Cours Complet Phy Des Reacteurs-27-58

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Principes fondamentaux des réacteurs CANDU

2 STRUCTURE DE L’ATOME
La notion d’atome remonte à plus de 2500 ans, alors que des savants
grecs ont proposé que les objets qui nous entourent étaient composés
de particules minuscules, qu’ils ont baptisé atomes. Tous les objets
naturels sont constitués de combinaisons d’atomes dont le nombre
d’espèces est limité. John Dalton, un chimiste britannique du XIXe
siècle, a formalisé en six points, la théorie atomique moderne :

1. La matière ordinaire est formée de « particules » appelées


atomes.

2. Ces atomes sont trop petits pour être distingués à l’œil nu.

3. Les différentes substances chimiques sont composées d’atomes


particuliers, caractérisés par leur masse atomique.

4. Tous les atomes du même élément chimique sont identiques.

5. Les atomes se combinent en proportions simples pour former


de nouvelles substances. Les atomes, toutefois, restent
inchangés.

6. Les atomes ne peuvent être ni divisés, ni créés, ni détruits.

Hormis une correction mineure au point 4 pour tenir compte des


isotopes (voir plus bas), les cinq premiers points sont corrects. Au
cours du XXe siècle, on a démontré que le point 6 était faux : on peut
diviser les atomes en particules encore plus fondamentales : le proton,
le neutron et l’électron.

2.1 Particules fondamentales


2.1.1 Le proton
Le proton est une particule minuscule. Il est environ cent mille fois
plus petit que l’atome d’hydrogène (1/100 000 = 10-5), qui lui-même
mesure environ un dix milliardième de mètre, soit 10-10 m. Le proton
porte une seule charge positive (+ 1 e) et sa masse est d’une unité de
masse atomique (1 uma ou 1 u). C’est une unité minuscule : 1 u =
1,66 × 10-27 kg. Un proton pèse 1,0073 u, que nous arrondissons
habituellement à 1 u.

2.1.2 Le neutron
Un neutron est une particule neutre (dépourvue de charge électrique)
de la même taille que le proton. Il pèse 1,0087 u, soit 2½ masses
électroniques de plus que le proton. Nous arrondissons habituellement
sa masse à 1 u.

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2.1.3 L’électron
L’électron est la plus petite particule fondamentale. Sa masse n’est que
de 0,000 548 u, soit 1/1840 la masse d’un nucléon (un neutron ou un
proton). L’électron porte une seule charge négative (-1 e). Un courant
de un microampère correspond au passage de 6,24 billions de charges
par seconde.

2.2 Structure atomique


Nous allons explorer comment s’assemblent ces particules
fondamentales pour former des atomes.

On a décerné le prix Nobel de physique de 1922 au physicien danois


Niels Bohr en récompense pour sa théorie de la structure atomique.
Selon le modèle de Bohr, l’atome est constitué d’un petit amas de
protons et neutrons (le noyau) entouré d’électrons en orbite — il
ressemble à un petit système solaire, dans lequel la gravitation est
remplacée par les forces électriques entre le noyau positif et les
électrons négatifs.

Figure 2.1
Chaque atome comporte un nombre caractéristique de protons dans
son noyau. Un atome neutre — c’est-à-dire non chargé — possède le
même nombre d’électron en orbite que de proton dans son noyau. La
figure 2.1 montre les modèles des trois premiers éléments :
l’hydrogène, l’hélium et le lithium.

On connaît plus de 110 éléments chimiques, dont 90 sont « naturels ».


Parmi ceux-ci, la plupart (81) sont stables. Quelques atomes instables
(c’est-à-dire radioactif) se trouvent dans la nature. Les atomes
artificiels sont tous instables.

2.3 Notation atomique


On peut représenter chaque type d’atome par son symbole chimique,
son numéro atomique (nombre de protons) et son nombre de masse
(soit le nombre de nucléons) comme suit :

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Principes fondamentaux des réacteurs CANDU

A
ZX où: Z est le nombre atomique

X est le symbole chimique

A est la masse atomique

Le symbole ZA X désigne l’atome neutre de l’élément chimique X.

Par exemple, les trois éléments représentés à la figure 2.1 sont :

1
l’hydrogène 1
H (1 proton, 1 électron)

4
l’hélium 2
He (2 protons, 2 neutrons, 2 électrons)

7
le lithium 3
Li (3 protons, 4 neutrons, 3 électrons)

Puisque le nombre de protons détermine sans équivoque le symbole


chimique, on préfère écrire 4He ou hélium 4 plutôt que 42 He .

2.4 Isotopes
Le noyau de l’atome de lithium de la figure 2.1 comporte trois protons
et quatre neutrons. C’est le cas de 92,5 % des atomes de lithium
trouvés dans la nature. Les autres 7,5 % possèdent trois protons et trois
neutrons. Nous appelons isotopes ces formes distinctes du lithium.
Elles sont représentées par les symboles 7Li et 6 Li respectivement.

Les isotopes d’un élément ont le même nombre de protons dans leur
noyau mais un nombre différent de neutrons. Les isotopes d’un
élément donné ont des propriétés chimiques et physiques semblables,
mais leurs propriétés nucléaires sont très différentes. (En outre, les
isotopes des atomes légers ont des masses très différentes).

Les isotopes de l’hydrogène et de l’uranium sont particulièrement


importants dans le cadre de ce cours. L’hydrogène possède trois
isotopes (hydrogène, deutérium et tritium) qui sont montrés à la
figure 2.2. Les deux premiers se trouvent dans la nature quoique
l’abondance du deutérium ne soit que de 0,015 % (environ 1 atome sur
7000). L’eau lourde formée à partir de deutérium (D2O) est utilisée
dans les réacteurs pour ralentir les neutrons rapides et évacuer la
chaleur du combustible. La production d’eau lourde se fait par un
procédé de séparation onéreux. Le troisième isotope, le tritium, est

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Principes fondamentaux des réacteurs CANDU

produit dans les réacteurs CANDU. Il est radioactif et constitue un


danger grave pour la santé.

hydrogène deutérium ou tritium ou


hydrogène lourd hydrogène
radioactif lourd

Figure 2.2
L’uranium naturel utilisé comme combustible dans les CANDU
238 235
comporte deux isotopes : 92
U et 92
U . L’abondance de ce dernier est
de 0,7 %. Il est fissile, c’est-à-dire qu’il se fissionne (se divise en
libérant de l’énergie) lorsqu’il est heurté par un neutron à basse
énergie (dont la vitesse est peu élevée). Le 235U est le seul atome fissile
naturel. L’isotope du 238U n’est pas fissile et son abondance est de
99,3 %. Toutefois, comme nous le verrons plus tard, il influence
fortement le comportement du combustible nucléaire.

Le fait qu’un même élément chimique comporte des atomes différents


est une source de confusion. Lorsqu’on précise le nombre de nucléons
dans le noyau des atomes (c.-à-d. Z et A) on utilise parfois le mot
nucléide. Par exemple, le « tableau des nucléides » illustre les
propriétés de chaque type d’atomes distincts (tous les isotopes de
chaque élément).

2.5 Notions principales


• Les atomes sont composés de protons, de neutrons
d’électrons.

• Les protons ont une masse de 1 u et une charge électrique


positive. Les neutrons ont une masse de 1 u et aucune
charge électrique. Les électrons ont une masse de 1/1840 u
et une charge électrique négative.

• Dans un atome neutre, le nombre de protons et, donc, le


nombre d’électrons déterminent les propriétés chimiques et
la plupart des propriétés physiques d’un atome.

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Principes fondamentaux des réacteurs CANDU

• Les isotopes sont des atomes dont le noyau comporte le


même nombre de protons et un nombre différent de
neutrons dans le noyau.

• Dans une réaction nucléaire, les isotopes des éléments se


comportent de façon différente.

• La notation A
Z X est la notation normale pour désigner les
nucléides.

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Principes fondamentaux des réacteurs CANDU

2.6 Exercices
1. Donnez la masse, la charge et la position dans l’atome de
chacune des particules fondamentales.

2. Définissez ce qu’est un isotope.

3. Décrivez la structure atomique du 31 H .

10
4. Dessinez un atome de 5
B.

5. Définissez les mots ou expressions suivants : atome, élément,


nucléide, nucléon, numéro atomique, nombre de masse, unité
de masse.

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Principes fondamentaux des réacteurs CANDU

3 Radioactivité — phénomènes nucléaires spontanés


C’est à Henri Becquerel que l’on doit la découverte de la radioactivité.
En 1896, il réalisait des expériences avec des sels fluorescents (qui
contenaient de l’uranium) et a constaté que ses plaques
photographiques étaient exposées mêmes si elles étaient enveloppées
de façon à les protéger de la lumière. On a plus tard démontré que les
« rayons pénétrants » qu’il avait découvert étaient de trois types
différents : les particules alpha (α), les particules bêta (β) et les rayons
gamma (γ).

3.1 Types d’émission


Tous les noyaux dont le nombre atomique est supérieur à 83 sont
instables (radioactifs) et, irrémédiablement, finissent un jour par se
désintégrer en émettant une particule alpha ou bêta. Les nouveaux
noyaux formés (descendants ou produits de filiation) se désintégreront
jusqu’à ce qu’un nucléide de numéro atomique 83 ou moins soit
formé. Il existe aussi plusieurs noyaux radioactifs naturels dont le
nombre de masse est inférieur à 83. On a fabriqué également plusieurs
noyaux radioactifs artificiels.

3.1.1 Émission d’une particule alpha


Normalement, la particule alpha est émise par un noyau lourd, tel le
238
U, ce que l’on peut exprimer comme suit :

238 234
92
U → 90
Th + α.

L’étude des particules α a démontré qu’elles étaient identiques aux


noyaux d’hélium, ainsi on écrit parfois :
238 234 4
92
U → 90
Th + 2
α,
(père) → (fils) + (α)

A− 4
ou A
Z
X → Z −2
X + α.

Ces équations représentent l’émission d’une particules α (un noyau


d’hélium 4) rapide par un noyau père et la production d’un noyau fils.

Aucun électron n’est en orbite autour de la particule α (laquelle est un


noyau d’hélium) et, donc, elle porte une charge de +2e [que l’on écrit
habituellement +2]. La particule alpha a une masse de 4,0015 u et sa
vitesse, juste après son éjection, est habituellement une fraction de la
vitesse de la lumière.

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Principes fondamentaux des réacteurs CANDU

3.1.2 Émission d’une particule bêta


Les particules bêta sont émises par les noyaux riches en neutrons
(certains noyaux comptent trop de neutrons). Par exemple :

90
38
Sr → 90
39
Y + β− .

Si on le désire, on peut ajouter le nombre de masse et la charge au


symbole, ce qui s’écrit :

90 90 0
38
Sr → 39
Y + −1
β

ou A
Z
X → A
Z +1
X + β− .
Comme on peut l’observer ci-dessus, le produit de filiation d’une
désintégration bêta se trouve une case plus loin dans le tableau
périodique. Un des neutrons du noyau s’est transformé en proton et,
donc, le numéro atomique augmente de une unité, alors que le nombre
de masse reste constant.

Une particule bêta est un électron très rapide émis par un nucléon du
noyau. Elle a la même masse que tout électron, 0,000548 u, et la même
charge, -1. Elles se déplacent à une vitesse entre 90 et 99 % de la
vitesse de la lumière.

3.1.3 Émissions d’un rayon gamma


L’émission d’une particule alpha ou bêta laisse habituellement le
produit de filiation dans un état excité. Il existe une différence entre un
noyau dans un état excité et un noyau instable. Les noyaux excités ont
un excès d’énergie. Les noyaux stables et instables peuvent être dans
un état stable. La désexcitation peut se faire par l’émission d’une
particule (α, β, neutron ou proton) mais, dans la plupart des cas, elle se
produit par l’émission d’un ou de plusieurs photons gamma. Nous
utilisons le terme photon pour indiquer que le rayonnement gamma a
des propriétés ressemblant à celles des particules. Par exemple :

60
27
Co → 60
28
Ni * + β - (émission d’un β), suivi de

60 60
28
Ni * → 28
Ni + γ (émission d’un γ)

Les noyaux de cobalt 60 émettent une particule bêta, laissant les


noyaux de filiation, le nickel 60, dans un état excité (comme l’indique
l’astérisque). Presque immédiatement, les noyaux excités de nickel 60

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Principes fondamentaux des réacteurs CANDU

émettent des rayons γ jusqu’à ce qu’ils soient tous désexcités. Puisque


la durée de l’excitation est très courte, habituellement 10-9 s, on écrit
habituellement les désintégrations bêta et gamma comme s’il s’agissait
d’un unique événement :

60 60
27
Co → 28
Ni + β + γ
On peut écrire une équation généralisée de la désintégration gamma :

A
Z
X* → A
Z
X + γ
On observera que les valeurs de Z et A ne changent pas. Puisque le
rayon γ n’a ni charge ni masse (il est composé d’énergie pure), son
émission ne modifie ni le numéro atomique ni le nombre de masse du
nucléide.

Les rayons gamma sont un rayonnement électromagnétique comme la


lumière, les ondes radio ou les rayons X. Un changement dans la
distribution de la charge peut provoquer l’émission d’un rayonnement
électromagnétique. L’énergie des photons définit les différents types
de rayonnement électromagnétique. Un photon gamma possède plus
d’énergie que la plupart des photons X, lesquels sont plus énergétiques
que les photons ultraviolets, et ainsi de suite jusqu’aux ondes radio les
plus longues. La figure 3.1 montre le spectre électromagnétique. Les
protons de basse énergie ont une fréquence peu élevée, une grande
longueur d’onde et se comportent comme des ondes. Les rayons
gamma de haute énergie agissent comme des particules lors de leurs
interactions. La vitesse de propagation du rayonnement
électromagnétique est c = 3 × 108 m/s.

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Principes fondamentaux des réacteurs CANDU

non ionisants ionisants

rayons gamma
micro-ondes visible
ultraviolet

ondes radio rayons X


infrarouge

Fréquence (Hz)
Figure 3.1
Le spectre électromagnétique

3.2 Interaction du rayonnement avec la matière


Les particules alpha et bêta sont des particules ionisantes. À cause de
la charge électrique qu’elles transportent, les atomes dont elles
s’approchent se séparent en ions. Chaque séparation crée une paire
d’ions. Comme nous l’expliquons plus tard dans ce chapitre, les rayons
gamma produisent une ionisation indirecte. Le tableau 3.1 résume les
propriétés des différents types de rayonnement.

3.2.1 Interactions des particules alpha


Avec leur charge de +2 et leur masse de 4 u, les particules alpha créent
une ionisation intense. En traversant de l’air sec, une particule alpha
produit environ 50 000 paires d’ions par centimètre et perd environ
34 eV par paire produite. Une particule alpha de 4 MeV aura épuisé
toute son énergie après avoir traversé 2,5 cm. Elle ralentira, s’arrêtera
et, en capturant deux électrons à son entourage, redeviendra un atome
d’hélium normal. Vers la fin de son parcours, elle transmet un peu
d’énergie aux atomes avoisinants par excitation atomique.

Puisque, dans les liquides ou les solides, le nombre de paires d’ions


créés par centimètre parcouru sera très supérieur, la particule
traversera une distance beaucoup plus courte. Quelle que soit la
substance, la portée d’une particule alpha (soit la distance parcourue
en ligne droite), traverse la même masse de matière. La portée des
particules alpha est généralement inférieure à 0,1 mm, soit l’épaisseur
d’une feuille de papier.

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Principes fondamentaux des réacteurs CANDU

3.2.2 Interactions des particules bêta


Les particules bêta ont une charge de –1, une masse de 0,000 548 u et
se déplacent très rapidement (entre 90 et 99 % de la vitesse de la
lumière, c). Elles causent moins d’ionisation intense que les particules
alpha : entre 100 et 300 paires d’ions par centimètre d’air sec traversé.
À cause de leur faible masse, les particules bêta sont facilement
défléchies et ne se déplacent pas en ligne droite. Dans l’air sec, leur
parcours total est d’environ 20 m, mais la distance réellement
parcourue peut facilement être moitié moindre. Les particules bêta sont
plus pénétrantes que les alpha, elles peuvent traverser une feuille de
papier. Normalement, 1 mm de matière dense suffit à les arrêter.

Lorsqu’elles sont arrêtées rapidement ou changent brusquement de


direction, les particules bêta émettent des rayons X. Habituellement, ce
phénomène est responsable d’une fraction de la perte d’énergie des
particules bêta, l’ionisation étant responsable de la plupart de cette
perte. Ce rayonnement étrange porte un nom insolite : bremsstrahlung,
mot en allemand signifiant « rayonnement de freinage ».

3.2.3 Interaction des rayons gamma avec les atomes


L’interaction des rayons gamma avec les atomes diffère de celle des
particules alpha et bêta. Ils ne possèdent ni charge ni masse et
n’éparpillent pas constamment de petites quantités d’énergie
aléatoires. Au contraire, ils cèdent de grandes quantités d’énergie lors
d’interactions directes. Il existe trois mécanismes d’interaction entre
les rayons gamma et les atomes :

L’effet photoélectrique.
C’est le mécanisme d’interaction des rayons gamma de faible énergie.
Un rayon gamma incident heurte un électron sur une orbite atomique,
il lui cède toute son énergie et cesse d’exister. L’électron est éjecté de
l’atome et se comporte comme une particule bêta, on appelle cet
électron éjecté photoélectron.

Ce phénomène est négligeable pour plusieurs substances si l’énergie


des photons dépasse 0,1 MeV.

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Principes fondamentaux des réacteurs CANDU

électron éjecté

noyau

Figure 3.2
L’effet photoélectrique

L’effet Compton
Ce mécanisme d’interaction est très important pour les photons gamma
dont l’énergie se situe entre 0,1 et 10 MeV. Le rayon gamma incident
est « diffusé » par sa collision avec un électron. Celui-ci absorbe une
partie de l’énergie du gamma et est éjecté de l’atome. Cet électron
Compton a normalement plus d’énergie qu’un photoélectron et peut
provoquer autant d’ionisations qu’une particule bêta.

En réalité, le rayon gamma diffusé est un autre rayon gamma, puisque


le photon incident est absorbé et qu’un nouveau photon de moindre
énergie est émis. Après une série d’interactions de ce type, le rayon
gamma de basse énergie résultant est absorbé par effet photoélectrique.

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Principes fondamentaux des réacteurs CANDU

électron éjecté

gamma diffusé

gamma incident

Figure 3.3
Effet Compton

La production de paires électron-positron


Cette interaction d’un rayon gamma se produit toujours près d’un
noyau atomique qui « recule » (il absorbe une partie de la quantité de
mouvement). L’énergie du rayon gamma sert à créer une paire
électron-positron. (Un positron est un électron porteur d’une charge
positive, on écrit parfois positon.) Pour créer une paire, le photon doit
avoir une énergie d’au moins 1,02 MeV, soit l’énergie équivalente à la
masse de deux électrons. Ce mécanisme se produit fréquemment pour
les rayons gamma très énergétiques.

-
électron, e
noyau photon gamma
+
positron, e de 0,51 MeV

photon gamma
photon gamma -
électron, e de 0,51 MeV
incident

Figure 3.4
Production de paire
Les électrons positif et négatif créés produisent tous deux de
l’ionisation mais leur destin diffère. Une fois ralenti, le positron
« heurte » un électron d’un atome et ils s’annihilent mutuellement. Ils
cessent d’exister et deux rayons gamma de 0,511 MeV sont créés.

27
Principes fondamentaux des réacteurs CANDU

Les rayons gamma de 0,511 MeV se propagent et interagissent par


effet photoélectrique ou effet Compton. De son côté, l’électron ralentit
et se joint à un atome pour redevenir un électron atomique « normal ».

3.3 Ionisation directe et indirecte


Les rayons alpha et bêta causent une ionisation directe. Chaque
création de paire d’ions absorbe une petite quantité d’énergie et ralentit
d’autant la particule. La particule finit par s’arrêter. Quelle que soit
leur énergie, les alphas franchissent la même distance en ligne droite
(dans une substance donnée, ils ont la même portée). De façon
analogue, les bêtas d’une énergie donnée ont approximativement la
même portée dans une substance donnée. Les gammas, toutefois, n’ont
pas de portée. Ils peuvent interagir immédiatement ou se déplacer sur
une longue distance entre les interactions. Les gammas perdent leur
énergie par grandes quantités qui sont absorbées par la matière par des
ionisations indirectes (secondaires), à proximité des lieux
d’interaction. Une petite fraction d’un flux de rayons gamma peut
traverser des matériaux très épais et ressortir sans avoir perdu
d’énergie.

Tableau 3.1
Rayon- Masse Charge Énergie Notes
nement approx. (MeV)
(u.m.a.)

α 4 +2 de 4 à 8 Très courte portée,


fortement ionisant

β 0,0005 -1 de 0,5 à 3,5 Courte portée

γ 0 0 jusqu’à 10 (la plupart Longue portée


moins de 3 MeV)

3.4 Blindage
Il est facile de créer un blindage contre les particules alpha et bêta. On
a qu’à disposer des matériaux dont l’épaisseur est égale ou supérieure
à leur portée. Les matériaux de blindage contre les rayons bêta ne
devraient pas les arrêter trop rapidement puisque leur freinage peut se
traduire par l’émission de bremsstrahlung (rayons X) dont on peut se
protéger en plaçant du blindage supplémentaire.

Il est plus difficile de se protéger des rayons γ et X. Quelle que soit


l’épaisseur du blindage, certains rayons le traverseront. On peut

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Principes fondamentaux des réacteurs CANDU

toujours trouver, pour une énergie donnée de photon, la quantité de


matériel qui diminuera de moitié l’intensité. On appelle cette quantité
couche de demi-atténuation (abrégé par CDA). Deux couches de demi-
atténuation réduisent l’intensité au quart de sa valeur originale, et une
troisième la réduit au huitième.

Par exemple, la couche de demi-atténuation des rayons gamma


ordinairement émis par les produits de filiation est d’environ quinze
centimètres d’eau. Or, dans les piscines (ou travées), on conserve le
combustible épuisé sous au moins quatre mètres et demi d’eau, ce qui
correspond à 30 CDA. Ainsi, à la surface de la travée, l’intensité des
rayons γ est réduite d’un facteur 230 — ou coupée de moitié 30 fois.
Une fois arrondi, 1/230 donne 10-9 ou un milliardième de l’intensité
originale. (Vous devriez répéter ce calcul sur votre calculatrice.)

Les matériaux composés d’atomes lourds forment les blindages les


plus efficaces contre les rayons gamma. On utilise souvent le plomb
lorsqu’il y a peu d’espace pour le blindage. Si l’on utilise des
matériaux moins coûteux (le béton, l’eau etc.), on devra prévoir des
murs plus épais.

3.5 Notions principales


• Les trois particules principales émises spontanément lors de
désintégrations radioactives sont les rayons alpha, bêta et
gamma.

• Les particules alpha sont des noyaux d’hélium doublement


chargés; elles se déplacent lentement après avoir été
émises. Elles sont éjectées de gros noyaux comme ceux de
l’uranium et du thorium.

• Les particules bêta sont des électrons. Lorsqu’elles sont


émises, elles se déplacent habituellement à une vitesse
dépassant 90 % de la vitesse de la lumière. Elles sont
produites par les noyaux qui comptent trop de neutrons. Un
neutron du noyau se transforme en proton et émet une
particule bêta.

• L’émission d’un rayon gamma accompagne habituellement


une désintégration alpha ou bêta. Ce sont des photons
porteurs d’énergie électromagnétique et ils se déplacent à la
vitesse de la lumière.

29
Principes fondamentaux des réacteurs CANDU

• Les particules alpha et bêta sont des rayonnements


responsables d’une ionisation directe. Elles laissent un
sillage d’atomes ionisés

• Les photons gamma sont un rayonnement ionisant indirect,


ils interagissent avec les atomes pour produire des ions. Les
trois mécanismes d’interaction des gammas sont : l’effet
Compton, l’effet photoélectrique et la production de paires.

• On peut se protéger des rayonnements bêta et alpha en


disposant certains matériaux entre leur source et soi.

• Il est plus difficile de se blinder contre les rayons gamma.


On utilise la couche de demi-atténuation (CDA) pour
qualifier l’efficacité du blindage par une substance contre
les rayons gamma. LA CDA est l’épaisseur de matériau
nécessaire pour réduire de moitié la quantité d’énergie
transportée par les rayons gamma.

30
Principes fondamentaux des réacteurs CANDU

3.6 Exercices
1. Écrivez les équations nucléaires menant à l’émission de rayons
alpha, bêta et gamma en utilisant la notation ZA X .

2. Décrivez brièvement comment les rayons alpha, bêta et gamma


cèdent leur énergie à la matière.

3. Donnez les masses et les charges électriques des particules α et β.

4. Qu’entend-on par le mot ionisation?

5. Pourquoi dit-on que les rayons γ ne causent pas d’ionisation


directe?

6. Décrivez les méthodes utilisées pour se blinder contre les


particules α ou β.

7. Quel type de matériaux peut-on utiliser pour se blinder contre les


rayons γ?

8. Soit une substance dont la couche de demi-atténuation contre des


rayons γ de 1 MeV est de 6 cm, calculez l’épaisseur nécessaire
pour en réduire l’intensité par un facteur 1000.

31
Principes fondamentaux des réacteurs CANDU

4 Stabilité et instabilité nucléaires

Nombre de neutrons (A-Z)

Nombre de protons (Z)


Figure 4.1
Évolution de N (A-Z) en fonction de Z
Chaque point noir de la figure 4.1 représente un noyau stable. La
présence de plus d’un point apparaît pour un même numéro atomique
indique l’existence de plus d’un isotope stable. Ainsi, les deux points
visibles pour le numéro atomique 1 représentent l’hydrogène, 1H, et le
deutérium, 2H. Les trois points de numéro atomique 8 représentent les
isotopes 16O, 17O et 18O.

32
Principes fondamentaux des réacteurs CANDU

Si l’on observe la forme générale de la distribution, on constate que


dans les noyaux légers le nombre de neutrons est presque le même que
le nombre de protons. Il y a des exceptions, la plus notable étant le 1H
qui n’a qu’un seul proton. Le rapport neutrons/protons (N/Z, on
pourrait aussi écrire n:p) dans les noyaux intermédiaires est plus
élevé : environ 1,3. (Pour 103Rh, N/Z = 1,29.) Ce rapport s’élève
jusqu’à 1,5 pour les atomes lourds.

118
Par exemple, pour l’or, 197Au, N/Z = = 1,5.
79

En général, on peut dire qu’un noyau est instable si le rapport


neutron-proton n’est pas dans cette fourchette. En effet, deux protons
ne peuvent sans neutron former un noyau. Par exemple, le noyau de
l’hélium 3 contient deux protons et un neutron. Cet unique neutron
réussit à « diluer » la force électrique qui tend à éloigner les protons.
Les neutrons permettent aux protons de rester agglutinés. À cause de la
présence de neutrons, la force attractive à courte portée entre nucléons
voisins excède la force électrique répulsive à longue portée entre les
protons. Dans l’hélium 4, les deux neutrons et les deux protons
forment un noyau dont les nucléons sont très liés.

L’ajout de neutrons n’augmente pas toujours la stabilité. On n’a jamais


découvert de 5He et la période du 6He (élément qui a été observé) est
inférieure à une seconde. En général, la présence de neutrons
excédentaires augmente la stabilité, mais un nombre trop élevé cause
l’instabilité. Dans l’état actuel des connaissances, on ne peut être plus
précis.

Considérons, par exemple, le cuivre 64 (Z = 29). On ne le trouvera pas


sur le graphique puisqu’il est instable. Or, il serait placé entre deux
noyaux stables : le cuivre 63 et le cuivre 65. S’il est nécessaire pour la
stabilité que le rapport N/Z soit dans la bonne gamme, cela ne garantit
pas que le noyau soit stable. Notre seule certitude est que tout noyau
qui n’est pas dans la bande de stabilité est instable. Le rapport
proton-neutron d’un noyau stable doit être favorable. La plupart des
noyaux — mais pas tous — dont le rapport N/Z tombe dans la bande
de stabilité sont stables.

Nous avons déjà annoncé que tous les noyaux très lourds (Z > 83)
étaient instables. Bien qu’ils puissent avoir un rapport N/Z favorable
(et être stable du point de vue de la désintégration β), ils se
désintégreront par l’émission d’une particule α, à cause de l’intensité
de la force électrique répulsive. L’ajout de plus de neutrons dilue la

33
Principes fondamentaux des réacteurs CANDU

force électrique, ce qui peut prévenir la désintégration α, au prix de la


désintégration β, causée par un rapport N/Z trop élevé.

4.1 Les noyaux riches en neutrons


Dans le cas des noyaux légers, il est assez facile d’obtenir un rapport
N/Z défavorable en ajoutant un neutron à un noyau stable (par
absorption de neutrons). En ajoutant, par exemple, un neutron à un
noyau de 18O, on obtient un atome de 19O instable. On appelle
activation, la transformation d’un atome stable en atome instable.
L’absorption d’un neutron ne provoque pas toujours l’activation. Par
exemple, l’ajout d’un neutron a 1H, produit 2H, un noyau stable.

La fission d’un noyau lourd en deux noyaux de masse intermédiaire


est une autre méthode permettant d’obtenir des noyaux riches en
neutrons. Il est presque assuré que ces produits de fission seront
instables. (Toutefois, un produit de fission stable pourrait naître d’une
fission inégale.) Considérons la fission d’un noyau de 235U dont le
rapport N/Z est environ 1,55. Les noyaux issus de sa fission auront un
rapport N/Z proche de 1,55, ce qui est trop élevé pour un noyau de
masse intermédiaire. La ligne tiretée de la figure 4.1 indique la
position de tous les noyaux dont le rapport N/Z est proche de 1,5. Seuls
les noyaux stables les plus lourds tombent sur cette ligne.

95
Par exemple, supposons que les deux produits de fission sont Kr et
36

139
Ba . Si nous plaçons ces deux points sur le graphique, nous pouvons
56
constater qu’ils sont éloignés de la zone de stabilité. Ils se
désintégreront en émettant une particule. Cette particule sera-t-elle un
alpha ou un bêta? On peut essayer de le déduire. Supposons que le
95
Kr soit un émetteur d’alpha, ainsi :
36

95 91
36
Kr → 34
X + 42 α .

Où, dans le graphique, ce nouveau noyau tombera-t-il? Sera-t-il plus


stable? moins stable? aussi stable? En fait, il sera aussi instable et, en
conséquence, la désintégration par émission d’un alpha est improbable.
Nous pouvons faire une deuxième tentative et essayer une
désintégration bêta (ce qui souvent est un meilleur choix) :

95 95 0
36
Kr → 37
X + −1
β .

Où ce produit de filiation tombe-t-il sur le graphique? Il est mieux


placé que le précédent. Nous pouvons donc présumer que l’émission

34
Principes fondamentaux des réacteurs CANDU

d’un bêta est plus probable. Les expériences confirment ce résultat.


Puisque la plupart des produits de fission possèdent trop de neutrons,
ils se désintègrent par émission d’un bêta. Certains produits de fission
instables éjectent immédiatement un neutron à la suite d’un électron.
(On les appelle neutrons retardés.) Aucun produit de fission n’émet de
particules alpha.

4.2 Transformation des nucléons


Lors de l’éjection d’un bêta, le nombre de nucléons reste constant,
bien qu’un nucléide se soit transformé. À l’intérieur du noyau, un
neutron s’est transformé en proton.

95
36
Kr → 95
37
Rb + β−

36 protons ⎫ ⎧ 37 protons
⎬→ ⎨ + β−
+ 59 neutrons ⎭ ⎩+ 58 neutrons
Le phénomène inverse se produit pour certains noyaux. Un proton peut
se transformer en neutron en émettant un électron positif (un positron)
ou en capturant un électron sur une orbite comme nous le décrivons
plus loin.

4.3 Les noyaux pauvres en neutrons


Il existe plusieurs noyaux pauvres en neutrons (ils se trouvent sous la
courbe de la figure 4.1), mais il est peu probable qu’on les retrouve
dans les réacteurs CANDU. Quels types de particules, émettront-ils?
On peut procéder par essai et erreur comme au paragraphe 4.1.
Seront-ils des émetteurs de particules alpha? bêta? Il est facile de voir
que ces deux choix ne sont pas satisfaisants.

Ces noyaux pauvres en neutrons se désintégreront par émission d’un


positron, la capture d’un électron ou les deux. Rappelons qu’un
positron est un électron chargé positivement : hormis sa charge
positive, il est identique à un électron. Au dernier chapitre, nous avons
vu qu’un électron et un positron pouvaient s’annihiler mutuellement en
émettant deux rayons γ.

Si dans l’équation de désintégration bêta, on remplace l’électron par


un positron, on obtient :

0
A
Z
X → A
Z −1
X + +1
β .

35
Principes fondamentaux des réacteurs CANDU

Si, sur la figure 4.1, on localise A


Z −1
X , on constate que ce noyau fils est

plus proche de la région de stabilité que son noyau père, ZA X .

Lors d’une capture électronique (aussi appelée capture K, parce que


l’électron de la couche K est happé par le noyau), nous pouvons
écrire :

0
A
Z
X + −1
e → A
Z −1
X

Le noyau produit est le même que celui issu de l’émission d’un


positron. Dans chaque cas, un proton du noyau a été transformé en
neutron.

4.4 Noyaux lourds


Les noyaux dont le numéro atomique est supérieur à 83 peuvent se
désintégrer de plusieurs façons. La plupart des noyaux lourds trouvés
dans la nature émettent des particules α, certains émettent des
particules β et seuls quelques-uns subissent une fission spontanée.
Certains noyaux lourds artificiels émettent des positrons (ce qui est
rare) ou se transforment par capture électronique (ce qui est plus
probable).

4.5 Notions principales


• Le rapport N/Z, ou n:p, d’un noyau permet de prédire sa
stabilité relativement à la désintégration β.

• Le rapport N/Z des noyaux légers avoisine 1/1, par


exemple pour 16O, 12C et 5B. Ce rapport augmente
jusqu’à 1,5 pour les noyaux les plus lourds, par ex. :
235
U et 197Au.

• Les produits de fission ont habituellement un rapport


N/Z trop élevé pour leur masse.

• Les noyaux soumis à un bombardement de neutrons, les


absorbent et deviennent des nucléides riches en
neutrons.

• Parfois l’émission d’un neutron retardé suit une


désintégration β.

36
Principes fondamentaux des réacteurs CANDU

• Les noyaux pauvres en neutrons se désintègrent par


l’émission d’un positron (un antiélectron) ou par
capture électronique.

• Il existe plusieurs mécanismes de désintégration pour


les noyaux lourds : α, β et fission spontanée.

37
Principes fondamentaux des réacteurs CANDU

4.6 Exercices
1. Pourquoi tous les noyaux, sauf le 1H, comptent-ils des
neutrons?

2. Prédisez le type de particules émis par les noyaux suivants en


utilisant le graphique de la figure 4.1. Vérifiez vos réponses à
l’aide du tableau des nucléides ou d’une table des isotopes.
90
Sr, 87Br, 135Xe, 135I, 131I, 149Sm, 60Co, 10B, 16N, 238U, 239Pu,
64
Cu, 56Mn, 3H, 137Cs.

3. Pour un noyau, quelle est la conséquence d’un rapport


neutron/proton trop faible ou trop élevé?

4. Soit le noyau lourd naturel 238U, écrivez les stades de la


désintégration jusqu’à la production d’un noyau stable. Utilisez
le graphique des nucléides. Vous pouvez répéter cet exercice
en déduisant la chaîne de désintégration de 235U.

38
Principes fondamentaux des réacteurs CANDU

5 Activité et période
On définit l’activité d’une substance radioactive comme le nombre de
désintégrations par unité de temps, habituellement, par seconde. Le
becquerel est l’unité de mesure du Système international et il
correspond à une désintégration radioactive par seconde. L’autre unité
couramment employée est le curie (Ci) qui équivaut à 3,7 × 1010 Bq,
soit l’activité de un gramme de radium 226. La découverte du radium a
valu à Marie Curie le premier de ses deux prix Nobel.

5.1 Loi de la désintégration radioactive


Une substance radioactive se désintègre à un taux fractionnaire fixe.
Autrement dit, à chaque seconde, une fraction constante du nombre
total d’atomes présents se désintègre. Ainsi, le nombre d’atomes
disparaissant par unité de temps est proportionnel à la quantité de la
substance donnée.

Considérons un échantillon particulier de radionucléides. Puisque la


désintégration continue réduit la taille de l’échantillon, son activité
décroît également. Ce phénomène se poursuit jusqu’à l’épuisement de
la substance. On peut voir à la figure 5.1 l’évolution de la quantité de
matière Q (le nombre de radionucléides), en fonction du temps T.
Nombre de radionucléides

Temps
Figure 5.1 — Nombre de radionucléides en fonction du temps

39
Principes fondamentaux des réacteurs CANDU

Puisque l’activité est proportionnelle à la quantité de substance radio-


active, on peut aussi tracer l’activité en fonction du temps (figure 5.2).

Activité

Temps
Figure 5.2
Activité d’une substance radioactive en fonction du temps

Mathématiquement, les graphiques des figures 5.1 et 5.2 sont


identiques, seules l’échelle verticale diffère. En pratique, nous
utilisons la deuxième forme, puisque l’activité est la quantité
normalement mesurée et est celle qui nous intéresse le plus. Souvent
nous ne sommes pas intéressés à connaître la quantité exacte de
substance radioactive. Par exemple, l’activité du modérateur donnée en
curies par kilogramme nous donne une indication claire du danger du
rayonnement, mais ne nous indique pas directement la quantité de
tritium présente dans le modérateur.

5.2 La période radioactive


Les graphiques de l’activité en fonction du temps de différentes
substances radioactives révèlent qu’elles ont chacune un taux différent
de désintégration (figure 5.3). La notion de période permet de
différencier ces taux différents (figure 5.4). La période, dénotée T½, est
l’intervalle de temps nécessaire pour que l’activité d’un échantillon se
trouve réduite de moitié.

40
Principes fondamentaux des réacteurs CANDU

activité

activité
lent

rapide

temps temps
Figures 5.3 A et B —
Évolution de l’activité de deux substances radioactives

On définit la période comme étant le temps nécessaire pour passer


d’une activité Ao à l’activité moitié moindre, Ao/2. Le point de départ
— la valeur de Ao — n’a pas d’importance particulière pour une
courbe exponentielle. Quel que soit le point de départ sur la courbe, le
temps nécessaire pour que l’activité tombe de moitié est toujours le
même (figure 5.4).

activité

ao

ao
2

temps

Figure 5.4 – Activité et période

41
Principes fondamentaux des réacteurs CANDU

Le temps requis pour passer de Ao à Ao/2 est identique que celui


nécessaire pour passer de Ao/2 à Ao/4 ou passer de ao à ao/2. On peut
dériver la formule At = A0 ⋅ ( 12 ) , où n est le nombre de périodes
n

( n = t / T1/ 2 ), et t le temps écoulé. On suppose normalement que n est


entier, mais il n’est pas nécessaire qu’il le soit.

Une autre forme de l’équation At = A0 ⋅ ( 12 ) est :


A0
= 2n .
n

At

Avant d’étudier les exemples qui suivent, essayez les exercices de fin
de chapitre. Plusieurs personnes trouvent qu’il est plus facile de faire
les calculs que de lire à leur sujet.

Exemples
1. Soit une substance radioactive dont l’activité est de 6144 Bq.
Combien de périodes faudra-t-il attendre pour que l’activité ait
décru à 6 Bq?

A0
= 2n
At

En remplaçant les valeurs :

6144
= 2n ,
6

1024 = 2 n ,

∴ n = 10 .

Réponse : dix périodes sont nécessaires pour que l’activité


tombe de 6144 à 6 Bq.

2. Après six périodes, quelle sera l’activité d’une substance dont


l’activité est de 192 Bq?

At = A0 ⋅ ( 12 )
n

At = 192 ⋅ ( 12 ) = 192 × 12 × 12 × 12 × 12 × 12 × 12
6

42
Principes fondamentaux des réacteurs CANDU

192 192
ou = ,
26 64

donc : At = 3 Bq .

Réponse : Après six périodes, l’activité sera tombée de 192 Bq


à 3 Bq.
3. Si la période de la substance mentionnée au premier exemple
est de 25 minutes, quel est le temps t ?

t = nT1 / 2
= 10 périodes × 25 minutes
= 250 minutes, soit 4 h 10 m

5.3 Étendue des périodes


Les périodes peuvent être très courtes (fractions de seconde) ou très
longues (milliards d’années). Leur étendue, relativement à la vie du
réacteur, à la durée d’exploitation, à la longueur des arrêts, à la vie du
combustible, etc. est un paramètre important du fonctionnement d’une
centrale.

Par exemple, le combustible CANDU frais est composé d’uranium


naturel. Le 238U a une période de 4,5 milliards d’années, alors que
celle du 235U est de 700 millions. Bien que ces deux nucléides se
désintègrent en émettant un α, l’activité du combustible ne change pas
pendant toute la vie du réacteur. Le combustible frais sera le même,
quel que soit le temps pendant lequel on le conserve. Toutefois, la
période du 16N (produit par l’activation dans le cœur du réacteur) n’est
que de sept secondes, son activité change si rapidement qu’il est
difficile d’en calculer les variations.

Le combustible épuisé (irradié) contient des isotopes d’uranium et de


neptunium dont la désintégration engendre du plutonium fissile. Le
239
U et le 239Np ont, respectivement, des périodes de 23 minutes et
2,3 jours. Ils se transforment très rapidement 239Pu. Puisque le 239Pu se
désintègre par émission α sur une période 25 000 ans, la quantité de
cet élément présente dans le combustible irradié ne diminuera pas au
cours des une ou deux années que la grappe passera dans le réacteur.

Puisque l’activité (le taux de désintégration) dépend de la période, sa


valeur peut varier considérablement. Le becquerel est une toute petite
unité d’activité, normalement utilisée avec un préfixe; par exemple, le

43
Principes fondamentaux des réacteurs CANDU

kilobecquerel (1 kBq = 103 Bq), le mégabecquerel (1 MBq = 106 Bq),


le gigabecquerel (1 GBq = 109 Bq) et, parfois, le térabecquerel
(1 TBq = 1012 Bq). Le curie, par contre, est une grosse unité. Ainsi, on
utilise habituellement le millicurie (1 mCi = 10-3 Ci), le microcurie
(1 µCi = 10-6 Ci), le picocurie (1 pCi = 10-12 Ci) ou, plus rarement, le
nanocurie (1 nCi = 10-9 Ci). Par exemple, une contamination avec
8 × 10-9 g de 131I (environ 3,7 × 1013 atomes de 131I) créera une activité
d’environ 1 mCi, soit 37 MBq.

5.4 Notions principales


• L’activité est le taux de désintégration d’une substance
radioactive.

• On mesure l’activité en désintégration par seconde


(d.p.s.), en becquerels (Bq) ou en curies (Ci).

• Les noyaux se désintègrent exponentiellement, chaque


type de noyau ayant une période caractéristique.

• Les périodes peuvent avoir des valeurs très petites ou


très grandes : d’une fraction de seconde à des milliards
d’années.

44
Principes fondamentaux des réacteurs CANDU

5.5 Exercices
1. Écrivez la relation entre le nombre de désintégration par seconde et
le becquerel.

2. Nommez une unité largement utilisée pour mesurer l’activité, autre


que le becquerel.

3. La période radioactive du 59Fe est de 45 jours. Si l’activité d’un


échantillon est de 1000 désintégrations par seconde, quelle sera son
activité après une année?

4. Soit un échantillon radioactif dont l’activité est de 2 × 107 Bq, après


20 jours, son activité est descendue à 2 × 104 Bq. Quelle est donc la
période de cet échantillon? (Calculez la période, à la valeur entière
la plus proche.)

45
Principes fondamentaux des réacteurs CANDU

46

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