la terre et les cieux n’avaient cessé de raconter sa gloire; et
cependant l’histoire de ces quatre mille ans est l’histoire de l’oubli, de l’indifférence des
hommes envers leur Créateur.

Il fallait donc un moyen plus puissant capable d’ébranler toutes les âmes et de
donner de l’énergie à tous les cœurs; or la Révélation nous apprend que ce moyen a été
l’incarnation du Verbe, que l’amour de Dieu pour les hommes a été jusqu’à cet excès de
leur donner son Fils unique. (Jn 3, 16)

Que vous dirais-je donc de l’amour d’un Dieu incarné pour vous en donner une
idée vraie et juste?

Dieu nous aima jusqu'à quitter le sein trinitaire

Vous dirais-je que cet amour a été si violent en Dieu que celui qui, selon
l’Écriture, est plus haut que les cieux, plus profond que les abîmes,
qui voit toutes les créatures comme un rien,
que celui qui règne au centre d’une grandeur que rien ne peut égaler ni atteindre,
qui va se perdre jusqu’à l’infini, s’est comme élancé de sa vaste et profonde solitude, a
franchi toutes les régions d’esprits célestes pour s’unir à notre humanité, pour se rendre
aimable comme pour leur montrer qu’il les aimait.

Mais ce n’est là que le premier pas de son amour, ce n’est là qu’un présage de ce
qu’il sera dans la suite.

In Notes de prédication, pp.48-49 MS 30

Que vous dirais-je donc de l’amour d’un Dieu incarné pour vous en donner une
idée vraie et juste?

74
Dieu nous aima jusqu'à devenir enfant de la femme

Vous dirais-je qu’il s’est dépouillé à nos yeux de l’éclat de sa gloire,


de la splendeur de sa puissance,
de l’étendue de son immensité,
des prérogatives de son éternité
et de son indépendance
pour devenir un enfant
inconnu,
faible,
souffrant,
obéissant,
mortel?

Oui, sans doute, c’est là l’état où l’amour a réduit l’aimable Jésus. Mais ce
n’est point l’amour de Jésus dans toute sa force et son étendue.

In Notes de prédication, pp.49-50 MS 30

75
6e étape
Du désir purifié…

Cf. Mt 4, 1-11
Chant : Quel que soit mon chemin de Robert Lebel

Parole du père André Coindre, prophète au cœur de feu :


Que je présente à mes ennemis d’une main la croix de mon maître
pardonnant à ses bourreaux et priant pour eux.
Être Jésus ici et maintenant, quel programme !

Est-ce audacieux ou téméraire ?

Suivre Jésus,

c’est se mettre à son école, car on sait qu’il enseignait avec autorité.

Cet enseignement,

le père Coindre le reprend à temps et à contre temps.

Qu’est-ce qui dans notre identité personnelle


fait obstacle à l’ajout du prénom de Jésus ?
Trouver ce subtil filet
qui atténue la beauté et la bonté du visage de Jésus dans le nôtre,
trouver ce filet sera
le point focal de notre désir à purifier …

Qu’il soit béni mon désir de Dieu,


De jour en jour qu’il soit béni !

76
Désir purifié

Le désir de suivre Jésus est fort, mais il rencontre des résistances qui ne disent pas
leur nom. Quelles sont mes résistances à donner une réponse « tout en « oui » et tout en
« non » aux interpellations multiples qui viennent des profondeurs abyssales. Aurai-je le
courage d’identifier le fil d’or ou l’objet d’attachement démesuré qui ralentit ma vie
en avant, ma vie en abondance. L’épreuve de Jésus au désert, prélude à sa mission
publique, est aussi notre épreuve essentielle, notre épreuve ontologique.

Où en est ma liberté intérieure par rapport aux pôles d’attachement que sont mes
besoins d’avoir, d’être reconnu et de dominer ? Lequel de ces besoins fondamentaux
entrave présentement ma suite radicale de Jésus pauvre, humble et caché ?

Combien de fois n’ai-je pas su garder ma liberté intérieure du mirage de la raison


raisonnante, oubliant la penséedu maître de Port-Royal, Pascal : « Le cœur a ses raisons
que la raison ne connaît pas ». Savoir fermer les yeux de la raison pour ouvrir ceux du
cœur fixés sur le Cœur de Jésus doux et humble… devise que le père Coindre nous
laisse dans sa Règle fondatrice.

Vivement que je substitue au miroitement du fil d’or le subtil fil de l’Esprit, car
« savoir en vérité » est toujours piégé par mon histoire personnelle. J’entends la phrase
insolente et sceptique Pilate à Jésus : « Qu’est-ce que la vérité ? » La gestion de mon
bien apparent appelle le discernement au quotidien, discernement nourri de ma prière
d’offrande, qui est adhésion au Christ, tel que je suis avec mes forces et mes limites.
Les tentations de Jésus au désert que l’on trouve en Mt 4, 1-11 ne sont sans doute pas du
domaine historique au sens strict, c’est-à-dire factuel. Mais cette péricope évangélique
n’en demeure pas moins un haut lieu d’une vérité ontologique. Toute personne est
retardée dans sa croissance humaine (en humanité) ou spirituelle par un attachement qui
77
obscurcit ou colore ses prises de décision. C’était le cas d’un grand admirateur de
Vincent de Paul au temps où il était curé de Chatillon-les-Dombes, à 25 km de Bourg-
en-Bresse, première paroisse d’affectation de notre père Coindre. Il s’agit du comte de
Rougement.

(p. 82++)
Vincent de Paul gagne les cœurs de ce milieu protestant. Chatillon constitue la naissance
véritable de monsieur Vincent, le frère des pauvres. On lui fait confiance, on vient le
voir, on discute avec lui et on se confie à lui. On se confesse. Et parfois on se convertit.
Vincent vit l’Évangile : ce n’est plus lui, c’est le Christ qui vit en lui. Son rayonnement
touche les paysans mais aussi les nobles de la province. Le comte de Rougemont se
tourne vers lui. Il s’ennuie malgré la chasse, la cavalcade et la brume. L’année passe
lentement. Ayant entendu parler de Vincent de Paul, de sa personnalité, des conversions,
et des prêtres qui le suivent dans un cheminement qui n’est pas sans rappeler le Christ de
l’Évangile, le comte rencontre l’ecclésiastique qui répète encore et encore : « Il faut se
donner à Dieu. »

Le comte de Rougement est curieux de ce curé catholique qui parle comme luthérien. Il
vient à Châtillon et le rencontre. Le noble est ébranlé. Il se convertit et lui confie sa
direction de conscience. Le prêtre le conduit sur la voie d’une vie respectueuse des
préceptes du Christ ou dit dans le langage de notre thème de retraite, il l’emmène à se
désirer dans le désir de Dieu. Et petit à petit, Vincent réussit à convaincre le bouillant
comte de cesser de se battre en duel. Écoutons Vincent raconter lui-même cette
expérience.
« J’ai connu un gentilhomme de Bresse, qui avait été un franc éclaircilleur. (qqn qui se
bat en duel) Il m’a dit et il n’est pas croyable combien il a battu, blessé et tué de monde.
Enfin, Dieu le toucha si efficacement qu’il entra en lui-même et, connaissant l’état
malheureux où il était, il résolut de changer de vie.
78
Un jour, allant en voyage, il s’examina si, depuis le temps qu’il avait renoncé à tout, il
lui était resté quelque attache. Il parcourut l’histoire de sa vie dans ses affaires, ses biens,
ses alliances, sa réputation. Il tourne, il vire, il tombe sur son épée. Pourquoi la portes-
tu ? pensa-t-il. Comment en souffrirai-je la privation ? Quoi ! Quitter cette chère épée
qui m’a si bien servi en tant d’occasions et qui, après Dieu, m’a tiré de mille dangers ! Si
on m’attaquait encore, je serais perdu sans elle. Mais, aussi, il peut t’arriver quelque
querelle où tu n’aurais pas la force de ne pas te servir de l’épée que tu portes. Tu
offenserais encore Dieu. Et, en ce moment, se trouvant près d’une grosse pierre, il
descend de son cheval, prend son épée, bat la pierre avec celle-ci. Il la rompt, la met en
pièce et s’en va. »
Pas facile de se défaire d’un bien apparent !
Désir Purifié !

Qu’il soit béni mon désir de Dieu,


De jour en jour qu’il soit béni !

Oui, Seigneur, j’ai le goût de te plaire.


Oui, Seigneur, je veux te plaire.
Disponible,
je m’offre à te suivre, doux et humble,
afin que serviteur de ta volonté
je le sois dans la foi, l’espérance et la charité.
Seigneur, tu le sais bien : je désire te plaire.

Tu es mon désir purifié.

Chant ou vidéorama : Quel que soit mon chemin

79
Quel que soit mon chemin *
Toi qui sais d’où je viens
Et de quoi je suis fait,
Toi qui perces de loin
Mes pensées…
Tu connais mes chemins,
Ils te sont familiers.
Je pars et je reviens?
Tu le sais!
Quel que soit mon chemin,
Moi, je voudrais bien
Me rendre chez toi! Chez toi!
Et si j’allais trop loin, Toi, tends-moi la main
Et ramène-moi!
Tu as inscrit mes jours
Dans le creux de ta main,
Dans ton livre d’amour,
Un matin…
Et je veux à mon tour
Écrire de ma main
Cette chanson d’amour, ce refrain
Que les ailes du vent
Me conduisent au soleil?
Et celles du levant
Jusqu’au ciel?
Par delà l’océan?
Au bout de l’arc en ciel?
Même là, tu m’attends;
C’est pareil!
Quels que soient mon pays,
Mon nom et ma couleur, que je vienne d’ici
Ou d’ailleurs,
Tu sais pourquoi je vis,
Tu sais pourquoi je meurs,
Tout cela est écrit
Dans ton cœur.

Robert Lebel, in Signes des temps

80
6e Proposition de relecture
Vivre humainement unifié

J’ai beau avoir le goût de la vie en abondance, je me rends compte que des
attachements obscurcissent mon itinéraire de lumière.

Je t’invite à faire une relecture des événements, petits ou grands, où tu as dû


prendre une décision, trancher entre deux agirs…

- As-tu tergiversé ? Si oui, quelle en était la cause ?

- La psychologie parle de libido érotique, de libido agressive comme d’énergies


fondamentales commandant inconsciemment souvent nos agirs. Ne faudrait-il
pas parler aussi de libido spirituelle ? C’est-à-dire d’une énergie alimentée par
la fréquentation de la Parole.

- Es-tu prêt à être attentif à l’interaction de tes énergies érotique, agressive et


spirituelle et, au besoin, à faire les ajustements nécessaires pour éviter tout
esclavage ?

- À la lumière de cette relecture as-tu le sentiment qu’une libido domine chez toi
? Qu’entends-tu faire pour l’ajuster de façon à vivre davantage libre
intérieurement ?

Puis, tu pries tout cela dans une prière que tu laisses émerger. Tu peux même écrire cette
prière.

Pour préparer la rencontre de partage individuel ou en groupe

- La veille de la rencontre, tu relis tes notes de journal spirituel tout en étant attentif (ve)
à ce qui se passe en toi.

- Tu sélectionnes les principales prises de conscience que tu veux partager avec tes
compagnons (gnes) de route ou ton accompagnateur (trice).

81
6e À l’écoute du père André Coindre
… car je suis doux et humble de cœur
Mt 11, 29

Dans ce texte,
le père Coindre montre
comment l’orgueil est la source de bien des maux
et en appelle à l’enseignement de Jésus
pour nous inviter à être doux et humble de cœur.

Le première source de toute discorde, c’est l’orgueil, cette grande et universelle


maladie du cœur humain.

Cette fièvre de l’âme qui nous agite tous, sans nous quitter un instant, depuis la
première lueur de notre raison jusqu’à son obscurcissement dans les ombres de la mort.
Le dernier homme du monde, autant que celui qui occupe le premier rang, si on le
méprise, il s’indigne, il se courrouce. De là tant de scènes dans le monde dont l’orgueil
est le principal acteur, quoiqu’il soit revêtu de formes différentes.

Ici, c’est une famille, vraie image de l’enfer, où l’opiniâtre désobéissance des
enfants provoque la colère du père, où la jalousie du frère s’aigrit de ce qu’on a pour la
sœur plus de bonté que pour lui. Là, ce sont deux rivaux que l’envie dévore parce que
leur vanité et leurs prétentions ridicules s’irritent de ce qu’ils ne sont point seuls. Aussi
leur noire imagination se fatigue, s’épuise pour traverser un projet, pour brouiller des
amis. Et c’est ainsi que le bonheur d’autrui fait leur propre malheur. Tout l’orgueil est
enraciné dans eux-mêmes; il en est la source des plus monstrueux penchants.

Oui, c’est l’orgueil qui prête à la colère ses fureurs, et qui porta le grand Théodose
à livrer Thessalonique au fer et au feu. C’est l’orgueil qui est le principe de ces rixes, de
ces disputes qui font des hommes comme autant de bêtes féroces qui se déchirent et se
dévorent. C’est l’orgueil qui arme sa propre victime pour lui plonger le poignard dans le
sein. C’est l’orgueil enfin, le père de tous les crimes, qui met sous les yeux des scènes
sanglantes, des scènes d’horreur trop communes dans nos malheureux temps.
Or, qui bannira de la société un fléau si général et si terrible? Que les philosophes
s’épuisent; toutes leurs ressources, ici, sont inutiles. Et comment pourraient-ils le bannir
puisque l’orgueil est leur élément, l’orgueil est leur grand mobile.

82
Gloire soit donc à vous seul, ô mon Dieu, qui avez droit de commander aux
hommes de s’anéantir devant vous; gloire à Jésus-Christ qui nous a enseigné la vertu
d’humilité, dont les anciens philosophes ont ignoré jusqu’au nom; gloire à la religion
chrétienne à qui seule il appartient de donner des leçons d’abaissement et d’encourager
ses disciples par l’exemple d’un Dieu anéanti! Doux et humble de cœur!

In Notes de prédication, pp. 115-116

83
…car je me méfie de l’argent
Cf. 1 Tm 6, 10

Dans ce texte,
Le père Coindre dénonce l’amour de l’argent
comme l’ennemi du partage et de la compassion.

La seconde cause des troubles de la société, c’est la cupidité ou l’amour de


l’argent. La surface de cet univers, les bornes des empires sont trop resserrées pour
donner à tous les hommes de vastes et immenses domaines. Cependant tous veulent
s’enrichir; tous ont dans l’esprit des projets de fortune, et prennent les moyens pour
parvenir à leur but.

De là le pauvre pille le riche; le riche à son tour a des entrailles de fer pour le
pauvre, et va quelquefois jusqu’à le fouler, l’écraser et lui extorquer inhumainement le
fruit de ses épargnes et de ses sueurs. De là le plus fort opprime le plus faible; le plus
adroit médite ses artifices et tend ses filets. Cabales, intrigues, calomnies, trames sourdes
et perfides, tout est employé pour s’agrandir. On entasse, on accumule et nos frères
dépouillés pleurent et gémissent souvent, cherchent le pain que nos cœurs de tigres leur
ont ravi. L’or et l’argent, voilà ce qui frappe seul ces âmes plus dures que les métaux
dont elles sont avides.

Aussi voit-on les frères, pour une succession modique, se poursuivre avec haine
jusque devant les tribunaux où ils se déchirent; des hommes assez dépourvus de
sentiment et d’humanité qui, pour augmenter leurs bénéfices, multiplier leur propriété,
n’ont pas honte de promener la famine de province en province, par leurs spéculations
perfides, par une industrie infernale.

Quelle barrière mettra-t-on pour arrêter ce déluge de crimes dont la cupidité est la
source?

La raison?

Mais quelle force a-t-elle sur les cœurs ambitieux et avares? Qui ignore qu’on ne

doit pas faire à son frère ce que l’on ne veut pas qu’il soit fait à nous-mêmes? Et,
cependant que d’iniquités!

84
Les lois?

Mais atteignent-elles toutes les injustices? Et les atteignissent-elles, encore est-il facile
de s’y soustraire; ne voit-on pas tous les jours le dol et la fraude sortir triomphants même
du temple de la justice? Combien de moyens pour tromper l’intégrité et la vigilance des
juges! Une éloquence artificieuse, les intrigues de la faveur, le parjure, les faux témoins
ne vont-ils pas souvent briser entre les mains de la justice le glaive levé pour les
défendre?

Il n’y a donc que la religion qui, en faisant respecter nos propriétés, puisse arrêter
le bras des voleurs.

L’industrie barbare des agioteurs et la férocité infernale de ceux qui dévorent tout
vivants les pauvres, les veuves et les orphelins, oui, c’est eux qu’elle dévoue aux enfers
avec le mauvais riche. (Cf. Lc 16, 20ss)

In Notes de prédication, pp. 116-11

85
… car j’aime le pardon
Dans ce texte,
André Coindre nous invite à ne pas donner prise au désir de vengeance
qui nous guette à la moindre offense, mais à disposer notre cœur au pardon.

La troisième cause des dissensions, c’est la haine et la vengeance. Si notre coeur


est susceptible des affections les plus douces, il ressent aussi des impressions amères
lorsqu’on le chagrine et qu’on l’offense.

Cependant il lui faut habiter parmi une foule d’hommes dont l’humeur bizarre, le
caractère malin le font souffrir beaucoup. Quelque doux et patient qu’il soit
naturellement, il rencontre souvent des âmes de mauvaise trempe qui le provoquent, qui
l’outragent ou blessent l’endroit du point d’honneur. Il est piqué au vif. On le calomnie,
il hait, il veut se venger. C’est le cri naturel du cœur. De là cette maxime exprimée sinon
par leur bouche, du moins par leurs actions : haine pour haine, œil pour œil, dent pour
dent.

La philosophie viendra-t-elle désarmer ces deux ennemis prêts à s’entre-détruire


par les grands mots d’humanité, de concorde et de bienfaisance? Langage froid et stérile
qui n’adoucira jamais un cœur qui crie sans cesse : « Je me vengerai, je me vengerai ».
Et depuis quand a-t-on vu que la philosophie ait réconcilié deux ennemis, que dis-je, elle
leur a permis de s’égorger.

Mais que je présente à ces ennemis, d’une main la croix de mon Maître
pardonnant à ses bourreaux et priant pour eux; de l’autre, le bras vengeur de ce Dieu qui
s’est réservé la vengeance. Que je les persuade de prier, d’invoquer le Seigneur ;
pourront-ils prononcer ces paroles : « Pardonnez-nous nos offenses comme nous les
pardonnons à ceux qui nous ont offensés »*, sans sentir leurs mains désarmées, sans dire
avec générosité : « Périsse tout ressentiment de haine, je veux être pardonné de mon
Dieu, je pardonne ».

Oui, un bon chrétien pardonne, ou plutôt il aime son ennemi, il lui fait du bien.

 Mt 6, 12

In Notes de prédication, pp. 118-119

86
7e étape
du désir singularisé…
Cf. Mt 11, 28-30
Chant : Venez à moi vous qui peinez de Robert Lebel

Parole d’André Coindre, prophète au cœur de feu :


Ce n’est pas l’état qui sanctifie,
mais la sainteté des actions, même les plus indifférentes.

Notre goût de vivre abondamment à la suite Jésus,


à la façon de Jésus,
n’est pas mimétisme.
L’homme-Dieu est éminemment unique
au point de désirer que chaque personne unique le soit singulièrement.

Discernement et lucidité doivent se donner la main.


Aucune vocation singulière n’est a priori meilleure qu’une autre.

Notre père Coindre, comme accompagnateur spirituel,


le sait et le dit avec force :
« C’est perdre son temps que de s’occuper en des désirs inutiles :
se forger une conduite parfaite pour un état autre que le nôtre. »
Être Jésus continué,
mais l’être singulièrement
tel est, pour nous, le désir de Dieu connu en Jésus homme.

Qu’il soit béni mon désir de Dieu,


De jour en jour qu’il soit béni !

87
Désir singularisé

Dieu est amour ! Cette certitude, la contemplation de la vie cachée de Jésus la


confirme. Ainsi mon désir de croître amoureusement devient plus fort, et Jésus, de qui
on a dit qu’il croissait et progressait « en sagesse et en taille, et en faveur auprès de Dieu
et des hommes » (Lc 2,52), sera mon guide.

Désirer ce que le Père désire semble être la motivation fondamentale de Jésus.

Désirer ce que le Frère Jésus désire devra être ma motivation énergisante.


Je me mets donc à son école. Parce que, quelque part en moi, sourd un appel à
m’identifier à ce Jésus adulte, modèle « d’humanitude » voulue par Dieu dès la création
du monde.

Ma prière se fait contemplative : voir Jésus, avec les yeux du cœur,


- au baptême,
- au désert,
- appelant ses disciples,
- accomplissant les signes du Royaume
- et surtout, Jésus accompagnant des femmes et des hommes (la Samaritaine,
Nicodème, les disciples d’Emmaüs) dans leur quête spirituelle.

Mon style de vie fraternelle aura les couleurs d’un certain Jésus des années trente
en Palestine.

88
Douceur et humilité sont déjà présentes dans la réponse de Jésus à Jean-Baptiste :
« C’est ainsi qu’il convient d’accomplir toute justice », c’est-à-dire d’être fidèle à Dieu
et aux hommes. Douceur et humilité, deux vertus chères aux frères du Sacré-Cœur que
nous sommes. Devise que nous avait laissée le père Coindre dans notre première Règle.
Deux vertus par lesquelles Jésus se présente. « Apprenez de moi que je suis doux et

humble de cœur. » Ce Je suis est-il en lien avec celui de la Genèse ?

Au désert, Jésus riposte au tentateur en citant l’Écriture. J’ai le goût, à la suite de


Jésus, de m’enraciner dans l’Écriture au point qu’elle constitue chez moi comme une
troisième libido. Une libido scripturaire de discernement, référence incontournable dans
l’ordonnance de mes libidos agressive et sexuelle.

« Venez et voyez ». Dans ma suite du Christ, savoir jalonner mon parcours


apostolique de haltes « Venez et Voyez », et cela avec mes frères de communauté locale,
mes partenaires dans l’évangélisation…

« Seigneur, que veux-tu que je fasse ? » Confronté aux mille et une interpellations
du quotidien, à la fin de ma journée, être capable de dire encore et toujours : « Seigneur,
que veux-tu que je fasse » ici et maintenant ? Et que j’entende au fond de moi un « que
tu voies! » Appel au discernement dans le « déjà-là et le pas-encore » du Royaume.

Au jour où la volonté de puissance, la raison raisonnante voudront résoudre « ad


vitam aeternam », de façon intransigeante des situations pointues, des situations
singulières que le conseil donné à Nicodème : « Il te faut naître d’eau et d’Esprit » calme
en moi ce besoin d’avoir raison, car seul l’Esprit souffle où, quand et comment il veut.
Me mettre à son écoute en toute liberté intérieure.

89
La contemplation de la vie publique de Jésus allume pour moi des balises,
repères-secours, aux moments d’agonie (lassitude extrême : spleen spirituel), présents
dans toute vie humaine, et peut-être davantage, comme l’écrit Rulla, dans la vie de celui
qui oriente son existence dans un horizon de transcendance.

Pour chacun de nous, il y a un Jésus singularisé dans un aspect de son être de


prophète du Père, que nous avons le goût de suivre : c’est mon désir singularisé.

Un peu plus qu’à mi-chemin de notre itinéraire spirituel, j’ai le goût de vous
partager mon poème JÉSUS, inspiré par le très beau texte de Didier RimaudToi qui
m’as brûlé le cœur…

JÉSUS

Oui, ce Jésus-là m’a brûlé le cœur au carrefour des Écritures!

Je le revois petit enfant, bambino près de Marie et Joseph,


les yeux grand ouverts sur sa mère et son père tutélaire,
les yeux grand ouverts aux merveilles de l’amour…

Je le revois, adolescent, à son initiation au Temple,


déjà un peu malin, un peu frondeur, un peu sûr de lui
face aux pédagogues étonnés et admiratifs
devant son savoir prodigieux des choses de Dieu…

Je le revois allant à la rencontre de son terrible cousin, Jean le Baptiste.


Deux regards se croisent et se reconnaissent dans le plan de Dieu
« comme le plus grand des prophètes, » Jean n’est-il pas le Précurseur?
et comme « Celui dont je ne suis pas digne de dénouer les sandales »…

Je le revois interpellant Zachée, perdu d’amour dans son arbre :


« Zachée, descends, ce soir, je mange chez toi. »
90
Je le revois au puits de Samarie,
Tout homme dans sa fatigue et son besoin de donner,
Tout Dieu dans sa pédagogie allusive et tout homme dans sa tendresse :
« Si tu savais qui est celui qui te parle. »
Tout Dieu dans la force de son Verbe : « Je t’aurais donné une eau… »

Je le revois au Jardin de Gethsémani,


en proie au délire métaphysique,
bouleversé, tiraillé par la peur panique de l’irréversible plan du Père,
mais tout de même : « Que ta volonté soit faite! »…

Je le revois silencieux devant les tribunaux de la justice humaine.


Quelle mesure dans la démesure du mensonge historique! ( …)
Je le revois à la croix, risée des étrangers,
en présence de Marie éplorée et de Jean esseulé…

Je le revois côté ouvert, porte d’entrée au jardin originel


cœur offert,
tombeau béant pour notre résurrection…

Je le revois survenant auprès des siens,


porteur de paix
et suscitant des cœurs brûlant d’amour…

Oui, ce Jésus-là m’a brûlé le cœur au carrefour des Ecritures!

Chaque communauté a un charisme plus ou moins clair. Chaque personne a aussi un


charisme, qu’on peut identifier à un aspect de son être qui la singularise. Comme frère
du Sacré-Cœur, nous nous singularisons dans une activité que nous teintons de notre
désir profond. Imagine que tu doives faire le boniment de tel frère à l’occasion de son
anniversaire. Qu’est-ce que tu feras ressortir de sa personnalité pour bien le singulariser
dans la Communauté ? C’est son charisme singulier à l’intérieur du charisme commun à
la communauté.
91
Charles de Foucauld est un personnage singulier dans sa suite du Christ au sens où
nous l’entendons.

Charles de Foucauld (Frère Charles de Jésus) naquit à Strasbourg, en France, le 15


septembre 1858. Orphelin à six ans, il fut élevé, avec sa soeur Marie, par son grand-père,
dont il suivit les déplacements dus à sa carrière militaire.

Adolescent, il s'éloigna de la foi. Connu pour son goût de la vie facile, il révéla
cependant une volonté forte et constante dans les difficultés. Il entreprit une périlleuse
exploration au Maroc (1883-1884). Le témoignage de la foi des musulmans réveilla en
lui la question de Dieu: "Mon Dieu, si vous existez, faites que je vous connaisse".

Désir éveillé !
De retour en France, touché par l'accueil affectueux et discret de sa famille
profondément chrétienne, il se mit en quête. Guidé par un prêtre, l'abbé Huvelin, il
retrouva Dieu en octobre 1886. Il avait 28 ans. "Aussitôt que je crus qu'il y avait un
Dieu, je compris que je ne pouvais faire autrement que de ne vivre que pour lui".

Désir apprivoisé et purifié !


Un pèlerinage en Terre Sainte lui révéla sa vocation: suivre Jésus dans sa vie de
Nazareth. Il passa sept années à la Trappe, d'abord à Notre-Dame des Neiges, puis à
Akbès, en Syrie. Il vécut ensuite seul dans la prière et l'adoration près des Clarisses de
Nazareth.

Désir orienté !
Ordonné prêtre à 43 ans (1901), il partit au Sahara, d'abord à Beni-Abbès, puis à
Tamanrasset parmi les Touaregs du Hoggar. Il voulait rejoindre ceux qui étaient le plus
loin, "les plus délaissés, les plus abandonnés". Il voulait que chacun de ceux qui
l'approchaient le considère comme un frère, "le frère universel". Il voulait "crier
l'Évangile par toute sa vie" dans un grand respect de la culture et de la foi de ceux au
milieu desquels il vivait. "Je voudrais être assez bon pour qu'on dise: Si tel est le
serviteur, comment donc est le Maître?".

Désir singularisé !
Le soir du 1ier décembre 1916, il fut tué pas une bande qui avait encerclé sa maison.

92
Il avait toujours rêvé de partager sa vocation avec d'autres: après avoir écrit plusieurs
règles religieuses, il pensa que cette "vie de Nazareth" pouvait être vécue partout et par
tous. Aujourd'hui, la "famille spirituelle de Charles de Foucauld" comprend plusieurs
associations de fidèles, des communautés religieuses et des instituts séculiers de laïcs ou
de prêtres.

Chant ou vidéorama : Venez à moi, vous qui peinez…*

93
Venez à moi, vous qui peinez…*

Venez à moi
Vous qui peinez
Vous qui ployez sous le fardeau
Et moi, je vous soulagerai.

Vous qui portez tant de blessures


Au fond du cœur et dans vos corps
Vous que le passé défigure
Et qu’on accable de remords

Vous qui n’avez plus de courage


A force d’être confrontés
Aux combats de vos esclavages
Et aux frontières du péché

Vous qui tombez de lassitude


À bout de souffle avant le soir
Vous que l’on tient en servitude
Afin d’en tirer son pouvoir

Vous dont on gère l’existence


À coup de règles et de lois
Vous que l’on charge d’exigences
En alourdissant le sabbat

Trouvez repos dans ma Parole


En ne cherchant plus ailleurs
Et mettez-vous à mon école
Je suis doux et humble de cœur

Robert Lebel, in Pour ta venue

94
7e Proposition de relecture

reconnaître ma singularité

Une seule question de relecture.

Je suis engagé dans une profession et une vocation.

Comment mon vécu évangélique dit-il :

« Venez à moi vous tous qui peinez… »?

Ma réponse à cette question colorera d’une certaine singularité mon désir d’être Jésus
continué ici et maintenant.

Prends le temps de bien cerner ta réponse : elle singularisera ton être évangélique.

Puis, tu pries tout cela dans une prière que tu laisses émerger. Tu peux même écrire cette
prière.

Pour préparer la rencontre de partage individuel ou en groupe

- La veille de la rencontre, tu relis tes notes de journal spirituel tout en étant attentif (ve)
à ce qui se passe en toi.

- Tu sélectionnes les principales prises de conscience que tu veux partager avec tes
compagnons (gnes) de route ou ton accompagnateur (trice).

95
7e À l’écoute du père Coindre

Que chacun se perfectionne dans son propre état…

C’est perdre le temps que de s’occuper en des désirs inutiles : se forger une
conduite parfaite pour un état autre que le nôtre.

C’est une ruse de Satan de nous faire prévoir, de nous occuper de tout autre chose
que de ce qui est notre devoir. Que chacun se perfectionne dans son propre état : le
négociant dans son négoce ; la mère de famille dans son ménage ; le domestique dans
son devoir ; et chacun emploiera bien son temps. Par là, Dieu sanctionnera toutes nos
œuvres du sceau de son approbation, et malgré la diversité des rangs et des fortunes,
tous deviendront également riches des trésors célestes, car le simple laboureur, qui
remplit pour Dieu toutes ses fonctions, aura dans le ciel la même récompense que le roi,
qui remplirait les siennes avec un égal degré de ferveur ; et un Souverain Pontife qui
mourrait avec un crime qu’il aurait commis, comme le dernier des hommes en recevrait
la même punition aux enfers.

Ainsi, pour tous, dans l’autre vie, la mesure est égale ; tous n’ont qu’à attendre ou
le paradis ou l’enfer. Ce monde n’est qu’un vaste théâtre dont Dieu juge les acteurs, non
par la dignité du personnage qu’ils jouent mais par le plus ou moins de perfection que
chacun a mis pour remplir son rôle.

C’est la marque d’un esprit ulcéré et malade que de n’être pas satisfait du poste qui lui est
confié. Sans force et sans courage, il languit et se prépare encore de plus pénibles langueurs.

Ce n’est pas l’état qui sanctifie,


mais la sainteté des actions
même les plus indifférentes.

Un ange dans le ciel est devenu un démon parce qu’il n’a pas été content de l’état
qui lui avait été donné.

Judas s’est perdu dans la sublime fonction de l’apostolat et dans le collège des
Apôtres parce qu’il n’a pas su être fidèle aux grâces de sa vocation.

96

En vous,
ô mon Dieu, je trouve tous les trésors, toutes les richesses.
Hors de vous,
je ne vois que néant. Je me jette donc tout entier sur vous, convaincu que vous serez le
soutien et l’appui de ma substance qui m’échappe et tombe de toute part.

In Notes de prédication, pp. 26-28

+Faire les petites choses comme grandes à cause de la majesté de Jésus-Christ qui les
fait en nous et qui vit notre vie,
Et les grandes comme petites et aisées à cause de sa toute-puissance.
(Pascal)

97
8e étape
Du désir esseulé
Cf. Jn 19, 17-30 La mort de Jésus en croix
Chant : quatre chansons traitant prophétiquement de la solitude : Bécaud, Dalida, Moustaky et
Garou

Parole du père André Coindre, prophète au cœur de feu :

Amour incompréhensible du Cœur de Jésus, amour plus fort que la mort


se peut-il faire qu’on ne vous aime pas?

Bienheureux
ceux qui servent jusqu’à l’extrême !
Le service extrême, c’est le bonheur
et le bonheur, quelque part, c’est le paradoxe absolu,
car la mort, l’extrême bout de notre vie terrestre,
nous met, seuls, en présence de Celui dans lequel nous voulions nous désirer.

Ce désir esseulé n’est pas égoïste :


c’est l’atteinte de notre projet d’être dans le désir de Dieu :
« Père, que ta volonté soit faite. »
Et ne perdons pas de vue « que ce cœur qui s’éteint »
s’éteint par amour du Père,
par amour de la Trinité pour l’humanité,
amour qui nous rend libres…

Qu’il soit béni mon désir de Dieu,


De jour en jour qu’il soit béni !

98
Du désir esseulé

Depuis mon enfance, je fais mémoire du mystère pascal avec grande émotion… à
l’occasion du grand triduum annuel. Aimer comme le Christ et à sa suite dans ma
singularité chrétienne, tel est mon désir profond.

Revivre la passion en contemplation de communion au drame intérieur de Jésus :


« J’ai désiré d’un grand désir manger cette pâque avec vous… » Quelle douceur intense
dans l’expression de son affection pour moi, pour nous! Cette tendresse retenue
m’émeut profondément. Et la béatitude de la douceur se concrétise dans le geste-
sacrement du service du lavement des pieds. Bienheureux ceux qui servent jusqu’à
l’extrême !

Prenons un moment pour revivre la mort dramatique et esseulée du père Coindre,


prophète au cœur de feu, consumé jusqu’à l’extrême… (Tiré à part : Cf. Je m’appelle
André Coindre)

La solitude n’est pas une « valeur » d’aujourd’hui. Et pourtant, la solitude est


omni présente. Le temps de Noël nous invite à rejoindre ces solitaires que sont les
itinérants, les personnes âgées en Résidence., les malades chroniques dans les
hôpitaux… Il s’agit de solitude physique au premier regard. Au second regard, cette
solitude en cache une autre : la solitude affective. Je connais quatre chansons qui traitent
de la solitude.
La grande question ? Comment est-ce que vis avec la solitude ?

99
Bécaud crie que la solitude ça n’existe pas.
Et il tente de nous le prouver en énumérant des lieux où l’on fuit la solitude. Mais n’en
demeure pas moins que la quadruple affirmation finale lasolitude ça n’existe pas dit tout
le contraire. Écoutons le prophète gueulard Bécaud…
La Solitude ça n'existe pas

La solitude ça n'existe pas Tu te trompes, petite fille


La solitude ça n'existe pas Si tu me crois désespéré
La solitude ça n'existe pas Ma nature a horreur du vide
La solitude ça n'existe pas L'univers t'a remplacée
Si je veux, je peux m'en aller
Chez moi il n'y a plus que moi A Hawaii, à Woodstock ou ailleurs
Et pourtant ça ne me fait pas peur Et y retrouver des milliers
La radio, la télé sont là Qui chantent pour avoir moins peur
Pour me donner le temps et l'heure
J'ai ma chaise au Café du Nord La solitude ça n'existe pas
J'ai mes compagnons de flipper La solitude ça n'existe pas
Et quand il fait trop froid dehors La solitude ça n'existe pas
Je vais chez les petites soeurs des coeurs La solitude ça n'existe pas

La solitude ça n'existe pas


La solitude ça n'existe pas

Peut-être encore pour quelques loups


Quelques malheureux sangliers
Quelques baladins, quelques fous
Quelques poètes démodés
Il y a toujours quelqu'un pour quelqu'un
Il y a toujours une société
Non, ce n'est pas fait pour les chiens
Le Club Méditerranée

La solitude ça n'existe pas


La solitude ça n'existe pas

100
Dalida nous émeut toujours avec son Pour ne pas vivre seul. Même thématique
que Bécaud, mais en plus fort métaphysiquement parlant. Car elle s’en prend aux grands
engagements de la vie, prêtant comme motivation à ses engagements la fuite de la
solitude. Sommes-nous concernés par ces mots magnifiques mais combien tristes : Pour
ne pas vivre seul, on fait des cathédrales où tous ceux qui sont seuls s´accrochent à
une étoile…Écoutons la torturée prophétesse Dalida
Pour ne pas vivre seul…

1. Pour ne pas vivre seul 2. Pour ne pas vivre seul


On vit avec un chien des filles aiment des filles
On vit avec des roses Et l´on voit des garçons
Ou avec une croix épouser des garçons
Pour ne pas vivre seul Pour ne pas vivre seul
On s´fait du cinéma D´autres font des enfants
on aime un souvenir des enfants qui sont seuls
Une ombre, n´importe quoi Comme tous les enfants
Pour ne pas vivre seul Pour ne pas vivre seul
On vit pour le printemps On fait des cathédrales
et quand le printemps meurt où tous ceux qui sont seuls
pour le prochain printemps S´accrochent à une étoile
Pour ne pas vivre seul Pour ne pas vivre seul
Je t´aime et je t´attends Je t´aime et je t´attends
pour avoir l´illusion pour avoir l´illusion
De ne pas vivre seul, De ne pas vivre seul
de ne pas vivre seul

3. Pour ne pas vivre seul on se fait des amis


Et on les réunit quand vient les soirs d´ennui
On vit pour son argent, ses rêves, ses palaces
Mais on a jamais fait un cercueil à deux places
Pour ne pas vivre seul
Moi je vis avec toi je suis seule avec toi tu es seul avec moi
Pour ne pas vivre seul
On vit comme ceux qui veulent se donner l´illusion
De ne pas vivre seul.

Un autre grand de la chanson française, Georges Moustaki nous a laissé une


magnifique chanson, tout en douceur, tout en intériorité : Ma solitude. Il suffit de
101
rappeler ici le refrain en forme d’oxymoron : Non, je ne suis jamais seul avec ma
solitude.Écoutons le pacifié prophèteMoustaky
Ma Solitude de Georges Moustaki

Pour avoir si souvent dormi


Avec ma solitude Non, je ne suis jamais seul
Je m’en suis fait presqu’une amie Avec ma solitude
Une douce habitude
Ell’ ne me quitte pas d’un pas Par elle, j'ai autant appris
Fidèle comme une ombre Que j'ai versé de larmes
Elle m’a suivi ça et là Si parfois je la répudie
Aux quatre coins du monde Jamais elle ne désarme
Et si je préfère l'amour
Non, je ne suis jamais seul D'une autre courtisane
Avec ma solitude Elle sera à mon dernier jour
Ma dernière compagne
Quand elle est au creux de mon lit
Elle prend toute la place Non, je ne suis jamais seul
Et nous passons de longues nuits Avec ma solitude
Tous les deux face à face Non, je ne suis jamais seul
Je ne sais vraiment pas jusqu’où Avec ma solitude
Ira cette complice
Faudra-t-il que j’y prenne goût
Ou que je réagisse ?

Plus moderne et plus près de nous et, tout au moins aussi profond,écoutons Garou
nous parlant de
- l’échec qui laisse seul…
- des amis qui habitent au cimetière élargissant notre cercle de solitude…
- de l’expérience de vacuum que laissent l’argent, les amours multiples, la gloire
précaire, provisoire, souvent éphémère : solitude du passage à l’abîme…

Et la conclusion de Garou :

Celui qui n’a jamais été seul au moins une fois dans sa vie,
Peut-il seulement aimer, peut-il aimer jamais ? exprime-t-elle quelque vérité?...
102
Et si Aller jusqu’au bout de ses rêves, au point de se sentir seul,
était la condition de l’expérience d’aimer…

Écoutons cet Hamlet prophétique de la solitude : Garou SEUL

Tant de fois j'ai tenté Tant de fois j'ai tenté


D'aller toucher les étoiles D'aller toucher les étoiles
Que souvent en tombant Que souvent en tombant
Je m'y suis fait mal Je m'y suis fait mal

Tant de fois j'ai pensé Tant de fois j'ai pensé


Avoir franchi les limites Avoir franchi les limites
Mais toujours une femme Mais toujours une femme
M'a remis en orbite M'a remis en orbite

Tant de fois j'ai grimpé Tant de fois j'ai grimpé


Jusqu'au plus haut des cimes Jusqu'au plus haut des cimes
Que je m'suis retrouvé Que je m'suis retrouvé
Seul au fond de l'abîme Seul au fond de l'abîme
Seul au fond de l'abîme Seul au fond de l'abîme

R. : Celui qui n'a jamais été seul


R.
Tant de fois j'ai été
Au moins une fois dans sa vie Jusqu'au bout de mes rêves
Seul au fond de son lit Que je continuerai
Seul au bout de la nuit
Jusqu'à ce que j'en crève
Que je continuerai
Celui qui n'a jamais été seul Que je continuerai
Au moins une fois dans sa vie
Peut-il seulement aimer
R. : Celui qui n'a jamais été seul
Peut-il aimer jamais
Au moins une fois dans sa vie
Seul au fond de son lit
Seul au bout de la nuit

Peut-il seulement aimer

Jamais, jamais
Je continuerai
Je continuerai
Peut-il jamais aimer

103
De l’Agonie à la croix, Jésus est seul à assumer en vérité l’originalité de
son nom JE SUIS CELUI QUI SAUVE : « Père que ta volonté soit faite ».
Seul, il se retire à l’écart pour prier intensément
Seul, au désert, Jésus triomphe de Satan, en fidélité à l’Écriture.
Seul, depuis le Jardin des Oliviers jusqu’au Calvaire, Jésus reste fidèle au
dessein du Père bien-aimé.
Seul, au matin de Pâques, Jésus ressuscite : c’est la signature de l’amour
trinitaire.

Service et solitude sont deux attitudes de Jésus qui m’interpellent


aujourd’hui et, maintenant, vivre la singularité de mon nom en fidélité au Père
bien-aimé, ce sera vivre dans le service et la solitude, service et solitude habités
de tendresse fraternelle et amicale.

Ces deux attitudes, service et solitude, sont le substrat d’une chasteté


heureuse, vécue comme une vie en abondance. La chasteté est mortifère si elle
n’est pas soutenue par le service aux frères et la prière au désert de sa chambre.

C’est dans la mort esseulée Ŕ on n’a jamais vu un cercueil à deux places –


que notre désir d’une certaine façon trouve sa plénitude : il entrevoit déjà le bien-
aimé…

104
8e Proposition de relecture
Apprivoiser la solitude

La croissance spirituelle évangélique connaît tôt ou tard le kilomètre du


Jardin de Gethsémani et le Mont du Calvaire. Cela arrive très vite et se vit dans
une intensité dramatique.

- Repère dans ta vie un événement qui t’a bouleversé jusqu’aux entrailles,


où tout ton être criait non, et pourtant en même temps au tréfonds de toi, il
y avait un oui…

- Laisse remonter en toi ce moment dans tous ces aspects. Où étais-tu? Quel
âge avais-tu? Pourquoi cela faisait si mal? Combien de temps as-tu mis à
consentir au réel ?

- Et ce consentir au réel a été rendu possible grâce à quoi, à qui selon toi.

- Cette expérience de désintégration a-t-elle eu des effets bénéfiques dans la


direction de ta vie?

- …

Puis, tu pries tout cela dans une prière que tu laisses émerger. Tu peux même
écrire cette prière.

Pour préparer la rencontre de partage individuel ou en groupe

- La veille de la rencontre, tu relis tes notes de journal spirituel tout en étant attentif (ve) à ce
qui se passe en toi.

- Tu sélectionnes les principales prises de conscience que tu veux partager avec tes
compagnons (gnes) de route ou ton accompagnateur (trice).

105
8e À l’écoute du père André Coindre

Dieu nous aima jusqu'à souffrir la Passion

La raison nous le démontre, la révélation le confirme. Pendant plus de


quatre mille ans, Dieu n’avait cessé de créer et de conserver des hommes pour en
être aimé; pendant plus de quatre mille ans, et la terre et les cieux n’avaient cessé
de raconter sa gloire; et cependant l’histoire de ces quatre mille ans est l’histoire
de l’oubli, de l’indifférence des hommes envers leur Créateur.

Il fallait donc un moyen plus puissant capable d’ébranler toutes les âmes et
de donner de l’énergie à tous les cœurs; or la Révélation nous apprend que ce
moyen a été l’incarnation du Verbe, que l’amour de Dieu pour les hommes a été
jusqu’à cet excès de leur donner son Fils unique. (Jn 3, 16)

Que vous dirais-je donc de l’amour d’un Dieu incarné pour vous en donner
une idée vraie et juste?

Vous peindrais-je l’ignominie de sa passion, les déchirements de son


agonie, les horreurs de sa flagellation?

Découvrirais-je à vos yeux son corps pâle et sanglant, sa bouche muette,


ses yeux éteints, ses traits livides?

Oui, c’est là un des effets de l’amour de Jésus sur son corps; mais ce n’est
point encore l’amour, les flammes de son sacré Cœur.

In Notes de prédication, p. 50 MS 30

106
9eétape
Du désir enthousiasmé…
Cf. Lc 24, 13-35
Chant : Hymne Jésus qui m’as brûlé le cœur… ou Prière de François

Parole du père André Coindre, prophète au cœur de feu :

Qu’elles sont enivrantes les voluptés (plaisirs) de ceux


qui n’ont cherché d’autre bonheur que celui de vous posséder !

C’est bon d’entendre notre fondateur dire avec enthousiasme :

« Dieu de la résurrection, béni sois-tu ! »

Cette résurrection du Seigneur confirme notre choix

de nous être désirés dans son désir,

et de maintenir ce désir jusqu’à l’extrême bout de notre vie terrestre.

Vérité de notre choix. Vérité qui libère.


Liberté qui ouvre des chemins d’engagements extrêmes
parce que nous sommes mus par l’amour,
l’amour de Jésus continué dans chaque personne et dans la création
en attente de leur corps de gloire.

Qu’il soit béni mon désir de Dieu,


De jour en jour qu’il soit béni !

107
Désir enthousiasmé

Les rencontres du Ressuscité


avec Marie de Magdala au jardin jouxtant le tombeau,
à la maison apostolique avec ou sans Thomas,
au déjeuner avec ses apôtres sur la plage du lac de Tibériade,
sur la route d’Emmaüs
ou encore au moment de l’Ascension
ont éveillé en moi l’histoire de mon expérience spirituelle jalonnée d’épisodes de
désintégrations positives. (la tombée des masques)

J’ai beau avoir fréquenté Jésus depuis mon enfance, il m’est encore
difficile de le reconnaître dans le quotidien de mes décisions. J’ai besoin de
l’entendre me dire : «N’aie pas peur, c’est moi. La paix soit avec toi », car mon
esprit est souvent sans intelligence, mon cœur lent à croire, et pourtant, c’est bien
mon cœur qui brûle au contact quotidien des Écritures. Cette brûlure qui
renouvelle mon enthousiasme à la suite de Jésus.

Cette contemplation du mystère pascal, en son double volet de mort-


résurrection, me relance dans mon désir singularisé. Le mettre en œuvre ici et
maintenant, fort de la présence du Ressuscité en mon sanctuaire intérieur, donne
du sens à ma vie. Mon courage et ma confiance en sont comme décuplés.

Faire la vérité, c’est me reconnaître avec mes forces et avec mes fragilités,
et apprivoiser ainsi, tout en douceur, la liberté intérieure car la vérité rend libre.
Je ne suis rien de Jésus que cela ne me soit donné par l’Esprit qui m’envoie

108
porter la Bonne Nouvelle là où je suis - dans mes terres -, fort de la béatitude
dernière : « Bienheureux ceux qui, sans avoir vu, ont cru. » (Jn 20,29)

Alors, il m’est permis de dire en vérité : « J’ai vu le Seigneur ! Je l’ai


entendu».

Le grand message de Pâques est limpide : deux paroles de Jésus le


résume :
« N’aie pas peur, c’est moi. » qui est le pendant évangélique de la devise du père
Coindre : Courage et confiance !et « La paix soit avec vous. »

Fort de ma foi au Ressuscité, la peur ne me bloque plus. Enthousiasmé, je


deviens artisan de paix. On connaît par cœur la prière de François, Seigneur, fais
de moi un artisan de paix. Concrètement aujourd’hui, être artisan de paix, qu’est-
ce que cela veut dire ?

Au risque d’étonner, je vais traiter ce sujet avec un exemple de politique


internationale. Et pour le faire, je vais emprunter au célèbre discours de
Dominique de Villepin à l’ONU un certain 14 février 2003. Le ministre s’inscrit
en faux contre la guerre. Il se fait artisan de paix face aux USA de George W.
Busch. Et pour une fois, le Canada de Jean Chrétien ose dire oui à la paix
rejetant la peur des armes de destruction massive pour s’aventurer dans les voies
du dialogue avec l’ennemi qui est toujours un frère en humanité.

Je laisse la parole au ministre des Affaires Étrangères de la France en mettant en


relief son argumentaire :

109
1. Motivé par une solidarité de communion

Nous poursuivons ensemble l'objectif d'un désarmement effectif de l'Iraq. Nous


avons en ce domaine une obligation de résultat. Ne mettons pas en doute notre
engagement commun en ce sens. Nous assumons collectivement cette lourde
responsabilité qui ne doit laisser place ni aux arrière-pensées, ni aux procès
d'intention. Soyons clairs : aucun d'entre nous n'éprouve la moindre
complaisance à l'égard de Saddam Hussein et du régime iraquien.

2. Appel au discernement

La question qui se pose aujourd'hui est simple : considérons-nous en conscience


que le désarmement par les missions d'inspection est désormais une voie sans
issue ? Ou bien, estimons-nous que les possibilités en matière d'inspection
offertes par la résolution 1441 n'ont pas encore été toutes explorées ?

Nous sommes tous conscients que le succès des inspections suppose que nous
aboutissions à une coopération pleine et entière de l'Iraq. La France n'a cessé de
l'exiger. Des progrès réels commencent à apparaître :

L'Iraq a accepté le survol de son territoire par des appareils de reconnaissance


aérienne ; il a permis que des scientifiques iraquiens soient interrogés sans
témoins par les inspecteurs ; un projet de loi prohibant toutes les activités liées
aux programmes d'armes de destruction massive est en cours d'adoption,
conformément à une demande ancienne des inspecteurs. L'Iraq doit fournir une
liste détaillée des experts ayant assisté en 1991 aux destructions des programmes

110
militaires.

La France attend bien entendu que ces engagements soient durablement vérifiés.
Au-delà, nous devons maintenir une forte pression sur l'Iraq pour qu'il aille plus
loin dans la voie de la coopération.

3. Quelle est l’alternative ?

Il y a ceux qui pensent que dans leur principe, les inspections ne peuvent avoir
aucune efficacité.
Il y a ceux qui croient que la poursuite du processus d'inspection serait une sorte
de manœuvre de retardement visant à empêcher une intervention militaire.
Cela pose naturellement la question du temps imparti à l'Iraq.

4. Plaidoyer pour la paix

L'option de la guerre peut apparaître a priori la plus rapide. Mais n'oublions pas
qu'après avoir gagné la guerre, il faut construire la paix. Et ne nous voilons pas la
face : cela sera long et difficile, car il faudra préserver l'unité de l'Iraq, rétablir de
manière durable la stabilité dans un pays et une région durement affectés par
l'intrusion de la force.
Face à de telles perspectives, il y a l'alternative offerte par les inspections, qui
permet d'avancer de jour en jour dans la voie d'un désarmement efficace et
pacifique de l'Iraq. Au bout du compte, ce choix-là n'est-il pas le plus sûr et le
plus rapide ?
Personne ne peut donc affirmer aujourd'hui que le chemin de la guerre sera plus
court que celui des inspections. Personne ne peut affirmer non plus qu'il pourrait
111
déboucher sur un monde plus sûr, plus juste et plus stable. Car la guerre est
toujours la sanction d'un échec. Serait-ce notre seul recours face aux nombreux
défis actuels ?
Donnons par conséquent aux inspecteurs des Nations Unies le temps nécessaire à
la réussite de leur mission. Mais soyons ensemble vigilants…

5. Appel à la conscience éthique

Dans ce temple des Nations Unies, nous sommes les gardiens d'un idéal, nous
sommes les gardiens d'une conscience. La lourde responsabilité et l'immense
honneur qui sont les nôtres doivent nous conduire à donner la priorité au
désarmement dans la paix.

Et c'est un vieux pays, la France, d'un vieux continent comme le mien, l'Europe,
qui vous le dit aujourd'hui, qui a connu les guerres, l'occupation, la barbarie. Un
pays qui n'oublie pas et qui sait tout ce qu'il doit aux combattants de la liberté
venus d'Amérique et d'ailleurs. Et qui pourtant n'a cessé de se tenir debout face à
l'Histoire et devant les hommes. Fidèle à ses valeurs, il veut agir résolument avec
tous les membres de la communauté internationale. Il croit en notre capacité à
construire ensemble un monde meilleur.

*****

C’est donc dans un enthousiasme contenu que je poursuis ma route avec


Jésus qui est « Je Suis celui qui sauve » selon la belle expression théologique de
Benoît XVI. Je suis celui qui sauve en faisant advenir le Royaume comme
artisan de paix à la suite de François le Pacifique

112
Rappelons l’essentiel de sa biographie sous le titre de : François le magnifique,
François le pacifique

- Né en 1182 dans la famille d’un riche marchand d’Assise en Ombrie.


- Naît en l’absence du père ; la mère le baptise Giovani.
- Mais. Le père de retour de France, la douce France,le prénomme
d’autorité : François.
- A une jeunesse de riche, c’est-à-dire : insouciante. Il festoie, il chante et
danse. Il rêve de chevalerie. Il est la carte de mode d’Assise : c’est le père
qui paie !
- Il fait la guerre à la noblesse d’Assise et de Pérouse est fait prisonnier.
C’est le père qui paie sa liberté.
- C’est maladif qu’il est sorti des geôles et un peu assagi.
- Alors qu’il prie devant le crucifix de Saint-Damase, il entend une voix :
répare mon église en ruine…Il prend le message au pied de la lettre et,
profitant de l’absence de son père, il vend les marchandises du commerce
et entreprend de réhabiliter l’église. François a 23 ans.
- De retour, le père furieux le convoque devant la justice de l’Église puisque
François se réclame du statut de pénitent.
- Devant son père furieux, François rend ce qui lui reste d’argent, se
dépouille de ses vêtements qu’il lui remet en signe de rupture. Et dit sans
trop savoir ce qui sort de sa bouche : Jusqu’ici, je t’ai appelé père sur
terre ; désormais, je peux dire : Notre Père qui êtes aux cieux, puisque
c’est à lui que j’ai confié mon trésor et donné ma foi…
- En lisant Mt 10, 9 : Dans votre ceinture, ne glissez ni pièce d’or
toujours littéraliste, il se retire dans pauvreté absolue, se consacre à la
prédication et gagne son pain par le travail manuel et la mendicité.
113
- Des disciples se joignent à lui… On connaît la suite…
- L’autre rêve, celui du pape Innocent le voyant soutenir la basilique du
Latran…
- L’approbation de la Règle…
- Son voyage en Égypte et sa rencontre avec le Sultan…
- En 1219, déjà épuisé dans son corps, il confie la communauté à Pierre de
Catane…
- En 1223, François se retire en ermitage.
- Le 17 septembre 1224, François se découvre avec les stigmates.
- Il décède le 3 octobre 1226.
- Son ordre se répand dans toute l’Europe.
- Il est canonisé le 3 octobre 1226.

Chant : Hymne : Jésus qui m’as brûlé le cœur ou


Prière de François

114
Jésus, qui m’as brûlé le cœur *

Jésus, qui m’as brûlé le cœur


Au carrefour des Écritures,
Ne permets pas que leur blessure
En moi se ferme :
Tourne mes sens à l’intérieur.
Force mes pas à l’aventure,
Pour que le feu de ton bonheur
À d’autres prenne !

La Table où tu voulus t’asseoir,


Pour la fraction qui te révèle,
Je la revois : elle étincelle
De toi, seul Maître !
Fais que je sorte dans le soir
Où trop des miens sont sans nouvelle,
Et par ton nom dans mon regard,
Fais-toi connaître !

Leurs yeux ne t’ont jamais trouvé,


Tu n’entres plus dans leur auberge,
Et chacun dit : « Où donc irai-je
Si Dieu me manque ? »
Mais ton printemps s’est réveillé
Dans mes sarments à bout de sève,
Pour que je sois cet étranger
Brûlant de Pâques !

* Didier Rimaud

115
Prière de François

1.
Là où il y a la haine
que surgisse l’amour.
Là où il y a le doute
que s’élève un chant de foi!

Que ton règne vienne


comme l’aube sur la nuit!
Que ton règne vienne
qu’il éclaire notre vie!

2.
Là où règnent les ténèbres,
que paraisse ta clarté.
Là où cesse l’espérance
que s’élève un chant d’espoir!

3.
Là où naissent les discordes.
que s’installe l’unité.
Là où il y a la guerre.
que s’élève un chant de paix!

4.
Là où il y a l’offense
que s’éveille le pardon.
Là où règne la tristesse,
que s’élève un chant de joie!

5.
Là où règne le mensonge,
fais fleurir la vérité.
Là où siège l’injustice,
que s’élève un chant d’amour!

116
9e Proposition de relecture
Une expérience d’amitié

La péricope évangélique relatant l’apparition de Jésus aux disciples


d’Emmaüs vient nous chercher en profondeur car c’est notre expérience
spirituelle qui apparaît là, translucide, expérience spirituelle marquée par des
ombres et des lumières, des jours de défaitisme et des jours d’enthousiasme.

Je t’invite à laisser remonter en toi une expérience d’amitié mou


d’admiration forte pour quelqu’un, mais ce quelqu’un un jour te déçoit, te
déconcerte et te voilà tout triste, presque découragé…

- Énumère les faits et les qualités reliés à cette personne qui faisaient que
cette personne n’était pas comme les autres pour toi : elle était comme un
phare pour toi.
- Quel événement est venu éteindre le feu du phare ?
- Comment as-tu vécu cet événement ? Quels sentiments contradictoires
t’ont envahi ?
- Alors surgit un autre événement qui vient rallumer ton admiration et ta
confiance. Prends le temps de goûter…

Puis, tu pries tout cela dans une prière que tu laisses émerger. Tu peux même
écrire cette prière.

Pour préparer la rencontre de partage individuel ou en groupe

- La veille de la rencontre, tu relis tes notes de journal spirituel tout en étant


attentif (ve) à ce qui se passe en toi.

- Tu sélectionnes les principales prises de conscience que tu veux partager avec


tes compagnons (gnes) de route ou ton accompagnateur (trice).

117
9e À l’écoute du père Coindre

Dieu nous aima jusqu'à nous ouvrir son


Sacré-Cœur
Que vous dirais-je donc de l’amour d’un Dieu incarné pour vous en
donner une idée vraie et juste?

Qui pourrait vous peindre ce Cœur de Jésus toujours brûlant


d’amour sans être consumé, mourant d’amour sans cesser d’aimer?

Et puisqu’il faut en dire un mot, chrétiens, assemblez par la pensée


les cœurs de toutes les mères qui ont jamaisexisté, assemblez les cœurs
de tous les saints qui voient Dieu, de tous les séraphins qui l’adorent et
convainquez-vous que tous ces cœurs de mère ne pourront jamais aimer
Dieu comme le Coeur de Jésus nous a aimés.

Car tous ces cœurs n’aiment que comme des créatures tandis que
le Cœur de Jésus nous a aimés en Dieu. Et quel autre que Dieu pouvait
aimer un Judas jusqu’à lui donner son sang à boire et sa chair à manger!
Quel autre qu’un Dieu pouvait aimer des Juifs jusqu’à prier pour ses
bourreaux!

Ô amour incompréhensible du Cœur de Jésus, amour plus fort


que la mort puisque votre mort a été une mort d’amour, se peut-il
faire qu’on ne vous aime pas?

Oui, cela se peut et c’est pour ceux qui n’aiment pas l’amour
que son cœur s’est éteint.

Oui, encore une fois, c’est pour tous les hommes, c’est pour
moi, c’est pour tous les pécheurs, jusqu’à la fin du monde que
l’amour est mort.

In Notes de prédication, pp. 50-51 MS 30

118
Dieu de la résurrection, béni sois-tu !

Ô Dieu éternel, qui devez nous ressusciter tous,


qu’il est donc bon,
qu’il est donc consolant pour l’âme juste
de ne s’être attachée qu’à vous !

Qu’on est heureux de vous aimer


et d’avoir fixé en vous toutes les plus douces espérances.

Qu’ils sont solides les trésors dont vous êtes dépositaires !


Qu’elle est brillante la gloire de ceux qui n’ont désiré que
la vôtre !
Qu’elles sont enivrantes les voluptés de ceux qui n’ont
cherché d’autre bonheur que celui de vous posséder !

Ils n’auront point de mort à craindre ;


ils trouveront tout dans votre sein :
l’éternelle vie, l’éternelle joie, l’éternelle lumière.

Oh ! encore une fois,


qu’il est donc bon de vous ouvrir son cœur,
vous le Dieu de notre âme
et notre seul héritage.

Mon bonheur à moi,


c’est d’être près de Dieu ;
j’ai pris refuge auprès du Seigneur Dieu,
pour annoncer toutes tes action. (Psaume 73, 28)

119
10e étape
Du désir engagé…
Cf. Mt 5, 3-12
Chant : Mille fois bienheureux ou Heureux celui de Robert Lebel

Parole du père André Coindre, prophète au cœur de feu :


Qu’on puisse dire de chacun de nous,
il a accompli toute justice en aimant Dieu et les hommes.

Sous la houlette du père Coindre,

notre goût de vivre intensément passe à l’action.

Ce n’est pas pour rien que la parole de Jésus

« je suis venu allumer un feu sur la terre et que désirai-je si ce n’est qu’il brûle »

a traversé toutes nos Règles depuis l’origine de notre congrégation.

Inutile de rappeler que l’action n’est pas l’activisme.

Une action qui jaillit de la Parole de Dieu et plus particulièrement d’une


appropriation affinée de la charte évangélique que sont les béatitudes.

Et le Jésus continué qui a inspiré le père Coindre, c’est Vincent de Paul.

Que notre désir engagé s’enracine


dans « ces pères » et « ces mères » qui nous ont montré le chemin.

Qu’il soit béni mon désir de Dieu,


De jour en jour qu’il soit béni !

120
Désir engagé

Le 6 novembre 1825, la Pieuse Union tenait, sans doute sans le savoir, sa


dernière réunion ; et le père Coindre, son directeur spirituel, y faisait un
commentaire des béatitudes. Un très beau texte qui résume bien les principaux
enseignements du père André Coindre à la Pieuse Union. Il introduit son
commentaire ainsi : « Je viens offrir à votre méditation les sept béatitudes que le
Sauveur est venu promettre aux hommes s’ils savent se rendre dociles à la voix
de la grâce… »

Ces béatitudes, toutes sans exception, sont des chemins d’engagement


pour des personnes libres, des personnes au désir engagé. Notre désir de bonheur
inscrit dans notre être, créature faite à l’image de Dieu, notre désir de bonheur,
j’insiste, se traduira en engagement pour l’avènement du Royaume ici et
maintenant, des engagements aux couleurs des béatitudes.

Vivre les béatitudes en 2021+…, c’est prendre parti pour les pauvres
laissés aux périphéries du système ou exploités par le système. Faire reculer la
pauvreté n’était-ce pas un des 8 objectifs du millénaire décrétés par l’ONU. Et
quand je dis système, je pense à l’idéologie sous-jacente à tout système. Il ne
s’agit pas de rejeter le système, par exemple la mondialisation, mais de l’ o r d o
n n e r en fonction de l’homme, car le sabbat a été fait pour l’homme et non
l’homme pour le sabbat. Pas plus qu’on ne dit non au sabbat, pas plus on ne doit
dire non au système, car le système appartient au réel, et l’adéquation
évangélique au réel est vérité libératrice, est la condition d’une action pertinente.
Le maître mot, c’est l’équité dans le partage de nos avoirs, de nos savoirs et de
notre maison commune : la terre.
121
Vivre les béatitudes en 2021+…, c’est faire siennes les heureux ceux qui
sont doux parce qu’ils possèdent la terre et les heureux les pacifiques parce
qu’ils obtiendront d’être nommés enfants de Dieu.

Ces deux béatitudes s’appellent l’une l’autre. Des relations humaines


marquées par la douceur créent un climat de paix. Impossible aujourd’hui de dire
oui à la guerre. Les justifications évoquées n’ont valeur que parce qu’il y a eu
manque, mensonge, cachette, désinformation en amont. Il faut s’engager
quotidiennement dans la douceur dont le fruit est la paix. Si mon désir de me
désirer dans le désir de Dieu est authentique, je ne peux que m’engager à vivre la
douceur toujours et partout car vouloir être Jésus continué, c’est s’embarquer

dans l’identité biblique de Jésus : JE SUIS : « Apprenez de moi que je suis


doux et humble de cœur. » (Mt 11, 28)

Vivre les béatitudes en 2021 … , c’est se demander où sont les cœurs


purs, où sont ceux qui souffrent, ceux qui pleurent…À moins d’être aveugle ou
et sourd,
*ils sont à côté de moi, dans l’enfant abandonné à lui-même, souvent abusé
sexuellement, militairement ou servilement ;

*ils sont à côté de moi, dans ces jeunes chercheurs de paradis sans lendemain qui
chante, dans ces grands adolescents en manque de confiance en eux-mêmes ou
dans le monde adulte ;

*ils sont à côté de moi dans ces aînés dont on se débarrasse avec plus ou moins
d’élégance en les « parquant » dans des solitudes dorées…
*ils sont à côté de moi, rue Ontario, dans les prostituées mercantilisées…
122
* ils sont à côté de moi…

Vivre les béatitudes en 2021…, c’est se vêtir amplement de miséricorde


afin que toutes les béatitudes évangéliques s’interpellent les unes les autres et
trouvent réponse dans mon désir engagé dans l’humanisation aux couleurs de
l’Homme-Jésus, fait Seigneur. Ces béatitudes objet de fréquentes méditations du
père Coindre sont le substrat subliminal des Objectifs du millénaire définis par
l’ONU :

Ces objectifs recouvrent de grands enjeux humanitaires : la réduction de l’extrême pauvreté et


de la mortalité infantile, la lutte contre plusieurs épidémies dont le SIDA, l'accès à l’éducation,
l’égalité des sexes, et l'application du développement durable.

 Les 8 objectifs
o 1.1Objectif 1 : réduire l'extrême pauvreté et la faim
o 1.2Objectif 2 : assurer à tous l'éducation primaire
o 1.3Objectif 3 : promouvoir l'égalité des genres et l'autonomisation des femmes
o 1.4Objectif 4 : réduire la mortalité infantile
o 1.5Objectif 5 : améliorer la santé maternelle
o 1.6Objectif 6 : combattre le VIH/SIDA, le paludisme et les autres maladies
o 1.7Objectif 7 : assurer un environnement humain durable
o 1.8Objectif 8 : construire un partenariat mondial pour le développement

Parce que je désire être Jésus continué, ma vie témoigne de la vérité de ce message de
lumière :« Venez à moi vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi je

vous donnerai le repos. Prenez sur vous mon joug et mettez-vous à mon école,
car je suis doux et humble de cœur. »

Le père Coindre pour vivre ce message prophétique avait son mentor : Vincent
de Paul. Je le laisse nous présenter ce héraut de Dieu jusqu’à l’extrême : son
héros!

123
Vincent de Paul, un homme selon le cœur de Dieu
Vincent a déjà atteint sa soixante-dix-huitième année, mais les glaces de
l’âge n’ont pas ralenti sa charité, et sa vieillesse se signale encore par de
nouveaux bienfaits, de nouvelles réalisations, de nouveaux engagements.

Un habitant de la capitale met dans ses mains une somme considérable


pour l’employer à toute bonne œuvre qu’il jugera à propos. Après avoir
mûrement réfléchi, Vincent la consacre à soulager les vieillards que leurs
infirmités et leur âge mettaient hors d’état de pourvoir à leurs nécessités. Il forme
le projet de les réunir, et c’est là ce qui donne naissance à l’Hôpital de l’Enfant-
Jésus. Il y fit régner la paix et le bon ordre par des lois simples et sages.

Frappées par ce qu’elles voyaient, les Dames de la compagnie lui firent


part du projet qu’elles avaient conçu de fonder un Hôpital Général. Quel dessein
que celui de réunir et de contenir sous un même toit une multitude d’hommes
oisifs et vagabonds! Mais elles sont si accoutumées aux grandes entreprises, que
ce prodige de charité ne les effraie point. Même dans l’ardeur de leur zèle, elles
le pressent de mettre la main à l’œuvre. Autrefois, saint Chrysostome avait
inutilement formé ce projet pour les pauvres de Constantinople. Henri IV avait
échoué dans ce dessein. Il était donné à Vincent d’y réussir. Pendant deux années
entières, il travaille à lever tous les obstacles. Il obtient du roi la maison et les
enclos de la Salpêtrière et, en 1656, par ses soins et son zèle, commence la
fondation de l’Hôpital Général.

La même année, sa santé commence à dépérir. Les infirmités naturelles


l’avertissent que sa dernière heure n’est pas éloignée. Il était du nombre de ceux

124
qui sont toujours prêts à comparaître au tribunal du Souverain Juge. Depuis dix-
huit ans, il ne s’endormait jamais sans se mettre en état de mourir la nuit même.
Enfin, plein de jours et de bonnes œuvres, il meurt et va recevoir, dans les
tabernacles éternels, la récompense de ses vertus.

Vincent n’est plus mais ses actions restent au milieu de nous. Sa mémoire
passera dans tous les âges, comblée des bénédictions de tous les peuples. (Car)
constamment, jusqu’au dernier soupir, il a accompli toute justice en aimant Dieu
et les hommes.

Désir engagé…

In Notes de prédication, pp. 197-199


Chant ou vidéorama : Mille fois bienheureux de Robert Lebel
125
Mille fois bienheureux *

Heureux les pauvres en esprit.


Ils sont déjà les héritiers de mon Royaume!
Heureux les humbles et les petits
Car ils possèderont la terre!

Heureux!
Mille fois bienheureux,
Tous ceux qui espèrent!

Heureux ceux qui ont faim et soif,


Car ils seront comblés du pain de ma justice!
Et ceux qui pardonnent avec joie
Ils obtiendront miséricorde!
Heureux!
Mille fois bienheureux,
Tous ceux qui espèrent!

Heureux ceux qui ont le cœur pur


Car ils contempleront le Dieu qui les habite!
Heureux les artisans de paix,
Car ils sont les enfants du Père!
Heureux!
Mille fois bienheureux,
Tous ceux qui espèrent!

Heureux ceux qui souffrent en mon nom,


Car ils auront aussi le Royaume en partage!
Et ceux qu’on tourne en dérision
Se réjouiront dans ma demeure!
Heureux!
Mille fois bienheureux,
Tous ceux qui espèrent!

* Robert Lebel, in Comme on fait son jardin

126
10e Proposition de relecture
Rendre crédibles les béatitudes

Les béatitudes, lues littéralement, vont à l’encontre de la réalité


quotidienne : elle ne n’ont de sens que si elles sont vécues par des disciples
bâtissant le Royaume ici et maintenant.

- Qu’est-ce que je fais pour que les béatitudes soient crédibles?

- Fais un retour sur ton vécu et découvre comment tu agis en présence

- des pauvres,
- des doux,
- des malheureux,
- des miséricordieux,
- des purs,
- des pacifiques,
- des contestataires…

- Entres-tu dans le chœur de tous ceux qui condamnent ces bienheureux ou


es-tu de ceux qui travaillent à ce que tous ces « poétisés » de l’Évangile
deviennent effectivement des bienheureux par un changement de regard
que l’on porte sur eux et un revirement de leur situation?

Puis, tu pries tout cela dans une prière que tu laisses émerger. Tu peux même
écrire cette prière.

Pour préparer la rencontre de partage individuel ou en groupe

- La veille de la rencontre, tu relis tes notes de journal spirituel tout en étant


attentif (ve) à ce qui se passe en toi.

- Tu sélectionnes les principales prises de conscience que tu veux partager avec


tes compagnons (gnes) de route ou ton accompagnateur (trice).

127
10e À l’écoute du père Coindre
Les BÉATITUDES

Ce 6 novembre 1825, la Pieuse Union tenait,


sans doute sans le savoir,
sa dernière réunion.
Et le père André Coindre y fait un commentaire des béatitudes.

Je viens offrir à votre méditation les huit béatitudes que le Sauveur est
venu promettre aux hommes s’ils savent se rendre dociles à la voix de la grâce,
et si par leurs vertus ils parviennent à mériter les récompenses qui y sont
attachées ;

et d’abord : bienheureux sont les pauvres d’esprit, dit Jésus Christ. Par
pauvres d’esprit, qu’entend-il ? Ah ! pouvons-nous nous méprendre sur le sens
de ces paroles ! par là, il entend, il désigne ceux qui sont détachés des biens, des
richesses, des hommes de ce monde ; qu’ils ne les désirent point ou qui n’en
jouissent que comme devant les quitter un jour.
Par ces pauvres d’esprit, il entend ceux qui ne tiennent en rien à la terre et qui ne
font usage de leurs richesses que pour soulager les malheureux, secourir les
affligés et apporter quelque adoucissement aux peines de leurs frères, ne s’en
servant point pour se procurer toutes les commodités d’une vie sensuelle et
immortifiée, ni point ajouter aux jouissances du luxe et aux futilités des plaisirs
et des joies du siècle, à ces pauvres d’esprit le ciel est promis en récompense,
le ciel où l’on possède tous les biens, le ciel où nous serons heureux à jamais du
bonheur de Dieu même.

Heureux, ajoute le Sauveur Jésus, ceux qui sont doux parce qu’ils
possèdent la terre. Par là, notre aimable Maître engage tous les hommes à être
doux à l’égard de leurs frères, c’est-à-dire à n’entrer jamais en violence contre
eux, à les reprendre toujours avec douceur, à ne les molester jamais ; c’est à ces
conditions que l’empire de la terre leur est promis, c’est-à-dire que non
seulement par la pratique de cette aimable vertu, ils se rendront agréables à Dieu,
mais encore qu’ils se gagneront les cœurs de tous les hommes par la voie courte
et facile de la douceur et de la paix.

Heureux ceux qui pleurent puisqu’ils seront consolés, lisons-nous dans


le saint Évangile. O parole bien capable de ranimer le courage d’une âme
accablée pour ainsi dire, par les peines et les afflictions de cette vie. Le Sauveur

128
veut les consoler, les aider à porter avec patience le poids des misères et des
chagrins auxquels chacun est assujetti ici- bas, en lui montrant un terme à tant de
douleur, et en lui faisant entrevoir la bienheureuse espérance que ses larmes
seront essuyées, et qu’un jour viendra où loin d’en répandre, elle sera consolée et
dédommagée au centuple de tant de sacrifices faits pour Dieu et de tant
d’afflictions souffertes pour son amour et en vue de lui plaire.

Heureux ceux qui sont miséricordieux parce qu’ils seront traités avec
miséricorde. Ceux qui pardonnent à leurs frères, qui les traitent avec bonté, à
ceux-là, Dieu fera miséricorde en faveur de celle qu’ils auront faite à leurs
semblables, et il oubliera leurs péchés, comme ils auront oublié les torts de leurs
frères à leur égard.

Heureux ceux qui ont le cœur pur parce qu’ils verront Dieu, c’est-à-
dire ceux qui évitent le péché avec soin, ainsi que tout ce qui peut ternir la pureté
d’une âme ; ceux qui mettent leur bonheur et qui font leur continuelle occupation
du soin de contenter Dieu et de mériter par la sainteté de leur vie de voir un jour
face à face le saint des saints, le Dieu du Ciel et de la Terre.

Heureux ceux qui sont pacifiques. Par pacifiques, on entend ceux qui
évitent avec soin les querelles avec le prochain, les contestations, et qui par là,
obtiendront d’être nommés enfants de Dieu.

Enfin, dit le Sauveur en terminant, heureux ceux qui souffrent


persécution pour la justice parce que le royaume du Ciel est à eux. Ne nous
affligeons donc point lorsque nous nous trouvons en butte à la persécution du
monde, songeons que le royaume du Ciel souffre violence, pensons que pour
l’obtenir, il faut combattre comme un vaillant soldat. Voyons les saints. Ils ne
sont arrivés au ciel qu’après beaucoup de peines, de combats et de souffrances ;
arrimons-nous à la patience par leurs exemples et par la promesse du royaume
qui est offert à cette condition. Nul n’est entré dans le Ciel que par la voix de la
Croix, n’espérons pas y aller par une autre route. La Croix fait la force et la
sainteté du chrétien et c’est elle qui nous ouvrira les portes du royaume éternel.

In Registre des procès-verbaux de la Pieuse Union

129
Dieu juge selon la charte des Béatitudes

Aujourd’hui, le monde s’établit le juge des vertus des justes, mais il n’a ni
le droit d’être leur juge, ni l’équité impartiale que cette auguste qualité exige. Le
pouvoir de juger est une partie de la puissance des rois.

Si un jugement a pour objet les vertus religieuses et les dispositions


cachées des cœurs, il appartient au seul domaine de la puissance de Dieu.

Intéressé dans ses jugements, le monde ne peut applaudir qu’à ce qui est
conforme à ses usages et à ses maximes, et il doit condamner la conduite des
saints qui les foulent aux pieds et qui les méprisent.

*****

Mais, heureusement pour le juste, c’est Jésus-Christ qui, en


personne, a donné la loi de l’Évangile au monde, c’est lui qui doit
juger.

Ses jugements sont connus d’avance. Il a proclamé le bonheur sur le haut


de la montagne : ce n’est pas pour vous, riches du siècle, dont l’ambition est
insatiable, ni pour vous, hommes de plaisirs, qui n’avez d’autre existence que
celle des sens et d’autre vie que celle de la volupté, ni pour vous, hommes
d’emportement et de colère, qui tyrannisez tous ceux qui vous entourent, ni pour
vous, hommes de vanités et d’orgueil, qui sacrifiez tout à l’envie de paraître et de
vousélever au-dessus des autres ; c’est sur vous qu’il a versé des larmes et
réservé des anathèmes, mais c’est aux pauvres, à ceux qui souffrent, à ceux qui
ont le cœur pur, à ceux qui sont doux et humbles qu’il a dit et qu’il dira encore :

« Vous êtes bienheureux


parce que le Royaume du ciel est à vous,
parce qu’une grande récompense vous est réservée dans les cieux,
parce que vous verrez Dieu dans sa gloire. »

In Notes de prédication, pp. 308-309

130
Bienheureux ceux qui espèrent en lui

Le père Coindre, s’inspirant des psaumes, interpelle ses auditeurs


en les proclamant bienheureux par anticipation :
une façon de les inviter en entrer dans une démarche de conversion.
Bienheureux ceux qui espèrent en lui :
ils ne seront pas confondus. (Cf. Ps 24, 3)

Oui,
bienheureux les humbles qui ne se seront pas fiés à leur propre lumière, qui
n’auront pas cru en savoir assez, être assez vertueux et assez honnêtes, mais qui
auront cherché à s’éclairer, à devenir meilleurs en écoutant la voix de l’Église,
leur mère :
- ils ne seront pas confondus.

Bienheureux les chrétiens qui auront su se vaincre et qui font à Dieu des
sacrifices, ils en ressentiront de la joie et
- ils ne seront pas confondus.

Bienheureux les chrétiens courageux qui ne se sont pas laissé alarmer par ce que
dirait le monde, ils ont écouté le cri de leur conscience et
- ils ne seront pas confondus.

Bienheureux tous ceux qui se préparent pour la communion. Ils espèrent s’unir à
Dieu, se nourrir de Dieu, se purifier en Dieu, recevoir en eux l’auteur de la vie,
ils seront bien consolés dans leur espérance et
- ils ne seront pas confondus.

Bienheureux tout ceux qui les imiteront, qui marcheront sur leurs traces, ce n’est
pas en vain qu’ils travaillent pour l’immortelle patrie et
- ils ne seront pas confondus.

Et on leur ouvrira les portes éternelles et


- ils jouiront alors du bonheur de Dieu même.

Cf. André Coindre, Écrits et documents 5, Œuvres oratoires, p. 63 Ms 180


(Extraits adaptés pour être priés)

131
11e étape du désir harmonisé…
Cf. Rm 8, 31-39
Chant : Rien jamais de Robert Lebel

Parole du père Coindre, prophète au cœur de feu :

Ignores-tu que le Saint-Esprit n’agit et n’opère que par la charité ? que si tu


méprises la charité, tu ne peux donc pas prier par le Saint-Esprit.

Vivre intensément ne va pas sans difficultés.


Le père Coindre en est conscient.
Mais ces difficultés, dans un cœur harmonisé,
c’est-à-dire qui vit selon l’Esprit reçu à la Pentecôte,
ces difficultés, j’insiste,
ne sauraient perturber notre relation au Seigneur.

Rien ne peut nous séparer de l’amour de Jésus-Christ.


Ce cri passionné de Paul explique son assurance,
expression physique de son désir harmonisé,
devant le martyre qui vient.
Un cœur harmonisé ne connaît pas la peur panique, déstabilisante.
Le cœur harmonisé se reconnaît dans cette autre affirmation,
véritable hymne d’amour de Paul :
« Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi ».

Désir harmonisé !

Qu’il soit béni mon désir de Dieu,


De jour en jour qu’il soit béni !

132
Désir harmonisé

Si je devais résumer notre itinéraire de retraite avec le père Coindre en quelques mots,
j’écrirais bien lisiblement :

De la libération de soi
à l’identification au Christ Amour
pour l’action au service du Royaume

La libération de soi devient possible dans la fréquentation assidue de la


Parole. Fréquentation météorologique plutôt qu’intellectuelle. Je m’explique. En
arriver à saisir toute la quintessence du message en goûtant le climat d’un texte.
Se dégage habituellement un message personnel « actualisable » dans son vécu.
S’en suit souvent une relation de confidentialité avec son Seigneur, un ami, un
plus-que-frère, « parce que c’était lui, parce que c’était moi » selon la belle
intuition de Montaigne. On se sent heureux sans trop savoir pourquoi. C’est
probablement le sentiment d’une liberté intérieure retrouvée.
Désir harmonisé !

L’identification au Christ-Amour se fait tout doucement et discrètement au


contact de l’Ecriture et, tout à coup, on s’entend fredonner le texte de Robert
Lebel : « Seigneur, que veux-tu que je fasse » ?

Devenir quelque part en soi Jésus …, (mettre son nom de famille : Brunelle) est-
il plus beau poème ? est-il plus beau je t’aime ?

133
La quête spirituelle ne peut faire fi du réel, réel humain, réel psychique et réel
spirituel d’une personne.
Je dois me recevoir de Jésus tel que je suis avec mes forces et mes limites. Avec
Jésus, la fidélité est en avant…de fidélité en fidélité dans la grande fidélité au
projet (désir) de Dieu. C’est ça se désirer dans le désir de Dieu.
Une prière monte alors à mes lèvres :

Mon Seigneur,
merci de te révéler à moi
comme Jésus enseignant le pardon et le don,
comme Jésus guérisseur blessé
dont la blessure du côté ouvert guérit et féconde toute blessure,
comme frère aîné doux et humble de cœur.

Cette prière dit les grandes orientations de mon chemin d’identification au


Christ-Amour pour l’action au service du Royaume en trouvant et reconnaissant
Dieu en toutes choses.

Dans la sérénité, la devise du père Coindre « Courage et confiance » soutient ma


marche en avant.

Se désirer dans le désir de Dieu est un itinéraire aux méandres multiples


jusqu’au moment où apparaît l’arc-en-ciel, pont reliant l’homme et Dieu en
mythologie universelle.

Dans la chrétienté, l'arc-en-ciel représente le pardon, la


réconciliation entre Dieu et l'humanité. C'est le trône du Dernier
134
Jugement. Dans l'ancien symbolisme chrétien, les principales couleurs
de l'arc-en-ciel étaient le rouge, le bleu et le vert, pour le feu, l'eau
et la terre. L'arc-en-ciel était parfois vu comme la Vierge Marie qui
menait le ciel et la terre en harmonie.

Les gens, tout autour de la Terre, ont des croyances et des


façons différentes de voir et de comprendre la même chose. On peut
être sûr que lorsqu'un arc-en-ciel apparaît, tout le monde est pris par
sa magie et sa beauté. Il n'y a pas de doute à cela. Quelle est la vraie
signification de l'arc-en-ciel?

L'arc-en-ciel ressemble à un pont géant ou à une porte et il est


souvent nommé « le chemin du ciel ». Plusieurs personnes croient que
l'arc-en-ciel est un rayon de lumière qui tombe sur la Terre lorsque
saint Pierre ouvre les portes du ciel pour laisser entrer une autre
âme. À Hawaii, en Polynésie, en Autriche, au Japon et pour quelques
tribus amérindiennes, l'arc-en-ciel est le chemin que les âmes
prennent dans leur route vers le ciel et on l'appelle le pont ou
l'échelle pour aller plus haut ou dans d'autres mondes.

En Afrique, l'arc-en-ciel encercle la Terre et il est un gardien du ciel.Les


Russes disent que l'arc-en-ciel est la porte du ciel.

Cf. WWW. MYTHES ET LÉGENDES : L'arc-en-ciel

L’icône de l’arc-en-ciel rend bien l’idée de la divinisation de l’homme.


Se désirer dans le désir de Dieu consiste pour l’homme à harmoniser
passion et raison. Je donne volontiers la parole au philosophe libanais Gibran :

Raison et passion au service de la vie


La devineresse reprit la parole : Qu’en est-il de la Raison et de la Passion?
135
Il dit :
Votre âme est parfois un champ de bataille où raison et jugement
combattent la passion et le désir.
Puissé-je être le pacificateur de votre âme, transformer la discorde et la
rivalité de vos éléments en unité et en mélodie!
Mais comment y arriverai-je, à moins que vous ne soyez vous aussi des
faiseurs de paix, et même des amants de tout ce qui vous compose?

Votre raison et votre passion sont le gouvernail et les voiles de votre âme
navigatrice.
Si voiles ou gouvernail se brisent, vous ne pourrez qu’être malmenés ou
dérivés, ou bien rester en panne entre deux eaux.
Car la raison, si elle est seule à gouverner, est une force qui limite; tandis
que la passion, laissé à elle-même, est flamme qui brûle jusqu’à se détruire elle-
même.

Laissez donc votre âme exalter la raison jusqu’à la hauteur de la passion,


pour qu’elle chante et qu’elle guide la passion à force de raison, que celle-ci vive
jusqu’à sa propre résurrection journalière et tel un phénix renaisse de ses
cendres.

J’aimerais que vous considériez votre jugement et votre désir comme vous
feriez de deux invités [bien aimés] sous votre toit.
Car il est bien certain que vous n’honoreriez pas l’un plus que l’autre, car
se soucier davantage de l’un vous fait perdre l’amour et la confiance des deux.

136
Parmi les collines, quand vous êtes assis à l’ombre fraîche des peupliers
blancs, goûtez la paix et la sérénité des pré et des champs éloignés, que votre
cœur murmure en silence : « Dieu se repose dans la raison. »

Et quand vient l’orage, que le vent puissant secoue la forêt, que le tonnerre
et l’éclair proclament la majesté du ciel, que votre cœur terrifié déclare : « Dieu
se meut dans la passion. »

Et puisque vous êtes un souffle de la sphère divine, une feuille dans la


forêt de Dieu, vous devriez vous aussi, reposer dans la raison et bouger dans la
passion.
Khalil Gibran, Le prophète, Mille et une Nuits, no 13, pp. 44-45.

Tout notre cheminement peut aussi se dire en poésie :

137
Alors la Paix viendra (Pierre Guilbert)

Si tu crois qu’un sourire est plus fort qu’une arme,

Si tu crois à la puissance d’une main offerte,

Si tu crois que ce qui rassemble les hommes est plus important que ce qui divise,

Si tu crois qu’être différent est une richesse et non pas un danger,

Alors la Paix viendra.

Alors l’harmonie sera en toi !

Si tu sais regarder l’autre avec un brin d’amour,

Si tu préfères l’espérance au soupçon,

Si tu estimes que c’est à toi de faire le premier pas, plutôt qu’à l’autre

Alors la Paix viendra.

Alors l’harmonie sera en toi !

Si le regard d’un enfant parvient encore à désarmer ton coeur,

Si tu peux te réjouir de la joie de ton voisin,

Si l’injustice qui frappe les autres te révolte autant que celle que tu subis,

Alors la Paix viendra.

Alors l’harmonie sera en toi !

Si pour toi l’étranger est un frère qui t’est proposé,

Si tu sais donner gratuitement un peu de ton temps par amour,

Si tu acceptes qu’un autre te rende service

Alors la Paix viendra.

Alors l’harmonie sera en toi !

138
Si tu partages ton pain et que tu saches y joindre un morceau de ton coeur,

Si tu crois qu’un pardon va plus loin qu’une vengeance,

Si tu sais chanter le bonheur des autres et danser leur allégresse,

Si tu peux écouter le malheureux qui te fait perdre ton temps et lui garder ton

sourire,

Si tu sais accepter la critique et en faire ton profit, sans la renvoyer et te

justifier

Alors la Paix viendra.

Alors l’harmonie sera en toi !

Si tu sais accueillir et adopter un avis différent du tien,

Si pour toi l’autre est d’abord un frère,

Si la colère est pour toi une faiblesse, non une preuve de force,

Si tu préfères être lésé que faire tort à quelqu’un,

Si tu refuses qu’après toi ce soit le déluge,

Si tu te ranges du côté du pauvre et de l’opprimé sans te prendre pour un héros,

Alors la Paix viendra.

Alors l’harmonie sera en toi !

Si tu crois que l’Amour est la seule force de dissuasion,

Si tu crois que la Paix est possible,

Alors la Paix viendra.

Alors l’harmonie sera en toi !

Contents de nous être mis en route pour redécouvrir notre continent


intérieur, de nouveau, nous avons rencontré le tout Amour si bien que les mots

139
de Jean de la Croix traduisent harmonieusement ce que nous ressentons au terme
de ce voyage intérieur :

Lorsque l’humaine volonté


s’est vu toucher de Dieu lui-même,
rien ne peut plus la contenter
qui soit moins que Dieu qu’elle aime.

C’est ce dont témoigne la vie du bienheureux Daniel Brottier

140
141
Chant : Rien jamais de Robert Lebel

142
Rien Jamais *

Rien jamais ne nous séparera


De l’Amour
Rein jamais ne nous séparera
De l’Amour.
Ni la mort, ni la vie,
Ni le feu, ni le froid,
Ni le jour, ni la nuit,
Ni la faim, ni la soif,
Ni chaînes, ni menaces.
Rien jamais ne nous séparera
De l’Amour
Rein jamais ne nous séparera
De l’Amour.
Ni l’enfer, ni la peur,
Ni péril, ni danger,
Ni le mal, ni les pleurs,
Ni présent, ni passé,
Ni anges, ni puissances.
Rien jamais ne nous séparera
De l’Amour
Rein jamais ne nous séparera
De l’Amour.
Et si Dieu est pour nous,
Qui sera contre nous?
Qui saurait condamner
Ceux que Dieu a sauvés
Au nom de sa tendresse?
Rien jamais ne nous séparera
De l’Amour
Rein jamais ne nous séparera
De l’Amour.

Robert Lebel, in Je vous écris l’espérance

143
11e Proposition de relecture :
Mon hymne à l’amour de Dieu

Au terme de cette retraite, je t’invite à écrire, à la manière de Paul, un


poème qui manifestera bien l’amour que tu entretiens avec Dieu. N’aie pas peur
de dire les grands moments de ton expérience spirituelle. Ce sera ton hymne à
l’amour de Dieu.

Pour préparer la rencontre de partage individuel ou en groupe

- La veille de la rencontre, tu relis tes notes de journal spirituel tout en étant


attentif (ve) à ce qui se passe en toi.

- Tu sélectionnes les principales prises de conscience que tu veux partager avec


tes compagnons (gnes) de route ou ton accompagnateur (trice).

144
Annexe 1: Chant thématique

145
146
Annexe 2

30 mai 1826

Le dernier mois de mai Sem Lu Ma Me Je Ve Sa Di

18 1er 2 3 4 5 6 7

Calendrier 19 8 9 10 11 12 13 14

20 15 16 17 18 19 20 21

21 22 23 24 25 26 27 28

22 29 30 31

Au cœur du temps pascal, le père Coindre est pris d’un vertige


métaphysique. Il prie intensément.
Imaginons son journal intime.
Écoute, écoute
même si j’ai du mal à parler.
Il fait noir sur ma route.
Mon cœur voudrait
trouver la paix.
8 mai 1826
Une consolation dans ma détresse esseulée :
Monseigneur m’annonce
que je serai le prochain chanoine titulaire.
Une reconnaissance
qui me permet d’espérer encore et encore.

10 mai 1826
Mais de nouveau,
je me sens bizarre.
Je ne suis pas bien dans ma tête.
Je m’isole.
Je fuis le monde.

Éloigne ces ombres


qui viennent planer sur ma vie,
ces ombres de la mort,
ces ombres de la nuit.
147
13 mai 1826
Ce soir, à vêpres,
je suis confus dans mon entretien
sur la volonté de Dieu et la création du monde.

Éloigne ces ombres,


ces ombres de ma faiblesse

14 mai 1826
À l’office de la Pentecôte,
un médecin me dévisage.
A-t-il deviné le mal qui m’assaille?
Il me semble l’entendre murmurer à la sortie :
« Voilà un homme
qui n’est point dans son bon sens. »

Éloigne ces ombres,


ces ombres déchirées

14 mai 1826
En fin d’après-midi, j’ai une illumination
que je tiens à partager avec Monseigneur :
« Le Père éternel a régné 4000 ans,
le Fils dix-huit cents ans,
maintenant va commencer le règne du Saint-Esprit
qui doit s’incarner. »
Monseigneur me dit:
« André, un peu de repos vous ferait du bien.
Allez donc voir votre ami M. Dufêtre à Tours. »
15 mai 1826
Ce que je fais aujourd’hui.
Tout à coup, je me surprends à dire à celui qui m’accompagne :
« Ne soyez pas surpris si je deviens fou;
cela ne durera pas plus loin que le 28. »

Éloigne ces ombres,


ces ombres de ma violence

148
18 mai 1826
Pas de mieux à Tours.
Je fais peur à mon ami.
Aussi bien revenir chez moi.
Je réintègre ma chambre
où je suis en proie au délire, un délire de plus en plus violent.
22 mai 1826
Je me fais peur.
Je fais peur.
Si bien qu’on m’emmène à l’hospice pour des soins.
Infirmiers, médecins s’affairent autour de moi.
Des séminaristes tristes et inquiets,
dont Abel Dehaye,
me veillent jour et nuit.
Les professeurs passent me visiter.

Éloigne ces ombres,


ombres sans contour
ombres de mes silences

28 mai 1828
Dans un moment de lucidité,
je reconnais M. Lyonnet.
Je demande à me confesser.
Sérénité! Sérénité! Sérénité!
Cette rémission fait que
les infirmiers consentent à me détacher.
Espoir! Espoir! Espoir!

Écoute, écoute,
il fait noir sur ma route

30 mai 1826
J’entends, j’entends :
« Parle-nous de Jésus. »
Je me précipite…

Écoute, écoute
il fait noir sur ma route
149
Tombant d’une fenêtre, c’est ainsi que s’en est allé ce missionnaire
infatigable.
(Cf. Extraits de la lettre de M. Lyonnet)
(Cf. Poème de Jean Humenry)

150
Itinéraire spirituel Célébrations

1ière Célébration Du désir éveillé au désir apprivoisé

Célébrons Dieu présent dans la Création

C’est ce Dieu, présent dans la Création en renouvellement, que nous voulons reconnaître et
louer, tout en nous invitant à être « veilleurs » auprès de la beauté du monde.

Se mettre en présence de Dieu


- Au nom du Père,
- Seigneur du ciel et de la terre Seigneur, nous voici réunis,
Pour te chanter, pour t’acclamer
- Et du Fils Seigneur, nous voici réunis
- À qui toutes choses sont données Pour te prier dans l’unité.

- Et du Saint Esprit Nous arrivons avec toutes nos faiblesses,


- Dans lequel Jésus exulte… Notre tiédeur et nos manques d’effort
Mais nous croyions, Seigneur, en tes promesses :
- Dieu créa le jour et la nuit Tu nous rends plus fort.
- Et il trouva que cela était bon
Nous arrivons au bout d’une longue route,
- Dieu créa le ciel et la mer Semée d’embûches, de luttes et de combats.
- Et il trouva que cela était bon Mais nous croyons, Seigneur, que dans nos
doutes,
- Dieu créa la terre et sa verdure Tu guides nos pas.
- Et il trouva que cela était bon
Nous arrivons avec toutes nos souffrances,
- Dieu créa les poissons et les animaux Nos corps blessés et nos cœurs tout meurtris,
- Et il trouva que cela était bon Mais nous vivons, Seigneur, dans l’espérance,
Car tu es la vie.
- Dieu créa l’homme et la femme, à son
image, il les créa (Jean-Louis Dervout et fgb)
- Il en fut fier et leur donna la gestion de
la terre.

151
L’hymne à la beauté du monde
( L. Plamondon et I. Boulay )
Ne tuons pas la beauté du monde
La dernière chance de la terre
Ne tuons pas la beauté du monde
C'est maintenant qu'elle se joue
Ne tuons pas la beauté du monde

Ne tuons pas la beauté du monde Ne tuons pas la beauté du monde


Chaque fleur, chaque arbre que l'on tue Faisons de la terre un grand jardin
Revient nous tuer à son tour Pour ceux qui viendront après nous
Après nous
Ne tuons pas la beauté du monde
Ne tuons pas le chant des oiseaux Ne tuons pas la beauté du monde
Ne tuons pas le bleu du jour La dernière chance de la terre
C'est maintenant qu'elle se joue
Ne tuons pas la beauté du monde
Ne tuons pas la beauté du monde Ne tuons pas la beauté du monde
Faisons de la terre un grand jardin
Pour ceux qui viendront après nous
Après nous

Notre Père de Francine Vincent

Animateur- Dieu, notre Père, mon Père, Toi qui es Souffle de vie, insuffle à nouveau
l’amour dans le cœur de l’être humain.

1ère Voix- Toi qui as créé le ciel et la terre, la beauté de la nature avec ses mille et une couleurs,
pardonne nos irresponsabilités face à l’environnement. Le monde est en effet exposé à une
série de risques dus à des choix et des styles de vie que ne font que dégrader les milieux dans
lesquels nous vivons.

* Père, délivre-nous du mal de notre insouciance environnementale.


152
2e Voix- Cette violation de l’environnement est particulièrement insoutenable pour tous les
pauvres de la terre, leur donnant peu de qualité de vie. Le profit, la mondialisation, la
commercialisation, la concurrence et le rendement priment sur la vie. Au nom d’un certain
pouvoir, on détruit des milieux qui rendent la vie possible.

* Père, délivre-nous du mal de notre insouciance environnementale.

1er Choeur - Toi,le Dieu libérateur,


marche avec les personnes
qui s’engagent à prendre soin de la création
sans en dilapider les ressources,
tout en les partageant de manière solidaire.

* Père, délivre-nous du mal de notre insouciance environnementale.

2e Choeur- Donne-leur la force et le courage de lutter pour que les générations


qui suivront puissent encore admirer la splendeur des forêts,
les étangs où fourmillent insectes et batraciens,
les rivières et leur refrain joyeux,
les prairies de fleurs sauvages,
le chant des criquets qui appelle le soir
et la romance des oiseaux des la pointe du jour.

Père, délivre-nous du mal de notre insouciance environnementale.

- Soyons des veilleurs auprès de Dame Nature


- Afin qu’elle soit toujours notre amie.

- Vivons épris de bonté pour Dame Nature


- Afin qu’elle nous la rende en beauté renouvelée

- Et que Dieu nous bénisse au nom du Père,


- Seigneur du ciel et de la terre

- Et du Fils
- À qui toutes choses sont données

- Et du Saint Esprit
- Dans lequel Jésus exulte et renouvelle la création.

AMEN!

153
2e Célébration Du désir confronté au désir ordonné

154
155
3e Célébration Du désir émerveillé au désir purifié
Célébrons Joseph

Humble et grande figure de Joseph que l'Église nous propose en exemple au milieu de
notre préparation pascale!
Sans tout comprendre, il a accepté, dans la foi, le plan mystérieux de dieu et y a consacré
toute sa vie.

Saurons-nous
3.
comme toi faire confiance* Saurons-nous comme toi
Apprendre à contempler
1. La beauté du mystère
Saurons-nous comme toi Et dire dans la foi
Apprendre à découvrir L’enfant qui m’est confié
Le langage des anges C’est le oui de sa mère
Veiller dans la foi
Heureux de consentir 4.
Au message de l’ange Saurons-nous comme toi
Apprendre à travailler
Dans le bois de ce monde
R/ Chercher dans la foi
Joseph, Joseph, Joseph, Joseph, Quels que soient nos métiers
Bienheureux compagnon d’espérance À bâtir le Royaume
Saurons-nous comme toi
Faire confiance?
* Robert Lebel
2.
In À toi mes hymnes
Saurons-nous comme toi
Apprendre à dépasser
La colère et la haine
Marcher dans la foi
Et nous abandonner
A ce Dieu qui nous aime

156
1ière partie : Joseph le silencieux 2e partie: Joseph le confiant

- Joseph, on t'appelle le juste, le charpen- - Joseph, mon ami, toi qui as cheminé à travers
tier, le silencieux, moi, je veux t'appeler les rayons et les ombres, apprends-moi à
mon ami. rencontrer le Seigneur dans le quotidien de ma
vie.
- Avec Jésus, ton fils et mon sauveur, avec - Toi, le témoin étonné de l'action de l'Esprit,
Marie, ton épouse et ma mère, tu as place aide-moi à reconnaître ses merveilles et à lui
dans mon coeur, tu as place dans ma vie. être soumis.

- Joseph, tu sais, j'ai besoin de toi, j'ai be-


soin que tu sois là près de moi, au rendez-
vous de mes amitiés.

- Tes doutes et tes hésitations à suivre


Marie dans sa mystérieuse aventure me
rapprochent de toi.
(L. Soulier)

Ave à Joseph

- Je vous salue Joseph, confident des anges,


le Seigneur est avec vous, vous êtes béni
entre tous les hommes, et Jésus, l'envoyé du
Père céleste au père terrestre, et Jésus votre
enfant est béni.

- Saint Joseph, époux de Marie et père de


Jésus, prie pour nous pécheurs, maintenant
Ave à Joseph et à l'heure de notre mort. Amen
(L. Soulier)
- Je vous salue Joseph, confident des
anges, le Seigneur est avec vous, vous êtes 3e partie: Joseph l'éducateur
béni entre tous les hommes, et Jésus,
l'envoyé du Père céleste au père terrestre, - Prends ma main et conduis-moi lorsque
et Jésus votre enfant est béni. l'ombre de la nuit rends mes pas incertains.

- Saint Joseph, époux de Marie et père de - Où est-il le Seigneur? Toi qui l'as cherché, toi
Jésus, prie pour nous pécheurs, maintenant qui l'as trouvé, dis-moi où il est.
et à l'heure de notre mort. Amen
- Dis-moi où il est quand l'espérance relève
mon courage et m'invite à avancer avec plus
d'entrain.

157
-Dis-moi où il est quand mon coeur veut - Et Jésus apprend avec toi le métier qui le
l'aimer, lui le premier, et les autres avec rendra autonome et soutien de Marie.
lui et en lui. (L. Soulier)
(L. Soulier)

Ave à Joseph

- Je vous salue Joseph, confident des


Ave à Joseph anges, le Seigneur est avec vous, vous êtes
béni entre tous les hommes, et Jésus,
- Je vous salue Joseph, confident des l'envoyé du Père céleste au père terrestre,
anges, le Seigneur est avec vous, vous êtes et Jésus votre enfant est béni.
béni entre tous les hommes, et Jésus,
l'envoyé du Père céleste au père terrestre, - Saint Joseph, époux de Marie et père de
et Jésus votre enfant est béni. Jésus, prie pour nous pécheurs, maintenant
et à l'heure de notre mort. Amen
- Saint Joseph, époux de Marie et père de
Jésus, prie pour nous pécheurs, maintenant 5e partie: Joseph le bienheureux.
et à l'heure de notre mort. Amen
- Joseph, mon ami, toi qui es parti sans
4e partie: Joseph le père nourricier bruit, pour l'éternel patrie, reste bien près
de moi au soir de ma vie.
- Toi, Joseph, le grand attentif à tous les
besoins des tiens, garde bien ouverts et - Écoute ma prière, celle jamais oubliée:
mon coeur et ma main. "Jésus, Marie, Joseph, je vous donne mon
coeur et ma vie."
- Tu es l'homme du travail bien fait vouant
ta vie au service de Marie et de Jésus. (L. Soulier)

- Tu montres à ton fils la noblesse du


travail.

158
-Nous te prions de protéger ceux
qui se tournent vers toi en toute confiance.

-Tu connais leurs aspirations, leurs difficultés


et leurs espoirs;
et ils se tournent vers toi
parce qu'ils savent que tu les comprends et
que tu les protégeras.

-Toi aussi, tu as connu les épreuves, le labeur


et les ennuis.

-Mais, malgré les inquiétudes de la vie


Ave à Joseph
quotidienne,
ton âme était rempli d'une paix profonde
- Je vous salue Joseph, confident des et éprouvait une joie sincère dans l'intimité
anges, le Seigneur est avec vous, vous êtes du Fils de Dieu
béni entre tous les hommes, et Jésus, dont tu avais la garde,
l'envoyé du Père céleste au père terrestre, et avec Marie sa très Sainte Mère.
et Jésus votre enfant est béni. Amen.

- Saint Joseph, époux de Marie et père de


Jésus, prie pour nous pécheurs, maintenant
Jean XXIII
et à l'heure de notre mort. Amen

Oraison finale

-Bienheureux Saint Joseph,


gardien de Jésus et chaste époux de Marie,
tu t'es appliqué ta vie durant à accomplir la
volonté du Père.

-Tu as pourvu aux besoins de la Sainte Famille


par le travail de tes mains.

159
SAINT JOSEPH

Saint Joseph, écoute ma prière


Guide-moi vers Lui comme un
enfant
Saint Joseph, obtiens-moi sa lumière
Pour rester en Lui toujours présent.

1. Bienheureux l'humble époux de


Marie,
Protecteur et père nourricier,
Accueillant chastement dans sa vie
UN PROJET - SON PROJET.

2. Bienheureux qui peut permettre à


l'autre
De grandir, de naître et devenir,
Le témoin silencieux et l'apôtre
D'UN DÉSIR - SON DÉSIR.

3. Bienheureux serviteur d'un


mystère
Recensé aux livres des vivants,
Pour rester simple dépositaire
DE L'ENFANT - SON ENFANT.

4. Bienheureux qui vit à mains


ouvertes
Et choisit la pureté du coeur
Pour permettre en soi la découverte
DU BONHEUR - SON BONHEUR.

160
4e célébration Du désir singularisé au désir esseulé
Prions avec André Coindre en ce jour anniversaire de sa
mort (30 mai 1826)
(dialogue)
- Que vous dirais-je donc de l’amour du Père André Coindre?
- Le père Coindre aima l’Église en lançant des œuvres de
compassion …
- Providences et Communautés religieuses…
- Toujours actives aujourd’hui
- Actualisées dans des œuvres telles : l ’Ancre des jeunes, les Villages de sources…
- Vivantes sur les cinq continents à travers des Communautés locales aux
multiples couleurs

Animateur
Le père Coindre nous quitta suite à une courte maladie,
emporté tragiquement par des fièvres cérébrales…

Document d’Histoire : l’acte d’inhumation du père


André Coindre
(lecteur)
L’an mil huit cent vingt six,
le 31 mai, a été inhumé au cimetière commun
le corps de Monsieur André Coindre,
Chanoine de l’Église Cathédrale,
et Supérieur du Séminaire Diocésain,
décédé âgé de tente neuf ans,
muni du sacrement de pénitence.
Laquelle a eu lieu en présence des témoins et soussignés…
(moment de recueillement)

Écoute du chant : Comme la prunelle de tes yeux

R/ Comme la prunelle de tes yeux


Que l’amour en toi
Soit ce qu’il y a de plus précieux…
Le reflet de l’amour de Dieu.

1.
Chaque enfant mérite d’être aimé,
Chaque enfant a droit à la tendresse!

161
Chaque enfant est un trésor sacré,
Un jardin de milliers de promesses!
Chaque enfant mérite d’être aimé
Puisque Dieu habite sa faiblesse!
Il suffit d’un regard de bonté
Pour l’aimer jusqu’en ses maladresses.
2.
Bien des gens sont blessés pour toujours
En ces temps marqués par la violence…
Que ta voix devienne un chant d’amour,
Que tes bras se fassent providence.
Qu’un parfum émane de ton cœur,
Un parfum aux saveurs d’Évangile,
De pardon et d’infinie douceur,
De bonté et de joie indicible.
3.
À vrai dire, est-il plus grand malheur
Que de vivre sans jamais le connaître,
Que de vivre en dehors du bonheur
Et mourir sans espoir de renaître?
Redis-leur que Jésus est la Vie!
Montre-leur que Jésus est la Route!
Mets leur cœur dans le cœur de Marie,
Aime-les… jusqu’à ton dernier souffle.

Parole du père Coindre

« J’étais bien peiné de n’avoir pu m’entretenir assez longuement


avec vous avant mon départ, et je partais sans avoir entendu le
cri de votre cœur. » (Lettres, 29 avril 1823)
Animateur

Une écoute attentive est déjà un baume.


Pensons à des situations d’écoute : homélie, théâtre, musique…
L’écoute est un haut lieu du respect.
Du respect pour l’émetteur, du respect pour l’auditeur et pour Dieu tout
autant présent dans l’émetteur que dans l’auditeur.

Allons plus loin : écoutons-nous écoutant…

162
ECOUTE

Ne leur parle pas!


Si tu ne sais pas
Ce qu’ils désirent
Écoute-les!

Ne tranche pas!
Si tu ne sais pas
Ce qu’ils désirent
Écoute-les!

Ecoute! Ecoute!
Ce sont eux
Qui doivent parler
Et non toi,

Alors?
Alors?
Écoute!

In Concerto pour une pédagogie majeure de Alain Houard

Méditation orale (proclamation suivie d’une pause)

*Dans une société de la parole, de l’émission et des discours, la demande d’être écouté
demeure forte : « Écoute-moi!
Fais attention à moi, fais que j’existe pour toi! »

*Avant de concevoir l’écoute comme une attitude indispensable pour connaître l’autre, le
respecter, le comprendre et pouvoir mieux lui parler, elle peut être regardée comme « la
relation nécessaire d’humanité, le ce-sans-quoi l’homme est pour l’homme le pur
étranger, l’abîme d’absence » (Maurice Bellet)

*Elle est une relation mystérieuse où un pont s’établit entre deux personnes, une
connivence qui permet à de l’humanité d’émerger davantage.

*Écouter vraiment quelqu’un, c’est lui dire sans mots qu’il existe, que ce qu’il porte et
qui est parfois confus ou entremêlé a de la valeur, tout simplement parce qu’il le vit ou le
pense.

*L’écoute permet de s’entretenir, c’est-à-dire de tenir ensemble dans l’existence, et elle


ouvre l’espace à la parole.

163
*Quand l’écoute apporte plus d’humanité, l’humain est assuré dans ses fondements, et il
peut porter du fruit.
*Un pédagogue qui écoute est aussi un pédagogue thérapeute.
(cf. La Croix, 25 avril 2009/ Christine Gilbert, animatrice de pastorale)

Notre Père : Que ta volonté soit faite (Mannick et Akepsimas)

Écoute

Que ta volonté soit faite 2.


Dans le rire ou la tempête. Tu nous as fait pour le bonheur
Que ta volonté soit faite Et pour la fête
Sur la terre et dans nos vies! Ta joie semée dans notre cœur
1. Devient parfaite.
Et rien ne peut nous arrêter,
J’aimerais bien m’abandonner Quand tu glisses à nos côtés.
À la confiance
3.
Mais j’ai tendance
Tout ce qui fait chanter la vie
À perdre pied
Devient possible
Ma barque danse
Tu fais de ceux qui sont meurtris
Je crois pourtant que tu es là
Des hommes libres
Et que tu veilles sur mes pas!
Puisque ta volonté pour nous
C’est que tout homme soit debout

Coupables dans un âge où l’on est plus léger que méchant,


plus étourdi qu’incorrigible,
il ne fallait pas désespérer
de leur changement,
il fallait les environner de secours
pour les former… (André Coindre)

Fgb/28-05-11

164
5e célébration: Du désir enthousiasmé au désir engagé

Se laisser encore accompagner par JÉSUS...


1. 2.
Ils parlaient entre eux de tous ces Il leur expliqua dans les Écritures ce qui le
évènements concernait...

À l’instar des deux d’Emmaüs,


notre vie est parfois bousculée d’imprévu(s),
d’imprévu(s) qui nous contrarient, qui À l’instar de Jésus, essayons de nous mettre à
peuvent même nous attrister. Sentiment l’écoute du frère, du journal, d’un évènement
d’incompréhension déstabilisant... pour le saisir avec empathie et le prier…

Avec un peu de recul et, en se regardant dans


le miroir de l’Évangile, peut-être serons-nous Animateur
en mesure de dire, pacifiés : Ne fallait-il pas
que cela arrive pour accéder à plus de Je vous salue Marie, ô Mère de Jésus
liberté? dont la relecture des Écritures éveille ses
disciples à son mystère,
ô Mère de Jésus,
Animateur
Je vous salue Marie, ô Mère de Jésus, LUI vous êtes bénie entre toutes les femmes;
dont l’intolérable passion du fils, empêchait et je salue en vous et ma mère et ma mie,
les disciples de le reconnaître. (Cf. Lc 24, 16) ô Mère de Jésus, je vous salue Marie.
ô Mère de Jésus,
vous êtes bénie entre toutes les femmes;
et je salue en vous et ma mère et ma mie,
ô Mère de Jésus, je vous salue Marie. Tous :
Tous : Je vous salue Marie, ô Mère du Sauveur,
Je vous salue Marie, ô Mère du Sauveur, servante de la vie, douce étoile des âmes.
servante de la vie, douce étoile des âmes. Priez pour nous pécheurs, ces pécheurs qui vous
Priez pour nous pécheurs, ces pécheurs qui prient.
vous prient. Ô Mère du Sauveur, je vous salue Marie.
Ô Mère du Sauveur, je vous salue Marie.
R/ Nous l’avons vu ressuscité, nous témoins de
R/ Nous l’avons vu ressuscité, nous témoins la vérité, il est venu, il reviendra,
de la vérité, il est venu, il reviendra, Amen, Alléluia, Amen Alléluia!
Amen, Alléluia, Amen Alléluia!

165
3. 4.
Leurs yeux s’ouvrirent et ils le C’est vrai le Seigneur est ressuscité...
reconnurent...

Comment proclamer que le Seigneur est


ressuscité?
La fraction du pain fut signifiante pour les À la suite du pape François, ayons le sourire
deux d’Emmaüs : facile, la proximité aisée,
ils reconnurent leur Maître et Seigneur! la parole apaisante
Une intuition, une coïncidence opportune et la réflexion ouverte
peuvent être pour nous l’équivalent d’une au souffle de l’Esprit.
fraction du pain, Alors nous aurons l’air de ressuscités avec le
et devenir signe de la volonté de Dieu… Christ.

Animateur
Animateur Je vous salue Marie, ô Mère de Jésus. LUI
Je vous salue Marie, ô Mère de Jésus, LUI qui suscite courage et confiance en la vie qui
que les disciples reconnaissent à la fraction est en avant,
du pain (Cf. Lc 24,31) ô Mère de Jésus,
ô Mère de Jésus, vous êtes bénie entre toutes les femmes;
vous êtes bénie entre toutes les femmes; et je salue en vous et ma mère et ma mie,
et je salue en vous et ma mère et ma mie, ô Mère de Jésus, je vous salue Marie.
ô Mère de Jésus, je vous salue Marie.

Tous : Tous :
Je vous salue Marie, ô Mère du Sauveur, Je vous salue Marie, ô Mère du Sauveur,
servante de la vie, douce étoile des âmes. servante de la vie, douce étoile des âmes.
Priez pour nous pécheurs, ces pécheurs qui Priez pour nous pécheurs, ces pécheurs qui vous
vous prient. prient.
Ô Mère du Sauveur, je vous salue Marie. Ô Mère du Sauveur, je vous salue Marie.
R/ Nous l’avons vu ressuscité, nous témoins R/ Nous l’avons vu ressuscité, nous témoins de
de la vérité, il est venu, il reviendra, la vérité, il est venu, il reviendra,
Amen, Alléluia, Amen Alléluia! Amen, Alléluia, Amen Alléluia!

166
Table des matières (se désirer dans le désir de Dieu)
Étape Titre Page
Préambule 2-5
Introduction 6-13
1ière Du désir éveillé... au... 14-22
- Cf. Gn 1 et Dn 3, 52-90
- Chant: Que tes oeuvres sont belles ou Psaume de la 23
création. 24
- Proposition de relecture: Sentiment de l'existence de 25-27
Dieu
- Écoute de Coindre: Les oeuvres de dieu racontent sa
gloire
Voir Dieu dans la création
2e Du désir apprivoisé... au... 28- 38
- Cf. Lc 19, 1-10
- Chant: Dis-nous Zachée 39
- Proposition de relecture: Mon histoire religieuse 40
- Écoute de Coindre: La bonté qui donne confiance 41
3e Du désir confronté... au... 42-48
- Cf. Jn 9, 1-41
- Chant: Prière de François ou Écoute dans le vent 49-50
- Proposition de relecture: Le face à face avec le mal 51
- Écoute de Coindre: Qu'ai-je fait pour mon Dieu? 52-53
4e Du désir ordonné... au ... 54- 61
- Cf. Mt 16, 21-26
- Chant: Seigneur, que veux-tu que je fasse 62
- Proposition de relecture: Se défaire de ses masques 63
- Écoute de Coindre: Renoncer à soi-même 64-65
5e Du désir émerveillé ... au ... 66-71
- Cf. Luc 2, 41-52
- Chant: Saint-Joseph 72
- Proposition de relecture: d'une annonciation à l'autre 73
- Écoute de Coindre: L'amour d'un Dieu incarné 74-75
6e Du désir purifié ... au ... 76-79
- Cf. Mt 4, 1-11
- Chant: Quel que soit mon chemin 80
- Proposition de relecture: Vivre humainement unifié 81
- Écoute de Coindre:

167
- Car je suis doux et humble de coeur 82-83
- Car je me méfie de l'argent 84-85
- Car j'aime le pardon 86
7e Du désir singularisé... au ... 87-93
- Cf. Mt 11, 28-30
- Chant: Venez à moi vous qui peinez 94
- Proposition de relecture: Reconnaître ma singularité 95
- Écoute Coindre: Que chacun se perfectionne dans son 96-97
état
8e Du désir esseulé ... au ... 98-104
- Cf. Jn 19, 17-30
- Chant: - La solitude, ça n'existe pas de Bécaud 100
- Pour ne pas vivre seul de Dalida 101
- Ma solitude de Moustaki 102
- Seul de Garou 103
- Proposition de relecture: Apprivoiser la solitude 105
- Écoute Coindre: - Dieu nous aima jusqu'à souffrir la 106
passion

9e Du désir enthousiasmé… au ... 107-114


- Cf. Lc 24, 13-35
- Chant: Jésus qui m'as brûlé le coeur 115
ou Prière de François 116
- Proposition de relecture: Une expérience d'amitié 117
- Écoute de Coindre:
Dieu nous aima jusqu'à nous ouvrir son Sacré- 118
Coeur 119
Dieu de la résurrection, béni sois-tu!
10e Du désir engagé... au ... 120-125
- Cf. Mt 5, 3-12
- Chant: Mille fois bienheureux ou Heureux celui 126
- Proposition de relecture: Rendre crédibles les béatitudes 127
128-129
- Écoute de Coindre: Les béatitudes
Dieu juge selon la charte des 130
Béatitudes 131
Bienheureux ceux qui espèrent en Lui
11e Du désir harmonisé... 132-142
- Cf. Rm 8, 31-39
- Chant: Rien jamais 143
- Proposition de relecture: Mon hymne à l'amour de Dieu 144

168
Annexe Chant thématique: Que soit béni mon désir de Dieu 145-146
1
Annexe Le dernier mois de mai 147-150
2
Célébration 1 Célébrons Dieu présent dans la création 151-153
Célébration 2 Indignez-vous en tenant ferme dans l'espérance 154-155
Célébration 3 Célébrons Joseph 156-160
Célébration 4 Prions avec André Coindre en ce jour du 30 161-164
mai
Célébration 5 Se laisser accompagner par Jésus 165-166

169

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