IRSN Strategie-Scientifique 2015
IRSN Strategie-Scientifique 2015
IRSN Strategie-Scientifique 2015
de l’IRSN
Pour faire progresser la sûreté nucléaire,
la sécurité nucléaire et la radioprotection
Faire avancer la sûreté nucléaire
L’IRSN en bref
L’IRSN est un établissement public à caractère industriel et
commercial, créé en 2001, dont les missions ont été portées au
niveau législatif par la loi n° 2015-992 du 17 août 2015 relative
à la transition énergétique pour la croissance verte. Il est placé
sous la tutelle conjointe des ministres chargés respectivement
de l’Écologie, de la Recherche, de l’Industrie, de la Santé et du
ministre de la Défense.
Expert public des risques nucléaires et radiologiques, l’Institut apporte, par ses
missions de recherche, d’expertise et de surveillance, une évaluation scientifique et
technique de ces risques. Ses activités s’étendent à de nombreux domaines tant en
France qu’à l’international : sûreté des installations, des transports et des déchets
nucléaires, surveillance de l’environnement, des travailleurs et patients, conseil et
intervention en cas de risque radiologique, radioprotection de l’homme en situa-
tions normale et accidentelle. Ses compétences sont également mises en œuvre
pour les activités analogues intéressant la défense.
Sommaire
Appréhender avec justesse les éléments de contexte 6
Les facteurs de succès du déploiement des activités scientifiques de l’Institut 8
Les lignes de force déployées pour répondre aux questions scientifiques 10
prioritaires
La stratégie scientifique de l’IRSN a été approuvé par le conseil d’administration du 15 octobre 2015.
Pour plus d’information, les sigles présents dans le document sont explicités dans le glossaire sur le site Internet
de l’Institut : www.irsn.fr
Ségolène ROYAL
Ministre de l’Écologie, du Développement
durable et de l’Énergie
Questions
scientifiques
Processus
Résultats
d’élaboration Acquisition
de connaissances
Stratégie et maintien
scientifique de savoir-faire
Démarches
de recherche
Maintien d’expertise
Contexte :
R&D
Lignes
de force
Vision/Objectif
L
tions rapides de pratiques émergentes ou de techniques
a stratégie de l’IRSN s’inscrit dans un cor-
utilisant des rayonnements ionisants dans le domaine
pus législatif et réglementaire qui définit ses
médical (patients, professionnels de santé) ou industriel.
domaines d’intervention en cohérence avec
De plus, la pertinence de l’action de l’Institut en cas de
le contexte stratégique national. S’agissant de la pro-
crise est au cœur de ses missions, notamment concernant
tection radiologique, les termes généraux en sont pré-
les informations et analyses qu’il pourra mettre à disposi-
cisés par la stratégie nationale de santé cadrée par la
tion des acteurs de la gestion de crise et des populations.
loi de santé publique présentée en 2015. Pour ce qui
concerne la sûreté-sécurité nucléaire, le cadre général
est fixé par la loi de transition énergétique pour la crois-
sance verte promulguée en août 2015. Ce contexte est
mis en cohérence avec deux références européennes Un contexte scientifique,
majeures, la directive européenne concernant la sûreté
nucléaire et la directive Euratom relative aux normes technologique et économique
de base de radioprotection, qui seront traduites au
niveau national.
international
En matière de recherche, la stratégie nationale en pleine évolution
découlant de la loi pour l’enseignement supérieur et
L
la recherche de 2013 affiche des objectifs cohérents e contexte scientifique, technologique et éco-
avec ceux exprimés au niveau européen et dans les- nomique international dans lequel évoluera
quels les enjeux de la maîtrise des risques et de l’in- l’IRSN dans la décennie à venir repose sur
novation trouvent toute leur place. des fondements pérennes. Ainsi, l’énergie nucléaire
reste une composante majeure du mix énergétique
Tous ces cadres fondamentaux prennent en compte
français, qui vise par ailleurs à s’exporter à l’inter-
plusieurs mutations en cours qui concernent la société
national dans toutes ses composantes. De même,
civile française dont les acteurs sont impliqués pour
l’utilisation des rayonnements ionisants à des fins
mûrir un questionnement de plus en plus précis et per-
thérapeutiques ou de diagnostic, à laquelle la popu-
tinent et revendiquer une participation accrue aux pro-
lation dans son ensemble est susceptible d’avoir
cessus de décision basée sur une transparence mature.
recours, constitue une source de progrès médical
Dans cet environnement, outre un rôle porteur des élé- dont il faut aussi maîtriser les effets adverses. En
ments forts de doctrine, l’enjeu majeur pour l’IRSN parallèle, malgré une concurrence accrue entre les
consiste à mener son expertise technique des risques en fournisseurs, le fonctionnement de l’économie inter-
matière de sûreté, de sécurité et de radioprotection dans nationale dans le domaine nucléaire s’organise sur
des termes et des délais compatibles avec les besoins. un mode de coopération plus ouverte et plus avan-
Ceux-ci concernent les positionnements et évolutions du cée sur le plan scientifique et technique comme en
parc nucléaire français qui seront exprimés par les pou-
Toutefois, l’éventualité d’un accident nucléaire majeur Pour ce qui concerne les installations nucléaires fran-
avec rejet radioactif dans l’environnement au cours de çaises, dont le meilleur niveau de sûreté possible doit
la décennie quelque part dans le monde, sans exclure être garanti sur l’intégralité de leur durée de vie, les
la France, reste présente, ce qui nécessite de disposer projets de l’industrie induisent la création de nouvelles
d’outils techniques et méthodologiques pour accom- installations (EPR de Flamanville, Cigéo, ASTRID, RJH,
pagner des actions tant industrielles que réglemen- ITER…) et la mise en œuvre de modifications notables
taires appropriées. sur des installations existantes, notamment celles de
génération II, plus anciennes. En fin de vie, de grandes
Ces fondements sont inscrits dans un environnement
opérations de démantèlement et d’assainissement des
en pleine évolution qui se caractérise notamment par
sites génèrent de grandes quantités de déchets pour
la poursuite de la montée en puissance des autorités
lesquelles se pose une large gamme de questions de
compétentes. Leurs besoins en matière d’appui scien-
filières, d’exutoires, de procédés à traiter sous l’angle
tifique et technique s’inscrivent dans une logique de
de la sûreté et de la protection de l’environnement.
progrès continu en matière de sûreté et de radiopro-
tection dans laquelle les efforts de R&D et d’innovation Dans les dix ans à venir, les améliorations de sûreté
ont toute leur place. Ces besoins se concentrent de qui seront implémentées, sur la base du retour d’ex-
plus en plus sur des problématiques complexes dans périence et des nouvelles connaissances disponibles,
le cadre de la gestion des risques multiples auxquels constitueront une étape majeure pour les réacteurs de
la société est confrontée. Sont à mettre en regard de génération II dont le fonctionnement sera poursuivi
ces besoins les opportunités et les risques dans l’évo- et serviront de référence pour les concepts innovants.
lution des ressources humaines de l’IRSN d’ici à dix Parmi celles-ci, une meilleure évaluation de la vulnérabi-
ans qui se doit de préserver les savoirs du passé : en lité des installations et des transports au regard d’actes
effet les « pionniers », socle des savoir-faire, sont en de malveillance ou la caractérisation scientifique, au
partance alors que les personnels recrutés depuis la niveau le plus élémentaire, de la maîtrise du vieillisse-
création de l’Institut n’atteindront leur maturité scien- ment restent des défis majeurs, y compris pour l’écono-
tifique et technique qu’à cette échéance. mie du parc nucléaire français. Enfin, une connaissance
scientifique approfondie des scénarios potentiels d’ac-
Pour s’adapter à l’ensemble de ces évolutions, la
cident grave dans les réacteurs, et plus largement dans
stratégie scientifique de l’Institut doit tenir compte
les installations du cycle du combustible, permettra de
de l’intégration croissante de la recherche dans un
limiter le niveau d’incertitude avec lequel les disposi-
cadre européen et international. Il se structure sous
tions seront mises en œuvre, aussi bien en exploitation
la double poussée de la contraction des moyens et
qu’en gestion post-accidentelle, pour limiter le transfert
des compétences et de la nécessité de développer, à
de matières radioactives vers l’environnement.
dimension européenne, une structuration, des com-
pétences et des stratégies face au développement des Enfin, la communication, la formation et l’éducation
pays émergents. sur le plan scientifique sont partie intégrante des défis à
relever en interaction avec les acteurs sociaux.
L
es défis scientifiques sont nombreux pour abou-
tir à une meilleure compréhension et une meil-
leure caractérisation des risques induits par
l’exposition aux rayonnements ionisants de l’homme et
de l’environnement. Ainsi, la compréhension de l’ori-
gine des effets secondaires des traitements médicaux
comme la caractérisation des risques de développer des
pathologies en cas d’exposition chronique à de faibles
doses constituent par exemple des défis majeurs pour
les dix ans à venir. Face au risque sanitaire ou envi-
ronnemental ainsi caractérisé, qu’il soit d’origine
naturelle, accidentelle, professionnelle ou qu’il résulte
de pratiques médicales de plus en plus variées utili-
sant les rayonnements ionisants, un défi plus opéra-
F
sûreté nucléaire et de la radioprotection, à l’exclusion des
ace à ces défis scientifiques et techniques, l’IRSN
domaines relevant de la défense. Pour sa part, le CS exa-
a mis en place une organisation thématique en
mine les programmes d’activités de l’Institut et s’assure de
cohérence avec les grandes questions scienti-
la pertinence des démarches de recherche définies par
fiques auxquelles il travaille. Cette organisation, ainsi
l’établissement, notamment au regard de la stratégie
que le système de gouvernance de l’Institut en charge du
scientifique, et de leur suivi. Il peut également formu-
secteur scientifique, constituent des composantes indis-
ler toute recommandation sur l’orientation des activités de
pensables à la qualité scientifique des travaux et un accélé-
l’établissement.
rateur de leur pertinence.
Par ailleurs, l’Institut est doté d’un comité de visite externe,
C’est pourquoi, les décisions du conseil d’administra-
placé auprès du directeur général, qui a pour mission de
tion (CA) de l’Institut, notamment sur les programmes
procéder à l’évaluation des résultats des activités à compo-
d’activité de l’établissement, sont éclairées par les avis
santes scientifiques et techniques conduites par l’Institut,
du comité d’orientation de la recherche (COR), les avis
et donc à l’évaluation de ses démarches de recherche et
du comité d’orientation auprès de la direction de l’exper-
d’expertise. L’ensemble de ces évaluations par les pairs des
tise nucléaire de défense (CODEND) pour ce qui concerne
travaux menés et des équipes qui les conduisent est enca-
les orientations du programme d’activité de la direction
dré par le directeur scientifique de l’IRSN.
C
garante de la cohérence d’ensemble de ces diverses
omme tout organisme scientifique et technique,
composantes de la stratégie scientifique, notamment
outre l’exigence de performance pour réaliser
pour préparer la validation faite annuellement par le CA
ses travaux scientifiques dans le souci d’utiliser
du programme d’activité de l’Institut.
au mieux les ressources publiques, l’IRSN se fixe des exi-
Enfin, la commission d’éthique et de déontologie de l’IRSN gences fortes en matière de capitalisation, de transmis-
veille aux implications de cet ordre que peuvent soulever sion et de valorisation des connaissances qui viennent
les travaux menés par l’Institut et en réfère au CA. compléter l’exigence première d’excellence scientifique.
1 3
Justifier les fondements Prendre des initiatives
de ses orientations pour consolider l’espace
scientifiques et national, européen
les moyens à y accorder et international de la recherche
dans le domaine des risques
nucléaires et radiologiques
2 4
Associer les Développer
bénéficiaires finaux aux des partenariats
travaux de recherche académiques
et participer activement
aux Alliances nationales
de recherche
5
Développer autant
que nécessaire
la collaboration avec
les industriels, les exploitants
nucléaires et les acteurs
du secteur médical
7
Garantir l’accès
de l’Institut aux
infrastructures de
recherche et d’expérimentation
et aux bases de données
6 9
Disposer des outils Pérenniser les
de simulation numérique connaissances et savoir-
et les maîtriser faire systématisés pour
mieux renouveler l’évaluation
des risques
1
Justifier les fondements
de ses orientations
scientifiques et
les moyens à y accorder
Les choix programmatiques de l’Institut seront essen-
tiellement justifiés à la lumière de critères 1 explicites
pour répondre aux enjeux et aux besoins de sûreté, de
radioprotection ou de sécurité, eu égard notamment
2
aux missions d’évaluation des risques et d’expertise
qui lui sont confiées. Associer les
L’IRSN équilibre son portefeuille d’activités pour s’as- bénéficiaires finaux aux
surer que les domaines identifiés comme stratégiques travaux de recherche
obtiennent l’attention nécessaire.
Pour décliner sa stratégie, l’Institut justifie le pro- L’IRSN veille à interagir avec les pouvoirs publics, les
cessus et la logique d’élaboration des démarches de autorités compétentes, les agences et la société civile
recherche associées à chaque question scientifique de manière à permettre la meilleure adéquation pos-
prioritaire. Il spécifie en particulier les domaines scien- sible entre ses travaux scientifiques et les attentes/
tifiques dans lesquels il investit en propre une partie besoins des acteurs de la société française. À cette fin,
de la recherche et les domaines dans lesquels il s’asso- l’Institut veille en particulier à :
cie à la recherche menée en externe. –– susciter l’avis de ces acteurs dans l’identification
des priorités de recherche,
1. Ces critères sont : intérêt du produit scientifique pour la maîtrise des –– les associer au suivi dans la durée de ses travaux
risques, potentiel d’innovations, potentiel à générer des collaborations,
potentiel à accroître le degré d’influence et l’image de l’Institut, potentiel
de recherche,
à accroître l’indépendance de jugement de l’Institut, capital de compé-
tences techniques internes et externes disponibles, risques techniques
–– accompagner la diffusion des résultats de ses tra-
et financiers. vaux auprès de ces acteurs.
Ce souci permanent est en adéquation avec les dispo-
sitions de la loi de transition énergétique pour la crois-
sance verte, qui confirme le développement continu
de la transparence, la participation de la société civile
aux sujets en lien avec la sûreté nucléaire et la radio-
protection ainsi que le rôle que l’Autorité de sûreté
nucléaire (ASN) peut tenir pour veiller à l’adaptation
de la recherche publique aux besoins.
4
national, notamment dans le cadre des Alliances Développer
nationales de recherche, comme au niveau inter-
national, sera promue pour initier des programmes des partenariats
scientifiques d’avant-garde au regard des enjeux à académiques
moyen et long termes. Les coopérations scientifiques et participer activement
initiées par l’Institut doivent lui permettre de tirer le
meilleur parti des instruments nationaux, européens et aux Alliances nationales
multilatéraux, comme les plateformes technologiques de recherche
européennes ou les accords internationaux de recherche
tels que ceux gérés dans le cadre de l’OCDE/AEN, de la
Un élément clé de la stratégie scientifique d’un
Commission européenne ou de l’AIEA.
organisme d’appui technique et scientifique (TSO)
Les domaines dans lesquels l’IRSN veut être un acteur opérateur de recherche réside dans la qualité de
reconnu doivent être gréés en compétences scienti- ses partenariats académiques nationaux ou inter-
fiques appropriées et ressources suffisantes. Être un nationaux. L’Institut entend poursuivre le dévelop-
acteur majeur signifie s’impliquer directement dans pement largement engagé d’une véritable stratégie
la réalisation, dans le cadre éventuel d’alliances, des partenariale avec des équipes ciblées à forte valeur
programmes scientifiques d’ampleur (de recherche ajoutée sur des thématiques amont de ses problé-
notamment). matiques d’intérêt, y compris dans le cadre d’unités
de recherche communes lorsque ce cadre s’avère
le plus adéquat pour développer, piloter et rendre
visibles les travaux menés en commun. Il veille à
sa présence active dans les Alliances nationales de
recherche 2.
6
–– s’efforcer d’obtenir les données indispensables à
la validation des outils de calcul utilisés en contre- Disposer des outils
expertise, de simulation numérique
–– sensibiliser ces acteurs sur les questions à fort enjeu et les maîtriser
et les faire bénéficier de ses connaissances en la
matière, La stratégie de l’Institut en matière de calcul scienti-
fique est déterminante pour la qualité de ses travaux
–– entretenir un cadre collaboratif clairement défini et
d’expertise. Celui-ci veille ainsi en priorité aux points
partagé pour mener des travaux scientifiques ciblés
suivants :
sur les questions de recherche d’intérêt commun,
–– s’assurer de la disponibilité et de la maîtrise des
–– proposer aux acteurs économiques pertinents les
outils de modélisation et de calcul présentant un
résultats innovants issus de ces travaux.
caractère stratégique pour l’accomplissement de
ses missions dans le domaine de la recherche et de
l’expertise et en favoriser une utilisation raisonnée
en interne,
–– maîtriser au mieux les incertitudes et biais de modé-
lisation des outils qu’il utilise ou développe,
–– rationaliser les investissements en logiciels en justi-
fiant ses choix entre développement, acquisition ou
adaptation des logiciels tout en conservant la maî-
trise et l’indépendance en ce qui concerne leur vali-
dation et les pratiques d’usage,
–– faciliter et accélérer la diffusion des logiciels de
l’Institut.
7
Garantir l’accès des méthodologies
de l’Institut aux et des outils d’aide
infrastructures de à la décision à caractère
recherche et d’expérimentation opérationnel
et aux bases de données L’Institut doit disposer d’un ensemble d’outils d’aide à la
décision très opérationnels et de méthodes éprouvées
La pertinence et l’indépendance de l’expertise de pour apporter des réponses aux pouvoirs publics et/ou
l’IRSN reposent sur sa capacité à consolider et à au public qui soient rapides, pertinentes et adaptables
exploiter au mieux le patrimoine de connaissances à différentes situations, par exemple lorsque la mise en
existant en l’enrichissant de données nouvelles œuvre d’outils de référence s’avère inadaptée aux délais
issues de l’expérimentation. Ces données expérimen- demandés, ou encore pour étayer une information ou
tales sont de différentes natures et nécessitent, pour une prise de décision en situation de crise radiologique
les acquérir, d’utiliser des dispositifs expérimentaux et/ou nucléaire. La diffusion de ces outils est un élément
à différentes échelles. La politique de l’Institut en fort de la politique de l’Institut en la matière.
matière d’équipements scientifiques permettant de
les acquérir repose sur quatre exigences :
9
–– disponibilité des « grands équipements d’expéri-
mentation » et garantie de leur pérennité, sur le Pérenniser les
territoire national, en Europe et dans le monde, connaissances et savoir-
–– maîtrise des caractéristiques techniques des faire systématisés pour
« grands équipements d’expérimentation » et de
leur évolution, mieux renouveler l’évaluation
des risques
–– optimisation des ressources dédiées aux infra
structures et cohérence entre les coûts d’origines
Pour maintenir et enrichir la culture « know-why, know-
diverses (investissement, maintien en exploitation,
how » qu’il a su développer sur des thématiques qu’il
dispositifs définis en fonction des exigences tech-
doit parfaitement maîtriser, l’Institut porte une attention
niques explicitées par les expérimentateurs...) et
particulière à l’enrichissement des pratiques explicites ou
leur usage envisagé à moyen et long termes,
implicites mises en œuvre dans le développement d’une
–– stockage et protection rationnels des données pour approche générique d’une question scientifique.
cibler les données sensibles et/ou uniques présen-
Les connaissances et les savoir-faire scientifiques et
tant un intérêt scientifique majeur ; cette exigence
techniques acquis aussi bien en R&D qu’au travers des
est à mettre en regard de l’attention particulière
travaux d’expertise doivent être capitalisés, entretenus
qui est portée à la génération ou l’acquisition de
et enrichis pour être mobilisés et traiter des questions
nouvelles données jugées prioritaires, par exemple
nouvelles qui ne manqueront pas de se poser avant le
pour ce qui concerne les données nucléaires, afin
démarrage de nouvelles installations (EPR de Flamanville,
d’éviter la production et le stockage de données
Cigéo, ASTRID, RJH, ITER…) et l’évaluation de la sûreté
redondantes et obsolètes.
des cycles du combustible et des déchets associés ou
encore de la radioprotection des patients et des profes-
sionnels de santé liée aux nouvelles technologies utilisées
en radiodiagnostic ou en radiothérapie. Cette dimension
est prise en compte dans le cadre du renouvellement des
personnels.
L
vention des risques induits.
a compréhension, l’évaluation et la maî-
–– Un second objectif, à l’attention des personnes expo-
trise des risques nucléaires et radiologiques,
sées suite à un accident nucléaire ou radiologique ou
pour l’homme et l’environnement, consti-
à un acte de malveillance, consiste à améliorer leur
tuent un réel enjeu pour la bonne conduite des activi-
prise en charge médicale, par une caractérisation
tés nucléaires. Soumises à une vigilance de la part de
appropriée du risque encouru via des indicateurs
la société civile, les incertitudes qui demeurent dans les
pertinents et une sélection des approches thérapeu-
fondements scientifiques du système de radioprotection
tiques adaptée.
doivent être réduites afin d’adapter au mieux le système
de gestion des risques radiologiques. Plus généralement, la maîtrise des risques nucléaires et
radiologiques, particulièrement réactualisée par l’acci-
Un premier volet stratégique consiste à comprendre l’im- dent de Fukushima, nous renvoie à questionner la perti-
pact sur le vivant (homme, animaux, plantes et leurs éco- nence et l’efficacité de notre préparation à la gestion d’un
systèmes) d’expositions chroniques à de faibles doses de accident et de ses conséquences, tant en phase de crise
rayonnement ionisant, typiquement sur les territoires (s’agissant des décisions à prendre vis-à-vis des popu-
contaminés. Il comprend deux objectifs scientifiques lations exposées) qu’à plus long terme (réhabilitation,
importants pendant la prochaine décennie. reconquête des territoires, vie en milieu contaminé…).
–– Le premier concerne la compréhension mécaniste des
effets d’une exposition chronique à des faibles doses.
Pour l’homme, il s’agit d’évaluer les effets sur la santé
(risque de développer des pathologies cancéreuses
ou non, effets sur la descendance, phénomènes adap-
tatifs), puis de comprendre les mécanismes mis en
place aux différentes échelles biologiques et d’iden-
tifier ainsi les moyens de mieux prévenir les risques.
L’ensemble permettra de vérifier si le paradigme mis
en œuvre actuellement pour gérer la radioprotection,
traduit par une réponse linéaire sans seuil entre les
effets de type cancer et la dose délivrée, et établie à
partir de l’observation des survivants des bombar-
dements de Hiroshima et Nagasaki exposés à un pic
de fortes doses externes, reste ou non valide dans
le domaine des faibles doses chroniques. Pour les
écosystèmes, il est nécessaire de mieux appréhen-
der l’apparition possible d’effets écologiques à long
terme afin de clarifier les modes et l’ampleur de per-
turbations d’un écosystème dans un environnement
contaminé.
–– Le second objectif vise à réduire les incertitudes dans
la quantification des risques consécutifs aux expo-
sitions de l’homme et des écosystèmes aux rayon-
nements ionisants, afin d’optimiser leur gestion au
quotidien comme en situation accidentelle. L’intégra-
tion du risque sanitaire (à l’homme) et du risque écolo-
gique (aux écosystèmes) dans une évaluation globale
des effets constitue également un défi important.
L
es questions scientifiques prioritaires pour
l’IRSN en matière de sûreté-sécurité sont jus-
tifiées par le besoin de limiter l’impact, sur les
personnes et l’environnement, des quelque 180 ins-
tallations nucléaires françaises, civiles ou de défense,
les sources et les transports de matières radioactives.
Les enjeux majeurs associés sont les suivants :
–– la sûreté-sécurité de l’exploitation au quotidien des
installations nucléaires, jusqu’à la fin de leur vie opé-
rationnelle et tout au long de leur démantèlement,
ainsi que la maîtrise de leur impact, en termes de
radioprotection notamment,
Question 1
–– l’impératif collectif d’éviter un accident majeur et à
tout le moins de limiter les conséquences qui pour- Comment mieux caractériser
raient en résulter, notamment en cas de survenue le transfert de la contamination
d’événements imprévus (et de ce fait non pris en
compte dans leur ampleur ou dans leur principe lors
dans une installation et vers
de la conception), l’environnement ainsi que
–– l’anticipation des problèmes de sûreté que pourrait l’efficacité des dispositifs de
poser le vieillissement de certains matériaux et struc- filtration ou d’épuration dédiés
tures,
à réduire les rejets en
–– la bonne maîtrise des questions de sûreté posées par
fonctionnement normal
les innovations technologiques, y compris pour des
technologies destinées à l’exportation. et accidentel ?
Les questionnements scientifiques constituent en pre-
mier lieu un moteur de progrès pour la sûreté-sécurité Quelle fraction des contaminants radioactifs mobilisables
des installations en exploitation. Ils doivent aussi inté- est mise en suspension (par un incendie, une explosion, un
grer des questions fondamentales très en amont pour accident de fusion de cœur, la rupture d’un équipement de
consolider les orientations de sûreté des installations confinement, etc.) ?
futures dès leur conception. Quant à la nature des ques- Quel niveau de précision dans la modélisation (aéraulique,
tions scientifiques considérées comme prioritaires pour turbulence, physique des aérosols) est nécessaire pour quanti-
l’Institut, elle est de deux types : générique, comme les fier le transfert des polluants dans l’installation, via les réseaux
méthodologies d’évaluation de sûreté applicables à un de ventilation et les chemins de fuite, pour mieux évaluer la
grand nombre d’installations, ou spécifique, c’est-à-dire représentativité de la surveillance des ambiances de travail,
lié à une installation particulière ou à un nombre réduit pour détecter et quantifier le plus rapidement possible une
d’installations. L’objectif cible visé dans les deux cas fuite potentielle et pour estimer les rejets éventuels dans l’envi-
est de revisiter les référentiels de sûreté-sécurité et de ronnement ?
conditionner leur évolution dans le temps sur une base
Les nanoparticules présentent-elles des spécificités, par
scientifique robuste.
exemple en termes de surface réactive plutôt que de masse,
qu’il conviendrait de prendre en compte lors de leur transfert et
pour assurer leur confinement ?
Les nouveaux filtres, matériaux adsorbants et procédés de
confinement dynamique offrent-ils des perspectives d’amélio-
ration significatives de l’efficacité de l’épuration des effluents
radioactifs gazeux, et en particulier de réduction du terme
source des rejets par les dispositifs d’éventage-filtration en cas
d’accident grave ?
Question 4
Comment mieux caractériser et modéliser les phénomènes
qui génèrent des contraintes thermomécaniques et chimiques
sur la première barrière ou font évoluer ses modes de dégrada-
tion ou de ruine ?
Comment évaluer de manière
Est-ce que le respect des critères de sûreté permet bien de
réaliste l’impact sur la sûreté des se prémunir des phénomènes redoutés ?
évolutions des caractéristiques
Comment juger de la pertinence des marges quantifiées par
des installations sur toute leur les exploitants par rapport aux critères de sûreté pour les nou-
durée de vie ? veaux modes de gestion du combustible actuel et des éventuels
combustibles innovants à venir 5 ?
Dispose-t-on de données suffisantes pour analyser les Sans remettre en cause l’intérêt d’essais globaux représen-
modes de dégradation dus au vieillissement (et selon quels tatifs, comment optimiser le recours à l’expérimentation en
processus physico-chimiques et mécaniques) susceptibles de réacteur sur du combustible irradié, opération qui s’avère com-
limiter la durée de vie des composants (EIP) non remplaçables plexe et coûteuse à mettre en œuvre, en s’appuyant notam-
des REP notamment par la modification de leur structure et ment sur de la simulation et/ou de l’expérimentation mettant
composition ? en jeu des matériaux simulant les matériaux irradiés réels ?
Les méthodes qui permettent de prévoir le comportement Les risques de refroidissement insuffisant voire de rupture
à long terme (et sur différentes échelles de temps) des com- du gainage du combustible des réacteurs à eau sous pression
posants des REP vieillis compte tenu de la potentielle dégrada- en configuration (accidentelle) de recirculation d’eau par les
tion de leurs propriétés sont-elles suffisamment adaptées à la puisards sont-ils correctement caractérisés ?
cinétique des différents mécanismes de dégradation (cinétique
évolutive au cours du vieillissement) ? 4. On constate une diversification de l’approvisionnement en combustible des exploitants
(qui impose des démonstrations de sûreté pour des cœurs mixtes de plus en plus hétéro-
Dispose-t-on de moyens de contrôle non destructif adaptés gènes), une évolution des produits, une exploitation de plus en plus contraignante (suivi
aux dommages que l’on cherche à détecter compte tenu de de réseau, par exemple).
la connaissance des différents mécanismes de dégradation au 5. Pour répondre à la suffisance de la démonstration de sûreté pour les accidents de
cours du temps ? dimensionnement (par exemple : perte d’eau de refroidissement primaire, accidents
de réactivité, dénoyage dans les piscines d’entreposage).
7. L’expertise de l’IRSN sur la sûreté des REP découle d’une connaissance appro-
fondie des équipements sous pression, qui n’est pas directement transposable aux
équipements sous vide. De plus, les grands équipements sous vide (accélérateurs de
particules, par exemple) associent le plus souvent le vide à l’ultra-propreté.
Question 10
Quelles sont les connaissances
mobilisables pour évaluer la sûreté
des opérations d’assainissement
et de démantèlement d’installations
nucléaires ?
Téléphone
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Courrier
BP 17
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