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IRSN Strategie-Scientifique 2015

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La stratégie scientifique

de l’IRSN
Pour faire progresser la sûreté nucléaire,
la sécurité nucléaire et la radioprotection
Faire avancer la sûreté nucléaire
L’IRSN en bref
L’IRSN est un établissement public à caractère industriel et
commercial, créé en 2001, dont les missions ont été portées au
niveau législatif par la loi n° 2015-992 du 17 août 2015 relative
à la transition énergétique pour la croissance verte. Il est placé
sous la tutelle conjointe des ministres chargés respectivement
de l’Écologie, de la Recherche, de l’Industrie, de la Santé et du
ministre de la Défense.

Expert public des risques nucléaires et radiologiques, l’Institut apporte, par ses
missions de recherche, d’expertise et de surveillance, une évaluation scientifique et
technique de ces risques. Ses activités s’étendent à de nombreux domaines tant en
France qu’à l’international : sûreté des installations, des transports et des déchets
nucléaires, surveillance de l’environnement, des travailleurs et patients, conseil et
intervention en cas de risque radiologique, radioprotection de l’homme en situa-
tions normale et accidentelle. Ses compétences sont également mises en œuvre
pour les activités analogues intéressant la défense.

L’IRSN concourt directement aux politiques publiques en matière de sûreté


nucléaire, de protection de l’homme et de l’environnement contre les rayonne-
ments ionisants ainsi que de protection des matières nucléaires, installations et
transports à l’égard du risque de malveillance. Il interagit dans ce cadre avec tous
les acteurs concernés par ces risques : pouvoirs publics, et notamment les autori-
tés de sûreté et de sécurité nucléaires, collectivités locales, entreprises, organismes
de recherche, associations, parties prenantes et représentants de la société civile.
L’Institut contribue à l’information du public en rendant accessibles les résultats de
ses travaux. Par ses actions, il concourt également à d’autres politiques publiques
majeures comme celle de la recherche et de l’innovation, de la santé au travail ou
de la santé environnementale.

L’Institut compte environ 1 700 collaborateurs parmi lesquels de nombreux ingé-


nieurs, médecins, agronomes, vétérinaires, techniciens, experts et chercheurs.
Pour mener à bien ses missions, l’IRSN dispose d’un budget d’environ 300 M€.

Sommaire
Appréhender avec justesse les éléments de contexte 6
Les facteurs de succès du déploiement des activités scientifiques de l’Institut 8
Les lignes de force déployées pour répondre aux questions scientifiques 10
prioritaires

Les questions scientifiques prioritaires 16


Domaine de la radioprotection 17
Domaine de la sûreté-sécurité 21

La stratégie scientifique de l’IRSN a été approuvé par le conseil d’administration du 15 octobre 2015.

Pour plus d’information, les sigles présents dans le document sont explicités dans le glossaire sur le site Internet
de l’Institut : www.irsn.fr

2 La stratégie scientifique de l’IRSN


Préface
Les recherches menées ou initiées par l’IRSN, souvent dans le
cadre de coopérations européennes ou internationales, sont
l’une des clefs du progrès permanent de la sûreté nucléaire.
En consolidant les missions de l’IRSN grâce à la loi de transi-
tion énergétique, y compris dans le champ de la recherche, et en
veillant à la stabilité des moyens et mécanismes de financement
dont il est doté, le gouvernement réaffirme sa vision ambitieuse
du dispositif de gestion des risques nucléaires et radiologiques.
L’État a ainsi souhaité faire du champ de la recherche, avec celui
de la transparence, une priorité majeure du contrat d’objectifs et
de performance de l’Institut.
La publication de la nouvelle stratégie scientifique de l’IRSN,
élaborée dans une logique de participation active des parties
prenantes, traduit aujourd’hui cette vision et témoigne de la déter-
mination de l’Institut à atteindre les objectifs qui lui sont assignés.
Gageons que la visibilité donnée par ce document aux enjeux
scientifiques de la sûreté et la radioprotection mobilisera les
chercheurs pour apporter les réponses aux attentes légitimes de
nos concitoyens.
Je salue la qualité de ce travail collectif et formule le vœu que la
mise en œuvre de cette stratégie permette à l’IRSN de conforter son
expertise au meilleur niveau d’excellence, et plus généralement de
faire avancer les connaissances scientifiques sur lesquelles repose
la protection des Français et de leur environnement vis-à-vis des
risques nucléaires et radiologiques.

Ségolène ROYAL
Ministre de l’Écologie, du Développement
durable et de l’Énergie

La stratégie scientifique de l’IRSN 3


Périmètre :
Risques nucléaires
et radiologiques

Questions
scientifiques

Processus
Résultats
d’élaboration Acquisition
de connaissances
Stratégie et maintien
scientifique de savoir-faire
Démarches
de recherche
Maintien d’expertise

Contexte :
R&D
Lignes
de force

Vision/Objectif

4 La stratégie scientifique de l’IRSN


Le mot de la présidente
et du directeur général
Le premier devoir de l’IRSN est d’asseoir en toutes circonstances
ses expertises et ses interventions, y compris en situation de crise,
sur les meilleures connaissances scientifiques disponibles. Son
ambition est par ailleurs de contribuer à faire avancer la sécurité
nucléaire en faisant progresser ces connaissances, puis en les
pratiquant et en les partageant avec tous ceux qui en ont besoin.
L’Institut contribue alors à l’émergence de technologies ou savoir-
faire plus pertinents vis-à-vis du risque nucléaire et radiologique,
et de méthodes de contrôle plus efficaces. Ainsi recherche et
expertise sont-elles intimement mêlées dans tout ce qu’entre-
prend l’Institut dans l’exercice de ses missions.
La stratégie retenue pour atteindre au mieux ces objectifs à la fois
scientifiques et opérationnels représente donc un enjeu de pre-
mier plan, pour l’Institut lui-même et, au-delà, pour les politiques
publiques de sécurité nucléaire. Pour autant, cette stratégie est
restée jusqu’ici implicite, et perceptible seulement au travers des
grandes décisions qui ponctuent le développement de l’Institut :
contrats d’objectifs avec l’État, plans à moyen terme, program-
mation multidisciplinaire de la recherche et des études, politiques
de partenariats, de ressources humaines et de management des
connaissances.
Expliciter cette stratégie, c’est donc franchir une étape supplé-
mentaire pour faciliter le dialogue avec l’ensemble des parties
prenantes de l’Institut, au plus haut niveau d’agrégation des
idées : dialogue autour de la vingtaine de grandes questions, à la
fois scientifiques et sociétales, retenues comme prioritaires dans
les prochaines années, et aussi autour des principales exigences
essentielles, appelées « lignes de force » dans ce document, qui
encadrent les démarches de recherche de l’IRSN au regard de la
nature particulière de son mandat d’expert public national des
risques nucléaires et radiologiques. Ainsi, dans le respect de
l’indépendance de l’Institut, les complémentarités peuvent-elles
également être encouragées avec les autres acteurs concernés,
au bénéfice de la sécurité nucléaire.
Dans cet esprit, l’écriture de la stratégie scientifique de l’IRSN
a fait l’objet de très nombreux échanges avant d’être stabili-
sée dans cette première version, rendue publique. Que tous ces
contributeurs soient ici remerciés. Nous vous invitons mainte-
nant à en prendre connaissance et, le cas échéant, à nous faire
part de vos commentaires ou suggestions.

Dominique LE GULUDEC Jacques REPUSSARD


Présidente du conseil d’administration Directeur général

La stratégie scientifique de l’IRSN 5


Appréhender avec
justesse les éléments
de contexte

voirs publics et portés par les acteurs industriels (vieillis-


Des missions au cœur sement, assainissement/démantèlement des installations
d’un enjeu stratégique national existantes, gestion des déchets, choix technologiques
pour les nouvelles installations…) mais aussi les évolu-

L
tions rapides de pratiques émergentes ou de techniques
a stratégie de l’IRSN s’inscrit dans un cor-
utilisant des rayonnements ionisants dans le domaine
pus législatif et réglementaire qui définit ses
médical (patients, professionnels de santé) ou industriel.
domaines d’intervention en cohérence avec
De plus, la pertinence de l’action de l’Institut en cas de
le contexte stratégique national. S’agissant de la pro-
crise est au cœur de ses missions, notamment concernant
tection radiologique, les termes généraux en sont pré-
les informations et analyses qu’il pourra mettre à disposi-
cisés par la stratégie nationale de santé cadrée par la
tion des acteurs de la gestion de crise et des populations.
loi de santé publique présentée en 2015. Pour ce qui
concerne la sûreté-sécurité nucléaire, le cadre général
est fixé par la loi de transition énergétique pour la crois-
sance verte promulguée en août 2015. Ce contexte est
mis en cohérence avec deux références européennes Un contexte scientifique,
majeures, la directive européenne concernant la sûreté
nucléaire et la directive Euratom relative aux normes technologique et économique
de base de radioprotection, qui seront traduites au
niveau national.
international
En matière de recherche, la stratégie nationale en pleine évolution
découlant de la loi pour l’enseignement supérieur et

L
la recherche de 2013 affiche des objectifs cohérents e contexte scientifique, technologique et éco-
avec ceux exprimés au niveau européen et dans les- nomique international dans lequel évoluera
quels les enjeux de la maîtrise des risques et de l’in- l’IRSN dans la décennie à venir repose sur
novation trouvent toute leur place. des fondements pérennes. Ainsi, l’énergie nucléaire
reste une composante majeure du mix énergétique
Tous ces cadres fondamentaux prennent en compte
français, qui vise par ailleurs à s’exporter à l’inter-
plusieurs mutations en cours qui concernent la société
national dans toutes ses composantes. De même,
civile française dont les acteurs sont impliqués pour
l’utilisation des rayonnements ionisants à des fins
mûrir un questionnement de plus en plus précis et per-
thérapeutiques ou de diagnostic, à laquelle la popu-
tinent et revendiquer une participation accrue aux pro-
lation dans son ensemble est susceptible d’avoir
cessus de décision basée sur une transparence mature.
recours, constitue une source de progrès médical
Dans cet environnement, outre un rôle porteur des élé- dont il faut aussi maîtriser les effets adverses. En
ments forts de doctrine, l’enjeu majeur pour l’IRSN parallèle, malgré une concurrence accrue entre les
consiste à mener son expertise technique des risques en fournisseurs, le fonctionnement de l’économie inter-
matière de sûreté, de sécurité et de radioprotection dans nationale dans le domaine nucléaire s’organise sur
des termes et des délais compatibles avec les besoins. un mode de coopération plus ouverte et plus avan-
Ceux-ci concernent les positionnements et évolutions du cée sur le plan scientifique et technique comme en
parc nucléaire français qui seront exprimés par les pou-

6 Appréhender avec justesse les éléments de contexte La stratégie scientifique de l’IRSN


matière de contrôle. Cet élément de contexte impose tionnel consiste à fournir les éléments scientifiques
d’harmoniser davantage encore les référentiels de pour une gestion optimisée de ce risque au quotidien
sûreté et de radioprotection au plan international. comme en situation accidentelle.

Toutefois, l’éventualité d’un accident nucléaire majeur Pour ce qui concerne les installations nucléaires fran-
avec rejet radioactif dans l’environnement au cours de çaises, dont le meilleur niveau de sûreté possible doit
la décennie quelque part dans le monde, sans exclure être garanti sur l’intégralité de leur durée de vie, les
la France, reste présente, ce qui nécessite de disposer projets de l’industrie induisent la création de nouvelles
d’outils techniques et méthodologiques pour accom- installations (EPR de Flamanville, Cigéo, ASTRID, RJH,
pagner des actions tant industrielles que réglemen- ITER…) et la mise en œuvre de modifications notables
taires appropriées. sur des installations existantes, notamment celles de
génération II, plus anciennes. En fin de vie, de grandes
Ces fondements sont inscrits dans un environnement
opérations de démantèlement et d’assainissement des
en pleine évolution qui se caractérise notamment par
sites génèrent de grandes quantités de déchets pour
la poursuite de la montée en puissance des autorités
lesquelles se pose une large gamme de questions de
compétentes. Leurs besoins en matière d’appui scien-
filières, d’exutoires, de procédés à traiter sous l’angle
tifique et technique s’inscrivent dans une logique de
de la sûreté et de la protection de l’environnement.
progrès continu en matière de sûreté et de radiopro-
tection dans laquelle les efforts de R&D et d’innovation Dans les dix ans à venir, les améliorations de sûreté
ont toute leur place. Ces besoins se concentrent de qui seront implémentées, sur la base du retour d’ex-
plus en plus sur des problématiques complexes dans périence et des nouvelles connaissances disponibles,
le cadre de la gestion des risques multiples auxquels constitueront une étape majeure pour les réacteurs de
la société est confrontée. Sont à mettre en regard de génération II dont le fonctionnement sera poursuivi
ces besoins les opportunités et les risques dans l’évo- et serviront de référence pour les concepts innovants.
lution des ressources humaines de l’IRSN d’ici à dix Parmi celles-ci, une meilleure évaluation de la vulnérabi-
ans qui se doit de préserver les savoirs du passé : en lité des installations et des transports au regard d’actes
effet les « pionniers », socle des savoir-faire, sont en de malveillance ou la caractérisation scientifique, au
partance alors que les personnels recrutés depuis la niveau le plus élémentaire, de la maîtrise du vieillisse-
création de l’Institut n’atteindront leur maturité scien- ment restent des défis majeurs, y compris pour l’écono-
tifique et technique qu’à cette échéance. mie du parc nucléaire français. Enfin, une connaissance
scientifique approfondie des scénarios potentiels d’ac-
Pour s’adapter à l’ensemble de ces évolutions, la
cident grave dans les réacteurs, et plus largement dans
stratégie scientifique de l’Institut doit tenir compte
les installations du cycle du combustible, permettra de
de l’intégration croissante de la recherche dans un
limiter le niveau d’incertitude avec lequel les disposi-
cadre européen et international. Il se structure sous
tions seront mises en œuvre, aussi bien en exploitation
la double poussée de la contraction des moyens et
qu’en gestion post-accidentelle, pour limiter le transfert
des compétences et de la nécessité de développer, à
de matières radioactives vers l’environnement.
dimension européenne, une structuration, des com-
pétences et des stratégies face au développement des Enfin, la communication, la formation et l’éducation
pays émergents. sur le plan scientifique sont partie intégrante des défis à
relever en interaction avec les acteurs sociaux.

Des défis scientifiques pour


la prochaine décennie

L
es défis scientifiques sont nombreux pour abou-
tir à une meilleure compréhension et une meil-
leure caractérisation des risques induits par
l’exposition aux rayonnements ionisants de l’homme et
de l’environnement. Ainsi, la compréhension de l’ori-
gine des effets secondaires des traitements médicaux
comme la caractérisation des risques de développer des
pathologies en cas d’exposition chronique à de faibles
doses constituent par exemple des défis majeurs pour
les dix ans à venir. Face au risque sanitaire ou envi-
ronnemental ainsi caractérisé, qu’il soit d’origine
naturelle, accidentelle, professionnelle ou qu’il résulte
de pratiques médicales de plus en plus variées utili-
sant les rayonnements ionisants, un défi plus opéra-

La stratégie scientifique de l’IRSN Appréhender avec justesse les éléments de contexte 7


Les facteurs de succès
du déploiement des activités scientifiques
de l’Institut
Ce contexte requiert de la part de l’IRSN
une préparation adéquate et une ligne stratégique
claire pour apporter des éléments de réponse
pertinents à un certain nombre de questions
scientifiques prioritaires. Par ailleurs, hormis
la question des ressources dont il dispose, la richesse
et la qualité des travaux scientifiques de l’Institut
dépendent, d’une part, de l’organisation qui est mise
au service de la démarche scientifique intégrant
l’apport des échanges au niveau international et,
d’autre part, d’un socle d’exigences incontournables.
Ainsi, les connaissances générées par l’Institut
peuvent être mobilisées par son expertise et mises
à la disposition de l’ensemble des parties prenantes.

de l’expertise nucléaire de défense et les avis du conseil


Une organisation au service scientifique (CS). Le COR est plus précisément chargé de
de la démarche scientifique conseiller le CA en matière d’objectifs et de priorités pour
les recherches menées par l’Institut dans les champs de la

F
sûreté nucléaire et de la radioprotection, à l’exclusion des
ace à ces défis scientifiques et techniques, l’IRSN
domaines relevant de la défense. Pour sa part, le CS exa-
a mis en place une organisation thématique en
mine les programmes d’activités de l’Institut et s’assure de
cohérence avec les grandes questions scienti-
la pertinence des démarches de recherche définies par
fiques auxquelles il travaille. Cette organisation, ainsi
l’établissement, notamment au regard de la stratégie
que le système de gouvernance de l’Institut en charge du
scientifique, et de leur suivi. Il peut également formu-
secteur scientifique, constituent des composantes indis-
ler toute recommandation sur l’orientation des activités de
pensables à la qualité scientifique des travaux et un accélé-
l’établissement.
rateur de leur pertinence.
Par ailleurs, l’Institut est doté d’un comité de visite externe,
C’est pourquoi, les décisions du conseil d’administra-
placé auprès du directeur général, qui a pour mission de
tion (CA) de l’Institut, notamment sur les programmes
procéder à l’évaluation des résultats des activités à compo-
d’activité de l’établissement, sont éclairées par les avis
santes scientifiques et techniques conduites par l’Institut,
du comité d’orientation de la recherche (COR), les avis
et donc à l’évaluation de ses démarches de recherche et
du comité d’orientation auprès de la direction de l’exper-
d’expertise. L’ensemble de ces évaluations par les pairs des
tise nucléaire de défense (CODEND) pour ce qui concerne
travaux menés et des équipes qui les conduisent est enca-
les orientations du programme d’activité de la direction
dré par le directeur scientifique de l’IRSN.

8 Les facteurs de succès La stratégie scientifique de l’IRSN


La formalisation et l’évolution des démarches de
recherche sont modelées par les équipes sous la res-
Des exigences
ponsabilité de directeurs thématiques. La direction de incontournables
la stratégie, du développement et des partenariats est

C
garante de la cohérence d’ensemble de ces diverses
omme tout organisme scientifique et technique,
composantes de la stratégie scientifique, notamment
outre l’exigence de performance pour réaliser
pour préparer la validation faite annuellement par le CA
ses travaux scientifiques dans le souci d’utiliser
du programme d’activité de l’Institut.
au mieux les ressources publiques, l’IRSN se fixe des exi-
Enfin, la commission d’éthique et de déontologie de l’IRSN gences fortes en matière de capitalisation, de transmis-
veille aux implications de cet ordre que peuvent soulever sion et de valorisation des connaissances qui viennent
les travaux menés par l’Institut et en réfère au CA. compléter l’exigence première d’excellence scientifique.

L’IRSN développe un effort permanent pour assurer une


Des atouts à préserver et à fortifier dans veille scientifique et technique systématique et large via
le respect des singularités l’utilisation d’outils performants et s’organise pour capi-
taliser sur ce qui se fait à l’international (autres réacteurs,
Plus encore que la variété des thématiques traitées à autres techniques…). En complément, il rassemble et
l’IRSN, l’atout majeur de l’établissement réside dans sa synthétise ses connaissances dans des supports divers
capacité à adopter une approche systémique, donc pluri- (livres, référentiels, doctrines, rapports, tutoriels, bases
disciplinaire, pour organiser les travaux scientifiques en de données, logiciels de calcul). Il s’est fixé par ailleurs
réponse à des besoins d’expertise transverses clairement une priorité de premier plan pour préserver les com-
explicités en interne. L’organisation mise en place cherche pétences et savoir-faire et gérer les connaissances cri-
aussi à faciliter une réflexion interne collégiale autour tiques afin d’anticiper au mieux le changement dans la
de problématiques scientifiques transverses à l’Institut. nature de ses ressources humaines grâce notamment à
Ces travaux s’appuient sur les données capitalisées à par- son management des connaissances et à sa gestion pré-
tir du retour d’expérience (suivi radiologique des travail- visionnelle des compétences.
leurs, des patients, des populations et de l’environnement,
bilans de fonctionnement des installations, bilans des inci- En matière de valorisation, diffusion et partage des
dents), qui par nature peut aussi très directement générer connaissances, l’IRSN transmet et valorise ses savoir-
des questionnements scientifiques. Pour ce qui concerne faire en contribuant à la formation par la recherche
les actions de recherche, cette approche systémique fait sur ses thématiques scientifiques majeures, en partici-
appel à un certain nombre d’approches couplées entre pant activement aux enseignements sur ces sujets aussi
observation, expérimentation, modélisation et simulation bien en interne que vers ses partenaires principaux et
nécessaires pour développer des outils d’anticipation et plus largement en portant une attention particulière à
d’aide à la décision. la communication scientifique et technique adaptée à
tous les publics. Il s’attache aussi à participer autant
que nécessaire aux instances qui proposent les évolu-
Utiliser au mieux la richesse humaine
tions en matière de normes, de référentiels de gestion
et la valoriser
des risques pour y apporter ses éléments de connais-
sance. En parallèle, l’Institut œuvre pour identifier, et
L’Institut s’attache à créer un espace de travail attrac-
le cas échéant protéger, les résultats innovants issus de
tif pour les scientifiques, à les valoriser, notamment au
ses travaux.
travers de sa filière expert, et à mettre la gestion des
ressources humaines au service de la qualité scienti- Enfin, en matière d’évaluation de l’excellence scien-
fique par la promotion de la créativité et de l’excellence. tifique et technique, l’IRSN s’organise, autour de son
C’est un des moteurs de la démarche de gestion pré- directeur scientifique, pour se confronter systémati-
visionnelle des emplois et des compétences entamée quement à ses pairs scientifiques sur les thématiques
depuis 2011. Des actions concrètes sont menées pour dans lesquelles il est acteur, notamment par sa poli-
maintenir un haut niveau de compétences scientifiques tique de publication vers des revues et congrès à
pour tous les techniciens, ingénieurs et chercheurs. comités de lecture.
Une attention particulière est portée au déploiement
de formations, de mobilités y compris externes natio-
nales et internationales et plus largement de toute
autre action d’ouverture aux réalités techniques, cultu-
relles des industriels et des professionnels de santé
français et étrangers. Au quotidien, l’organisation de
la recherche favorise au mieux les interactions inter-
personnelles directes enrichissantes, notamment avec
l’extérieur, et les échanges de scientifiques avec les
autres organismes.

La stratégie scientifique de l’IRSN Les facteurs de succès 9


Les lignes de force
déployées pour répondre aux questions
scientifiques prioritaires
L’Institut oriente sa stratégie selon un ensemble
de lignes de force afin de travailler aux questions
scientifiques qu’il a identifiées comme prioritaires.

1 3
Justifier les fondements Prendre des initiatives
de ses orientations pour consolider l’espace
scientifiques et national, européen
les moyens à y accorder et international de la recherche
dans le domaine des risques
nucléaires et radiologiques

2 4
Associer les Développer
bénéficiaires finaux aux des partenariats
travaux de recherche académiques
et participer activement
aux Alliances nationales
de recherche

10 Les lignes de force La stratégie scientifique de l’IRSN


8
Développer
des méthodologies
et des outils d’aide
à la décision à caractère
opérationnel

5
Développer autant
que nécessaire
la collaboration avec
les industriels, les exploitants
nucléaires et les acteurs
du secteur médical

7
Garantir l’accès
de l’Institut aux
infrastructures de
recherche et d’expérimentation
et aux bases de données

6 9
Disposer des outils Pérenniser les
de simulation numérique connaissances et savoir-
et les maîtriser faire systématisés pour
mieux renouveler l’évaluation
des risques

La stratégie scientifique de l’IRSN Les lignes de force 11


Les lignes de force
déployées pour répondre aux questions
scientifiques prioritaires

1
Justifier les fondements
de ses orientations
scientifiques et
les moyens à y accorder
Les choix programmatiques de l’Institut seront essen-
tiellement justifiés à la lumière de critères 1 explicites
pour répondre aux enjeux et aux besoins de sûreté, de
radioprotection ou de sécurité, eu égard notamment

2
aux missions d’évaluation des risques et d’expertise
qui lui sont confiées. Associer les
L’IRSN équilibre son portefeuille d’activités pour s’as- bénéficiaires finaux aux
surer que les domaines identifiés comme stratégiques travaux de recherche
obtiennent l’attention nécessaire.
Pour décliner sa stratégie, l’Institut justifie le pro- L’IRSN veille à interagir avec les pouvoirs publics, les
cessus et la logique d’élaboration des démarches de autorités compétentes, les agences et la société civile
recherche associées à chaque question scientifique de manière à permettre la meilleure adéquation pos-
prioritaire. Il spécifie en particulier les domaines scien- sible entre ses travaux scientifiques et les attentes/
tifiques dans lesquels il investit en propre une partie besoins des acteurs de la société française. À cette fin,
de la recherche et les domaines dans lesquels il s’asso- l’Institut veille en particulier à :
cie à la recherche menée en externe. –– susciter l’avis de ces acteurs dans l’identification
des priorités de recherche,
1. Ces critères sont : intérêt du produit scientifique pour la maîtrise des –– les associer au suivi dans la durée de ses travaux
risques, potentiel d’innovations, potentiel à générer des collaborations,
potentiel à accroître le degré d’influence et l’image de l’Institut, potentiel
de recherche,
à accroître l’indépendance de jugement de l’Institut, capital de compé-
tences techniques internes et externes disponibles, risques techniques
–– accompagner la diffusion des résultats de ses tra-
et financiers. vaux auprès de ces acteurs.
Ce souci permanent est en adéquation avec les dispo-
sitions de la loi de transition énergétique pour la crois-
sance verte, qui confirme le développement continu
de la transparence, la participation de la société civile
aux sujets en lien avec la sûreté nucléaire et la radio-
protection ainsi que le rôle que l’Autorité de sûreté
nucléaire (ASN) peut tenir pour veiller à l’adaptation
de la recherche publique aux besoins.

12 Les lignes de force La stratégie scientifique de l’IRSN


3
Prendre des initiatives
pour consolider l’espace
national, européen
et international de la recherche
dans le domaine des risques
nucléaires et radiologiques
Une implication active et cohérente de l’Institut
dans les évolutions scientifiques, élaborées au niveau

4
national, notamment dans le cadre des Alliances Développer
nationales de recherche, comme au niveau inter-
national, sera promue pour initier des programmes des partenariats
scientifiques d’avant-garde au regard des enjeux à académiques
moyen et long termes. Les coopérations scientifiques et participer activement
initiées par l’Institut doivent lui permettre de tirer le
meilleur parti des instruments nationaux, européens et aux Alliances nationales
multilatéraux, comme les plateformes technologiques de recherche
européennes ou les accords internationaux de recherche
tels que ceux gérés dans le cadre de l’OCDE/AEN, de la
Un élément clé de la stratégie scientifique d’un
Commission européenne ou de l’AIEA.
organisme d’appui technique et scientifique (TSO)
Les domaines dans lesquels l’IRSN veut être un acteur opérateur de recherche réside dans la qualité de
reconnu doivent être gréés en compétences scienti- ses partenariats académiques nationaux ou inter-
fiques appropriées et ressources suffisantes. Être un nationaux. L’Institut entend poursuivre le dévelop-
acteur majeur signifie s’impliquer directement dans pement largement engagé d’une véritable stratégie
la réalisation, dans le cadre éventuel d’alliances, des partenariale avec des équipes ciblées à forte valeur
programmes scientifiques d’ampleur (de recherche ajoutée sur des thématiques amont de ses problé-
notamment). matiques d’intérêt, y compris dans le cadre d’unités
de recherche communes lorsque ce cadre s’avère
le plus adéquat pour développer, piloter et rendre
visibles les travaux menés en commun. Il veille à
sa présence active dans les Alliances nationales de
recherche 2.

2. Il veille en priorité aux points suivants :


-- la pertinence et performance/visibilité scientifique des équipes avec
lesquelles il collabore en vue de mettre en place des consortiums,
-- la mise en place d’accords-cadres autant que nécessaire à condition
d’en garantir un suivi efficace (présence dans les instances de gouver-
nance) pour favoriser les échanges (sujets, personnes),
-- une contribution à la définition de finalités de recherche pour guider
des travaux académiques collaboratifs,
-- favoriser, via ces collaborations, l’accès à des ressources externes (pla-
teformes expérimentales, outils de calcul, données à caractère fonda-
mental, compétences spécifiques) et l’ouverture de nos plateformes.

La stratégie scientifique de l’IRSN Les lignes de force 13


5
Développer autant
que nécessaire
la collaboration avec
les industriels, les exploitants
nucléaires et les acteurs
du secteur médical
Hormis sur les questions dont il juge devoir se saisir
en toute indépendance, l’Institut entretient des liens
scientifiques forts avec les industriels, les exploitants
nucléaires et le secteur médical en cohérence avec sa
charte d’éthique et de déontologie. Dans sa démarche,
l’Institut se donne les priorités suivantes :
–– s’assurer une connaissance de terrain des problèmes
de sûreté, sécurité et radioprotection rencontrés par
les industriels et les exploitants et partager les enjeux
majeurs des évolutions industrielles futures,

6
–– s’efforcer d’obtenir les données indispensables à
la validation des outils de calcul utilisés en contre- Disposer des outils
expertise, de simulation numérique
–– sensibiliser ces acteurs sur les questions à fort enjeu et les maîtriser
et les faire bénéficier de ses connaissances en la
matière, La stratégie de l’Institut en matière de calcul scienti-
fique est déterminante pour la qualité de ses travaux
–– entretenir un cadre collaboratif clairement défini et
d’expertise. Celui-ci veille ainsi en priorité aux points
partagé pour mener des travaux scientifiques ciblés
suivants :
sur les questions de recherche d’intérêt commun,
–– s’assurer de la disponibilité et de la maîtrise des
–– proposer aux acteurs économiques pertinents les
outils de modélisation et de calcul présentant un
résultats innovants issus de ces travaux.
caractère stratégique pour l’accomplissement de
ses missions dans le domaine de la recherche et de
l’expertise et en favoriser une utilisation raisonnée
en interne,
–– maîtriser au mieux les incertitudes et biais de modé-
lisation des outils qu’il utilise ou développe,
–– rationaliser les investissements en logiciels en justi-
fiant ses choix entre développement, acquisition ou
adaptation des logiciels tout en conservant la maî-
trise et l’indépendance en ce qui concerne leur vali-
dation et les pratiques d’usage,
–– faciliter et accélérer la diffusion des logiciels de
l’Institut.

14 Les lignes de force La stratégie scientifique de l’IRSN


8
Développer

7
Garantir l’accès des méthodologies
de l’Institut aux et des outils d’aide
infrastructures de à la décision à caractère
recherche et d’expérimentation opérationnel
et aux bases de données L’Institut doit disposer d’un ensemble d’outils d’aide à la
décision très opérationnels et de méthodes éprouvées
La pertinence et l’indépendance de l’expertise de pour apporter des réponses aux pouvoirs publics et/ou
l’IRSN reposent sur sa capacité à consolider et à au public qui soient rapides, pertinentes et adaptables
exploiter au mieux le patrimoine de connaissances à différentes situations, par exemple lorsque la mise en
existant en l’enrichissant de données nouvelles œuvre d’outils de référence s’avère inadaptée aux délais
issues de l’expérimentation. Ces données expérimen- demandés, ou encore pour étayer une information ou
tales sont de différentes natures et nécessitent, pour une prise de décision en situation de crise radiologique
les acquérir, d’utiliser des dispositifs expérimentaux et/ou nucléaire. La diffusion de ces outils est un élément
à différentes échelles. La politique de l’Institut en fort de la politique de l’Institut en la matière.
matière d’équipements scientifiques permettant de
les acquérir repose sur quatre exigences :

9
–– disponibilité des « grands équipements d’expéri-
mentation » et garantie de leur pérennité, sur le Pérenniser les
territoire national, en Europe et dans le monde, connaissances et savoir-
–– maîtrise des caractéristiques techniques des faire systématisés pour
« grands équipements d’expérimentation » et de
leur évolution, mieux renouveler l’évaluation
des risques
–– optimisation des ressources dédiées aux infra­
structures et cohérence entre les coûts d’origines
Pour maintenir et enrichir la culture « know-why, know-
diverses (investissement, maintien en exploitation,
how » qu’il a su développer sur des thématiques qu’il
dispositifs définis en fonction des exigences tech-
doit parfaitement maîtriser, l’Institut porte une attention
niques explicitées par les expérimentateurs...) et
particulière à l’enrichissement des pratiques explicites ou
leur usage envisagé à moyen et long termes,
implicites mises en œuvre dans le développement d’une
–– stockage et protection rationnels des données pour approche générique d’une question scientifique.
cibler les données sensibles et/ou uniques présen-
Les connaissances et les savoir-faire scientifiques et
tant un intérêt scientifique majeur ; cette exigence
techniques acquis aussi bien en R&D qu’au travers des
est à mettre en regard de l’attention particulière
travaux d’expertise doivent être capitalisés, entretenus
qui est portée à la génération ou l’acquisition de
et enrichis pour être mobilisés et traiter des questions
nouvelles données jugées prioritaires, par exemple
nouvelles qui ne manqueront pas de se poser avant le
pour ce qui concerne les données nucléaires, afin
démarrage de nouvelles installations (EPR de Flamanville,
d’éviter la production et le stockage de données
Cigéo, ASTRID, RJH, ITER…) et l’évaluation de la sûreté
redondantes et obsolètes.
des cycles du combustible et des déchets associés ou
encore de la radioprotection des patients et des profes-
sionnels de santé liée aux nouvelles technologies utilisées
en radiodiagnostic ou en radiothérapie. Cette dimension
est prise en compte dans le cadre du renouvellement des
personnels.

La stratégie scientifique de l’IRSN Les lignes de force 15


Les questions
scientifiques prioritaires
La stratégie scientifique de l’Institut s’articule
autour d’un nombre limité de grandes questions
scientifiques auxquelles il considère
devoir travailler dans les dix années à venir
en regard des deux enjeux prioritaires que sont,
d’une part, éviter un accident majeur sur
une installation nucléaire, tout particulièrement
s’il implique un réacteur de puissance en Europe,
et, d’autre part, mieux faire porter les efforts
en matière de radioprotection et les coûts élevés
associés là où il existe de réels enjeux. Ce dispositif
de questionnement donne une perspective globale
à des travaux pour partie déjà engagés tout en
fournissant un cadre pour les actualiser.
Il n’intègre pas de manière explicite et
systématique les questionnements scientifiques
nouveaux qui pourraient être générés par
les interactions avec d’autres risques (chimiques,
autres...) mais vise à les traiter autant que
nécessaire. En complément, thématique
par thématique, les démarches de recherche
développées par les équipes de l’Institut
sont décrites dans des documents spécifiques
complémentaires.

16 Les questions scientifiques prioritaires La stratégie scientifique de l’IRSN


Le second volet stratégique, construit en lien avec deux
objectifs scientifiques, concerne les personnes poten-
tiellement soumises à une exposition aiguë aux rayon-
nements ionisants.

–– Un premier objectif, à l’attention des patients et des


Domaine de professionnels de santé, consiste à maîtriser et à opti-
miser l’usage de l’arsenal de nouvelles techniques
la radioprotection utilisant les rayonnements ionisants à des fins dia-
gnostiques ou thérapeutiques dans un souci de pré-

L
vention des risques induits.
a compréhension, l’évaluation et la maî-
–– Un second objectif, à l’attention des personnes expo-
trise des risques nucléaires et radiologiques,
sées suite à un accident nucléaire ou radiologique ou
pour l’homme et l’environnement, consti-
à un acte de malveillance, consiste à améliorer leur
tuent un réel enjeu pour la bonne conduite des activi-
prise en charge médicale, par une caractérisation
tés nucléaires. Soumises à une vigilance de la part de
appropriée du risque encouru via des indicateurs
la société civile, les incertitudes qui demeurent dans les
pertinents et une sélection des approches thérapeu-
fondements scientifiques du système de radioprotection
tiques adaptée.
doivent être réduites afin d’adapter au mieux le système
de gestion des risques radiologiques. Plus généralement, la maîtrise des risques nucléaires et
radiologiques, particulièrement réactualisée par l’acci-
Un premier volet stratégique consiste à comprendre l’im- dent de Fukushima, nous renvoie à questionner la perti-
pact sur le vivant (homme, animaux, plantes et leurs éco- nence et l’efficacité de notre préparation à la gestion d’un
systèmes) d’expositions chroniques à de faibles doses de accident et de ses conséquences, tant en phase de crise
rayonnement ionisant, typiquement sur les territoires (s’agissant des décisions à prendre vis-à-vis des popu-
contaminés. Il comprend deux objectifs scientifiques lations exposées) qu’à plus long terme (réhabilitation,
importants pendant la prochaine décennie. reconquête des territoires, vie en milieu contaminé…).
–– Le premier concerne la compréhension mécaniste des
effets d’une exposition chronique à des faibles doses.
Pour l’homme, il s’agit d’évaluer les effets sur la santé
(risque de développer des pathologies cancéreuses
ou non, effets sur la descendance, phénomènes adap-
tatifs), puis de comprendre les mécanismes mis en
place aux différentes échelles biologiques et d’iden-
tifier ainsi les moyens de mieux prévenir les risques.
L’ensemble permettra de vérifier si le paradigme mis
en œuvre actuellement pour gérer la radioprotection,
traduit par une réponse linéaire sans seuil entre les
effets de type cancer et la dose délivrée, et établie à
partir de l’observation des survivants des bombar-
dements de Hiroshima et Nagasaki exposés à un pic
de fortes doses externes, reste ou non valide dans
le domaine des faibles doses chroniques. Pour les
écosystèmes, il est nécessaire de mieux appréhen-
der l’apparition possible d’effets écologiques à long
terme afin de clarifier les modes et l’ampleur de per-
turbations d’un écosystème dans un environnement
contaminé.
–– Le second objectif vise à réduire les incertitudes dans
la quantification des risques consécutifs aux expo-
sitions de l’homme et des écosystèmes aux rayon-
nements ionisants, afin d’optimiser leur gestion au
quotidien comme en situation accidentelle. L’intégra-
tion du risque sanitaire (à l’homme) et du risque écolo-
gique (aux écosystèmes) dans une évaluation globale
des effets constitue également un défi important.

La stratégie scientifique de l’IRSN Les questions scientifiques prioritaires - Domaine de la radioproctection 17


Question 1
Quels sont les effets d’une
exposition à de faibles doses ?

Existe-t-il des effets biologiques, écologiques et sanitaires


(pathologies, diminution de qualité de vie) en situation d’expo-
sition chronique à de faibles doses et quels en sont les méca-
nismes biologiques d’apparition ou d’adaptation ?
Existe-t-il, à l’instar de certains toxiques chimiques ou
Question 2
physiques, des seuils d’exposition aux rayonnements ionisants
sans effets ? Quelles améliorations
Peut-on déterminer des signatures moléculaires des effets des méthodes et outils proposer
radio-induits ? pour prédire de manière pertinente
Les effets des expositions radiologiques sont-ils additifs les transferts de radionucléides
entre eux ? Qu’en est-il de leur synergie/antagonisme avec dans l’environnement en
d’autres facteurs de stress ?
hiérarchisant les processus ?
Quels types de liens peut-on établir entre les effets molécu-
laires précoces radio-induits et les conséquences cellulaires et
Quelles sont les caractéristiques principales des méca-
tissulaires tardives à l’origine des effets sur l’organisme ?
nismes de transfert des radionucléides dans l’environnement
Quelles variabilités, à appréhender notamment par des qui contribuent de façon significative à l’exposition de l’homme
méthodes statistiques, peuvent exister entre individus ou et des écosystèmes ?
groupes d’individus depuis les mécanismes de réponse bio-
Quelles nouvelles données acquérir pour mieux paramétrer
logique jusqu’aux effets globaux traduisant une sensibilité
dans les modèles les processus clés qui gouvernent le transfert
spécifique ?
des radionucléides dans les différents compartiments de l’envi-
Certains effets moléculaires ou cellulaires peuvent-ils être ronnement ?
transmis (et amplifiés) de génération en génération et induire
Par quels moyens améliorer les modèles de transfert et
des effets sanitaires ?
d’exposition pour qu’ils intègrent les interactions physiques,
chimiques et biologiques ainsi que les variabilités spatiales et
temporelles ?
A-t-on cerné tous les paramètres de transfert ayant un fort
impact sur les estimations de dose à l’échelle régionale ou glo-
bale et comment réduire les incertitudes associées ?

18 Les questions scientifiques prioritaires - Domaine de la radioproctection La stratégie scientifique de l’IRSN


Question 4
Comment associer les connaissances
issues des différents champs
thématiques de recherche ? Jusqu’à
quel niveau d’intégration est-il
possible de construire un système
intégré de radioprotection ?

A-t-on cerné les principales caractéristiques des méca-


nismes de la propagation des effets des radiations à travers
l’échelle de complexité du vivant, du niveau des molécules
jusqu’à celui des écosystèmes ?
Quelles approches méthodologiques sont les plus

Question 3 appropriées pour associer les différentes approches épidé-


miologiques, toxicologiques et écotoxicologiques selon les
questions étudiées ?
Comment améliorer les concepts, Comment intégrer les dynamiques des populations, les
méthodes et outils destinés interactions trophiques et les effets indirects ?
à évaluer le risque consécutif Est-on capable de proposer une « approche écosystème »
aux expositions des travailleurs, de la protection radiologique de l’environnement cohérente
avec les conventions internationales mises en place dans les
de la population, des patients autres domaines environnementaux (biodiversité, RAMSAR,
et des écosystèmes, tenant compte OSPAR, etc.) ?
de questionnement d’ordre Quelles améliorations apporter aux outils d’aide à la
éthique ? décision pour qu’ils intègrent toutes les dimensions de la
gestion d’une contamination accidentelle ?
Peut-on caractériser les limites de la dose de rayonnement Jusqu’à quel niveau est-il possible d’intégrer l’exploita-
en tant qu’indicateur du risque individuel ? Quelle est sa signi- tion de l’ensemble des données issues de la surveillance de
fication dans le cas d’irradiations très hétérogènes de l’homme routine de l’environnement ?
ou des écosystèmes ? Ce concept est-il adapté aux situations
de contaminations internes ?
Comment améliorer la pertinence et la sensibilité des
études épidémiologiques en comparant ces analyses avec
d’autres modèles statistiques et en affinant les études utilisant
l’épidémiologie moléculaire ?
Est-il possible de développer d’autres outils de quantifi-
cation du risque individuel (travailleurs, patients, publics), du
risque aux populations (animaux et plantes) ? Ces outils pour-
raient-ils prendre en compte la sensibilité individuelle ou des
espèces, la modélisation des transferts de radionucléides au
sein des organismes vivants en cas d’exposition interne ainsi
que les coexpositions à d’autres stresseurs non radiologiques ?

La stratégie scientifique de l’IRSN Les questions scientifiques prioritaires - Domaine de la radioproctection 19


Question 5
Comment mieux identifier
et prévenir les effets secondaires
résultant de l’utilisation des
rayonnements ionisants à des fins
diagnostiques et thérapeutiques ?

Le lien causal entre les différents niveaux de phénomènes


Question 7
et d’échelles (dépôt d’énergie, effets moléculaires précoces
radio-induits, conséquences cellulaires et tissulaires tardives) Comment répondre de façon
à l’origine des effets secondaires sur le tissu sain est-il suffi- plus appropriée et plus efficace
samment bien caractérisé ?
aux besoins de réhabilitation
Peut-on déterminer une ou des signatures moléculaires de des conditions de vie dans les zones
manière précoce pour identifier des patients à risques et pré-
venir ces risques ? contaminées après un accident
selon sa nature et sa gravité ?

Quelles sont les techniques les plus viables et les plus


efficaces de décontamination de l’eau, des sols, des surfaces
urbaines ou des milieux contaminés qui pourraient être mises
en œuvre pour réhabiliter ces zones en cas de contamination ?
Quelles performances peut-on en attendre ?
Sait-on comment optimiser, au plan organisationnel et
logistique, la production inévitable de déchets de faible activité
générés par ces techniques de décontamination, leur gestion,
leur devenir ?
Comment mieux prendre en compte la dimension
humaine, sociétale et économique dans les mécanismes de

Question 6 gestion collective et individuelle de l’accident, de la crise et


du post-accidentel ?
À partir de quel niveau de contamination et dans quelles
Quelles approches thérapeutiques conditions de suivi épidémiologique et dosimétrique des popu-
innovantes proposer en réponse lations exposées ces territoires peuvent-ils être réinvestis ?
aux différentes pathologies
associées aux fortes doses
de rayonnement pour en améliorer
la prise en charge ?

20 Les questions scientifiques prioritaires - Domaine de la radioproctection La stratégie scientifique de l’IRSN


Domaine
de la sûreté-sécurité

L
es questions scientifiques prioritaires pour
l’IRSN en matière de sûreté-sécurité sont jus-
tifiées par le besoin de limiter l’impact, sur les
personnes et l’environnement, des quelque 180 ins-
tallations nucléaires françaises, civiles ou de défense,
les sources et les transports de matières radioactives.
Les enjeux majeurs associés sont les suivants :
–– la sûreté-sécurité de l’exploitation au quotidien des
installations nucléaires, jusqu’à la fin de leur vie opé-
rationnelle et tout au long de leur démantèlement,
ainsi que la maîtrise de leur impact, en termes de
radioprotection notamment,
Question 1
–– l’impératif collectif d’éviter un accident majeur et à
tout le moins de limiter les conséquences qui pour- Comment mieux caractériser
raient en résulter, notamment en cas de survenue le transfert de la contamination
d’événements imprévus (et de ce fait non pris en
compte dans leur ampleur ou dans leur principe lors
dans une installation et vers
de la conception), l’environnement ainsi que
–– l’anticipation des problèmes de sûreté que pourrait l’efficacité des dispositifs de
poser le vieillissement de certains matériaux et struc- filtration ou d’épuration dédiés
tures,
à réduire les rejets en
–– la bonne maîtrise des questions de sûreté posées par
fonctionnement normal
les innovations technologiques, y compris pour des
technologies destinées à l’exportation. et accidentel ?
Les questionnements scientifiques constituent en pre-
mier lieu un moteur de progrès pour la sûreté-sécurité Quelle fraction des contaminants radioactifs mobilisables
des installations en exploitation. Ils doivent aussi inté- est mise en suspension (par un incendie, une explosion, un
grer des questions fondamentales très en amont pour accident de fusion de cœur, la rupture d’un équipement de
consolider les orientations de sûreté des installations confinement, etc.) ?
futures dès leur conception. Quant à la nature des ques- Quel niveau de précision dans la modélisation (aéraulique,
tions scientifiques considérées comme prioritaires pour turbulence, physique des aérosols) est nécessaire pour quanti-
l’Institut, elle est de deux types : générique, comme les fier le transfert des polluants dans l’installation, via les réseaux
méthodologies d’évaluation de sûreté applicables à un de ventilation et les chemins de fuite, pour mieux évaluer la
grand nombre d’installations, ou spécifique, c’est-à-dire représentativité de la surveillance des ambiances de travail,
lié à une installation particulière ou à un nombre réduit pour détecter et quantifier le plus rapidement possible une
d’installations. L’objectif cible visé dans les deux cas fuite potentielle et pour estimer les rejets éventuels dans l’envi-
est de revisiter les référentiels de sûreté-sécurité et de ronnement ?
conditionner leur évolution dans le temps sur une base
Les nanoparticules présentent-elles des spécificités, par
scientifique robuste.
exemple en termes de surface réactive plutôt que de masse,
qu’il conviendrait de prendre en compte lors de leur transfert et
pour assurer leur confinement ?
Les nouveaux filtres, matériaux adsorbants et procédés de
confinement dynamique offrent-ils des perspectives d’amélio-
ration significatives de l’efficacité de l’épuration des effluents
radioactifs gazeux, et en particulier de réduction du terme
source des rejets par les dispositifs d’éventage-filtration en cas
d’accident grave ?

La stratégie scientifique de l’IRSN Les questions scientifiques prioritaires - Domaine de la sûreté-sécurité 21


Question 3
Comment évaluer la fiabilité
des systèmes et/ou matériels
Question 2 importants pour la protection
des installations nucléaires ?
Comment mieux caractériser
Les divers systèmes passifs 2 qui sont ou pourraient être
et modéliser les contraintes
proposés par les exploitants pour limiter les conséquences
générées sur l’installation par d’accidents sont-ils efficaces et fiables dans des conditions
des sollicitations ou agressions accidentelles représentatives ?
internes et externes (y compris Dispose-t-on de données fiables et exploitables (et si oui,
naturelles) et qui pourraient comment) concernant les processus de fabrication, l’inspec-
tion, la maintenance et le remplacement de certains de ces
impacter la sûreté ? dispositifs ?
Comment caractériser la dégradation des fonctionnalités
Comment s’assurer du maintien de la sûreté-sécurité des
des EIP 3 en situation accidentelle, voire au-delà des situations
installations nucléaires compte tenu des évolutions envisa-
prises en compte à la conception ?
geables de leur domaine et mode de fonctionnement ?
Les risques induits par l’évolution du contrôle-commande
Quels aléas nouveaux d’origine naturelle ou humaine pour-
et, de manière générale, par l’informatisation du contrôle et du
raient générer des scénarios à prendre en compte au titre de la
pilotage des réacteurs sont-ils correctement évalués, en tenant
sûreté-sécurité ?
compte de leur dépendance aux dysfonctionnements extérieurs
Sait-on caractériser avec la précision requise toutes les sol- divers et de l’évolution de la menace (cyberattaque) ?
licitations thermiques et chimiques générées par l’incendie de
Quel est le rôle de la recherche prénormative pour
foyers très variés et complexes qui peuvent endommager les
améliorer la robustesse des systèmes et des composants du
structures et équipements de l’installation importants pour la
confinement ?
sûreté ?
Comment améliorer la prédiction de l’intensité des sollici- 1. Emballements chimiques dont les conséquences sont thermiques et potentielle-
tations mécaniques générées par une explosion (de gaz et/ou ment mécaniques (dégagement massif voire explosion de gaz).
de poussières) sur les barrières de confinement pouvant induire 2. Recombineurs d’hydrogène, récupérateurs de corium, systèmes thermohydrau-
leur dégradation ? liques passifs de refroidissement des cœurs et de l’enceinte de confinement, etc.
3. Éléments importants pour la protection, par exemple : composants électroniques
Quelles sont les conditions accidentelles dans le cycle du exposés aux fumées d’incendie, dégradation des filtres à très haute efficacité (THE)
et des portes et clapets coupe-feu, colmatage des filtres des puisards, vieillissement
combustible qui peuvent entraîner des dysfonctionnements
des câbles électriques, dégradation des joints TAM en situation de LOCA, fissuration
des procédés induisant potentiellement des conséquences des barrières de confinement en béton, endommagement des internes de cuve, etc.
inacceptables 1 ?
Comment améliorer la prédiction des sollicitations induites
par les aléas (tout particulièrement l’aléa sismique) et en déduire
les chargements à appliquer aux structures de génie civil et aux
équipements des installations ?

22 Les questions scientifiques prioritaires - Domaine de la sûreté-sécurité La stratégie scientifique de l’IRSN


Question 5
Dispose-t-on de toutes
les connaissances nécessaires
pour évaluer les risques
d’endommagement de la gaine
du combustible (première
barrière) en situations normales
et accidentelles, compte tenu
de l’évolution des conditions
d’exploitation du combustible
en réacteur et dans le cycle aval 4 ?

Question 4
Comment mieux caractériser et modéliser les phénomènes
qui génèrent des contraintes thermomécaniques et chimiques
sur la première barrière ou font évoluer ses modes de dégrada-
tion ou de ruine ?
Comment évaluer de manière
Est-ce que le respect des critères de sûreté permet bien de
réaliste l’impact sur la sûreté des se prémunir des phénomènes redoutés ?
évolutions des caractéristiques
Comment juger de la pertinence des marges quantifiées par
des installations sur toute leur les exploitants par rapport aux critères de sûreté pour les nou-
durée de vie ? veaux modes de gestion du combustible actuel et des éventuels
combustibles innovants à venir 5 ?
Dispose-t-on de données suffisantes pour analyser les Sans remettre en cause l’intérêt d’essais globaux représen-
modes de dégradation dus au vieillissement (et selon quels tatifs, comment optimiser le recours à l’expérimentation en
processus physico-chimiques et mécaniques) susceptibles de réacteur sur du combustible irradié, opération qui s’avère com-
limiter la durée de vie des composants (EIP) non remplaçables plexe et coûteuse à mettre en œuvre, en s’appuyant notam-
des REP notamment par la modification de leur structure et ment sur de la simulation et/ou de l’expérimentation mettant
composition ? en jeu des matériaux simulant les matériaux irradiés réels ?
Les méthodes qui permettent de prévoir le comportement Les risques de refroidissement insuffisant voire de rupture
à long terme (et sur différentes échelles de temps) des com- du gainage du combustible des réacteurs à eau sous pression
posants des REP vieillis compte tenu de la potentielle dégrada- en configuration (accidentelle) de recirculation d’eau par les
tion de leurs propriétés sont-elles suffisamment adaptées à la puisards sont-ils correctement caractérisés ?
cinétique des différents mécanismes de dégradation (cinétique
évolutive au cours du vieillissement) ? 4. On constate une diversification de l’approvisionnement en combustible des exploitants
(qui impose des démonstrations de sûreté pour des cœurs mixtes de plus en plus hétéro-
Dispose-t-on de moyens de contrôle non destructif adaptés gènes), une évolution des produits, une exploitation de plus en plus contraignante (suivi
aux dommages que l’on cherche à détecter compte tenu de de réseau, par exemple).
la connaissance des différents mécanismes de dégradation au 5. Pour répondre à la suffisance de la démonstration de sûreté pour les accidents de
cours du temps ? dimensionnement (par exemple : perte d’eau de refroidissement primaire, accidents
de réactivité, dénoyage dans les piscines d’entreposage).

La stratégie scientifique de l’IRSN Les questions scientifiques prioritaires - Domaine de la sûreté-sécurité 23


Question 7
Quelles évolutions apporter
aux méthodologies d’évaluation
de sûreté et aux outils associés à
Question 6 leur mise en œuvre pour accroître
la pertinence de l’expertise de
Comment mieux caractériser sûreté et ne pas omettre de risque
et modéliser les modes de significatif ?
dégradation du confinement
Quelles méthodes d’évaluation permettent de faire pro-
des matières radioactives, gresser l’allocation des efforts des industriels pour la maîtrise
en particulier la deuxième et des risques de leurs installations et en particulier pour de nou-
la troisième barrière, en cas veaux concepts ?
d’agressions internes Quelles évolutions apporter aux méthodes d’évalua-
et externes ? tions probabilistes, et notamment par la prise en compte de
la connaissance imparfaite et des incertitudes associées à la
modélisation des phénomènes complexes, en vue d’assurer une
Comment les sollicitations thermiques, chimiques et/ou meilleure complémentarité de la démarche déterministe ?
mécaniques générées par les agressions dégradent-elles les
barrières de confinement 6 ? L’évaluation de certaines conditions de fonctionnement
accidentelles nécessite d’acquérir et/ou de développer les logi-
Avec quel niveau de précision les caractéristiques des ciels de simulation avancés à insérer dans un outil de calcul
fuites de l’enceinte de confinement en cas d’endommage- couplant les phénomènes de thermohydraulique dans le réac-
ment de celle-ci sont-elles connues ? teur, la neutronique du cœur et la thermomécanique du com-
bustible. Comment mieux valider la méthodologie de calcul et
Quelle est l’efficacité de l’apport d’eau dans la cuve pour
d’expertise utilisateur mettant en jeu ces outils de simulation ?
refroidir le cœur dégradé, fondu et/ou fragmenté en débris ?
Les évolutions envisagées à moyen et long termes des
Sait-on définir avec précision les conditions dans les-
emballages de transport ou des usines du cycle du combustible
quelles la présence d’eau dans le puits de cuve d’un réacteur
doivent garantir des marges suffisantes en regard du risque
de génération II peut pratiquement stopper la percée de la
de criticité. Les outils et méthodes de calcul sont-ils suffisam-
troisième barrière en refroidissant le corium en interaction
ment fiables pour vérifier que ces marges sont intégrées dans
avec le béton ?
le dimensionnement de ces évolutions ?
Comment mieux modéliser l’impact, sur l’endommage-
Quels éléments qualitatifs et quantitatifs permettent de
ment du confinement, des sollicitations mécaniques induites
peser et prendre en compte dans l’évaluation de sûreté-sécurité
par les séismes ?
les écarts entre les hypothèses de démonstration et la réalité
Est-il correctement tenu compte de la vulnérabilité des des installations ?
dispositifs d’éventage-filtration aux agressions internes (col-
matage, explosion d’hydrogène) et externes (séismes, etc.) ?

6. Dispositifs de sectorisation et parois des installations, cuve du réacteur avec et


sans refroidissement externe, enceinte de confinement du réacteur lors d’un acci-
dent grave.

24 Les questions scientifiques prioritaires - Domaine de la sûreté-sécurité La stratégie scientifique de l’IRSN


Question 8
Quelles sont les connaissances
mobilisables à l’IRSN et,
le cas échéant, les nouvelles
connaissances à acquérir pour
évaluer, dans le calendrier retenu
Question 9
pour son développement, la sûreté Quels sont les phénomènes
du réacteur à fusion ITER ? importants qui conditionnent
la sûreté à long terme du stockage
Quel déficit de connaissances fondamentales et pratiques
dans le domaine du vide (plus généralement des basses pres-
en couches géologiques des déchets
sions) et de la poussière 7 ferait éventuellement obstacle à de faible, moyenne, haute activité
l’expertise de sûreté exhaustive des réacteurs à fusion ? et à vie longue ? Comment
Les scénarios accidentels retenus par les concepteurs et les modéliser ?
l’exploitant du réacteur ITER sont-ils exhaustifs, et leurs pro-
babilités pertinentes, compte tenu du saut quantitatif d’échelle
Au-delà de la connaissance des mécanismes fondamentaux
entre ce réacteur et les installations existantes ?
et de la capacité à les modéliser, les difficultés techniques de
En termes de sûreté et de radioprotection, quels sont les réalisation de diverses barrières (colis, barrières ouvragées) sont-
défis présentés par le cycle du combustible tritium – production, elles bien cernées, ainsi que les phénomènes susceptibles de les
transport et gestion dans le « bâtiment tritium » (y compris, dans dégrader et qui pourraient impacter l’efficacité de ces barrières ?
un avenir plus lointain, sa production in situ) – et par les déchets
Quels seront les moyens de surveillance et de mesure des
radioactifs, produits de l’activation des composants du réacteur ?
paramètres clés de l’évolution du stockage (phase d’exploita-
Quelles sont les méthodes les mieux adaptées pour évaluer tion et de réversibilité) ?
les probabilités et les conséquences potentielles d’un accident
Des procédés de traitement nouveaux sont-ils nécessaires
de perte de vide ou de réfrigérant : explosion de poussières ou
afin de réduire significativement les risques dans les différentes
d’hydrogène, dont il faudra caractériser les termes sources, la
installations de stockage ?
dispersion dans l’installation puis dans l’environnement, en
tritium (risque radioactif) ou en béryllium (risque chimique) ?

7. L’expertise de l’IRSN sur la sûreté des REP découle d’une connaissance appro-
fondie des équipements sous pression, qui n’est pas directement transposable aux
équipements sous vide. De plus, les grands équipements sous vide (accélérateurs de
particules, par exemple) associent le plus souvent le vide à l’ultra-propreté.

La stratégie scientifique de l’IRSN Les questions scientifiques prioritaires - Domaine de la sûreté-sécurité 25


U
ne dernière question prioritaire transverse
entre les domaines de la sûreté-sécurité et de
la radioprotection sur laquelle l’Institut déve-
loppe une activité scientifique peut être exprimée de la
manière suivante.

Question 10
Quelles sont les connaissances
mobilisables pour évaluer la sûreté
des opérations d’assainissement
et de démantèlement d’installations
nucléaires ?

Les connaissances et les méthodes disponibles sont-elles


suffisantes pour caractériser les risques (inventaires radio­
logiques, dispersion de particules…) lors des opérations d’assai-
Question transverse
nissement et de démantèlement des réacteurs, en fonction du Comment mieux évaluer l’impact
type considéré, et aussi des laboratoires et des usines du cycle
du combustible ? en matière de sûreté-sécurité
des activités humaines liées
Compte tenu de la très grande variété des installations
concernées, la métrologie mobilisable est-elle totalement à l’exploitation des installations
adaptée à la gestion des risques lors des opérations de déman- nucléaires ou des dispositifs
tèlement ? utilisant les rayonnements
ionisants et à la gouvernance
des risques ?

Les dispositions techniques et organisationnelles favorisant


la maîtrise des risques liés au recours à la sous-traitance et à
l’utilisation des nouvelles technologies sont-elles clairement
identifiées ?
Quelles sont les dynamiques d’action individuelle et collec-
tive en situation de crise, et quels facteurs organisationnels et
humains contribuent à leur performance ?
Quels sont les effets, sur les activités d’expertise, des modalités
de gouvernance des risques et des outils associés ?
Quelles dispositions techniques et organisationnelles favo-
risent l’implication des parties prenantes dans les processus
d’expertise et de gouvernance des risques ?

26 Les questions scientifiques prioritaires - Domaine de la sûreté-sécurité La stratégie scientifique de l’IRSN


Une systématique – recentrer
les thématiques, renouveler
les pratiques
Ce document cadre les choix à faire sur les ques-
tions prioritaires vues d’aujourd’hui en fonction
des moyens disponibles et compte tenu de l’état de
progrès des connaissances dans chaque domaine.
En parallèle, les démarches de recherche et d’exper-
tise développées par l’Institut sont décrites dans des
documents spécifiques complémentaires qui expli-
citent les leviers à actionner, internes ou externes,
pour apporter des éléments de réponse aux ques-
tionnements scientifiques et sociétaux recensés. De
plus, ils précisent clairement, d’une part, les acquis
et, d’autre part, les travaux à mener. La description
de ces travaux est matérialisée dans le plan à moyen
terme des activités de l’Institut. Tous ces documents
ont donc un caractère intrinsèquement évolutif pour
garantir à l’IRSN sa capacité à recentrer ses théma-
tiques prioritaires et à renouveler ses pratiques et
ses partenariats scientifiques.

Tous droits réservés IRSN décembre 2015.


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