No Fedechoses 156 Web
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FEDECHOSES
www.pressefederaliste.eu ... pour le fédéralisme, depuis 1973
Revue trimestrielle de débat et de culture fédéraliste
Editorial (p. 2)
Elections… «profiteurs de la souveraineté nationale»… et gouvernance bâtarde de l’Europe
… raisons, malgrè tout, d’espérer de la nouvelle donne française
… limites de la démocratisation nationale et globalisation de la démocratie
NOUS SOMMES TOUS GRECS ! NOUS SOMMES TOUS EUROPEENS ! (P. 11)
« Une Europe une… dans un monde uni » (UEF - Congrès de Montreux - 1947)
SOMMAIRE : // Le Billet de Jean-Pierre Gouzy : Pas de répit pour l’euro ! // Il y a « 30 ans… » (P. 4) : Jean-
Marie Dubos : Pour l’élargissement à la Grèce, à l’Espagne et au Portugal - Chronique de Coco Ricaud :
Lettre à Mme. Margareth Thatcher à propos des Malouines // Michel Herland : Mondialisation,
impérialisme, mondialisme // Andreas Bummel : Vers une Révolution démocratique mondiale :
Parlement mondial et transformation de l’ordre mondial // Fernando Iglesias : Malouines, une vision
alternative // FOCUS : Grexit, sortie de crise, plan de relance soutenable et Initiative citoyenne
européenne (P. 11) : Antonio Longo - Pierre Defraigne - Antonio Padoa-Schioppa - Bernard Barthalay -
Sauvons l’Europe - Alberto Majochi - MFE - Jeunes Européens France // FED’ACTUALITE (P. 24) : A
propos des élections françaises et des profiteurs de la souveraineté nationale : Carton rouge à Nicolas
Sarkozy (Le Taurillon) - Altiero Spinelli - Guilhem Latrubesse // Bibliographie (P. 29) : livres de Michel
Aglietta et Jacques Sapir // Interview (P. 31) : Jonathan Leveugle : A propos du livre de Mouskhely //
Fédé-lettres (P 32) : Raymond Aubrac et l’Europe // In Memoriam : René Cassier - Michèle Jouve (P. 35)
Elections franco-françaises
… «profiteurs de la souveraineté nationale»
… et gouvernance bâtarde de l’Europe
Les élections présidentielles puis législatives se sont déroulées comme à l'habitude : c’est-à-dire sans véritable débat concernant la
politique européenne, sauf de la part des formations ouvertement eurosceptiques (de droite ou de gauche) et de EELV qui, seule, s'est
affirmé clairement favorable à une Europe fédérale. Nos fidèles lecteurs ont assez eu l'occasion de lire nos textes vengeurs concernant
la politique européenne intergouvernementaliste de Sarkozy pour avoir douté que nous puissions le regretter, même une seconde !
Nous étions donc interrogatifs, mais voulions rester «relativement» confiants dans la définition d'une politique européenne moins étriquée
par la nouvelle majorité présidentielle, sans attendre toutefois de miracle, conscients de la chape de plomb nationaliste, voire
franchouillarde, qui colle aux semelles d’une bonne part de la classe politique française comme un sparadrap au pouce du capitaine
Hadock. C’est, malgré tout, avec déception que nous avons assisté à l'absence de réaction, voire à l'hostilité de François Hollande à la
politique de la main tendue de Angela Merkel réclamant une union politique de l'Europe. Dans le même registre nous avons enregistré
l'absence de Laurent Fabius le 19 juin à Berlin où dix Ministres des affaires étrangères de l’Union européenne (UE) s'étaient réunis pour
projeter la mise en place d'une fédération européenne. Nous attendons avec intérêt… de voir s’il se rendra à la nouvelle invitation de ses
collègues pour une nouvelle rencontre de ce «Groupe des Ministres des Affaires étrangères pour l’avenir de l’Europe» prochainement en
Espagne.
Chaque fois qu'il est question de transfert(s) d'une souveraineté nationale, de plus en plus illusoire, trompeuse et formelle, mais dont
certains restent fort aises d’être les «profiteurs» selon l’expression d’Altiero Spinelli, les responsables français de quelque bord qu'ils
soient, freinent des quatre fers. Quitte à bloquer toute évolution de l'Europe vers son unité politique. Rappelons-nous : 1954 et l'échec de
la CED ; 1994 et le refus français de donner suite à la proposition de MM. Schäuble et Lamers de créer un noyau dur pour aller vers une
Europe fédérale... ; 2005, et les palinodies politiciennes d’une partie de la gauche et de la droite de gouvernement (Fabius en
particulier !) qui ont pollué jusqu’à l’échec la ratification du Traité constitutionnel européen… dont l’absence a terriblement pesé dans
l’inefficacité de la gouvernance de l’UE durant la crise actuelle… quoiqu’en pense la «gauche du non» et, plus particulièrement, les
altermondialistes dont nous nous sentons pourtant proches en d’autres domaines.
Dans ces conditions le Conseil européen des 27 et 28 juin ne pouvait que s'inscrire dans la continuité des demi-mesures prises selon le
plus petit dénominateur commun propre à la gouvernance bâtarde à laquelle l'Europe des Etats-nations croupions semble condamnée.
Pas de répit pour l’euro ! autre que le Conseil européen transformé. L’actuel
gouvernement allemand est-il véritablement prêt, aujourd’hui à
L’euro-grande messe du Conseil européen s’est déroulée à promouvoir un projet global d’une telle ambition ? On peut en
Bruxelles, jusqu’aux aurores du 29 juin. Il s’agissait pour nos douter, mais alors les partenaires européens de l’Allemagne -et
excellences «d’apaiser les marchés». Pas de trêve estivale notamment la France- auraient dû accepter d’ouvrir le débat de
possible, en effet, si les marchés et les bourses des valeurs fond, au lieu de l’esquiver, avec Angela Merkel et son mentor,
continuent à bouger erratiquement dans la torpeur de l’été, Wolfgang Schäuble, qui joue un rôle incontournable outre-Rhin,
parce que la dette continue à s’alourdir et les déficits à se pas seulement comme Ministre des Finances mais comme
creuser. D’autant qu’en France les premiers règlements personnalité appréciée au sein du parti majoritaire et au-delà
budgétaires vont encore mobiliser assemblées et ministères dans la classe politique allemande. Espérons que ce moment
plongés dans la lecture de la bible républicaine : le rapport de de vérité auquel il faudra bien finir par consentir n’est que partie
la Cour des comptes. remise. Beaucoup dépendra de l’affirmation d’un large courant
Pensez donc, après la Grèce, l’Irlande et la Portugal, à la fédéraliste transpartisan, par exemple dans un pays comme la
marge de la zone euro, voici que l’Espagne et l’Italie France où des personnalités indépendantes, appartenant au
commençaient à donner de sérieux signes d’accès de fièvre. «Il monde de l’économie et à celui de la culture, proclament en
professore» (Mario Monti) avait beau prescrire des cures nombre accru, la nécessité de poser la question de l’exercice
d’austérité et son collègue hispanique, Mariano Rajoy, de la souveraineté économique, financière, monétaire et
accumuler les potions magiques, tous deux se sentaient budgétaire au niveau de la gestation de l’Europe, pour ouvrir de
dépourvus d’un «bouclier anti-spread», efficace pour financer à nouvelles perspectives d’avenir et renouveler un débat politique
des taux acceptables des dettes qui ne cessaient de grimper. figé dans des normes qui ne correspondent plus à la nature
De plus, pour ajouter aux désagréments du moment, voici que transnationale des réalités affrontées.
le gouvernement chypriote appelé à présider l’Union Mais, revenons à Bruxelles, ces 28 et 29 juin écoulés : le
européenne (UE) pour six mois en compagnie du stimulant Conseil européen qui s’y est déroulé, est loin d’avoir été
Herman Van Rompuy, à partir du 1er juillet, venait à son tour de complètement inutile. Il a permis à François Hollande
demander à bénéficier du concours financier de l’UE et du d’annoncer pour la première fois son intention de faire ratifier le
Fonds monétaire international, pour recapitaliser ses propres Traité budgétaire, fruit des cogitations de la défunte
banques soudainement perçues en détresse. Si la France, de «Merkozie», mais aussi des engagements pris par 25 des 27
son côté, malgré un paquet de 1.789,4 milliards d’euros de Etats-membres de l’UE. Le président français a estimé, en
dettes (au 31 mars 2012, soit 89,3 % de son PIB) n’est pas effet, que les récentes négociations avaient permis d’obtenir «la
apparue frappée de plein fouet par la bourrasque qui menace réorientation» attendue de l’UE, en considérant que les
d’emporter la zone euro, il a semblé à tout un chacun qu’elle dispositions acquises en matière de croissance, même si elles
pourrait bien, à son tour, se trouver concernée par les ne faisaient pas l’objet d’un Traité qui équilibre juridiquement le
conséquences de ces turbulences dans les mois qui viennent, Traité budgétaire en cours de ratification, lui donnaient
alors même que son nouveau président avait fait du «retour à satisfaction. Reste à savoir si, entre autres, les mélanchonistes
la croissance» l’objectif phare de sa campagne électorale, et habituels contestataires de «l’Europe libérale» qui peuplent
notamment en préconisant la vulgarisation de la méthode des les allées du pouvoir à Paris, l’entendront de cette façon. Le PS
eurobonds pour mutualiser tout ou partie de la dette au niveau qui dispose, à lui seul, de la majorité absolue à l’Assemblée
européen afin de pouvoir, à ce niveau, bloquer la furia nationale sera considéré comme le maître du jeu, mais au-delà,
désordonnée des marchés. La mise au point du système se pose la question de l’autorité du président de la République.
supposait l’accord de l’Allemagne, en raison de son poids Angela Merkel qui a obtenu, le 29 juin, une ratification-canon
économique et financier au cœur du continent. Celle-ci a fait par le Bundestag du Traité budgétaire et du mécanisme
rapidement savoir que -redoutant d’avoir à faire les frais de européen de sécurité (avec l’appui du SPD) a également
cette mutualisation- elle ne pouvait en accepter l’augure que accepté d‘avaliser le document sur la croissance voulu par son
dans la perspective d’une Union politique européenne, avec vis-à-vis français. («vis-à-vis», en effet, et non «alter ego», les
ceux de ses partenaires qui accepteraient d’assumer la prérogatives d’un président constitutionnel allemand n’ayant
responsabilité d’un «saut fédéral», tel qu’il s’est envisagé rien à voir avec celles que la constitution de la Vème République
depuis les premiers pas de la construction communautaire attribue aux chefs d’Etat français, même quand il s’agit de
dans les années 1950. Autrement dit, l’objectif fédéral présidents «ordinaires»).
longtemps considéré comme à échéance lointaine devenait, Les crédits seront, en principe dégagés, en faisant appel aux
sous la pression des évènements, d’une prégnante actualité. cinquante cinq milliards d’euros scandaleusement inemployés,
La chancelière a même précisé les contours du projet qui dorment, faute de projets, dans les tiroirs des fonds
politique : élection d’un président européen au suffrage structurels communautaires ; puis à une soixantaine de
universel, transformation de l’actuelle Commission en véritable milliards de prêts générés par une augmentation du capital de
gouvernement de l’Union, renforcement des prérogatives du la Banque européenne d’investissements (BEI) et, enfin, une
Parlement européen (pour lui permettre d’exercer les fonctions poignée d’autres milliards d’euros affectés au lancement du
équivalentes à celles de la Chambre américaine des pilotage de projets destinés à financer de nouvelles
représentants), instauration d’un Sénat européen qui ne serait infrastructures intercontinentales. 120 milliards d’euros (soit 1
Nous sommes tous des Grecs ! Nous sommes tous des Européens !
Appel pour une action des citoyens européens pour la Grèce et pour l’Europe le 9 juin 2012
Nous voulons que la Grèce reste dans l’eurozone.
En tant que citoyens d’Europe, actifs dans les politiques progressistes et les mouvements sociaux, nous rejetons le choix de laisser
tomber la démocratie et l’engagement des populations dans les décisions qui les concernent dans le but de «rassurer les marchés».
Nous exprimons notre solidarité avec ceux qui, en Grèce comme dans de nombreux autres pays, regardent vers l’avenir avec angoisse
et se sentent abandonnés en face d’une crise apparemment impossible à juguler. Nous pensons néanmoins qu’il est possible de suivre la
voie de la cohésion et de la solidarité européenne et, dans le même temps, de trouver une sortie possible de la crise, nous seulement
pour la Grèce mais pour l’Union européenne (UE) tout entière.
C’est une illusion de penser qu’un “Grexit” (sortie de la Grèce de l’euro) sauverait l’euro et l’UE ; il en est de même en ce qui concerne
les coupes draconiennes et sans discrimination dans les dépenses publiques, dans lesquelles les investissements, les dépenses
sociales et les gaspillages dûs à des erreurs de management sont mis dans le même sac avec des effets dévastateurs sur la vie de
millions d’Européens et sur leurs perspectives pour l’avenir.
La peur de l’avenir doit être remplacée par la cohésion et la démocratie transnationale. Le peuple grec est la première victime de la
mauvaise gouvernance, de la corruption de nombreux politiciens et acteurs économiques et enfin, du manque d’un réel gouvernement
européen. Mais pour remédier à cette dramatique spirale l’UE doit jouer une partition largement différente de celle jouée par le
duo Merkozy, le FMI et la Commission. L’UE doit décider de se saborder et d’en revenir au mauvais anciens temps du «tous contre tous»
ou relancer le projet d’une union fédérale. Le premier besoin ce serait celui d’un gouvernement européen démocratique responsable
devant le Parlement européen, doté d’un budget en adéquation avec ses ambitions, et donc en mesure d’émettre des eurobonds.
Le premier et crucial test c’est ce qui sera fait pour et avec la Grèce dans la période précédant les élections du 17 juin. C’est également à
l’UE et à ses Etats membres d’introduire une note positive, maintenant.
Le destin du Memorandum signé par le gouvernement grec, l’UE et le FMI est dorénavant en jeu. Nous sommes convaincus qu’imposer
simplement ce Memorandum tel qu’il est et dans les délais proposés serait inacceptable et contreproductif.
La première est de dépasser la logique répressive du Pacte budgétaire et de l’anticiper par le lancement d’une nouvelle série de mesures
à l’initiative du Parlement européen et de la Commission afin de réorienter les ressources européennes vers un Plan européen de
développement socialement et écologiquement soutenable. Ces mesures devant être financées au moyen de la taxe sur les transactions
financières, la taxe carbone et les project-bonds. La seconde c’est d’organiser une campagne en vue des élections européennes de 2014
pour une Assemblée constituante dont la tâche serait de préparer un projet de constitution fédérale à soumettre aux citoyens européens
pour son approbation par un referendum pan-européen.
Nous ne pouvons pas laisser la responsabilité seulement aux gouvernements et à la Commission. Le Parlement européen doit reprendre
l’initiative, relancer un très nécessaire débat public autour de propositions positives de nouvelles mesures afin de gérer la crise et lancer
un nouveau processus constituant.
• que de la crise mondiale extrêmement grave qui La Commission devrait proposer un plan européen de
a investi l’Europe on ne peut pas sortir développement durable, d'un montant égal à 1 % au
seulement par des mesures d’austérité, qui, sans moins du PIB européen, qui relance la croissance
politiques de développement appropriées, sont économique et crée de nouveaux emplois moyennant des
destinées à produire une récession et à saper la investissements publics financés par la BEI et par le
compétitivité de l’économie européenne ; budget européen.
• qu’il est nécessaire que l’Union européenne
promeuve un Plan pour le développement - La description des objectifs de la proposition
écologiquement et socialement durable, (500 caractères au maximum)
financé par des impôts européens sur les
Objectifs principaux du plan de développement :
transactions financières et sur les émissions de
CO2 et par des euro-obligations (euro project 4. un programme d'investissements publics pour la
bonds) pour relancer la croissance et l’emploi ; production de biens matériels (infrastructures de
transport, réseaux énergétiques, bande large
s’engagent
pour les télécommunications, etc...) ;
• à contribuer dans l’élaboration et dans la 5. un soutien financier de l'UE à la production de
promotion de projets et initiatives aux niveaux biens publics européens (énergies renouvelables,
local, régional, national et européen pour recherche et innovation, nouvelles technologies,
atteindre les objectifs présentés ci-dessus ; protection de l'environnement et du patrimoine
culturel, etc...) ;
• à mobiliser leur forces et les réseaux nationaux
6. la révision des objectifs du Fonds européen
et européens de référence pour qu’ils se rendent
d'adéquation à la globalisation institué par le
disponibles pour orienter l’opinion publique et
règlement 1927/2006 afin de financer des
les pouvoirs publics vers les objectifs
mesures sociales pour l'emploi et la «flexicurity»
institutionnels et politiques indiqués, notamment
au niveau européen (ou, en tant que solution
pour ce qui concerne le lancement d’un Plan
alternative, la création d'un nouvel instrument de
européen de développement durable même grâce
politique sociale européenne).
à l’activation de l’Initiative citoyenne
européenne (ICE), l’instrument de démocratie Le programme d'investissements publics devrait être
participative prévu par le Traité de Lisbonne financé par la BEI et garanti par l'émission de «Projects
(Art. 11.4). Bonds» d'un montant d'environ 100 milliards d'Euros
(comme proposé par Alain Lamassoure, Guy Verhofstadt
et d'autres au sein du PE). Seuls les intérêts sur le capital
investi seraient inscrits dans le budget européen. Les
autres mesures du plan de développement seraient
financées par de nouvelles ressources propres de l'Union
Projet d’initiative (carbon tax et/ou taxe sur les transactions financières
telle que proposée par la Commission européenne le 28
citoyenne européenne juin 2011). Le budget européen devrait, à terme, être
proposé par le MFE financé exclusivement par des ressources propres de
l'Union (nouvelle TVA européenne, carbon tax et taxe
en liaison avec le Conseil italien sur les transactions financières).
du Mouvement européen 4. Les dispositions du Traité pertinentes pour
et les partenaires sociaux l'action proposée
Le bien-être et la sécurité du monde sont en danger. L’ordre Globaliser la démocratie est la seule manière de
national et international qui a émergé après la seconde guerre démocratiser la globalisation. Au-delà de nos différences sur
mondiale et la chute du Mur de Berlin n’a pas été capable de le contenu et les méthodes nécessaires pour avancer vers un
gérer les grandes avancées des systèmes productifs au profit ordre mondial plus juste et équitable, nous les signataires de ce
de l’ensemble de l’humanité. Tout au contraire, nous assistons document, partageons un ferme engagement pour le
à l’émergence de processus régressifs et destructeurs dérivés développement d’une démocratie globale. Au nom de la paix,
de la crise économique et financière, de l’augmentation des de la justice et des droits de l’homme, nous ne voulons pas être
inégalités sociales, du réchauffement climatique global, ainsi mondialement gouvernés par ceux qui ont été élus pour le faire
que de la prolifération nucléaire. Ces phénomènes ont déjà seulement au niveau national, ni par des organisations
affecté la vie de millions d’êtres humains, et leur continuité et internationales qui ne nous représentent pas. Donc, nous
leur renforcement mutuel mettent en demeure la paix dans le travaillons pour la construction d‘espaces politiques
monde et la survie de la civilisation humaine. supranationaux et réclamons des institutions politiques
régionales, internationales et mondiales à la hauteur des défis
Les crises globales requièrent des solutions propres au XXIème siècle, qui expriment les différentes visions
globales. Dans un univers social déterminé par la et protégent les intérêts communs des sept milliards de
mondialisation, les capacités démocratiques des États femmes et d’hommes qui aujourd’hui composent l’humanité.
nationaux et des institutions internationales se voient de plus
en plus restreintes face à l’émergence de processus puissants Nous appelons tous les êtres humains à participer à la
et non démocratiques, d'organisations et de systèmes constitution d’une démocratie globale. Nous partageons les
mondiaux. Ces dernières années, les principaux leaders revendications des mouvements sociaux mondiaux qui
nationaux et internationaux du monde sont restés impuissants appellent à «s’unir pour un changement global» ainsi que pour
face aux événements globaux. Leurs échecs réitérés montrent une «démocratie réelle». Ces deux postulats signifient que
qu’il ne suffit pas de réunions ponctuelles, ni d’accords inter- nous rejetons le fait de continuer à être gouvernés par des
gouvernementaux, ni de la coopération internationale, ni du pouvoirs politiques et économiques dont les résolutions
prétendu multilatéralisme, ni des actuelles formes de échappent entièrement à notre influence. L’autonomie et
gouvernance mondiale. La mondialisation des finances, des l’autodétermination des peuples ne sont pas valables
chaînes de production et des systèmes de communication, uniquement au niveau local et national. C’est pourquoi nous
ainsi que le pouvoir planétaire atteint par des technologies revendiquons notre droit à participer aux décisions globales
destructrices, exigent une globalisation des institutions fondamentales qui affectent nos vies. Nous nous voulons
politiques de régulation et de contrôle : les crises globales «citoyens du monde», pas simplement des «habitants». Nous
requièrent des solutions globales. Ainsi, nous exigeons la exigeons une démocratie non seulement au niveau local et
création urgente de nouvelles agences globales spécialisées national mais aussi une démocratie globale, nous nous
dans le désarmement, le développement économique équitable engageons à travailler pour son développement et nous
et durable, la protection de l’environnement, et la mise en place appelons tous les leaders politiques, intellectuels et civiques du
rapide de formes de gouvernance démocratique globale pour monde, toutes les organisations, les partis et les mouvements,
tous les défis face auxquels les actuels sommets inter- et toutes les personnes de convictions démocratiques de la
gouvernementaux se sont montrés incapables de trouver une planète, à participer activement à sa construction.
solution.
Carton rouge à Nicolas Sarkozy pour toute simple : «geler le budget de l'UE». Cela sonne bien.
L'amalgame est rapide. On a tôt fait de croire qu'avec
son programme eurosceptique vous, la France arrêtera de payer sa contribution à l'Union
européenne, le tout en donnant à la presse des chiffres sur
Article publié sur Le Taurillon le 26 avril
sept ans, qui font plus peur («le budget européen
équivaut à 1000 milliards sur sept ans»). Je vous le dis,
Monsieur Sarkozy, alors que la campagne présidentielle Monsieur Sarkozy, votre tentative de dénigrement des
n'avait jusque là fait émerger aucune idée brillante sur le institutions européennes et de leur financement est
sujet, j'ai remarqué, dans vos propositions récentes, le purement détestable. Le budget européen est aujourd'hui
retour de la thématique européenne. C'est avec regret très faible. L'UE n'a dépensé en 2011 que 126 milliards
cependant que je constate les multiples inexactitudes de d'euros. C'est loin des 800 milliards de dépenses
vos propos et que je déplore leur impact sur le lien déjà publiques par la France, chaque année, et loin des
ténu entre l'Europe et ses citoyens, en France et au-delà. énormes sommes que représentent aujourd'hui les fonds
de sauvetage européens, dont vous ne parlez pas et qui ne
C'est la faute à Schengen bénéficient d'aucun contrôle démocratique.
Les profiteurs
de la souveraineté nationale
Altiero Spinelli
Pour la première fois, un député autonomiste de la métropole - Paul Molac, de l’Union Démocratique Bretonne,
membre de la fédération Régions et Peuples Solidaires - fait son entrée au Parlement.
Le Partit Occitan salue également la victoire de la majorité de Gauche aux élections législatives et la création d’un groupe
parlementaire écologiste et autonomiste.
Pour autant, nous tenons à souligner le caractère profondément antidémocratique du système électoral :
• l’absence de proportionnelle renforce une bipolarisation très éloignée des réalités de la société : l’Assemblée
nationale ne reflète pas la diversité de l’électorat ;
• il manque encore 135 femmes pour atteindre une véritable parité ;
• le haut niveau d’abstention exprime une saturation des électeurs alimentée par l’inversion du calendrier et une
absence de débats sur leurs problèmes au quotidien (emploi, transport, logement, etc.).
Le basculement de l’assemblée doit être suivi de la mise en oeuvre des engagements de campagne : Acte 3 de la
décentralisation, introduction d’une dose de proportionnelle, ratification de la Charte Européenne des langues
régionales. Le Partit Occitan, au travers de son élu R&PS, entend peser pour le projet d’une Occitanie solidaire, écologiste
et ouverte à sa diversité.
Le dernier chapitre du livre est consacré au poids Le problème, avec Jacques Sapir, réside dans le fait qu’il
décroissant de l’Europe dans l’économie mondiale. C’est développe une analyse de la globalisation qui, en grande
seulement une zone euro renforcée, avec une politique partie, concorde avec celle de Joseph E. Stiglitz, en
monétaire extérieure active, qui pourrait permettre à arrivant toutefois à des conclusions opposées. Stiglitz, un
l’Europe de jouer un rôle dans un système avec la fin de visionnaire réaliste comme l’avaient été John Maynard
l’hégémonie du dollar américain et de nouvelles Keynes et Robert Triffin, affronte les problèmes du
superpuissances économiques à croissance rapide. Un gouvernement mondial et suggère des solutions
système monétaire multipolaire est en train d’émerger, concrètes, en y incluant la monnaie de réserve mondiale.
qui pourrait voir un rôle croissant des droits de tirage Sapir, au contraire, propose la renationalisation du
spéciaux (DTS) comme monnaie de réserve et finalement pouvoir, en faisant ainsi écho à une thèse bien connue de
comme monnaie mondiale. Mais ces thèmes sont Dani Rodrik. Il convient toutefois de noter que Rodrik est
seulement esquissés dans cet ouvrage et ils mériteraient un économiste du développement et que ses opinions sont
d’être au centre d’un nouveau livre. très souvent tirées de l’observation des exigences des
pays en voie de développement alors que Sapir se réfère
En résumé, le livre de Aglietta, est un bon aperçu des directement à la France. Sa position m’apparaît donc plus
positions économiques critiques de la manière dont a été inquiétante que celle de Rodrik. En outre, Rodrik ne met
créée l’Union monétaire européenne, avec toutefois une pas en cause l’unité européenne lorsqu’il souhaite la
approche fortement pro-européenne, plaidant pour une renationalisation de certaines politiques (qui devrait se
réelle union fédérale, l’auteur s’étant très peu étendu sur faire au niveau de l’Union européenne [UE] et non pas
les aspects institutionnels de cette dernière. Il n’empêche aux niveaux nationaux) et exprime de façon répétée
que nous ne partageons pas les vues de l’auteur sur l’opinion que le fédéralisme mondial constitue la
quelques points importants, en particulier, la viabilité meilleure des solutions du problème (quitte à l’écarter
d’une sortie de la Grèce de l’euro, le rôle de la BCE vis- ultérieurement, car il ne la considère pas insérable dans
à-vis des Etats membres dans un système fédéral ; le l’agenda politique).
besoin d’une solide discipline fiscale. Sapir examine séparément la mondialisation commerciale
et celle financière. Il néglige la mondialisation sociale.
Cette méthode exclut dans sa totalité l’analyse de la
société en réseau de Robert Castel ou les études de Saskia
Jacques Sapir, La démondialisation, Sassen sur les villes mondiales et sur la décomposition et
recomposition de grandes parties des pouvoirs nationaux
éd. Le Seuil, Paris, 2011, pp. 272, ISBN dans le cadre des organisations internationales en
978-2-021-04938-1, € 19,50 formation. Surtout, cette méthode ne lui permet pas
d’identifier le «mode de production scientifique», donc la
Gouvernements supranationaux spécificité de la mondialisation par rapport à des phases
versus renationalisations précédentes d’internationalisation économique. L’analyse
du mode de production permet par contre à un auteur
Antonio Mosconi fédéraliste, Lucio Levi, de décrire le passage de l’ère des
Membre du Conseil d’administration du Etats nationaux à celle des fédérations comme une ère
Centro Einstein di Studi Internazionale de Turin historiquement nécessaire pour le plein développement
des potentialités humaines.
Sapir sous-estime, en outre, la portée de la phase
Traduit de l’italien par Ivana Graziani - Vienne
historique qui s’est ouverte avec la crise de l’hégémonie
Mondialisation, démocratie et souveraineté nationales américaine et il n’essaie même pas d’exploiter les lueurs
sont trois objectifs qui ne peuvent pas être poursuivis de liberté qu’elle entrouvre à l’action consciente de
conjointement. On peut défendre la démocratie à l’homme dans l’histoire. La crise de l’hégémonie
américaine est manifeste : le gendarme mondial autant
Q. Michel Mouskhely parle de la constitution fédérale en R. Michel Mouskhely insiste sur la richesse et la souplesse du
spécifiant qu’elle doit être courte et proposer un «idéal principe fédératif qui tient compte de toutes les situations de
commun». Quel serait cet idéal commun européen ? fait, aussi complexes et délicates qu’elles soient. Nul doute que
la Fédération européenne ne prenne une forme adaptée à la
R. Dans leur projet de Constitution européenne, daté de forte personnalité et à la longue histoire des États nationaux qui
1949, le préambule de Michel Mouskhely et Gaston Stefani la constitueront. C’est en cela que l’on peut considérer a priori
évoque les principes de la démocratie politique et sociale que la Fédération européenne ne sera semblable à aucun
reposant sur la paix et la justice sociale, dans l’unité de la système fédéral préexistant.
fédération et la diversité de ses États fédérés. On peut en Elle ne sera, en fait et en outre, qu’un État souverain parmi
rester là. d’autres ; une étape vers la Fédération mondiale qui seule
permettra la pleine réalisation du fédéralisme par le
Q. Il spécifie ensuite que si « la Constitution adoptait une dépassement universel de la logique de la guerre,
certaine logique économique et sociale, elle introduirait conséquence de la souveraineté des États, et son
dans la fédération des motifs de discorde qui pourraient remplacement par la logique de la paix perpétuelle et par la
provoquer des discussions fatales au maintien de l’union suprématie du droit sur la force.
». N’est-ce pas ce à quoi l’on est en train d’assister avec
l’affrontement entre austérité et relance ?
René Cassier
Michel Morin
Les mots, les discours et les grandes théories ne sauraient suffire pour éclairer la vie pleine et riche de René. Il était
mouvement. Et donc pour tenter de retrouver sa silhouette, il faut en appeler aux multiples images d’un homme engagé et en
action dans son travail technique, dans sa vie personnelle avec les siens et ses lieux aimés, dans son christianisme vivant,
dans la création artistique, dans la construction de cette Europe fédérale qui a été son horizon politique pendant plus de 60
ans. Et qui nous a valu de partager avec lui, espoirs et amitié.
Et pour ce projet il a arpenté très souvent l’espace public lyonnais. Dès le petit matin pour l’organisation, puis pour la tenue
de stands de mobilisation des citoyens européens. Pour le Congrès du peuple européen, pour le Recensement volontaire du
peuple fédéral européen, pour les pétitions et les stands de l’UEF au sein de la fête du 9 mai de la Maison de l’Europe.
Réaliste et utopiste, il allait jusqu’au bout de ses engagements. Car c’est toute sa personnalité qui s’exprimait. Ses choix
existentiels, liés à ses valeurs humaines et chrétiennes, l’ont conduit à accepter de nombreuses responsabilités au sein
d’équipes, mais aussi à monter au créneau seul, fort de ses intimes convictions pour interpeller les grands de ce monde… ou
de cette ville. Il croyait profondément au pouvoir de l’humain dans l’engagement. Ainsi a-t-il été un candidat, déterminé
mais sans illusion, dans le rêve de constitution d’un parti fédéraliste européen à la fin des années soixante. Et un responsable
européen solide à Lyon, pendant les années du Mouvement fédéraliste européen, puis de l’UEF, ou dans la vie de la Maison
de l’Europe.
Aussi sa voix déterminée continuera à résonner dans nos souvenirs. Mais ses interpellations critiques, appelant au concret et
à l’action, ses tons de colère retenue et ses propositions précises nous manqueront.
Mais attendre et exiger beaucoup exposent à des déceptions, et à leurs effets, les pertes d’espoir qui peuvent assaillir chacun.
René dût faire face, comme il fit face à la maladie quand elle le frappa.
Mais trompé par le temps, fort d’une confiance solide dans le nouveau traitement mis en route, il nous a quittés, alors que
nous pensions que, cette fois encore, il reviendrait un jour s’asseoir aux tables de la rue pour construire l’avenir.
Michèle Jouve
Fédéchoses
Le 10 mai 2012, elle était avec nous pour rendre un dernier hommage à René Cassier, mais après plusieurs années d'une
lutte courageuse contre la maladie, Michèle Jouve nous a quittés à son tour le 20 juin 2012, à l'âge de 78 ans.
Militante lyonnaise depuis plus de cinquante ans, elle avait animé la section du Mouvement fédéraliste européen de son
caractère bien trempé. Certains d’entre nous l’avaient rencontré dans les années 1970 alors qu’elle habitait en région
parisienne mais toujours et à tous elle indiquait qu’elle était lyonnaise d’origine et de cœur tellement viscerallement attachée
à son groupe d’amis et de militants fédéralistes.
Nos amis fédéralistes de Pavie dont elle était toujours restée proche, pleurent avec nous une amie et une militante fidèle,
comme ils l’ont rappelé dans un mail en nous signalant que nombre d’entre eux la connaissaient depuis la fin des années
1960 quand ils venaient fréquemment à Lyon pour préparer avec Bernard Lesfargues l’édition de la revue Il Federalista qui
ne paraissait encore à l’époque qu’en édition française ou quand ils aprticipaient avec des militants lyonnais aux réunions
du groupe d’Autonomie fédéraliste à Bâle autours de Mario Albertini.
Michèle a aussi été par la suite et pendant plusieurs années trésiorière de l'UEF France et de l'UEF Rhône-Alpes ; elle
répondait toujours présent pour toutes les actions. A sa demande ses archives fédéralistes ont été jointes à celles que André
Darteil, autre militant fédéraliste lyonnais, a commencé à déposer il y a quelques années dans le Fonds André Pierre Darteil
aux Archives historiques des Communautés européennes auprès de l’Institut universitaire européen de Florence et qu’il
complètera dans les prochaines années.
Le souvenir de Michèle souvenir nous accompagnera dans nos combats pour la Fédération européenne.
Voici treize ans, en 1999, une vraie révolution avait lieu sur le vieux continent : douze pays se dotaient d’une monnaie
unique : l’euro. Il y a dix ans, en 2002, les citoyens la découvraient physiquement avec l’introduction des pièces et des
billets.
Depuis, cinq autres pays l’ont adoptée portant à dix-sept les membres de la zone euro et à 322 millions le nombre
d’Européens partageant la même unité monétaire. En treize ans l’euro est devenu la deuxième monnaie de réserve au monde
avec 27 %, loin il est vrai derrière le dollar à 61 %, mais distançant désormais largement le yen et la livre sterling.
Dix ans de monnaie fiduciaire nous donnent l’occasion de faire un bilan et de tracer quelques perspectives.
L’euro est beaucoup décrié et, en cette période de crise, les propos les plus contradictoires circulent à son sujet, certains
allant jusqu’à le remettre en cause. Et pourtant, malgré les attaques, bien que pour beaucoup il apparaisse comme le seul
responsable de la hausse des prix, malgré sa cotation jugée trop élevée par rapport au dollar, ce qui plomberait nos
exportations, aucun pays détenteur de l’euro ne s’en défait ; aucun gouvernement ne songe sérieusement à réintroduire une
monnaie nationale. Mieux, l’euro s’est vite imposé comme une référence et une monnaie crédible, utilisable dans le monde
entier en alternative au dollar américain.
Alors, qu’en est-il de cette monnaie adulée par les uns, honnie par les autres ? C’est ce à quoi les auteurs tentent de répondre
en formulant des propositions qui tiennent compte aussi des défis qui nous attendent.
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