FIFIELSKA Emilia M2R Linguistique
FIFIELSKA Emilia M2R Linguistique
FIFIELSKA Emilia M2R Linguistique
Je remercie aussi Monsieur Olivier Kraif pour son aide dans les aspects
informatiques de mon mémoire.
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Sommaire
Introduction ....................................................................................................................................................... 8
Partie 1 - L’écrit scientifique sous différentes perspectives ............................................................................. 9
CHAPITRE 1. GENRE ET ECRITS SCIENTIFIQUES ..................................................................................... 120
1. VARIATION ET GENRE ................................................................................................................. 120
2. LANGUE GENERALE ET LANGUE DE SPECIALITE .......................................................................... 142
3. L’ARTICLE SCIENTIFIQUE COMME UN GENRE ............................................................................... 164
CHAPITRE 2. CARACTERISTIQUES LINGUISTIQUES DE L’ECRIT SCIENTIFIQUE ....................................... 19
1. GENRE ET L’ANALYSE SYNTAXIQUE .............................................................................................. 19
2. CARACTERISTIQUE DU DISCOURS SCIENTIFIQUE SELON DES TRAVAUX PRECEDENTS ..................... 21
3. CONSTRUCTIONS SYNTAXIQUES .................................................................................................. 276
4. LE MODELE DE CONSTRUCTION ADOPTE...................................................................................... 293
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Introduction
Le présent mémoire s’inscrit dans les travaux du laboratoire LIDILEM de
l’Université Stendhal 3 de Grenoble sur l’écrit scientifique et, plus précisément, dans la
continuité des travaux du projet Scientext. Ce projet avait pour objectif principal d’étudier
les marques de positionnement dans l’écrit scientifique. À cette fin, on a constitué un
corpus des écrits scientifiques de français et d’anglais qui comprend plusieurs disciplines
(appartenant aux sciences humaines, sciences expérimentales et sciences de l’ingénieur) et
plusieurs genres (articles scientifiques, thèses, actes de colloques, écrits d’étudiants). Le
corpus ainsi constitué permet aux linguistes et aux didacticiens de mener des recherches
sur les caractéristiques linguistiques de l’écrit scientifique .
Selon Rinck (2010), il existe deux types d’approches dans l’étude du discours
scientifique :
Les premières interrogent l’activité scientifique et montrent l’intérêt de le faire à travers les
signes et les textes qu’elle produit. Les secondes visent à décrire les caractéristiques
linguistiques du discours scientifique et éclairent ainsi l’activité scientifique et la manière dont
elle se construit à travers ses discours. (Rinck, 2010, p. 429).
Dans notre travail, nous nous situons dans la deuxième approche : en discernant
des caractéristiques de l’écrit scientifique, nous voudrions mener une réflexion sur la façon
dont la langue scientifique se construit et sur les fonctions pragmatiques de l’écrit
scientifique.
L’écrit scientifique est un écrit de spécialité. Or, les langues de spécialité sont
d’habitude envisagées de point de vue terminologique ou lexicologique. Dans notre
perspective, il s’agit de se concentrer sur l’aspect syntaxique, tout en prenant en compte les
propriétés sémantiques qui y sont associées. Plus précisément, nous essayerons de repérer
les constructions surreprésentées dans l’écrit scientifique grâce à l’exploitation du corpus
Scientext. Ensuite, nous décrirons ces constructions en analysant leurs constituants et leur
environnement distributionnel. Dans un dernier temps, nous chercherons à comprendre
pourquoi ces structures apparaissent fréquemment dans l’article scientifique, en identifiant
leurs fonctions pragmatiques, discursives ou stylistiques.
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et le fonctionnement de ce type de discours. Il s’agit d’étudier les constructions
syntaxiques en sciences humaines et sociales (économie, sociologie, sciences politiques,
sciences de l’éducation, sciences de l’information, psychologie, linguistique, histoire,
géographie, anthropologie) en nous basant sur le corpus Scientext. Notre étude peut être
donc classifiée comme relevant de la syntaxe avec des analyses sémantiques et de la
linguistique du corpus.
Notre mémoire s’organise en cinq chapitres. Les deux premiers concernent les
apports théoriques : nous réfléchirons sur des notions synonymiques telles que la variation,
le registre, le genre et leur rapport à l’écrit scientifique, sur la relation entre langue non
spécialisée et langue de spécialité, sur l’article scientifique vu comme un des genres, sur le
rapport entre le genre et la syntaxe. Après avoir répondu à ces questions, nous relèverons
quelques traits morphosyntaxiques de la langue scientifique en nous basant principalement
sur les travaux de Kocourek (1982) et de Biber (2006), deux auteurs qui ont eu une
réflexion sur la syntaxe dans la langue scientifique. Nous nous intéressons aussi aux
approches grammaticales nécessaires pour modéliser nos données, en particulier les
modèles du lexique grammaire et de la grammaire de constructions. Ils nous faciliteront
également la tâche de construction de notre propre modèle d’analyse des constructions. Le
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chapitre suivant concernera la méthodologie : nous décrirons brièvement le corpus choisi et
les heuristiques nous permettant de mettre en évidence les propriétés des constructions.
Ensuite, nous procéderons à l’analyse des constructions. La première partie sera consacrée
à l’aspect quantitatif (chapitre 4) et nous indiquerons le nombre d’occurrences et le résultat
relatif à la taille du corpus de chaque construction analysée. Par la suite, grâce à notre
modèle, nous décrirons les constructions trouvées et nous essayerons de décrire leurs
fonctions pragmatiques, communicationnelles, discursives et stylistiques (chapitre 5).
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Partie 1
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Chapitre 1. Genre et écrits scientifiques
Pour notre travail sur les constructions de l’écrit scientifique, il nous faut aborder la
question du discours scientifique en nous servant des termes de variation, genre, langue de
spécialité. Chacune de ces notions fait ressortir des caractéristiques différentes de la langue
scientifique, ce qui nous permettra d’aborder le sujet de notre étude sous des angles divers.
Dans un premier temps, nous allons discerner les notions de variation et de genre.
1. Variation et genre
Pratiquement toute description linguistique comporte une variation de la langue
générale, la variation se produisant lorsqu’une langue naturelle s’actualise en discours
(Desmet, 2006). La notion de variation entraîne d’autres termes souvent synonymiques et
ambigus comme niveau de langage, genre, registre, style. En vue de notre objectif de
recherche, à savoir l’écrit scientifique, nous allons nous servir principalement du terme «
genre ». Néanmoins, les autres termes susmentionnés peuvent aussi servir à caractériser la
nature du discours scientifique.
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ibidem.), toutes les deux traitent très souvent les mêmes phénomènes linguistiques. Les
liens entre le diaphasique et le diastratique peuvent être retrouvés dans le cas de la langue
scientifique : l’écrit scientifique, qui entre dans la variation diaphasique, n’est pas toujours
accessible aux classes sociales défavorisées (le domaine du diastratique). Il y a
évidemment une relation étroite entre l’appartenance à un milieu social et la capacité à
maîtriser la variation diaphasique : « plus le niveau socioculturel est placé haut dans la
hiérarchie des niveaux, plus l’éventail des registres tend à s’ouvrir et à se nuancer »
(Bourquin, 1965 cité par Gadet, 1996, p. 22).
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d’activités humaines ; pour cela, la langue ne peut pas être conçue séparément de domaine
d’activité :
Each separate utterance is individual, of course, but each sphere in which language is used
developed its own relatively stable types of the utterances. These we may call speech genres.
(Bakhtine, 2004, p. 60)
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En ce qui concerne le statut des langues de spécialité, nous adoptons le point de
vue de Kocourek définissant la langue de spécialité comme « une sous-langue de la langue
dite naturelle » (Kocourek, 1982, p.13.) Selon lui, la langue de spécialité est un des
systèmes sémiotiques au sein du discours de spécialité (qui comprend aussi les ensembles
signifiants non linéaires tels que figures ou graphiques et les langages artificiels, p.ex. le
langage symbolique).
Contrairement à Kocourek ou Spillner (1992) qui, lui aussi, attribue à la notion de
langue de spécialité des différences à tous les niveaux de la langue, certains chercheurs
n’accordent pas à la langue de spécialité la place d’une sous-langue et préfèrent parler des
vocabulaires ayant des « emplois particuliers du français et de ses variétés, qui font appel,
pour la prononciation, la morphologie et la syntaxe, au fonds de la langue commune ». (B.
Quemada, 1978, cité par Calberg-Challot, 2008, p.78).
Selon Gaudin (1995), la notion de langue de spécialité est difficile à définir sans
avoir recours à d‘autres termes également flous. Pour lui, la langue de spécialité est une
notion de sens commun et, comme telle, elle n’est utile que dans la pratique quotidienne.
Faute, selon lui, d’études comparatives qui permettraient d’identifier des différences
strictement linguistiques dans la diversité du discours de spécialité, il s’oppose à cette
notion. D’après lui, malgré l’existence des vocabulaires particuliers qui ont principalement
la fonction identitaire d’une collectivité, la division en langues de spécialité n’est qu’un
artefact qui assouvit une « manie classificatoire » (Gaudin, 1995, p.231). C’est une attitude
opposée aux propositions de Lerat selon qui « la dénomination de langue de spécialité
souffre d'induire une fragmentation et une marginalisation qui sont contre-intuitives »
(Lerat, 1995, p. 19). C’est pour souligner une grande diversité au sein du concept langue
de spécialité que Lerat a préféré le pluriel et le terme de langues spécialisées.
De notre côté, nous soutenons que la fonction communicative de la langue de
spécialité, qui veut rendre chaque message le plus univoque possible, implique des choix
spécifiques de tous les niveaux de la langue. Outre la fonction communicative, chaque
langue de spécialité a ses propres fonctions et se concentre sur une réalité extralinguistique
différente, des choix linguistiques qui se différencient d’une langue de spécialité à l’autre.
C’est pourquoi nous partageons le point de vous de Lerat en ce qui concerne la pluralité de
langues spécialisées et la position de Kocourek qui attribue au langage scientifique un
statut d’une sous-langue en se détachant des approches limitant les langues de spécialité à
des vocabulaires spécifiques.
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3. L’article scientifique comme genre
Le discours scientifique appartient à un genre complexe selon la division
bakhtinienne entre genres simples et genres complexes. (Freyremuth, 2011, p. 174). Les
premiers se sont formés lors de l’activité orale spontanée. Ils pénètrent et modifient des
genres complexes qui, à leur tour, surviennent principalement dans des activités plutôt
évoluées comme les domaines artistiques, scientifiques, sociopolitiques. Ainsi, entrent
dans des genres complexes, outre le discours scientifique, le conte, le roman, le théâtre, le
discours idéologique, le discours du droit, le discours de la médecine, le discours
journalistique.
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a) Une communauté de discours a des objectifs publics communs qui sont partagés
par ses membres. Ces objectifs peuvent être explicites, rédigés sur papier ou ils
peuvent être plus tacites. C’est le partage de l’objectif et pas du sujet qui est un
critère essentiel de la distinction d’une communauté de discours, même si le
premier implique très souvent le second.
b) Une communauté de discours a un système d’intercommunication entre ses
membres. Ce système peut prendre des formes diverses : des rencontres, des
télécommunications, de la correspondance, des newsletters, des conversations.
Swales souligne l’importance de ce critère : même si les personnes opèrent dans
le même milieu et concentrent leurs énergies sur les mêmes activités, les mêmes
buts, on ne peut pas considérer qu’il s’agit d‘une communauté de discours si
elles n’interagissent entre elles.
c) Le but principal de la participation dans une communauté de discours est
d’échanger des informations. Cela permet d’assurer les objectifs secondaires
d’une communauté de discours comme améliorer de la performance d’une
équipe de football, faire de l’argent dans une maison de courtage ou développer
les moyens permettant de mieux cultiver les roses dans un club de jardinage ou,
dans le cas du langage scientifique, produire des connaissances ou comprendre
des phénomènes en vue des applications fonctionnelles.
d) Une communauté de discours utilise et donc possède un ou plusieurs genres
dans la poursuite de ses objectifs de communication. Un genre est créé par des
attentes discursives d‘une communauté de discours : des sujets pertinents, la
forme, la fonction et le positionnement des éléments discursifs, le rôle qu’un
texte joue au sein d’une communauté de discours.
e) Une communauté a acquis un certain lexique spécifique. Ce lexique peut être
partagé par d‘autres communautés, il peut être également hautement spécialisé,
mais le plus fréquemment ce phénomène passe par le développement
d‘abréviations et d‘acronymes spécifiques. Le lexique spécifique d‘une
communauté assure la communication efficace entre experts.
f) Une communauté de discours a un seuil de membres avec un degré approprié
d’expertise qui fournissent un contenu pertinent et possèdent une compétence
discursive. La survie d’une communauté dépend de la proportion adéquate entre
les novices qui entrent comme apprentis et les experts.
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L’article scientifique reste le genre du discours scientifique le plus étudié. De fait,
il est le moyen d’échange le plus courant entre les chercheurs et pour cela, il est facilement
accessible et abordable pour les études sur le discours scientifique écrit. C’est d’ailleurs le
genre du discours scientifique proposé pour la recherche sur le discours scientifique par
Swales (1990) en tant que texte hiérarchiquement organisé divisé en sections séparées. Le
but principal de l’article scientifique est celui de transmettre les résultats de recherche. Le
texte devrait donc être neutre et objectif. Or, on peut attribuer au discours scientifique la
fonction rhétorique de convaincre et de persuader, et donc une certaine partie de
subjectivité (Grossmann et Tutin, 2013, Hyland, 2009, Fløttum et al., 2006,) : l’auteur de
l’écrit scientifique veut diffuser ses propos au sein des autres membres de la communauté
scientifique. Cet aspect persuasif implique une autre caractéristique de l’article
scientifique, à savoir sa dimension interactionnelle : l’auteur s’appuie sur des recherches
antérieures et il polémique contre elles en dialoguant avec d’autres spécialistes de la
branche. Outre cela, nous voyons l’aspect interactionnel dans le dialogue implicite avec le
lecteur : l’auteur essaie de réfuter des reproches présumés avant qu’ils lui soient présentés;
c’est ce que nous pourrions appeler le dialogisme interlocutif (Grossmann et Tutin, 2010).
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Chapitre 2. Caractéristiques linguistiques de l’écrit scientifique et
modèles descriptifs.
Ce chapitre va être consacré aux questions liées à la grammaire. D’abord, nous
allons aborder les liens entre le genre linguistique et l’analyse syntaxique. Ensuite, nous
passerons aux travaux précédents sur la syntaxe dans le discours scientifique pour, nous
concentrer ensuite sur les approches grammaticales qui nous permettront d’effectuer notre
propre analyse des constructions. Nous présenterons enfin notre modèle de description des
constructions.
La grammaire et la stylistique se rejoignent et se séparent dans tout fait de langue concret qui,
envisagé du point de vue de la langue, est un fait de grammaire, envisagé du point de vue de
l’énoncé individuel est un fait de stylistique. Rien que la sélection qu’opère le locuteur d’une
forme grammaticale déterminée est déjà un acte stylistique. Ces deux points de vue sur un seul
et même phénomène concret de langue ne doivent cependant pas s’exclure l’un l’autre, ils
doivent se combiner organiquement (avec le maintien méthodologique de leur différence) sur
la base de l’unité réelle que représente le fait de langue […]. (Bakhtine, 1986 : 272, cité par
Adam, 2011, p. 116).
Bien qu’il y ait des linguistes qui, comme Bakhtine, aient déjà attiré l’attention sur
l’interdépendance des choix grammaticaux et le type de discours, les études portant sur les
relations entre genres du discours et grammaire ne sont pas nombreuses. (Krazem, 2011)
Même si certains syntacticiens se sont penchés sur un genre pour confirmer ou restreindre
une règle grammaticale, la plupart d’entre eux ont ignoré les genres du discours. Pourtant,
certains linguistes comme Krazem (2011) ont une approche différente ; dans leurs
explications de certains phénomènes linguistiques, ils s’appuient très souvent sur les
genres, au point d’en utiliser les termes, comme dans : présent de narration, présent sportif,
infinitif de prescription, imparfait forain (Krazem, 2011). Les linguistes de la tradition
bakhtinienne ont estimé que ce sont les faits de langues, à savoir les points de grammaire,
qui sont indispensables à la description du genre. Selon eux, l’analyse des genres
dépourvue de son aspect grammatical relève plutôt de la science de la communication, de
la sociologie que de la linguistique.
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Les langues de spécialité ne constituent pas un système grammatical à part, mais ils
utilisent celui de langue générale. Entre les deux, ce n’est pas une rupture, mais un
continuum (Lerat, 1955 : 20). Comme l’exposent Sager, Dungworth et McDonald (1980),
il s’agit donc plutôt du degré de l’occurrence de certains marqueurs grammaticaux:
The nature of language is such that general language and special languages can be
accommodated within one natural language: the fundamental characteristics of language are
manifested both in English and in the language of chemical engineering, both in French and in
the language of physics. The differences between general and special languages is a difference
of degree rather than kind: the degree to which the fundamental characteristics of language are
maximised or minimized in specal languages. (Sager et al., 1980, p.38, cité par Pic et
Furmaniak, 2010, p.2-3)
Ainsi, certains des marqueurs peuvent être plus fréquents, ou, à l’inverse, presque
absents dans une langue de spécialité. Ils peuvent également changer de valeur comme
c’est le cas des modaux en anglais juridique qui très souvent perdent leur valeur
épistémique (Pic & Furmaniak, 2010).
Plusieurs chercheurs (Petitjean (1989), Rastier (2001), Krazem (2011), Adam
(2011)) soulignent l’impossibilité de classification des genres à partir des caractères
formels étant donné que ces caractères ne surviennent pas tous dans même temps, p.ex. un
seul article scientifique ne comprend pas tous les caractères formels d’article vu comme un
genre. C’est pourquoi il faudrait appuyer la classification sur « des groupements d’attributs
d’importance variable » et pas sur « la recherche de critères définitoires en termes de
conditions nécessaires et suffisantes » (Adam, 2011 : 117). La présence de certains
schémas syntaxiques ne caractérise pas un genre d’une manière univoque ; le même
schéma peut aussi apparaître dans des genres bien éloignés l’un de l’autre. C’est pourquoi
il faut toujours s’interroger sur la fonction pragmatique de l’énoncé et ne pas intérpreter le
texte en se basant uniquement sur un schéma syntaxique apparu (Freyermuth S., p. 185).
De fait, la présence de certaines constructions grammaticales peut dissimuler un autre
genre. Ainsi, un texte romanesque peut prendre forme d’un genre procédural (une recette
de cuisine ou une instruction) grâce au recours au mode injonctif et l’introduction de
l’instance de l’allocutaire. Malgré ces ressemblances formelles, le genre est régi par
d’autres critères et requiert une autre interprétation.
La fréquence élevée d’un fait de langue dans un texte donné n’est pas un facteur
suffisant pour distinguer un genre (Beacco, 2004). À côté d’une consistance et d’une
régularité de l’apparition du fait linguistique dans un genre, il faut prendre en compte sa
représentativité, c’est-à-dire le caractère d’indicateur d’un genre. C’est ce que Beacco
20
appelle le caractère signalétique socialement ancré du marqueur linguistique d’un genre,
telle la tournure Il était une fois qui désigne tout de suite un conte malgré sa seule
occurrence dans le récit.
Un des linguistes contemporains saillants reliant la notion du genre et celle de la
grammaire est Biber (2006). En se servant de grands corpus, il repère les faits de langue
ayant une fonction communicative spécifique et étant sur- et sous-représentés. Biber a
travaillé au sein du projet TOEFL 2000 Spoken and Written Academic Language (T2K-
SWAL), projet qui devait répondre à la nécessité d’une norme externe pour évaluer la
représentativité des matériaux ESL/EFL (English as a Second Language/Englis as a
Foreign Language). La première partie du projet consistait en la construction d’un corpus
qui comprenait les registres universitaires oraux et écrits, toutes les principales disciplines
universitaires et tous les niveaux académiques. Dans son corpus, Biber a aussi inclus des
registres « institutionnels », comme les manuels, les brochures, les pages web présentant
les cursus, les groupes d’études, les rencontres avec le personnel. Ensuite, il a analysé les
indices formels, ainsi que la distribution du vocabulaire et des ensembles lexicaux en
prenant en compte les différences associées au registre, à la discipline et au niveau
académique. La troisième étape du projet consistait à développer des outils de diagnostic
qui analysent des caractéristiques linguistiques d’un texte et, par conséquent, ces outils
permettent d’évaluer dans quelle mesure un texte est représentatif d’un registre ciblé.
Ainsi, il établit une typologie de genres tels que les genres à haute densité d’information,
les genres narratifs, les genres persuasifs.
Tout comme Bakthine, nous pensons qu’il est indispensable de prendre en compte
l’aspect grammatical lors de l’étude linguistique du genre. Nous soutenons que la
fréquence de certains marqueurs linguistiques, ainsi que leur valeur, peut changer selon un
genre étudié. De plus, il serait opportun qu’une étude de ce type advienne à l’aide du
corpus comme l’a initié Biber pour le langage scientifique. Dans la section suivante, nous
mentionnerons quelques traits du discours scientifique relevés dans des travaux précédents.
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(1982, désormais KOC), University Language : A corpus based study of spoken and
written registers de D. Biber (2006, désormais BIB), ainsi que sur les travaux réalisés dans
le cadre du projet Scientext : le travail sur le lexique verbal et positionnement de l’auteur
dans les articles en sciences humaines (Tutin, 2010) et sur la phraséologie
transidisciplinaire des écrits scientifiques (Tran, 2014). Bien entendu, on peut souligner des
divergences entre ces recherches : Kocourek analyse la langue française et il se concentre
uniquement sur l’écrit alors que Biber s’occupe de la langue anglaise avec une perspective
plus large car il prend en compte la variation diamésique et il relève des divergences entre
des disciplines différentes. De plus, les deux ouvrages se distinguent par un écart temporel
assez important de plus de trente ans. Au plan méthodologique, Kocourek a parcouru les
textes en les étudiant manuellement, leur nombre était restreint, tandis que Biber se base
entièrement sur des méthodes intformatisées basées sur des corpus sous format
élecrtronique. Malgré cela, en ayant recours à ces deux ouvrages, nous essayerons de
capter quelques traits du langage scientifique que nous explorerons plus en détail par notre
étude de corpus. Notre travail est en grande partie au départ intuitif et c’est grâce au corpus
que nous vérifierons nos hypothèses. Ce répertoire nous permettra, donc, de faire un petit
bilan de l’état des choses actuelles et poser des hypothèses pertinentes. Nous avons divisé
les traits en trois groupes : aspects lexicologiques, aspects syntaxiques et grammaticaux,
aspects textuels.
1) Aspects lexicologiques
En ce qui concerne la sémantique des noms, les substantifs abstraits constituent la moitié
de tous les noms tant dans des registres écrits que dans des registres oraux. (BIB) Parmi
ceux-ci, les noms qui ont trait aux fonctions intellectuelles de l’esprit (« mental nouns » :
decision, experience, conclusion, expectation, observation, recognition, assumption Biber,
2006, p.53) sont plus fréquents dans des disciplines liées aux sciences humaines. De plus,
les sciences humaines ont recours à des noms hautement spécialisés. Dans les textes de
gestion et dans les textes d’ingénierie, on retrouve plutôt des noms concernant des concepts
et des processus abstraits. Les textes d’ingénierie se caractérisent aussi par un grand
nombre de noms concrets et l’absence des noms animés. Cela reflète la spécificité de ce
type des textes. De fait, ils décrivent des entités de la vie quotidienne en termes techniques.
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b) Sémantique des verbes
Une des disciplines les plus productives quant aux verbes est la linguistique (BIB). Elle
utilise particulièrement les verbes renvoyant aux opinions, aux intentions, à la
démonstration, aux résultats et aux choix effectués. La psychologie, qui utilise beaucoup
moins de verbes, utilise ceux qui renvoient à la dimension expérimentale : les verbes
d’hypothèse, de résultats et d’opinion. Dans les sciences de l’éducation, ce sont des verbes
d’intention, d’opinion, de question et de résultats qui sont les plus fréquents (Tutin, 2010).
Ils permettent d’exprimer les motivations et les raisons d’être de la recherche.
a) Parties de discours
D’après Biber (2006), dans les registres écrits, la partie de discours la plus utilisée est celle
des noms. (BIB) Les verbes ne transmettent pas beaucoup d’informations, car leur fonction
primaire et de lier de longues et complexes propositions nominales alors que les registres
parlés utilisent le même nombre de noms et de verbes. Les adjectifs sont utilisés le plus
souvent dans les registres écrits, tandis que les adverbes sont favorisés dans les registres
parlés. Dans les registres parlés, les noms sont plus simples et l’utilisation des pronoms et
plus récurrent qu’à l’écrit.
b) Temps verbaux
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KOC observe un phénomène similaire : c’est le présent qui prédomine dans des écrits
scientifiques (85 % de toutes les formes verbales), 10 % des occurrences étant réservées au
passé composé et au futur ; le reste est réparti entre les autres temps et modes. Le futur et le
passé composé permettent de créer des liaisons intraphrastiques. Pour cela on trouve
souvent le futur dans des introductions (p.ex. « Nous n’envisagerons ici que le pétrole
nouveau à découvrir », Kocourek, 1982, p. 51) et le passé composé dans les conclusions
(« Cette étude nous a permis de compléter les données physicochimiques disponibles. »
Kocourek, 1982, p. 51).
Les autres chercheurs relèvent le même phénomène : Hoffmann (1976) constate que l’écrit
scientifique perd son rapport temporel concret. Il y a également ceux qui soulignent son
caractère aspectuel : « une perspective atemporelle » de Vigner et Martin (cité par
Kocourek, 1982, p.51).
c) Passif et actif
Tout comme le présent, la voix active est un choix non marqué dans des écrits
scientifiques. Tous les registres parlés utilisent les phrases verbales à la voix active plus de
95 % du temps (BIB). En revanche, les registres universitaires écrits démontrent un plus
grand emploi de la voix passive : 20 % de toutes les phrases verbales. En ce qui concerne
les disciplines, comme le démontre Biber, c’est l’ingénierie qui a le plus recours à la voix
passive (presque 30 % de toutes les phrases verbales).
d) Pronoms
Dans la communication écrite, le système des pronoms est assez restreint. (KOC)
Les pronoms de la deuxième personne tu et vous sont quasiment absents. L’auteur, lui,
n’emploie que très rarement je (réservé plutôt aux textes moins formels et aux écrits-parlés
et utilisé en linguistique, Flottum et al., 2006) qui est remplacé par nous, soi-disant nous de
modestie. Pourtant, nous dans l’écrit scientifique peut avoir aussi les autres emplois :
24
termes (...) doivent être considérés comme des potentiels effectifs » (Kocourek, 1982,
p.50) ; dans un autre type de texte notons serait plutôt remplacé par notez).
Le pronom on, qui désigne des êtres humains d’une façon indéfinie et
impersonnelle, joue un rôle important dans des textes écrits scientifiques. Tout comme
nous, le pronom on représente l’auteur ou des auteurs, avec ou sans inclusion du
destinataire. Tutin (2010) a démontré le lien entre l’emploi des pronoms personnels et la
prise de position par l’auteur : plus les verbes expriment une position marquée, moins ils
sont assumés par l’auteur. Ainsi, les verbes d’opinion et d’évaluation sont le plus souvent
introduits par les pronoms on et nous inclusifs, pendant que les pronoms exclusifs sont
plutôt utilisés avec les verbes indiquant un apport scientifique ou une intention. Par
ailleurs, les pronoms inclusifs accompagnent les verbes à fonction évidentielle qui
démontrent le déroulement de la recherche, comme le verbe voir et ont une fonction
dialogique forte.
e) Structures complexes
« La comparaison des cartes de distribution des prises de bonites à celle de la salinité de surface montre des
relations très nettes entre l’importance des prises et la salinité » (Kocourek, 1982, p.53)
Nous voyons que la complexité de la phrase résulte des syntagmes nominaux qui
peuvent remplir diverses fonctions : sujet, complément d’objet, attribut, circonstant,
25
modificateur. La phrase citée est constituée de deux syntagmes nominaux principaux (avec
les noyaux : comparaison et relations) qui peuvent être analysés en des syntagmes moins
complexes. De fait, Kocourek observe pour la langue française la même chose que Biber
pour la langue anglaise : une forte présence des nominalisations dans les phrases des écrits
scientifiques.
Un autre trait syntaxique est la prédominance du type déclaratif sur les autres
types des phrases (KOC). Les phrases interrogatives sont principalement restreintes à deux
emplois possibles:
Selon Kocourek, le type de cohérence le plus fréquent de l’écrit scientifique est la reprise
des liens sémantiques des phrases voisines. Cela se fait très souvent en recourant à la
répétition partielle d’un élément (grâce aux articles définis ou aux démonstratifs ce, cette,
ces) ou à son remplacement complet (remplacement du nom spécifique par son
hypernomyme, toujours en employant le démonstratif ou l’article défini).
26
La cohérence interphrastique peut être également d’ordre grammatical quand on a recours
aux pronoms, déterminants, conjonctions. Le plus récurrent, pourtant est l’emploi
anaphorique des pronoms et des déterminants qui remplacent un syntagme d’un syntagme
précédent, p.ex. :
« Les matériaux composites à fibres sont souvent utilisés du fait que, pour la même résistance ou le même
module, ils sont nettement plus légers que les matériaux traditionnels, par exemple les métaux. C’est- à-dire
que leurs propriétés spécifiques sont souvent d’importance majeure (...) » (Kocourek, 1982, p.40).
Kocourek mentionne aussi des unités de liaisons (conjonctions, adverbes, locutions) qui
aident à maintenir la cohérence intraphrastique. Les unités de liaisons de Koocurek sont les
connecteurs de Biber. Selon lui, ils servent à lier des phrases, les parties du discours entre
eux, et ils en indiquent les relations logiques et fournissent un cadre interprétatif pour
l’auditeur/le lecteur. Les connecteurs peuvent être divisés en marqueurs du discours et
adverbes de liaison. Les premiers (p.ex. well, so, ok) sont utilisés dans des registres parlés.
Les adverbes de liaison peuvent être considérés comme un système parallèle au discours
marqueurs qui, cette fois, fonctionnent plutôt dans des registres écrits. À ce point, nous
voudrions mentionner le travail de Tran (2014). Dans sa recherche, en se limitant aux
unités polylexicales, elle a distingué les marqueurs métadiscursifs et les marqueurs
logiques. Les premiers ont un rôle d’organisation textuelle participant à la structure globale
du texte, les deuxièmes sont des marqueurs à fonction argumentative qui contribuent à
établir le lien interne du texte.
3. Constructions syntaxiques
Pour notre recherche, qui consiste à repérer et à décrire les constructions
surreprésentées dans l’écrit scientifique, nous allons nous pencher sur les courants
syntaxiques qui, d’une certaine façon, relient la syntaxe et la sémantique; nous partons de
27
l’idée qu’une construction grammaticale, au-delà de la forme, contribue au sens transmis
par le message. Nous choisissons essentiellement deux modèles qui s’inscrivent dans ce
courant : le lexique-grammaire et les grammaires de construction.
A. Le lexique-grammaire
Le lexique-grammaire, dont les idées principales ont été formulées pendant les
années 70 par M. Gross (1975), est une approche syntactico-sémantique. Elle se base sur
l’hypothèse que les relations entre les diverses structures syntaxiques subissent de fortes
contraintes lexicales. La description syntaxique devrait donc contenir, à côté de règles
générales, des précisions de type lexical : quel mot exige, autorise ou interdit l’emploi de
quelle règle. (Gardent C. et al., 2005).
La description consiste à repérer toutes les constructions et les distributions des
items lexicaux concernés : verbes, noms prédicatifs et adjectifs. Plus précisément, pour
donner un exemple, il y a une classification dans des groupes de tables de tous les verbes
simples du français selon leurs propriétés syntaxiques et distributionnelles. Les lignes de
tables correspondent aux items lexicaux et les colonnes aux propriétés syntaxiques ou
sémantiques; à chaque croisée il y a un signe « + » si le verbe possède la propriété ou « – »
dans le cas contraire. S’il existe des doutes concernant l’acceptabilité d’une construction,
elle est considérée comme correcte:
Les exemples cruciaux étant de manière générale les séquences inacceptables, une première
tactique a été, en cas d’hésitation sur l’entrée d’un élément dans une structure et d’absence
d’une argumentation de niveau supérieur à celui du jugement empirique ponctuel, de
considérer comme mal formée une structure qui ne l’est pas est pour nous plus grave que le
risque inverse, inacceptable pour le puriste, d’accepter une structure « non recommandable ».
(cité par Yannick Mathieu, 2009, p. 8).
Le français est un français standard, révélé essentiellement par introspection, et vérifié, pour
certains exemples douteux, par enquête auprès de locuteurs d’appartenance sociolinguistique
voisine; les grammaires et ouvrages de linguistique traditionnels ainsi que les dictionnaires
nous ont également fourni de nombreux exemples. (cité par Yannick Mathieu, 2009, p. 9).
28
auxquelles elles sont applicables. (Ibrahim A., 2010). De plus, les mécanismes formels de
la grammaire, qui créent une prédication, ont eux aussi une valeur sémantique.
Pendant les premiers vingt ans, le travail sur le lexique-grammaire était plutôt
descriptif pour pouvoir être exploité dans la réalisation effective, voire pour la conception
de structures de données et d’algorithmes pour l’analyse syntaxique ce qui advient des le
début des années 1990. Finalement, pour la langue française, on compte 15 000 entrées de
verbes simples et, si on compte les autres fragments (noms prédicatifs, phrases figées,
adverbes figés), le nombre s’élève à 15 000 entrées. (Laporte, E. 2005).
Cette approche n’est pas basée sur corpus, contrairement à la nôtre, mais le
classement du lexique-grammaire démontre la structure des constructions les plus
significatives, leurs propriétés distributionnelles et transformationnelles. Cependant, les
tables du lexique-grammaire ne sont pas exhaustives et elles ne prennent pas en compte les
fonctions discursive ou rhétorique.
29
Pour sa recherche Yan a défini le patron verbal comme:
une construction autour du verbe et dont ce verbe fait partie ; cette construction composée de
plus de deux mots est associée à un sens clair du verbe ; chaque élément du patron verbal se
forme sous une structure syntagmatique ; chaque valence ayant une valeur sémantique
comprend des ensembles lexicaux de noms ou d’autres mots qui sont souvent des synonymes.
(Yan, 2013, p.23)
Yan a limité sa recherche aux patrons verbaux des 20 verbes « pleins » (sans les
verbes auxiliaires, les verbes modaux, les verbes support) les plus fréquents dans l’écrit
scientifique. Son outil principal de repérage des patrons était le corpus Scientext, grâce
auquel, elle a examiné des contextes dans les concordances de ces 20 verbes. Après une
première observation, Yan a repéré les structures syntaxiques caractéristiques pour le verbe
recherché (il fallait plus de vingt occurrences d’une structure pour que le verbe soit repéré).
Une fois les structures syntaxiques dégagées, on passait à leur examen : on discernait les
propriétés sémantiques des éléments constituants:
2. [[Personne]] le sait (ADV [[Quantité| logique| temps]]) (dans des phrases à incise)
Nous voudrions signaler les ressemblances de l’étude de Yan avec la nôtre puisque
nous nous concentrons aussi sur l’aspect syntaxico-sémantique des constructions. La
différence consiste dans l’approche : Yan part des lexèmes concrets et elle recherche
ensuite des constructions syntaxiques plus générales d’un lexème en repérant en même
temps certaines classes sémantiques de ses constituants ; nous partons des constructions
générales et seulement alors, nous repérons les lexèmes qui font partie de cette
construction avec les fonctions discursives et pragmatiques des constructions.
30
C. Grammaires de constructions
Un modèle plus récent associant la forme et les sens est celui de la famille des
grammaires de constructions qui recouvrent l’ensemble des modèles et de théories qui
assument comme une unité fondamentale du langage la construction, c’est-à-dire une entité
qui associe strictement le sens et la forme. Les modèles grammaticaux des grammaires de
constructions tirent leurs origines des propositions de la linguistique cognitive. (Pukicka,
2008). Parmi les représentants les plus éminents dès leur début jusqu’à des temps plus
récents, on peut mentionner : R. Langacker (Cognitive Grammar 1987, 1991, 1997), Ch.
Fillmore et P. Kay (Construction Grammar, 1988, 1993) A. Goldberg (Cognitive
Construction Grammar, 1995, 2006) et W. Croft (Radical Construction Grammar (2001).
Desagulier G. (2007) voit dans les grammaires de construction une réaction des
cognitivistes aux théories générativistes de la syntaxe et, en même temps, le retour aux
théories linguistiques de Saussure ; de fait, tous les deux convergent sur la nature mentale
et conventionnelle du signe linguistique. Dans les deux approches, l’image
graphique/acoustique du signe et le concept sont présents uniquement dans l’esprit du
locuteur, le signe n’ayant pas de référent objectif dans la réalité.
Selon Mathieu (2003), une construction, qui est une notion purement théorique,
permet de créer des « constructs », c’est-à-dire des éléments de la langue : les mots, les
syntagmes, les phrases. Elle rapproche les GCx de la grammaire générative en tant
qu’ « un ensemble de constructions hiérarchisées (y compris les mots) qui peuvent être
unifiées pour créer l’ensemble des phrases acceptables d’une langue, mais qui ne génèrent
aucune phrase non acceptable. » (Mathieu, 2003, p. 43)
Desagulier (2007) en se référant à la conception du signe saussurien, définit une «
construction » comme « un symbole intrinsèquement porteur de sens » (Desagulier, 2007,
p. 1). Pour lui, c’est une unité de base. En tenant en compte les propos d’un des
représentants des GCx, Goldberg, il rappelle qu’une construction est une « entité
indépendante » (cité par Desagulier, 2007, p. 1).
En s’appuyant sur la théorie de G. Lakoff, François (2008) définit quant à lui les
constructions comme des paires conventionnalisées forme-sens qui « constituent un
inventaire structuré et ils sont liées mutuellement par des généralisations systématiques,
des relations d’héritage et des liens de catégorisations. » (François, 2008, p.8). Une
construction peut être valide, si elle satisfait trois conditions:
31
b. Sa forme ne se laisse pas (complètement) dériver d’autres formes ;
c. Sa sémantique n’est pas (complètement) compositionnelle.
Dans le cadre des grammaires cognitives, nous voudrions introduire le projet The
Swedish Construction (Lyngfelt et al., 2012), basé sur FrameNet qui, à son tour, est réalisé
à l’International Computer Science Institute à Berkeley en Californie. Le projet s’appuie
sur la Sémantique des frames de Fillmore (Fillmore, 1976), frames étant définis comme
structures cognitives associées au processus de compréhension. La thèse principale de la
Sémantique de frames est que nous ne serions pas capables de comprendre un énoncé sans
les connaissances indispensables relatives à cet énoncé, p.ex. pour comprendre le verbe
vendre, il est essentiel de connaître la situation de transfert commercial, à savoir la relation
entre le vendeur et l’acheteur, la relation entre l’argent et les marchandises, les relations
entre le vendeur et les biens et ainsi de suite. Une des caractéristiques du projet The
32
Swedish Construction est la prise en compte du scénario d’une construction donnée dans
ce cadre.
33
l’activitié et le résultat de l’activité. À côté de la valeur sémantique, on indique les
éléments grammaticaux ; la structure est également indiquée en termes purement
grammaticaux. Par la suite, la description contient des exemples authentiques, le
commentaire supplémentaire et les références aux matériaux utilisés lors de la description.
Nous nous inspirons de ce modèle pour décrire nos constructions, car il relie
l’aspect grammatical avec la sémantique tout en restant clair et compréhensible.
Cependant, comme nous l’indiquerons dans le chapitre suivant, nous voulions simplifier ce
modèle. Nous n’utilisons pas de rôles sémantiques et pas de métalangage formel.
Les ressources lexicales concernent plutôt les mots, tandis que les grammaires se
concentrent sur l’aspect morphologique ou syntaxique. Notre approche nous a amenée à
relier l’aspect sémantique et l’aspect grammatical des constructions analysées. Pour la
définition de la construction, nous nous appuyons sur celle fournie pas Lyngfelt et al.
(2012), travaillant pour le projet The Swedish Construction, selon qui :
Language consists to a quite large extent of semigeneral linguistic patterns, neither general
rules of grammar nor lexically specific idiosyncracies. Such patterns may be called
constructions.
34
Tout d’abord, nous indiquons la structure, à savoir les composants grammaticaux
d’une construction. Ensuite, dans la définition, nous élargissons cette description en
ajoutant des fonctions logiques des composants. La partie suivante concerne les propriétés
morphologiques : nous indiquons les propriétés stables des constituants de la construction.
La tête lexicale ce sont des éléments essentiels de la construction ; ce sont les lexèmes qui
apparaissent dans la construction dans les articles du corpus Scientext. Ils nous ont permis
de distinguer les fonctions de la construction. Ensuite, nous donnons des exemples puisés
dans le corpus. Dans le commentaire, nous complétons les informations, en précisons la
fonction rhétorique ou discursive de la construction et en indiquant le temps et le mode de
certains de ces constituants (ce qui très souvent, influence la sémantique de toute une
construction).
La tête lexicale ADJ : étonnant, évident, absurde, acceptable, banal, bon, clair,
commode, commun, difficile, erroné, excessif, fréquent, fructueux,
important, impossible, indéniable, indispensable, inintéressant,
35
intéressant, inutile, légitime, mauvais, nécessaire, optimal, piquant,
possible, probable, radical, rare, remarquable, sûr, significatif,
souhaitable, théorique, utile, vrai, vraisemblable
LES FONCTIONS
Exemples
Il est vrai que la rareté des exemples et les La construction remplit une fonction
mises en garde de l'auteur sur le caractère rhétorique ou discursive : elle sert à donner
non confessionnel de la majorité de ces de la valeur axiomatique aux thèses de
conflits empêchent d'énoncer des l’auteur de l’article ou elle permet
conclusions hâtives. [his-art-135-body] d’introduire un nouveau sujet. Elle permet
également de présenter les résultats de la
Il est en effet clair que ce ne sont pas
recherche : c’est pourquoi sa fréquence
toutes les données qui vont être pertinentes
relative est la plus élevée dans la
à chaque fois. [lin-art-38-body]
conclusion.
Cependant, il est évident que les électeurs
Le verbe est à l’indicatif présent.
d’origine étrangère votent davantage pour
des politiciens d’origine étrangère que ne le Le complément phrastique est à l’indicatif.
font la majorité des électeurs. [spo-art-153-
body]
36
Partie 2
Méthodologie
37
Chapitre 3. La recherche des constructions
Comme nous l’avons déjà mentionné dans la partie précédente, la plupart des
travaux sur l’écrit scientifique se concentrent sur les aspects lexicaux. Dans le cadre de
notre projet, nous avons essayé de repérer des constructions syntaxiques surreprésentées
dans l’écrit scientifique. En ce qui concerne l’aspect heuristique de notre recherche, après
avoir lu des travaux précédents sur le discours scientifique et, particulièrement, le travail
de Kocourek, nous avons lu des articles scientifiques dans le but d’identifier des
constructions potentielles. Nous avons listé des constructions susceptibles d’être
surreprésentées dans l’article scientifique. Comme outil vérificatif par la suite, nous avons
eu recours à deux corpus : un corpus d’écrits scientifiques et un corpus de contraste, à
savoir un corpus des textes journalistiques et littéraires. Le premier est le corpus Scientext
et le deuxième un corpus de presse disponible sur le site Scienquest.
1. Scientext
Le corpus Scientext comprend plusieurs corpus : des textes scientifiques en
français, les textes scientifiques en anglais, des écrits universitaires d’étudiants d’anglais
langue étrangère et des évaluations de communications. Nous nous sommes limitée à un
sous-ensemble du premier corpus, et, plus précisément au corpus élaboré par Tran (2014).
Il est composé d’articles appartenant à dix disciplines en SHS (linguistique, psychologie,
sciences de l’éducation, économie, sciences politiques, anthropologie, histoire, géographie,
sciences de l’information et de la communication, sociologie). Chaque discipline comporte
30 articles, sauf la psychologie et les sciences du langage qui contiennent 25 articles. La
constitution du corpus a été basée sur le classement des revues, à savoir le classement de
l’AERES (l’Agence de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur). Sa
classification comporte les notes A, B, C. Étant donné que c’est la note A qui assure une
bonne qualité des articles publiés, seules les publications de cette catégorie ont été
choisies. Pour assurer une certaine homogénéité du corpus, chaque discipline est
représentée par deux à trois revues. Comme une revue est consacrée à une question
spécifique des sous-domaines de chaque discipline, les articles proviennent des numéros
différents et des auteurs différents pour différencier la thématique.
Le corpus Scientext a été annoté structurellement avec le standard XML TEI Lite,
ce qui a permis de reconnaître les parties textuelles (introduction, conclusions, notes de bas
38
de page) et a été analysé au niveau de l’étiquetage morpho-syntaxique à l’aide de Syntex.
Ainsi, chaque forme comporte un lemme, une partie de discours, des traits
morphosyntaxiques (nombre, genre, temps, mode) et est reliée à d’autres mots par des
dépendances syntaxiques. Ce trait est pour nous particulièrement important : nous pouvons
rechercher des constructions plus générales, en nous basant aussi sur leur aspect
grammatical est pas seulement lexical.
3. Le traitement du corpus
Sur Scientext, nous vérifions nos hypothèses grâce aux requêtes. Scientext permet
trois types de recherche: la recherche sémantique (recherche à partir des grammaires créées
39
par l’équipe Scientext), la recherche libre et la recherche avancée. Nous démarrons en
utilisant la recherche libre:
À partir de la liste de lemmes, nous créons une variable ($adje). Ensuite, nous
l’incluons dans notre requête au lieu de la catégorie generale de l’adjectif:
40
$adje = étonnant, évident, absurde, acceptable, banal, bon, clair, commode,
commun, difficile, erroné, excessif, fréquent, fructueux, important, impossible, indéniable,
indispensable, inintéressant, intéressant, inutile, légitime, mauvais, nécessaire, optimal,
piquant, possible, probable, radical, rare, remarquable, sûr, significatif, souhaitable,
théorique, utile, vrai, vraisemblable
Cette requête nous donne 576 résultats. Ensuite, nous procédons au traitement
manuel du corpus : nous rejetons des résultats qui ne sont toujours pas pertinents en ce qui
concerne l’ordre des mots et nous vérifions s’il s’agit réellement de la construction
impersonnelle. Comme résultat, il nous reste 253 résultats qui correspondent à la
construction recherchée.
4. Les résultats
Les résultats sont affichés sous forme de concordancier qui présente les résultats à
l’aide d’un tableau avec les colonnes indiquant le numéro du résultat, le contexte gauche,
l’occurrence distinguée en rouge et en gris et le contexte droit :
Nous pouvons décocher les résultats qui ne sont pas pertinents pour notre
recherche. Ils deviennent alors gris. Nous pouvons changer également la manière
41
d’afficher les résultats en choisissant le nombre de mots du contexte : il peut aller de 5
mots jusqu’à 100 mots. Si nous avons besoin d’informations supplémentaires sur un
résultat précis, nous pouvons y accéder en cliquant sur l’occurrence. Nous voyons alors le
contexte plus large et, si nous le souhaitons, nous pouvons voir l’analyse syntaxique de
toute la phrase où se trouve notre construction. L’analyse syntaxique nous fournit les
informations concernant les dépendances syntaxiques entre les éléments particuliers, les
lemmes et les formes apparaissant dans la phrase, la catégorie à laquelle appartiennent un
mot et sa flexion. Une fois la recherche finie, nous pouvons la sauvegarder sous le format
CSV avec le codage UTF-8.
Outre les résultats sous forme de concordancier, Scientext nous donne accès à des
statistiques. Nous pouvons avoir la liste des lemmes qui sont classés sur la base de leur
fréquence dans le corpus. Nous pouvons également étudier la répartition des lemmes en ce
qui concerne la partie du texte (introduction, développement, conclusion, annexe, notes,
résumé) et la discipline scientifique ; Scientext nous présente leur nombre absolu et le
nombre relatif d’occurrences.
5. Le corpus de contraste
Comme corpus de contraste, nous avons choisi un autre corpus associé au site
Scienquest, à savoir l’Est Républicain qui contient 5 655 742 mots (22 textes). Ce corpus
contient des textes puisés dans un corpus plus grand, issu de la collaboration entre le
journal L’Est Républicain et le CNRTL qui est composé des fichiers, chacun comprenant
l’ensemble d’éditions du journal. L’Est Républicain est un journal local composé de trois
parties principales: pages internationales et nationales communes à toutes les éditions
locales, pages régionales communes aux éditions locales d‘une région (Vosges, Lorraine),
pages locales qui sont spécifiques de l’édition locale (Nancy, Pont-à-Mousson etc.). Kamel
Nebhi et Bertrand Gaiffe ont encodé le corpus en y ajoutant les modules core,
textstructure, header et figure. Achille Falaise, de l’équipe Scientext, après avoir choisi 22
textes de ce corpus, les a annotés avec les logiciels MElt et Malt. Grâce à cela, le corpus
est analysé morphosyntaxiquement et au plan syntaxique. En ce qui concerne notre
recherche, nous avons particulièrement apprécié le fait que les corpus au sein du Scientext
soient analysés syntaxiquement; ce qui nous a permis de vérifier nos hypothèses. De fait, le
corpus annoté morphosyntaxiquement et syntaxiquement donne au chercheur de nouvelles
possibilités d’exploitation : il permet de rechercher des constituants de la phrase par parties
42
de discours et par lemmes en établissant les relations syntaxiques entre des éléments; ils
permettaient également de préciser les traits morphosyntaxiques. L’annotation
morphosyntaxique et syntaxique élargit donc les possibilités de la linguistique de corpus en
permettant d’axer la recherche sur l’aspect grammatical, ce qui est essentiel dans notre
recherche.
Le corpus l’Est Répblicain est donc un corpus sur qui nous répéterons les mêmes
requêtes que celles que nous avons effectuées grâce au corpus Scientext. Ainsi, nous
connaîtrons la fréquence des mêmes constructions dans le corpus du langage scientifique et
le corpus de contraste. Cela nous permettra de tirer des conclusions concernant la
particularité des constructions dans l’écrit scientifique.
43
Pour que les résultats soient fiables, nous avons essayé d’être le plus proches
possible des requêtes effectuées sur Scientext. Dans ce but, nous passons à la recherche
avancée et nous affinons notre requête. Nous créons une variable contenant les mêmes
listes des lemmes extraits grâce à Scientext et nous l’insérons dans notre requête, p.ex. :
$ver = échapper, agir, aller, apparaître, appartenir, arriver, avérer, convenir, découler,
demeurer, devenir, devoir, donner, ensuivre, exister, faire défaut, faire, falloir, importer,
manquer, paraître, plaire, poser, pouvoir, provenir, réaliser, résulter, ramener, reconnaître,
recourir, ressortir, rester, sembler, sortir, suffire, valoir
Main = <form=il|Il,,#0>&&<lemma=$ver,,#1>&&<lemma=que,,#2> :: (suj,#1,#0)
(obj,#1,#2)
Pourtant, étant donné que chaque corpus était analysé syntaxiquement par un outil
différent, nous avons été contraints d’ajuster notre requête aux caractéristiques d’un corpus
donné. À cause de cela, nous pouvons rencontrer des différences au niveau des relations
syntaxiques.
Une fois les résultats des deux corpus obtenus, nous les avons comparés dans un
tableau. Nous avons confronté le nombre d’occurrences, ainsi que la fréquence relative (le
nombre d’occurrences divisé par le nombre des mots), qui correspond au nombre de
résultats pour la proportion sur 10 000 mots. Les résultats quantitatifs, ainsi que les
résultats qualitatifs sont présentés dans les chapitres suivants.
44
Partie 3
45
Chapitre 4. Les résultats quantitatifs
Dans ce chapitre, nous allons présenter les résultats obtenus grâce à notre recherche
sur les corpus. Le tableau suivant présente les résultats : nous y voyons le nombre
d’occurrences et la fréquence relative d’une construction dans le corpus scientifique
Scientext et dans le corpus de contraste l’Est Républicain.
46
Corpus scientifique Corpus de contraste Ratio
Construction Il + V + Il est
impersonnelle ADJ + que nécessaire 267 0,82 163 0,29 2,83
adjectivale que
Il + V + Il est
ADJ + de indispensable 1069 3,27 371 0,66 4,95
de
La longeur se
2150 6,58 1215 2,15 3,06
Constructions Pronominal
47
pronominales passif calcule...
passives simple
Passif Il a été
impersonnel démontré 41 0,13 19 0,03 4,33
passé que...
Infinitif
Autres Etre considéré 3192 9,78 1478 2,61 3,75
passif
constructions
Pour + inf. Pour obtenir 5462 16,73 11220 19,84 0,84
Impératif
en tête de la Notons 626 1,92 388 0,69 2,78
phrase
Prép. +
Selon lequel 2140 6,55 1151 2,04 3,21
lequel
Verbes
modaux + 10500 32,16 12691 22,44 2,83
inf.
48
Tableau 1 : L’occurrence réelle et relative des construction
49
Nous observons que les constructions les plus fréquentes à l’écrit scientifique, selon
leur fréquence relative, sont : le passif réduit, verbes modaux suivis de l’infinitif, pour
suivi de l’infinitif, l’impersonnel et le gérondif. Pourtant, pour avoir une vision plus claire
des caractéristiques de l’écrit scientifique, nous avons observé les constructions les plus
spécifiques de l’écrit scientifique, en utilisant le ratio entre le langage scientifique et
langage journalistique. Dans ce but, nous avons divisé la fréquence relative de chaque
construction du corpus Scientext par la fréquence relative de la même construction dans le
corpus des écrits scientifiques du Scientext.
La comparaison du ratio entre les deux corpus démontre que les constructions les
plus spécifiques de l’écrit scientifique sont les constructions impersonnelles, les
constructions passives impersonnelles et les constructions infinitives passives ( les trois
constructions prises séparément ce sont : le passif impersonnel présent, il + V + que, il + V
+ ADJ + de ). Ce qui est curieux toutefois est que la construction qui nous avait semblé très
typique pour l’écrit scientifique, à savoir, pour suivi de l’infinitif est la moins typique pour
l’écrit scientifique des constructions étudiées. Dans ce qui suit, nous avons choisi de nous
concentrer sur quelques constructions impersonnelles et passives infinitives.
50
Chapitre 5. La description des constructions
Dans ce chapitre, nous présenterons la description de quelques constructions
exemplaires selon le modèle présenté dans la partie méthodologique. Nous nous
concentrerons sur les constructions les plus représentatives selon l’analyse quantitative, à
savoir les constructions impersonnelles et passives.
1. L’impersonnel
Comme caractéristique principale des constructions à l’impersonnel, nous pouvons
indiquer l’abscence de la catégorie de la personne qui diminue l’agentivité dans le procès
exprimé. Ainsi, dans l’écrit scientifique, cela permet au chercheur de mettre accent sur des
actions scientifiques plutôt que sur les agents. De plus, dans certaines situations, ce type de
constructions permet de cacher son propre avis derrière la construction impersonnelle.
Autrement dit, elle permet d’exprimer une information subjective d’une manière qui
semble objective. La deuxième fonction des constructions impersonnelles est de nature
discursive. De fait, elles permettent de changer le sujet en introduisant un nouveau ou en
attirant l’attention du lecteur à de nouveaux aspects. Dans notre analyse des constructions,
nous avons pris en compte quatre constructions impersonnelles : il V ADJ que, il V ADJ de,
il V que, il V de.
A. Il + V + ADJ + que
51
ce cas-là, le verbe copule est à l’indicatif présent et le complément phrastique est à
l’indicatif :
(1) Il est vrai que la rareté des exemples et les mises en garde de l'auteur sur le
caractère non confessionnel de la majorité de ces conflits empêchent
d'énoncer des conclusions hâtives. [his-art-135-body]
Elle permet également de présenter les résultats de la recherche. Il n’est donc pas étonnant
que sa fréquence relative soit la plus élevée dans la conclusion :
(2) Il est également évident que la nature de la langue dans les interactions
médiatisées, un peu comme l’oral à l’écrit, est intimement liée à la dimension
socio-cognitive [psy-hdr-647-conclusion] (2)
(3) Il est fort probable toutefois qu'une grande partie de celles-ci soit des
femmes ayant définitivement cessé toute activité, et pour qui le problème de
l'âge minimal pour avoir 40 annuités de cotisation ne se pose pas réellement.
[eco-art-141-body]. (3)
(4) Il est donc probable que ces contrats agricoles jouent un rôle non négligeable
dans l’allocation du risque. [eco-art-141-body] (4)
3) La construction donne l’ordre, exprime une nécessité si elle est accompagnée par les
adjectifs (modalité déontique) : capital, nécessaire, important, souhaitable, utile,
inutile, indispensable. Le verbe copule est le plus souvent à l’indicatif présent.
Néanmoins, il apparaît également au conditionnel présent et à l’imparfait. Le
complément phrastique est alors au subjonctif. Sa fréquence relative est plus élevée
dans l’introduction où elle justifie la légitimité de la recherche (5).
52
(5) Ensuite, le phénomène de l’ambiguïté lexicale est caractéristique des langues
et, si l’on s’inscrit dans une perspective où les applications en TAL doivent
demander une adaptation minimale de la part des utilisateurs, alors il apparaît
nécessaire que ces applications soient capables de traiter l’ambiguïté lexicale,
ce qui suppose une modélisation préalable. [tal-art-626-introduction] (5)
4) Enfin, la construction il V ADJ que sert à l’évaluation : elle permet de juger les
phénomènes, les événements en présentant son jugement sous une forme de
construction impersonnelle. Elle permet également de souligner l’importance d’un
événement, d’attirer l’attention sur un événement. En ce qui concerne la fonction
discursive, elle permet d’introduire un nouveau thème. Elle est alors accompagné par
les adjectifs : étonnant, rare, normal, absurde, acceptable, banal, bon, commode,
commun, difficile, erroné, excessif, fréquent, fructueux, inintéressant, intéressant,
légitime, mauvais, optimal, piquant, radical, significatif, théorique et le complément
phrastique est au subjonctif (6) (7):
(6) Il est significatif que pour photographier la société française du début des
années quatre-vingt, un organisme aussi officiel que la Datar (Délégation à
l'aménagement du territoire et à l'activité régionale) fasse appel à des
photographes d'art et non à des documentaristes [Paysages, photographies. La
Mission photographique de la Datar, 1985]. [ant-art-265-body] (6)
(7) Il est étonnant que biodiversité n’apparaisse pas dans les dictionnaires
spécialisés puisqu’il s’agit apparemment d’une discipline à part entière au sein
des sciences de la nature et de l’environnement. [lin-the-657-body] (7)
B. Il + V + ADJ + de
53
adverbes qui restreignent la possibilité en ce qui concerne son aspect temporel :
actuellement, souvent, parfois, rarement, toujours, pas encore et/ou un adverbe, une
conjonction qui introduit ou justifie l’introduction de l’hypothèse : en effet, également,
donc, en revanche, alors, tout de même, cependant, par conséquent, néanmoins, d’ailleurs,
encore, ainsi (8). Elle contient très souvent le pronom personnel nous ou, plus rarement,
leur, lui. (9).
(8) Il est donc possible de négliger toutes ces variations, non seulement en raison
de leur faible ampleur, mais encore parce qu'elles se neutralisent ; aussi sera-t-
il possible de travailler, dans l'approche du phénomène du jugement de
paraphrase dans le corpus, sur des nombres plus grands que si l'on prenait
toutes les catégories séparément. [sed-the-317-body] (8)
L’infinitif qui suit la préposition de appartient très souvent aux verbes de la construction du
modèle d’analyse ou d’analyse elle-même. Dans le premier cas, il démontre alors un thème
d’analyse : se centrer sur, prendre en compte, interroger (10). Dans le deuxième cas,
l’infinitif concerne la description des données ou l’interprétation des résultats, ce sont alors
des verbes d’examen, de constat, d’évaluation tels que : approfondir, compléter, définir,
expliciter, effectuer, observer, analyser, expliquer, rappeler (11). Le verbe copule utilisé
dans cette construction est uniquement être. Le plus souvent, il est à l’indicatif présent ;
pourtant, nous le pouvons aussi rencontrer au conditionnel présent, au futur simple ou à
l’imparfait.
54
(11) C’est pourquoi il est crucial de définir les conditions de possibilité
d’une enquête fondée sur le rapport spéculaire entre un groupe professionnel
et sa visibilité médiatique. [infcom-art-5-body] (11)
3) La construction il V ADJ de, tout comme la construction en que, permet de juger les
phénomènes, les évènements. Pourtant, elle admet un plus grand nombre d’adjectifs
tels que : difficile, facile, utile, aisé, préférable, rare, pertinent, délicat, vain, légitime,
inutile, optimal, illusoire, loisible, économique, naturel, erroné, étonnant, révélateur,
absurde, profitable, logique, fréquent, hâtif, hasardeux, juste, bon, faux, absent,
normal, réducteur, idiot, symptomatique, instructif, commode, immédiat, injuste,
paradoxal, usuel, indifférent, correct, cohérent, illégal, anodin, utopique, prématuré,
banal, inintéressant, radical, piquant, remarquable, impensable, aléatoire, inexact,
illogique, exact. Ces adjectifs peuvent être divisés en adjectifs axiologiques (pertinent,
logique, utile), portant sur la temporalité (rare, fréquent), sur la complexité (difficile,
facile). Pourtant, la plupart d’entre eux ce sont des adjectifs évaluatifs qui n’entrent pas
dans des catégories plus spécifiques : correct, utopique, banal, loisible. Outre la
fonction d’évaluation, elle remplit une fonction discursive en permettant d’introduire
un nouveau thème (13). La construction est parfois accompagnée par le pronom
personnel nous. Le verbe copule (être, sembler, devenir, rester, paraître, apparaître)
est le plus souvent au présent de l’indicatif, au conditionnel présent ou à l’imparfait.
(13) En premier lieu, il est utile de faire le point sur les défauts structurels de
la gestion publique française. [his-art-166-body] (13)
C. Il + V + que
C’est une construction impersonnelle qui se compose du pronom impersonnel il (le sujet
apparent) suivie d’un verbe à la troisième personne du singulier et la conjonction de
subordination que qui introduit la subordonnée complétive. Plusieurs types d’emploi se
dégagent.
1) La construction sert à informer de l’existence d’un fait, avec plus (rester, arriver,
s’avérer) ou moins (sembler, se pouvoir, apparaître, paraître) de certitude (14). La
55
construction remplit aussi une fonction discursive : elle permet d’introduire un nouveau
thème (15). Vu ces emplois, il n’est pas étonnant que la construction soit fréquente
dans le développement et dans la conclusion de l’article. Le verbe est le plus souvent à
l’indicatif présent, au conditionnel présent ou à l’imparfait. Le complément phrastique
est soit à l’indicatif (rester, demeurer), soit au subjonctif (arriver, sembler, se pouvoir,
paraître).
(15) Il apparaît que les élèves non suivis se placent massivement dans les
déciles 1 et 2, ce qui laisse présager un échec majeur de l’apprentissage de la
lecture au CP. [sed-com-264-body] (15)
3) La construction, quand elle contient les verbes : importer, falloir, convenir, permet
d’exprimer les nécessités méthodologiques de la recherche ou les conditions
nécessaires pour qu’une hypothèse soit vraie. La construction est absente dans
l’introduction. La construction admet un adverbe ou une locution adverbiale :
néanmoins, aussi, à tout le moins, donc, seulement, d’abord, également qui marquent
un rapport (de conséquence, de restriction) avec la préposition précédente. La
construction peut contenir aussi l’objectif visé de l’introduction introduit par la
préposition pour. Le complément phrastique est au subjonctif.
56
(18) Il importe seulement que les données pragmatiques nécessaires à
l'interprétation des énoncés ne court-circuitent pas les éléments que peut
fournir l' analyse linguistique esquissée ci-dessus à propos de d'ailleurs. [lin-
art-176-body] (18)
(19) Cependant, il faut également que les traits distinctifs de la cible soient
suffisamment saillants pour pouvoir être extraits de la stimulation. [psy-art-
442-body] (19)
D. Il + V + de
C’est une construction impersonnelle qui se compose du pronom impersonnel il (le sujet
apparent) suivie d’un verbe à la troisième personne du singulier et la préposition de qui
introduit une proposition infinitive. Les verbes qui font partie de cette construction ne sont
pas nombreux : importer, suffire, convenir, s’agir. Comme la construction en que, la
construction a la valeur injonctive, mais celle-ci est moins générale. Elle sert
principalement à exprimer les nécessités méthodologiques ou des approfondissements de la
recherche suggérés à des recherches ultérieures. Il n’est donc pas étonnant que la
conclusion soit la partie de l’article où la construction est relativement plus fréquente. Le
verbe est le plus souvent à l’indicatif présent, au conditionnel présent, au futur simple ou à
l’imparfait. Les verbes à l’infinitif qui suivent la préposition de sont essentiellement des
verbes d’analyse (montrer, établir, examiner, analyser, déterminer, construire, mesurer).
La construction peut contenir des adverbes qui soulignent la nécessité ou la présente
comme une suite logique de ce qui a été dit comme alors, certainement, d’abord, avant
tout, donc, enfin, premièrement, simplement.
57
2. Le passif
Le passif traditionnel est une construction composée du nom, du verbe être, du participe
passé d’un verbe transitif et, éventuellement, du complément d’agent.
Nous observons une abondance de formes passives dans l’écrit scientifique. Pour cela,
dans cette partie de notre travail, nous allons réfléchir aux fonctions que peut remplir cette
construction au sein de l’écrit scientifique. De fait, la plupart des linguistes s’écartent de
plus en plus de la thèse de la grammaire transformationnelle selon laquelle le passif n’est
qu’un équivalent de la proposition homologue à l’actif. Aujourd’hui, on constate que la
phrase à la voix active et son homologue passif n’ont pas d’équivalence sémantique exacte
et on trouve que le passif peut être utile :
lorsqu'on veut changer le profil communicatif d'un texte (le passif peut,
par exemple, assurer une progression à thème constant; le complément
devient, par sa position en tête de phrase, apte à fonctionner comme
thème [:440]). Le passif est également une ressource stylistique
importante puisqu'en permettant souvent d'effacer le sujet, il contribue à
alléger la structure phrastique; il rend en outre possible de passer d'une
proposition relative à des structures plus brèves, comme la participiale et
l'épithète détachée (Riegel et al, cité par Gaatone, p. 237)
Une de ces fonctions est le fait remarqué par Riegel (1994), à savoir la possibilité
d’élimination du premier argument du verbe, ce qui est appelé des passifs non achevés ou «
tronqués ». Cette fonction avait été déjà remarquée par Gaatone D. en ce qui concerne les
textes scientifiques, selon qui ce type de textes abonde en passifs tronqués (1998, p.214).
La fonction d’évitement du premier argument comme évitement de la mention de l’«
instance responsable » (Riegel et al., cité par Gaatone, p. 237) permet d’omettre ce qui est
très souvent inutile dans le texte scientifique puisque l’identité de cette instance est dans la
plupart des cas connue ou superflue (pour donner un exemple, l’auteur décrit tout le temps
sa recherche dans le développement de l’article).
Le passif est une forme qui contribue à l’impersonnalité du texte technoscientifique
(Kocourek 1991, p.85). Cela est visible dans les cas oú le passif pourrait être dans certains
cas remplacé avec la construction impersonnelle en ayant recours au pronom on:
(22) Comme on l'a souligné plus haut, avant la fin du XVIIIe siècle, la
diversité du vivant est regardée, plus ou moins explicitement, comme
l'actualisation mondaine d'une loi d'essence combinatoire.
58
l’énonciateur. Même si c’est vrai que le contexte pourrait écarter ces doutes, nous devons
aussi insister sur la fonction stylistique du passif tronqué. Grâce à l’enlèvement du premier
argument, la phrase devient moins lourde.
Une autre caractéristique du texte scientifique est le fait qu’en apparence on a affaire à un
passif tronqué, mais les « agents », c’est-à-dire, le plus souvent, les auteurs, les partisans
d’une thèse, les adhérents d’un courant sont souvent mentionnés dans des parenthèses.
(23) L' implication organisationnelle, et en particulier l' implication
affective, est généralement liée à une bonne performance dans l'entreprise et
à une plus grande motivation (Meyer, Paunonen, Gellatly, Goffin et
Jackson, 1989).
Le choix de la structure active ou passive est très souvent lié à la cohésion textuelle. Il
arrive souvent qu’une information connue, le thème, soit préservée dans le sujet. Le passif
permet donc de ne pas changer le sujet d’une proposition à l’autre en renvoyant au sujet
précédent, ce qui est appelé par M. Riegel « isotopie référentielle » (cité par Gaatone,
1998, p.224). Ainsi, à côté des formes passives, on retrouve très souvent des éléments
anaphoriques :
(24) La première analyse se centre prioritairement sur le sens manifeste du
contenu des discours des enseignants alors que la deuxième analyse se centre
davantage sur les cooccurrences des mots relevés au sein de ces discours. Ces
deux types d’analyses ont été utilisés dans le but d’enrichir l’analyse et
l’interprétation des données puis, d’autre part, dans le but d’augmenter
l’objectivité du regard porté sur les données déclarées par les enseignants.
[sed-the-356-body]
A. Pouvoir + être + pp
C’est une construction passive qui se compose du verbe pouvoir, suivi du verb être à
l’infinitif, l’auxiliaire d’un participe passé. La construction est souvent accompagnée par
un verbe d’association ou un verbe de cause: associer, assimiler, lier, ramener, réduire,
généraliser, comparer, rapporter, relier, corréler, conduire et permet de mettre en rapport
deux phénomènes, le premier étant très souvent la conséquence du deuxième. Cela advient,
grâce au verbe pouvoir, sous forme d’une hypothèse. Le verbe pouvoir est le plus souvent
à l’indicatif présent. Il apparaît aussi au conditionnel présent, au futur simple et à
l’imparfait.
59
(25) Une partie des écarts peut être liée à la plus grande proportion de
femmes (de longévité supérieure) dans la catégorie des bas salaires. [eco-art-
9-body]
3. Conlusions
60
Il est apparu qu’une des fonctions les plus exploitées est la fonction informant sur l’état des
choses : elle informe de l’existence de certains phénomènes soit sous forme d’évidence : il
+ V + ADJ + que (il est évident que), soit sous forme de conclusion, de résultat de
recherche : il + V + que (il s’ensuit que).
La fonction suivante fréquente dans le langage scientifique est la fonction déontique. Elle
apparaît dans les constructions : il + V + ADJ + de (il est crucial de), il + V + que (il
importe que) il + V + de (il convient de), devoir + être + pp (l’aspect devrait être
approfondi). La fonction sert à exprimer les nécessités méthodologiques de l’étude ou
introduit une condition nécessaire pour que l’hypothèse posée soit vraie.
Une autre fonction qui ressort de notre travail est l’évaluation : il + V + ADJ + que (il est
significatif que), il + V + ADJ + de (il est utile de). Dans l’écrit scientifique, à côté du
jugement à propos des faits présentés, elle sert pour l’auteur à attirer l’attention du lecteur
sur certains aspects ou sert à introduire un nouveau sujet.
61
62
Conclusion
La recherche sur la langue de spécialité concerne le plus souvent son aspect
lexicologique en se concentrant sur la terminologie. Or, il arrive souvent qu’un genre
présente également des caractéristiques de type grammatical. Dans notre travail, nous
voulions rapprocher l’aspect grammatical et sémantique en essayant de repérer les
constructions particulièrement représentées dans l’écrit scientifique, en empruntant la
définition de construction des grammaires de constructions, à savoir en la considérant
comme une paire conventionnalisée forme-sens.
Si l’on reconsidère les problématiques de notre recherche, nous avons bien trouvé
des constructions typiques à l’écrit scientifique. Il s’est avéré que l’écrit scientifique a
fréquemment recours aux constructions passives, aux constructions impersonnelles, aux
constructions contenant des verbes modaux. Dans la présente recherche, pour repérer des
constructions, nous nous sommes basée sur les recherches antérieures, mais nous avons
aussi repéré des constructions manuellement en parcourant des articles scientifiques. Pour
avoir des résultats plus fiables, la recherche devrait être répétée en ayant recours aux outils
qui trouveraient automatiquement les suites des éléments grammaticaux répétées
fréquemment. De plus, le corpus de référence devrait être plus important : il devrait
contenir des textes appartenant aux autres genres que l’écrit journalistique, par exemple
des textes littéraires et des textes utilitaires.
Pour conclure, nous sommes très contente d’avoir pu travailler sur ce sujet. Cela
nous a permis d’explorer les questions comme les rapports entre le genre et la grammaire,
tout en nous approchant aux théories des grammaires de construction ou du lexique-
grammaire. L’aspect particulièrement intéressant de cette étude était l’exploitation des
63
corpus. Ce travail nous a montré des possibilités et des limites des outils dont les corpus
ont été analysés par des analyseurs différents. La méthodologie que nous avons adoptée
nous semble pertinente : repérer les constructions fréquentes dans l’écrit scientifique, avoir
recours au corpus de référence pour comparer des fréquences relatives, la description des
constructions en prenant en compte l’aspect pragmatique.
Le travail sur le corpus et la rédaction du mémoire nous ont permis d’acquérir plus
de la rigueur intellectuelle et nous ont appris de mieux organiser notre travail. Ce mémoire
nous a aussi démontré la façon de travail en linguistique, car nos travaux antérieurs
concernaient la littérature. Nous sommes également contente d’avoir eu la possibilité de
travailler sur notre mémoire en France, cela a amélioré notre connaissance de la langue et
nous a fait découvrir une autre culture, y compris une autre culture universitaire.
64
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68
Sigles et abréviations utilisés
ADJ l’adjectif
ADV adverbe
Inf. l’infinitif
Loc. adv. La Locution adverbiale
Pp. le participe passé
Pron. le pronom
SN syntagme nominal
Subj. le subjonctif
V le verbe
69
Table des illustrations1
Figure 1. Choix de corpus ................................................................................................................................... 41
Figure 2. Recherche libre Scientext ................................................................................................................... 42
Figure 3. Recherche avancée Scientext .............................................................................................................. 42
Figure 4. Les résultats Scientext ......................................................................................................................... 43
Figure 5. La recherche libre sur le corpus l’Est Républicain .......................................................................... 45
Tableau 1. L’occurrence réelle et relative des constructions ........................................................................... 49
Tableau 2. La différence de l’occurrence relative entre le corpus Scientext et le corpus de contraste ........ 51
70
Table des annexes2
Annexe 1 Les requêtes du Scientext ................................................................................................ 72
Annexe 2 Les requêtes de l’Est Républicain ..................................................................................... 82
71
Annexe 1
Les requêtes du Scientext
Il + V + ADJ + que
$adj = étonnant, évident, absurde, acceptable, banal, bon, clair, commode, commun,
difficile, erroné, excessif, fréquent, fructueux, important, impossible, indéniable,
indispensable, inintéressant, intéressant, inutile, légitime, mauvais, nécessaire, optimal,
piquant, possible, probable, radical, rare, remarquable, sûr, significatif, souhaitable,
théorique, utile, vrai, vraisemblable
Il + V + ADJ + de
72
Il + V+ que
$ver = échapper, agir, aller, apparaître, appartenir, arriver, avérer, convenir, découler,
demeurer, devenir, devoir, donner, s’ensuivre, exister, faire défaut, faire, falloir, importer,
manquer, paraître, plaire, poser, pouvoir, provenir, réaliser, résulter, ramener, reconnaître,
recourir, ressortir, rester, sembler, sortir, suffire, valoir
Il + V + de
$ver = échapper, advenir, agir, aller, apparaître, arriver, avérer, avoir lieu, convenir,
débuter, découler, déduire, dépendre, devenir, desservier, devoir, ensuivre, falloir,
importer, inscrire, intervenir, manquer, paraître, résulter, rendre, ressortir, rester, sembler,
suffire, valoir, venir
Le passif réduit
$ver = priver, lier, donner, proposer, utiliser, élever, obtenir, associer, observer, mener,
présenter, définir, réaliser, fonder, construire, étudier, produire, considérer, prendre, ouvrir,
écrire, consacrer, effectuer, développer, faire, marquer, établir, retenir, poser, engager,
percevoir, offrir, organiser, exprimer, publier, absoudre, induire, rencontrer, évoquer,
choisir, décrire, interroger, constituer, intégrer, adopter, déterminer, acquérir, contraindre,
finir, estimer, identifier, baser, envisager, fournir, créer, adapter, élaborer, supposer,
employer, attendre, reconnaître, mettre en oeuvre, avancer, recueillir, exercer, analyser,
éloigner, former, apporter, fixer, opérer, adresser, représenter, répéter, atteindre, comparer,
soumettre, appeler, mettre, recevoir, concevoir, mentionner, fermer, inscrire, placer,
émettre, intituler, viser, sélectionner, introduire, rechercher, juger, garantir, actualiser,
réserver, citer, jouer, tirer, protéger, prévoir, constater, afficher, différer, rédiger, attribuer,
croiser, désigner, mettre en place, enregistrer, tester, formuler, rendre, assurer, contrôler,
pratiquer, ajouter, relier, tenir, calculer, enseigner, nommer, assister, saisir, inspirer,
comprendre, déclarer, demander, envoyer, trouver, traiter, dominer , soutenir, contraster,
73
isoler, modifier, évaluer, défendre, extraire, hériter, négocier, appliquer, accepter, avancer,
élaborer, résoudre, donner, réaliser, produire, mettre, ressentir, ouvrir, répéter, vendre,
commettre, investir, proposer, produire
Passif pronominal
Présent
$ver = faire, traduire, expliquer, écrire, développer, jouer, définir, opérer, tenir, observer,
proposer, établir, interpréter, dessiner, dire, vouloir, mettre, maintenir, devoir, résumer,
concevoir, déduire, rencontrer, lire, élaborer, prendre, porter, obtenir, déterminer,
confirmer, offrir, saisir, falloir, consacrer, reconnaître, partager, accomplir, prononcer,
impliquer, estimer, penser, lancer, réécrire, recruter, pratiquer, tisser, revendiquer,
percevoir, conclure, distribuer, solder, préciser, risquer, satisfaire, doter, liser, repérer,
vendre, suffire, fabriquer, décider
Passé
$ver = faire, traduire, expliquer, écrire, développer, jouer, définir, opérer, tenir, observer,
proposer, établir, interpréter, dessiner, dire, vouloir, mettre, maintenir, devoir, résumer,
concevoir, déduire, rencontrer, lire, élaborer, prendre, porter, obtenir, déterminer,
confirmer, offrir, saisir, falloir, consacrer, reconnaître, partager, accomplir, prononcer,
impliquer, estimer, penser, lancer, réécrire, recruter, pratiquer, tisser, revendiquer,
percevoir, conclure, distribuer, solder, préciser, risquer, satisfaire, doter, liser, repérer,
vendre, suffire, fabriquer, décider
74
Le passif imersonnel passé
L’infinitif passif
Pour + inf.
Gérondif
Impératif en tête
Main = ^<form=/ons$/,cat=V,#1>;
Prép + lequel
75
Annexe 2
Les requêtes de l’Est Républicain
$adj = étonnant, évident, absurde, acceptable, banal, bon, clair, commode, commun,
difficile, erroné, excessif, fréquent, fructueux, important, impossible, indéniable,
indispensable, inintéressant, intéressant, inutile, légitime, mauvais, nécessaire, optimal,
piquant, possible, probable, radical, rare, remarquable, sûr, significatif, souhaitable,
théorique, utile, vrai, vraisemblable
Main = <form=il|Il,,#0>&&<cat=V,,#1>&&<lemma=$adj,,#2>&&<lemma=que,,#3> ::
(suj,#1,#0) (ats,#1,#2)
Il est ADJ de
Main = <form=il|Il,,#0>&&<cat=V,,#1>&&<lemma=$adje,,#2>&&<lemma=de,,#3> ::
(suj,#1,#0) (ats,#1,#2)
76
Il + V + que
$ver = échapper, agir, aller, apparaître, appartenir, arriver, avérer, convenir, découler,
demeurer, devenir, devoir, donner, ensuivre, exister, faire défaut, faire, falloir, importer,
manquer, paraître, plaire, poser, pouvoir, provenir, réaliser, résulter, ramener, reconnaître,
recourir, ressortir, rester, sembler, sortir, suffire, valoir
Il + V + de
$ver = échapper, advenir, agir, aller, apparaître, arriver, avérer, avoir lieu, convenir,
débuter, découler, déduire, dépendre, devenir, desservier, devoir, ensuivre, falloir,
importer, inscrire, intervenir, manquer, paraître, résulter, rendre, ressortir, rester, sembler,
suffire, valoir, venir
Le passif réduit
$ver = priver, lier, donner, proposer, utiliser, élever, obtenir, associer, observer, mener,
présenter, définir, réaliser, fonder, construire, étudier, produire, considérer, prendre, ouvrir,
écrire, consacrer, effectuer, développer, faire, marquer, établir, retenir, poser, engager,
percevoir, offrir, organiser, exprimer, publier, absoudre, induire, rencontrer, évoquer,
choisir, décrire, interroger, constituer, intégrer, adopter, déterminer, acquérir, contraindre,
finir, estimer, identifier, baser, envisager, fournir, créer, adapter, élaborer, supposer,
employer, attendre, reconnaître, mettre en oeuvre, avancer, recueillir, exercer, analyser,
éloigner, former, apporter, fixer, opérer, adresser, représenter, répéter, atteindre, comparer,
soumettre, appeler, mettre, recevoir, concevoir, mentionner, fermer, inscrire, placer,
émettre, intituler, viser, sélectionner, introduire, rechercher, juger, garantir, actualiser,
réserver, citer, jouer, tirer, protéger, prévoir, constater, afficher, différer, rédiger, attribuer,
croiser, désigner, mettre en place, enregistrer, tester, formuler, rendre, assurer, contrôler,
pratiquer, ajouter, relier, tenir, calculer, enseigner, nommer, assister, saisir, inspirer,
comprendre, déclarer, demander, envoyer, trouver, traiter, dominer , soutenir, contraster,
77
isoler, modifier, évaluer, défendre, extraire, hériter, négocier, appliquer, accepter, avancer,
élaborer, résoudre, donner, réaliser, produire, mettre, ressentir, ouvrir, répéter, vendre,
commettre, investir, proposer, produire
Main = <cat=N,,#0><lemma=$ver,,#1>
Le pronominal passif:
Présent:
$verb = fait, font, traduit, traduisent, explique, expliquent, écrit, écrivent, développe,
développent, joue, jouent, définit, définissent, opère, opèrent, tient, tiennent, observe,
observent, propose, proposent, établit, établissent, interpète, interprètent, dessine,
dessinent, dit, disent, veut, veulent, met, mettent, doit, doivent, résume, résument, conçoit,
conçoivent, déduit, déduisent, rencontre, rencontrent, lit, lisent, élabore, élaborent, prend,
prennent, porte, portent, obtient, obtiennent, détermine, déterminent, confirme, confirment,
offre, offrent, saisit, saisissent, faut, consacre, consacrent, reconnaît, reconnaîssent,
partage, partagent, accomplit, accomplissent, prononce, prononcent, implique, impliquent,
estime, estiment, pense, pensent, lance, lancent, réécrit, réécrivent, recrute, recrutent,
pratique, pratiquent, tisse, tissent, revendique, revendiquent, perçoit, perçoivent, conclut,
concluent, distribue, distribuent, solde, soldent, précise, précisent, risque, risquent,
satisfait, satisfaisent, dote, dotent, lit, lisent, repère, repèrent, vend, vendent, suffit,
suffisent, fabrique, fabriquent, décide, décident
Main = <lemma=se,,#0><form=$verbe,#1>
Passé:
$ver = faire, traduire, expliquer, écrire, développer, jouer, définir, opérer, tenir, observer,
proposer, établir, interpréter, dessiner, dire, vouloir, mettre, maintenir, devoir, résumer,
concevoir, déduire, rencontrer, lire, élaborer, prendre, porter, obtenir, déterminer,
confirmer, offrir, saisir, falloir, consacrer, reconnaître, partager, accomplir, prononcer,
impliquer, estimer, penser, lancer, réécrire, recruter, pratiquer, tisser, revendiquer,
percevoir, conclure, distribuer, solder, préciser, risquer, satisfaire, doter, liser, repérer,
vendre, suffire, fabriquer, décider
78
Le passif impersonnel :
Présent:
Main = <form=il|Il,,#0>&&<lemma=être,,#1>&&<cat=V,,#2>&&<lemma=que,,#3> ::
(suj,#1,#0) (mod,#1,#2)
Passé:
Main =
<form=il|Il,,#0>&&<lemma=avoir,,#1>&&<form=été,,#2>&&<cat=V,,#3>&&<lemma=q
ue,,#4> :: (suj,#2,#0) (aux_tps,#2,#1)
Infinitif passé
Pour + inf.
Gérondif
Impératif en tête
Main = <form=/[A-Z]+.*ons/,cat=V,#1>
Prép + lequel
79
Annexe 3
Les tableaux d’analyse
1. Il V ADJ que
La tête lexicale ADJ : étonnant, évident, absurde, acceptable, banal, bon, clair,
commode, commun, difficile, erroné, excessif, fréquent, fructueux,
important, impossible, indéniable, indispensable, inintéressant,
intéressant, inutile, légitime, mauvais, nécessaire, optimal, piquant,
possible, probable, radical, rare, remarquable, sûr, significatif,
souhaitable, théorique, utile, vrai, vraisemblable
80
indispensable, sûr)
Exemples Commentaire
Il est vrai que la rareté des exemples et les La construction sert à donner une valeur
mises en garde de l'auteur sur le caractère axiomatique aux thèses de l’auteur de
non confessionnel de la majorité de ces l’article ou elle permet d’introduire un
conflits empêchent d'énoncer des nouveau sujet. Elle permet également de
conclusions hâtives. [his-art-135-body] présenter les résultats de la recherche.
Il est en effet clair que ce ne sont pas La fréquence relative est la plus élevée dans
toutes les données qui vont être pertinentes la conclusion.
à chaque fois. [lin-art-38-body] Le verbe est à l’indicatif présent.
Cependant, il est évident que les électeurs Le complément phrastique est à l’indicatif.
d’origine étrangère votent davantage pour
des politiciens d’origine étrangère que ne le
font la majorité des électeurs. [spo-art-153-
body]
Exemples Commentaire
81
ans. [eco-art-141-body] même, cependant, ainsi, pourtant, aussi.
Exemples Commentaire
À ce niveau, il est souhaitable que les La construction donne l’ordre, exprime une
experts interviennent déjà dans la nécessité. Sa fréquence relative est plus
construction de l'arborescence (Saaty, élevée dans l’introduction où elle justifie la
1984) [geo-art-111-body] légitimité de la recherche.
La sous-costruction :
Exemples Commentaires
82
personnages masculins du Satiricon ne phénomènes, les événements en présentant
soient pas en toge : le texte de Pétrone ne son jugement sous une forme de
montre pas un monde de citoyens dans construction impersonnelle. Elle permet
l'exercice de leurs fonctions. [his-art-127- aussi de souligner l’importance d’un
notes] événement, d’attirer l’attention sur un
événement. En ce qui concerne la fonction
Il est significatif que la thèse de 1892 se
discursive, elle permet d’introduire un
termine par une collection d’auto-
nouveau thème.
observations souvent assez longues classées
par ordre alphabétique d’auteur et qui Le verbe copule est à l’indicatif présent, au
constituent comme une sorte de caution conditionnel présent, au futur simple, à
prestigieuse, voire d’argument de vente. l’imparfait.
[lin-art-23-body] Le complément phrastique est au
Il est significatif que pour photographier la subjonctif.
société française du début des années
quatre-vingt, un organisme aussi officiel
que la Datar (Délégation à l'aménagement
du territoire et à l'activité régionale) fasse
appel à des photographes d'art et non à des
documentaristes [Paysages, photographies.
La Mission photographique de la Datar,
1985]. [ant-art-265-body]
2. Il + V + ADJ + de
83
Les constituants et Il – pronom impersonnel, m, sg
leurs propriétés Verbe, 3 per, sg, indicatif
morphologiques
Adjectif, m, sg
de – préposition
LES FONCTIONS
Exemples Commentaire
84
accroître l'utilité de tous. [eco-art-385- restrictions et les possibilités de la
conclusion] recherche.
La construction est très souvent
Il est donc possible de négliger toutes ces
accompagnée par un adverbe ou une
variations, non seulement en raison de leur
locution adverbiale qui diminiue ou
faible ampleur, mais encore parce qu'elles
renforce la probabilité tel que
se neutralisent ; aussi sera-t-il possible de
travailler, dans l'approche du phénomène du pratiquement, sans doute, peut-être, peu,
jugement de paraphrase dans le corpus, sur totalement, tout à fait, certes, l’adverbe qui
restreint la possibilité en ce qui concerne
des nombres plus grands que si l'on prenait
sont aspect temporel : actuellement,
toutes les catégories séparément. [sed-the-
souvent, parfois, rarement, toujours, pas
317-body]
encore et/ou un adverbe, une conjonction
De fait, il nous est impossible de tester la
qui introduit ou justifie l’introduction de
médiation de l’effet du conflit et des buts
l’hypothèse : en effet, également, donc, en
sur l’apprentissage, par le mode de
revanche, alors, tout de même, cependant,
régulation du conflit. [psy-the-504-body]
par conséquent, néanmoins, d’ailleurs,
encore, ainsi.
Exemples Commentaire
C’est pourquoi il est crucial de définir les La construction exprime une nécessité. Elle
conditions de possibilité d’une enquête permet très souvent au chercheur
fondée sur le rapport spéculaire entre un d’introduire un thème d’analyse,
groupe professionnel et sa visibilité d’expliquer son procès de raisonnement, de
médiatique. [infcom-art-5-body] justifier ses choix lors d’analyse. C’est
pourquoi la construction peut être trouvée
85
Il est important de noter que les y sont dans tout l’article sans préférence pour une
orientés vers le bas (une trace plus haute est partie particulière.
caractérisée par des y plus petits). [psy-the- La construction est très souvent
419-body] accompagnée par un adverbe ou une
Les éléments de comparaison entre les locution adverbiale qui justifie, explique la
savoirs théoriques et les savoirs d'action nécessité : aussi, en effet, donc, toutefois,
montrent que ces savoirs se distinguent sur également, alors, en outre, ensuite,
le plan théorique. Il est donc nécessaire de pourtant, par conséquent ou souligne son
les différencier pour des raisons importance : particulièrement, très, tout à
analytiques. [sed-the-356-body] fait
La valorisation (difficile, facile, utile, aisé, préférable, rare, pertinent, délicat, vain,
légitime, inutile, optimal, illusoire, loisible, économique, naturel, erroné, étonnant,
révélateur, absurde, profitable, logique, fréquent, hâtif, hasardeux, juste, bon, faux, absent,
normal, réducteur, idiot, symptomatique, instructif, commode, immédiat, injuste,
paradoxal, usuel, indifférent, correct, cohérent, illégal, anodin, utopique, prématuré, banal,
86
inintéressant, radical, piquant, remarquable, impensable, aléatoire, inexact, ilogique,
exact)
Exemples Commentaires
3. Il + V + que + phrase
87
personne du singulier et la conjonction de subordination que qui
introduit la subordonnée complétive.
Les constituants et Il – pronom impersonnel, m, sg
leurs propriétés Verbe, 3 per, sg, indicatif
morphologiques
Que - conjonction
LES FONCTIONS
Exemples Commentaire
88
Etat : conclusion (s’ensuivre, ressortir, résulter, découler)
Exemples Commentaire
Exemples Commentaires
89
stimulation. [psy-art-442-body] également.
4. Il + V + de + inf.
La structure Il + V + de + inf.
LES FONCTIONS
Exemples Commentaire
90
différentes étapes de construction urbaine approfondissements de la recherche
afin de comprendre les spécificités des suggérés pour des recherches ultérieures.
processus en cours. [geo-art-7-body] La conclusion est la partie de l’article ou la
construction est relativement plus
Si on accorde aux discours à visée
fréquente.
scientifique (Granger, 1993) sur le social le
même statut qu'aux discours sur la nature,
Le verbe est le plus souvent à l’indicatif
le travail transpositif s'impose pour les
présent, au conditionnel présent, au futur
enseignements économiques et sociaux, au
simple ou à l’imparfait.
même titre que pour les disciplines
scientifiques. Il importe alors d'en étudier
L’infinitif qui suit la préposition de est un
les spécificités. [sed-art-49-body]
verbe d’analyse (montrer, établir,
L'intérêt de la sociologie interactionniste est
examiner, analyser, déterminer, construire,
de ne pas rabattre mécaniquement la
mesurer).
réception sur une appartenance sociale
donnée une fois pour toutes : puisque la
La construction peut contenir des adverbes
profession n'est pas écrasement mais
qui soulignent la nécessité ou qui
négociation du sens, il s'agit d'observer,
introduisent une suite logique de ce qui a
dans le rapport spéculaire aux médias, tant
été dit comme alors, certainement, d’abord,
les déterminations exercées par
avant tout, donc, enfin, premièrement,
l'appartenance professionnelle que le sens
simplement.
élaboré et partagé sur cette même
appartenance (Morley, 2006). [infcom-art-
5-body]
5. Pouvoir + être + pp
91
Les constituants et leurs propriétés Pouvoir – verbe modal conjugué
morphologiques Etre – l’infinitif
Participe passé
LES FONCTIONS
Exemples Commentaire
Une partie des écarts peut être liée à la plus La construction permet de mettre en rapport
grande proportion de femmes (de longévité deux phénomènes, le premier étant très
supérieure) dans la catégorie des bas salaires. souvent la conséquence du deuxième.
[eco-art-9-body]
Le verbe pouvoir est le plus souvent à
Si les phénomènes collectifs peuvent être
l’indicatif présent. Il apparaît aussi au
ramenés à leurs composantes individuelles et
conditionnel présent, au futur simple et à
que celles-ci sont déterminées par des facteurs
l’imparfait.
infra-individuels, il faudra bien, selon une
logique de transitivité, éclairer celles-là par
Les participes passé proviennent des verbes
celles-ci [soc-art-60-body]
d’association ou des verbes de cause.
Mais ce résultat pourrait être simplement dû à
un manque de précision dans les estimations, par
exemple, à cause d’erreurs de mesure sur l’offre
de travail. [eco-art-132-notes]
92
LES FONCTIONS
Exemples Commentaire
6. devoir + être + pp
93
Les constituants et leurs propriétés devoir – verbe modal conjugué
morphologiques Etre – l’infinitif
Participe passé
LES FONCTIONS
Exemples Commentaire
94
Table des matières
Remerciements .................................................................................................................................................. 4
Sommaire .......................................................................................................................................................... 7
Introduction ....................................................................................................................................................... 8
PARTIE 1 - L'ECRIT SCIENTIFIQUE ............................................................................................................ 11
CHAPITRE 1. GENRE ET ECRITS SCIENTIFIQUES ....................................................................................... 12
1. Variation et genre .................................................................................................................................... 12
2. Langue generale et langue de specialite ................................................................................................... 14
3. L'article scientifique comme un genre ..................................................................................................... 16
CHAPITRE 2. CARACTERISTIQUES LINGUISTIQUES DE L'ECRIT SCIENTIFIQUE .......................................... 19
1. Genre et l'analyse syntaxique ................................................................................................................... 19
2. Caractéristiques du discours scientifique selon des travaux précédents ................................................... 21
2.1. Aspects lexicologiques .................................................................................................................. 22
2.2. Aspects syntaxiques et grammaticaux ........................................................................................... 23
2.3. Aspects textuels - cohérence textuelle ........................................................................................... 26
3. Constructions syntaxiques ....................................................................................................................... 27
3.1. Le lexique-grammaire ................................................................................................................... 28
3.2. Les patrons verbaux de l'écrit scientifique - recherche de Yan (2013) .......................................... 29
3.3. Grammaires de construction.......................................................................................................... 31
4. Le modèle de construction adopté ........................................................................................................... 34
PARTIE 2 - METHODOLOGIE ...................................................................................................................... 37
CHAPITRE 3. LA RECHERCHE DES CONSTRUCTIONS ................................................................................ 38
1. Scientext .................................................................................................................................................. 38
2. Le choix des corpus ................................................................................................................................. 39
3. Le traitement du corpus ........................................................................................................................... 39
4. Les résultats ............................................................................................................................................. 41
1. Le corpus de contraste ............................................................................................................................. 42
PARTIE 3 - LES RESULTATS ET L'OBSERVATION DES CONSTRUCTIONS .................................................... 45
CHAPITRE 4. LES RESULTATS QUANTITATIFS .......................................................................................... 46
CHAPITRE 5. LA DESCRIPTION DES CONSTRUCTIONS............................................................................... 51
1. L'impersonnel .......................................................................................................................................... 51
1.1. Il + V + ADJ + que........................................................................................................................ 51
1.2. Il + V + ADJ + de ......................................................................................................................... 53
1.3. Il + V + que ................................................................................................................................... 55
1.4. Il + V + de ..................................................................................................................................... 57
2. Le passif................................................................................................................................................... 58
2.1. Pouvoir + être + pp........................................................................................................................ 59
3. Conclusion ............................................................................................................................................... 60
Conclusion ....................................................................................................................................................... 63
Bibliographie ................................................................................................................................................... 65
Glossaire .......................................................................................................................................................... 67
Sigles et abréviations utilisés ........................................................................................................................... 68
Table des illustrations ...................................................................................................................................... 69
Table des annexes ............................................................................................................................................ 70
Table des matières ........................................................................................................................................... 94
95
MOTS-CLÉS : l’écrit scientifique, l’analyse du genre, grammaires de construction,
linguistique du corpus
RÉSUMÉ
ABSTRACT
Speciality languages are traditionally analyzed from the point of view of their terminology.
Contrary to this general tendency, the present work aims to focus on the grammatical
aspect of scientific writing through the use of lexicon-grammar theory and the use of
construction grammars. After discovering the constructions through Scientexte corpus and
the comparison of the relative frequency of those constructions in the contrast corpus, we
tried to describe some of them using the developed model.
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