1re Francais La Reflexion Sur L Homme A Travers Les Textes Argumentatifs
1re Francais La Reflexion Sur L Homme A Travers Les Textes Argumentatifs
1re Francais La Reflexion Sur L Homme A Travers Les Textes Argumentatifs
Fiche
Un texte argumentatif peut traiter de tout type de sujets. Cependant, on retrouve, au fil des siècles, une récurrence des
thèmes liés à ce que l'homme a de plus proche – mais parfois de plus mystérieux : lui-même.
L'écriture de soi
Certains écrits s'organisent, pour tenter de répondre à cette question, autour d'une description de soi. Au XVIe siècle, Montaigne, dans
Les Essais, essaie de se dépeindre, pour se comprendre. L'autoportrait prend une valeur argumentative lorsqu'il se tourne vers
une réflexion théorique à partir de l'observation de soi-même. Montaigne affirme ainsi « Je ne peins pas l'homme, je peins le passage »,
ce qui signifie que selon lui, l'homme n'est pas une unité donnée une fois pour toutes mais un être en changement permanent.
Jean-Jacques Rousseau, au XVIIIe siècle, donnera à la littérature française la première autobiographie au sens strict du terme : mais
Les Confessions offrent de nombreux passages dans lesquels le récit de sa propre vie et la réflexion sur l'identité se mêlent
inextricablement.
Le XIXe et le XXe siècles poursuivront cet effort de compréhension de soi, qui est aussi une tentative de compréhension de l'homme.
Lorsque Nathalie Sarraute, par exemple, écrit Enfance, elle fait dialoguer deux voix qui se rapportent pourtant à une seule personne –
elle-même. Cette forme littéraire est, de façon oblique, une manière de réfléchir la multiplicité de l'individu : elle est même une
contestation de l'étymologie du mot, puisque « in-dividu » signifie le fait d'être indivisible.
Exercice n°1
Exercice n°2
Exercice n°3
Exercice n°4
2. L'individu et la société
Réfléchir sur l'homme, c'est aussi réfléchir sur la société dans laquelle il s'insère. En effet, l'homme ne vit pas (sauf exception) isolé ;
or, l'inscription dans une communauté engendre des heurts, des dysharmonies, des frustrations… Les textes argumentatifs cherchent
donc à comprendre le rapport de l'homme à la société, et élaborent parfois des modèles de sociétés.
Utopies
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Le genre de l'utopie (créé par Thomas More, au XVI siècle) est ainsi un entrelacement du récit et de l'argumentation : il propose un
lieu idéal, en correspondance avec des valeurs – comme le fait Rabelais avec l'abbaye de Thélème.
Dans ce texte imprégné de l'optimisme de l'humanisme, l'auteur montre que la société idéale est celle où chacun est libre, mais
suffisamment lié à autrui (par une culture commune, des goûts semblables, etc.) pour ne pas le contrarier.
D'autres écrivains useront de ce genre : Voltaire propose l'utopie de l'Eldorado, dans Candide : il y montre l'importance des arts et
des sciences, et la possibilité de se passer de prisons. Au XIXe siècle, Jules Verne ou Charles Fourier imaginent des villes propres,
rationnelles, géométriquement parfaites.
Exercice n°5
Exercice n°6
Exercice n°7
3. La réflexion politique
S'inscrire dans une société, c'est aussi participer à la vie politique. Or, l'argumentation est le type de textes privilégié pour développer
des thèses, faire la critique ou l'éloge de certains modes de pouvoir comme de certaines valeurs.
Les rapports entre les hommes
La réflexion sur le rapport entre soi et l'autre n'a jamais cessé. Les textes argumentatifs peuvent être directs : Montaigne, au
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XVI siècle, critique l'ethnocentrisme dans Les Essais, et Levi-Strauss, ethnologue du XX siècle (auteur de Tristes Tropiques), montre que
ce que nous nommons « barbarie » est de notre côté bien plus que de celui des « barbares ».
Sartre signe la préface d'une anthologie de « la nouvelle poésie nègre et malgache », préface intitulée Orphée noir dans laquelle il
démonte les mécanismes racistes. D'autres auteurs utilisent le biais de l'argumentation indirecte : Prévert, Césaire, Senghor prennent la
parole et défendent la thèse de l'anti-racisme à travers la poésie.
La justice
Cette réflexion sur l'égalité des hommes s'accompagne de celle portant sur la justice. De fait, la littérature argumentative se
penche sur les notions de pouvoir, de tolérance… Le siècle des Lumières a vu émerger de très nombreux écrits : textes comparant les
différents modes de gouvernements (Montesquieu, De l'Esprit des Lois, texte théorique Les Lettres persanes, roman épistolaire),
critique du fanatisme et de l'intolérance. Voltaire, Diderot, ont ainsi fourni de nombreux articles pour L'Encyclopédie, ayant pour base
ces éléments.
L'engagement
Cette interrogation sur les modes politiques mène immanquablement à la réflexion sur l'engagement. Les textes argumentatifs
explorent les thèmes de la guerre, de « l'inhumain », et, au XXe siècle, de l'univers concentrationnaire – réfléchir sur l'homme, c'est ainsi
prendre position sur l'horreur de certains événements. L'indignation emprunte diverses voies : la satire ou le pamphlet, l'ironie
(Voltaire, dans Candide, par exemple), le récit (autobiographies de Primo Levi, de Semprun…), la contre-utopie (1984, de George Orwell).
En 2010, Stéphane Hessel a rencontré un succès fulgurant avec un appel à l'engagement intitulé Indignez-vous.
Conclusion
Le texte argumentatif, direct ou indirect, est le lieu privilégié d'une réflexion anthropologique, qui se poursuit au fil des époques : les
auteurs s'interrogent, et se répondent d'un siècle à l'autre – chaque vision enrichissant notre vision de nous-même.