Cat Devant Un Oeil Rouge
Cat Devant Un Oeil Rouge
Cat Devant Un Oeil Rouge
M1 – Médecine
Superviseurs
Pr DOHVOMA Viola, Maitre de conférences agrégé.
E-mail : [email protected]
OBJECTIFS
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Dr ABOUBAKAR HASSAN : CAT devant un œil rouge, M1 ; 2023
PLAN
INTRODUCTION
1 – DEFINITION
2 – INTERET
I- GENERALITES
1 – RAPPELS
2 – PATHOGENIE
1 – INTERROGATOIRE
2 – EXAMEN CLINIQUE
3 – EXAMEN PARACLINIQUE
4 – FORMES CLINIQUES
5 – CRITERES DE GRAVITE
1 – BUT
2 – MOYENS
3 – INDICATIONS
4 – RESULTATS
5 – SURVEILLANCE
CONCLUSION
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Dr ABOUBAKAR HASSAN : CAT devant un œil rouge, M1 ; 2023
INTRODUCTION
1- DEFINITION
« L’œil rouge » est un syndrome clinique ophtalmologique marqué principalement par la
coloration rougeâtre de l’œil à travers la muqueuse conjonctivale. Cette rougeur est due à une
augmentation de la vascularisation locale ou à une rupture vasculaire.
La rougeur oculaire constitue une situation d’urgence oculaire très fréquente. C’est une
manifestation clinique de nombreuses pathologies oculaires, des plus bénignes aux plus
menaçantes pour la vision. L'analyse précise des caractéristiques d'un œil rouge et des
éventuels éléments associés permet de distinguer les principales orientations diagnostiques.
Face à un œil rouge, le clinicien devra avant tout rechercher et éliminer un facteur
traumatique, car la démarche et la prise en charge seront différentes. Ce cours va traiter
essentiellement l’œil rouge non traumatique. Les traumatismes oculaires feront l’objet d’un
autre cours.
2- INTERET
Epidémiologique: l’œil rouge est un motif fréquent de consultation en ophtalmologie.
Diagnostique: l’étude soigneuse des signes permet de faire le diagnostic et de prévoir le
degré de gravité.
Pronostique: certaines étiologies peuvent causer la cécité.
I- GENERALITES
1- RAPPELS
1-1. La conjonctive
La conjonctive est une muqueuse translucide richement vascularisée qui tapisse la face
postérieure des paupières (conjonctive palpébrale), et s’invagine pour former des culs-de-sac.
Elle se prolonge sur la partie antérieure de la sclérotique (conjonctive bulbaire) et s’arrête au
niveau du limbe sclérocornéen.
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- Le corps ciliaire : triangulaire à la coupe, le corps ciliaire est un anneau placé en regard de
l'équateur du cristallin qu'il suspend par l'intermédiaire des ligaments suspenseurs ou zonules
de Zinn. Il porte le muscle ciliaire qui participe à l'accommodation. A sa face postérieure on
trouve les procès ciliaires qui sécrètent l'humeur aqueuse dans la chambre postérieure; elle
gagne la chambre antérieure à travers la pupille, et est éliminée au niveau de l’angle irido-
cornéen.
- La choroïde: c'est une lame de tissu conjonctif située immédiatement sous la sclérotique.
Elle est très vascularisée: c'est la membrane nourricière de l'œil.
La tunique interne ou la rétine
Fine membrane rosée tapissant la surface interne du globe, la rétine est un tissu
neurosensoriel, capable de capter les rayons lumineux et de transmettre les informations
visuelles au système nerveux central.
1-2-2. Les milieux transparents : cornée, chambre antérieure, cristallin, vitré.
- Chambre antérieure : cavité située entre la face antérieure de l’iris en arrière et la face
postérieure de la cornée en avant. Elle est remplie de l’humeur aqueuse qui est un liquide
transparent provenant de la chambre postérieure.
1-3. L’angle irido-cornéen
C’est l’un des composants majeurs de l’œil, il constitue la principale voie de résorption
de l’humeur aqueuse par le biais d’un de ses éléments essentiels, le trabéculum. L'angle irido-
cornéen (AIC) est issu de la réunion de quatre structures oculaires indissociables: la cornée et
la sclère en avant, l'iris et le corps ciliaire en arrière.
L’humeur aqueuse (HA) est formée au niveau des procès ciliaires du corps ciliaire, à
partir du plasma. Elle est sécrétée dans la chambre postérieure et gagne la chambre antérieure
à travers la pupille avant d’être éliminée au niveau de l’angle irido-cornéen par la voie
principale trabéculo-canaliculaire (90%) et par la voie accessoire uvéosclérale (10%).
L’humeur aqueuse a une influence primordiale sur la pression intraoculaire.
1-4. La vascularisation de l’œil
La vascularisation artérielle du globe oculaire est assurée par l’artère ophtalmique,
branche de l’artère carotide interne. L’artère ophtalmique est à l’origine de l’artère centrale de
la rétine et des artères ciliaires. Ces dernières vascularisent entre autres la sclère, l’iris, le
corps ciliaires et la conjonctive.
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2- PATHOGENIE
Un œil rouge résulte d'une dilatation ou d’une rupture des vaisseaux sanguins dans la
partie antérieure de l'œil. Le diagnostic étiologique peut être facilité par la différenciation
entre l'injection ciliaire et l'injection conjonctivale. L'injection ciliaire implique des branches
des artères ciliaires antérieures et indique une inflammation de la cornée, de l'iris ou du corps
ciliaire. L'injection conjonctivale implique principalement les vaisseaux sanguins
conjonctivaux postérieurs. Parce que ces vaisseaux sont plus superficiels que les artères
ciliaires, ils produisent une rougeur plus marquée, qui se déplace avec la conjonctive et
disparait avec l'application de vasoconstricteurs topiques.
1- INTERROGATOIRE
L’interrogatoire doit :
Préciser le mode d’apparition
récente ou ancienne,
brutale ou d’installation progressive,
unilatérale ou bilatérale (soit d’emblée soit avec un intervalle libre).
Rechercher les signes associés
locaux (douleur, baisse de l’acuité visuelle, prurit, sécrétions, etc.)
généraux (céphalées, fièvre, vomissements)
Préciser le type de la douleur
Superficielle :
modérée, à type de sensation de grains de sable (conjonctivite)
plus importante, avec photophobie, larmoiement et blépharospasme (kératite
aigue)
Profonde :
modérée : évoquant une uvéite antérieure ou une épisclérite
intense irradiant dans le territoire du trijumeau (hypertonie oculaire aigu)
Rechercher une baisse de l’acuité visuelle ; l’absence de baisse d’acuité visuelle
oriente vers une conjonctivite ou encore une épisclérite (moins fréquente).
Préciser les antécédents ophtalmologiques et généraux : ceux-ci peuvent
fréquemment donner la clé du diagnostic, par exemple dans le cas d’une uvéite ou
d’une sclérite compliquant une maladie systémique.
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2- EXAMEN CLINIQUE
Bilatéral et comparatif
2-1. Mesure de l’acuité visuelle : de loin et de près, avec correction optique éventuelle
2-2. Examen des paupières : inspection à la recherche de rougeur et œdème
2-3. Examen des conjonctives et de la sclère:
a) Evaluer la topographie de la rougeur oculaire
diffuse : concerne toute la conjonctive bulbaire et palpébrale
en secteur : nasal, temporal, supérieur, inférieur
autour du limbe : cercle périkératique (vasodilatation concentrique des vaisseaux
conjonctivaux limbiques péri cornéens sur 360°)
b) Evaluer l’aspect de la rougeur oculaire
homogène ou en nappe : hémorragique
hétérogène : vasodilatation
c) Examiner la sclère
recherche de nodules
recherche d’une nécrose
d) Everser les paupières supérieures
recherche des papilles et follicules
recherche du corps étranger
2-4. Examen de la cornée
La cornée normale est claire, sans altération de surface. Son examen permet
d'apprécier :
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3- EXAMENS PARACLINIQUES
L’examen paraclinique n’est pas nécessaire pour une orientation diagnostique et
surtout pour l’initiation d’un traitement. Il peut être nécessaire dans la recherche étiologique
de certaines pathologies. C’est le cas du frottis conjonctival dans les conjonctivites, des bilans
infectieux et de recherche des pathologies systémiques dans les uvéites.
4- FORMES CLINIQUES
On peut classifier l’œil rouge en fonction de son association ou pas avec la douleur et la
baisse de l’acuité visuelle. Ceci nous permet d’avoir une certaine orientation diagnostique :
L’œil rouge sans douleur sans baisse de l’acuité visuelle
Rougeur diffuse : oriente vers une conjonctivite
Rougeur localisé : oriente vers une hémorragie sous conjonctivale
L’œil rouge avec douleur
Sans baisse de l’acuité visuelle : sclérite ou épisclérite
Avec baisse de l’acuité visuelle : kératite, uvéite antérieure et glaucome aigu
par fermeture de l’angle.
A- Œil rouge non douloureux sans baisse de l’acuité visuelle
1) Les conjonctivites
C’est l’étiologie la plus fréquente d’un œil rouge.
Signes : rougeur diffuse, acuité visuelle conservée, sensation de grains de sable, prurit,
secrétions claires ou purulentes, cils collés le matin, cornée claire, PIO normale, pupille
de taille normale, reflexe photomoteur normal.
Etiologies :
Les conjonctivites bactériennes :
- le plus souvent bilatérales, parfois avec un intervalle libre ;
- les secrétions sont muco-purulentes ;
- un prélèvement pour examen bactériologique n’est pas nécessaire en première
intention ;
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a- Kératites infectieuses
a-1. Kératite bactérienne : elle est liée à quatre grands groupes de bactéries : les
staphylocoques, les streptocoques, les pseudomonas et les entérocoques. Les formes cliniques
sont variables. La triade œil rouge en cercle périkératique, larmoiement purulent et
blépharospasme est constante. L’examen peut mettre en évidence un abcès cornéen, opacité
blanchâtre cornéenne qui souvent prend la fluorescéine.
a-2. Kératite virale : La kératite herpétique est la première cause de cécité d’origine
infectieuse dans les pays industrialisés. La forme typique est la kératite dendritique : on
observe, après l’instillation d’une goutte de fluorescéine, une atteinte épithéliale
caractéristique en feuille de fougère. Le patient présente une vive douleur trigéminée, un
larmoiement important ainsi qu’un blépharospasme majeur. L’instillation oculaire de
corticoïde est formellement contre-indiquée.
a-3. Kératite amibienne : La kératite amibienne est rare. Elle est très souvent retrouvée chez
les patients porteurs de lentilles (entretien des lentilles avec de l’eau du robinet).
a-4. Kératite fongique : Il faut l’évoquer après traumatisme par corps étranger végétal et
chez des patients porteurs de lentilles.
b- Kératites non infectieuses
b-1. Kératite secondaire à un syndrome sec oculaire
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b-2. Kératite secondaire à une malposition palpébrale : Elle est consécutive à une irritation
de la cornée par les cils.
b-3. Kératite neurotrophique : affection dégénérative caractérisée par une diminution ou
une perte de la sensibilité cornéenne provoquée par une atteinte du nerf trijumeau.
b-4. Kératite immunitaire : observée dans certains cas de conjonctivite allergique.
2) Les uvéites antérieures aigues.
L’uvéite antérieure est une inflammation qui touche la partie antérieure de l’uvée, elle est
également appelée iritis (inflammation de l’iris), cyclite (inflammation du corps ciliaire) ou
iridocyclite (atteinte de l’iris et du corps ciliaire).
Signes fonctionnels
baisse de l’acuité visuelle ;
douleurs oculaires : la douleur peut être très variable, parfois inexistante dans les
formes insidieuses ;
signes irritatifs (photophobie, larmoiement, blépharospasme)
Signes à l’examen clinique
rougeur oculaire avec cercle péri-kératique ;
précipités rétro-cornéens : dépôts de cellules inflammatoires à la face postérieure de la
cornée ;
phénomène Tyndall : diffraction de la lumière sur les cellules inflammatoires et les
protéines présentes dans l’humeur aqueuse ;
l’iris, classiquement en myosis, peut être déformé en feuille de trèfle par des
adhérences de sa face postérieure à la face antérieure du cristallin (synéchies irido-
cristalliniennes) ;
la pression intraoculaire est normale, abaissée ou augmentée.
l’examen du fond d’œil systématique à la recherche d’uvéite postérieure associée.
Etiologies
Les étiologies sont multiples et leur diversité nécessite un bilan clinique et paraclinique
orienté. Elles sont :
idiopathiques ;
infectieuses : virales (herpétique, VZV, CMV), syphilis, tuberculose
non-infectieuses : maladie de Behçet, spondylarthrite ankylosante, arthrite juvénile
idiopathique, sarcoïdose
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5) Hypopion ou Hyphéma
6) Hypertension oculaire
7) Anomalies de la pupille
8) port de lentille de contact, traumatisme, post-opératoire
9) symptômes systémiques : nausées, vomissements, céphalées intenses
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3- INDICATIONS
Conjonctivite bactérienne
Mesures prophylactiques et lavage oculaire
Antibiotiques : collyre (1goutte/heure x 48h puis 1goutte x 4/j) ± pommade (1
application le soir). Durée du traitement : 10 à 14 jours
Conjonctivite virale
Mesures prophylactiques
Antiseptiques : collyre (1goutte x 4 /j pendant 14 jours)
Conjonctivite allergiques
Antihistaminique : collyre (1goutte x 2/j pendant 30 jours) ± oral
Corticoïde : collyre de faible puissance (Fluomethanolone : 1goutte x 3/j x 7 j)
Prescription des lunettes photochromiques
Conjonctivite néonatale
Prophylaxie : bon suivi prénatal, traitement des infections vaginales maternelles,
polyvidone 2,5% ou tétracycline pommade (1 application, 20 min après
l’accouchement)
Nettoyage palpébrale : avec un antiseptique
Antibiotiques : topique (1goutte/heure x 48h puis 1goutte x 4/j pendant 10j) + général
(ceftriaxone IV : 50 – 100mg/kg pour la gonococcie ou erythromycine/azythromycine
oral : 50mg/kg/j pour le chlamydia). Il faut aussi traiter les parents.
Hémorragie sous conjonctivale
Pas de traitement local spécifique. La résorption spontanée se fait en 2 à 3 semaines. Il
faut préconiser la prise en charge éventuelle de facteurs de risque cardiovasculaire.
Kératite infectieuse
Antibiotique : collyre (1 goutte/h) et pommade (le soir) à large spectre (quinolones), à
mettre en place avant de référer le patient.
Pommade antiviral : en cas de suspicion d’une atteinte virale ; 1 application x 5/jour
Ne jamais utiliser les collyres à base de corticoïdes.
Uvéite antérieure aigue
Corticoïdes locaux : collyre ou injections sous conjonctivales
Mydriatiques : collyres pour suppression ou prévention de synéchies
Traitement étiologique : traitement multidisciplinaire
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4- RESULTATS
Devant un œil rouge, un traitement adéquat et une référence urgente permettent de prévenir
les complications. Les hémorragies sous conjonctivales disparaissent généralement de façon
spontanée sans traitement. Traitées, les conjonctivites de l’adulte guérissent sans séquelles.
Les kératites et les conjonctivites néonatales sont des pourvoyeuses de lésions cornéennes
irréversibles lorsque le traitement n’est pas bien conduit. Dans la crise aigüe par fermeture de
l’angle, lorsque la PIO est baissée très rapidement, la douleur et l’œdème cornéen régressent
et l’acuité visuelle est retrouvée ; dans le cas contraire, il y’a risque de cécité irréversible par
ischémie du nerf optique.
5- SURVEILLANCE
Tout œil rouge nécessite une surveillance maximale de 03 jours. En cas de non
amélioration, le patient doit être référer à un spécialiste. Les paramètres à évaluer de façon
quotidienne sont : l’acuité visuelle, la douleur, la rougeur et les signes spécifiques de chaque
pathologie responsable.
CONCLUSION
L'œil rouge est un motif fréquent de consultation en urgence. Un interrogatoire orienté et
un examen clinique permettent de poser le diagnostic et d’éliminer une urgence. Les
pathologies responsables sont très variées, allant de la conjonctivite bénigne à des affections
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sévères susceptibles de mettre en jeu la fonction visuelle. Il convient donc, devant un œil
rouge, de rechercher les signes de gravité et de s’orienter rapidement vers un diagnostic précis
pour une prise en charge adéquate du patient.
RESUME
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BIBLIOGRAPHIE
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