Le Genie Historique Du Catholicisme
Le Genie Historique Du Catholicisme
Le Genie Historique Du Catholicisme
DU CATHOLICISME
ISBN :978-2-915988-75-8
EAN :9782915988758
©2016,ÉditionsdeL’HommeNouveau
Tousdroitsdereproductionréservés.
ÉditionsdeL’HommeNouveau
10,rueRosenwald
75015Paris
www.hommenouveau.fr
Olivier Hanne
Le Génie historique
du catholicisme
–4–
De la guerre au Moyen Âge, anthologie des écrits militaires, Édi-
tions Giovanangeli, 2012.
Jeanne d’Arc, biographie historique, Éditions Giovanangeli,
2007, 2012 (2e éd.).
Charlemagne, l’empereur des temps hostiles, Éditions Giova-
nangeli, 2006.
–5–
« Lorsque Le Génie du christianisme parut, la France
sortait du chaos révolutionnaire ; tous les éléments
de la société étaient confondus (…). Ce fut donc,
pour ainsi dire, au milieu des débris de nos temples
que je publiai Le Génie du christianisme,
pour rappeler dans ces temples les pompes
du culte et les serviteurs des autels ».
François-René de Chateaubriand,
Le Génie du christianisme,
préface à l’édition de 1828.
–9–
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 10 –
INTRODUCTION
– 11 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 12 –
INTRODUCTION
– 13 –
I
Au carrefour des violences
– 15 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 16 –
AU CARREFOUR DES VIOLENCES
1. Flori, Guerre sainte, jihad, croisade, p. 15-30. Pour toutes les références, nous
renvoyons à la bibliographie en fin d’ouvrage.
– 17 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
2. 5, 17. Lactance ajoute : « Le fait de mettre à mort est interdit (…). Il est tou-
jours interdit de tuer un homme, car Dieu a voulu que sa vie soit sacrée. »
– 18 –
AU CARREFOUR DES VIOLENCES
– 19 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
Le chrisme
du labarum.
– 20 –
AU CARREFOUR DES VIOLENCES
– 21 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
ont pour objet de venger [au sens de réparer] des injustices » (7),
et donc de revenir à une situation antérieure. C’est l’autorité lé-
gitime, celle du prince, qui détermine la guerre juste, déclare
son intention de combattre et innocente le soldat qui tue. Le
prince supporte dès lors l’entière responsabilité dans le déclen-
chement du conflit. Les actes de brutalité inutiles pour la
conduite des opérations sont non seulement prohibés mais im-
moraux, car ils relèvent du goût de la domination et non de
l’amour de la justice que l’on cherche à rétablir. Augustin in-
troduit donc dans son autorisation de la guerre des considéra-
tions éthiques, totalement absentes auparavant, mais qui exige-
raient, pour être vraiment prises en compte, de pouvoir sonder
les intentions profondes des belligérants. « L’envie de nuire, la
cruauté dans la vengeance, l’esprit implacable, inapaisé, la fé-
rocité dans la révolte, le désir de dominer et autres attitudes
semblables, s’il y en a, voilà ce que le droit critique dans les
guerres » (8). Dans le cas d’une action militaire voulue par Dieu,
toute guerre devient légitime, interprétation qui donnera plus
tard naissance au concept de guerre sainte :
L’autorité divine a donné quelques exceptions à l’interdiction
de tuer un homme. Mais ce sont des exceptions par lesquelles
Dieu autorise à tuer, soit par une loi reconnue, soit en donnant
à une personne un ordre exprès et limité dans le temps (…). En
dehors de ces exceptions, au cours desquelles la loi juste ou
Dieu, source de toute justice, ordonne spécialement de tuer,
celui qui tue un homme ou soi-même sera qualifié du crime
d’homicide (9).
Il faut attendre le Tribunal de Nuremberg en 1945 pour que
les définitions d’Augustin soient remises en cause par le droit
international, notamment sur le principe d’obéissance.
L’attitude que l’évêque d’Hippone conseille au légionnaire
Boniface dans une lettre écrite vers 417 résume à elle seule les
– 22 –
AU CARREFOUR DES VIOLENCES
– 23 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
11. § 8, 9.
12. Étymologies, 18, 1.
– 24 –
AU CARREFOUR DES VIOLENCES
– 25 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 26 –
AU CARREFOUR DES VIOLENCES
– 27 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 28 –
AU CARREFOUR DES VIOLENCES
18. La Paix de Dieu, Xe-XIe siècles. Actes du Colloque du Puy, septembre 1987, Le
Puy-en-Velay, 1988.
– 29 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 30 –
AU CARREFOUR DES VIOLENCES
– 31 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
La chevalerie chrétienne
Parallèlement à cette Paix de Dieu, l’Église impose de nou-
veaux modèles de comportement aux élites militaires, contri-
buant ainsi à leur assagissement sous le contrôle jaloux des sou-
verains médiévaux (22). Avant le Xe siècle, les clercs lettrés
distinguent dans la société trois ordres, hiérarchisés d’après la
sainteté de leur office : les moines, les clercs et les laïcs. Nobles,
paysans libres et serfs sont tous indistinctement classés dans le
même ordo, terme qui désigne le groupe social ordonné dans le
plan de Dieu. Mais à partir du XIe siècle, clercs et religieux sont
progressivement rassemblés dans un seul ordo, tandis que les
milites (les combattants) sont placés dans un état intermédiaire,
ils sont moindres que les religieux et plus élevés que les paysans.
L’évêque Adalbéron de Laon (✝ 1030), dans son Poème au roi
Robert, adressé à Robert le Pieux (996-1031), se fait l’écho de
cette nouvelle tripartition opposant ceux qui prient et prêchent,
– 32 –
AU CARREFOUR DES VIOLENCES
– 33 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 34 –
AU CARREFOUR DES VIOLENCES
– 35 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 36 –
AU CARREFOUR DES VIOLENCES
– 37 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 38 –
AU CARREFOUR DES VIOLENCES
– 39 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 40 –
AU CARREFOUR DES VIOLENCES
34. Flori, Croisade et chevalerie, p. 79 ; Brunel, Lalou (dir.), Sources d’histoire mé-
diévale, p. 159-162.
– 41 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 42 –
AU CARREFOUR DES VIOLENCES
La croisade-pèlerinage
Malgré ses débordements ultérieurs et les ambitions qu’elle
charriait, la croisade a conservé jusqu’au XVe siècle son esprit
pénitentiel (36). Dès l’hiver 1095, à la suite de l’appel du pape,
une foule de gens désarmés se rassemble dans le nord de la
France et suit, pieds nus, le prédicateur Pierre l’Ermite qui les
emmène vers la cité sainte. Au moins 50 000 personnes, dé-
pouillées de tout, traversent la vallée du Rhin et poursuivent
jusqu’en Hongrie et en Bulgarie, dans l’enthousiasme du retour
du Christ, convaincus de l’élection spirituelle des pauvres. Au
cri de « Dieu le veut ! », n’obéissant ni au clergé ni aux princes,
35. Gestes de Dieu à travers les Francs, 2, 2 (Gesta Dei per Francos, traduction de
F. Guizot).
36. Sur les évènements liés à la croisade, nous renvoyons à R. Grousset, Histoire
des croisades et du Royaume franc de Jérusalem, 3 vol., Paris, Perrin, 1936 ; et à J.
Richard, Histoire des croisades, Paris, Fayard, 1996.
– 43 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 44 –
AU CARREFOUR DES VIOLENCES
– 45 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 46 –
AU CARREFOUR DES VIOLENCES
– 47 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 48 –
AU CARREFOUR DES VIOLENCES
41. 1, 1-8, cf. Gobry, Saint Bernard par ses écrits, p. 126.
– 49 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 50 –
AU CARREFOUR DES VIOLENCES
– 51 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 52 –
AU CARREFOUR DES VIOLENCES
45. Sur le rôle de l’État à l’époque moderne, cf. Meyer, La France moderne,
p. 152-174 ; Mousnier, Les XVIe et XVIIe siècles, p. 108-137.
– 53 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 54 –
AU CARREFOUR DES VIOLENCES
– 55 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 56 –
AU CARREFOUR DES VIOLENCES
46. « Les théoriciens protestants voulurent limiter le pouvoir du roi par des as-
semblées élues (…). Ces longues guerres devaient faciliter finalement le déve-
loppement de l’absolutisme », Mousnier, Les XVIe et XVIIe siècles, p. 119.
– 57 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 58 –
AU CARREFOUR DES VIOLENCES
– 59 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 60 –
AU CARREFOUR DES VIOLENCES
54. Calvin n’est guère plus conciliant avec eux, Krumenacker, Calvin, p. 355-
367.
– 61 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
55. La « religion civile » désigne l’ensemble des cultes chrétiens ayant une place
officielle dans les États, mais sous strict contrôle de ce dernier. C’est le cas dans
la majeure partie des pays d’Europe et aux États-Unis, et même en Alsace fran-
çaise.
– 62 –
AU CARREFOUR DES VIOLENCES
56. Nous reprenons l’argumentation de Blet, Pie XII et la Seconde Guerre mon-
diale ; Chélini, L’Église sous Pie XII ; Miccoli, Les Dilemmes et les silences de Pie
XII ; Milza, Pie XII, et Thomas, Le Secret de Pie XII.
57. Nous écrivons le mot sans majuscule par commodité, en raison de la dis-
tinction entre les substantifs ethnique (« Juif ») et religieux (« juif »).
– 63 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 64 –
AU CARREFOUR DES VIOLENCES
déjà fait répandre, ils se hâtent de rendre à leurs peuples les pré-
cieux avantages de la paix.
L’échec de ces tentatives le pousse à envisager les causes pro-
fondes de la guerre, qu’il rattache au consumérisme, à la lutte
des classes et aux révolutions politiques :
Mais ce n’est pas seulement la guerre actuelle avec ses horreurs,
qui est la cause du malheur des peuples, et qui provoque nos
anxiétés et nos alarmes (…). Voici en effet ce que nous voyons :
absence de bienveillance mutuelle dans les rapports des hommes
entre eux ; mépris de l’autorité ; luttes injustes des différentes
classes de citoyens ; appétit désordonné des biens périssables,
comme s’il n’y en avait pas d’autres, supérieurs de beaucoup,
proposés à l’activité humaine.
Mais les interventions pacifiques de Benoît XV lui attirèrent
l’hostilité radicale de la Triple-Entente, qui retira ses ambassa-
deurs près le Saint-Siège, accusé de germanophilie. Afin de gar-
der quelque chance de négocier avec l’Allemagne, il se refusa à
condamner l’invasion de la Belgique, pourtant neutre, s’inter-
posa pour éviter l’entrée en guerre de l’Italie en mai 1915, puis
celle des États-Unis en 1917. Cette année-là, qui fut l’une des
plus dures du conflit, marquée par des grèves massives et des
mutineries, Benoît XV offrit en août sa médiation dans le but
de bâtir une paix juste et durable pour faire cesser « cet inutile
massacre ». Il souhaitait éviter notamment la disparition de
l’Empire d’Autriche-Hongrie dont la double couronne était ca-
tholique et qui assurait surtout la stabilité politique de l’Europe
de l’Est. Il est certain que la peur du bolchévisme, qui triom-
phait alors en Russie et au Mexique, le convainquit de tout faire
pour empêcher la contagion révolutionnaire en Europe. Or la
paix était un préliminaire. Le pape proposa donc que les armées
allemandes quittent la Belgique et les territoires français – sans
rien dire toutefois de l’Alsace-Moselle – et que les litiges terri-
toriaux soient examinés sur la base du dialogue, en tenant
compte des opinions des populations par plébiscite ou référen-
dum. La presse française dénonça aussitôt « le pape boche »,
bien qu’un quart des journaux diocésains se soient prononcés
– 65 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 66 –
AU CARREFOUR DES VIOLENCES
– 67 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 68 –
AU CARREFOUR DES VIOLENCES
– 69 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 70 –
AU CARREFOUR DES VIOLENCES
66. Ferro, Pétain, p. 218-221. À Gap, par exemple, Mgr Bonnabel est représen-
tatif de la complexité idéologique de l’épiscopat français : ancien combattant, il
soutient Pétain même après Montoire, et va jusqu’à déplacer le chanoine Ma-
theron, curé de la cathédrale, qui s’en est pris à la collaboration en comparant
la France de 1942 à celle de Jeanne d’Arc. Pourtant, Mgr Bonnabel couvre ses
prêtres résistants, ferme les yeux sur les juifs cachés dans son séminaire de Cha-
rance, et la Gestapo le surnomme le « vieux renard », cf. DEFV, p. 85-86.
67. Gueslin (dir.), L’Auvergne en guerre, p. 83.
– 71 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 72 –
AU CARREFOUR DES VIOLENCES
– 73 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 74 –
AU CARREFOUR DES VIOLENCES
– 75 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
74. Joseph Goebbels écrit dans son Journal au 26 mars 1943 : « L’Église catho-
lique poursuit son infâme travail d’excitation (…). Cette prêtraille politisante
est, à côté des juifs, l’espèce la plus odieuse que nous hébergions aujourd’hui en-
core dans le Reich. Il faudra, après la guerre, résoudre le problème une fois pour
toutes. »
– 76 –
AU CARREFOUR DES VIOLENCES
– 77 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
Conclusion
– 78 –
AU CARREFOUR DES VIOLENCES
– 79 –
II
La foi sans raison
– 81 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 82 –
LA FOI SANS RAISON
– 83 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 84 –
LA FOI SANS RAISON
– 85 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 86 –
LA FOI SANS RAISON
83. Cette procédure de droit romain permettait de porter une objection décisive
qui avait pour effet de simplifier et d’abréger le procès.
84. Tertullien, Adversus Marcionem, 1, 1.
85. Clément d’Alexandrie, Stromates, 5, 16-17 (Sources Chrétiennes, Cerf, Paris,
1981).
– 87 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 88 –
LA FOI SANS RAISON
– 89 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 90 –
LA FOI SANS RAISON
– 91 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 92 –
LA FOI SANS RAISON
– 93 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 94 –
LA FOI SANS RAISON
– 95 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
97. Alberigo (dir.), Les Conciles œcuméniques, t. 2-1, p. 35. Le Symbole de Nicée
s’inspira largement de celui de l’Église de Césarée de Palestine, rédigé par
l’évêque Eusèbe au début du IIIe siècle.
– 96 –
LA FOI SANS RAISON
Dieu Homme
Arianisme
Christ
Dieu Homme
Chalcédoine
Christ
– 97 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 98 –
LA FOI SANS RAISON
– 99 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
99. Selon Thomas d’Aquin : Actus fidei non terminatur ad enuntiabile sed ad rem,
« L’acte de foi ne s’arrête pas au mot prononcé mais vise sa réalité (Dieu) »
(Somme théologique, partie II-II, q. 1 a. 2 ad. 2).
100. Essai d’une Grammaire de l’assentiment, paru en 1870 sous le titre An Essay
in Aid of a Grammar of Assent.
– 100 –
LA FOI SANS RAISON
101. CEC, § 89 : « Il existe un lien organique entre notre vie spirituelle et les
dogmes. Les dogmes sont des lumières sur le chemin de notre foi, ils l’éclairent
et le rendent sûr. »
– 101 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 102 –
LA FOI SANS RAISON
– 103 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 104 –
LA FOI SANS RAISON
– 105 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
105. Titre d’un ouvrage célèbre de Dom Jean Leclercq, L’Amour des lettres et le
désir de Dieu.
106. Vilanova, Histoire des théologies chrétiennes, p. 523-541 ; Paul, L’Église et la
culture, t. 1, p. 256-295.
107. Riché-Lobrichon, Le Moyen Âge et la Bible, p. 145.
108. Pelikan, La Tradition chrétienne, t. 3, p. 227-278.
– 106 –
LA FOI SANS RAISON
lectuelle était quasi totale, du moins tant que les mystères chré-
tiens n’étaient pas attaqués. Fondé en 1108 à l’intérieur même
des murailles de Paris, le couvent de Saint-Victor voulait être
un cloître urbain, au cœur de la cité humaine, organisant toute
son activité autour de l’enseignement, de la prédication et de la
copie de manuscrits. La science des victorins n’était pas une
connaissance rationnelle ou expérimentale. Il s’agissait plutôt
d’une approche du monde et du savoir perçus à travers la sagesse
biblique et les auteurs chrétiens. Parmi les victorins figurait
l’écolâtre de l’abbaye, Hugues de Saint-Victor (✝ 1141), l’un
des grands esprits du XIIe siècle (109). Les sacrements de la foi
chrétienne, son ouvrage le plus important, détaille et justifie ra-
tionnellement les doctrines et les rituels chrétiens. Dans son
autre livre, le Didascalicon, au titre grec, Hugues de Saint-Victor
lance un programme ambitieux : « Apprends tout, et tu verras
ensuite que rien n’est superflu » (110).
Justifiant les sciences profanes, la philosophie et même les
arts mécaniques, le Didascalicon classe les branches du savoir
humain et développe une méthodologie de la connaissance,
donnant des conseils pour comprendre l’Écriture et apprendre
à raisonner. Hugues mit ainsi en forme une herméneutique bi-
blique, dont on voit cependant déjà des signes au IXe siècle : les
« sens de l’Écriture ». Selon Hugues, il fallait d’abord étudier le
sens littéral d’un texte (sens historique) pour éviter les contre-
sens, avant de passer à son symbolisme (sens allégorique). Venait
ensuite une explication morale (sens tropologique), puis une
contemplation du texte à la lumière de la venue du royaume de
Dieu (sens anagogique). Ainsi, dans le mariage, l’homme et la
femme sont unis en tant qu’époux selon le sens historique, le
Christ et l’Église selon l’allégorie, l’âme et Dieu d’après la tro-
pologie, et enfin le Verbe divin s’est uni à une chair humaine
selon l’anagogie. Mais, comme le précise Hugues, les quatre
– 107 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 108 –
LA FOI SANS RAISON
Créateur, seul Dieu peut payer cette dette. Il devait donc né-
cessairement intervenir Lui-même à travers son Incarnation
pour préserver à la fois l’honneur de Dieu et le salut de
l’homme : « Il est essentiel à l’honneur de Dieu que l’humanité,
destinée par lui à la béatitude, ne périsse pas ».
Dans le Proslogion, Anselme tente d’aller plus loin en prou-
vant l’existence de Dieu selon la même méthode de déductions
logiques. Cinq siècles avant Descartes et son « argument onto-
logique », Anselme parvient à démontrer Dieu comme l’être le
plus grand que l’on puisse concevoir, et la seule pensée de cet
être est déjà une preuve de sa réalité :
Nous croyons que tu es quelque chose de tel que rien de plus
grand ne puisse être pensé. Est-ce qu’une telle nature n'existe
pas, parce que l’insensé a dit en son cœur : Dieu n’existe pas ?
Mais du moins cet insensé, en entendant ce que je dis :
« Quelque chose de tel que rien de plus grand ne puisse être
pensé », comprend ce qu’il entend ; et ce qu’il comprend est
dans son intelligence, même s’il ne comprend pas que cette
chose existe (113).
Anselme part de la foi pour atteindre un stade supérieur : la
foi par l’intelligence (fides quaerens intellectum : « la foi en quête
de compréhension »), mais ne remet jamais en cause la foi elle-
même. Ses déductions rationnelles ne sont sans doute pas déci-
sives pour convaincre des indécis, mais elles montrent à quel
degré s’était élevée la confiance dans la raison. Anselme utilisait
sans honte quelques éléments de la logique d’Aristote, contenue
dans l’Organon, le corpus dialectique du grand philosophe an-
tique. Au XIIe siècle toutefois, l’Organon n’était connu que par
bribes et à travers les traductions latines de Boèce (✝ 525), c’est
dire qu’il était trop tôt pour assimiler tout Aristote, encore peu
traduit.
Au XIIe siècle, à la suite d’Anselme et à l’initiative du célébre
Pierre Abélard (✝ 1142), apparut dans les écoles urbaines et les
cloîtres victorins une nouvelle forme de méthode théologique,
– 109 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 110 –
LA FOI SANS RAISON
– 111 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
La puissance scolastique
À compter du XIIIe siècle, le développement intellectuel sans
frein de l’Europe chrétienne s’appuya sur une nouvelle institu-
tion : les universités. En 1200, le roi Philippe Auguste accorda
aux écoles de Paris une charte de liberté qui les libérait de la tu-
telle épiscopale et les autorisait à organiser librement leurs en-
seignements. En 1215, le pape, à travers son légat, confirma la
– 112 –
LA FOI SANS RAISON
– 113 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
118. Le rôle du Mont Saint-Michel a été mis en valeur par Gouguenheim, Aris-
tote, malgré des critiques apportées à sa démonstration.
119. Vilanova, Histoire des théologies chrétiennes, p. 711-722.
– 114 –
LA FOI SANS RAISON
– 115 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 116 –
LA FOI SANS RAISON
– 117 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
127. « Le principe de l’acte intellectuel que nous appelons âme humaine doit
être un principe incorporel et subsistant », ibid., I, q. 75 a. 2.
128. Thomas d’Aquin, Somme contre les Gentils, 3, 119.
– 118 –
LA FOI SANS RAISON
– 119 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 120 –
LA FOI SANS RAISON
– 121 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 122 –
LA FOI SANS RAISON
– 123 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 124 –
LA FOI SANS RAISON
– 125 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
Dans l’autre vie, le péché véniel est remis par le feu du Purga-
toire à celui qui meurt en état de grâce, parce que cette peine,
étant d’une certaine manière volontaire, a la vertu d’expier toute
faute compatible avec la grâce sanctifiante (133).
Le Purgatoire était donc un temps ou un état réservé à l’âme
pécheresse, certaine de son salut prochain, après une « peine de
satisfaction » visant à compenser les fautes commises, mais déjà
pardonnées. En réalité, le feu n’était qu’une image commode
pour exprimer que l’âme souffrait de n’être pas encore unie à
Dieu. La Divine Comédie de Dante, écrite vers 1319, contribua
à transmettre du Purgatoire l’image naïve d’un espace claire-
ment localisé et douloureux, ce qu’il n’était pas dans l’esprit de
saint Thomas.
Lors du concile de Florence, en juillet 1439, les évêques réu-
nis purent rassembler une matière éparse et formuler une doc-
trine du Purgatoire fidèle aux Écritures, mais aussi plus précise :
Si ceux qui se repentent véritablement meurent dans l’amour
de Dieu, avant d’avoir par des fruits dignes de leur repentir ré-
paré leurs fautes commises (…), leurs âmes sont purifiées après
leur mort par des peines purgatoires et, pour qu’ils soient relevés
de peines de cette sorte, leur sont utiles les suffrages [les prières]
des fidèles vivants (…). Et les âmes de ceux qui après avoir reçu
le baptême n’ont été souillées d’absolument aucun péché, celles
aussi qui après avoir été souillées par le péché, soit en étant dans
leur corps, soit une fois dépouillées de ces mêmes corps, sont
purifiées ainsi qu’il a été dit plus haut, elles sont aussitôt reçues
au Ciel et contemplent clairement Dieu (…). Quant aux âmes
de ceux qui disparaissent en état effectif de péché mortel ou seu-
lement originel, elles descendent aussitôt en Enfer (134).
Ainsi, le Paradis était promis aux saints aussitôt après leur
mort ou aux pécheurs après ces « peines purgatoires ». Fidèle à
l’enseignement biblique, le Purgatoire n’était donc pas un lieu,
mais le concile laissa une grande liberté d’interprétation sur la
nature de ces peines, de ce feu et de sa durée. La masse des chré-
– 126 –
LA FOI SANS RAISON
– 127 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 128 –
LA FOI SANS RAISON
– 129 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 130 –
LA FOI SANS RAISON
– 131 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 132 –
LA FOI SANS RAISON
139. Sur le contexte théologique de la fin du Moyen Âge, cf. Vilanova, Histoire
des théologies chrétiennes, p. 1055-1228.
– 133 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 134 –
LA FOI SANS RAISON
– 135 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 136 –
LA FOI SANS RAISON
142. C’est Louis XI qui interdit l’ockhamisme dans le royaume et non les auto-
rités ecclésiastiques.
143. Sur ce contexte intellectuel et le pluralisme doctrinal de la fin du Moyen
Âge, cf. Pelikan, La Tradition chrétienne, t. 4, p. 11-67.
– 137 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
La contestation de l’autorité
des Écritures et des dogmes (XVIe-XVIIe siècle)
À partir du XVIe siècle, l’accélération des découvertes bou-
leversa tous les concepts de la science médiévale (144). La
conquête de l’Amérique, l’imprimerie, les démonstrations ma-
thématiques et astronomiques éloignaient les savants modernes
des thématiques religieuses qu’affectionnaient les lettrés du
Moyen Âge, mais souvent laissées sans réponse : la nature de
l’âme, l’unicité divine, le nominalisme, le réalisme, etc. Au
même moment, la Réforme protestante mobilisa dans le com-
bat apologétique les théologiens catholiques qui eurent ten-
dance à délaisser la recherche scientifique, autrefois indissocia-
ble de la métaphysique. Luther lui-même s’intéressa aux
questions qu’avait soulevées la scolastique et chercha à y ré-
pondre, ainsi à propos du problème de la double vérité. L’au-
torité des Écritures était remise en cause par le nouveau regard
philologique et critique sur les textes sacrés. Le juif Spinoza
(✝ 1677) contesta la cohérence de la Bible et sa rédaction,
jusqu’à nier toute valeur historique et morale aux récits de
l’Ancien Testament. Partout en Europe se réveilla un anticléri-
calisme virulent, notamment chez les humanistes, quitte à
adopter de façon provocatrice le paganisme de l’Antiquité.
Mais il ne s’agissait que d’un courant réduit aux cercles lettrés.
Machiavel (✝ 1527) fut l’un de ces esprits hostiles ou indiffé-
144. Dumas, Histoire de la pensée, p. 769 ; Mousnier, Les XVIe et XVIIe siècles,
p. 192-216.
– 138 –
LA FOI SANS RAISON
– 139 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
146. Nicolas Copernic, De revolutionibus orbium coelestium, 1, 10, cité par Sei-
dengart, Dieu, l’univers, p. 108.
– 140 –
LA FOI SANS RAISON
– 141 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 142 –
LA FOI SANS RAISON
– 143 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 144 –
LA FOI SANS RAISON
– 145 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 146 –
LA FOI SANS RAISON
jugé trop austère, sans voir ce que ce rejet avait d’intéressé. Mais
la prétention à une scientificité n’était qu’un leurre, puisque les
récits bibliques ne sont pas envisageables tels quels, mais uni-
quement en fonction des intentions et des mentalités de leurs
auteurs, et Jésus ne pourra jamais être connu qu’à travers les
souvenirs et les écrits des disciples de la seconde moitié du Ier siè-
cle. Or, ces hommes ayant vécu dans un monde largement ro-
manisé et hellénisé, la religion chrétienne fut dès les origines
judéo-hellénique. En refusant de définir l’amour de Jésus
comme la charité (agapè), on opérait une confusion dramatique
entre le romantisme sentimental et l’abaissement de la Passion.
Réduire le christianisme à un affect autorisait toutes les dérives
idéologiques et morales.
En un siècle, l’héritage biblique perdit toute crédibilité aux
yeux de l’opinion. Même la démonstration cartésienne de l’exis-
tence de Dieu – mais de quel Dieu ! – fut cassée par Emmanuel
Kant (✝ 1804) qui contestait la valeur philosophique de toute
la métaphysique et, en général, d’une démonstration rationnelle
de la religion. On croit ou on ne croit pas, mais le prouver n’a
pas de sens : « J’ai donc dû supprimer le savoir pour lui substi-
tuer la croyance ». Lui aussi, dans son ouvrage La religion dans
les limites de la simple raison (1793), voulait établir une foi na-
turelle, dépouillée, minimaliste, qui serait distincte de la morale,
laquelle n’a nullement besoin de Dieu. Dès lors, le mysticisme
n’avait plus grande différence avec le fanatisme, la piété avec le
fidéisme. La foi était, de toute façon, quelque chose d’extrava-
gant, d’arriéré, la marque de temps anciens et d’un obscuran-
tisme de masse entretenu à dessein par le clergé pour garder le
contrôle des ignorants. Par son rationalisme historique, Auguste
Comte (✝ 1857) décrivit les différents âges de la société et pro-
phétisa l’avènement de « l’âge positif », après ce qu’il jugeait
être des siècles de religiosité et de superstition (154).
– 147 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 148 –
LA FOI SANS RAISON
– 149 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 150 –
LA FOI SANS RAISON
– 151 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 152 –
LA FOI SANS RAISON
Conclusion
– 153 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 154 –
III
Le refus des autres
L’antijudaïsme chrétien
Un mauvais départ ?
Lorsque l’Église se constitue au IVe siècle comme une insti-
tution majeure de l’Empire romain, ses relations avec le ju-
daïsme héritent à la fois des ambiguïtés du christianisme origi-
nel envers les juifs, et de la forte défiance des structures
impériales à l’égard du peuple hébreu (158).
Devenu un royaume vassal de Rome depuis 63 avant J.-C.,
la Palestine est intégrée comme une province romaine en 6 après
J.-C., mais la présence d’occupation est si insupportable à la
population juive qu’elle se révolte entre 66 et 73, drame qui
– 155 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 156 –
LE REFUS DES AUTRES
– 157 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 158 –
LE REFUS DES AUTRES
– 159 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 160 –
LE REFUS DES AUTRES
– 161 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 162 –
LE REFUS DES AUTRES
– 163 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 164 –
LE REFUS DES AUTRES
– 165 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 166 –
LE REFUS DES AUTRES
– 167 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 168 –
LE REFUS DES AUTRES
– 169 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 170 –
LE REFUS DES AUTRES
– 171 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
183. Listes dans F. Vernet, « Juifs (Controverses avec les juifs) », DTC, t. 8-2,
col. 1874-1914.
– 172 –
LE REFUS DES AUTRES
184. Ibid.
185. Article « Tolérance » du Dictionnaire philosophique, 1765, section 1.
186. Feuerwerker, L’Émancipation des Juifs.
– 173 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 174 –
LE REFUS DES AUTRES
– 175 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 176 –
LE REFUS DES AUTRES
– 177 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 178 –
LE REFUS DES AUTRES
– 179 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 180 –
LE REFUS DES AUTRES
– 181 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 182 –
LE REFUS DES AUTRES
– 183 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 184 –
LE REFUS DES AUTRES
– 185 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
part à la vie sociale. Innocent III alla toutefois plus loin en cri-
minalisant l’hérésie :
Il se trouve en effet que, selon de légitimes sanctions, on
condamne à la peine capitale les coupables de lèse-majesté
(…). Aussi, ceux qui font des erreurs sur la foi en Dieu, offen-
sant Jésus-Christ, le Fils de Dieu, doivent être par une entrave
ecclésiastique coupés de notre tête qui est le Christ.
En associant la faute religieuse à la définition romaine de
crime de lèse-majesté envers l’empereur, le pape faisait de l’hé-
rétique un criminel envers Dieu. Scrupuleux, il interdit aux
clercs de donner la mort eux-mêmes et demanda qu’on laisse
aux coupables la possibilité de faire pénitence. Le concours des
pouvoirs temporels était donc indispensable, l’Église détermi-
nant qui pouvait être qualifié d’hérétique, les princes se char-
geant des châtiments financiers et corporels, dont la torture et
le bûcher. Pasteur intransigeant, le pape espérait en fait suppri-
mer, non l’hérétique, mais sa faute et son erreur, en le poussant
à la pénitence et au retour dans le Corps du Christ qu’était
l’Église. Les bûchers d’hérétiques, bien qu’ils fussent acceptés,
signifiaient l’échec de cette réconciliation.
La méthode pacifique échoua à convertir les cathares du
Midi. Ni les évêques, ni les moines ne purent les convaincre.
La mission de saint Dominique, approuvée par la papauté en
1206, eut plus de succès. Le même Innocent III se résolut à
aller plus loin en condamnant le comte de Toulouse, Rai-
mond VI, et le vicomte de Béziers, Raimond-Roger de Trenca-
vel, tous deux complices de l’hérésie sur leurs terres. En 1208,
l’assassinat du légat pontifical dans le Languedoc convainquit
le pape que seule la force permettrait de débusquer le catha-
risme. Il confia donc au seigneur Simon de Montfort la
conduite d’une croisade destinée non à lutter contre l’islam
mais contre l’hérésie, un danger interne à la chrétienté. Les ba-
rons du Nord s’élancèrent à l’assaut du Midi et notamment des
terres des Trencavel. En juillet 1209, la cité de Béziers fut prise.
C’est à cette occasion que l’on prête au légat cistercien Arnaud
Amaury, présent pendant le siège, les mots terribles : « Tuez-les
– 186 –
LE REFUS DES AUTRES
– 187 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 188 –
LE REFUS DES AUTRES
– 189 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
215. Ibid., p. 104-114. Pour le tribunal de Tolède, sur 300 procès-verbaux datant
d’avant 1500, 6 cas impliquent la torture (2 %) ; à Valence on relève 2 000 pro-
cès-verbaux entre 1480 et 1530, dont 12 cas de torture (0,6 %).
– 190 –
LE REFUS DES AUTRES
– 191 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 192 –
LE REFUS DES AUTRES
– 193 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 194 –
LE REFUS DES AUTRES
– 195 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
223. Sur les conditions du procès, cf. Favier, Pierre Cauchon, et Hanne, Jeanne
d’Arc, p. 178-189.
224. Cité par Favier, La Guerre de Cent Ans, p. 517.
– 196 –
LE REFUS DES AUTRES
– 197 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 198 –
LE REFUS DES AUTRES
y étaient plutôt bien reçues, dès lors que l’on ne s’en prenait
pas à la doctrine ou au pape.
La lutte contre la sorcellerie, si décriée, impose les mêmes
nuances. Si les procès pour hérésie sont assez nombreux à la
fin du Moyen Âge, les affaires de sorcellerie sont encore rares.
À l’époque où ils commencent à se multiplier, entre 1375 et
1435, on en compte à peine deux par an dans toute l’Eu-
rope (230). C’est après le milieu du XVe siècle que le nombre
de procès pour sorcellerie explose, touchant autant les
hommes que les femmes, car les monarchies commencent
alors à traquer les différentes formes de marginalité, se servant
des juridictions civiles plutôt que de l’Inquisition, dont le ma-
niement était lourd et les délais trop lents (231). Des inquisi-
teurs sont encore mobilisés contre les sorciers, mais ils ont be-
soin du soutien des pouvoirs séculiers. Or, en Italie et dans les
vallées alpines, l’inquisiteur est généralement délégué par le
pape, et les autorités locales rechignent à soutenir un étranger
aux ordres de Rome. En 1429, dans le Dauphiné, face à la re-
crudescence du nombre de sorcières, le franciscain Pierre
Fabri, inquisiteur général envoyé par la papauté, multiplie les
visites et les procès, mais il est à peine soutenu par la monar-
chie capétienne.
La grande phase des procès de sorcières se situe surtout au
XVIe siècle et concerne généralement les tribunaux civils. Ainsi,
celui de Douai enregistre 23 cas entre 1400-1500, 36 entre
1500-1600 et 19 entre 1600-1700. Les bûchers de sorcières
dans le comté de Namur s’élèvent à 182 entre 1500-1565 et
176 entre 1565-1620, puis diminuent rapidement (232). La
chasse aux sorcières décline dans la seconde moitié du XVIIe siè-
cle puis s’éteint complètement. Les terres protestantes ne sont
pas en reste, signe que l’obsession moderne contre la sorcellerie
– 199 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
touche tous les types de sociétés (233). La lutte contre les su-
perstitions et l’hérésie concerne tout autant les terres protes-
tantes (234). Pour la seule année 1545, dans la Genève calvi-
niste, 31 sorcières sont exécutées (235). Dans le canton
protestant de Berne, on note 300 supplices entre 1591-1600 et
240 entre 1601-1610. La normalisation sociale prend un tour
religieux mais échappe au contrôle ecclésial. En 1610, en Na-
varre, la population s’en prend à une trentaine de femmes ac-
cusées de sorcellerie, l’Inquisition espagnole en juge et exécute
six, mais en réconcilie 1 800 qui étaient les cibles potentielles
de la population (236).
L’explosion de la Réforme protestante au XVIe siècle chan-
gea considérablement le regard de l’Église sur l’hérésie. Cette
notion continua bien sûr d’être employée contre le protes-
tantisme, ainsi dans les actes du concile de Trente (1545-
1563). Pourtant, face à la rupture consommée et durable de
l’Europe en deux chrétientés, on préféra de plus en plus parler
d’erreur plutôt que d’hérésie. Alors que les condamnations
médiévales contre l’hérésie s’attachaient surtout à souligner
la perversion morale et spirituelle des accusés, le concile de
Trente incriminait aussi les pasteurs catholiques qui « doivent
redoubler d’efforts pour instruire les fidèles » (237). Après le
milieu du XVIe siècle, l’Église renonça aux procès pour héré-
sie contre les Réformés, ce qui n’empêcha nullement les mo-
narchies de poursuivre leur politique d’homogénéisation
confessionnelle, qu’elles fussent catholiques ou protestantes.
Le Parlement de Paris prononça près de 500 condamnations
à mort contre les huguenots entre 1547 et 1550 ; Henri VIII
fut responsable d’un millier d’exécutions chez les catholiques
233. Martin Luther (Sermon WA 22) : « Il ne faut pas faire grâce aux sorcières
et aux magiciennes (…). Je voudrais moi-même mettre le feu à leur bûcher, de
même que l’on voit dans l’ancienne loi les prêtres lapider les malfaiteurs. »
234. Krumenacker, Calvin, p. 349-371.
235. Dumont, L’Église au risque de l’histoire, p. 578.
236. Ibid., p. 580-581.
237. Catéchisme du concile de Trente, I, 10.
– 200 –
LE REFUS DES AUTRES
– 201 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 202 –
LE REFUS DES AUTRES
– 203 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 204 –
LE REFUS DES AUTRES
– 205 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 206 –
LE REFUS DES AUTRES
– 207 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 208 –
LE REFUS DES AUTRES
– 209 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 210 –
LE REFUS DES AUTRES
– 211 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
247. Nous renvoyons pour toute cette partie à Alverny, La Connaissance de l’is-
lam ; Tolan, Les Sarrasins, et surtout à l’excellent ouvrage de Gaudeul, Disputes ?
Ou Rencontres ?
248. Isidore de Séville, Sentences, I, 16.14.
– 212 –
LE REFUS DES AUTRES
– 213 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 214 –
LE REFUS DES AUTRES
– 215 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 216 –
LE REFUS DES AUTRES
– 217 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
260. Liber contra sectam sive haeresim Sarracenorum (Kritzeck, Peter the Venerable
and Islam, p. 231).
261. § 26, cité par Tolan, Les Sarrasins, p. 224.
262. Turki, « La Lettre du moine de France… ».
– 218 –
LE REFUS DES AUTRES
– 219 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 220 –
LE REFUS DES AUTRES
– 221 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 222 –
LE REFUS DES AUTRES
l’islam pour aider les autres dominicains lors des disputes pu-
bliques. Il se garde d’arguments agressifs et moqueurs, mais
contredit l’islam en citant et en opposant les sources arabes
elles-mêmes (267).
Face à l’échec des croisades, comprenant que l’islam était là
pour durer et qu’il avait séduit une partie importante de l’hu-
manité, les chrétiens avaient fini par s’interroger sur le sort des
musulmans dans l’Au-Delà. Pouvait-on être sauvé sans la foi au
Christ ? Les Pères de l’Église n’avaient pas répondu de façon
stricte au problème du salut des non-chrétiens, tout en affir-
mant que Dieu voulait sauver tous les hommes (I Tm 2, 4).
Hugues de Saint-Victor disait sans hésitation que « depuis le
commencement, personne n’a été sauvé sans la foi au
Christ » (268), position identique à celle de l’évêque Otton de
Freising (✝ 1158) dans sa Chronique des deux cités :
Ils sont universellement des adorateurs du Dieu unique (…).
Une seule chose les prive du salut : ils nient que Jésus-Christ est
Dieu et le Fils de Dieu, et ils vénèrent et adorent comme un
grand prophète du Dieu Suprême un imposteur, Maho-
met. (269)
Le théologien Abélard (✝ 1142) rédigea un Dialogue d’un
philosophe avec un juif et un chrétien, dans lequel le musulman
revêt la double figure du païen et du philosophe antique. La
discussion avec lui paraît difficile, car elle ne peut s’appuyer sur
la Bible – que le musulman ne reconnaît pas –, mais unique-
ment sur des démonstrations logiques. Dans l’ouvrage, Abélard
refuse que l’on soit damné par ignorance involontaire. Ainsi,
plutôt que de s’intéresser à la question du salut en dehors du
Christ, le théologien pose-t-il le problème de la connaissance
de Dieu par la raison humaine (270).
Un progrès conceptuel majeur est accompli par Thomas
d’Aquin (✝ 1274). L’Occident n’avait pour qualifier l’islam que
267. Gaudeul, Disputes ? Ou Rencontres ?, t. 1, p. 185-200.
268. Hugues de Saint-Victor, De sacramentis, I, 10, 6.
269. Éd. Ch. Mierow, New York, 1928, p. 411-412.
270. Jolivet, « Abélard et le philosophe… ».
– 223 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 224 –
LE REFUS DES AUTRES
– 225 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
peut être nommé ou dit (…). Tous les hommes, en tant que
créatures d’un même Créateur, concordent dans leur nature et
donc aussi dans l’adoration de Dieu (277).
Selon cette perspective généreuse, Mahomet a été l’un des
apôtres de la « voie vraie et parfaite » de Dieu. Il suffirait de dé-
finir la Trinité avec les mots des musulmans pour la leur rendre
intelligible. Dans le même esprit, le Coran s’avère compatible
avec la Bible. Dans son autre ouvrage, Le Coran au tamis, achevé
en 1461, Nicolas va encore plus loin et, même s’il critique le
personnage de Mahomet, il semble faire de l’islam une voie lé-
gitime de connaissance de Dieu :
Mais, puisqu’il peut y avoir plusieurs voies qui semblent bonnes,
un doute demeure sur la voie vraie et parfaite nous conduisant
en toute certitude à la connaissance du bien, ce bien que nous
nommons Dieu pour que, quand nous en conférons, nous nous
entendions entre nous. Moïse a décrit une telle voie, mais elle
n’a pas été accueillie ni comprise par tous. Le Christ l’a rendue
lumineuse et parfaite, mais beaucoup demeurent encore incré-
dules. Mahomet s’est efforcé de la décrire comme étant plus fa-
cile, afin qu’elle soit accueillie par tous, même par les idolâ-
tres. (278)
Dans le même esprit que Nicolas de Cues, le théologien Jean
de Ségovie (✝ 1458), auteur d’un Coran trilingue (arabe, latin,
castillan), écrivit au pape Pie II pour réunir une Contraferentia,
une sorte de conférence mondiale des religions qui prouverait
qu’il n’y a qu’un seul esprit de religion dans le monde, diffé-
rencié par des vocabulaires et des cultes distincts. Le pape, bien
sûr, ne donna pas suite à ce projet idéaliste qui ne pouvait agiter
que des clercs isolés et hors normes.
– 226 –
LE REFUS DES AUTRES
– 227 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 228 –
LE REFUS DES AUTRES
– 229 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 230 –
LE REFUS DES AUTRES
– 231 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 232 –
LE REFUS DES AUTRES
– 233 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 234 –
LE REFUS DES AUTRES
Conclusion
– 235 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 236 –
IV
Adhésion monarchique
et compromissions politiques
– 237 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 238 –
ADHÉSION MONARCHIQUE ET COMPROMISSIONS POLITIQUES
289. Pour le contexte historique, cf. Daniélou, Marrou, Des origines, p. 31-58.
– 239 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 240 –
ADHÉSION MONARCHIQUE ET COMPROMISSIONS POLITIQUES
– 241 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
291. Sur ces problématiques, cf. Carrié, Rousselle, L’Empire romain, p. 217-269.
292. Ibid., p. 314-346 ; Fitzgerald (dir.), Encyclopédie saint Augustin, p. 513-
515.
– 242 –
ADHÉSION MONARCHIQUE ET COMPROMISSIONS POLITIQUES
– 243 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 244 –
ADHÉSION MONARCHIQUE ET COMPROMISSIONS POLITIQUES
– 245 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 246 –
ADHÉSION MONARCHIQUE ET COMPROMISSIONS POLITIQUES
– 247 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 248 –
ADHÉSION MONARCHIQUE ET COMPROMISSIONS POLITIQUES
– 249 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 250 –
ADHÉSION MONARCHIQUE ET COMPROMISSIONS POLITIQUES
– 251 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 252 –
ADHÉSION MONARCHIQUE ET COMPROMISSIONS POLITIQUES
– 253 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 254 –
ADHÉSION MONARCHIQUE ET COMPROMISSIONS POLITIQUES
– 255 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 256 –
ADHÉSION MONARCHIQUE ET COMPROMISSIONS POLITIQUES
– 257 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 258 –
ADHÉSION MONARCHIQUE ET COMPROMISSIONS POLITIQUES
les braises pour mieux imposer ses vues. Inquiète du tour que
prenaient les évènements, la majorité du concile vota en décem-
bre 1436 en faveur de l’apaisement avec le pape. Mais une mi-
norité active de clercs déclara être la « meilleure part » du concile
(sanior pars) tout en reconnaissant être numériquement moin-
dre (minor pars), et continua à légiférer. En septembre 1437,
Eugène IV décida de dissoudre le concile de Bâle, devenu la
chose d’un petit groupe, et ouvrit une autre assemblée, à Fer-
rare, dès janvier 1438. Les deux conciles s’affrontèrent, celui de
Bâle allant jusqu’à déclarer hérétique quiconque s’opposerait à
la supériorité du concile sur le pape. L’irréparable fut accompli
en novembre 1439 lorsque le concile de Bâle désigna comme
anti-pape le roi Amédée VIII de Savoie sous le nom de Félix V.
C’était peu dire que les pouvoirs temporels avaient mis la main
sur cette assemblée devenue illégitime. Conscient de son isole-
ment, Félix V démissionna en avril 1449 et le concile se déclara
lui-même dissous quelques jours plus tard.
Le contexte dramatique des années 1430-1440 donna l’oc-
casion aux souverains d’Europe de subordonner les Églises na-
tionales. En 1438, Charles VII signa la « Pragmatique Sanction
de Bourges », qui authentifiait comme lois civiles les décrets du
concile de Bâle et confirmait les nominations épiscopales par le
roi. En réalité, celui-ci se servit de la Pragmatique Sanction
selon ses intérêts, refusant les requêtes du pape au nom du
concile, et celles du concile au nom de l’autorité du pape. En
1448, l’empereur Frédéric III signait le concordat de Vienne
avec Rome qui aboutissait à un modus vivendi : le pape aban-
donnait une partie des désignations ecclésiastiques, contre la re-
connaissance de sa juridiction supérieure sur l’Église germa-
nique.
Les excès commis à Bâle décrédibilisèrent les théories conci-
liaristes, et même l’empereur germanique se rallia à l’autorité
du pape. En quelques années, on réaffirma la supériorité cano-
nique de ce dernier sur les conciles et l’Église, après les hésita-
tions de la première moitié du XVe siècle. Pourtant, le concilia-
risme ne mourut pas et resta vivace dans les universités et en
– 259 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
324. Ce qui fait dire que le « miracle chrétien » est cette disjonction du politique
et du religieux (Harouel, Le vrai génie du christianisme).
– 260 –
ADHÉSION MONARCHIQUE ET COMPROMISSIONS POLITIQUES
– 261 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
autorité sur lui. Mais que faire en cas de prince indigne du « peu-
ple de Dieu », dont il était censé faciliter la marche vers le salut ?
Plusieurs fois la question avait été posée par les clercs, ainsi concer-
nant l’empereur Louis le Pieux (✝ 840), jugé responsable de la
guerre civile, ou à propos de Charles VII (✝ 1461), qui avait par-
ticipé au meurtre du duc de Bourgogne, Jean sans Peur, en 1407.
En raison de sa responsabilité spirituelle envers le « peuple », le
monarque pouvait être déposé ou déshérité.
Au XVIe siècle, les réflexions des théologiens de l’école sco-
lastique de Salamanque amenèrent à poser des limites au pou-
voir monarchique. Le jésuite Francisco Suarez (✝ 1617) établit
même le principe de souveraineté populaire : le pouvoir poli-
tique est voulu par Dieu, mais il n’est la chose d’aucun individu
en particulier. C’est par un consentement volontaire que les
membres du populus se donnent un ou des gouvernants. La vi-
sion de l’État de Suarez s’avère exigeante, puisqu’il lie les droits
des gens à leurs devoirs, la liberté à l’intelligence, affirme l’obéis-
sance due aux gouvernants, distingue l’équité de l’égalité (n’im-
porte qui ne peut avoir de fonctions supérieures). Enfin, les ana-
lyses de l’école de Salamanque sur les pouvoirs s’opposent à
celles de Rousseau sur le « contrat social » en cela qu’elles ne
nient pas le double principe d’autorité : politique et divin.
La Réforme protestante entendit contester la forme ecclésiale
catholique. Luther assimila le pape à l’Antéchrist, refusa la dis-
tinction entre Église militante et Église triomphante, n’accep-
tant qu’une seule tête à la communauté, le Christ. La puissance
cléricale étant un frein au christianisme intérieur et personnel,
il fallait évacuer tout caractère organique, canonique et sacra-
mentel. L’Église était le peuple de Dieu uni au Christ, revêtu
de la seule autorité des Écritures et non d’une quelconque hié-
rarchie ou société structurée :
L’Église est l’assemblée de tous les croyants, parmi lesquels
l’Évangile est prêché dans sa pureté et les saints sacrements sont
administrés conformément à l’Évangile (327).
– 262 –
ADHÉSION MONARCHIQUE ET COMPROMISSIONS POLITIQUES
– 263 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 264 –
ADHÉSION MONARCHIQUE ET COMPROMISSIONS POLITIQUES
333. « Comparaison des chrétiens des premiers temps avec ceux d’au-
jourd’hui », dans Petits écrits philosophiques et religieux.
– 265 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 266 –
ADHÉSION MONARCHIQUE ET COMPROMISSIONS POLITIQUES
– 267 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 268 –
ADHÉSION MONARCHIQUE ET COMPROMISSIONS POLITIQUES
– 269 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 270 –
ADHÉSION MONARCHIQUE ET COMPROMISSIONS POLITIQUES
– 271 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 272 –
ADHÉSION MONARCHIQUE ET COMPROMISSIONS POLITIQUES
– 273 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 274 –
ADHÉSION MONARCHIQUE ET COMPROMISSIONS POLITIQUES
– 275 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 276 –
ADHÉSION MONARCHIQUE ET COMPROMISSIONS POLITIQUES
– 277 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 278 –
ADHÉSION MONARCHIQUE ET COMPROMISSIONS POLITIQUES
– 279 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
365. Pour toutes les références, cf. Hanne, « Le Conflit entre Innocent III… ».
366. Ainsi Catherine de Médicis à l’ambassadeur d’Angleterre en 1552.
367. Nous suivons Barbiche, « Depuis quand la France… ».
– 280 –
ADHÉSION MONARCHIQUE ET COMPROMISSIONS POLITIQUES
– 281 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 282 –
ADHÉSION MONARCHIQUE ET COMPROMISSIONS POLITIQUES
– 283 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 284 –
ADHÉSION MONARCHIQUE ET COMPROMISSIONS POLITIQUES
– 285 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 286 –
ADHÉSION MONARCHIQUE ET COMPROMISSIONS POLITIQUES
– 287 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 288 –
ADHÉSION MONARCHIQUE ET COMPROMISSIONS POLITIQUES
– 289 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 290 –
ADHÉSION MONARCHIQUE ET COMPROMISSIONS POLITIQUES
– 291 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 292 –
ADHÉSION MONARCHIQUE ET COMPROMISSIONS POLITIQUES
– 293 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 294 –
ADHÉSION MONARCHIQUE ET COMPROMISSIONS POLITIQUES
– 295 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 296 –
ADHÉSION MONARCHIQUE ET COMPROMISSIONS POLITIQUES
– 297 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 298 –
ADHÉSION MONARCHIQUE ET COMPROMISSIONS POLITIQUES
– 299 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 300 –
ADHÉSION MONARCHIQUE ET COMPROMISSIONS POLITIQUES
– 301 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 302 –
ADHÉSION MONARCHIQUE ET COMPROMISSIONS POLITIQUES
– 303 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
394. Il l’avait déjà fait le 18 janvier 1924 à propos de la situation russe, dans
l’encyclique Maximam gravissimamque.
395. Le pape n’exonérait nullement les forces patronales de leurs responsabilités
dans la montée du communisme : « Pour comprendre comment le communisme
a réussi à se faire accepter sans examen par les masses ouvrières, il faut se rappeler
que les travailleurs étaient déjà préparés à cette propagande par l’abandon reli-
gieux et moral où ils furent laissés par l’économie libérale. »
– 304 –
ADHÉSION MONARCHIQUE ET COMPROMISSIONS POLITIQUES
– 305 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 306 –
ADHÉSION MONARCHIQUE ET COMPROMISSIONS POLITIQUES
– 307 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 308 –
ADHÉSION MONARCHIQUE ET COMPROMISSIONS POLITIQUES
Conclusion
– 309 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 310 –
ADHÉSION MONARCHIQUE ET COMPROMISSIONS POLITIQUES
– 311 –
V
L’Église contre les libertés individuelles
L’affirmation de l’individu
398. « L’individu est une invention de l’Occident moderne. Il a surgi des limbes
de la société il y a 500 ans environ à l’époque de la Renaissance en s’extrayant
des nasses des sociétés traditionnelles », déclaration péremptoire de Christian
Le Bart, L’Individualisation, Paris, Presses de Science-Po, 2008. Le rôle majeur
de l’Église dans l’apparition de la conscience personnelle a déjà été mis en valeur
par Harouel, Le Vrai Génie du christianisme.
– 313 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 314 –
L’ÉGLISE CONTRE LES LIBERTÉS INDIVIDUELLES
– 315 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 316 –
L’ÉGLISE CONTRE LES LIBERTÉS INDIVIDUELLES
comme une chair qui brûle, mais comme un pain qui cuit »,
allusion évidente à l’eucharistie.
Alors qu’une certaine subjectivité apparaissait, la notion de
personne prit forme. Au IIe et IIIe siècle après J.-C., les philo-
sophes néo-platoniciens comme Porphyre valorisèrent l’unicité
de la personne par le terme grec hypostasis. Traduit par « per-
sonne » ou « être individuel », l’hypostase devint un terme phi-
losophique courant pour décrire les composants essentiels et ir-
réductibles du cosmos et de l’être humain. Déjà auparavant,
saint Paul, parce qu’il était profondément hellénisé, instruit de
la sagesse grecque et de la philosophie du Logos, avait appliqué
le terme hypostase à la relation entre le Père et le Fils, « resplen-
dissement de sa gloire, empreinte [ou effigie] de sa Personne
[ou de son hypostase] » (He 1, 3). Le Fils revêt donc une iden-
tité particulière, propre, tout en étant l’altérité du Père, lui-
même une autre Personne. C’était déjà la définition des rela-
tions trinitaires. Le concile de Chalcédoine (451) reprit et
confirma cette première mention de l’hypostase chez saint Paul,
afin de mieux défendre la dualité des natures dans l’unique Per-
sonne du Christ, « une seule Personne et une seule hypostase,
un Christ ne se fractionnant ni ne se divisant en deux per-
sonnes, mais un seul et même Fils ».
L’idée antique et païenne de la personne passa donc dans la
métaphysique chrétienne, transfert qui modifia considérable-
ment cette notion. En effet, si les conciles avaient distingué
deux natures (ou essences) dans la seule hypostase du Christ,
l’homme, qui était lui aussi une seule personne, n’avait en re-
vanche qu’une seule nature, forcément humaine. À la personne,
unique et incomparable, était donc liée intimement une nature
qui, elle, était commune à tous les hommes, les dépassait et les
unifiait. En définissant la Trinité au moyen du vocabulaire de
l’essence et de l’hypostase, les Pères de l’Église associèrent sans
le vouloir la nature humaine (dite « substantielle ») et l’unicité
de la personne (« accidentelle », car chaque être est distinct des
autres par des « accidents » extérieurs). L’homme était donc à
la fois unique et commun. Le dogme trinitaire débouchait sur
– 317 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 318 –
L’ÉGLISE CONTRE LES LIBERTÉS INDIVIDUELLES
407. Augustin, La Cité de Dieu, 11, 26 (cité par Marrou, Saint Augustin, p. 97),
à comparer avec le cogito du Discours de la méthode de Descartes qui, lui, décou-
vre son existence dans la pensée et dans le doute, et non dans la foi et l’amour
de Dieu (« Je pris garde que, pendant que je voulais ainsi penser que tout était
faux, il fallait nécessairement que moi, qui le pensais, fusse quelque chose »).
408. Augustin, Confessions, 10, 27.
409. Brague, Au moyen du Moyen Âge, p. 177-179 ; Augustin, Sermon 362.
410. Ce chapitre est très inspiré par M.-D. Chenu, L’éveil de la conscience dans
la civilisation médiévale, Paris-Montréal, Vrin, 1969.
– 319 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
411. J. Leclercq, Regards monastiques sur le Christ au Moyen Âge, Paris, Desclée,
1993.
– 320 –
L’ÉGLISE CONTRE LES LIBERTÉS INDIVIDUELLES
– 321 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 322 –
L’ÉGLISE CONTRE LES LIBERTÉS INDIVIDUELLES
– 323 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
avec toute la nature. Par son âme, il est comparable à Dieu lui-
même dont il a – en puissance – toutes les possibilités de per-
ception.
À la même époque, Hugues de Saint-Victor compose une
méthode pour étudier qui est à la fois intellectuelle et spirituelle.
Par un processus progressif, celui qui veut étudier sous la
conduite d’un maître commence par apprendre selon la lectio :
l’œil du corps lit les mots et regarde les images et s’en imprègne.
Par la meditatio, l’œil de la raison comprend ce que signifient
les mots et les réalités qu’ils désignent. Enfin, l’œil de l’âme le
conduit à la contemplatio et à l’adoration de la création dans les
choses, et donc de Dieu. Hugues associe dans une même dé-
marche la connaissance des idées, du monde et de Dieu, et mo-
bilise pour ce faire tout l’humain : corps, esprit, âme, qui se dé-
ploient en même temps qu’ils découvrent les différents niveaux
de vérité. La connaissance de soi va de pair avec celle de Dieu
et la pratique des vertus. L’étude devient ici un entraînement à
la conversion intérieure :
La méditation est une pensée assidue et réfléchie qui explore
avec sagacité la cause et l’origine, le genre et l’utilité de toute
chose (…). Lorsque la méditation a appris à chercher et à com-
prendre Celui qui a fait toutes choses, alors l’âme est édifiée par
la connaissance en même temps qu’elle est pénétrée d’allé-
gresse (417).
Chez Hugues, le chemin vers la conscience est une ascension
vers Dieu et une descente vers l’intériorité :
Monter vers Dieu, c’est rentrer en soi-même ; et non seulement
rentrer en soi-même, mais, d’une manière qui ne peut se dire,
passer, au plus intime de soi, au-delà de soi-même. Ainsi, celui-
là qui, entrant en soi et pénétrant en sa propre intimité, si j’ose
dire, passe au-delà de lui-même, celui-là monte véritablement
vers Dieu (…). Ainsi donc ce qui est le plus intérieur, c’est cela
même qui est le plus proche, le plus haut et éternel, et ce qui
417. Didascalicon, III, 10, 13 (cité par Sicard, Hugues de Saint-Victor, p. 207).
– 324 –
L’ÉGLISE CONTRE LES LIBERTÉS INDIVIDUELLES
est tout à fait à l’extérieur, c’est cela même qui est le plus bas,
éloigné et transitoire (418).
Qui dira que le Moyen Âge chrétien n’a pas connu la
conscience ni la personne ? Au contraire, il les a fondées dans
l’altérité avec Dieu. Dans l’analyse contemporaine, notamment
celle de Heidegger (✝ 1976), l’homme ne devient un sujet que
dans la mesure où le monde est pour lui une image, une repré-
sentation que son esprit crée et reconnaît. Chez les moines du
XIIe siècle, le monde était une création perceptible par le corps,
l’un était macrocosme, l’autre microcosme (419). Une sympa-
thie de nature les unissait, malgré leurs distinctions évidentes.
Et c’est dans le constat de ces différences que l’homme se dé-
couvrait lui-même. La chair était un véhicule de connaissance
du réel. Quant à Dieu, la foi et l’intelligence étaient les moyens
privilégiés pour le connaître. Contrairement à la philosophie
moderne, l’homme ne s’identifiait pas lui-même en faisant de
Dieu une image extérieure, mais en reconnaissant en lui-même
l’image intérieure de Dieu.
Dans l’Occident médiéval, la personne est une entité morale,
juridique et psychologique en rapport avec autrui (les hommes
ou Dieu). La conscience de soi peut être définie par la notion
de consideratio : tout en se reconnaissant pécheur indigne de
l’amour de Dieu, corps méprisable formé de terre et d’eau, le
sujet humilié se retourne vers Dieu et découvre qu’il est sauvé,
qu’il est lui-même l’image du cosmos et que, selon la formule
d’Augustin, il est capax Dei, « capable de Dieu », et choisit alors
de faire le bien. Si la « considération » diffère de la conscience
moderne, elle en est assurément à l’origine.
La généralisation de l’introspection
individuelle (XIIe-XIVe siècle)
Les allusions à une subjectivité personnelle se multiplient
dans les sources à partir du XIIe siècle, parallèlement à la géné-
– 325 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 326 –
L’ÉGLISE CONTRE LES LIBERTÉS INDIVIDUELLES
– 327 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
quand il dit : « Parce qu’il est bon, parce que sa miséricorde est
éternelle », c’est une louange à Dieu, et dans cette louange une
confession. Et toutefois, dès qu’un homme confesse à Dieu ses
péchés, il doit le faire en louant Dieu (…). Elle est donc tou-
jours une louange du Seigneur, soit en paroles, quand elle publie
sa miséricorde et sa bonté, soit par le sentiment, quand elle est
un acte de foi en cette miséricorde (…) [424].
Cette approche augustinienne devait déboucher sur trois vo-
lets inséparables. Par une confessio fidei (« confession de foi »),
le fidèle professe sa foi en Jésus-Christ et le Credo qui l’intègre
dans l’Église. Suit alors une confessio peccati (« confession du
péché ») : parce qu’il a foi en Dieu, le fidèle regrette sincèrement
les fautes qui ne l’ont pas rendu digne de ce qu’il professe.
Enfin, la confessio laudis (« confession de la louange », ou « ac-
tion de grâce ») est l’exultation du fidèle, relevé par le pardon
de Dieu, dont il proclame les louanges (425). Selon ce mode,
la confession n’était pas seulement une recherche de la faute,
mais une reconnaissance de filiation par l’éclairage complet de
la conscience, dans le bien comme dans le mal.
À partir du XIIIe siècle, l’Église changea son regard sur le laï-
cat. Plutôt que de proposer uniquement aux fidèles une vie de
perfection spirituelle dans le monastère, c’est-à-dire dans la fuite
du monde, on valorisa désormais une intériorisation de la piété
permettant de rester dans le monde et d’y vivre selon l’Évangile,
notamment dans le mariage. Parallèlement, on tenta de
convaincre les laïcs de se rapprocher et de Dieu et d’eux-mêmes
par la communion plus régulière et la confession annuelle, dé-
cision fondamentale du concile de Latran IV (1215) :
Tout fidèle des deux sexes, après avoir atteint l’âge de discrétion
[c’est-à-dire de raison], confessera fidèlement tous ses péchés au
moins une fois par an à son curé, s’efforcera, dans la mesure de
– 328 –
L’ÉGLISE CONTRE LES LIBERTÉS INDIVIDUELLES
– 329 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 330 –
L’ÉGLISE CONTRE LES LIBERTÉS INDIVIDUELLES
– 331 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 332 –
L’ÉGLISE CONTRE LES LIBERTÉS INDIVIDUELLES
– 333 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 334 –
L’ÉGLISE CONTRE LES LIBERTÉS INDIVIDUELLES
Vers la modernité…
Il est généralement acquis que l’époque moderne fut celle
d’une conception nouvelle de la personne et de son intériorité.
Les réformateurs, et à leur suite les protestants eux-mêmes, ont
assuré que la Réforme du XVIe siècle avait appris aux chrétiens
à avoir un lien direct à Dieu, sans intermédiaire clérical.
Comme nous l’avons montré, c’est faire peu de cas des déve-
loppements du monachisme, de la devotio moderna et du tho-
misme. Le catholicisme a toujours fait la promotion de la ren-
– 335 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
contre directe avec Dieu, quand bien même le clergé est indis-
pensable dans l’action sacramentelle. Il est certain, en revanche,
que la vision moderne du « moi » dans son rapport au monde
diffère de la perception catholique (444).
À partir de la Renaissance, la conscience de l’autonomie de
l’individu quitta le cercle étroit des théologiens, voire des mys-
tiques, pour se généraliser aux classes érudites et lettrées, sans
encore pénétrer bien sûr les catégories populaires. Mais la raison
de ce phénomène est à attribuer aux progrès de l’instruction et
de l’alphabétisation, plus qu’au protestantisme. L’autoportrait
de Michel de Montaigne (✝ 1592), dans ses Essais, passe à juste
titre pour le premier texte subjectif moderne, ne devant rien à
l’introspection chrétienne, du moins en apparence : « J’ai une
âme toute sienne, accoutumée à se conduire à sa mode (…).
Cela m’a amolli et rendu inutile au service d’autrui, et ne m’a
fait bon qu’à moi » (445).
L’attitude chrétienne envers la personne et son unicité ne
fut pas remplacée dès le XVIe siècle par ces nouveaux courants
humanistes, mais elle connut au contraire un développement
inédit grâce à la diffusion des écoles, des séminaires et des col-
lèges dans toute l’Europe, notamment sous l’action des jé-
suites (446). La transmission de la culture classique relue à la
lumière de la foi par les clercs enseignants apporta à des géné-
rations entières de citadins une habitude de ce qu’on appelait
alors l’« examen de conscience », et dont la mise en forme la
plus achevée est à mettre au compte d’Ignace de Loyola
(✝ 1556), fondateur de la Compagnie de Jésus. Ignace propose
trois examens méthodiques par jour, lesquels culminent dans
un examen général :
Le premier point est de rendre grâces à Dieu, notre Seigneur,
des bienfaits que nous avons reçus. Le deuxième, de demander
la grâce de connaître nos péchés et de les bannir de notre cœur.
– 336 –
L’ÉGLISE CONTRE LES LIBERTÉS INDIVIDUELLES
– 337 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
449. Lettres à la Présidente Brûlart, juin 1606 et juin 1607, citées par Huot de
Longchamp, La Vie dévote, p. 164-166.
– 338 –
L’ÉGLISE CONTRE LES LIBERTÉS INDIVIDUELLES
– 339 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 340 –
L’ÉGLISE CONTRE LES LIBERTÉS INDIVIDUELLES
– 341 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 342 –
L’ÉGLISE CONTRE LES LIBERTÉS INDIVIDUELLES
– 343 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 344 –
L’ÉGLISE CONTRE LES LIBERTÉS INDIVIDUELLES
La sexualité sanctifiée
Avec le Nouveau Testament, la révolution sexuelle initiée par
le judaïsme se confirme et s’accentue. Dans sa généalogie, rap-
pelée au début de l’Évangile de Matthieu, Jésus s’inscrit dans
l’héritage biologique de ses ancêtres et assume tous les débor-
dements et les perversions sexuelles de ses prédécesseurs : Rahab
la prostituée, David le meurtrier par concupiscence, Salomon
aux centaines d’épouses. Or, le dernier chapitre du même Évan-
gile vient transfigurer ce lignage et ouvrir une nouvelle fécon-
dité, spirituelle et non générationnelle : « le repentir en vue de
la rémission des péchés [est] proclamé à toutes les nations » (Lc
24, 47).
Le Christ, contrairement aux rabbins de son époque, n’est
pas marié. Son célibat n’entraîne pourtant aucune mysoginie
ni pudibonderie, puisqu’on le voit entouré de femmes, et il ne
repousse pas la pécheresse venue oindre ses pieds d’huile et les
453. Ainsi, la femme ne doit pas être touchée pendant les règles ni durant les
sept jours qui suivent afin de se redécouvrir dans un temps de fiançailles.
– 345 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 346 –
L’ÉGLISE CONTRE LES LIBERTÉS INDIVIDUELLES
– 347 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 348 –
L’ÉGLISE CONTRE LES LIBERTÉS INDIVIDUELLES
– 349 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 350 –
L’ÉGLISE CONTRE LES LIBERTÉS INDIVIDUELLES
– 351 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 352 –
L’ÉGLISE CONTRE LES LIBERTÉS INDIVIDUELLES
– 353 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 354 –
L’ÉGLISE CONTRE LES LIBERTÉS INDIVIDUELLES
– 355 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 356 –
L’ÉGLISE CONTRE LES LIBERTÉS INDIVIDUELLES
– 357 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 358 –
L’ÉGLISE CONTRE LES LIBERTÉS INDIVIDUELLES
481. « Amour se dit principalement de cette violente passion que la nature in-
spire aux jeunes gens de divers sexes pour se joindre afin de perpétuer l’espèce.
Il s’est marié par amour, c’est-à-dire désavantageusement et par l’emportement
d’une aveugle passion », cf. Dictionnaire universel d’Antoine Furetière, 1690.
– 359 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 360 –
L’ÉGLISE CONTRE LES LIBERTÉS INDIVIDUELLES
483. Prière de la femme enceinte, composée par l’humaniste Godeau (cité par
Bremond, Histoire littéraire, t. 1, p. 303).
484. Autobiographie, XXIX, 13.
– 361 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 362 –
L’ÉGLISE CONTRE LES LIBERTÉS INDIVIDUELLES
– 363 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 364 –
L’ÉGLISE CONTRE LES LIBERTÉS INDIVIDUELLES
– 365 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
La femme antique
Dans la Grèce antique, les femmes sont silencieuses, confi-
nées au gynécée et n’ont que les droits que leur père puis leur
époux veulent bien leur donner. Elles assurent la pérennité de
la cité par la maternité, mais leur intimité n’intéresse pas les
sources, toutes rédigées par des hommes. En liant la sexualité
et la religion – l’orgasme étant une émanation du divin –, le
monde antique développa des pratiques d’aliénation des
femmes, ainsi les jeunes prostituées de Corinthe et d’Éphèse.
À Rome, le statut des femmes semble s’améliorer (488). Le
mariage, qui est un contrat, et le divorce impliquent leur libre
consentement. Les Romaines gèrent leurs biens et, dans des cas
exceptionnels, peuvent même répudier leur époux. Pour autant,
le pater familias a tout pouvoir sur elles, l’adultère féminin est
plus strictement puni que celui de l’homme, qui pratique très
souvent le concubinage. Comme en Grèce, elles peuvent sacri-
fier aux dieux, mais cèdent la place à un homme si elles viennent
en famille au temple. Les Vestales sont un exemple unique dans
l’Antiquité, puisque ce groupe de femmes de l’élite sociale veille
sur le feu sacré de la cité, assumant ainsi un rôle religieux et ci-
vique essentiel. À Rome, toute la question des relations conju-
gales se pose en termes juridiques. Par exemple, le problème de
– 366 –
L’ÉGLISE CONTRE LES LIBERTÉS INDIVIDUELLES
– 367 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 368 –
L’ÉGLISE CONTRE LES LIBERTÉS INDIVIDUELLES
La révolution chrétienne
Les femmes sont omniprésentes dans les Évangiles. Si les per-
sonnages masculins monopolisent les rôles socialement valori-
sant (souverains, gouverneurs, chefs de synagogue, riches mar-
chands, etc.), en revanche les femmes n’ont rien à leur envier
pour la grandeur de la foi et la place auprès de Jésus. L’évangé-
liste Luc semble même avoir construit son texte comme une al-
ternance d’épisodes où un homme et une femme, tour à tour,
jouent le rôle principal à côté du Christ. Après la guérison d’un
démoniaque à Capharnaüm (4, 31-37) vient celle de la belle-
mère de Pierre (4, 38-39). Après la guérison du serviteur du
centurion (7, 1-10), le récit évoque la pitié de Jésus envers la
– 369 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 370 –
L’ÉGLISE CONTRE LES LIBERTÉS INDIVIDUELLES
– 371 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 372 –
L’ÉGLISE CONTRE LES LIBERTÉS INDIVIDUELLES
son statut juridique d’être mineur face à son père et son mari.
L’Empire restait romain malgré tout. Les filles célibataires,
condamnées à des amendes durant les persécutions pour les em-
pêcher de se vouer au Christ par leur virginité, furent désormais
autorisées à entrer au monastère. Les femmes de l’aristocratie
romaine s’avérèrent des soutiens essentiels des premières com-
munautés monastiques. En 415, lorsque Jean Cassien fonda le
monastère d’hommes de Marseille, il le doubla d’une fondation
féminine.
La législation romaine qui, avant la christianisation, était
assez favorable aux femmes quant à la gestion de leurs biens,
fut réinterprétée afin de défendre d’abord la femme mariée. En
330, on décida que l’épouse restait propriétaire des dons faits
par son futur époux au moment des fiançailles. À l’égard des
enfants à naître, la conscience chrétienne de la valeur sacrée de
toute vie humaine poussa à abandonner le droit paternel de vie
et de mort sur l’embryon et le nouveau-né, mais aboutit en 318
à punir de mort toute femme infanticide.
La christianisation modifia profondément l’approche de la
femme romaine. Le culte de la Vierge se répandit et donna à la
nature féminine une dignité inégalité dans l’Histoire. Lors du
concile d’Éphèse (431), Marie fut déclarée eotokos, « Mère
de Dieu », l’unique être humain à avoir participé directement
au salut du monde. Fermant les temples à prostitution sacrée,
le christianisme proclama l’exigence radicale du respect du corps
de la femme. Ainsi, l’écrivain et apologète Tertullien (✝ 222)
voulut développer une morale spécifique dans son livre De l’or-
nement des femmes :
Mes très chères sœurs, vous devez vous distinguer des païennes
autant dans vos habits que vous vous en distinguez dans tout le
reste, parce que vous devez être parfaites comme votre Père cé-
leste est parfait (489).
Le propos vise à éviter les vêtements trop voyants, à ne pas
suivre la mode, à sortir voilée dans les rues pour ne pas attirer
– 373 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
490. S. Tunc, Brève Histoire des chrétiennes, Paris, Cerf, 1989 ; R. Gryson, Le mi-
nistère des femmes dans l’Église ancienne, Gembloux, Duculot, 1972.
– 374 –
L’ÉGLISE CONTRE LES LIBERTÉS INDIVIDUELLES
– 375 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 376 –
L’ÉGLISE CONTRE LES LIBERTÉS INDIVIDUELLES
– 377 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 378 –
L’ÉGLISE CONTRE LES LIBERTÉS INDIVIDUELLES
– 379 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 380 –
L’ÉGLISE CONTRE LES LIBERTÉS INDIVIDUELLES
– 381 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 382 –
L’ÉGLISE CONTRE LES LIBERTÉS INDIVIDUELLES
La rupture de la Renaissance
Les historiens notent qu’après le XIIIe siècle, et surtout avec
la fin du Moyen Âge, s’opéra un raidissement en défaveur des
femmes. La guerre et l’insécurité remirent le mâle à l’honneur.
Lors de la Renaissance, le retour à l’Antiquité, parallèlement à
la remise en cause de l’Église catholique, renforça cette dégra-
dation du statut féminin. Les monarchies européennes, en lutte
contre la papauté, adoptèrent le droit romain dans leur législa-
– 383 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 384 –
L’ÉGLISE CONTRE LES LIBERTÉS INDIVIDUELLES
– 385 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 386 –
L’ÉGLISE CONTRE LES LIBERTÉS INDIVIDUELLES
– 387 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 388 –
L’ÉGLISE CONTRE LES LIBERTÉS INDIVIDUELLES
– 389 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 390 –
L’ÉGLISE CONTRE LES LIBERTÉS INDIVIDUELLES
– 391 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 392 –
L’ÉGLISE CONTRE LES LIBERTÉS INDIVIDUELLES
Conclusion
– 393 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 394 –
Épilogue
– 395 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 396 –
Abréviations
CEC : Catéchisme de l’Église catholique, Paris, Mame-Plon, 1992.
DEFV : Dictionnaire des évêques de France au vingtième siècle, dir.
D.-M. Dauzet, F. Le Moigne, Paris, Cerf, 2010.
DTC : Dictionnaire de éologie catholique, 20 vol., Paris, Letouzé
et Ané, 1967-1972.
EU : Encyclopædia Universalis, Paris, 1989.
PL : Patrologia latina, dir. J.-P. Migne, 1844-1855.
VTB : Vocabulaire de théologie biblique, dir. X. Léon-Dufour,
Paris, Cerf, 1995 (rééd.).
– 397 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
Bibliographie
Abécassis A., La Pensée juive, t. 1 : Du désert au désir, Paris, Li-
brairie Générale française, 1987.
Aegerter E., Les Hérésies du Moyen Âge, coll. « Mythes et Reli-
gions », Paris, Leroux, 1939.
Alberigo G. (dir.), Les Conciles œcuméniques, 3 t., Paris, Cerf, 1994
(trad. fr.).
Alphandéry P., Dupront A., La Chrétienté et l’Idée de croisade,
Paris, Albin Michel, 1995 (rééd.).
Aillet C., Tixier E., Vallet E. (dir.), Gouverner en Islam, Xe-XVe siè-
cle, Neuilly, Atlande, 2014.
Alverny M.-T. (d’), La Connaissance de l’islam dans l’Occident mé-
diéval, Londres, Variorum Reprints, 1994.
Alverny M.-T. (d’), La Transmission des textes philosophiques et
scientifiques au Moyen Âge, Aldershot, Variorum Reprints, 1994.
Amann E., « L’Adoptianisme espagnol du VIIIe siècle », in Revue
des Sciences Religieuses, n° 16, 1936, p. 281-317.
Ancelet-Hustache J., Maître Eckhart et la mystique rhénane, Paris,
Seuil, 2000.
Arkoun M. (dir.), Histoire de l’Islam et des musulmans en France,
Paris, Albin Michel, 2006.
Aynard L., La Bible au féminin, de l’ancienne tradition à un chris-
tianisme hellénisé, Paris, Cerf, 1990.
Aurell M., Girbea C. (dir.), Chevalerie et christianisme aux XIIe et
XIIIe siècles, Rennes, PUR, 2011.
Azcona T. (de), Isabel la Católica, estudio critico, Madrid, Ed. Ca-
tolica, 1964.
Baldwin J., Paris 1200, Paris, Aubier, 2006.
Banniard M., Genèse culturelle de l'Europe, Ve-VIIIe siècle, Paris,
Seuil, 1989.
Barbiche B., « Depuis quand la France est-elle la Fille aînée de
l’Église ? », in Bulletin de la Société nationale des antiquaires de France, 2008.
Barbiche B., « Fille aînée de l’Église », in Dictionnaire historique
de la papauté, Levillain Ph. (dir.), Paris, Fayard, 1994, p. 676-677.
Barkaï R. (éd.), Chrétiens, musulmans et juifs dans l’Espagne mé-
diévale. De la convergence à l’expulsion, Paris, Cerf, 1994.
Batiffol P., Le Catholicisme de saint Augustin, Paris, J. Gabalda,
1920.
– 398 –
BIBLIOGRAPHIE
– 399 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 400 –
BIBLIOGRAPHIE
– 401 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 402 –
BIBLIOGRAPHIE
– 403 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 404 –
BIBLIOGRAPHIE
– 405 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 406 –
BIBLIOGRAPHIE
– 407 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 408 –
BIBLIOGRAPHIE
– 409 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 410 –
Index
Les noms de lieux sont notés en italique.
– 411 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 412 –
INDEX
– 413 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 414 –
INDEX
– 415 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 416 –
INDEX
Mussolini (Benito) : 67, 77, 298-299 158, 160, 202, 206, 239-240, 251,
Naïn : 370 315-318, 346-349, 371
Namur : 199 Paul VI (pape) : 129, 210, 306, 363-
Nantes : 268 364, 391
Napoléon Bonaparte : 230, 271 Pavie : 55, 246, 258
Napoléon III : 246 Pays-Bas (Hollande) : 59, 70, 75, 261
Narbonne : 180, 187 Péloponnèse : 16
Nazareth : 45, 231 Péguy (Charles) : 296
Nevers : 169 Pépin Ier d’Aquitaine (roi) : 248
Newman (John Henry, cardinal) : Pépin le Bref (roi) : 28, 102, 203,
100 246, 278-279
Nicée : 95-6, 149, 161, 179, 241, Périgord : 36
277-278 Perpétue (sainte) : 372
Nicolas de Cues : 225-226, 231 Perse : 156, 161, 215
Nicolas Eymerich : 189, 191 Pétain (Philippe) : 71-72, 74
Nicolas Oresme : 136 Pétrarque (Francesco) : 137
Nîmes : 59 Philippe II Auguste (roi) : 112, 170,
Ninus (roi) : 24 279, 378
Noé : 24, 74 Philippe de Harvengt : 106
Normandie : 181 Philippe III (roi) : 36
Norwich : 165 Philippe IV le Bel (roi) : 166, 195,
Nuremberg : 22 256-257, 280, 384
Odon de Cluny : 34 Philippe le Bon (duc) : 379
Odon de Saint-Maur : 35 Philippe Ier (roi) : 249, 378
Origène : 19, 89, 124, 128 Philippe-Égalité (duc d’Orléans) : 281
Orléans : 181 Pic de la Mirandole (Jean) : 137
Osée : 239 Pie II (pape) : 226, 229
Otton de Freising (évêque) : 223 Pie IV (pape) : 56
Otton Ier (empereur) : 246, 249 Pie IX (pape) : 172, 275, 281, 284-
Ovide : 101, 104 286, 298, 301
Oxford : 116 Pie VII (pape) : 271-272
Ozanam (Frédéric) : 275-276, 281 Pie X (pape) : 293-296
Palestine : 40, 95-96, 155, 157, 208, Pie XI (pape) : 66, 297-304
216 Pie XII (pape), Eugenio Pacelli : 6,
Pamiers : 193 66-67, 75-77, 152, 297, 299, 363
Paris : 15, 36, 55-57, 72, 106-107, Pierre (apôtre) : 19, 130, 156-158,
111-113, 116-117, 134, 136-137, 202, 206, 219, 240-241, 246, 251,
165, 170, 182, 195, 200, 230, 267, 253, 256, 265-266, 268, 277, 282,
271, 275-276, 282, 326, 329, 379, 369
382, 384, 386, 395 Pierre Abélard : 109, 111, 182
Pascal (Blaise) : 142-143, 145, 265 Pierre Cauchon (évêque) : 196
Paul Alvaro : 215 Pierre de Bruys : 183-184
Paul de Tarse (saint) : 94, 146, 157- Pierre de Corbeil : 110
– 417 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 418 –
INDEX
– 419 –
Table des matières
Introduction .........................................................................9
– 421 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
– 422 –
TABLE DES MATIÈRES
IV - Adhésion monarchique
et compromissions politiques .....................................237
Une préférence monarchique ?.....................................238
La Sainte Alliance du trône et de l’autel........................238
La coopération des pouvoirs
aux dépens de l’Église (Ve-Xe siècles) ............................243
La Réforme grégorienne
(milieu XIe-milieu XIIe siècle).......................................249
La concurrence des deux glaives ...................................252
Les désillusions face à la monarchie
(XVIe-XIXe siècle).........................................................260
L’Église de la Contre-Réforme
et le principe monarchique...........................................260
Les attaques de la monarchie ........................................267
Tourbillon des Révolutions,
déception des Restaurations .........................................269
La France, Fille aînée de l’Église ?.................................276
Piège des totalitarismes,
écueil des démocraties (fin XIXe-XXe siècle) ...............281
Les réticences face à la démocratie ................................281
Le Ralliement et les doutes...........................................286
La perte des attaches politiques ....................................294
L’Église face aux idéologies totalitaires .........................298
La démocratie, une conviction chrétienne ?..................305
Conclusion ...................................................................309
– 423 –
LE GÉNIE HISTORIQUE DU CATHOLICISME
La généralisation de l’introspection
individuelle (XIIe-XIVe siècle) ......................................325
L’autonomie de la nature et de l’éthique (XIIIe siècle) ..333
Vers la modernité… .....................................................335
Une sexualité bridée ?...................................................340
Le sexe libre sous l’Antiquité ? ......................................340
La sexualité sanctifiée ...................................................345
Une sexualité conjugale heureuse ? (XIe-XIIIe siècle).....350
Libertinage et puritanisme modernes ...........................359
La liturgie des corps .....................................................362
Des femmes sans âme ..................................................366
La femme antique ........................................................366
La révolution chrétienne ..............................................369
La femme a-t-elle une âme ?.........................................376
L’apogée des femmes au Moyen Âge ? ..........................377
La rupture de la Renaissance ........................................383
Ambiguïtés du rapport moderne
à la femme (fin XVIIIe-XIXe siècle)...............................387
Les questions actuelles..................................................389
Conclusion ....................................................................393
Épilogue ...........................................................................395
Abréviations......................................................................397
Bibliographie ....................................................................398
Index ................................................................................411
Table des matières.............................................................421
– 424 –
Achevéd’imprimer
le8septembre2016
enlafêtedelaNativitédelaVierge,
surlespressesdel’imprimerieISIPRINT,
15,rueFrancisdePressensé,
93210LaPlaineSaint-Denis
Dépôtslégauxàparution.