Dissertation
Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, 1791
Sujet :
Dans son Discours de la servitude volontaire, Étienne de La Boétie écrit : « Soyez donc résolus à ne plus servir et vous serez libres
». En quoi ce propos correspond-il à l'idée portée par Olympe de Gouges dans la Déclaration des droits de la femme et de la
citoyenne ?
Vous répondrez à cette question dans un développement organisé, en vous appuyant sur la Déclaration des droits de la femme et
de la citoyenne, sur les textes que vous avez étudiés dans le cadre du parcours associé, et sur votre culture personnelle.
Introduction :
« Soyez donc résolus à ne plus servir et vous serez libres », écrit Etienne de La Boétie au XVIe s. L’auteur
humaniste dénonce la servitude volontaire des individus de son époque, et appelle ses concitoyens à ne plus se
soumettre docilement à une autorité qui ne cherche qu’à les contrôler. Deux siècles plus tard, l’écrivaine Olympe de
Gouges tient un discours similaire au sujet des femmes : elle considère que celles-ci sont soumises au pouvoir des
hommes, qui se comportent en despotes avec elles, mais elle leur reproche aussi de ne pas se révolter contre cet
état. En quoi le propos d’Etienne de La Boétie, correspond-il à l'idée portée par Olympe de Gouges dans la
Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne ? Nous montrerons d’abord que l’œuvre d’O.de Gouges est un
appel à ne plus servir, nous verrons ensuite que par son œuvre, l’autrice cherche à proclamer la liberté pour les
femmes, puis nous découvrirons qu’à travers son œuvre, O.de Gouges promeut d’autres droits pour les femmes et
promeut la liberté pour les esclaves.
I. L’œuvre d’Olympe de Gouges, la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne , est en effet un appel à ne
plus « servir ».
1. La DDFC est un pamphlet contre l’oppression masculine sur les femmes.
Dans le texte « Homme, es-tu capable d’être juste », qui précède la Déclaration, ODG s’adresse
directement aux hommes dans un texte polémique et véhément, et les accuse d’outrepasser leurs droits et
d’opprimer le sexe féminin en se comportant en « despotes ». Elle emploie de nombreux impératifs dans le texte
pour enjoindre les hommes à observer ce qui se produit dans la nature, pour y découvrir qu’une telle inégalité entre
sexes n’existe pas chez les autres espèces. Elle accuse les hommes d’avoir profité des acquis de la Révolution seuls,
sans laisser les femmes prendre la place qu’elles méritent dans la société, les condamnant à servir, comme sous
l’Ancien Régime.
Dans le « Postambule », OdG évoque le mariage comme « le tombeau de la confiance et de l'amour. » Elle
montre que les femmes n’ont aucun droit dans le mariage, perdent tout moyen de subsistance si leur mari les quitte.
Elles ne font donc que « servir » l’homme sans contrepartie.
2. La DDFC est aussi une œuvre appelant les femmes à la révolte.
Dans le « Postambule », OdG écrit : « Femme, réveille-toi ; le tocsin de la raison se fait entendre dans tout
l'univers ; reconnais tes droits. » Elle s’adresse dans ce texte aux femmes, sur un ton véhément, pour les « réveiller »
et les appeler à la révolte contre l’oppression dont elles sont victimes. Elle leur montre qu’elles ont servi les hommes
en les aidant à « briser leurs fers » pendant la Révolution, allusion au rôle fondamental qu’ont joué les femmes dans
la Révolution française. Elle cherche à montrer aux femmes qu’elles n’ont rien obtenu de la Révolution, sinon « un
mépris plus marqué, un dédain plus signalé ». Leur seul rôle a été de servir la cause des hommes, sans en retirer un
seul avantage.
C’est ce que refuse OdG et qu’elle signale avec force dans ce texte puissant, pour que les femmes réalisent
qu’elles ne doivent plus seulement servir, mais défendre leurs propres droits. Sous l’Ancien Régime comme après la
Révolution, elles ont agi pour la cause des autres, ont exercé leur pouvoir clandestinement, mais n’ont rien obtenu :
« ce sexe autrefois méprisable et respecté, et depuis la Révolution, respectable et méprisé ».
3. Olympe de Gouges s’appuie sur la reine de France pour l’enjoindre à soutenir son combat pour les femmes, afin
que la reine aide les femmes de France à ne plus seulement « servir ».
Dans l’adresse initiale à la Reine, OdG s’adresse directement à Marie-Antoinette dans une épître dédicatoire
destinée à la persuader de soutenir son texte et de faire en sorte qu’il soit présenté au vote à l’Assemblée nationale.
Elle s’adresse à la reine en tant que femme de pouvoir, en lui demandant d’empêcher une contre-révolution, mais
aussi en tant que femme, en aidant les femmes françaises à conquérir des droits qu’elles n’ont pas, afin qu’elles ne
soient plus seulement obligées de servir. Pour la convaincre, elle lui promet la reconnaissance de la moitié de la
population.
II. L’œuvre d’Olympe de Gouges est également une œuvre qui cherche à proclamer la liberté des femmes dans la
société post-révolutionnaire.
1. Olympe de Gouges écrit une œuvre législative, destinée à promouvoir la liberté des femmes.
Olympe de Gouges rédige en 1791 une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne sur le modèle
de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. Il s’agit d’une réécriture, ou d’un pastiche, qui reprend
et transforme les articles de 1789. Ainsi, dans l’article 1, elle écrit : « La Femme naît libre et demeure égale à
l'homme en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune. ». Elle pose le
principe de liberté en premier. Dans l’article 2, on peut lire : « Le but de toute association politique est la
conservation des droits naturels et imprescriptibles de la Femme et de l'Homme : ces droits sont la liberté, la
propriété, la sûreté et surtout la résistance à l'oppression ». Là encore, la liberté des femmes est la première
revendication de l’autrice. Dans l’article 4, elle écrit que « La liberté et la justice consistent à rendre tout ce qui
appartient à autrui ; ainsi l'exercice des droits naturels de la femme n'a de bornes que la tyrannie perpétuelle que
l'homme lui oppose. » Olympe de Gouges revendique ainsi la liberté des femmes, hors de toute oppression
masculine.
2. Olympe de Gouges montre que la liberté des femmes est un atout pour l’ensemble de la société.
Dans le « Préambule » de la Déclaration, elle écrit que « les réclamations des Citoyennes, fondées désormais
sur des principes simples et incontestables, tournent toujours au maintien de la Constitution, des bonnes mœurs, et
au bonheur de tous. ».
Dans l’article 11, elle écrit que la « libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus
précieux de la femme, puisque cette liberté assure la légitimité des pères envers les enfants. ». Elle transforme
l’article de la DDHC pour le placer sur le terrain de la reconnaissance des enfants. La liberté d’expression des femmes
est revendiquée, et elle pour effet d’apporter davantage de transparence sur l’origine des enfants, puisqu’une femme
peut ainsi avoir la possibilité de dire qui est le père de son enfant.
III. Outre la liberté, l’œuvre d’Olympe de Gouges veut développer d’autres droits pour les femmes mais aussi pour
d’autres populations opprimées.
1. La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne est un texte complet, destiné à ouvrir de nombreux
droits aux femmes de la société post-révolutionnaire.
Les articles de la DDFC proposent d’accorder de nombreux droits aux femmes. Si Olympe de Gouges
transpose certains articles de la DDHC au féminin, en indiquant que les droits imprescriptibles de l’homme doivent
s’appliquer aux femmes, elle en réécrit d’autres pour que les femmes puissent accéder à un statut amélioré dans la
société. Ainsi, elle propose que les femmes aient un libre accès à des fonctions auxquelles elles n’ont jusqu’alors pas
droit, dans l’article XIII notamment, ou qu’elles puissent exprimer librement leur opinion (l’article 10 est assez
provocateur : « la femme a le droit de monter sur l'échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la
tribune »).
2. Olympe de Gouges se soucie aussi de la liberté et des droits des esclaves, sur lesquels elle écrit.
Dans la dernière partie de son œuvre, Olympe de Gouges évoque le sort des esclaves. Elle s’érige contre les
violences exercées dans les colonies et dénonce la barbarie de l’esclavage : elle considère que « les colons
prétendent régner en despotes sur des hommes dont ils sont les pères et les frères » et que la liberté doit régner en
Amérique comme en France.
De même, c’est un sujet qu’elle aborde dans une de ses œuvres théâtrales, Zamore et Mirza, qui met en
scène des esclaves évoquant eux-mêmes leur sort, et dénonçant l’absence de liberté dont ils sont victimes.
Conclusion :
Olympe de Gouges, comme Etienne de La Boétie, appellent les individus à ne plus servir et à être résolus
dans ce combat. En effet, l’œuvre d’Olympe de Gouges se caractérise par sa véhémence, elle exhorte les femmes à se
révolter contre une oppression injuste. Son but est de permettre à une moitié de la population de conquérir les
droits que la Nature lui a donnée et que l’homme lui a ôtée. Parmi ces droits fondamentaux se trouve la liberté,
valeur centrale qu’elle défend pour les femmes mais aussi pour les esclaves d’Amérique dont elle se préoccupe.
Ouverture : sur d’autres combats / sur l’évolution des droits des femmes.