CAT Devant Conjonctivite
CAT Devant Conjonctivite
CAT Devant Conjonctivite
Conduite à tenir
devant une conjonctivite infectieuse
P.-Y. Robert, A. Sabatier
Les conjonctivites infectieuses recouvrent des affections virales, bactériennes, mycosiques et parasitaires.
Parmi les conjonctivites virales, les kératoconjonctivites à adénovirus doivent être dépistées en cabinet
d’ophtalmologie en raison de leur grande contagiosité, et de la baisse visuelle qu’elles peuvent entraîner
en cas d’infiltrats sous-épithéliaux cornéens séquellaires. Dans les conjonctivites des virus du groupe
Herpes, herpes simplex virus (HSV) et varicelle-zona virus (VZV), un prélèvement permet de ne pas passer
à côté d’une maladie herpétique. Une conjonctivite bactérienne se caractérise par des sécrétions
purulentes. Certains éléments cliniques peuvent orienter vers certains germes (nouveau-né, enfant,
association à une urétrite, adénopathie prétragienne, conjonctivite membraneuse ou ligneuse). Selon les
recommandations de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments et produits de santé en 2004,
en l’absence de signes de gravité, seul un lavage au sérum physiologique associé à un collyre antiseptique
est suffisant. En cas de signe de gravité ou de terrain à risque, l’antibiothérapie dépend du terrain et du
germe suspecté. Les conjonctivites à Chlamydiae se traitent par des antibiotiques intracellulaires, assortis
pour le trachome de mesures d’hygiène de la face et d’amélioration sanitaire à l’échelle collective.
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Ophtalmologie 1
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21-130-D-10 ¶ Conduite à tenir devant une conjonctivite infectieuse
Kératoconjonctivites à adénovirus
Les adénovirus représentent la cause la plus fréquente de
conjonctivites virales. L’adénovirus a été isolé pour la première A
fois par Rowe [1], et l’on dénombre actuellement 41 sérotypes
selon de Jong [2], subdivisés en six sous-types (A, B, C, D, E, F),
variables dans leur clinique et leur épidémiologie. La kératocon-
jonctivite épidémique est associée aux sérotypes 8, 19 et 37.
Cette forme clinique peut être sévère et est extrêmement
contagieuse, ce qui en fait une entité redoutée de l’ophtalmo-
logiste. Les sérotypes 3, 4 et 7 sont associés à la fièvre adéno-
pharyngo-conjonctivale, qui survient elle aussi sous forme
d’épidémies. La kératoconjonctivite chronique à adénovirus,
quant à elle, est associée au sérotype 2 essentiellement. Les
autres sérotypes, 1, 5, 6, 11, 13, 14, 15, 20, 21, 23, 24 et 29,
sont associés à des formes sporadiques.
Pour Van Bijsterveld [3], sur une statistique de 216 patients B
atteints d’infections à adénovirus, l’atteinte cornéenne est
présente dans 49,5 % des cas, et dans 79,5 % des cas si la Figure 1. Exemple de conjonctivite folliculaire (A, B).
conjonctivite est bilatérale. Dans les cas avec atteinte cornéenne
grave (opacités nummulaires), les sérotypes 8 et 19 sont les plus
retrouvés ; on retrouve les sérotypes 3, 4 et 7 dans les formes
plus atypiques.
Formes cliniques
Kératoconjonctivite épidémique
Les enfants et les adultes jeunes (20-60 ans) sont les plus
touchés.
La maladie est hautement contagieuse et survient en petites
épidémies partout dans le monde, l’Asie (en particulier le Japon)
et le Moyen-Orient étant plus touchés. Ces épidémies survien-
nent surtout en été et en hiver, se répandant au sein des
collectivités.
De façon précoce, on retrouve un œdème palpébral et une
inflammation conjonctivale unilatéraux ou asymétriques, avec Figure 2. Symblépharon.
des sécrétions abondantes et aqueuses responsables d’un
larmoiement. L’hyperhémie de la conjonctive bulbaire peut être
associée à de petites hémorragies dans les formes sévères. un inconfort durable avec parfois des ulcères cornéens mécani-
L’atteinte est rapidement bilatérale (seules 25 % des formes ques induits.
restent strictement unilatérales). Une des formes les plus sévères est la kératite à adénovirus,
De façon inconstante, on peut observer des signes généraux particulièrement associée aux sérotypes 8, 19 et 37. Elle apparaît
de l’infection : une adénopathie prétragienne (souvent volumi- pendant la première semaine sous la forme d’une kératite
neuse si elle existe), une atteinte récente du tractus respiratoire ponctuée superficielle responsable d’une photophobie. Dans la
supérieur, une fièvre et/ou des troubles gastro-intestinaux. plupart des cas, la kératite superficielle régresse spontanément,
Lorsqu’on étudie plus précisément l’histoire naturelle, durant mais dans les cas plus sévères, les lésions fusionnent en fin de
les premiers jours, la conjonctive est hyperhémiée, associée à un première semaine : c’est la phase immunologique, qui fait toute
œdème des paupières avec ptosis et/ou pétéchies. Des sécrétions la gravité de la maladie (lésions : infiltrats de lymphocytes). On
sont retrouvées dans les culs-de-sac, et dans les formes sévères, retrouve alors des opacités nummulaires sous-épithéliales
elles peuvent prendre un aspect pseudomembraneux car l’exsu- blanchâtres, siégeant dans le stroma antérieur, plus denses, qui
dation de la fibrine peut se mélanger au mucus. peuvent accrocher la fluorescéine, et dont le nombre est
Pendant la première semaine, des follicules apparaissent dans variable (à 50). Leur localisation typiquement centrale sur l’axe
le cul-de-sac conjonctival inférieur, s’étendant ensuite à la optique peut avoir un impact visuel, ou par astigmatisme
conjonctive tarsale (Fig. 1) : ces follicules sont gris-blanc, avec irrégulier, et chez l’enfant, laisser des séquelles responsables
des zones légèrement surélevées dans les couches sous- d’amblyopie. Lorsque l’inflammation disparaît, les lésions
épithéliales de la conjonctive inflammatoire. épithéliales disparaissent, mais les bords des infiltrats sous-
Durant la deuxième semaine, les follicules persistent mais épithéliaux persistent, laissant des opacités circulaires séquellai-
sont plus discrets. De façon concomitante, l’atteinte conjoncti- res relativement discrètes. Ces dernières peuvent persister
vale régresse, mais une gêne peut persister du fait de la modifi- plusieurs mois, voire des années. Il est intéressant de noter que
cation du film lacrymal secondaire à la cicatrisation dans le premier mois, seulement 34 % des patients ont vu
conjonctivale. De plus, dans les formes sévères de conjonctivite disparaître la conjonctivite folliculaire et l’atteinte cornéenne
pseudomembraneuse, on peut retrouver la formation de sym- inflammatoire, 75 % à 2 mois et 95 % à 1 an [4]. L’affection
blépharons (Fig. 2) entraînant un comblement des culs-de-sac et inflammatoire peut donc durer des mois.
2 Ophtalmologie
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Conduite à tenir devant une conjonctivite infectieuse ¶ 21-130-D-10
Plus rarement ont été rapportés des cas d’uvéite antérieure, de Prévention
sclérite antérieure diffuse, de névrite optique, ou d’obstructions
canaliculaires à suspecter en cas de larmoiement chronique. Il s’agit notamment de l’information du patient, des règles
La phase infectieuse dure 10 à 21 jours, et la contagiosité d’hygiène (lavage des mains, non-partage des serviettes, distri-
dure de 3 jours avant à 14 jours après le début des symptômes. buteur de savon, etc.), des arrêts de travail ou de l’éviction
L’incubation dure en moyenne 8 jours. Le virus est extrême- scolaire de 2 semaines, des mesures de désinfection du cabinet
ment résistant et peut survivre sur une surface inerte pendant (gants jetables, tonomètres à usage unique, décontamination
4 semaines. Notons que le portage sain du virus est fréquent, au des instruments, etc.). Le problème est que l’adénovirus peut
niveau de la conjonctive ou dans les amygdales, véritables survivre 35 jours sur un matériel inerte.
réservoirs au sein de la population. Pour le matériel thermosensible, la décontamination se fait
par immersion dans un bain associant un ammonium quater-
Fièvre adéno-pharyngo-conjonctivale naire et un détergent, au moins 15 minutes, puis les instru-
Elle débute par une conjonctivite aiguë folliculaire souvent ments sont rincés à l’eau courante et séchés. Pour le matériel
hémorragique, associée à des sécrétions muqueuses, un œdème thermostable, la stérilisation peut être effectuée par la vapeur
des paupières, une adénopathie prétragienne. Des signes d’eau, ou par l’oxyde d’éthylène.
généraux sont présents (pharyngite, céphalées, malaise, myal-
gies, douleurs abdominales, diarrhée, fièvre). Une kératite Traitement
épithéliale diffuse peut survenir, mais les patients ne dévelop-
pent pas de kératite sévère. La contagiosité est très importante, À la phase aiguë, les symptômes sont en général soulagés par
surtout par les sécrétions respiratoires. des agents mouillants et des lavages oculaires au sérum physio-
logique : en effet, la guérison est spontanée, le pronostic
Kératoconjonctivite chronique excellent, mais l’évolution peut être longue et fluctuante. Un
anti-inflammatoire non stéroïdien topique peut éventuellement
Il s’agit là encore d’une conjonctivite folliculaire aiguë puis
être introduit dans les formes très inflammatoires. Les antibio-
d’une conjonctivite papillaire chronique associée à des infiltrats
tiques ne sont pas conseillés en l’absence de surinfection
sous-épithéliaux. Le diagnostic est difficile en l’absence de
bactérienne qui est, en pratique, rare. Pour les collyres cortiso-
signes typiques. Le diagnostic biologique apporte ici tout son
nés, les modèles animaux montrent que ces derniers favorise-
intérêt.
raient le portage chronique du virus [7] . Leur seule réelle
indication en phase aiguë est la présence de pseudomembranes
Examens complémentaires et/ou de symblépharons. Cependant, il ne faut pas les intro-
duire trop précocement (pas avant 15 jours) en raison du risque
Le diagnostic biologique [5] peut être nécessaire dans les cas
de dissémination virale.
atypiques (pour éliminer un herpès ou Chlamydiae), ou bien
à visée épidémiologique. Il est réalisé sur frottis conjonctival Dans tous les cas, les collyres en unidoses sont à privilégier.
(ou un prélèvement de gorge en cas de fièvre adéno- Notons qu’il n’existe pas de substance spécifique antiadénovi-
pharyngo-conjonctivale). rus. Certains anti-inflammatoires non stéroïdiens topiques
La culture d’adénovirus par technique rapide sur cellules (diclofénac sodium : Voltarène®, collyre et kétorolac trométa-
MRC5 avec immunomarquage des virions est la méthode de mol : Acular®) ont été testés in vitro et chez l’animal (lapin New
référence. L’isolement ne peut toutefois se faire que lors des Zealand) ; l’étude suggère que malgré l’absence d’activité
deux premières semaines d’évolution, soit au cours du processus inhibitrice sur l’adénovirus, ils semblent être une alternative
infectieux. Le délai de réponse habituel est de 48 heures. plus sécuritaire que les stéroïdes topiques [8].
L’isolement est parfois plus long (2-3 semaines) et peut néces- Pour les formes sévères de kératoconjonctivites, les corticoïdes
siter des repiquages. Le diagnostic de sérotype a un intérêt en topique permettent la réduction de la conjonctivite et la
épidémiologique. Le typage précis est réalisé par endonucléases disparition transitoire des lésions cornéennes, mais ce traite-
de restriction. ment est limité par la tendance à augmenter la réplication virale
La polymerase chain reaction (PCR) permet un typage et la durée de contamination [7, 9], ainsi qu’une tendance à la
génétique. récidive après l’arrêt du traitement. Par ailleurs, les cicatrices
Le rapid pathogen screening (RPS Adeno Detector™) semble être finissent pour la plupart à disparaître avec le temps. Il convient
une technique rapide, réalisable au cabinet, et dont la sensibilité donc de discuter du traitement avec le patient. En pratique, la
et la spécificité sont respectivement de 88 % et 91 % par corticothérapie est proposée après 3 semaines d’évolution en cas
rapport à la culture et 89 % et 94 % par rapport à la PCR. Il d’atteinte de l’axe optique avec baisse d’acuité visuelle. Une
permet donc un diagnostic rapide pour les centres qui en sont durée de traitement de 1 mois est raisonnable avec une décrois-
équipés [5]. sance très progressive.
La microscopie confocale appliquée aux kératoconjonctivites En cas de corticodépendance, on peut avoir recours à un
à adénovirus permet l’étude in vivo de toute l’épaisseur de la traitement par collyres à la ciclosporine A 0,5 % à 2 %, mais les
cornée. La première semaine, elle permet de révéler des groupes rechutes à l’arrêt restent possibles [10] et la durée du traitement
de cellules hyperréflectives au niveau de la couche des cellules n’est pas codifiée [11] . Néanmoins, l’indication semble être
basales épithéliales. De plus, il existe une accumulation de donnée quand il existe une baisse d’acuité visuelle due aux
cellules dendritiques sous-épithéliales au niveau de la membrane opacités nummulaires, en l’absence d’amélioration 6 semaines
de Bowman, témoin de la réponse précoce du système immu- après la phase aiguë inflammatoire [12].
nitaire aux antigènes viraux présents dans le stroma cornéen.
Lors de la seconde semaine, chez des patients présentant une Prise en charge des séquelles
conjonctivite folliculaire, une kératite focale et des infiltrats
sous-épithéliaux, la microscopie confocale révèle la persistance Aux stades séquellaires, les lentilles rigides améliorent les
des groupes de cellules hyperréflectives de la couche des cellules astigmatismes irréguliers.
basales épithéliales entremêlées de cellules arrondies, probable- La photokératectomie thérapeutique au laser excimère peut
ment des leucocytes. Plus en profondeur, les cellules dendriti- être proposée en traitement des opacités nummulaires séquel-
ques sont intriquées et on retrouve des plaques de cellules laires persistantes. Quentin montre que sur les opacités séquel-
hyperréflectives dans le stroma antérieur, correspondant aux laires observées plus de 36 mois en moyenne après la période
infiltrats sous-épithéliaux. Après 24 semaines de suivi, on aiguë, la photokératectomie permet une augmentation de
retrouve toujours un stroma médian hyperréflectif, ce qui l’acuité visuelle sur 11 des 13 yeux traités ; un patient a eu une
souligne l’importance de la composante inflammatoire dans le récidive bilatérale de ses opacités à 6 semaines postphotokéra-
temps également [6]. tectomie [13].
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21-130-D-10 ¶ Conduite à tenir devant une conjonctivite infectieuse
L’immunité acquise vis-à-vis de l’adénovirus n’est pas totale mais de durée habituellement plus courte. Les ulcérations de la
et définitive car des réinfections sont possibles. De plus, jonction cutanéomuqueuse du bord libre sont fréquentes et elles
l’immunité conférée par un type d’adénovirus ne protège pas prennent la fluorescéine. Les lésions cutanées sont souvent
vis-à vis des autres. absentes. La conjonctivite est de type folliculaire et n’est pas
toujours associée à une kératite.
Diagnostic biologique
“ À retenir
La réalisation d’un diagnostic virologique lors de la survenue
d’une conjonctivite chez un patient herpétique connu peut
avoir deux utilités :
Conjonctivites virales • d’une part, elle peut apporter une confirmation virologique
• Notion de contage lorsque celle-ci fait défaut en dépit d’une histoire cornéenne
• Conjonctivite folliculaire complexe ;
• Kératite nummulaire • d’autre part, elle peut permettre d’avoir des renseignements
sur la souche virale en cause, et on sait aujourd’hui que
• Infiltrats cornéens sous-épithéliaux
plusieurs souches virales peuvent coexister chez un même
• Symblépharons
patient.
• Mesures préventives Au cours de la primo-infection, on retrouve une augmenta-
tion du taux des anticorps spécifiques, avec une production
initiale d’immunoglobulines M (IgM), puis une augmentation
durable du taux d’IgG. Le taux d’IgG est ensuite élevé chez tous
Conjonctivites herpétiques les patients qui ont été un jour en contact avec le virus, soit
plus de 80 % de la population adulte. La sérologie spécifique
L’atteinte oculaire est habituellement causée par le virus HSV n’est donc d’aucun secours pour le diagnostic des
herpes simplex de type 1 (HSV 1). Les lésions sont typiquement récurrences.
unilatérales, mais des cas bilatéraux existent, touchant plus On peut retrouver la présence du virus au niveau des vésicu-
particulièrement les sujets ayant un terrain atopique ou auto- les muqueuses, par exemple par frottis conjonctival.
immun. Cela représenterait 1,3 %, selon une étude rétrospective L’examen en immunofluorescence directe ou indirecte ou
américaine de 544 patients avec une symptomatologie oculaire technique immunohistochimique confirme la présence de
herpétique [14]. l’antigène viral à l’aide d’un anticorps anti-HSV couplé à un
marqueur. Les résultats sont rendus en moins de 24 heures.
Formes cliniques L’infection est prouvée mais des faux négatifs sont possibles
pour les prélèvements pauvres en cellules et en virions.
Primo-infection L’isolement de la souche sur culture cellulaire par mise en
La primo-infection affecte les individus vierges de toute évidence de l’effet cytopathogène est possible avec des résultats
infection, n’ayant pas d’immunité contre le virus. L’inoculation en 2 à 5 jours.
se fait à partir d’un foyer infectieux. Elle survient typiquement La PCR permet de détecter la présence de l’acide désoxyribo-
chez l’enfant et l’adulte jeune. Lors de cette primo-infection nucléique (ADN) viral. Elle est plus spécifique mais moins
herpétique, on retrouve des lésions cutanées autour des jonc- sensible que la culture. La réalisation d’une PCR en routine se
tions cutanéomuqueuses. Au niveau oculaire, il s’agit d’une heurte aux problèmes de coût.
blépharoconjonctivite : éruption vésiculaire et érythème périlé-
sionnel de la peau des paupières, associés à une conjonctivite Traitement
folliculaire. Des sécrétions volontiers purulentes sont fréquem- Il repose sur les antiviraux topiques, en collyre huit fois par
ment retrouvées. De petites zones d’ulcérations conjonctivales jour, ou en pommade cinq fois par jour. Le traitement doit être
au niveau du tarse supérieur, près du bord libre palpébral, instauré le plus précocement possible. Il s’agit des analogues
peuvent passer inaperçues en présence d’une hyperhémie nucléosidiques comme la trifluorothymidine (Virophta ® ),
conjonctivale marquée. Rarement, on retrouve une kératite, l’aciclovir (Zovirax®) ou le ganciclovir (Virgan®).
communément de type ponctué superficiel, mais qui peut Les corticoïdes sont contre-indiqués à la phase aiguë car ils
prendre l’aspect de petites ulcérations dendritiques, uniques ou favorisent la réplication virale, inhibent la cicatrisation et
multiples. L’évolution des lésions cutanées se fait vers des accentuent la toxicité épithéliale des antiviraux. De même,
pustules, qui forment ensuite des croûtes et s’ulcèrent. Typique- l’association à des cicatrisants n’est pas recommandée, car ils
ment, une adénopathie prétragienne sensible est associée à ce entrent en compétition avec les antiviraux.
tableau. La surveillance est essentielle et l’efficacité peut être constatée
Chez les patients immunocompétents, la primo-infection dès le premier jour.
guérit en 3 semaines sans séquelle, mais le virus persiste ensuite Il n’y a pas d’autorisation de mise sur le marché (AMM) pour
sous forme latente. La conjonctivite répond aux traitements un traitement prophylactique des récidives de conjonctivites
topiques antiviraux. Chez les patients immunodéprimés, herpétiques par voie générale.
l’infection peut se généraliser et nécessiter des antiviraux par
voie systémique.
Conjonctivites à virus varicelle-zona (VZV)
Infections récurrentes
Conjonctivite de la varicelle
Après une primo-infection, symptomatique ou non, l’HSV
1 ou l’HSV 2 reste à l’état latent dans plusieurs éléments du Au cours de la varicelle, une conjonctivite folliculaire discrète
système nerveux central, notamment les ganglions sensitifs. Le est fréquente. On peut également retrouver des vésicules
virus est ensuite susceptible de se réactiver à la faveur de conjonctivales hémorragiques ou cornéennes avec des ulcéra-
nombreux facteurs. Les principaux stimuli de réactivation sont tions focales. Les lésions conjonctivales et cornéennes disparais-
l’inflammation (maladie systémique associée), l’irritation des sent spontanément en 1 à 2 semaines, mais peuvent laisser des
terminaisons nerveuses (en particulier le stress, le froid, les séquelles (cicatrices cornéennes, néovascularisation).
ultraviolets) et l’immunodépression. Les réactivations herpéti-
ques conjonctivales sont souvent méconnues ; elles seraient en
Atteinte conjonctivale dans le zona ophtalmique
fait les plus fréquentes. Elles peuvent prendre la forme d’une Le zona ophtalmique résulte de la réactivation d’un VZV
blépharoconjonctivite similaire à celle de la primo-infection, présent à l’état latent dans le ganglion trigéminé. L’atteinte de
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la branche nasociliaire du nerf trijumeau est fréquemment souvent bilatérales. On retrouve une adénopathie prétragienne
associée à des complications oculaires. Au cours des stades dans 65 % des cas. Les sécrétions et les contacts directs facilitent
précoces de la maladie, on peut retrouver une conjonctivite la propagation. De plus, des manifestations respiratoires peuvent
folliculaire, associée à des vésicules et/ou des fausses membranes être concomitantes ; le virus pouvant alors aussi bien être isolé
et une kératite d’aspect « pseudodendritique ». En effet, il s’agit dans les frottis conjonctivaux que dans les prélèvements de
de dépôts de mucus qui peuvent être différenciés des dendrites gorge [21].
de l’infection herpétique par leur aspect surélevé, périphérique, Les diagnostics virologiques réalisés en cours d’épidémie
ne prenant que faiblement la fluorescéine, et disparaissant permettent de typer les souches. Après inoculation des prélève-
lorsqu’on nettoie la surface cornéenne. ments à des lignées cellulaires, l’isolement du virus est confirmé
Le traitement antiviral systémique donné précocement par PCR reverse transcriptase et immunofluorescence indirecte [22].
(valaciclovir 3 g/j pendant 7 jours) raccourcit la durée d’évolu- Il semblerait qu’au cours même d’une épidémie, il puisse y avoir
tion, limite l’extension de l’éruption et diminue la fréquence des changements antigéniques au sein du virus [17].
des complications oculaires au long cours et des névralgies L’évolution est en général favorable en 1 semaine ; le traite-
postzostériennes invalidantes. ment est donc essentiellement préventif. Néanmoins, des
complications ont été décrites : iridocyclite, névrite optique,
ainsi que des signes généraux : radiculomyélites, signes digestifs,
Conjonctivites à autres virus du groupe syndrome fébrile.
Herpes
L’Epstein-Barr virus (EBV) est responsable de la mononucléose Autres conjonctivites virales
infectieuse et fait partie de la famille Herpesviridae. L’infection
est généralement infraclinique, mais on peut retrouver une Rougeole
conjonctivite folliculaire aiguë avec chémosis, hémorragie,
infiltrats et membranes. On peut parfois mettre en évidence des Elle s’accompagne d’une conjonctivite catarrhale, souvent
granulomes conjonctivaux et une adénopathie prétragienne. Au compliquée d’une kératite ponctuée superficielle responsable
niveau cornéen, on peut retrouver une kératite ponctuée d’une photophobie. L’atteinte cornéenne peut être plus sévère
superficielle, une kératite nummulaire ou interstitielle. avec kératomalacie, ulcérations, perforations responsables de
L’herpesvirus humain (HHV-6) est le virus responsable de cécité par surinfection bactérienne, ou survenue de leucomes. La
l’exanthème subit de l’enfant. Il est susceptible d’entraîner des vaccination est recommandée.
conjonctivites papillaires.
La présence d’ADN, d’EBV et d’HHV-6 est plus fréquente dans Oreillons
les larmes des patients présentant une conjonctivite papil-
laire [15], mais on ne sait pas si cette augmentation montre une Ils s’accompagnent d’une conjonctivite avec ou sans atteinte
responsabilité de ces virus dans la conjonctivite, ou une cornéenne, souvent plus modérée que dans la rougeole. Le
réactivation virale contemporaine d’une conjonctivite d’une traitement est symptomatique et la vaccination recommandée.
autre origine.
Papillomavirus
Molluscum contagiosum Ils sont responsables de verrues cutanées et peuvent entraîner
des conjonctivites papillaires chroniques avec kératites ponc-
L’agent responsable est le poxvirus, transmis par les contacts tuées superficielles. Le traitement repose sur l’excision chirurgi-
directs rapprochés. L’incubation est de 2 à 7 semaines. La cale des lésions. Le développement de la vaccination devrait
maladie touche plus les enfants et les sujets immunodéprimés. voir l’incidence diminuer.
Les lésions cutanées correspondent à une surélévation
épidermique à centre ombiliqué, pouvant être uniques ou Maladie de Newcastle
multiples, de 3 à 5 mm de diamètre. Lorsqu’il existe une lésion
proche du bord libre palpébral, des particules virales peuvent se Il s’agit d’un paramyxovirus responsable de pneumoencépha-
répandre dans les culs-de-sac conjonctivaux et entraîner une lites létales chez les volailles et de conjonctivites chez les
conjonctivite folliculaire secondaire [16]. Le mécanisme semble éleveurs de volailles et les vétérinaires exposés. Les patients
être celui d’une réaction immunitaire sans invasion conjoncti- présentent une conjonctivite folliculaire unilatérale avec
vale directe par le virus. En effet, sur le plan anatomopatholo- adénopathie prétragienne. Les complications sont rares ; la
gique, cet épiderme épaissi contient un grand nombre guérison se fait en général spontanément et sans séquelle.
d’inclusions éosinophiles intracytoplasmiques au centre de la
lésion ombiliquée. Dans les formes évoluées, on peut retrouver Grippe, fièvre jaune, dengue, rubéole,
une kératite ponctuée, puis un pannus néovasculaire de locali- virus de l’immunodéficience humaine (VIH)
sation supérieure préférentielle.
Le traitement de la conjonctivite consiste à enlever la lésion Ils peuvent s’accompagner de conjonctivites, souvent peu
palpébrale responsable (excision, laser argon). sévères, aux caractéristiques variables, avec ou sans atteinte
cornéenne.
Conjonctivites à entérovirus
Elles se manifestent sous forme d’épidémies de conjonctivites ■ Conjonctivites bactériennes
aiguës hémorragiques à début brutal.
Deux entérovirus (Picornavirus) à acide ribonucléique (ARN) Elles sont caractérisées par un début brutal, des sécrétions
ont été identifiés comme étant responsables de ces épidémies de profuses, épaisses et purulentes, et une réponse rapide au
conjonctivites aiguës hémorragiques, en Afrique et en Asie traitement local par antibiotiques.
essentiellement : entérovirus type 70 et coxsackie virus
A24 variant [17-20]. Signes cliniques
La période d’incubation est très courte, environ 1 jour, ce qui
rend cette infection très contagieuse. Associés à l’hyperhémie conjonctivale, on retrouve un œdème
Les caractéristiques de l’infection sont un œdème palpébral conjonctival et palpébral. Les sécrétions mucopurulentes (Fig. 3)
aigu, une inflammation conjonctivale hémorragique doulou- font suite à une exsudation cellulaire fibrineuse. Le malade se
reuse, avec une hypertrophie folliculaire, associés à des hémor- frottant les yeux, ce geste est responsable de la contamination
ragies sous-conjonctivales et à une kératite superficielle, le plus du deuxième œil d’une part et de l’entourage également.
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A B C
Figure 3. Exemples de conjonctivite purulente (A à C).
A B
C D
A B
L’examen fait état de papilles (Fig. 4), plus rarement follicules L’atteinte ophtalmologique néonatale peut être due à une
(Fig. 1), parfois de fausses membranes (Fig. 5) ; l’adénopathie infection bactérienne acquise à la naissance, une infection
prétragienne est le plus souvent absente, à l’inverse des . à gonocoque, ou à Chlamydiae (cf. infra). Elles peuvent
conjonctivites virales. se compliquer d’une infection des voies lacrymales
(dacryocystite).
Conjonctivites purulentes du nouveau-né Les infections à staphylocoques sont les plus fréquentes, elles
guérissent avec une bonne hygiène locale et un collyre antibio-
Elles sont définies par une conjonctivite avec écoulement tique. La récidive doit faire évoquer une imperforation de canal
purulent survenant dans les 28 jours après la naissance. lacrymonasal.
6 Ophtalmologie
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Conduite à tenir devant une conjonctivite infectieuse ¶ 21-130-D-10
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21-130-D-10 ¶ Conduite à tenir devant une conjonctivite infectieuse
“ Point fort
sur les aérobies à Gram négatif et les cocci à Gram positif, à
l’exception des streptocoques. Leur inconvénient est leur
mauvaise biodisponibilité.
Facteurs de risque • La bacitracine est bactériostatique, efficace sur les bactéries à
Favorisant la survenue d’infections graves Gram positif.
• Immunodépression • Le chloramphénicol a un large spectre avec une pénétration
• Diabète mal équilibré intraoculaire, donnant peu de résistances, et de plus très bon
marché. Le chloramphénicol entraîne, par voie générale, un
• Pathologie locale sous-jacente (syndrome sec,
risque d’aplasie médullaire qui n’a jamais été confirmé après
dystrophie cornéenne, greffe de cornée, obstruction des
administration en collyre. Pour cette raison, sa prescription a
voies lacrymales, trouble de la statique palpébrale) été arrêtée dans quelques pays, mais cet antibiotique reste
• Corticothérapie locale prescrit à grande échelle, dans beaucoup de pays d’Europe du
• Port de lentilles de contact Nord notamment.
Liés à des situations particulières • Les tétracyclines sont bactériostatiques et ont la particularité
• Monophtalme d’être efficaces en intracellulaire. Leur spectre est large à
• Nouveau-né l’exception des entérobactéries et de quelques streptocoques.
• L’acide fusidique est bactériostatique, antistaphylococcique,
efficace uniquement sur les cocci à Gram positif. Il sélec-
tionne volontiers des mutants résistants.
• La polymyxine B est bactéricide. Elle n’est efficace que sur les
“ Point fort bactéries à Gram négatif. Elle est présente dans plusieurs
associations d’antibiotiques en collyre.
• Les macrolides sont bactériostatiques, efficaces sur les
Critères de gravité bactéries à Gram positif. Leur pénétration tissulaire est
• Sécrétions purulentes importantes excellente ; de ce fait, leur traitement est plus court (3 jours
• Chémosis suffisent de par leur accumulation cellulaire) [24].
• Œdème palpébral Le clinicien doit tenter d’adapter son antibiothérapie au
• Larmoiement important germe (suspecté le plus souvent) et au patient (porteur de
• Baisse de l’acuité visuelle lentilles), tout en tenant compte du rapport bénéfice-risque
• Photophobie pour la société (utilisation abusive des antibiotiques, coût,
risque de résistances versus confort, guérison rapide, diminution
de la contagiosité).
Le patient doit être prévenu que la durée du traitement doit
Antiseptiques être respectée (7 jours en général). Le collyre peut être prescrit
toutes les 2 heures au début, puis trois à quatre fois par jour
Il en existe six classes : ensuite, éventuellement associé à une pommade pour la nuit
• les métalliques : il s’agit du nitrate d’argent utilisé dans la afin d’augmenter le temps de contact et l’effet pansement. Les
prévention de l’ophtalmie néonatale, les organomercuriels corticoïdes sont rarement indiqués dans les conjonctivites
pour la désinfection des lentilles de contact et les sels de bactériennes. L’antibiotique doit être changé en l’absence
cuivre, utilisés dans les conjonctivites à Chlamydiae ; d’efficacité après quelques jours, avec éventuellement la
• le bleu de méthylène (Collyre Bleu®) ; réalisation d’un prélèvement après une fenêtre thérapeutique de
• l’acide borique (Dacryosérum®, Dacudoses®) ; 24 heures au minimum. La monothérapie reste la plus
• les ammoniums quaternaires : ils sont de spectre large sauf conseillée dans ces conjonctivites bactériennes. On peut être
pour Pseudomonas. Il s’agit du chlorure de benzalkonium, du amené à réaliser des associations afin d’augmenter l’activité ou
bromure de benzododécinium et du céthexonium (Bioci- d’élargir le spectre, notamment chez l’immunodéprimé ou en
dan®) ; cas d’infection nosocomiale.
• les amidines (picloxydine : Vitabact®) : ils sont bactériostati-
ques, et certains sont également bactéricides, et parfois même Cas de la femme enceinte ou allaitante
antifongiques et antiamibiens ;
• la povidone iodée à 5 % (Bétadine® 5 %) : son spectre est Les recommandations de l’Afssaps se basent sur les risques de
large ; elle élimine 90 % des colonies microbiennes en toxicité et de tératogénicité des molécules par voie orale.
3 minutes. • Sont ainsi déconseillés : kanamycine, chloramphénicol.
Certains antiseptiques présentent un effet vasoconstricteur • Sont à éviter par prudence : tripethoprime, kanamycine et
par activité sympathomimétique pouvant provoquer une autres aminosides.
poussée de glaucome aiguë, une mydriase, et certains effets • Peuvent être prescrits : tétracyclines (au cours du premier
systémiques (tachycardie, céphalées, poussée tensionnelle). trimestre), rifamycine, fluoroquinolones (ciprofloxacine,
Comme pour les antibiotiques, leur utilisation prolongée, ofloxacine et norfloxacine).
au-delà de 15 jours, expose au risque de résistance bactérienne.
Cas des enfants
Antibiotiques
Les conjonctivites bactériennes sont le plus souvent à Haemo-
Comme nous l’avons vu, les antibiotiques abrègent la durée philus influenzae ou à streptocoque. Il s’agit de conjonctivites
des symptômes des conjonctivites bactériennes mais leur effet à aiguës mucopurulentes, avec une inflammation prédominant
8 jours n’est pas significativement supérieur à celui du placebo. sur la conjonctive bulbaire, et des papilles sur la conjonctive
• La rifamycine (collyre ou pommade) est un antistaphylococ- palpébrale. La contamination de la conjonctive se fait à partir
cique de référence, également actif sur les streptocoques, des mains sales ou du nasopharynx. L’évolution de cette
Haemophilus et les mycobactéries. Il est très bien toléré. affection est en général favorable, la guérison complète. Le
• Les quinolones ont un large spectre, à l’exception des problème se pose devant sa fréquence chez l’enfant d’âge
staphylocoques résistants, des streptocoques et des entéroco- scolaire et l’éviction scolaire qu’elle impose, désorganisant
ques, et de certains bacilles (Acinetobacter, Bacteroides fragilis, l’équilibre familial. La rifamycine présente l’avantage d’un
Clostridium). Bien tolérées, elles pénètrent bien dans l’œil, spectre large, peu de résistance et une présentation colorée, gage
mais posent le problème de l’émergence de résistances. de l’observance. L’azithromycine (macrolide) semble être une
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alternative intéressante. Les règles d’hygiène sont les mêmes que seconde intention). Le traitement doit durer 6-8 semaines. En
pour les adultes. En cas de signes systémiques (syndrome otite- cas d’atteinte extraoculaire associée, le traitement est oral,
conjonctivite), une antibiothérapie orale doit être associée permettant de traiter en même temps l’infection génitale. Il
(amoxicilline + acide clavulanique, pendant 10 jours). s’agit d’un traitement minute par azithromycine orale (quatre
En cas de conjonctivite récidivante, il faut rechercher une comprimés à 250 mg en une prise pour l’adulte) ou des cyclines
imperforation des voies lacrymales. orales sur 3 semaines (doxycycline 100 mg × 2/jours). Sous
traitement, tous les signes régressent sans séquelle ; en l’absence
de traitement, l’évolution naturelle se fait vers la guérison
spontanée en 1 à 2 ans.
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Conjonctivite
Sécrétions purulentes
Échec
Prélèvement
Antibiotique
Collyre adapté à l’antibiogramme
Figure 7. Arbre décisionnel. Stratégie thérapeutique devant des sécrétions purulentes de conjonctivite. CHANCE : chirurgie, antibiothérapie, nettoyage
du visage, changement d’environnement.
Le trachome, première cause de cécité infectieuse dans le [3] Van Bijsterveld OP, Van Hemel OL. Inflammatory sequelae after
monde, est lié à une infection à Chlamydiae. Son traitement adenovirus infection. J Fr Ophtalmol 1988;11:25-9.
repose sur quatre axes : chirurgie, antibiotiques, hygiène du [4] Adenis JP, Bron A, Colin J, Franco JL, Mousnier M. Infections et
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Ophtalmologie 11
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Toute référence à cet article doit porter la mention : Robert P.-Y., Sabatier A. Conduite à tenir devant une conjonctivite infectieuse. EMC (Elsevier Masson SAS,
Paris), Ophtalmologie, 21-130-D-10, 2011.
12 Ophtalmologie
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