CCJA, 1ère CH., N°174 - 2019 Du 23 Mai 2019

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COUR COMMUNE DE JUSTICE ET D'ARBITRAGE

(CCJA)

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Première chambre

Audience publique du 23 mai 2019

Pourvoi n°125/2017/PC du 08/08/2017

AFFAIRE:

SOCIÉTÉ KAZ LOGISTICS SARL

(Conseil : Maître Maïmouna DIEYE DIENE, Avocat à la cour)

C/

SOCIÉTÉ ALIOS FINANCES SÉNÉGAL SA

ARRÊT N° 174/2019 DU 23 MAI 2019


▣ Crédit bail – Résiliation – Inapplication de l'AUDCG

Article 133 AUDCG

Inapplication au crédit-bail des dispositions de l'article 133 de l'AUDCG – Le crédit-


bail est un contrat distinct du bail à usage professionnel dont la résiliation est soumise
aux dispositions de l'article 133 de l'AUDCG. Dès lors, c'est à bon droit qu'il a été
jugé que cette disposition ne s'applique pas à la résiliation du crédit-bail

La Cour Commune de Justice et d'Arbitrage (C.C.J.A) de l'Organisation pour


l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (O.H.A.D.A), Première chambre, a
rendu l'Arrêt suivant en son audience publique du 23 mai 2019 où étaient présents :

- Messieurs : César Apollinaire ONDO MVE, Président

- Birika Jean Claude BONZI, Juge

- Mahamadou BERTE, Juge

- Mesdames : Afiwa-Kindéna HOHOUETO Juge, rapporteur

- Esther Ngo MOUTNGUI IKOUE Juge

- et Maître Jean Bosco MONBLE, Greffier ;

Sur le pourvoi enregistré au greffe de la Cour de céans le 08 août 2017 sous le


n°125/2017/PC et formé par Maître Maïmouna DIEYE DIENE, Avocat à la Cour,
demeurant au 72, Cité Comico Ouakam, 2ème étage, BP 24190 Ninea, Dakar, agissant
au nom et pour le compte de la Société Kaz Logistics Sarl, dont le siège social est 12,
Boulevard Djily Mbaye, Immeuble Régus Complexe Azur, 1er étage à Dakar, dans la
cause l'opposant à la Société Alios Finance Sénégal SA, dont le siège social est à
Dakar Boulevard Djily Mbaye x Rue de Thann à Dakar,

en cassation de l'Arrêt n°178/2017 rendu le 03 mars 2017 par la Cour d'appel de


Dakar et dont le dispositif est le suivant :

« Statuant publiquement, contradictoirement, en référé et en dernier ressort ;

EN LA FORME :

Déclare l'appel recevable ;

AU FOND :

Confirme l'ordonnance entreprise en toutes ses dispositions ;

Condamne l'appelante aux dépens. » ;

La requérante invoque à l'appui de son pourvoi le moyen unique de cassation tel qu'il
figure à la requête annexée au présent arrêt ;

Sur le rapport de Madame Afiwa-Kindéna HOHOUETO, juge ;

Vu les dispositions des articles 13 et 14 du Traité relatif à l'harmonisation du droit des


affaires en Afrique ;

Vu le Règlement de procédure de la Cour Commune de Justice et d'Arbitrage de


l'OHADA ;

Attendu que selon les énonciations de l'arrêt attaqué, suivant crédit-bail conclu le 26
juin 2012, la société Alios Finances Sénégal mettait à la disposition de la société Kaz
Logistics un véhicule de marque Kia Motors Sportage d'une valeur de 16.990.000
FCFA payable en 36 mensualités définies par un échéancier courant du 17 juillet 2012
au 15 août 2015 ; que le preneur ayant accumulé des

loyers impayés dès juillet 2014, le bailleur lui servait, par exploit du 18 avril 2016, un
commandement de payer ; que celui-ci étant demeuré infructueux, le bailleur saisissait
le président du Tribunal de grande instance hors classe de Dakar statuant en référé
qui, par ordonnance n°1198 du 26 septembre 2016, constatait la résiliation du crédit-
bail, ordonnait la restitution du véhiculé objet du contrat et condamnait le preneur à
une indemnité de résiliation ; que sur appel de ce dernier, la Cour d'appel de Dakar
rendait l'arrêt dont pourvoi ;

Attendu qu'en application des articles 29 et 30 du Règlement de procédure de la


CCJA, le Greffier en chef a signifié le recours à la société Alios Finances Sénégal SA
par courrier n°1513/2018/G4 resté sans suite ; que le principe du contradictoire ayant
été respecté, il y a lieu pour la Cour de statuer sur l'affaire ;
Sur les deux moyens de cassation réunis

Attendu que le premier moyen fait grief à l'arrêt attaqué de la violation des
dispositions de l'article 133 de l'Acte uniforme portant sur le droit commercial
général, en ce que la cour d'appel a confirmé en toutes ses dispositions l'ordonnance
querellée par laquelle le premier juge a retenu sa compétence, alors que le litige
opposant les parties doit relever des juridictions du fond et non de la juridiction des
référés ; qu'en statuant ainsi, la cour a violé le texte visé au moyen et exposé par voie
de conséquence sa décision à la cassation ;

Attendu que le deuxième moyen reproche à l'arrêt attaqué la confirmation de


l'ordonnance attaquée alors que par celle-ci, le premier juge statuant en référé a alloué
une indemnité de résiliation que seul le juge du fond pouvait accorder conformément
aux dispositions de l'article 133 de l'Acte uniforme susvisé ; que ce faisant, la cour a
violé la loi et exposé son arrêt à la cassation ;

Attendu que les deux moyens interfèrent et méritent une seule réponse ;

Et attendu que l'article 133 visé aux moyens étant relatif à la résiliation du bail à
usage professionnel et ne s'appliquant pas au crédit-bail, il n'a pu être violé par les
premiers juges ; qu'en tout état de cause, c'est au terme d'une appréciation des faits de
la cause que ceux-ci ont souverainement retenu que les demandes de la société Alios
Finance Sénégal ne se heurtaient à aucune contestation sérieuse et pouvaient par
conséquent relever de la compétence des juridictions de référé ; que dès lors, le
pourvoi n'est pas fondé et mérite le rejet ;

Sur les dépens

Attendu que la demanderesse succombant, sera condamnée aux dépens ;

PAR CES MOTIFS

Statuant publiquement, après en avoir délibéré,

Rejette le pourvoi ;

Condamne la société Kaz Logistics aux dépens.

Ainsi fait, jugé et prononcé les jour, mois et an que dessus et ont signé :

Le Président

Le Greffier

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