RptSommaire AnimCulturelle FR
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2022
SOMMET SUR L’ANIMATION CULTURELLE • 1
Message de la FESFO
Il y a 40 ans, la FESFO rédigeait un document d’opinion intitulé L’opinion du principal acteur. Ce document, résultat de
consultations auprès de 1 300 jeunes francophones de l’Ontario, portait principalement sur l’éducation. Premier d’une
longue série de documents sur des sujets tout aussi importants les uns que les autres, L’opinion du principal acteur
a permis à la FESFO de se positionner concrètement en tant qu’organisme porte-parole des élèves du secondaire et,
éventuellement, de l’ensemble de la jeunesse. Le document, dont le contenu, pour la plupart, est tout aussi pertinent
et d’actualité aujourd’hui qu’il y a 40 ans, revendique l’importance de reconnaître le rôle essentiel des élèves et de la
jeunesse dans le système scolaire, non seulement à titre d’utilisateurs·trices de services, mais aussi à titre d’acteurs·trices
et de leaders au sein de leurs milieux et de leurs communautés. C’était, en quelque sorte, la naissance de cette idée,
aujourd’hui répandue, du Par et Pour. À l’origine, ce slogan clamait haut et fort la volonté de la jeunesse franco-
ontarienne de jouer un rôle clé dans toute prise de décision qui la concerne.
Plusieurs choses ont changé depuis 1982. À cette époque, la jeunesse franco-ontarienne n’avait pas encore accès
à l’éducation de niveau secondaire en français dans des établissements homogènes. On parlait alors d’écoles de langue
française et d’écoles mixtes. Fort heureusement, grâce à de nombreuses représentations, revendications et, surtout,
à beaucoup de persévérance de la part des parents, des leaders communautaires, du personnel enseignant, des parties
prenantes de tous les paliers du système d’éducation et des élèves, nous comptons maintenant 471 écoles entièrement
francophones gérées par des conseils scolaires francophones (Le Centre franco, 2020).
Plusieurs recommandations et souhaits émis par les élèves à cette époque font maintenant partie de la réalité
d’aujourd’hui, dont celle-ci :
« Que les conseils scolaires accordent les ressources nécessaires à la mise en place de services d’animation culturelle.
Les formules d’animation culturelle peuvent varier. Ce qui nous importe, c’est la disponibilité d’une personne qui pourra
travailler de près avec les groupes d’élèves impliqués. » (FESFO, 1982)
C’est donc 40 ans plus tard que nous nous sommes engagés dans un important exercice de consultation auprès
de nos membres afin de faire l’état des lieux de l’animation culturelle. Ce document présente l’opinion la plus fidèle
et représentative que possible des élèves au niveau de leurs besoins, de leurs aspirations et de leurs souhaits en
ce qui a trait à l’animation culturelle.
Nous souhaitons reconnaître l’engagement infatigable des membres du personnel enseignant, des directions d’école,
des responsables de l’animation culturelle et communautaire ainsi que des parents. Sans votre appui, votre passion et
votre confiance exprimée quotidiennement en nos talents, nos capacités et notre leadership, rien de ce que nous faisons
aujourd’hui ne serait possible.
Nous tenons aussi à remercier les parties prenantes, les membres du personnel scolaire, les directions d’école,
les personnes-ressources au Ministère, les anciens et anciennes membres de la FESFO, ainsi que les leaders
communautaires qui ont accepté de contribuer à la rédaction de ce document par le biais de rencontres, d’animations
de groupe et d’entrevues. Vos perspectives et vos témoignages nous ont permis d’avoir une vision plus complète
des enjeux à considérer, des questions qu’il fallait aborder et des éléments qui influencent les décisions.
Nous souhaitons que les idées recueillies – que nous rendrons publiques –, servent à créer des espaces favorisant
le dialogue, la collaboration, la concertation et le partage. Notre objectif est clair : démontrer l’importance de continuer
les efforts investis pour l’épanouissement de notre culture franco-ontarienne et faire rayonner celle-ci de la même
façon dans toutes les régions.
Bonne lecture.
SOMMET SUR L’ANIMATION CULTURELLE • 2
Sommaire
La Politique d’aménagement linguistique, fruit d’un processus exhaustif de consultation communautaire et
de recherche, fête ses 18 ans. Dix-huit ans, c’est l’âge où les élèves franco-ontariens ont déjà quitté le secondaire
et intègrent le marché du travail, entreprennent des études collégiales ou universitaires, ou empruntent d’autres
chemins dans le cadre d’une démarche d’exploration. Il y a donc toute une génération de jeunes qui ont évolué
dans un environnement où on a porté un regard sur leur construction identitaire, sur le développement de leurs
compétences langagières et sur le développement de leur sens d’appartenance à la communauté, et ce, de la petite
enfance jusqu’à la fin de leur secondaire.
C’est dans cette perspective d’appréciation du passé et de regard tourné vers l’avenir que la FESFO a entrepris une
démarche de consultation sur l’animation culturelle afin de mettre en valeur les bons coups, de cerner les enjeux
actuels et de proposer au ministère de l’Éducation des pistes d’actions permettant de traiter ces enjeux, de mettre
en place des milieux d’apprentissage et de créer des occasions de projets communautaires francophones dynamiques,
tout en reflétant les rêves et les aspirations de la jeunesse. Ce rapport se veut l’articulation des propos tenus par
les élèves et les parties prenantes ayant participé à la consultation.
Durant la réalisation de l’état des lieux, certains éléments sont ressortis comme étant prioritaires et devraient influencer
les réflexions du Ministère et des parties prenantes dans les décisions portant sur l’animation culturelle.
À plusieurs reprises, les élèves ont exprimé leurs inquiétudes liées à l’iniquité des services en animation culturelle
d’un conseil scolaire à l’autre, et même d’une école à l’autre au sein du même conseil.
La consultation a été réalisée dans un contexte de sortie de pandémie, et la majorité des échanges se sont faits
virtuellement. Parmi les élèves ayant pris part à la consultation, plusieurs n’avaient jamais participé à une activité
d’animation culturelle en personne. Pour les autres, c’est-à-dire ceux et celles qui avaient vécu des expériences
en animation culturelle en présentiel avant la pandémie, il était clair que l’accès à l’animation culturelle offerte
exclusivement de façon virtuelle n’est pas une solution viable. Dans l’ensemble, les élèves et les parties prenantes
sont d’avis qu’il faut maintenant revoir un modèle d’intervention d’animation culturelle post-pandémique jumelant
le meilleur du présentiel et du virtuel afin d’offrir une expérience optimale.
Le potentiel qu’offre le continuum complet de la petite enfance jusqu’au postsecondaire nécessite une attention
particulière. L’impact d’une vision concertée et partagée est inestimable. Il est donc essentiel de s’assurer que
l’ensemble des partenaires travaillent de concert afin d’articuler cette vision.
Bien entendu, les élèves et les parties prenantes du Consortium du Centre Jules-Léger ont pris part au processus
de consultation. Bien que toutes les recommandations s’appliquent au Consortium, certains éléments du rapport
et certaines recommandations portent sur les enjeux spécifiques à ces élèves et parties prenantes.
L’exercice de consultation a permis de préciser le Rôle et l’importance de l’animation culturelle, et les priorités
suivantes ont été dégagées :
SOMMET SUR L’ANIMATION CULTURELLE • 3
permet le
développement du
leadership jeunesse;
est un domaine d’intérêt qui nécessite agit comme outil
qu’on y accorde de l’importance au niveau facilitateur de relations entre
de la recherche et de la formation. l’école et la communauté;
L’animation
culturelle
crée des occasions pour que les est un partenaire dans
élèves s’ouvrent aux autres et créent la diffusion et la production
des liens avec d’autres élèves; artistique et culturelle;
Enfin, les consultations ont permis de cerner treize grandes recommandations qui permettraient de concrétiser ce qui
a été exprimé et ainsi assurer que l’animation culturelle prenne toute sa place et produisent des retombées optimales.
Voici, en résumé, les TREIZE grandes recommandations telles qu’elles ont été élaborées par le Labo FESFO,
focus animation culturelle :
1 • UN PROCESSUS DE RÉTROACTION
Il est recommandé qu’un processus de rétroaction et de consultation des élèves soit mis en place afin qu’ils et elles
soient au cœur des décisions. Il est proposé que ce processus soit assuré par la FESFO, représentant officiel de la
jeunesse franco-ontarienne. Cet exercice de consultation portant sur l’animation culturelle devrait inclure les éléments
budgétaires, les ressources, les objectifs et les résultats attendus. Plus les élèves sont engagé·e·s dans l’ensemble
des dimensions qui mène à une prise de décisions, plus ils·elles développeront les compétences nécessaires pour
relever les défis de l’avenir.
« On a envie d’avoir de nouvelles idées, de réinventer un peu l’École, d’essayer de nouvelles choses,
de vivre de nouvelles expériences et d’être entendu pour être impliqué. C’est difficile d’être censuré
et de ne pas pouvoir partager notre opinion quand on essaie de faire avancer les choses et d’avoir
de vraies conversations »
- élève de la 11e année
5 • UN FINANCEMENT ÉQUITABLE
Il est recommandé que le ministère de l’Éducation assure un financement équitable pour les conseils scolaires.
Toute formule de financement doit tenir compte des particularités régionales, de l’éloignement, de l’isolement culturel,
de l’accès à des ressources en français, etc.
«En échangeant avec les amis que je me suis fait aux activités de la FESFO, je me rends compte que
les conseils scolaires n’ont pas tous les mêmes activités et le même nombre d’activités. Je me trouve
chanceux d’avoir un animateur culturel à temps plein dans mon école, dans l’école de mon ami,
l’animateur culturel doit être à ses écoles élémentaires et ne peut pas l’aider aussi souvent.
Certains animateurs culturels ont trop de responsabilités dans l’école et n’ont pas le temps
d’appuyer nos idées et projets. »
En toutes circonstances, il est essentiel d’inclure les élèves dans le processus servant à identifier et de choisir les parties
prenantes à partir des objectifs et cibles identifiés. Les rencontres prendront ainsi un plus grand sens et auront un plus
grand impact.
« C’est important de s’amuser en français. Pour faire vivre la culture en milieu minoritaire, l’école
et la communauté ont avantage à organiser des rassemblements, des cérémonies et des traditions.
La culture Franco-Ontarienne est plus sociale qu’individuelle, c’est ainsi que la communauté prend
autant d’importance dans la découverte et l’épanouissement identitaire »
« C’est quand j’ai participé à un lever du drapeau que j’ai vu qu’il y avait beaucoup de Franco-Ontariens.
J’étais quand même fier de jouer avec l’orchestre de l’école »
- élève de la 8e année
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« J’ai eu la chance de plaider à la cour suprême du Canada dans un cas de droit constitutionnel
d’une communauté linguistique francophone. C’est le rêve de tout avocat de pouvoir faire ça un jour.
Cette chance m’a été offerte entre autres parce que la cause de la communauté en question me touche.
J’ai grandi en milieu minoritaire et donc je sais ce que cela représente d’avoir ses droits brimés. C’est
à la suite de ce moment important de ma vie et de ma carrière que je me suis rappelé les gestes précis
qu’ont fait une multitude de profs dans ma vie tant au secondaire qu’à l’université. Ces personnes,
qui ont vu en moi un francophone, un leader, un agent de changement, probablement plus que ce
que je pouvais voir, m’ont permis de vivre des expériences et des moments marquants. C’est précisément
à ce moment que j’ai pu retracer le parcours qui m’a mené là, à plaider devant la cour suprême du
Canada et faire ma part pour la communauté»
- ancien de la FESFO
« Lorsque j’ai eu la chance d’être formé en animation et d’ensuite pouvoir animer à mon tour des élèves
plus jeunes que je me suis senti le plus fier à l’école»
- élève de la 9e année
8 • CONCERTATION DU CONTINUUM
Au cours de la prochaine année, il est recommandé que le ministère de l’Éducation mette sur pied un comité
représentant toutes les parties du continuum. Ce comité encouragerait et assurerait des liens entre les différents
partenaires du continuum, et ce, de la petite enfance au postsecondaire. Ce comité s’occupera de mettre en œuvre
une programmation en animation culturelle tout au long du continuum. Il est aussi recommandé que la FESFO soit
le représentant de la jeunesse à ce comité et qu’elle assure une présence d’élèves du secondaire au sein de ce groupe.
« Dans mon école on prépare une pièce de théâtre et ensuite on la présente dans les écoles élémentaires
et pour la communauté. C’est vraiment valorisant d’avoir la chance de présenter devant différents
publics. Il y a même des enfants de la garderie qui viennent et ils sont tellement mignons »
« Les parents devraient être impliqués dans le choix des interventions culturelles et pour cela il faut que
le milieu scolaire et communautaire laisse place à l’individualité, accepte l’autre et sa différence. L’école
peut devenir un lieu de rassemblement pour la famille et permettre la construction d’une communauté »
« En 7e et 8e c’est un moment important qui peut aider à déterminer qui tu seras au secondaire. Il faut
donc permettre à ces jeunes de s’impliquer et leur donner une voix. »
«À mon école j’aimerais que les 7 et 8 puissent participer aux activités de l’école. Ils ont leur propre pa-
villon et leurs propres heures de dîner et de pauses. Comme membre du GDE il faut manquer des cours
pour faire vivre des activités à l’heure du midi aux élèves de l’élémentaire. J’aimerais que nous puissions
partager les espaces et je pense que ce serait bon pour les 7 et 8 »
11 • DÉVELOPPEMENT DE RESSOURCES
Étant donné que l’école est une pierre angulaire de la francophonie, un lieu de rencontre, un espace communautaire,
une facilitatrice de liens, et qu’elle permet aux élèves de découvrir leur communauté, il est recommandé que le ministère
de l’Éducation développe des ressources pour appuyer les conseils scolaires dans le processus et ouvrir la voie à une plus
grande collaboration communautaire. En favorisant la mise en place de processus de co-création entre les partenaires
communautaires et scolaires, il sera possible de créer des liens solides et durables, de maximiser l’utilisation des ressou-
rces et de concerter les efforts afin de créer dans nos communautés des milieux dynamiques et ainsi donner un sens plus
large à la culture et à la langue pour les élèves.
« Les écoles devraient créer des partenariats récurrents avec les autres acteurs de la communauté »
a. Ce cours pourrait être offert virtuellement comme cours provincial ou régional, ce qui le rendrait accessible
à l’ensemble de la population étudiante
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b. Ce cours pourrait permettre aux élèves de développer des compétences en leadership et de mettre
en application leurs apprentissages au sein de leur école et de leur communauté
c. Ce cours pourrait comprendre un stage d’un certain nombre d’heures et ainsi permettre aux élèves
de compléter leurs heures de bénévolat au sein d’organismes communautaires tels que la FESFO,
tout en bénéficiant d’un encadrement
d. Les responsables de l’animation culturelle pourraient appuyer les élèves dans le développement
d’initiatives et de projets à mettre en œuvre dans l’école et dans la communauté
« Être assez courageux pour dire OUI à toutes initiatives des jeunes c’est payant. C’est important de
laisser place à l’erreur, l’aventure est plus importante que ses fins. Donc toutes initiatives étudiantes
sont importantes et ont leur raison d’être. L’école peut s’assurer que les jeunes aient des choses à faire
et devenir un endroit de création de produits Franco-Ontarien »
« C’est quand je sens que je fais quelque chose de pertinent, que j’apprends et que je suis bien encadrée
que je peux faire une différence et m’impliquer »
«Un moment qui m’a vraiment marqué c’est lorsque nous sommes allés au parlement pour souligner
la journée du chandail orange. J’ai facilement repérer les élèves ASL qui étaient présent.e.s, j’ai aussi
rencontré des élèves franco-sourdiens qui étaient dans d’autres écoles»
Conclusion
Pour conclure, le résultat du processus de consultation est relativement clair. D’abord et avant tout, l’ensemble
des consultations ont permis de confirmer l’importance de l’animation culturelle dans l’environnement éducatif
franco-ontarien. Les dizaines et dizaines de témoignages recueillis dans le cadre de la démarche permettent non
seulement de confirmer cette importance, mais d’identifier un grand nombre de bonnes pratiques, de pistes
d’amélioration, d’initiatives de développement ainsi que de thèmes à explorer dans le cadre de futures recherches
scientifiques, tant quantitatives que qualitatives.
Une langue et une culture qui n’ont pas de vie à l’extérieur des murs d’une école n’ont pas d’ancrage ou de durabilité.
Créer des liens entre les jeunes, entre les jeunes et les membres du personnel scolaire, entre différentes écoles ainsi
qu’entre l’école et sa communauté, reste essentiel. C’est par le dialogue, la collaboration et la concertation de toutes
les parties prenantes qu’on atteindra les résultats souhaités : préservation de la langue, développement du sentiment
d’appartenance, amélioration des compétences et épanouissement de la francophonie et de ses communautés.
Si l’animation culturelle est un outil ultime pour arriver à créer de tels liens, à favoriser des contextes d’échanges
et de partage, à initier des projets permettant de vivre sa francophonie, elle est sans l’ombre d’un doute un outil
permettant d’assurer l’inclusion, le développement et l’engagement de la jeunesse : Aujourd’hui pour demain.
focus
animation
culturell e