Noel Nanomateriaux Chap 1
Noel Nanomateriaux Chap 1
Noel Nanomateriaux Chap 1
et leurs applications
pour l’énergie électrique
Dans la même collection
Didier Noël
www.editions.lavoisier.fr
Direction éditoriale : Emmanuel Leclerc
Édition : Mélanie Kucharczyk
Mise en pages : Patrick Leleux PAO
Fabrication : Estelle Perez
Couverture : Patrick Leleux PAO
Impression et reliure : EMD, Lassay-les-Châteaux
Didier Noël
EDF R&D, Centre de recherche des Renardières, Moret-sur-Loing
Eric Alleno
CNRS, ICMPE, Thiais
André Ayral
Institut Européen des Membranes, Université Montpellier 2
Revathi R. Bacsa
Laboratoire de Chimie de Coordination, CNRS, ENSIACET, Université de Toulouse
Wolfgang S. Bacsa
Centre d’Élaboration de Matériaux et d’Études Structurales, CNRS, Université de
Toulouse
Emmanuel Baudrin
Université de Picardie Jules-Verne, Laboratoire des Glucides, antérieurement
LRCS-CNRS
Marie-Noëlle Bellon-Fontaine
BHM, UMR INRA 763, AgroParisTech, Massy
Clotilde Boulanger
Institut Jean Lamour, Metz
Laurent Briottet
CEA/Liten, Grenoble
Thierry Brousse
Université de Nantes, Polytech Nantes, LGMPA
VI Les nanomatériaux et leurs applications pour l’énergie électrique
Hélène Burlet
CEA/Liten, Grenoble
Yann de Carlan
CEA/DEN, Saclay
Laurent Chaffron
CEA/DEN, Saclay
Laurent Chaput
Institut Jean Lamour, Mulhouse
Caroline Chouquet
CEA/Liten, Grenoble
Caroline Chubilleau
Institut Jean Lamour, Nancy
Clément Comminges
EIFER, European Institute for Energy Research, EDF-KIT, Karlsruhe, Allemagne
Anne Dauscher
Institut Jean Lamour, Nancy
Cédric Ducros
CEA/Liten, Grenoble
Ludovic Escoubas
Université d’Aix-Marseille, Institut Matériaux Microélectronique Nanosciences de
Provence - IM2NP CNRS UMR 6242, Marseille
Benjamin Fournier
CEA/Liten, Grenoble
Quingxi Fu
EIFER, European Institute for Energy Research, EDF-KIT, Karlsruhe, Allemagne
Ludmila Gautier
EIFER, European Institute for Energy Research, EDF-KIT, Karlsruhe, Allemagne
Jean-Marie Gentzbittel
CEA/Liten, Grenoble
Claude Godart
CNRS, ICMPE, Thiais
Liste des auteurs et co-auteurs VII
Jean-Marie Herry
BHM, UMR INRA 763, AgroParisTech, Massy
Anne Julbe
Institut Européen des Membranes, Université Montpellier 2
Dominique Larcher
Université de Picardie Jules Verne, LRCS-CNRS
Gilbert Legeay
Centre de Transfert de Technologie du Mans, Le Mans
Bertrand Lenoir
Institut Jean Lamour, Nancy
Daniel Lincot
Institut de Recherche et Développement sur l’Énergie Photovoltaïque (IRDEP),
UMR CNRS-EDF-Chimie Paristech, EDF R&D, Chatou
Joël Malaplate
CEA/DEN, Saclay
Mathieu Marrony
EIFER, European Institute for Energy Research, EDF-KIT, Karlsruhe, Allemagne
Philippe Moçoteguy
EIFER, European Institute for Energy Research, EDF-KIT, Karlsruhe, Allemagne
Arnaud Monnier
CEA/DEN, Saclay
Fabienne Poncin-Épaillard
PCI, UMR CNRS 6120, Université du Maine, Le Mans
Pascal Puech
Centre d’Élaboration de Matériaux et d’Études Structurales, CNRS, Université de
Toulouse
Adrien Réau
CEA/DEN, Saclay
VIII Les nanomatériaux et leurs applications pour l’énergie électrique
Joël Ribis
CEA/DEN, Saclay
Gilbert M. Rios
Institut Européen des Membranes, Université Montpellier 2
Anne-Marie Riquet
GENIAL, UMR INRA 1145, AgroParisTech, Massy
Frédéric Sanchette
CEA/DEN, Saclay
Cédric Sauder
CEA/DEN, Saclay
Frédéric Schuster
CEA/Liten, Grenoble – Actuellement UTT de Troyes, antenne de Nogent
Jean-Jacques Simon
Université d’Aix-Marseille, Institut Matériaux Microélectronique Nanosciences de
Provence – IM2NP CNRS UMR 6242, Marseille
Patrice Simon
Université Paul Sabatier de Toulouse, CIRIMAT-CNRS
Nicolas Stein
Institut Jean Lamour, Metz
Abdelilah Slaoui
Institut d’Électronique du Solide et des Systèmes (InESS), UMR 7163 CNRS-UdS,
Strasbourg
Sebastian Volz
École Centrale, Châtenay-Malabry
Moshine Zahid
EIFER, European Institute for Energy Research, EDF-KIT, Karlsruhe, Allemagne
Hervé Arribart
Professeur à l’École Supérieure de Physique
et Chimie Industrielles de la Ville de Paris
Membre de l’Académie des Technologies
Avant-propos
Le livre que vous tenez entre les mains occupe une place un peu sin-
gulière dans la collection EDF R&D. Il ne s’agit pas en effet d’un ouvrage
retraçant l’expérience d’un acteur industriel comme EDF dans un domaine
ou une discipline particulière, mais plutôt d’une exploration sur des bases
scientifiques solides des apports des nanotechnologies, et plus précisément
des nanomatériaux, aux enjeux de la production d’électricité sous l’ensemble
de ses aspects.
Didier Noël a ainsi orchestré une partition à plusieurs mains, pour la plu-
part des spécialistes externes à EDF, afin d’aborder les domaines de l’électro-
chimie, du photovoltaïque, de la thermoélectricité, des propriétés mécaniques
et thermiques des matériaux ou encore de la conduction de l’électricité ou du
traitement de questions environnementales.
S’il est banal de relever que les progrès voire les découvertes s’accélèrent,
que le nombre d’équipes s’attaquant à ces sujets et le nombre de publications
scientifiques explosent littéralement, que les applications apparaissent, y
compris dans notre quotidien, il est moins facile de définir comment agir en
matière de recherche et développement, de dimensionner les moyens qu’il
serait nécessaire d’y consacrer. Pour cela, la démarche de ce livre doit être
d’une grande utilité : le premier chapitre tente en effet de dresser un panorama
des phénomènes physiques nouveaux qui peuvent être exploités pour améliorer
les procédés ou les matériaux, ou pour augmenter l’efficacité énergétique de
la conversion d’énergie(s). Au-delà de l’identification des « opportunités » que
représentent les nanotechnologies dans le domaine de la production d’électri-
cité, il fait bien comprendre deux changements assez radicaux qui s’opèrent
dans ce que l’on pourrait appeler le génie des matériaux (et dans une moindre
mesure celui du génie des procédés).
XIV Les nanomatériaux et leurs applications pour l’énergie électrique
Le premier est une démarche totalement nouvelle qui part des mécanismes
élémentaires et les combine pour véritablement imaginer et créer les matériaux
dont nous pouvons rêver, pour accommoder des contraintes contradictoires
lorsqu’elles sont vues ou pensées au niveau microscopique ; par exemple simul-
tanément augmenter la conductivité électronique et abaisser la conductivité
thermique d’un matériau pour multiplier par deux ou trois son facteur de mérite
en termes de capacité thermoélectrique. Le monde des nanomatériaux est un
monde paradoxal pour qui ne décrypte pas les phénomènes physiques (ou du
moins leur expression nouvelle) aux très petites échelles !
Second bouleversement, il est à présent possible de penser multifonc-
tionnalités, là où traditionnellement on séparait les matériaux par fonction en
optimisant chacun dans un domaine particulier (résistance mécanique ou dié-
lectrique, conductivité, etc.). En caricaturant à peine, on peut avancer que par le
passé seules les optimisations simultanées de poids et d’une propriété physique
comme la résistance mécanique ou la rigidité par exemple étaient imaginables.
Les nanotechnologies nous permettent aujourd’hui, et plus encore demain, de
concevoir des matériaux multifonctionnels étonnants. Là encore la démarche de
conception des matériaux en est radicalement transformée.
Je voudrais donc remercier Didier Noël, Chercheur Sénior à la R&D
d’EDF, d’avoir engagé cette démarche et d’avoir su mobiliser les meilleurs
experts de chaque domaine, qu’ils en soient également très chaleureusement
remerciés.
Je salue également Hervé Arribart, aujourd’hui professeur à l’ESPCI et
membre de l’Académie des Technologies, après avoir été Directeur scientifique
de Saint-Gobain, pour avoir accepté de nous accompagner dans la démarche
qui sous-tend ce livre singulier et passionnant, et d’avoir bien voulu le préfacer.
J’espère, cher lecteur, qu’il vous passionnera autant que ceux qui l’on conçu.
Stéphane Andrieux
Directeur scientifique d’EDF R&D
Table des matières
Chapitre 1
Introduction et perspectives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1. Les principaux phénomènes physiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.1. Prédominance des surfaces et interfaces . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2. Effets quantiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.3. Auto-assemblage et contrôle de morphologie à l’échelle nanométrique . . 8
1.4. Nanotubes de carbone . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
2. Des phénomènes physiques aux applications pour l’industrie électrique . . . 11
2.1. Matériaux de structure pour la production d’électricité . . . . . . . . . . . . 12
2.2. Stockage d’énergie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
2.3. Nanomatériaux pour la conversion photovoltaïque . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2.4. Matériaux thermoélectriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2.5. Applications pour l’environnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
3. Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
Chapitre 2
Les nanotubes de carbone et leurs applications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
1. Découverte et caractéristiques des nanotubes de carbone . . . . . . . . . . . . . . 24
2. Nanotubes de carbone : structures, synthèses et propriétés . . . . . . . . . . . . . 25
2.1. Structure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
2.2. Structure électronique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
2.3. Synthèse et production . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
2.4. Propriétés thermiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
2.5. Propriétés mécaniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
XVI Les nanomatériaux et leurs applications pour l’énergie électrique
3. Applications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
3.1. Électronique du futur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
3.2. Conduction électrique des NTC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
3.3. Émission de champ et écran plat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
3.4. Électrodes transparentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
3.5. Sources de rayon X à base de NTC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
3.6. Supercondensateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
3.7. Batterie lithium-ions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
3.8. Composites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
3.9. Fibres de NTC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
3.10. Contacts électromécaniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
3.11. Application des nanotubes aux cellules solaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
4. Conclusion et perspectives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
Chapitre 3
Applications pour matériaux de structure des grands moyens
de production d’électricité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
1. Matériaux oxide dispersion strengthened . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
1.1. Élaboration des ODS nanométriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
1.2. Microstructures des aciers ODS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
1.3. Propriétés mécaniques des alliages ODS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
1.4. Assemblage des alliages ODS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
1.5. Comportement des ODS sous irradiation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
1.6. Conclusions sur les aciers ODS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
2. Matériaux céramiques et composites à matrice céramique . . . . . . . . . . . . . . 80
2.1. Céramiques nanostructurées de type carbure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
2.2. Composites à matrices céramiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
3. Revêtements nanostructurés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
3.1. Nanostructuration par empilement de nitrures d’éléments
de transition obtenus par évaporation par arc cathodique
pour applications mécaniques sous fortes sollicitations . . . . . . . . . . . . 96
3.2. Barrière à l’oxydation ; nanostructuration par précipitation
d’un nitrure d’élément de transition ; dépôts obtenus
par évaporation par arc cathodique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
3.3. Nanostructuration de matériaux à base de carbone
et de silicium obtenus par voie chimique en phase vapeur
avec assistance plasma . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
4. Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
Chapitre 4
Applications pour piles à combustible, accumulateurs,
supercondensateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111
1. Piles à combustibles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
1.1. Piles basse température (0-200 °C) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
1.2. Piles haute température (400-900 °C) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131
Table des matières XVII
Chapitre 5
Nanomatériaux pour la conversion photovoltaïque
de l’énergie solaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 193
1. État de l’art . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 194
1.1. Différentes filières photovoltaïques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 194
1.2. Principe de fonctionnement des cellules solaires classiques . . . . . . . . 195
2. Champ d’application des nanostructures dans le photovoltaïque . . . . . . . 201
2.1. Ingénierie énergétique : effets de taille quantique . . . . . . . . . . . . . . . 201
2.2. Ingéniérie électrique : effets de confinement géométrique . . . . . . . . 211
2.3. Ingénierie optique à base de nanostructures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 224
3. Nanostructures et nouveaux concepts pour la conversion
photovoltaïque à très haut rendement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 242
3.1. Multijonctions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 243
3.2. Conversion de photons par up/down conversion . . . . . . . . . . . . . . . . . 244
3.3. Cellules solaires à multigénération de charges . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 250
3.4. Cellules à porteurs chauds : vers un couplage photovoltaïque-
phononique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 252
4. Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 255
Chapitre 6
Nanomatériaux thermoélectriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 261
1. Matériaux thermoélectriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 262
1.1. Rappels sur les matériaux massifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 262
1.2. Du massif au nano . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 268
2. Effets de la nanostructuration sur les propriétés thermiques . . . . . . . . . . . 273
2.1. Mécanismes physiques des transferts thermiques
dans les nanostructures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 274
2.2. Thermique des nanostructures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 277
2.3. Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 283
3. Structure électronique et coefficients du transport . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 283
3.1. Thermodynamique hors équilibre en régime linéaire . . . . . . . . . . . . . 283
3.2. Expression microscopique des Coefficients d’Onsager . . . . . . . . . . . . . 285
3.3. Effets de la structure de bandes sur les coefficients du transport :
application aux fils quantiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 287
XVIII Les nanomatériaux et leurs applications pour l’énergie électrique
Chapitre 7
Applications pour l’environnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 387
1. Les membranes et les applications en séparation et/ou réaction . . . . . . . . 387
1.1. Intérêt des membranes pour l’intensification des procédés . . . . . . . . 387
1.2. Rappels sur les procédés membranaires
et leurs principaux domaines d’application . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 389
1.3. Nouveaux matériaux membranaires et nouvelles architectures
– Propriétés liées à la structuration au niveau nanométrique . . . . . . . 393
1.4. Exemples d’applications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 404
1.5. Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 414
2. Les surfaces ultrahydrophobes : synthèse, caractérisation
et applications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 415
2.1. Mouillage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 415
Table des matières XIX
Introduction et perspectives
Didier Noël
Ns/N 1,0
0,8
0,6
0,4
0,2
0,0
1 000 3 000 5 000 7 000 9 000
N
Figure 1-2. Proportion d’atomes de surface (Ns) pour une particule sphérique en
fonction de son nombre N d’atomes. 2 nm correspondent à environ 500 atomes et
5 nm à 8 000 atomes (d’après Henri, 2006 ; © Éditions Belin).
Tf
1 000
(°C)
800
600
400
200
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Rayon (nm)
sont bien sûr utilisées depuis longtemps, mais le passage à une taille nanomé-
trique permet de réduire fortement les quantités utiles et d’atteindre les effets
souhaités à très faible concentration de charges (nanoparticules, nanotubes,
nanofils). La Figure 1-4 présente un exemple de l’effet de nanotubes sur la
conductivité électrique du polyméthacrylate de méthyle.
0,01
1E-3
Conductivité volumique (S/cm)
1E-4
1E-5
1E-6
1E-7
1E-8
1E-9
1E-10 A
1E-11 B
1E-12
1E-13
1E-14
0 1 2 3 4 5 6 7
Proportion de nanotubes de carbone
monoparois (% poids)
0,8
Perméabilité relative
0,6 Nielsen
Cussler (regular)
Cussler (random)
0,4
Gusev-Lusti
Fredrickson-Bicerano
0,2 Bharadwaj (S = 0)
Aspect ratio 100
Aspect ratio 1 000
0
1 10 100 1 000 10 000
Facteur de forme
Figure 1-5. Réduction de la perméabilité relative d’une résine époxy chargée de nano-
feuillets d’argile par allongement du chemin de diffusion. Effet du facteur de forme
des feuillets sur la perméabilité (d’après Sun, 2008, reproduit avec autorisation).
6 Les nanomatériaux et leurs applications pour l’énergie électrique
Énergie
5
conduction (vide)
bande de 4 300
gap Eg (eV)
500
CdS
gap
2 600
CdSe
HOMO 700
valence (pleine)
800
bande de
GaAs 900
1 000
1
1 10 100
solide nanocristal rayon du nanocristal r (nm)
A) r1 > r2 > r3 B)
Solide poreux
Squelette
Propriétés
physiques
Pores
Séparation
Stockage
Surface interne
Adsorption
Catalyse
Figure 1-8. Les différentes fonctions de structure des solides poreux (Férey, 2007 ;
reproduit avec aimable autorisation).
diminuer les pertes par résistance (voir Chapitre 4). Enfin et pour les matériaux
photovoltaïques, l’utilisation de structures interpénétrées et hautement organi-
sées permet de concilier des épaisseurs importantes nécessaires à l’absorption
des photons avec les faibles distances de diffusion des porteurs de charge, qui
doivent être capturés à proximité immédiate du lieu où ils sont générés (voir
Chapitre 5).
Figure 1-9. Structures armchair, zigzag et chirale des nanotubes de carbone mono-
feuillets.
lacunes
cascade de
déplacements
neutron
PKA interstitiels
choc élastique
transfert PKA : primary knock-on atom
d’énergie
A)
abaissement
résilience
avant irradiation
du palier ductile
après irradiation
fragile
augmentation
de la température
de transition
ductile
B) température
Figure 1-10. Dommage d’irradiation induit par un flux de neutrons dans les maté-
riaux irradiés. A) mécanismes de création de défauts ; B) fragilisation induite sur les
aciers de cuve.
Introduction et perspectives 13
e–
Air (O2)
H2 H+
H2O
2.2.2. Supercondensateurs
Les supercondensateurs classiques stockent l’énergie à l’interface électrode-
électrolyte, généralement dans la double couche électrochimique d’interfaces de
structure très poreuse et à surface spécifique élevée. Un meilleur contrôle de la
distribution et de la taille des pores vers les tailles subnanométriques a permis
d’augmenter fortement leur capacité.
Dans les supercondensateurs pseudo-capacitifs, une énergie additionnelle
provient de réactions d’oxydo-réduction situées à proximité immédiate des
surfaces. Un matériau finement divisé et poreux, qui concilie les percolations
électroniques dans le matériau et celles ioniques dans l’électrolyte, permet des
cinétiques d’oxydo-réduction plus rapides, réversibles et supportant un grand
nombre de cycles. Ces systèmes pseudo-capacitifs devraient améliorer très
nettement la densité d’énergie des supercondensateurs.
Introduction et perspectives 15
2.2.3. Accumulateurs
Le stockage d’énergie réversible dans les accumulateurs met en jeu des
réactions d’oxydo-réduction jusqu’au cœur du matériau. Sur les accumulateurs
à forte densité d’énergie de type lithium-ion1, la nanostructuration a permis
d’accroître la rapidité et la réversibilité, la capacité et la tenue au cyclage.
La nanotexturation des matériaux d’électrode permet d’obtenir une meil-
leure capacité via de nouvelles réactions, par exemple parce que le domaine de
stabilité thermodynamique de phases actives est étendu ou parce qu’il permet
de meilleurs rapports d’intercalation ou de conversion. Elle autorise aussi une
amélioration des performances en réversibilité et cinétique, par différents
processus. C’est souvent un contact plus intime et une interface accrue entre le
matériau actif nanométrique et un liant inactif mais conducteur qui permet ce
progrès, mais d’autres mécanismes jouent aussi.
Cette nanostructuration, appliquée aux collecteurs de courant grâce à des
géométries interpénétrées (per exemple nanofils, mousses) qui amplifient la
surface et diminuent la distance de collecte par rapport à l’épaisseur du maté-
riau actif, améliore notablement les cinétiques sous fort courant.
1. Les réactions utilisées aux électrodes peuvent être de l’intercalation (insertion de cations dans
des sites cristallographiques vacants), des réactions d’alliage avec des métaux ou encore une
conversion de sels métalliques.
16 Les nanomatériaux et leurs applications pour l’énergie électrique
Dans les cellules à colorant, les photons excitent les électrons d’un colorant
adsorbé sur un semi-conducteur, des états moléculaires HOMO vers LUMO2.
Puis ils sont transférés vers la bande de conduction du semi-conducteur3. Cette
conception nécessite de résoudre le conflit entre l’épaisseur de colorant que
les photons doivent traverser pour être absorbés efficacement et l’épaisseur de
colorant adsorbée sur le semi-conducteur qui est de quatre à cinq ordres de
grandeur plus faible. Une nanostructure poreuse imprégnée d’électrolyte permet
d’accommoder ces deux contraintes en permettant aux photons de traverser une
épaisseur suffisante de colorant, et d’obtenir un bon rendement.
Les cellules organiques présentent une contrainte analogue parce que
l’épaisseur d’absorption des photons par le matériau (10 à 20 µm) est de trois
ordres de grandeur plus élevée que le distance sur laquelle peuvent diffuser
des excitons (paires électron-trou associées) avant qu’ils ne se recombinent. Là
encore, une structure en réseaux interpénétrés de polymères donneur et accep-
teur permet de dépasser cette contradiction, et le défi est de contrôler la topo-
logie de la nanostructure le mieux possible.
Divers effets quantiques sont aussi mobilisés pour augmenter le rendement.
Le domaine d’absorption des photons peut être optimisé en adaptant la largeur de
bande interdite via la taille de nanoparticules, option explorée notamment pour
les filières silicium. Alternativement, on peut convertir les photons d’énergie trop
faible (conversion up) ou trop élevée (conversion down) vers le domaine d’adsorp-
tion efficace ; l’utilisation de puits quantiques améliore par exemple le rendement
de conversion down des photons ultraviolets par des phosphores.
Une autre idée prometteuse, encore balbutiante, est de récupérer les porteurs
dont l’énergie est supérieure à la largeur de la bande interdite avant qu’ils ne se
thermalisent. Des contacts sélectifs en énergie, réalisés avec des nanoparticules
dont la taille est ajustée afin de permettre une conduction des porteurs chauds
dans un intervalle d’énergie adapté, pourraient permettre cela.
Les nanotechnologies fournissent aussi diverses solutions pour augmenter le
rendement par ingénierie optique ou électromagnétique en accroissant l’interac-
tion des photons avec le matériau actif. Des cristaux photoniques ou l’utilisation
de couches intermédiaires permettent de confiner la lumière et de maximiser le
champ dans la couche active. Enfin, l’inclusion de nanoparticules métalliques
dans la couche active permet d’utiliser des plasmons localisés de surface pour
augmenter l’intensité locale du champ.
2. HOMO : niveau moléculaire occupé de plus haute énergie ; LUMO : niveau moléculaire inoc-
cupé de plus basse énergie. Ces niveaux présentent une analogie, pour les molécules, avec les
bandes de valence et bande de conduction des semi-conducteurs inorganiques.
3. Les trous engendrés parallèlement par l’excitation des électrons oxydent un couple rédox dans
l’électrolyte, qui diffuse puis est régénéré à une contre-électrode.
Introduction et perspectives 17
2.5.1. Membranes
Les membranes auront un rôle important pour améliorer l’efficacité énergé-
tique des procédés industriels et réduire les impacts sur l’environnement. Elles
permettront notamment d’intensifier les procédés chimiques et d’accroître les
performances de séparation des gaz et des liquides. Le vecteur électrique est
profondément impliqué dans cette perspective : d’abord comme source énergé-
tique majeure pour les procédés sur membranes, mais aussi parce qu’ils renfor-
ceront la maîtrise des effluents gazeux ou liquides des centrales électriques et
de leur impact environnemental.
Le chapitre 7.1 illustre comment les progrès réalisés en nano-ingénierie sont
un outil puissant d’amélioration des performances des membranes (perméabi-
lité et facteur de séparation). L’arsenal des techniques d’auto-assemblage (voir
paragraphe 1.3) y est utilisé, dont les techniques sol-gel, les matériaux hybrides
nanocomposites, les polymères nanochargés… Il permet de mieux contrôler les
tailles de pores, leur topologie et de mieux organiser la coopération de diverses
fonctions.
Ainsi, la perméabilité d’une membrane polymère est accrue par l’addition de
nanoparticules parce que la diffusivité augmente aux interfaces matrice-nano-
particules. Pour le dessalement de l’eau par osmose inverse4, une membrane
composite élaborée avec des nanoparticules poreuses réduit nettement la
dépense énergétique et le risque de colmatage par rapport à une membrane
conventionnelle (Figure 1-12). Pour le même usage, les membranes à nanotubes
de carbone promettent également une réduction spectaculaire de la dépense
énergétique et, appliquées à la séparation des gaz, des gains en sélectivité
importants. Les membranes sont également bien adaptées aux applications
multifonctionnelles et divers progrès dans les applications pour la maîtrise des
effluents gazeux et liquides sont présentés.
4. Les procédés par osmose inverse, qui n’utilisent que de l’énergie électrique, sont devenus
favoris pour les installations de dessalement de l’eau de mer, en raison de coût d’investissement
et de coût énergétique plus faibles que ceux des installations par distillation, fortement consom-
matrices d’énergie thermique.
Introduction et perspectives 19
Vapeur
Liquide
Solide
C
160
150°
140
100
1,9 %
80
0% 50 µm
60
Figure 1-14. Modification de l’angle de contact d’une goutte d’eau par revêtement de
fibres électrofilées en polymétacrylate de méthyle (PMNA) additionné de différentes
teneurs en fluorodécyle POSS (polysilsesquioxane polyédrique) (Tujeta, 2007 ; repro-
duit avec l’autorisation de l’AAAS).
3. Conclusion
Ainsi, un nombre limité de phénomènes physiques liés à la prédominance
des surfaces, à des effets de confinement quantique et au contrôle de topologies
complexes à l’échelle nanométrique donne des clés pour un contrôle accru de
propriétés à usages très variés.
Au cours de cet ouvrage sont évoqués de vastes champs d’innovation pour
l’industrie électrique, allant des nouveaux matériaux de structure pour la produc-
tion centralisée d’électricité aux matériaux destinés à la production décentralisée
(piles à combustible, photovoltaïque, matériaux thermoélectriques) mais aussi
Introduction et perspectives 21
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