L'Emergence Du Droit Penal Des Affaires Ohada: Ohadata D-15-02

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Ohadata D-15-02

L’EMERGENCE DU DROIT PENAL DES AFFAIRES


OHADA

Par

DJERIA Joslain
Email : [email protected]

1
INSTITUT SUPERIEUR DE DROIT DE DAKAR

UNIVERSITE ASSANE SECK DE ZIGUINCHOR

SCIENCES ECONOMIQUES ET SOCIALES


DEPARTEMENT DE DROIT DES AFFAIRES
ANNEE UNIVERSITAIRE 2013 – 2014

MEMOIRE MASTER 2 RECHERCHE DROIT DES AFFAIRES


SPECIALITE DROIT DE L’ENTREPRISE

L’EMERGENCE DU DROIT PENAL DES AFFAIRES OHADA

Présenté par : Sous la Direction de :


Joslain DJERIA Patrice Samuel Aristide BADJI
Maître de Conférences Agrégé des
Facultés de Droit
(Université Cheikh Anta Diop)

Dakar, le 21 février 2015

2
AVERTISSEMENT

L’Université n’entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans le
Mémoire ; ces opinions doivent être considérées comme propres à leurs auteurs.

3
REMERCIEMENTS

A l’orée de ce travail, je tiens à remercier

Mon Directeur de mémoire, le Professeur Patrice BADJI qui est pour moi un modèle

Etant donné que mon travail porte sur le Droit pénal, je remercie mes formateurs en
Droit Pénal :
Me Jean-Marie BOUARE, Mr Vincent OUAGADIO et Le Substitut du Procureur de
Ziguinchor Mr Papa Ismaël DIALLO.

Aussi, s’agissant d’un travail fourni grâce à une formation de qualité, je remercie :

Le Professeur Babacar GUEYE, Dr Jean-Louis CORREA, ainsi que les corps


administratif et didactique de l’Université de Perpignan Via DOMITIA, l’Université
Assane SECK de Ziguinchor ainsi que l’Institut Supérieur de Droit de Dakar.

4
DEDICACES

Je dédie ce mémoire au dieu tout puissant qui m’a toujours accompagné durant toute ma vie
et qui veille sur moi.
Je dédie ce mémoire à mes parents, MBAIPITI DIONTILO & NELNGUERA YAMTA pour
leur amour et sacrifice consenti pour que j’aie accès à une bonne éducation.
A mes frères, sœurs et cousins et amis pour le soutien inconditionnel et en tout temps.

5
SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE ............................................................................................... 8

CHAPITRE I : UNE DIFFICILE EMERGENCE DU DROIT PENAL OHADA.................. 15

SECTION I : L’ECLATEMENT DE L’ELEMENT LEGAL DE L’INFRACTION.............. 16

PARAGRAPHE I : LA DETERMINATION DES INFRACTIONS AU NIVEAU


COMMUNAUTAIRE.............................................................................................................. 16

PARAGRAPHE II : LA DETERMINATION DES SANCTIONS AU NIVEAU NATIONAL


.................................................................................................................................................. 25

SECTION II : L’IGNORANCE DE CERTAINES SITUATIONS DELICTUELLES........... 28

PARAGRAPHE I : L’ABSENCE DE CONSECRATION DE LA RESPONSABILITE


PENALE DE LA PERSONNE MORALE ET DE SON REPRESENTANT ......................... 28

PARAGRAPHE II : l’ABSENCE DE CONSECRATION DES INFRACTIONS DES


MARCHES FINANCIERS...................................................................................................... 32

CHAPITRE II- UNE DIFFICILE EMERGENCE SOURCE D’INSECURITE JURIDIQUE36

SECTION I : LES EFFETS NEFASTES DE L’ECLATEMENT DE L’ELEMENT


LEGAL .................................................................................................................................... 37

PARAGRAPHE I : LA DISPARITE DES SANCTIONS NATIONALES ............................ 37

PARAGRAPHE II : LE RISQUE DE CREATION DES PARADIS PENAUX .................... 41

SECTION II : PLAIDOYER POUR UNE EMERGENCE DU DROIT PENAL OHADA.... 47

PARAGRAPHE I : L’EXTENTION DU CHAMP D’APPLICATION DU DROIT PENAL


OHADA ................................................................................................................................... 48

PARAGRAPHE II : LE RAFFERMISSEMENT DU DROIT PENAL OHADA................... 52

CONCLUSION : ...................................................................................................................... 56

6
PRINCIPALES ABREVIATIONS

AU (ACTE UNIFORME).
AUCE (AU portant organisation et harmonisation des comptabilités des entreprises).
AUCMR (AU relatif aux contrats de transport de marchandises par route).
AUDA (AU relatif au droit de l'arbitrage).
AUDCG (AU relatif au droit commercial général).
ANB (Antenne Nationale de Bourse).
AUPCAP (AU portant organisation des procédures collectives d'apurement du passif).
AUPSRVE (AU portant organisation des procédures simplifiées de recouvrement et des voies
d'exécution).
AUS (AU portant organisation des sûretés).
AUSCOOP (AU relatif au droit des sociétés coopératives).
AUSGIE (AU relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement d'intérêt
économique).
B.R.V.M. (Bourse régionale des valeurs Mobilières).
BVMAC (Bourse des valeurs Mobilières d’Afrique Centrale).
C.Crim (Chambre criminelle).
C.E.D.H. (Cours Européenne des Droits de l’Homme)
Cass (Cassation).
CCJA (Cour commune de Justice Africaine).
CEDEAO (Communauté Economique de l’Afrique de l’Ouest).
CEMAC (Communauté Economique et monétaire de l’Afrique centrale).
CJCE (Cour de justice des Communautés Européennes).
EUROJUST (European Justice).
EUROPOL (European Police).
FMI (Fonds monétaire international).
L.G.D.J. (Librairie Générale de Droit et de jurisprudence)
OHADA (organisation pour l’harmonisation en Afrique du Droit des Affaires).
P.U.A. Presses Universitaire d’Afrique.
PUF (Presses universitaires de France).
UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest-africaine).

7
INTRODUCTION GENERALE

Le droit pénal des affaires existerait au 12e siècle à travers la banqueroute1. Avec
l’industrialisation des pays et l’essor du commerce, la spéculation et le profit deviennent
naturels au commerce. On voit donc naître un noyau dur du droit pénal des affaires dans le
droit des sociétés par la création de la personne morale qui reçoit les capitaux et en échange,
les apporteurs reçoivent des titres. Le droit pénal apparaît inhérent au développement des
sociétés commerciales afin de protéger les apporteurs. L’internationalisation du droit pénal
des affaires est due à l’internationalisation de l’économie mondiale via le phénomène de
mondialisation.
En 1963, les ministres de la justice des pays francophones africains, ayant hérité d’un
droit colonial obsolète qui ne reflète plus les réalités de leurs pays, souhaitaient
l’harmonisation de leur droit2 pour pallier à l’insécurité juridique à travers l’adoption de textes
modernes et uniformes dans leurs Etats. Trente ans plus-tard, les Etats africains de la zone
Franc, ont créés l’OHADA 3(Organisation pour l’Harmonisation du Droit des Affaires) par
le traité relatif à l’harmonisation du droit des affaires en Afrique signé le17 octobre 1993 à
Port- louis (ILE MAURICE). Cette organisation est dotée d’une personnalité juridique
internationale et a pour ambition de créer un climat de sécurité juridique et judiciaire.
L'Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA) a
pour principal objectif de remédier à l'insécurité juridique et judiciaire existant dans les États
Parties. L'insécurité juridique s'explique notamment par la vétusté des textes juridiques en
vigueur : la plupart d'entre eux datent en effet de l'époque de la colonisation et ne
correspondent manifestement plus à la situation économique et aux rapports internationaux
actuels. Très peu de réformes ont été entreprises jusqu'alors, chaque État légiférant sans tenir

1 Lorsqu'un banquier n'était plus en mesure de régler ses dettes, il était alors déclaré fallito (insolvable, en faillite) et ne pouvait
plus exercer son métier. Le banquier déchu devait alors casser publiquement sa banca pour montrer aux habitants son
interdiction d'exercer toute activité financière : l'expression banca rotta finit par se répandre dans le langage courant comme
celle traduisant la situation d'insolvabilité d'un banquier.
2BOLMIN M., BOUILLET-CORDONNIER G., MEDJAD K., « Harmonisation du droit des affaires dans la zone franc »,
Journal de droit international, 1994, p 375 et s.
3
Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires créée en 1993 par 14 pays africains à savoir : BENIN,
BURKINA FASO, CAMEROUN, CENTRAFRIQUE, Les COMORES, CONGO, COTE-D'IVOIRE, GABON, GUINEE
EQUATORIALE, MALI, NIGER, SENEGAL, TCHAD, TOGO. L’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit
des Affaires (OHADA) compte actuellement 17 Etats membres du fait de l’adhésion de 3 nouveaux membres (Guinée
Conakry, Guinée Bissau et République Démocratique du Congo).

8
compte de la législation des États de la zone franc. A cela s'ajoute l'énorme difficulté pour les
justiciables comme pour les professionnels de connaître les textes juridiques applicables.
L'insécurité judiciaire découle de la dégradation de la façon dont est rendue la justice,
tant en droit qu'en matière de déontologie, notamment en raison d'un manque de moyens
matériels, d'une formation insuffisante des magistrats et des auxiliaires de justice.
Outre la restauration de la sécurité juridique et judiciaire des activités économiques en vue de
restaurer la confiance des investisseurs, de faciliter les échanges entre les États Parties, le
Traité poursuit les objectifs suivants : Mettre à la disposition de chaque Etat des règles
communes simples, modernes adaptées à la situation économique; Promouvoir l'arbitrage
comme instrument rapide et discret des litiges commerciaux; Améliorer la formation des
magistrats et des auxiliaires de justice; Préparer l'intégration économique régionale.4
Selon l’éminent juge Kéba MBAYE, l’OHADA « est un outil juridique imaginé et
réalisé par l’Afrique pour servir l’intégration économique et la croissance ». Elle comprend
quatre institutions à savoir : Le Conseil des ministres (législatif votant les actes uniformes à
l’unanimité) ; la Cour Commune de Justice et d’Arbitrage (judiciaire veillant à l’interprétation
et réglant le contentieux de l’application du traité) qui intervient comme cour suprême
supranationale autant que comme structure d’appui à l’arbitrage ; le Secrétariat permanent
(C’est l’exécutif, qui assiste le Conseil des ministres et le gère permanemment) et l’Ecole
Régionale Supérieure de la Magistrature ( Elle veille à la formation des magistrats et
auxiliaires de justice ainsi que celle des spécialistes en droit).
Le droit OHADA est d’une conception qui comprend des matières précises mais aussi
toutes celles que le conseil des ministres décideraient d’y inclure5. Cette conception extensive
du droit des affaires s’illustre déjà par des normes juridiques uniques appelées actes
uniformes. Ainsi, l’Acte Uniforme du 17 Octobre 1993 de l’Organisation pour
l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires dans son article 1er du Traité dispose :
« Le présent Traité a pour objet l’harmonisation du droit des affaires dans les Etats Parties
par l’élaboration et l’adoption de règles communes, simples, modernes et adaptées à la
situation de leurs économies… ».Pour parvenir à cette harmonisation, l’organisation adopte
9 actes uniformes6 relatifs aux domaines recouverts par le Droit des Affaires aux termes de

4Présentation OHADA (ohada.org) http://www.ohada.org/missions-et-objectifs.html


5
Article 12 du TRAITÉ PORTANT RÉVISION DU TRAITÉ RELATIF À L'HARMONISATION DU DROIT DES
AFFAIRES EN AFRIQUE Adopté le 17/10/2008 à Québec (CANADA).

9
l’article 2 du traité OHADA. Ces actes uniformes sont directement applicables et obligatoires
pour qu’il y’ait à terme une harmonisation, voire une unification7 des normes issus des Actes
uniformes.
Considérée comme ‘’ une constellation hétérogène d’infractions’’8, le droit pénal des
affaires est une branche assez récente du droit pénal général qui présente des particularismes
marqués, mais qui reste soumise aux principes fondamentaux du droit pénal général dont les
principaux sont : le principe de légalité des peines et de ses corolaires, la non-rétroactivité et
l’interprétation stricte de la loi pénale. Le droit pénal peut être défini succinctement comme
« la branche du droit qui punit certains actes appelés infractions »9. Si la définition du droit
pénal semble un peu clair, il est à noter qu’Il est difficile de donner une définition exacte du
droit pénal des affaires alors il est souvent défini comme l’ensemble des règles qui régulent,
assainissent la vie des affaires avec des sanctions pénales.

1. L’Acte uniforme relatif au droit commercial général, adopté le 17 avril 1997 (Journal Officiel de l'OHADA n°1 du
01/10/1997, p.1)
2. Acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement d'intérêt économique, adopté le
17/04/1997 (Journal Officiel de l'OHADA n°2 du 01/10/1997)
3. Acte uniforme portant organisation des sûretés, adopté le 17/04/1997 (Journal Officiel de l'OHADA n°3 du
01/10/1997)
4. Acte uniforme portant organisation des procédures simplifiées de recouvrement et des voies d'exécution, adopté le
10/04/1998 à Libreville (Gabon) (Journal Officiel de l'OHADA n°6 du 01/07/1998)
5. Acte uniforme portant organisation des procédures collectives d'apurement du passif, adopté le 10/04/1998 à
Libreville (Gabon) (Journal Officiel de l'OHADA n°7 du 01/07/1998)
6. Acte uniforme relatif au droit de l'arbitrage, adopté le 11/03/1999 (Journal Officiel de l'OHADA n°8 du 15/05/1999,
p.2)
7. Acte uniforme portant organisation et harmonisation des comptabilités des entreprises , adopté le 24/03/2000
(Journal Officiel de l'OHADA n°10 du 20/11/2000)
8. Acte uniforme relatif aux contrats de transport de marchandises par route, adopté le 22/03/2003 (Journal Officiel
de l'OHADA n° 13)
9. Acte uniforme relatif au droit des sociétés coopératives, adopté le 15/12/2010 à Lomé (Togo) (Journal Officiel de
l'OHADA n° 23 du 15/02/2011)
7
Sur les notions d’harmonisation et d’unification, V. Le Boulanger, aussi P.-G. Pougoué, Présentation générale et
procédure OHADA, P.U.A, Coll. Droit Uniforme, P.11. Selon cet auteur, « Dans l’harmonisation, on recherche à coordonner
des systèmes juridiques différents où à respecter la sensibilité essentielle d’une législation donnée. Il s’agit de réduire les
différences pour atteindre les objectifs communautaires… L’uniformisation ou unification est beaucoup plus radicale. Elle
aboutit dans une manière juridique donnée, à une réglementation unique, identique en tout point de vue pour les Etats
concernés. Il n’y a pas de place, en principe, pour les différences.
8
Barreau des Hauts-de-Seine, droit pénal des affaires ; [www.barreau92.com/espace-entreprises/droit-penal-des-
affaires/droit-penal-des-affaires.html
9 Jacques Leroy DROIT PENAL GENERAL 2003, L.G.D.J, Chapitre 2, P.52

10
Le droit pénal des affaires est un droit pénal spécial appliqué aux affaires, qui protège les
biens et son domaine concerne le large cadre des activités économiques qui font de ce droit
un droit à multiple sources.
Le Droit Pénal des Affaires, ne figure pas parmi les matières citées par l’art 2 du traité
OHADA. Toutefois, il est important de noter que l’article 5 du traité fondateur de l’OHADA10
stipule que : « Les Actes uniformes peuvent inclure des dispositions d’incrimination pénale,
les Etats parties s’engagent à déterminer les sanctions pénales encourues ». La mise en
place d’un Droit pénal OHADA se comprend très bien par« …la nécessité d’assainir le monde
des affaires afin de discipliner tant soit peu les opérateurs économiques dont les moyens usités
pour réaliser les bénéfices ne sont pas toujours les plus recommandés. Pour contrer la
délinquance économique en expansion continue, le législateur OHADA a mis en place des
incriminations nouvelles afin de mieux sanctionner les auteurs de pratiques déshonorantes
pour la vie des affaires et des comportements prohibés par la loi11. »

L’idée de l’émergence renvoie à l’idée de de l’apparition du droit pénal OHADA qui


semble être un jeune plant rabougri et dont les racines n’alimenteraient plus normalement
l’ensemble à cause de la mauvaise qualité de la terre ou de toute autre cause. Le droit OHADA
de manière générale évolue pas à pas pour permettre aux Etats de pouvoir mieux se
l’approprier et bien l’appréhender. L’émergence du droit OHADA de façon générale s’est
faite progressivement et prudemment du fait que les législations des Etats membres sont pour
des fois disparates et obsolètes. Cette évolution progressive se fait comme la croissance
humaine qui suit des étapes différentes comme le fait de s’asseoir, de gambader, de marcher
et de courir.
En effet, le Traité relatif à l'harmonisation en Afrique du droit des affaires, adopté le
17/10/1993 à Port-Louis (Ile Maurice) a été révisé et puis adopté le 17/10/2008 à Québec
(Canada). Cette révision est certes, selon Laurent Ben Kemoun,12 ‘’un progrès indéniable mais
à nuancer surtout avec un oubli remarquable concernant le rôle de la CCJA qui empiète sur
les cours de cassations nationales en ce qui concerne la compétence en matière judiciaire en

10Traité du 17 octobre 1993, signé à Port-Louis (Iles Maurice), révisé le 17 octobre 2008 à Québec (Canada).
11
Session de formation de l’ERSUMA du 24-27 Juillet 2012, Thème : L’ETAT DE L’APPLICATION DU DROIT PENAL
DES AFFAIRES OHADA DANS LES ETATS-PARTIES; sous-thème : « LA PROBLEMATIQUE DE L'EMERGENCE
D'UN DROIT PENAL DES AFFAIRES » OHADA, Corneille MOUKALA-MOUKOKO; Procureur Général près la Cour
d’Appel de Brazzaville.
12
Laurent Ben Kemoun, « L’OHADA, LE TEMPS ET LE DIABLE, REFLEXIONS SUR LE TRAITE DU QUEBEC »,
Ohadata D-14-08. L’auteur donne son appréciation concernant la révision du traité fondateur de l’OHADA, le 17 Octobre
2008. Pour lui, « la persévérance est un talisman pour la vie » donc cette modification est prématurée et mal faite car elle n’a
pas pris en compte certaines variables importantes pour l’évolution du droit OHADA dans le sens positif et surtout dans le
respects de l’institution communautaire ainsi que celles des Etats membres en même temps.

11
matière de Droit harmonisé dans toute la zone OHADA’’. Ensuite cette émergence légale a
touché les actes uniformes avec la révision de 3 des principaux actes contenant les dispositions
pénales et dont le but principal est plus de flexibilité dans le droit OHADA en l’adaptant aux
impératifs actuels de la vie des affaires. Cette réforme touche les trois (3) actes uniformes qui
contenant les incriminations pénales.
Il s’agit plus précisément de:
- 1° L’Acte uniforme révisé relatif au droit commercial général.13
- 2 ° L’Acte uniforme révisé portant organisation des sûretés14
- 3° L’Acte uniforme révisé relatif au droit des sociétés commerciales et du
groupement d'intérêt économique.15
L’émergence du droit OHADA se manifeste aussi par l’évolution du droit pénal des
affaires OHADA. Un constat amer est fait concernant l’application du droit pénal des affaires
OHADA. Sur les dix-sept (17) pays qui constituent actuellement l’espace OHADA, trois (3)
seulement ont déjà répondu à l’appel, rendant ainsi inapplicable le droit pénal OHADA dans
la majeure partie des Etats membres. Ces trois pays qui font office de pionniers sont le Sénégal,
le Cameroun et la République Centrafricaine. Le premier a prévu les peines requises à travers
la loi n°98-22 du 26 mars 1998 portant sur les sanctions pénales applicables aux infractions
contenues dans l’acte uniforme relatif aux droits de sociétés commerciales et du groupement
d’intérêt économique, le deuxième par la loi n°2003/008 du 10 juillet 2003 portant Répression
des infractions contenues dans certains actes uniformes OHADA et le troisième a introduit les
sanctions relatives aux infractions incriminées dans les actes uniformes OHADA dans la loi
n°10.001 du 06 janvier 2010 portant Code pénal Centrafricain. La République du Congo-
Brazzaville est sur le point de les suivre avec le projet de loi portant «détermination des
sanctions pénales aux infractions prévues par les actes uniformes du traité de l’OHADA
relatifs au droit commercial général, au droit des sociétés commerciales et du groupement
d’intérêt économique, au droit comptable, au droit des sûretés et au droit des procédures
collectives d’apurement du passif » qui est actuellement sur le bureau du parlement et attend
d’être adopté par le Sénat et l’Assemblée nationale. Le 11 juin 2014, des questions portant
spécifiquement sur chacun des titres dudit projet, y compris son intitulé, ont été également

13
Adopté le 15 décembre 2010 à Lomé (Togo) (Journal Officiel de l'OHADA n° 22 du 15/02/2011) et entré en
vigueur le 16 Mai 2011.
14
Adopté le 15 décembre 2010 à Lomé(Togo) (Journal Officiel de l'OHADA n° 23 du 15/02/2011) et entré aussi en vigueur
le 16 Mai 2011.
15
Adopté 30 janvier 2014 à Ouagadougou (Burkina Faso) (Journal Officiel de l'OHADA n° spécial du
04/02/2014) et entré en vigueur le 5 Mai 2014.

12
abordées. A ce propos, la ministre de la Justice a dit avoir décidé de changer ce titre qui devient
« Projet de loi portant modalités d’application du droit OHADA et la répression des infractions
prévues pour les actes uniformes en RDC »16.
La question de l’émergence du droit pénal OHADA est complexe car, il est très difficile
d’établir un bilan global et précis de l’application du droit OHADA, à la fois dans les pays
concernés et pour l’ensemble des actes adoptés et promulgués. D’autant plus que certains
actes ne sont entrés en vigueur que très récemment.17
Cette étude revêt pour nous d’un intérêt double car il s’agit de cerner les contours d’un
droit pénal OHADA tant bien dans sa conception que dans son application. Ce sujet a fait
couler beaucoup d’encre et de salive mais comme le doyen Carbonnier l’a affirmé: ‘’Le droit
est trop flexible pour que l’on puisse empêcher, au nom de l’affirmation arbitraire selon
laquelle tout aurait déjà été dit, l’émergence d’études nouvelles sur des règles ou des
institutions juridiques pourtant déjà longuement analysées.’’18
Se pose alors la question suivante : L’émergence du pénal OHADA, est-elle suffisante
pour assurer la sécurité juridique souhaitée par le traité de Port-Louis ?
Pour répondre à cette question, nous avons dû réunir suffisamment d’éléments
d’information sur le sujet. Pour cela, nous avons usé de la recherche documentaire (recherche
bibliothèque, recherche internet).

Nous avons fait face à certaines difficultés dans la collecte des données. Elles résultent
succinctement de la rareté des informations qui se rapportent au sujet. En effet, très peu
d’ouvrages dans les bibliothèques traitent du droit pénal OHADA étant donné que c’est une
matière complexe qui ne figure qu’à titre accessoire dans les actes uniformes. Le droit pénal
ne fait pas partie de la liste non limitative des matières couvertes par le droit OHADA.
Toutefois, ces différents obstacles n’ont pu freiner la réalisation de cette étude dont les
articulations sont axées sur deux points de réflexion :
Force est de constater que le droit pénal des affaires OHADA émerge difficilement
(CHAPITRE I) du fait de plusieurs facteurs dépendant soit d’elle, soit des Etats. Cette difficile
émergence est source d’insécurité juridique (CHAPITRE 2)

16
Journaldekin, avec ACP -, « Clôture du débat sur le projet de loi relatif au droit OHADA »,12/06/2014
[http://journaldekin.com/article.php?aid=3483;]
17
Jean PAILLUSEAU, « Le droit de l’OHADA, un droit très important et original », OHADATA D-12-64
18 Jean CARBONNIER, Flexible droit, L’auteur a noté à juste titre que le droit en tant que phénomène social était plus large
en portée que ses sources formelles ou que les règles impératives qu’il édictait — c’est-à-dire que son contenu « matériel ».

13
CHAPITRE I : UNE DIFFICILE EMERGENCE DU DROIT PENAL OHADA

14
CHAPITRE I : UNE DIFFICILE EMERGENCE DU DROIT PENAL OHADA.

La création de l’OHADA a été source d’espoirs à travers le continent, voir même dans
le monde car ce droit communautaire nouveau a été institué pour pouvoir lutter contre
l’insécurité juridique qui sévit dans le continent africain. Le droit OHADA est alors vu comme
la panacée contre la désuétude du droit des Etats africains qui ont pour la plupart pas amélioré
leurs législations héritées de la période coloniale. A travers sa législation contenue dans les
actes uniformes, l’OHADA a pour objectif d’harmoniser et d’uniformiser les législations de
ses Etats membres, créant ainsi un espace juridique commun concernant le droit des affaires.
Mais comme toute œuvre humaine est à parfaire, l’OHADA se bute alors à plusieurs obstacles
à franchir dont le principal est le mécanisme d’application de ses normes pénales dans les Etats
membres et, ensuite, l’adaptation de ses normes à la législation de son époque.

Ainsi donc, le droit pénal des affaires OHADA a pour goulot d’étranglement l’éclatement de
l’élément légal de l’infraction (Section I) et l’ignorance de certaines situations délictuelles
(Section II).

15
SECTION I : L’ECLATEMENT DE L’ELEMENT LEGAL DE L’INFRACTION.

Le principe de légalité veut que la source d’incrimination et de sanction résulte d’une


même source légale. Le droit pénal OHADA quand à lui a deux sources à savoir
l’incrimination au niveau communautaire (PARAGRAPHE I) et la sanction qui résulte de la
loi nationale (PARAGRAPHE II). Ce mécanisme a pour corolaire l’éclatement de l’élément
légal de l’infraction.

PARAGRAPHE I : LA DETERMINATION DES INFRACTIONS AU NIVEAU


COMMUNAUTAIRE.

L’incrimination est définie comme un acte législatif ou réglementaire par lequel est
définie une infraction.19 Autrement dit, c’est la détermination des comportements qui sont
prohibés.20 L’incrimination s’analyse aussi comme l’acte législatif ou réglementaire par lequel
une autorité compétente détermine les éléments constitutifs d’une infraction. En effet, pour
qu’une infraction soit constituée, il faut que le comportement répréhensible soit défini et que
le quantum de la peine applicable soit fixé.21
Les incriminations actuellement prévues dans le droit OHADA sont contenues dans
quatre (4) actes uniformes à savoir :
- L’Acte uniforme révisé relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement
d'intérêt économique.22
- L’Acte uniforme portant organisation des procédures collectives d'apurement du
passif.23
- L’Acte uniforme révisé portant organisation des sûretés.24
- L’Acte uniforme révisé relatif au droit commercial général.25

19 Lexique des termes juridiques, Dalloz, 21e édition, sous la Direction de Serge Guinchard, juin 2013
20 Définition du professeur NDIAW DIOUF Op.cit.
21
Op.cit.
22
Adopté 30 janvier 2014 à Ouagadougou (Burkina Faso) (Journal Officiel de l'OHADA n° spécial du 04/02/2014) et entré
en vigueur le 5 Mai 2014
23
Adopté le 10/04/1998 à Libreville (Gabon) (Journal Officiel de l'OHADA n°7 du 01/07/1998).
24
Adopté 15 décembre 2010 à Lomé(Togo) (Journal Officiel de l'OHADA n° 23 du 15/02/2011) et entré aussi
en vigueur le 16 Mai 2011
25 Adopté le 15 décembre 2010 à Lomé (Togo) (Journal Officiel de l'OHADA n° 22 du 15/02/2011) et entré en vigueur le 16
Mai 2011.

16
Les incriminations prévues dans l’Acte Uniforme supposent la mauvaise foi de l’auteur de
l’infraction et sont le plus souvent intentionnelles avec la formule ‘’encourent une sanction
pénale : ceux qui ont sciemment…’’.
Les délits sanctionnés par le droit OHADA ont trait à la constitution de la société, à
l’organisation et au fonctionnement et au contrôle de celle-ci. Puis, il existe des incriminations
visant les dirigeants ou les liquidateurs de société à propos de certaines causes de dissolution
ou de la liquidation des sociétés.
Il sera question pour nous alors de donner plus de détails sur les incriminations
contenues dans les différents actes uniformes que nous venons d’énumérer ci-dessus.

1- LES INFRACTIONS PREVUES PAR L’ACTE UNIFORME REVlSE


RELATIF AU DROIT DES SOCIETES COMMERCIALES ET DU
GROUPEMENT D’INTERET ECONOMIQUE.

Le législateur OHADA, dans le souci de favoriser un environnement sain d’affaires, a


encadré par des normes pénales, en ce qui concerne les sociétés commerciales et les
groupements intérêts économiques :
- La constitution de la société.
- Le fonctionnement de la société
- La gestion de la comptabilité des entreprises
- La dissolution des sociétés
- La liquidation des sociétés

a) Les incriminations relatives à la constitution de la société.

La société n’acquiert de personnalité juridique qu’à son immatriculation et donc son


existence n’est pas opposable aux tiers. Les associés peuvent mentir et faire preuve de
mauvaise foi à travers de manœuvres frauduleuses afin de réunir le capital social nécessaire à
la constitution de la société. C’est pourquoi le législateur incrimine ces actes mensongers tant
pour les tiers et les associés que pour la société elle-même. Les infractions incriminées
concernent : L’émission frauduleuse d’actions ; l’établissement frauduleux du certificat du
dépositaire ou de la déclaration notariée de souscription et de versement La simulation de
souscription ou de versements : la publication des faits faux et La surévaluation des apports
en nature.

17
L’Acte uniforme incrimine les incriminations relatives à la constitution des sociétés
comme le soulignent les articles 886 et 887 de l’AUSGIE révisé qui mentionnent 6 infractions
à savoir:
- L’émission frauduleuse d’actions qui consiste à émettre des actions d’une société
irrégulière.
- L’établissement frauduleux du certificat du dépositaire ou de la déclaration
notariée de souscription et de versement qui consiste à faire de faux certificats chez
le notaire ou le dépositaire (banquier) proclamant la sincérité et la véracité des
souscriptions et des versements correspondants pour que l’existence et l’authenticité
du capital d’une société par actions nouvellement créée soient affirmées aux yeux du
public.
- La simulation de souscription ou de versements qui consiste à présenter pour
existants des souscriptions fictives avec des manœuvres frauduleuses
- La publication des faits faux en vue d’obtenir des versements ou souscriptions
- La surévaluation des apports en nature qui consiste à l’attribution d’une évaluation
excessive de la valeur d’un apport. Elle fausse les rapports entre les associés et trompe
le tiers en favorisant l'apporteur qui recevra un nombre plus important d'actions que ce
qui lui est dû. Un autre danger de la surévaluation du capital est de tromper
potentiellement les tiers qui vont contracter avec la société sur les bases d'un capital
majoré artificiellement.

b) Les incriminations liées au fonctionnement des sociétés.

Dès sa création, la société doit entretenir une activité conformément à son objectif social.
La gestion de la société requiert des vertus qui empêchent l’abus des importants pouvoirs mis
à la disposition des dirigeants dans leurs intérêts personnels afin que ceux-ci ne portent pas
atteinte aux droits des associés de participer à la vie sociale de l’entreprise.
Nous pouvons citer entre autres :
- L’abus des biens et du crédit de la société ou abus de biens sociaux 26 qui consiste,
pour un dirigeant de société commerciale, à utiliser en connaissance de cause les biens,
le crédit, les pouvoirs ou les voix de la société à des fins personnelles, directes ou
indirectes et contraire à l’intérêt de la société. Cet abus est constitué d’un élément
matériel et d’un élément intentionnel.

26
AUSGIE révisé article 891.

18
L’élément matériel est la confusion de patrimoines et l’élément moral c’est la mauvaise
foi de l’auteur de l’infraction.
- Les atteintes aux droits des associés qui consistent en l’entrave à la participation à une
assemblée d’actionnaires. Il s’agit ici de la protection des actionnaires même minoritaires au
sein de l’entreprise.27
- L’obstacle et le refus au contrôle des comptes sociaux de l’entreprise : Il peut se
matérialiser par le défaut de désignation des commissaires aux comptes28, ou, s’ils sont
désignés, de ne pas les convoquer aux assemblées générales29. L’obstacle peut
concerner les empêchements aux vérifications d’usages des commissaires aux
comptes30 ou le refus de la communication des documents utiles pour
l’accomplissement de leur obligation au sein de l’entreprise.31
- Les informations mensongères des commissaires aux comptes32 :
Il s’agit de la validation des informations fausses par les commissaires aux comptes d’une
part mais surtout de la protection de l’information donnée et confirmée par les contrôleurs
légaux concernant les Etats financiers exactes de l’entreprise. Les informations protégées
contre le mensonge doivent remplir deux conditions, à savoir qu’elles doivent être des
informations données en exécution des missions légales ou rattachables à celles-ci, et elles
doivent porter sur la situation de la société.
Le législateur OHADA a pensé aussi à sanctionner les infractions relatives à la
comptabilité de l’entreprise pour dissuader les comptables, ainsi que les dirigeants des
sociétés de tout mensonge et des manœuvres frauduleuses de la part de ceux-ci.

27
Article 891-3, AUSGIE révisé
28 Pour que l’omission de provoquer la désignation des commissaires aux comptes expose les dirigeants à une sanction pénale,
il faut : Que le contrôle dont s’agit ait un caractère obligatoire ; que l’entité soumise au contrôle ait dépassé le stade de sa
constitution et donc qu’elle soit entrée en activité ; qu’il y ait eu, en cours de vie sociale, une rupture dans la continuité du
contrôle.
29 La constitution de l’infraction suppose que la désignation des commissaires aux comptes est obligatoire. Il faut ensuite que
l’assemblée générale ait été convoquée. Les auteurs principaux sont les dirigeants ayant commis les faits d’entrave aux
fonctions des commissaires, mais il y a aussi les personnes qui n’ont pas la qualité de dirigeant mais qui sont au service de la
personne morale contrôlée, les salariés qui en raison de leur fonction ou de leur pouvoir dans la société peuvent satisfaire les
demandes d’information du commissaire aux comptes.
30
Article 710 AUSGIE révisé.
31
Article 900 AUSGIE révisé.
32
Article 899 AUSGIE révisé.

19
c) Les infractions relatifs à la comptabilité.

La comptabilité est relative au bilan des activités de la société à savoir le capital social et
le résultat de l’exploitation et la comptabilité se doit d’être sincère et transparente.
L’Acte uniforme sanctionne pénalement les irrégularités comptables qui révèlent un
défaut de sincérité, notamment la répartition de dividendes fictifs33 entre les associés et la
communication d’états financiers34 ne donnant pas une image fidèle de la situation
financière et comptable de la société.
- La distribution de dividendes fictifs est liée à l’existence du bénéfice. Ce délit
trompe les associés et les investisseurs car il donne l’apparence d’une fausse
prospérité à la société. Il porte aussi gravement atteinte au droit de gage des
créanciers,
L’existence du délit suppose l’absence de l’inventaire ou son caractère frauduleux.
L’infraction doit donc réunir les éléments matériels et moral, à savoir un inventaire fictif ou
frauduleux, une répartition de dividendes fictifs et une mauvaise foi.
- La communication de la comptabilité est qualifiée de délit de présentation ou de
publication de comptes annuels ne donnant pas une image fidèle de la situation de la
société.
Il s’agit ici de protéger les associés, les créanciers et les investisseurs potentiels contre les
mensonges concernant les comptes sociaux de l’entreprise. Il s’’agit aussi de la protection de
l’ordre économique et financier qui peut être déstabilisé.
A côté de ces infractions, se trouvent l’infraction sur la dissolution de la société.

d) L’infraction relative à la dissolution de la société.

La dissolution marque la fin de la vie de la société-personne morale. Elle peut en principe


être légale, amiable ou judiciaire. Elle doit absolument être publiée pour pouvoir être opposée
aux tiers.35
L’infraction relative à la dissolution de la société est la perte de la moitié du capital36.

33
Article 889 AUSGIE révisé.
34
Article 890 AUSGIE révisé.
35
Lexique des termes juridiques, 21e édition Dalloz, juin 2013.
36
En effet, l’article 901 AUSGIE révisé

20
Généralement, dès qu’une société fait l’objet d’une dissolution, une société est en
liquidation et sa raison ou sa dénomination sociale est suivie de la mention : « société en
liquidation ».

e) Les infractions concernant la liquidation de la société.

La liquidation est l’ensemble des opérations préliminaires au partage d’une indivision,


quelle qu’en soit l’origine (succession, dissolution d’une société). Elle consiste à payer le
passif sur les éléments afin que le partage puisse être partagé (probablement entre les associés).
Elle permet de dégager l’actif net et de conserver jusqu’au partage.37
Le liquidateur est soumis un rôle précis dans la société.38
Le liquidateur qui manquerait à ses obligations commettrait les infractions pénales
suivantes prévues aux articles 902 à 904 de l’AUSGIE.
L’AUSGIE semble être l’acte uniforme qui a le plus grand nombre de normes pénales. On
retrouve dans d’autres actes des dispositions similaires comme celles de l’Acte Uniforme
portant organisation et harmonisation des Comptabilités des Entreprises concernant les
dirigeants sociaux39 ou complémentaires comme celle de l’AUPCAP qu’on abordera ensuite.

2 - LES INFRACTIONS PREVUES PAR L’ACTE UNIFORME RELATIF AUX


PROCEDURES COLLECTIVES ET DE L’APPUREMENT DU PASSIF.

La société peut prendre fin par l’initiative de ses fondateurs ou bien suite à des difficultés.
La notion d’entreprise en difficultés est une notion complexe ayant plusieurs acceptions. Selon
certains auteurs,40 « Il apparaît ainsi difficile de donner une définition de l’entreprise en
difficulté, concept économique41 plus que juridique. Le législateur OHADA s’est d’ailleurs
abstenu de régler clairement la question, ses actuels progrès se limitant tout simplement à la
définition de la notion de cessation des paiements42 et à l’énoncé de certaines indications

37 Cf. réf. 39.


38 Articles 230 à 233 de l’AUSGIE révisé.
39
Article 111 AUCE.
40 NGUIHE KANTE Pascal, « REFLEXIONS SUR LA NOTION D’ENTREPRISE EN DIFFICULTE DANS L’ACTE
UNIFORME PORTANT ORGANISATION DES PROCEDURES COLLECTIVES D’APUREMENT DU PASSIF
OHADA ».
41 Cf. CHAPUT (Y.), L’inégalité des débiteurs face aux procédures collectives, études offertes à E. de
LAGRANGE, LGDJ, 1978, P. 117, spé, P. 125.
42 er
Contrairement aux articles 437 du Code de Commerce de 1807 et 1 de la loi de 1889 qui renvoyaient à la notion
de cessation des paiements sans la définir, l’Acte Uniforme, tout en conservant cette notion, a procédé également à sa

21
relatives à la survenance d’une situation très préoccupante.43 Dès lors, le nouveau droit de
procédures collectives d’apurement du passif OHADA retient une définition restrictive de
l’entreprise en difficulté dans le cadre de ses conditions d’ouverture et incluant à la fois l’état
de cessation des paiements ainsi que la situation difficile mais non irrémédiablement
compromise44.»
D’autres auteurs45 ont une définition inspirée de l’acte uniforme OHADA en ces termes:
« La cessation des paiements se traduit par l’impossibilité dans laquelle se trouve un débiteur
ou une entreprise de faire face à son passif exigible avec son actif disponible, c’est -à- dire de
payer ses dettes échues. La cessation de paiement entraîne l’ouverture d’une procédure de
redressement ou de liquidation judiciaires. »
Dans le but de protéger les créanciers sociaux de l’entreprise, le législateur a prévu des
infractions pénales à l’encontre de certains responsables de l’entreprise. Il s’agit de la
banqueroute et des infractions connexes.

a) La banqueroute.

Le législateur OHADA n’a pas défini la banqueroute dans l’acte uniforme relatif à
l’apurement du passif. On suppose alors qu’il laisse le soin aux Etats de définir la banqueroute
mais le droit marocain (article 556 du Code Pénal marocain) par exemple définit la
banqueroute de la manière suivante :
« Est coupable de banqueroute et puni des peines édictées à la présente section suivant
que cette banqueroute est simple ou frauduleuse, tout commerçant en état de cessation de
paiements qui, soit par négligence, soit intentionnellement, a accompli des actes coupables
de nature à nuire à ses créanciers. ».
Le code pénal sénégalais semble être silencieux quant au code pénal camerounais, il définit
la banqueroute mais pas de manière claire et nette.46

définition. L’article 25 dispose ainsi: ‘‘le débiteur qui est dans l’impossibilité de faire face à son passif exigible avec son actif
disponible doit faire une déclaration de cessation de paiement…’’
43 Cf. article 2 alinéas 2 et 4 de l’Acte Uniforme portant organisation des procédures collectives d’apurement du passif
OHADA. A dire vrai, la notion d’entreprise en difficulté va au- delà du simple état de cessation de paiements et
recouvre également toutes les situations caractéristiques de l’état de pré-cessation de paiements que sont l’insolvabilité, le
surendettement, la simple situation difficile...
44 11
Cf. article 2 alinéas 2 et 4 de l’Acte Uniforme précité
45
Hilarion Alain BITSAMANA, Dictionnaire de Droit OHADA, Ohadata D-05-33
46
Article 334 du code pénal camerounais concernant les mandataires sociaux Mandataires sociaux.

22
L’article 227 de l’Acte uniforme portant organisation des procédures collectives
d’apurement du passif prévoit que « les dispositions de la présente section s’appliquent :
aux commerçants personnes physiques et aux associés des sociétés commerciales qui
ont la qualité de commerçants.»
Le législateur OHADA a par contre définit les éléments constitutifs de la banqueroute
simple47 et celle frauduleuse48 selon les cas ainsi que des infractions connexes.

b) Les infractions connexes et les autres infractions.

Les infractions connexes sont assimilées soit à la banqueroute simple49, soit à la banqueroute
frauduleuse50. Les autres infractions sont du fait des tiers ou des parents du débiteur. Elles sont
punies des mêmes peines que la banqueroute.
Elles s’appliquent selon l’article 230 :
1°) aux personnes physiques dirigeantes de personnes morales assujetties aux procédures
collectives;
2°) aux personnes physiques représentantes permanentes de personnes morales dirigeantes,
des personnes morales visées au 1°) ci-dessus.
Les dirigeants visés au présent article s'entendent de tous les dirigeants de droit ou de fait et,
d'une manière générale, de toute personne ayant directement ou par personne interposée,
administré, géré ou liquidé la personne morale sous le couvert ou aux lieux et place de ses
représentants légaux. »
Les autres infractions sont relatives de l’AUPCAP visent les infractions commises de
mauvaises foi par des tiers ou parents du débiteurs, dans leur propre intérêts ou de celui d’un
tiers. Il d’agit des délits comme le détournement, toutes les soustractions, le recel, les
manœuvres frauduleuses, les poursuites abusives, des dispositions des biens au préjudice du
débiteur.51
Le législateur OHADA s’est aussi penché sur les infractions relatives au droit des sûretés
pour permettre l’instauration d’un environnement sain d’affaires garantissant une sécurité
juridique.

47
Article 228 AUPCAP :
48 Article 229 AUPCAP
49
Article 231 & 232 AUCAP
50 Article 233 AUPCAP
51 Articles 240 à 246 de l’AUPCAP.

23
3- LES INFRACTIONS PREVUES PAR L’ACTE UNIFORME REVISE
PORTANT ORGANISATION DES SURETES.

L’incrimination pénale de l’Acte Uniforme révisé portant organisation des Sûretés,


porte sur des sûretés mobilières 52 dont les inscriptions sont irrégulières et entachées
de fraude dont l’auteur est de mauvaise foi.

4- LES INFRACTIONS PREVUES PAR L’ACTE UNIFORME REVISE SUR LE


DROIT COMMERCIAL GENERAL.

L’acte uniforme révisé relatif au droit commercial général incrimine avant tout, le
défaut d’immatriculation, le défaut d’inscription modificative, le refus de radiation, la fraude
d’une société.53 L’inscription est obligatoire54 et permet à la société immatriculée d’avoir non
seulement la personnalité morale, mais d’assurer l’information des tiers, des associés
potentiels.
L’acte uniforme incrimine également les infractions que peut commettre un locataire-
gérant lorsqu’il émet des documents à caractère financier ou commercial55. Il s’agit ici de
pousser les locataires gérants à être en conformité avec les normes concernant la constitution
de la société afin de garantir la sécurité juridique des clients ou des associés potentiels. Il s’agit
aussi de permettre l’identification de l’authenticité des preuves contre le locataire-gérant.
Au vu de tout ce qui précède, nous pouvons dire que le législateur OHADA a prévu
des incriminations pénales qui peuvent assurer le minimum de sécurité judiciaire dans le
monde des affaires. Il a non-seulement édicté des normes mais cherché à préciser les
comportements prohibés dans le monde des affaires à travers les réformes qui touchent la
plupart des actes uniformes contenant des normes pénales.
Après avoir incriminé, l’acte uniforme renvoie toujours l’application de ces normes
aux Etats, conformément à leurs législations, respectant ainsi leur souveraineté.

52
Article 65 AUS révisé.
53
Article 69 AUDCG révisé.
54
Article 44 AUDCG révisé.
55 Article 140 AUDCG révisé.

24
PARAGRAPHE II : LA DETERMINATION DES SANCTIONS AU NIVEAU
NATIONAL.

Le législateur OHADA donne la compétence d’édiction des sanctions pénales aux Etats
membres. Le législateur OHADA renvoie alors aux normes nationales préexistantes (A) ou à
des textes à créer (B).

A) LE RENVOI A DES TEXTES PREEXISTANTS.

L’article 5 du traité fondateur de l’OHADA dispose : « Les Actes uniformes peuvent


inclure des dispositions d’incrimination pénale, les Etats parties s’engagent à déterminer
les sanctions pénales encourues ». Le législateur OHADA renvoie alors aux textes nationaux
préexistants pour sanctionner, il laisse le soin aux Etats de décider souverainement des peines
conformément à leurs politiques criminelles.
Le traité fondateur de l’OHADA procède à un aménagement de la souveraineté nationale
des Etats membres56, autrement dit, une limitation de leur souveraineté57 plutôt qu’à un
abandon de la souveraineté comme certains auteurs ont pu le constater.58Les Etats ont accepté
de donner le pouvoir d’incrimination à l’organe supranational qui, par le biais du Conseil des
ministres, adopte les actes uniformes après avis de la Cour Commune de justice et
d’arbitrage.59 L’Acte uniforme renvoie à une norme préexistante et détermine ce qui doit être
sanctionné et comment il doit l’être.
Lorsque l’Acte Uniforme renvoie à une norme préexistante, il lui arrive de déterminer non-
seulement ce qui doit être sanctionné mais comment il doit l’être. Une analyse des dispositions
d’incrimination des actes uniformes portant organisation des sûretés ; des procédures
d’apurement du passif pour se rendre compte que les Etats n’ont aucun pouvoir d’appréciation
puisque c’est l’Acte uniforme qui choisit -même indirectement- la peine applicable par
référence à une législation nationale.

56
Hervé Magloire MONEBOULOU MINKADA, « L’expression de la souveraineté des Etats membres de l’OHADA : une
solution-problème a l’intégration juridique ? » Juridical Tribune, Volume 3, Issue 2, Décembre 2013, P.81-108.
57 Le Conseil Constitutionnel du Sénégal a été saisi par le Président de la République pour se prononcer sur la
constitutionnalité des articles 14 et 15 du traité de Port-Louis au regard des articles 80 et 82 alinéas 3 de la Constitution de
1963. Dans un arrêt rendu le 16 Décembre 1993, la Cour Constitutionnelle du Sénégal estime qu’il s’agit tout simplement
d’une limitation de souveraineté qu’implique tout engagement international.
58
Kenfack Douajni, «L’abandon de souveraineté dans le Traité OHADA», Revue Penant n° 830 mai-aout 1999,
p. 125.
59 Article 6 du Traité OHADA de Port-Louis.

25
L’Acte uniforme portant organisation des sûretés prévoit, dans son article 97 dernier alinéa
que les peines prévues pour le délit d’abus de confiance s’appliquent au débiteur ou toute autre
personne qui, par des manœuvres frauduleuses, prive le créancier nanti de ses droits ou les
diminue.
Concernant l’acte uniforme portant organisation des procédures collectives et d’apurement
du passif, il est renvoyé aux Etats, la sanction des comportements prohibés comme les délits
de banqueroute simple et frauduleuse, les comportements illégaux des syndics60.
Il est relevé à ce niveau plusieurs difficultés quand c’est le législateur qui fixe les
conditions de comment les Etats doivent sanctionner car, si certaines infractions sont
clairement définies par le législateur, l’identification de beaucoup d’incriminations dans les
lois nationales s’avère difficile et donnent l’impression de chercher une aiguille dans un botte
de foin.
Lorsque l’Acte uniforme ne fait que renvoyer à la législation nationale, il donne la latitude
au législateur nationale de déterminer comment la sanction doit être appliquée et dans quelles
conditions spécifiques. Toutefois, il y’a ici un risque car il y’a risque de disparité qui serait un
obstacle à l’uniformisation du droit OHADA.
En cas d’absence de sanction adéquate d’une infraction au niveau national, le droit
OHADA renvoie à des textes à créer.

B) LE RENVOI A DES TEXTES A CREER.

Le renvoi à des textes à créer laisse une large marge de manœuvres aux Etats en matière
de détermination de la sanction des incriminations édictées par le législateur OHADA. Cette
méthode serait conforme à l’article 5 alinéa 2 du traité OHADA.
Cette méthode est utilisée par :
- L’Actes uniforme relatif aux sociétés commerciales et aux groupements d’intérêts
économiques ;
- L’Acte uniforme relatif au droit commercial général ;
- L’acte uniforme portant organisation et harmonisation des comptabilités des
entreprises
Pour la sanction des comportements prohibés dans ces actes uniformes nécessitent la
création des textes spécifiques par le législateur national.

60 Article 226 AUPCAP.

26
S’agissant de l’Acte uniforme relatif aux sociétés commerciales et aux groupements
d’intérêts économique, nous pouvons donner comme exemple l’article 891 qui dispose :
« encourent une sanction pénale, le gérant de la société à responsabilité limitée, les
administrateurs, le président directeur général, le directeur général, l’administrateur général
ou l’administrateur général adjoint qui, de mauvaise foi, font du bien ou du crédit de la société,
un usage qu’ils savaient contraire à l’intérêt de celle-ci, à des fins personnelles, matérielles ou
morales, ou pour favoriser une autre personne morale dans laquelle ils étaient intéressés,
directement ou indirectement ».
Concernant l’Acte uniforme révisé relatif au droit commercial général, nous pouvons citer
l’article 65 qui dispose: « toute inscription de sûreté mobilière, effectuée par fraude, ou
portant des indications inexactes données de mauvaise foi, est punie des peines prévues par la
loi pénale nationale. La juridiction compétente, ou l’autorité compétente dans l’Etat partie,
en prononçant la condamnation, pourra ordonner la rectification de la mention inexacte dans
les termes qu’elle détermine ».
L’acte uniforme portant organisation et harmonisation des comptabilités des entreprises
ne fait pas exception aux deux premiers actes uniformes cités-ci-dessus. Il annonce dans son
article 111 alinéa dernier que les infractions prévues seront punies conformément aux
dispositions de droit pénal en vigueur dans les Etats parties.

Au vu de tout ce qui précède, l’émergence du droit pénal a pour principal obstacle


l’éclatement de l’élément légal de l’infraction. Toutefois, il est aussi à noter que l’émergence
du droit pénal se heurte aussi à l’ignorance de certaines situations délictuelles pourtant
actuelles.

27
SECTION II : L’IGNORANCE DE CERTAINES SITUATIONS DELICTUELLES.

Le droit pénal OHADA, du haut de sa vingtaine d’années d’existence, semble être en retard
par rapport à son époque concernant l’incrimination de certains comportements pourtant
existants lors de sa création.
En effet, le législateur OHADA n’a pas consacré la responsabilité pénale de la personne
morale et celle de son dirigeant dans sa relation sociale (I). Il n’a aussi pas pris en compte les
infractions des marchés financiers (II).

PARAGRAPHE I : L’ABSENCE DE CONSECRATION DE LA RESPONSABILITE


PENALE DE LA PERSONNE MORALE ET DE SON REPRESENTANT.

A) L’ABSENCE DE LA RESPONSABILITE PENALE DE LA PERSONNE


MORALE.

Le monde des affaires a pour acteurs les entreprises (personnes morales) et les personnes
physiques. L’OHADA qui a pour objectif d’assurer la sécurité juridique et judiciaire a pourtant
semblé ignorer l’égalité des acteurs en incriminant uniquement les dérives des personnes
physiques qui participent à la vie de l’entreprise.
L’entreprise a plusieurs définitions. Elle est définie comme étant une unité économique
qui implique la mise en œuvre de moyens humains et matériels de production ou de
distribution des richesses reposant sur une organisation préétablie. Elle est aussi définie
comme étant un ensemble organisé de personnes et d’éléments corporels et incorporels
permettant l’exercice d’une activité économique qui poursuit un objectif propre. Plusieurs
sociétés juridiquement distinctes peuvent, au regard du droit du travail, constituer une seule
entreprise.61
En principe, l’entreprise est une personne morale dotée d’une personnalité juridique -après
les formalités requises et donc sujet de droit et d’obligations au même titre qu’une personne
physique. C’est dans ce contexte que le code pénal français de 1992 qui dans son article 121-
2 dispose : « Les personnes morales, à l'exclusion de l'Etat, sont responsables pénalement
(…) des infractions commises, pour leur compte, par leurs organes ou représentants.
Toutefois, les collectivités territoriales et leurs groupements ne sont responsables
pénalement que des infractions commises dans l'exercice d'activités susceptibles de faire
l'objet de conventions de délégation de service public. »

61 Définition du Lexique des termes juridiques, 21e édition, Dalloz, juin 2013

28
Sont concernées toutes les sociétés civiles et commerciales, les associations, les syndicat
à l’exception des groupements qui sont dépourvus de la personnalité morale (sociétés de fait)..
Pour que la responsabilité pénale de l’entreprise soit retenue, il faut que l’infraction lui soit
imputable et qu’elle soit commise par l’un de ses organes ‘gestion, contrôle, permanents,
provisoire) ou ses représentants légaux ou statutaires qui agissent en son nom depuis la période
de formation à la période de liquidation. Les collectivités locales et leurs groupements quant
à elles, ne sont responsables pénalement que des infractions commises dans l’exercice
d’activités susceptibles de faire l’objet de convention de délégation de service public62.
La responsabilité pénale des personnes morales n’exclue pas celle des personnes auteurs
ou complices des mêmes faits dans les cas prévus par la loi.
La personne morale peut être condamnée à titre principal ou comme complice63 mais cela
n’exclut pas celle de l’employeur personne physique pour les mêmes faits64.
Le droit pénal français retient aussi bien les infractions intentionnelles que non-
intentionnelles, contrairement au droit pénal OHADA qui n’a retenu que des infractions
intentionnelles à l’égard des dirigeants et/ou représentants de la personne morale.
Les peines prévues sont de plusieurs types :
- Les amendes
- L’interdiction à titre temporaire ou définitif d’exercer une activité professionnelle ou
sociale.
- Le placement sous surveillance judiciaire.
- L’exclusion des marchés publics
La protection des intérêts des personnes ne doit pas être partielle de telle sorte qu’elle ne
bénéficie qu’à une partie des sujets de droit à savoir la personne morale qui se trouve en
quelque sorte exemptée de toute responsabilité morale bien que le droit pénal OHADA soit
antérieur à la réforme du code pénal français de 1992 qui a consacré la responsabilité pénale
des entreprises.
La responsabilité pénale des entreprises concerne entre autres, les crimes contre
l’environnement, la corruption ou le terrorisme et la criminalité financière, les infractions à
l’encontre de la législation du droit du travail. Si le législateur a porté un accent particulier sur
les infractions allant de la création de l’entreprise à sa dissolution, il n’a pas tenu à sanctionner

62
Article 121-2 Code pénal français
63 Articles 121-4 et 121-7 code pénal français.
64 Article 1212-2 dernier alinéa Code pénal français.

29
les dérives de l’entreprise en tant que personne morale mais plutôt celle des dirigeants à titre
personnel.
Les Etats membres font de leur mieux pour prévenir et sanctionner les dérives des
personnes morales sur leurs territoires respectifs.
Nous pouvons citer l’exemple de la sanction de la compagnie pétrolière chinoise China
National Petroleum Corporation (CNPC) par le gouvernement du Tchad qui a retiré 5 permis
d’exploration à la compagnie pour non-respect à la législation environnementale en vigueur
dans le pays. Le Tchad a pris comme sanction l’interdiction de toute activité d’exploration,
et condamné à payer une amende de 1,2 milliard de dollars US, pour les même raisons. Le
gouvernement tchadien avait par ailleurs annoncé des poursuites judiciaires contre
l’entreprise chinoise, aussi bien à l’international que sur le plan national pour « dégradation
de l’environnement et mise en danger de la vie d’autrui»65. Le gouvernement tchadien a
annoncé en Octobre 2014 la conclusion d'un accord de 400 millions de dollars avec la
compagnie China National Petroleum Corporation (CNPC) en échange de l'abandon des
poursuites engagées suite au refus de l'entreprise pétrolière de payer une amende de 1,2
milliard de dollars.
En plus des 400 millions de dollars, l'État Tchadien aura une prise de participation de
10 % dans tous ses champs en production. Les permis concernant cinq blocs qui ont été annulés
fin juillet seront restitués mais avec de nouvelles conditions. Le Tchad deviendra actionnaire
de ces nouveaux permis", a indiqué le ministre du Pétrole Djerassem Le Bemadjiel.
Cet accord met un terme à la procédure intentée devant la Cour internationale d'arbitrage de
la Chambre de commerce internationale de Paris. Le ministère de l'Agriculture et de
l'Environnement a également annoncé le retrait de la plainte déposée à N'Djamena en août
2014.66
En effet, la société chinoise avait déversé le pétrole brut extrait d’un forage de pétrole
dans une tranchée de 50 mètres carré et deux mètre de profondeur sans aucune protection
contre la dégradation de la nature ainsi que celle des employés qui ont été exposés aux
substances toxiques cancérigènes. Le brut extrait exposé à la nature a été ensuite récupéré pour
être brûlé en pleine forêt.

65
Sahel intelligence, Posté le 11 août 2014 par Frédéric Powelton dans A la une,, « Le retrait des permis d’exploration à la
CNPC par L’Etat tchadien. », [http://sahel-intelligence.com/5160-tchad-retrait-des-permis-dexploration-a-la-cnpc.html]
66 HYDROCARBURES Litige : le Tchad conclut un accord avec le chinois CNPC, lundi 27 octobre 2014, JEUNE AFRIQUE
[http://economie.jeuneafrique.com/index.php?option=com_content&view=article&id=23379]

30
La question de la responsabilité des personnes morales ne se pose même plus en Iran, en
Ecosse, en Allemagne, aux Etats unis alors le législateur OHADA ne saurait donner d’excuse
valable pour l’omission de la consécration de la responsabilité pénale des personnes morales.
Il en est de même pour la responsabilité pénale du chef de l’entreprise dans la gestion
sociale de l’entreprise.

B) L’ABSENCE DE LA RESPONSABILITE PENALE DU CHEF DE


L’ENTREPRISE DANS SA GESTION SOCIALE.

Bien que le droit du travail figure parmi la liste limitative des matières recouvertes par
l’OHADA67, il n’existe pas d’Acte Uniforme relatif à la matière consacrée par le législateur
communautaire pour le moment. Cette absence d’Acte Uniforme relatif au Droit du travail
OHADA engendre un problème majeur qui est l’absence de responsabilité pénale du chef
d’entreprise dans la gestion sociale de ses affaires.
En effet, le droit OHADA ne reconnait pas la responsabilité pénale du chef de l’entreprise
en droit du travail. En nous appuyant sur le droit français68 qui donne une perspective plus
large et du droit sénégalais, nous avons pu dégager l’étendue de cette responsabilité.
Le chef d’entreprise est la personne physique qui représente l’employeur ou l’entreprise.
Il a sous sa responsabilité les personnes et les biens dans l’entreprise. Le chef d’entreprise
diffère selon la forme de la société à savoir :
- Le gérant pour la SNC et la SARL,
- Le dirigeant de droit dans l’entreprise individuelle,
- Le président du conseil d’administration pour les associations,
- Le président pour la SAS,
- Le président du conseil d’administration ou du directoire en SA.
Le chef d’entreprise est pénalement responsable du fait de ses obligations personnelles de
chef d’entreprise. Il est aussi pénalement responsable pour les faits commis par les salariés.
S’agissant de la responsabilité du fait personnel, selon le code des obligations civiles et
commerciales sénégalais69, le chef d’entreprise (le gérant) dispose de tous les pouvoirs pour
agir au nom de la société et que ce dernier est responsable de toutes ses fautes conformément
aux règles de droit commun envers la société et les tiers.

67 L’article 2 du traité OHADA de Port-Louis cite le droit du travail dans la liste des matières qui entrent dans le domaine de
l’harmonisation du droit OHADA.
68 Dominique Serio, Droit pénal du travail, éditions ellipses, septembre 2010
69 Article 794 et 795 du COCC sénégalais

31
S’agissant de la responsabilité du chef d’entreprise du fait de ses préposés, la jurisprudence
française avait décidé qu’elle ne peut être invoquée que si une infraction aux règles d’hygiène,
de sécurité et de salubrité applicables à une entreprise est commise par un salarié. Cette
responsabilité ne sera retenue que s’il est difficile d’identifier le salarié à l’origine du fait
coupable ou si celui-ci tire bénéfice de la commission d’infraction. Toutefois, il est à préciser
que plusieurs conditions cumulatives ont été posées à savoir :
- Cette responsabilité ne s’applique qu’en cas de délit et de contravention mais
nullement au crime
- Le lien de subordination doit être caractérisé
- Le lien entre l’infraction et l’entreprise doit exister
- La faute du dirigeant doit être caractérisée (négligence ou défaut de surveillance)
- Le dirigeant peut s’exonérer en cas de délégation de pouvoir
La responsabilité du chef de l’entreprise du fait de son préposé n’est pas une responsabilité
du fait d’autrui puisqu’elle suppose la faute du chef d’entreprise.

Au regard de ce qui précède, le législateur OHADA n’a pas pris en compte les situations
délictuelles comme la responsabilité pénale des personnes morales mais aussi la responsabilité
pénale du chef de l’entreprise dans sa gestion sociale.
Toutefois, il est à préciser que le législateur OHADA n’a pas aussi pris en compte les
infractions relatives aux marchés financiers.

PARAGRAPHE II : l’ABSENCE DE CONSECRATION DES INFRACTIONS DES


MARCHES FINANCIERS.

Les marchés financiers sont des marchés dans lesquels se rencontrent les demandes et
les offres de capitaux à long terme. Autrement dit ce sont les marchés sur lesquels sont
négociés les instruments financiers70.
Les principales infractions des marchés financiers sont : le délit d’initié, le délit d’informations
privilégiées, le délit de manipulation des cours et le délit de fausse information. Ces délits sont
donc soit des délits relatifs soit à la communication de l’information (A), soit à des manœuvres
frauduleuses (B).

70 Article L211-1 Code monétaire et financier français Modifié par Ordonnance n°2009-15 du 8 janvier 2009 art.1 « Les
instruments financiers comprennent sont les titres financiers et les contrats financiers ».

32
A) LES INFRACTIONS RELATIVES A LA COMMUNICATION DE
L’INFORMATION.

Les infractions relatives à la communication de l’information sont celles qui encadrent la


divulgation de celle-ci quand celle-ci risque de modifier le comportement des opérateurs
économiques sur le marché boursier et de provoquer ainsi le dérèglement du marché boursier.
Nous avons à ce titre le délit d’informations privilégiées et le délit de fausse information.
Le délit d’informations privilégiées : C’est le fait, pour toute personne disposant dans
l'exercice de sa profession ou de ses fonctions d'une information privilégiée sur les perspectives
ou la situation d'un émetteur dont les titres sont négociés sur un marché réglementé ou sur les
perspectives d'évolution d'un instrument financier admis sur un marché réglementé, de la
communiquer à un tiers en dehors du cadre normal de sa profession ou de ses fonctions71.
Le délit de fausse information : Le fait, pour toute personne, de répandre dans le public par
des voies et moyens quelconques des informations fausses ou trompeuses sur les perspectives
ou la situation d'un émetteur dont les titres sont négociés sur un marché réglementé ou sur les
perspectives d'évolution d'un instrument financier admis sur un marché réglementé, de nature
à agir sur les cours.72
Le législateur OHADA a omis, en ce qui concerne les marchés financiers, deux importantes
infractions relatives aux manœuvres frauduleuses.

B) LES INFRACTIONS RELATIVES AUX MANŒUVRES FRAUDULEUSES.

Les infractions relatives aux manœuvres frauduleuses sont celles qui concernent les actions
commises par les personnes disposant d’une information sur les transactions, dans le cadre de
leur travail, qu’ils en disposent pour déréguler le marché.
Le délit d’initié : Le délit d’initié est le fait, pour les dirigeants d'une société mentionnée
à l'article L. 225-109 du code de commerce, et pour les personnes disposant, à l'occasion de
l'exercice de leur profession ou de leurs fonctions, d'informations privilégiées sur les
perspectives ou la situation d'un émetteur dont les titres sont négociés sur un marché
réglementé ou sur les perspectives d'évolution d'un instrument financier admis sur un marché
réglementé, de réaliser ou de permettre de réaliser, soit directement, soit par personne

71
Article L. 465-1 C. mon. fin. Français.
72
Article L. 465-2 Code monétaire financier Français.

33
interposée, une ou plusieurs opérations avant que le public ait connaissance de ces
informations73.
Le délit de manipulation de cours : Le fait, pour toute personne, d'exercer ou de tenter
d'exercer, directement ou par personne interposée, une manœuvre ayant pour objet d'entraver
le fonctionnement régulier d'un marché réglementé en induisant autrui en erreur.74

Au vu de tout ce qui précède dans ce premier chapitre, nous pouvons dire que le droit pénal
OHADA est un droit dont l’apparition et la maturité on des obstacles de plusieurs ordres. Ces
obstacles sont soit au niveau de l’OHADA, soit au niveau des Etats parties. Tous ces obstacles
ne jouent pas en faveur d’une émergence aisée du droit pénal OHADA.
La difficile émergence du droit pénal OHADA s’avère alors être source d’une insécurité
juridique qui risque de brouiller les pistes déjà marquées pour une sécurité juridique qui serait
facteur de décollage économique au sein des Etats membres.

73 Article L. 465-1du Code monétaire et financier français.


74 Article L. 465-2 Code monétaire financier Français.

34
CHAPITRE II- UNE DIFFICILE EMERGENCE SOURCE D’INSECURITE JURIDIQUE

35
CHAPITRE II- UNE DIFFICILE EMERGENCE SOURCE D’INSECURITE
JURIDIQUE.

L’émergence du droit pénal OHADA est un problème majeur car il flirte avec la
souveraineté des Etats, domaine sensible. Un compromis a été trouvé à savoir l’éclatement de
l’élément légal mais cette solution a un revers qui s’avère néfaste (Paragraphe I) et les
conséquences à long terme pourraient être contraires à l’harmonisation et l’uniformisation des
législations nationales. A côté de cela, se trouve le problème de l’ignorance de certaines
situations délictuelles dont les menaces sont pourtant réelles et encore plus chaotiques. C’est
alors dans cette optique qu’un plaidoyer a été fait ont été alors mis en exergue pour une
émergence du droit pénal OHADA et la sécurité juridique escomptées (Paragraphe II).

36
SECTION I : LES EFFETS NEFASTES DE L’ECLATEMENT DE L’ELEMENT
LEGAL.

Résultat d’un compromis entre l’OHADA et les Etats, l’éclatement de l’élément légal
de l’infraction a pour conséquences la disparité des sanctions nationales (A) et le risque de la
création des paradis pénaux (B)

PARAGRAPHE I : LA DISPARITE DES SANCTIONS NATIONALES.

L’article 5 du traité OHADA dispose dans son alinéa 2 que : «Les actes uniformes peuvent
inclure des dispositions d’incrimination pénales. Les Etats parties s’engagent à déterminer
les sanctions pénales encourues ». Il est alors constaté que ce système juridique ne favorise
pas l’uniformisation des sanctions du droit pénal OHADA car chaque pays à sa politique
criminelle conformément à ses priorités politiques et économiques. Nous allons alors
démontrer cette disparité à l’aide d’un tableau comparatif (A) avant de l’analyser (B).

A) TABLEAU COMPARATIF DES SANCTIONS NATIONALES.

SENEGAL CENTRAFRIQUE CAMEROUN


LES INFRACTIONS LIEES A LA CONSTITUTION DE LA SOCIETE
3 mois-3ans de
Simulation de souscription ou de 1-5 ans de prison 1-5ans de prison
prison
Versement et/ou 100 000 à et/ou 500 000 à et/ou 1000 000 à
5 000 000 5 000 000
1000 000 d'amende
d'amende d'amende
3 mois-3ans de
1-5 ans de prison 1-5ans de prison
prison
Publication de faits faux et/ou 100 000 à et/ou 500 000 à et/ou 1000 000 à
1 000 000 5 000 000 5 000 000
d'amende d'amende d'amende
3 mois-3ans de
Etablissement frauduleux de certificat 1-5 ans de prison 1-5ans de prison
prison
des dépôts de souscription ou de et/ou 100 000 à et/ou 500 000 à et/ou 1000 000 à
5 000 000 5 000 000
Versements 1000 000 d'amende
d'amende d'amende
3 mois-3ans de
1-5 ans de prison 1-5ans de prison
prison
La surévaluation des apports en nature et/ou 100 000 à et/ou 500 000 à et/ou 1000 000 à
1 000 000 5 000 000 5 000 000
d'amende d'amende d'amende
3 mois-3ans de
Pas de prison
Emission frauduleuse et/ou prison 1-5ans de prison
irrégulière d'actions 100 000 à et/ou 500 000 à et/ou 1000 000 à
5 000 000 5 000 000
1000 000 d'amende
d'amende d'amende

37
LES INFRACTONS LIEES AU FONCTIONNEMENT DES SOCIETES
INFRACTIONS SENEGAL CENTRAFRIQUE CAMEROUN
1-5 ans de prison 1-5 ans de prison 1-5 ans de prison
L'abus des biens et du crédit de la
société et 100 000 à et 2 000 000 à et/ou 1000 000 à
1 000 000 20 000 000
d'amende d'amende 5 000 000 d'amende
3 mois-2 ans de
prison 3 mois-2 ans de prison 6 mois-2ans de prison
Les atteintes aux droits des sociétés et/ou 100 000 à et/ou 500 000 à et/ou 100 001 à
1 000 000
d'amende 1 000 000 d'amende 2 000 000 d'amende
1 mois-1an de prison 2-5ans de prison 6 mois-2ans de prison
L'obstacle au contrôle et/ou 100 000 à et 500 000 à et/ou 500 000 à
1 000 000
5 000 000 d'amende
d'amende 2 000 000 d'amende
1-5ans de prison 2-5ans de prison 1-5 ans de prison
Le refus de contrôle et/ou 500 000 à et/ou 500 000 à et/ou 1 000 000 à
5 000 000
d'amende 5 000 000 d'amende 5 000 000 d'amende

LES INFRACTIONS RELATIVES A LA COMPTABILITE


INFRACTIONS SENEGAL CAMEROUN CENTRAFRIQUE
1-5ans de prison 1-5ans de prison 1-5ans de prison
La distribution de dividendes fictifs et 100 000 à et/ou 100 000 à et/ou 1 000 000 à
5 000 000
d'amende 10 000 000 d'amende 5 000 000 d'amende
1-5ans de prison 1-5ans de prison 1-5ans de prison
La communication de la comptabilité et 1 000 000 à et 1 000 000 à et/ou 1 000 000 à
5 000 000
d'amende 10 000 000 d'amende 5 000 000 d'amende
L'absence de convocation de pas de prison 2-5 ans de prison 2-10ans de prison
l'assemblée générale en cas de perte 200 000 à et/ou 500 000 à et/ou 1 000 000 à
2 000 000
de la moitié du capital d'amende 5 000 000 d'amende 5 000 000 d'amende
LES INFRACTIONS RELATIVES A LA LIQUIDATION DE LA SOCIETE
INFRACTION SENEGAL CAMEROUN CENTRAFRIQUE
2-6 mois de prison 2-5ans de prison 2-10ans de prison
Non-respect des procédures de liquidation et/ou 100 000 à et/ou 200 000 à et/ou 1 000 000 à
2 000 000 10 000 000
d'amende 5 000 000 d'amende d'amende

38
LES INFRACTIONS LIEES AUX PROCEDURES COLLECTIVES ET A L'APUREMENT DU PASSIF
INFRACTIONS SENEGAL CAMEROUN CENTRAFRIQUE
1 mois-2 ans 1mois-2ans de prison 1-5ans de prison
La banqueroute simple et/ou 1 000 000 à
5 000 000 d'amende
05 -10 ans de prison 5 -10 ans de prison 2-10ans de prison
Banqueroute frauduleuse et/ou 2 000 000 à
10 000 000 d'amende
même sanction 1 mois- 2ans de prison 1-5ans de prison
Les infractions assimilées à la que la et/ou 1 000 000 à
banqueroute simple Principale 5 000 000 d'amende
même sanction 5-10 ans de prison 5-10 ans de prison
les infractions assimilées à la que la et/ou 2 000 000 à
10 00 000
banqueroute frauduleuse Principale d'amende

B) ANALYSE DU TABLEAU COMPARATIF DES SANCTIONS NATIONALES.

Le constat est fait entre les 3 pays phares de l’application du droit pénal OHADA à savoir
le Cameroun, la République centrafricaine et le Sénégal qui ont adoptés des lois de répression
des infractions contenues dans les Actes uniformes OHADA. La même incrimination peut être
considérée comme un délit ou comme un crime selon la politique interne d’un pays75 ou bien,
la même infraction peut être considérée comme un délit dans un pays ou comme un crime dans
un autre.
Il est avancé plusieurs justifications au renvoi des sanctions pénales à la compétence des
législations nationales :
Le premier argument avancé est le respect des particularismes des Etats. Cet argument est
bancal car il s’agit d’uniformiser les droits des Etats membres de l’institution et que chaque
Etat examine chaque acte uniforme avant son adoption pour voir s’il est conforme à sa
législation interne. La seconde est que la politique pénale relève de la souveraineté des Etats
et c’est cette dernière qui nous semble la plus fondamentale car les Etats sont méfiants des
régimes de répression pouvant engendrer des troubles internes.
L’uniformisation des sanctions pénales est un défi et la difficulté d’une telle émergence
tient en l’absence d’une sanction pénale directe au niveau communautaire. Cette disparité de

75
Au Cameroun, l’abus de biens sociaux puni de peines délictuelles de la loi 2003/008 du 10 juillet 2003 devient criminel
pouvant être condamné de peine perpétuelle de l’article 184 du Code pénal, lorsque les biens distraits appartenaient en tout
ou en partie à l’Etat.

39
sanctions pénales peut alors pousser à une certaine forme de concurrence entre les Etats pour
pouvoir être plus attractif aux investisseurs et donc créer un espace de droit laxiste et non
sécurisant pour tous les acteurs des affaires. Le risque de disparité des sanctions pénales
OHADA peut aussi fragiliser la coopération judiciaire entre les Etats membres en ce sens que
si un Camerounais est poursuivie pour abus de biens sociaux d’une société au Sénégal dans
une affaire où l’Etat Camerounais est actionnaire de la société en question, et qu’il est question
de faire transférer le cas au Cameroun pour qu’il soit jugé, le Sénégal ne sera pas trop enclin
à coopérer vu que la peine qui sera prononcé sera la peine perpétuelle.
L’autre risque de la disparité des sanctions pénales se trouve sur le plan procédural en ce
qui concerne le recours devant la CCJA en matière pénale. En effet, l’article 14 du traité
OHADA exclu tout recours en matière pénale devant la CCJA. Si l’on analyse bien cet article,
l’on se rend compte en effet que le droit OHADA laisse le contentieux pénal à la compétence
exclusive des juridictions nationales. Si c’était le cas, alors, on pourra alors interpréter les
incriminations pénales contenues dans les actes uniformes comme une simple volonté
directive du législateur OHADA. On pourra aussi dire que le droit pénal OHADA n’est pas la
préoccupation majeure du législateur mai qu’il veut tout simplement mettre de l’ordre dans les
affaires au sein des Etats membres avec l’aide de ces derniers car les législations internes
étaient pour la plupart obsolètes. Ainsi donc, on pourra aussi déduire que la volonté du
législateur ne s’arrête donc qu’à la modernisation des incriminations pénales d’affaires.
En effet, écarter la compétence de la CCJA au profit des Etats reviendrait à courir le risque
d’avoir autant d’interprétations que de sanctions diverses, créant ainsi un déséquilibre dans
l’espace OHADA en ce sens qu’il n’y aurait de jurisprudence constante en la matière.
La disparité des sanctions pénales risque de créer des paradis pénaux ou des pays où la
législation pénale est laxiste.

40
PARAGRAPHE II : LE RISQUE DE CREATION DES PARADIS PENAUX

Le paradis pénal est caractérisé par inexistence ou le laxisme des normes répressives contre
les comportements illicites dans un territoire géographique car il ‘’légalise des comportements
normalement illicites’’ pour pouvoir s’attirer de nombreux investisseurs véreux prêts à
s’enrichir illicitement.
Le risque de la création des paradis pénaux est un problème majeur qui menace
indirectement l’uniformisation du droit pénal OHADA en ce sens que l’insécurité juridique
mettrait en péril l’objectif central de l’institution qu’est l’instauration d’un espace juridique
qui présente des garanties de sécurité juridique des activités économiques, afin de favoriser
l’essor de celles-ci et d’encourager l’investissement.
Le risque de création des paradis pénaux dans l’espace OHADA se trouve aussi bien au
niveau communautaire (A) qu’au niveau national (B).

A) LES FACTEURS COMMUNAUTAIRES DU RISQUE DE CREATION DES


PARADIS PENAUX.

Concernant les causes communautaires nous avons l’imprécision des incriminations


OHADA et l’ignorance de certaines situations délictuelles par le législateur communautaire.

S’agissant de l’imprécision des incriminations OHADA : Nombreuses sont les infractions


qui ne sont pas explicites en ce sens que le législateur n’a pas nommément désigné en des
termes clairs comme l’article 111 de l’AUCE qui commence par « encourent une sanction
pénale ceux qui : n’aurons pas… ou auront sciemment ». Cette imprécision peut amener les
Etats à donner différentes qualifications en droit interne. Ce sui aura pour conséquence une
faille en cas de confusion avec une infraction car l’on sait qu’il faudrait, au nom du principe
de légalité, que pour qu’on soit condamné pour violation d’une infraction, il faudrait que tous
les éléments soient réunis. Ainsi donc, si par inadvertance, le législateur national donne une
mauvaise qualification à une infraction imprécise issue d’un acte uniforme, il y’a fort risque
que le délinquant échappe à la justice grâce au principe de légalité qui veut que les sanctions
soient claires et précises. Ce que cherchent toute entreprise, c’est le profit et un cadre juridique
qui lui permet de prospérer. Si certains ont des activités licites, d’autres, par contre, cherchent
à développer leurs activités qui sont peu licites dans des cadres juridiques fragiles ou poreux
qui leurs permettront de passer facilement à travers les mailles de la justice. Cette imprécision
peut aussi être Comme le droit pénal OHADA s’intéresse pour la plupart qu’aux infractions

41
intentionnelles, les personnes poursuivies seraient tentées d’invoquer leur bonne foi lors de la
commission de l’infraction.
S’agissant de l’ignorance de certaines situations délictuelles : le droit pénal OHADA
ignore plusieurs situations délictuelles comme l’absence de responsabilité pénale des
personnes morales. On ne peut poursuivre pénalement une personne morale. Il en est de même
quant aux poursuites pénales qu’une personne morale pourrait intenter contre une autre
personne morale. Pour pouvoir protéger leurs populations, les Etats ont besoin de consacrer la
responsabilité pénale des entreprises pour limiter les dégâts contre l’environnement et la santé
dont les acteurs ne sont rien d’autres que les entreprises. Les entreprises s’installeront alors
dans les Etats membres de l’OHADA et exerceront leurs activités au mépris des infractions
pénales du moment où il n’y a pas de peine sans texte. Les pays membres de l’OHADA
risqueraient alors de devenir des paradis pénaux en ce sens qu’ils présentent des failles ou
encore une porosité exploitable. On serait alors tenté de penser que les autres institutions
communautaires pourraient pallier au renforcement de la politique pénale des Etats qui sont
aussi membres de l’OHADA mais là aussi rien n’est vraiment acquis concernant la
responsabilité pénale des personnes morales. Il est à préciser que le risque de création de
paradis pénal est tellement grand car aucun pays de la CEMAC ne dispose de politique pénale
articulée et structurée en matière de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme
ou contre les principales infractions pertinentes dans la zone même si le dispositif juridique
nécessaire existe mais, globalement, les moyens alloués à la justice et à la police sont faibles.76

S’agissant encore de l’ignorance de certaines situations délictuelles, le droit pénal


OHADA a omis d’incriminer les délits de marchés financiers77. Pourtant, il existe 29 marchés
financiers et le droit OHADA a pour ambition de s’étendre à tous les pays d’Afrique membre
de l’Union Africaine ainsi qu’à tout Etat non-membre. Il s’avère alors plus que crucial que le
législateur OHADA se penche sur les infractions de marchés financiers pour encourager les
investisseurs à investir sur les marchés africains et de permettre ainsi un décollage plus rapide
des économies africaines. Le dérèglement du marché financier peut entraîner à des

76
Aout 2006, Rapport du FMI no 06/322, « Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale: rapport sur
l’observation des normes et codes—recommandations du GAFI dans le domaine de la lutte contre le blanchiment de capitaux
et le financement du terrorisme. »
77 Les délits de marchés boursiers sont: le délit d’initié, le délit d’informations privilégiées, le délit de manipulations des
cours, le délit de fausse information.

42
conséquences fâcheuses dans l’économie mondiale78 à l’instar du Krach boursier de 1929 qui
est la plus grande crise boursière79 de toute l’histoire du 20e siècle a en effet eu pour effet, un
effondrement spectaculaire de la bourse qui a anéanti les plus grandes entreprises américaines
d’alors. Plusieurs leaders du marché mondial subissent des pertes aussi bien en pertes en
titres80. Le droit pénal OHADA se doit aussi de prendre en considération

Au vu de ce qui précède, le législateur OHADA doit aussi se pencher sur la clarté des
incriminations aussi bien en ce qui concerne leurs qualifications qu’en ce qui concernent les
éléments constitutifs des infractions. Le législateur communautaire doit aussi mettre un accent
particulier sur la consécration des infractions d’affaires les plus importantes même si ces
infractions semblent ne pas menacer l’équilibre actuel du fait de la faible probabilité de leur
commission dans l’espace afin de permettre au législateur national de pouvoir appliquer
lesdites infractions pour permettre une l’instauration d’un espace juridique qui présente des
garanties de sécurité satisfaisante pour les acteurs des affaires.

Le droit communautaire n’est pas le seul responsable d’un risque possible de création d’un
paradis fiscal dans l’espace OHADA car les Etats peuvent aussi être pointés du doigt.

78
De 1971 à nos jours, plusieurs crises financières ont bouleversé l’économie mondiale. L’année 1971 est considérée comme
le point de départ d'un ensemble d'évènements qui vont engendrer la période d'instabilité financière mondiale que nous
connaissons aujourd'hui.
79 Une crise boursière est une crise de l'ensemble des valeurs boursières, qui se déclenche par un manque de confiance de la
part des investisseurs. La chute des cours est alors rapide et forte, de l'ordre de 10 à 20%, et les volumes échangés croissent
fortement. Le comportement des investisseurs n'est pas forcement irrationnels même si parfois la crise n'est pas encore avérée.
En effet, à travers la crise financière qu'il prévoit, ils anticipent la baisse future des titres et préfèrent donc vendre avant que
celle-ci ne se produise. C'est le nombre important d'acteurs effectuant cette opération qui donne de la force au mouvement de
baisse. Par la suite, la baisse est alimentée par le mimétisme des investisseurs ainsi que la spéculation. C'est d'ailleurs la
spéculation qui rend la crise mondiale. Les acteurs spéculent sur l'effet de contagion sur les autres places mondiales. Si un
acteur est touché par une crise financière, il va mettre en difficulté d'autres entreprises du fait du non-paiement de ses dettes.
Les acteurs sont dits « interdépendants ». Ainsi, la plupart les entreprises voient leurs cours de bourse chuter du fait de
l'éventualité qu'elles puissent être touchées par une crise financière. Il ne faut cependant par faire l'erreur de penser que la crise
boursière est uniquement due à la spéculation. Il y a au départ un problème de fond au sein des entreprises. Tant qu'aucune
stabilité financière n'est assurée, la crise boursière ne prendra pas fin. Lors d'une crise boursière, la volatilité des marchés
est très importante, et est induite par la spéculation. C'est ce que l'on a vu avec la crise des « subprimes ». Le marché est très
volatile mais n'arrive pas à rebondir de façon durable du fait des craintes importantes qui subsistent sur l'économie
mondiale. Définition de crise boursière [http://definition.actufinance.fr/crise-boursiere-837/]
80
Goldman Sachs passe de 104 dollars en 1929 à 1,75 en 1932, American Founders Group (société d'investissement) passe
de 75 dollars à 0,75 en 1935, U.S. Steel passe de 262 dollars à 22 le 8 juillet 1932, General Motors passe de 1 075 dollars à
40 en 1932 et General Electric de 1 612 dollars à 154 en 1932. Le Dow Jones perd, dans cet intervalle, 89 % de sa valeur. La
valeur virtuelle de l'ensemble des titres perd en fin de compte, quant à elle, 72 milliards de dollars.

43
B) LES FACTEURS NATIONAUX DU RISQUE DE CREATION DES PARADIS
PENAUX

Selon le mécanisme du droit pénal OHADA, les Etats ne font qu’appliquer les peines aux
incriminations communautaires déjà prévues conformément à leurs législations internes. Les
Etats ne font que compléter les le droit pénal selon leurs politiques criminelles et pénales.
Les facteurs de création des paradis pénaux sont de deux ordres à savoir :
- La disparité des sanctions pénales au niveau des membres de l’OHADA
- La faiblesse du droit pénal des affaires dans les Etats membres.

S’agissant de la création des paradis pénaux à travers la concurrence entre les Etats en
matière de sanction pénale, nous nous baserons sur le tableau comparatif des sanctions
reproduit un peu plus haut dans notre mémoire. En effet, la disparité des sanctions pénales au
niveau des Etats membres de l’OHADA est le fruit d’une certaine concurrence entre les Etats
pour attirer les investisseurs étrangers férus de la dépénalisation des délits d’affaires. Il est
remarqué que les peines d’un délit semblent être insignifiantes dans certains pays mais
importantes dans d’autres et vice-versa.

S’agissant de la faiblesse du droit pénal des affaires dans les Etats membres comme facteur
de création des paradis pénaux dans les Etats membres de l’OHADA, nous avons pu détecter
deux problèmes majeurs :
- D’abord, il s’agit de l’arsenal juridique archaïque au niveau des Etats membres.
- Ensuite, il y’a la participation même des représentants des Etats membres à des réseaux
occultes.
Selon Stéphane ENGUELEGUEL, « le politique, qui est théoriquement investi de la lutte contre
la criminalité et la délinquance, participe à diverses entreprises criminelles ». L’auteur évoque
alors les réseaux occultes établis afin de favoriser la délinquance d’affaires en toute complicité en
ce sens que « Ni États néo-patrimonialistes81, ni organisations politiques dynamisées par un projet

81 Pour les tenants du néo-patrimonialisme, le politique en Afrique repose sur une intrication particulière du politique et de
l’économique, du domaine de la gestion publique et de la sphère de l’enrichissement privé. Ce mélange des genres et la
confusion du “public” et du “privé” font des États africains, selon JF Médard, des “ types originaux ” ; cette posture aiderait
à déchiffrer les combinatoires complexes qui sont à la base des configurations anecdotiques du politique en Afrique et du
comportement schizophrénique des détenteurs de l'autorité ; on est en présence de “ types mixtes, mélangeant dans une
combinaison complexe et instable des traits traditionnels et des traits modernes ”, des “ répertoires ” étrangers et autochtones ”.
Ce type original a des caractéristiques déterminées : 1-une forte personnalisation du pouvoir qui dans certains contextes
empêche l'institutionnalisation, 2-la prégnance d'une logique d'accumulation des ressources politico-économiques qui profite

44
hégémonique d’unification des différents segments de la société post-coloniale82, ces États sont
des entreprises politiques (au sens Weberien) caractérisées par une “ gestion patrimoniale de
réseaux ”, publics et privés, aux activités licites ou illicites. On nomme “ réseaux ” des groupes
d’acteurs publics et privés, plus ou moins stables, entre lesquels existent des systèmes
d’interconnaissance et d’intérêts fondés sur des affinités diverses, et qui se caractérisent par leur
capacité à se mouvoir plus ou moins simultanément en différents points du système social ; cette
“ capacité d’intervention multi-niveaux ” tient à la redondance des connexions entre les
protagonistes de ce système d’interaction : le recrutement s’effectue sur une base Trans-sectorielle
et les membres du réseau occupent parfois plusieurs positions de pouvoir dans différents segments
du système social ; elle varie aussi en fonction de la position du réseau par rapport au politique :
un réseau d’acteurs poursuit d’autant plus efficacement la satisfaction de ses intérêts qu’il dispose
d’appuis solides au niveau du champ politique central ; le modèle proposé par J.-F. Médard trouve
dès lors ici sa pertinence, puisqu’il peut aider à analyser le politique en Afrique comme un
processus d’arbitrage des interaction entre des réseaux plus ou moins structurés, qui rivalisent pour
la conquête de chances de puissance sociale ». Evoquant alors l’impunité qui existe au sein de ces
Etats africains, Stéphane ajoute que « Dans ces États, le style de la répression de la grande
criminalité obéit à une “ quasi-politique criminelle ” dont la définition dépend de la
configuration des rapports de force entre les réseaux, des soutiens politiques dont ils peuvent
se prévaloir83, et des modalités de leur insertion dans la division internationale du travail ; cette
dernière dimension prend une importance particulière dans un contexte de transformation des

du très faible niveau de différenciation du champ économique par rapport au champ politique : “ il en résulte que les ressources
politiques sont transformées en ressources économiques, et les ressources économiques en ressources politiques ”, 3- la
conséquence est l'imbrication des enjeux de compétition politique et des rivalités économiques puisque l'accès au politique
détermine en grande partie l'accès aux chances de puissance économique. Lire Médard (J.-F.), article prec-cit.
82 En ce sens Bayart (J.-F.), L’État au Cameroun, PFNSP, 1985 : la configuration du politique en Afrique n’est qu’une
conséquence de la stratégie commune aux pouvoirs issus de la colonisation de contrôler les ressorts de la domination sociale
par l’unification des différents segments de la hiérarchie sociale. La centralisation du pouvoir, la concentration de la
compétition politique dans des arènes restreintes désormais unifiées, la manipulation de la ressource juridique au gré des
enjeux sont des conséquences de ce projet politique. Pour cet auteur, on assisterait à l’émergence d’une configuration nouvelle
en raison de la prolifération de “tactiques politiques populaires” réactives et contestataire : la “ politique par le bas ” évoquerait
l’irruption dans les systèmes fortement centralisés de formes “non conventionnelles” d’action politique pouvant déboucher
sur des projets politiques alternatifs. Lire Bayart [J.-F), et alii Le politique par le bas. Contribution à une problématique de la
démocratie en Afrique noire, Karthala, 1992
83
- Généralement (on l'a vu il y a quelques mois au Cameroun), la disgrâce politique des figures d'un réseau va de pair avec
son démantèlement. Il y a d'ailleurs toute une recherche à effectuer sur les mouvements de criminalisation (primaire et
secondaire) de la grande délinquance.

45
représentations de la criminalité qui est perçue comme “ un mode de production économique
banal et nécessaire84 ».
On se rappelle encore du scandale provoqué récemment par la découverte d’un réseau
occulte entre la France ‘’pays de droit’’ et les Etat africains. L’on se rappelle toujours que la
France a toujours fait part de son dégoût pour la corruption des Etats africains.
Le scandale en question a été provoqué par le film documentaire du français Patrick
Benquet intitulé « Françafrique » et, produit par la Compagnie des Phares et Balises. Il
s’agissait non seulement de la création d’un paradis pénal dans les Etats africains au profit des
multinationales français mais aussi d’un réseau de financement occulte qui servait d’outil de
pillage des ressources premières de l’Afrique ainsi que de ses capitaux par les dirigeants
africains et français. Toutefois, il est à préciser que le président Français François Hollande a
affirmé en octobre 2012 à Dakar : "Le temps de la Françafrique est révolu : il y a la France, il
y a l'Afrique, il y a le partenariat entre la France et l'Afrique, avec des relations fondées sur le
respect, la clarté et la solidarité"85.
Le risque de création des paradis pénaux au sein des Etats membres de l’OHADA n’est
pas gage de l’instauration d’un climat de sécurité juridique favorisant le résultat escompté
souhaité par le législateur communautaire. Les investisseurs étrangers ne cessent de braquer
l’insécurité juridique persistante en Afrique comme excuse valable de leur manque de volonté
d’investissement.
Au vu de tout ce qui précède, les effets néfastes de la difficile émergence du droit pénal
sont : la disparité des sanctions pénales et le risque de la création des paradis pénaux. Ces deux
problèmes issus de l’éclatement de l’élément légal de l’infraction pénal OHADA sont les
principaux goulots d’étranglement de l’émergence du droit pénal OHADA. Ayant foi en la
volonté des Etats membres de l’institution et du législateur, sans oublier la volonté tenaces de
la doctrine florissante et riche, nous proposerons alors des perspectives pour le droit OHADA
pour pallier à l’insécurité juridique qui règne dans les Etats membres de l’institution
communautaire.

84 De Maillard (J.), “Le crime à venir. Vers une société fractale ”, in Le Débat, n°94, mars-avril 1997, p 101
85
Le Monde, « Hollande : Plus de Françafrique, ‘’ Il y’a la France et il y’a l’Afrique’’ », 13 octobre 2012,
[http://www.lemonde.fr/afrique/video/2012/10/13/hollande-plus-de-francafrique-il-y-a-la-france-il-y-a-l-
afrique_1775140_3212.html]

46
SECTION II : PLAIDOYER POUR UNE EMERGENCE DU DROIT PENAL
OHADA

Face à la montée de l’insécurité juridique dans l’espace OHADA, le droit OHADA se


86
doit d’étendre le champ d’application se sa politique criminelle (PARAGRAPHE I) ainsi
que de raffermir son droit pénal à travers le renforcement de certains mécanismes processuels
(PARAGRAPHE II).Ainsi, il pourra émerger et assurer la sécurité juridique tant chère à la
floraison des affaires et au décollage économique de voulu.

86 Jean-Aloïse NDIAYE, « L’OHADA et la problématique de l’harmonisation du Droit Pénal des Affaires : bilan et
perspectives d’un modèle de politique criminelle communautaire ? » ; Ohadata D-12-69

47
PARAGRAPHE I : L’EXTENTION DU CHAMP D’APPLICATION DU DROIT
PENAL OHADA

Le droit pénal OHADA se doit de s’élargir, scruter de nouveaux horizons régissant le


domaine des affaires aux domaines sensibles des affaires. C’est dans cette optique qu’il se
doit de consacrer les infractions qu’il a ignorées en droit de l’entreprise (A) ainsi qu’en droit
des marchés financiers (B).

A) LA CONSECRATION DES DELITS IGNORES EN DROIT DE


L’ENTREPRISE

Le législateur OHADA a ignoré de consacré certaines incriminations cruciales en droit de


l’entreprise qui sont pourtant reconnues dans de nombreuses législations nationales à l’instar
de la France. Une petite excursion en droit français nous permet de constater que le législateur
OHADA n’a pas pris en compte deux types de responsabilités pénales à savoir:
- La responsabilité pénale des personnes morales
- La responsabilité pénale du chef de l’entreprise dans sa gestion sociale de l’entreprise.

S’agissant de la responsabilité pénale des personnes morales, le législateur OHADA se


doit d’incriminer les personnes morales responsables pénalement de toute faute non
intentionnelle de leurs organes ou représentants. L’article 121-2 du Code pénal français
énonce: « Les personnes morales….sont responsables pénalement…des infractions commises,
pour leur compte, par leurs organes ou représentants ». Il faut une faute personnellement
imputable à la personne physique – organe ou représentant – pour que la responsabilité pénale
de la personne morale soit engagée. Cette faute est une exigence.
Selon un arrêt, (Crim., 2 décembre 1997, Bull. crim., n°420), la responsabilité pénale de
la personne morale peut être engagée dès lors qu’il y a une faute personnelle de l’organe ou
représentant, sans même qu’il soit besoin d’une déclaration de culpabilité de la personne
physique.
L’organe ou le représentant qui a commis une faute peut être de droit, voire de fait agissant
pour le compte de la personne morale (Crim., 9 novembre 1999, Bull. crim., n°252).
Sanctionner pénalement les personnes morales revient donc au législateur OHADA de se
mettre en adéquation avec les normes pénales de son temps.
Le droit du travail est le membre manquant du droit OHADA car il fait partie de la liste non-
limitative des secteurs concernés par l’uniformisation du droit des affaires énumérés par
l’article 2 du traité OHADA.

48
C’est dans ce sens que le législateur OHADA a élaboré un avant-projet d’acte uniforme relatif
au droit du travail élaboré à Douala au Cameroun, le 24 novembre 2006. Son adoption serait
un gage de sécurité juridique notamment pour les acteurs du monde des affaires et conforme
à l’objectif assigné par le traité OHADA qui affirme avoir pour but de « garantir la sécurité
juridique et judiciaire au sein de ses pays membres, favorisant ainsi le retour des investisseurs,
nationaux ou étrangers ». Il s’agit de concilier les intérêts positions des employeurs, des
salariés et celles des Etats.
L’avant-projet d’acte uniforme relatif au droit du travail OHADA contient des incriminations
pénales spécifiques concernant d’abord les employeurs, ensuite les travailleurs, puis celles
communes aux employeurs et aux salariés et enfin celles communes aux employeurs, aux
salariés et aux tiers. Conformément aux dispositions de l’article 5, alinéa 2 du Traité instituant
l’OHADA, les sanctions encourues par les auteurs des infractions aux dispositions ci-dessus
sont déterminées par l’Etat Partie. Les incriminations consacrées sont pour la majeure partie
des infractions intentionnelles.
S’agissant des incriminations qui concernent l’employeur et/ou son représentant, le
législateur OHADA s’est penché sur :
- L’occupation illégale du salarié : Le salarié peut être occupé son employé au-delà de
la durée légale de travail ou pendant sa période de congés (article 260). Il est aussi
interdit à l’employeur qui emploie, intentionnellement, pendant la nuit, un jeune de
moins de dix-huit (18) ans dans un établissement industriel (article 266).
- L’atteinte au salaire de l’employé : Il est interdit à l’employeur de porter atteinte à
l’égalité des rémunérations (article 261), la rémunération en-dessous du salaire
minimum garanti ou du salaire conventionnel (article 262). Encourt une sanction
pénale, l’employeur ou le représentant de l’employeur qui intentionnellement, viole
les dispositions des articles 121, 122, 123, 124 et 125, relatives au paiement du salaire
(article 263). Le salarié est libre de disposer de son salaire à son gré et l’employeur ne
peut en faire obstacle (article 265). Il en est de même des sanctions à caractère
pécuniaire hors les cas de licenciement ou de mise à pied (article 268).
- L’obstacle au contrôle : Encourt une sanction pénale, l’employeur ou le représentant
de l’employeur qui, intentionnellement, porte des mentions mensongères sur les
documents de contrôle tenus par l’employeur (article 269). Encourt une sanction
pénale, l’employeur ou le représentant de l’employeur qui, intentionnellement, ne
produit pas les documents relatifs aux moyens de contrôle de l’emploi (article 270).

49
- Le licenciement abusif des délégués du personnel : Encourt une sanction pénale,
l’employeur ou le représentant de l’employeur qui, intentionnellement, viole les
procédures édictées en matière de licenciement pour motif économique ou en matière
de licenciement des délégués du personnel (article 271).
- La pression sur une organisation syndicale : Encourt une sanction pénale, l’employeur
ou le représentant de l’employeur qui, intentionnellement, use de moyens de pression
en faveur ou à l’encontre d’une organisation syndicale ou qui prend en considération
l’appartenance à un syndicat ou l’exercice d’une activité syndicale pour prendre ses
décisions (article 273).
- L’inapplication des mesures de protection et de salubrité édictées par l’autorité
compétente : Encourt une sanction pénale l’employeur ou le représentant de
l’employeur qui, intentionnellement, enfreint les dispositions relatives à l’obligation
d’organiser un Comité de Santé et de Sécurité au Travail et un service de santé (article
274).
- L’emploi illégal des travailleurs étrangers : Encourt une sanction pénale l’employeur
ou le représentant de l’employeur qui, intentionnellement, utilise les services d’un
travailleur étranger en violation des textes en vigueur dans l’Etat Partie (article 272).
Le législateur OHADA a prévu assurer la sécurité juridique des salariés au sein de l’espace
OHADA. Il s’agit là de favoriser un environnement de travail aussi bien sain que transparent
pour les employés en leur garantissant leurs droits sociaux et syndicaux.
Le législateur OHADA se doit aussi de consacrer les délits des marchés financiers pour
étendre son domaine d’application à un secteur très crucial de l’économie nationale et
communautaire.

B) LA CONSECRATION DES DELITS FINANCIERS

L’Afrique compte actuellement 29 marchés financiers qui sont essentiellement des


marchés de capitaux hautement dominés par des marchés des actions
Définition des marchés financiers auxquels s’ajoutent des marchés embryonnaires de la dette
publique depuis presque une décennie. L’OHADA a pour ambition d’inclure dans son cercle
tout pays qui en émettrait le souhait87 comme ce fut le cas de la République Démocratique du

87
L’article 53 du Traité OHADA dispose : « Le présent traité est, dès son entrée en vigueur, ouvert à l’adhésion de tout Etat
membre de l’OUA (organisation de l’Union Africaine) et non signataire du traité. Il est également ouvert à l’adhésion de tout
autre Etat non-membre de l’OUA invité à y adhérer du commun accord de tous les Etats parties. »

50
Congo, la Guinée-Bissau et la Guinée-Conakry. Dans cette optique, il faudra qu’elle prenne
en compte les infractions pénales de droit financier pour pouvoir refléter ses aspirations citées
dans le préambule de son traité fondateur vu l’importance du montant des transactions.
Les marchés financiers sont les poumons de l’économie88 et leur dérèglement peut être un
coup fatal à l’économie mondiale89.
Les marchés financiers sont des marchés dans lesquels se rencontrent les demandes et
les offres de capitaux à long terme. Autrement dit ce sont les marchés sur lesquels sont
négociés les instruments financiers90.
Le « Conseil Régional de l’Epargne Publique et des Marchés Financiers », organe de
l’Union Monétaire Ouest Africaine, dans son « ANNEXE PORTANT COMPOSITION,
ORGANISATION, FONCTIONNEMENT ET ATTRIBUTIONS DU CONSEIL
REGIONAL DE L’EPARGNE PUBLIQUE ET DES MARCHES FINANCIERS », a défini
les comportements prohibés au niveau de la BRVM au niveau de l’article 32. Ces
comportements sont « Toute action, omission ou manœuvre qui s’avérerait contraire à
l’intérêt général du marché financier et à son bon fonctionnement, et/ou préjudiciable aux
droits des épargnants sera punie de sanctions pécuniaires, administratives et disciplinaires,
selon les cas, sans préjudice des sanctions judiciaires qui pourront être prononcées à
l’encontre de leurs auteurs sur la base d’une action en réparation intentée à titre individuel
par les personnes lésées du fait de ces agissements ».91 Bien qu’on y trouve des
comportements prohibés sur les marchés financiers, il est à préciser que les sanctions édictées
dans cet annexe sont pas claires, c’est-à-dire pas standards et qu’elles sont à déterminer selon
les cas.
Les principales infractions des marchés financiers sont : le délit d’initié, le délit
d’informations privilégiées, le délit de manipulation des cours et le délit de fausse information
déjà consacrées par le législateur français comme nous l’avons vu dans le premier chapitre.
Bien qu’il y’ait déjà des normes au niveau des bourses régionales africaines, elles semblent

88 Les rôles des marchés financiers sont : 1° le financement de l’économie ; 2° fructifier l’épargne ; 3° Favoriser un meilleur
accès aux capitaux des entreprises ; 4° permettre à l’Etat de gérer son déficit à travers l’endettement interne.
89
Le Krach boursier de 1929 qui se déroula à la bourse de New York entre le Jeudi 24 octobre au Mardi 29 Octobre 1929
marque le début de la plus grande crise économique du 20e Siècle.
90 Article L211-1 Code monétaire et financier français Modifié par Ordonnance n°2009-15 du 8 janvier 2009 art.1 « Les
instruments financiers comprennent sont les titres financiers et les contrats financiers ».
91 Article 30 de l’ANNEXE PORTANT COMPOSITION, ORGANISATION, FONCTIONNEMENT ET ATTRIBUTIONS
DU CONSEIL REGIONAL DE L’EPARGNE PUBLIQUE ET DES MARCHES FINANCIERS.

51
pourtant un peu floues. Le rôle du législateur OHADA serait alors de rendre plus claires les
incriminations
Dans la zone OHADA, il y’a deux bourses régionales à savoir la BRVM en Afrique de
l’Ouest92 et la BVMAC93 qui comptent comme membres 14 des 17 pays membres de
l’OHADA. Le législateur OHADA devrait alors considérer le besoin de prêter attention aux
incriminations des délits de droit boursier mentionnés ci-dessus.
Le droit OHADA se doit non-seulement de consacrer les délits de marchés financiers mais
aussi les délits de droit pénal de travail car il s’agit aussi d’attirer une main d’œuvre qualifiée.

PARAGRAPHE II : LE RAFFERMISSEMENT DU DROIT PENAL OHADA

L’OHADA favorise la création d’un espace non-seulement juridique mais économique


aussi de telle sorte que les délinquants peuvent facilement bouger d’un pays à un autre. Pour
une synchronisation parfaite entre les Etats, il est alors judicieux pour l’OHADA de renforcer
la coopération pénale et judiciaire (A) dans son sein ainsi que la solidification de sa procédure
pénale (B)

A) LE RENFORCEMEMENT DE LA COOPERATION JUDICIAIRE DANS


L’ESPACE OHADA.

L’OHADA doit favoriser la coopération judiciaire entre les Etats membres afin de lutter
efficacement contre l’insécurité juridique. Pour cela il lui faut des pôles de coopération
judiciaire dynamique et harmonisé ainsi que de la mise en place d’un pôle de coopération

92 La bourse régionale des valeurs mobilières (ou BRVM) est une institution financière spécialisée créée le 18 décembre 1996,
conformément à une décision du conseil de ministres de l'UEMOA prise en décembre 1993. C'est une société anonyme dotée
d'une mission de service public communautaire et disposant d'un capital de 2 904 300 000 francs CFA. Cette bourse est
commune à 8 pays de l'Afrique de l'Ouest : Bénin, Burkina Faso, Guinée-Bissau, Côte d'Ivoire, Mali, Niger, Sénégal et Togo.
Cette bourse est basée à Abidjan. Ce marché régional dispose d'antennes nationales de Bourse (ANB) dans chacun des pays
concernés. Chaque ANB est reliée au siège par un relais satellitaire qui assure l'acheminement des ordres et des informations
à tous les investisseurs de la Bourse de façon équitable.
93 La Bourse des Valeurs Mobilières d’Afrique Centrale (BVMAC) est une société privée au capital une de 1.899.000.000
FCFA détenu par les banques, les sociétés à portefeuille holding et les compagnies d'assurance. L’institution est commune à
six (6) pays : le Gabon, le Cameroun, le Congo, la Guinée- Equatoriale, le Tchad et la République de Centrafrique. A l’instar
de la BRVM, La BVMAC a pour mission principale d'organiser et d'animer le marché financier régional, de favoriser le
financement des entreprises et des Etats, et de soutenir l'intégration régionale et le développement économique. Ces activités
ont démarré le 13 août 2008 avec la cotation des obligations émises par l’état du Gabon sur le marché financier sous régional.
Le siège de l’institution se trouve à Libreville (GABON).

52
policière entre les Etats comme c’est le cas de l’union Européenne avec ses pôles d de
coopération judiciaire EUROJUST94 et son pôle de coopération policière EUROPOL95.
La coopération policière et judiciaire au sein de l’OHADA permettrait d’élargir le
champ d’application des poursuites judiciaires ainsi que l’exécution des décisions de justice
car les coopérations judiciaires entre les pays de la CEMAC et de la CEDEAO ne sont pas
vraiment fluides.
L’OHADA pourrait s’inspirer des modèles d’intégration soit de l’UEMOA qui a consacré
la coopération judiciaire dans sa loi uniforme de 2004 sur le blanchiment des capitaux.
L’OHADA pourrai aussi bien s’inspirer des modèles européens de coopérations avec une
technologie de pointe et même avoir un meilleur système de coopérations en ce qui concerne
le droit pénal et même le droit communautaire.
La coopération judiciaire entre les Etats africains est fragile en ce sens qu’on sent des
réticences des uns et des autres. Le plus grand obstacle à la coopération judiciaire entre les
Etats membres de l’OHADA reste l’archaïsme des méthodes des fichiers des délinquants qui

94
Eurojust a été instituée par la décision du Conseil 2002/187/JHA, amendée par la décision du Conseil 2009/426/JHA du 16
décembre 2008.La mission d’Eurojust consiste à renforcer l’efficacité des autorités nationales chargées des enquêtes et des
poursuites dans les dossiers de criminalité transfrontalière grave et de criminalité organisée et de traduire les criminels en
justice de façon rapide et efficace. Eurojust a pour ambition de devenir un acteur clé et un centre d’expertise au niveau
judiciaire pour lutter efficacement contre la criminalité organisée transfrontalière dans l'Union européenne.
Fondée en 2002, Eurojust a pour mission de promouvoir et renforcer la coordination et la coopération entre les autorités
nationales dans la lutte contre la criminalité transfrontalière grave engagée dans l’Union européenne. Chacun des 28 Etats
membres a détaché un représentant dans les locaux d’Eurojust, situés à La Haye. Ces représentants sont des procureurs, des
juges expérimentés ou des officiers de police de compétence équivalente. Ils remplissent ensemble le mandat d’Eurojust afin
de coordonner les autorités nationales à chacune des étapes d’une enquête criminelle ou de poursuites judiciaires, et résolvent
également les difficultés et problèmes pratiques générés par les divergences entre les systèmes juridiques des différents Etats
membres. Les membres nationaux sont secondés par des adjoints, des assistants et des experts nationaux détachés par les
États membres. Lorsqu’un accord de coopération a été conclu entre Eurojust et un État tiers, des magistrats de liaison de cet
État peuvent travailler dans les locaux d’Eurojust. Actuellement, Eurojust accueille des magistrats de liaison détachés par la
Norvège et les Etats-Unis. Une récente décision européenne prévoit également le détachement de magistrats de liaison par
Eurojust dans les États tiers. En outre, Eurojust abrite les secrétariats du Réseau Judiciaire Européen (EJN), du Réseau des
points de contact traitant de génocide, de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre, et du Réseau des Équipes
Communes d’Enquête (JITs). Eurojust s’appuie sur quelque 200 collaborateurs qui veillent à répondre dans les meilleurs
délais aux demandes d’assistance émanant des autorités nationales et d’autres organes européens.
95 Europol participe à la lutte contre la criminalité en Europe en améliorant la coopération entre les officiers de liaison Europol
(OLE) détachés auprès de l'office par les États membres et par la transmission simplifiée d'informations nécessaires aux
enquêtes. Il coordonne et centralise des enquêtes à l'encontre d'organisations criminelles de dimension européenne, voire
internationale. Europol est responsable devant le Conseil des ministres des États membres chargé de la Justice et des Affaires
intérieures, troisième pilier de l'Union européenne. Le Conseil des ministres est responsable du contrôle global et des
orientations d'Europol. Il lui incombe de nommer le directeur, les directeurs adjoints et d'adopter le budget.

53
ne sont pas informatisés. Transmettre les fichiers des délinquants au col blanc reviendrai à
chaque Etat de photocopier tous les documents pour chaque Etat coopérant puis les acheminer.
Tout ceci est une perte de temps et d’argent qui ne joue pas en la faveur d’une coopération
judiciaire fructueuses entre les Etats membres de l’OHADA.
Le législateur OHADA peut aussi renforcer la procédure pénale communautaire pour
assurer plus de sécurité juridique aux acteurs économiques.

B) LE RENFORCEMENT DE LA PROCEDURE PENALE COMMUNAUTAIRE.

La procédure pénale est l’ensemble des règles qui définissent la manière de procéder pour
la constatation des infractions, l’instruction préparatoire, la poursuite et le jugement des
délinquants. La procédure pénale relève aussi de la souveraineté de l’Etat donc elle ne rentre
pas en principe dans la sphère de compétence communautaire. Toutefois, le législateur
OHADA a, dans l’AUSGIE introduit des règles de procédure pénale notamment en ce qui
concerne la prescription dans les articles 63, 727, et 743 où il est fixé des durées de
prescriptions. Ce qui montre l’intention du législateur d’uniformiser la procédure pénale des
Etats membres.
Il est vrai que chaque Etat membre a une procédure pénale appropriée avec le système
judiciaire qui va avec. Si le législateur entreprend une telle démarche, il y’a risque d’affecter
le fonctionnement des juridictions nationaux car il faudrait aussi uniformiser les juridictions
en ce sens qu’il n y’ait plus de problème concernant la désignation du juge compétent.
Le renforcement de la procédure pénale communautaire OHADA peut être pris sous deux
angles possibles :
- Le renforcement des modalités de la saisine de la CCJA
- La possibilité de saisir la CCJA pour les infractions pénales

S’agissant du renforcement des modalités de la saisine de la CCJA, nous pouvons dire que
la procédure de saisine actuelle pose des soucis de compétence. En effet, la CCJA est
compétente pour trancher tout litige résultant de l’interprétation d’une des actes uniforme en
en cassation. Ce qui amènerait les parties à zapper les juridictions de cassations nationales. Or,
les juridictions de cassations sont aussi compétentes pour trancher ces litiges.
Dans l’hypothèse où l’une des parties d’un litige souhaiterait faire appel pour deux motifs
dont l’un repose sur le droit national et l’autre sur le droit communautaire, que fera-telle ?
Saisir la juridiction nationale pour le moyen relatif à l’interprétation d’une norme nationale et
la juridiction communautaire pour le moyen relatif à l’interprétation d’un acte uniforme ?

54
Il faudrait alors que le législateur OHADA renforce la procédure judiciaire en général pour
permettre aussi le renforcement de la procédure pénale communautaire en ce sens que la
saisine de la CCJA ne se fera qu’après épuisement de toutes les voies de recours internes.
S’agissant de la possibilité de saisir la CCJA pour les infractions pénales, il faudrait
envisager, après la consolidation de la coopération judiciaire entre les Etats membres de
l’OHADA, la création d’un parquet communautaire pour permettre à l’institution de faciliter
l’encadrement des acteurs économiques. Un tel scénario reviendrait à modifier le traité de
Port-Louis de telle sorte que l’organisation puisse aussi avoir une compétence en matière
pénale. Pour le moment, les Etats sont jaloux de leur souveraineté mais nous espérons qu’au
nom de l’intérêt collectif, ils puissent limiter partiellement leur souveraineté en matière pénale.
La régulation du droit pénal des affaires par l’OHADA, permettrait une uniformisation de
l’interprétation des textes et aussi une uniformisation du quantum des peines. C’est en ce
moment-là qu’on parlera de l’émergence du droit pénal OHADA.

Au regard de tout ce qui précède, on peut remédier à la difficile émergence du droit pénal
OHADA source d’insécurité juridique par la consécration des infractions jusque-là ignorées
par le législateur. On peut aussi y remédier par l’extension du champ d’application du droit
pénal OHADA.

55
CONCLUSION :

De la problématique de l’émergence du droit pénal OHADA, que faut-il retenir ? Elle


apporte des éléments de réponses au débat sur l’existence d’un droit pénal des affaires
OHADA, de son application dans les Etats membres ainsi que de la sécurité juridique qu’elle
est censé assurer pour accompagner le décollage des économies des Etats membres de
l’institution communautaire.
Le droit pénal des affaires OHADA est un accessoire utilisé par le législateur
communautaire pour prévenir certains comportements qui ne sont permettent pas la création
et le maintien d’un environnement d’affaires sain.
L’Etat actuel de l’application des normes pénales dans l’espace OHADA laisse
entrevoir les difficultés relatives à l’émergence de ce droit. Ces obstacles sont liés à des
facteurs aussi bien relatifs à l’organe communautaire qu’aux Etats membres.

S’agissant des obstacles à l’émergence du droit pénal inhérents à l’organe


communautaire, nous avons :
L’éclatement de l’élément légal de l’infraction qui fait que les incriminations sont
déterminées au niveau national et les sanctions sont déterminées au niveau national. Les
normes édictées sont parfois d’une imprécision déconcertante qui pose le problème de
l’identification de ces normes au niveau nationale.
En déterminant les comportements pénalement prohibés, le législateur OHADA n’a
pas pris en compte certaines infractions en droit de l’entreprise et en droit des marchés
financiers. Les infractions ignorées en droit de l’entreprise concernent la responsabilité pénale
des personnes morales ainsi que celles chef d’entreprise dans sa gestion sociale. Les
infractions ignorées en droit des marchés financiers concernent tous les délits dont les
principales sont : le délit d’initié, le délit de manipulation des cours, le délit de fausse
information et celui d’information privilégiées.

S’agissant des obstacles inhérents aux Etats membres de l’OHADA, nous avons :
La disparité des sanctions nationales. Le traité OHADA a donné le pouvoir de
déterminer les sanctions pénales aux Etats membres, conformément à leurs politiques pénales.
Cette disparité pénale vient poser le problème du risque de création des paradis pénaux au sein
des Etats.

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Le risque de la création des paradis pénaux car certains Etats ont une politique pénale
timides et leurs représentants font partie des réseaux occultes qui mènent des activités
illégales.
C’est au vu de tout ce qui précède que nous avons apporté notre humble contribution
avec un plaidoyer pour l’émergence du droit pénal OHADA. Nous plaidons pour l’extension
du champ d’application du droit pénal OHADA.
En effet, afin de favoriser l’émergence du droit pénal OHADA, le législateur communautaire
doit consacrer les infractions qu’il a ignorées d’une part et raffermir la procédure pénale du
droit communautaire.
Le raffermissement de la procédure du droit pénal communautaire passe d’abord par
l’effectivité de la coopération judiciaire entre les Etats membres par la création des pôles de
coopérations utilisant les moyens modernes de compilation et de partage des données.
Le raffermissement de la procédure pénale communautaire passe aussi par l’octroi de la
compétence pénale à la CCJA d’une part et par la saisine de la CCJA qu’après épuisement de
toutes les voies de recours nationales.
L’émergence effective du droit pénal OHADA s’annonce difficile toujours car le droit
pénal est un domaine qui relève de la souveraineté des Etats et il faudrait qu’ils consentent à
limiter leurs souverainetés au profit de l’organe communautaire pour atteindre les objectifs
qu’ils se sont fixés lors de la création de l’institution pour parvenir à la réalisation de l’unité
africaine, la modernisation des normes juridiques archaïques ainsi que la création d’un espace
économique sain qui favoriserait le développement dans les aspects régaliens et économique.
Pour pouvoir atteindre cette émergence voulue, l’OHADA doit fournir beaucoup
d’efforts mais surtout tirer des leçons des échecs des précédentes institutions communautaires
aussi bien africaines que partout dans le monde. L’OHADA se veut originale mais elle prendre
en considération l’environnement économique mondiale et s’inspirer des modèles de
coopération juridiques et judicaires déjà existantes car n’est-il pas dit que qui veut aller vite
va seul mais qui veut aller loin va en groupe ? L’OHADA, réussira-t-elle le pari de faire
émerger un domaine aussi compliqué que sensible qu’est le droit pénal des affaires ?

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BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages :

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Articles :

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Mémoire et rapport :

• Olivier MINKO M’OBAME, L’UNIFORMISATION DU DROIT DES


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D’AUVERGNE, FACULTE DE DROIT, 2000 (mémoire).
• FMI, Rapport no 06/322 : « Communauté économique et monétaire de l’Afrique
centrale: rapport sur l’observation des normes et codes—recommandations du
GAFI dans le domaine de la lutte contre le blanchiment de capitaux et le
financement du terrorisme. », Aout 2006.

Législation :

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adopté le 10/04/1998 à Libreville (Gabon) (Journal Officiel de l'OHADA n°7 du
01/07/1998)
• Acte uniforme portant organisation des procédures simplifiées de recouvrement et des
voies d'exécution, adopté le 10/04/1998 à Libreville (Gabon) (Journal Officiel de
l'OHADA n°6 du 01/07/1998).
• Acte uniforme portant organisation des sûretés, adopté le 17/04/1997 (Journal Officiel
de l'OHADA n°3 du 01/10/1997).
• Acte uniforme portant organisation et harmonisation des comptabilités des entreprises ,
adopté le 24/03/2000 (Journal Officiel de l'OHADA n°10 du 20/11/2000)
• Acte uniforme relatif au droit de l'arbitrage, adopté le 11/03/1999 (Journal Officiel de
l'OHADA n°8 du 15/05/1999, p.2).

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• Acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement d'intérêt
économique, adopté le 17/04/1997 (Journal Officiel de l'OHADA n°2 du 01/10/1997)
• Acte uniforme relatif au droit des sociétés coopératives, adopté le 15/12/2010 à Lomé
(Togo) (Journal Officiel de l'OHADA n° 23 du 15/02/2011).
• Acte uniforme relatif aux contrats de transport de marchandises par route, adopté le
22/03/2003 (Journal Officiel de l'OHADA n° 13).
• ANNEXE PORTANT COMPOSITION, ORGANISATION, FONCTIONNEMENT
ET ATTRIBUTIONS DU CONSEIL REGIONAL DE L’EPARGNE PUBLIQUE ET
DES MARCHES FINANCIERS.
• L’Acte uniforme relatif au droit commercial général, adopté le 17 avril 1997 (Journal
Officiel de l'OHADA n°1 du 01/10/1997, p.1).
• La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789.
• Avant-projet de l’Acte uniforme relatif au Droit du travail OHADA élaboré le 24
Novembre 2006 à Douala au Cameroun.
• Le Code Monétaire et financier, France.
• Le Code pénal, Cameroun.
• Le Code pénal, Centrafrique.
• Le Code pénal, France.
• Code du travail, France
• Le Code pénal, Sénégal
• Code du travail, Sénégal

Jurisprudence :

• Jurisprudence - Ohadata J-02-30 - Avis n° 3/C/93.


• Crim., 2 décembre 1997, Bull. crim., n°420
• Crim., 9 novembre 1999, Bull. crim., n°252

Encyclopédies et Dictionnaires Juridiques :

Hilarion Alain BITSAMANA, Dictionnaire de Droit OHADA, Ohadata D-05-33.


Lexique des Termes juridiques, 21e Edition Dalloz, sous la Direction de Serge Guinchard,
Juin 2013.

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