2007 La Négligence Spatiale Unilatérale. Mise Au Point D - Un Protocole D - Évaluation Et Étude de Deuc Cas
2007 La Négligence Spatiale Unilatérale. Mise Au Point D - Un Protocole D - Évaluation Et Étude de Deuc Cas
2007 La Négligence Spatiale Unilatérale. Mise Au Point D - Un Protocole D - Évaluation Et Étude de Deuc Cas
0
Je souhaite adresser ici tous mes remerciements aux personnes qui m'ont apporté leur aide, leur
A tous ceux et celles qui ont bien voulu participer à l’étalonnage du test de poursuite oculaire.
A Jean Michel Albaret pour son aide dans l’analyse statistique du test.
Enfin, un grand merci à mon maître de mémoire Nathalie Noack, pour ses conseils, sa disponibilité
et ses encouragements.
0
SOMMAIRE
I. La Négligence Spatiale unilatérale...........................................................................................1
A. Historique, terminologie et définitions : ..................................................................................2
1. Historique :...........................................................................................................................2
2. Terminologie : ......................................................................................................................2
3. Définition de Heilmann :......................................................................................................2
B. Dissociations : ..........................................................................................................................4
1. Entre les composantes : ........................................................................................................4
2. Espace personnel, péri-personnel et extra personnel : .........................................................4
3. Espace horizontal, vertical et radiaire : ................................................................................4
4. Inconstance des signes cliniques :........................................................................................4
C. Signes cliniques :......................................................................................................................5
D. Troubles associés : ...................................................................................................................6
1. Anosognosie :.......................................................................................................................6
2. Troubles somatognosiques : .................................................................................................6
3. Troubles sensoriels, sensitifs et moteurs :............................................................................7
4. Syndrome de l’hémisphère mineur : ....................................................................................8
5. Troubles psychoaffectifs : ....................................................................................................8
E. Corrélations anatomo-cliniques : .............................................................................................9
1. Lésions corticales : ...............................................................................................................9
2. Lésions sous-corticales :.......................................................................................................9
F. Négligence gauche et négligence droite :...............................................................................10
G. Evolution et incidences de la N.S.U. :....................................................................................11
I
2. Déviation de la tête et des yeux:.........................................................................................21
3. L'héminégligence corporelle: .............................................................................................21
4. Extinction: ..........................................................................................................................22
5. Test des cloches:.................................................................................................................23
6. Copie d’une scène : ............................................................................................................24
7. Dessin de l’horloge : ..........................................................................................................25
8. Epreuve de dessin spontané : .............................................................................................26
9. Bissection de lignes :..........................................................................................................26
10. Identification de figures enchevêtrées :..........................................................................26
11. Lecture de texte : ............................................................................................................27
12. Ecriture :.........................................................................................................................28
13. Espace représenté d’un environnement familier : ..........................................................28
14. Test Burning House :......................................................................................................29
15. Poursuite oculaire :.........................................................................................................29
16. Conduites exploratoires en milieu :................................................................................30
17. Stratégies d’exploration visuelle et coordinations visuo-motrices :...............................30
18. Déplacements autonomes :.............................................................................................31
19. Echelle Catherine Bergego :...........................................................................................31
V. Conclusion..............................................................................................................................73
VI. Bibliographie..........................................................................................................................75
VII. Annexes..................................................................................................................................78
II
Avant propos
Un livre a suscité en moi un intérêt pour l’étude des fonctions cérébrales et des
troubles s’y rapportant. Il s’agit de « L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau »
neuropathologie.
cérébrolésées. Les patients sont accueillis dans ce centre à distance de l’accident afin
rééducation.
Je me suis donc plongé dans la littérature et j’ai tout d’abord été confronté à la
III
Au début, j’aurai voulu que l’objet de ce mémoire soit axé essentiellement sur l’aspect
permis ainsi d’évaluer l’importance ainsi que les aspects qualitatifs des troubles dus à
ce syndrome.
Enfin, les données de l’évaluation ont servi à définir les axes de la prise en charge d’un
IV
I. La Négligence Spatiale unilatérale
1
A. Historique, terminologie et définitions :
1. Historique :
Jackson en 1876, a décrit un cas « d’imperception » : une patiente, atteinte d’un glioblastome
temporal postérieur droit, était désorientée dans l’espace, tentant de lire en commençant par
l’extrémité droite de la page, ne savait plus s’habiller et avait une impersistance motrice.
Selon Bisiach et Berti (1987), les premiers auteurs qui ont décrit la négligence unilatérale (ou
héminégligence spatiale) sont Anton (1899) puis Zingerle (1913) et Babinski (1914 et 1918).
Cependant Kinsbourne (1987) a signalé que dès 1885 Oppenheim aurait déjà fait des observations
de cette pathologie, qui malgré tout est restée souvent nommée : syndrome d’Anton-Babinski.
Brain en 1941 à propos de 3 cas de patients atteints de lésions postérieures de l’hémisphère droit,
est le premier à individualiser la négligence gauche comme une « agnosie de la moitié gauche de
l’espace ».
Après les années 50, la discussion autour de ce syndrome va se développer mais la
physiopathologie est déjà controversée. Une conception « sensorielle » du déficit de l’attention va
s’opposer à une interprétation en termes d’agnosie spatiale unilatérale. Par la suite, les théories de
déficit sensoriel vont être écartées pour privilégier un débat sur la mise en jeu des dispositifs
attentionnels.
2. Terminologie :
Suivant les auteurs, la terminologie en matière de négligence spatiale unilatérale (ou N.S.U.) peut
signaler une conception multifactorielle ou seulement une composante du comportement. Ainsi on
pourra trouver dans la littérature les termes de négligence unilatérale, syndrome de négligence
unilatérale (SNU), négligence spatiale, héminégligence, héminégligence visuo-spatiale, hémi-
inattention, agnosie spatiale unilatérale ou voire même de négligence.
3. Définition de Heilmann :
A l’heure actuelle, la définition de Heilman, Valenstein et Watson (1985) paraît largement acceptée.
« Un patient atteint du syndrome de négligence a des difficultés à signaler (report), à répondre à, ou
à s’orienter vers des stimuli nouveaux ou porteurs de signification lorsque ceux-ci sont présentés du
côté opposé à une lésion cérébrale… ». Selon les auteurs, le syndrome de négligence comporte 4
aspects principaux : l’hémi-inattention, l’extinction lors de stimulations bilatérales simultanées,
l’hémiakinésie et la négligence hémispatiale. Le comportement d’héminégligence ne doit pas être
expliqué par un déficit sensitivo-moteur ou sensoriel élémentaire.
2
- L’hémi-inattention : Elle représente un défaut d’attention ou de réponse à un stimulus unilatéral.
Elle peut être unimodale, ou multimodale et dans ce cas, cette notion s’étend aux différentes
modalités sensorielles : visuelle, auditive, somesthésique et même olfactive. Elle est plus
fréquemment visuelle dans le cas où elle est unimodale. L’hémi-inattention peut s’appliquer à des
stimuli appartenant à l’espace extracorporel mais aussi à l’hémicorps controlésionnel lui-même.
En cas d’hémi-inattention unimodale, notamment visuelle ou somesthésique, il peut être
particulièrement difficile de la différencier ou de la dissocier d’une déficience purement sensorielle
ou sensitive (hémianopsie, hémianesthésie).
- L’hémiakinésie : Elle se traduit par une « impotence motrice » qui se caractérise par un défaut
d’utilisation spontanée, complet ou presque complet de la motricité de la moitié du corps, en
l’absence de paralysie, de signes pyramidaux, extrapyramidaux ou de déficit sensitif (Castaigne,
Laplane & Degos, 1970). Sur demande, les patients sont capables de performances motrices
remarquables.
Selon les auteurs, les termes sont variés : négligence motrice, aspontanéité motrice, sous-utilisation
motrice. Il est à souligner que le déficit est fluctuant. L’atteinte de la motricité est globale :
mouvements automatiques et volontaires, activités bi-manuelles. L’analyse du mouvement peut
révéler un défaut d’initiation, une lenteur, une hypométrie dès lors que ce mouvement est réalisé
dans l’hémichamp spatial controlésionnel.
Heilman & al. (1993) regroupent sous ce terme un ensemble de troubles touchant les aspects
« intentionnels » de la négligence, ipsi ou controlatéraux (akinésie, hypokinésie, directionnelle ou
non, extinction motrice et impersistance motrice).
3
B. Dissociations :
1. Entre les composantes :
Les dissociations des différentes composantes sensorielles, motrices et hémispatiales du syndrome
de négligence ont été rapportées dans de nombreuses observations contemporaines, mais la diversité
des épreuves utilisées pour mettre en évidence la négligence unilatérale, rend difficile la
comparaison des études publiées. Ces dernières ont pu néanmoins montré qu’il existe des
différences qualitatives, quantitatives et évolutives de la N.S.U.
4
En conclusion : Le problème majeur qui constitue une difficulté à l’approfondissement de la N.S.U.
est le fait que la majorité des manifestations paraît dissociée d’un patient à l’autre.
La raison est qu’il n’existe pas de taxonomie universellement acceptée des comportements de
négligence. Selon les cas, les déficiences pourront être décrites comme des exemples de négligence
« perceptuelle », « représentationnelle », « attentionnelle », « intentionnelle » ou « motrice ». Il n’y
a donc pas de conception univoque de la négligence spatiale unilatérale. Ce syndrome reste donc
fractionné à l’heure actuelle en sous syndromes, conséquence de l’absence d’un modèle unitaire de
la cognition spatiale.
C. Signes cliniques :
Dans les formes sévères, par exemple au décours immédiat d’un accident vasculaire cérébral droit,
la négligence est alors souvent évidente dès l’inspection du patient. Celui-ci présente une déviation
permanente de la tête et des yeux vers le côté droit et ne répond à aucune stimulation verbale ou
visuelle en provenance de l’hémi-espace gauche. Lorsqu’on lui parle, il se tourne systématiquement
vers sa droite, même si l’interlocuteur est à sa gauche.
Dans les formes moins sévères, cette déviation du regard est moindre ou a disparu. Le
comportement pathologique peut alors être actualisé par des épreuves et observé dans de
nombreuses activités élémentaires de la vie quotidienne. Lors des repas, les sujets peuvent renverser
des plats situés sur leur gauche ou oublier de manger les aliments situés sur la gauche de leur
assiette. Ils omettent de lire les premiers mots d’une ligne que ce soit au début du texte ou en
passant à la ligne, sans remarquer que le texte n’a plus de sens. S’ils dessinent, ils peuvent oublier
de reproduire toute la partie gauche du modèle.
L’héminégligence peut également s’appliquer au propre corps du patient. Celui-ci oublie alors de se
laver, raser ou maquiller la moitié du visage, coiffer la moitié du crâne, il oublie d’enfiler l’une de
ses manches de sa veste ou l’une des jambes du pantalon, oublie de chausser un de ses pieds. Ces
signes sont parfois difficiles à attribuer soit à une N.S.U. sévère, soit à une N.S.U. plus légère avec
des troubles associés comme par exemple les troubles sensitifs ou somatognosiques.
Lorsqu’il s’agit de trouver le chemin d’un point à un autre, pour les patients qui peuvent se
déplacer, on note souvent une désorientation spatiale. Le sujet peut ainsi être obligé de faire le tour
complet d’une pièce pour en trouver la porte de sortie, alors que celle-ci se trouve immédiatement à
sa gauche.
5
Cette tendance à tourner systématiquement vers la droite peut aboutir à des déplacements erratiques
circulaires. De plus, lors de la déambulation, le patient peut percuter des obstacles sur son côté
négligé, entraînant des blessures.
Dans le cas de la négligence motrice, on peut observer par exemple une perte du balancement du
bras à la marche, une jambe à la traîne, des chutes. Les gestes plus élaborés, plus volontaires, les
activités bi-manuelles, sont perturbés par l’absence ou l’insuffisance de participation de la main
négligée.
D. Troubles associés :
1. Anosognosie :
Ce terme a été utilisé pour la première fois par Babinski (1914) pour décrire l’absence de
conscience ou un déni de l’hémiplégie et/ou de l’hémianopsie. Certains auteurs comme Weinstein et
Kahn (1955) ne distinguent pas le déni de l’anosognosie qu’ils placent sur un continuum.
Aujourd’hui, le terme d’anosognosie indique d’une manière générale une non prise de conscience
ou une prise de conscience amoindrie d’un trouble cognitif ou d’un déficit sensori-moteur acquis
après une lésion cérébrale. Par contre, le déni est un mécanisme de défense psychologique.
Un patient présentant une hémiplégie massive peut vouloir se lever pour rentrer chez lui et chuter,
sans comprendre le motif de sa chute, ni de son hospitalisation, et en niant toute paralysie. Cette
négation peut même persister après que l’examinateur ait démontré au patient son déficit. Elle
régresse habituellement progressivement, et plusieurs niveaux d’intensité ont été décrits. Certains
patients peuvent reconnaître verbalement l’existence d’un déficit moteur, mais tenter de se
comporter comme si ce déficit n’existait pas, ou encore paraître indifférents à leur paralysie
(anosodiaphorie).
La fréquence de l’anosognosie associée à l’hémiplégie gauche s’élève de 33 à 58% des cas selon les
études. Les dissociations entre reconnaissance de l’hémiplégie et reconnaissance de l’hémianopsie
sont possibles.
2. Troubles somatognosiques :
L’anosognosie est souvent associée à une méconnaissance de l’hémi-corps controlésionnel, qui
n’est plus reconnu par le sujet comme étant le sien (hémiasomatognosie). Des phénomènes
d’illusions ou de confabulations (somatoparaphrénie), ou de réactions émotionnelles négatives sur
l’hémi-corps controlésionnel (misoplégie) sont parfois rencontrés. Certains sujets peuvent ainsi nier
qu’une partie de leur corps leur appartienne, ou prétendre à une présence étrangère dans leur lit, ou
encore à un membre surnuméraire, en particulier durant la nuit.
6
En outre, il peut advenir qu’une stimulation tactile appliquée sur un membre controlésionnel soit
perçue sur le membre ipsilésionnel (alloesthésie). Ces troubles ne sont pas à placer sur un
continuum mais sont de nature différente.
Les troubles somatognosiques ainsi que les troubles sensoriels, sensitifs et moteurs conduisent à des
perturbations profondes du schéma corporel et à des conséquences importantes sur la posture. On
peut alors se demander si la posture « déviante » est liée aux troubles moteur, sensitif et sensoriel ou
à la négligence et quelle est la part de la négligence dans les perturbations du schéma corporel. En
d’autres termes, peut-on parler d’altération posturale due à la N.S.U. ?
7
Plusieurs études portant sur la déviation de l’orientation de la tête ainsi que sur l’instabilité
posturale soulignent une corrélation importante avec la N.S.U., uniquement dans le cas de lésions
hémisphériques droites et pour l’orientation de la tête (Gainotti et al., 1991, Rouget E., 1997).
5. Troubles psychoaffectifs :
La fréquence des troubles affectifs est élevée chez l’hémiplégique en général, allant de 7 à 63 %
selon les études avec une moyenne comprise entre 30 et 50% quelque soit le côté de la lésion.
L’étude de Wiart et al. (1994) met en avant un taux de troubles psychologiques plus important chez
les patients hémiplégiques gauches héminégligents que chez les sujets hémiplégiques gauches non
héminégligents. On retrouve des troubles aspécifiques tels que la dépression (36%) et l’anxiété
(45%), l’euphorie étant beaucoup plus rare (9%) et des troubles plus spécifiques relativement
proches d’une symptomatologie psychotique, notamment la schizophrénie. 33% des patients
hémiplégiques droits non négligents présentaient une dépression (dont 2/3 étaient aphasiques).
L’aphasie et l’héminégligence seraient donc susceptibles non pas d’expliquer à elles seules la
dépression, mais certainement de la favoriser (l’étude a porté sur des patients avec lésion vasculaire
unique, délais < 3 mois, MMS > 23).
Les hypothèses explicatives de troubles psychoaffectifs plus sévères chez les héminégligents sont
de deux ordres : soit d’ordre organique : la lésion cérébrale interrompant des réseaux
corticolimbiques ou diminuant les taux de neurotransmetteurs intracérébraux ; soit d’ordre
réactionnel : les troubles cognitifs, en particulier l’héminégligence auraient des conséquences plus
importantes que les déficits sensitivo-moteurs sur le fonctionnement psychoaffectif. Les situations
d’échecs par défaut d’identification des espaces corporel et extracorporel peuvent expliquer des
sentiments de dépersonnalisation et de désorientation ainsi qu’une souffrance psychologique accrue.
Ces constatations conduisent à orienter la prise en charge thérapeutique vers un travail de
réintégration du schéma corporel au sein de l’environnement spatial.
8
E. Corrélations anatomo-cliniques :
Il est habituel d’attribuer la négligence spatiale à une lésion de l’hémisphère droit et en particulier
de sa partie postérieure, chez le droitier. La localisation des lésions anatomiques est en fait plus
compliquée que cette notion. La complexité et la diversité des localisations anatomiques vont de
pair avec la multiplicité et les nuances des aspects cliniques de la N.S.U. Les lésions cérébrales
respectent rarement les limites topographiques et architecturales du cerveau, ce qui ne simplifie pas
l’étude des corrélations anatomo-cliniques.
La plupart des patients atteints ont une lésion de type vasculaire (20 à 30 % des patients atteints de
lésions vasculaires cérébrales présentent une N.S.U. (Gainotti, 1987)), mais on retrouve les
affections tumorales, infectieuses, dégénératives ainsi que les traumatismes crâniens. Le côté
« négligé ou négligent » est toujours controlatéral à la lésion cérébrale.
1. Lésions corticales :
L’atteinte rétro-rolandique est la plus fréquente en particulier au niveau du lobe pariétal droit inféro-
postérieur. L’atteinte de la région pariétale supérieure semble impliquée dans la recherche visuelle
et le phénomène d’extinction, alors que la négligence spatiale pourrait plutôt être attribuée à la
région pariétale inférieure (Posner & al., 1984).
L’atteinte du lobe frontal peut être aussi responsable d’une N.S.U. Une étude de Cappa (1991)
auprès de 24 patients trouvait une lésion antéro-postérieure chez 54%, postérieure chez 25%, aucun
patient n’avait de lésion antérieure isolée. Toutefois, la survenue d’une N.S.U. après lésion limitée
du cortex frontal droit est relativement rare.
Classiquement, les lésions frontales entraîneraient plutôt une négligence intentionnelle alors que les
lésions pariétales toucheraient plutôt les aspects perceptifs (Heilman et al. 1993 ; Bottini & Vallar,
1992).
La négligence gauche serait provoquée par des lésions le plus souvent pariétales droites alors que ce
sont des lésions frontales gauches qui sont en cause dans le cas de la négligence droite (Ogden J.,
1985).
2. Lésions sous-corticales :
La négligence peut également être provoquée par des lésions sous-corticales, surtout en cas
d’atteinte de la substance grise (Cappa & Vallar, 1992).
Les lésions en cause les plus fréquentes touchent le thalamus, en particulier les noyaux internes et
postérieurs (dont le pulvinar) mais aussi le noyau caudé, le putamen, voire la capsule interne.
9
Cependant les lésions sous-corticales extra-thalamiques donnent lieu en règle générale, à des
tableaux moins complets (Stein & Volpe, 1983) pouvant comporter une négligence visuo-spatiale
ou simplement une négligence motrice (Valenstein & Heilman, 1981). Au contraire, les lésions
thalamiques occasionnent des syndromes de N.S.U. semblables à ceux que l’on observe après des
lésions pariétales. Ces régions sous-corticales sont toutes étroitement interconnectées avec le cortex
pariétal, avec lequel elles forment un vaste réseau neuronal fonctionnel qui sous-tend les
représentations spatiales endommagées lors d’héminégligence.
Concernant la substance blanche, une étude récente montre que des dommages de celle-ci sur le
trajet pariéto-frontal (faisceau occipito-frontal supérieur), peuvent être à l’origine de la survenue de
la N.S.U. (Paolo Bartolomeo & al., 2005).
Concernant les différences qualitatives : Dans une tâche de copie de dessin, les patients atteints de
N.S.U. gauche auraient tendance à laisser inachevée la partie gauche des figures (négligence centrée
sur l’objet) alors les patients atteints de N.S.U. droite omettraient plutôt une petite figure située à
droite du dessin (Gainotti & al., 1972). D’autre part, les patients ayant une N.S.U. gauche ont une
négligence plus marquée dans les tâches d’exploration visuelles de figures superposées. (D’Erme,
Monteleone & Silveri, 1986).
10
De façon typique, le tableau ci-dessous résume les différences :
Lésions droites Lésions gauches
>> N.S.U. gauche >> N.S.U. droite
Fréquence 50% 50%
Sévérité N.S.U. sévère N.S.U. légère
Evolution Troubles durables Rémission rapide
La plupart des études portent sur des patients droitiers mais la dominance manuelle a-t-elle une
influence ? Une observation de N.S.U. droite sévère, avec lésion hémisphérique gauche chez un
gaucher, appelle une réflexion sur le fait que la dominance manuelle reflète une certaine
latéralisation hémisphérique des fonctions cérébrales. L’étude suggère que chez le gaucher la
spécialisation hémisphérique pour la modalité spatiale est croisée (Belkacémi A. & al., 1998).
Concernant l’incidence sur la récupération neurologique, plusieurs études ont montré que la
négligence et/ou les troubles associés ont une valeur pronostique péjorative sur le devenir des
hémiplégies vasculaires (Denes & al., 1992 ; Kinsella & Ford, 1980 ; Wade & al., 1983).
11
La récupération de l’indépendance fonctionnelle serait plus lente chez les cérébrolésés droits : 6
mois après l’AVC, les hémiplégiques gauches obtiennent moins souvent une marche autonome, une
moins bonne autonomie dans les activités de la vie quotidienne et une moins bonne adaptation
sociale (Denes & al., 1982). Par contre, il est possible que les différences entre les cérébrolésés droit
et gauche disparaissent à plus long terme (Jongbloed, 1986). Il est donc difficile d’affirmer si la
négligence par elle-même est responsable de cette évolution différente, ou si elle n’est que le reflet
d’autres facteurs associés (taille de la lésion, troubles attentionnels, anosognosie).
D’après l’étude de Pedersen & al. (1997), seuls les patients négligents et anosognosiques avaient
une récupération motrice et fonctionnelle moins bonne. L’association de l’anosognosie à la N.S.U.
serait donc un facteur pronostic défavorable. En effet, l’anosognosie représente un facteur très
limitatif de l’adhésion du patient à sa prise en charge rééducative : il est difficile de rééduquer un
patient qui n’a pas conscience du fait qu’il est « malade ». Par conséquent, la « lutte » contre
l’anosognosie est une étape cruciale dans la rééducation de la N.S.U.
Enfin, il paraît indispensable de souligner les limites des techniques de rééducation, dans la
récupération d’un statut fonctionnel. En effet, certaines techniques ont montré une efficacité sur
l’amélioration de l’exploration visuelle. Cependant, la question du transfert des acquis de la
modalité spécifique de rééducation dans les domaines de la vie quotidienne reste ouverte.
La N.S.U. est notamment souvent associée à des performances fonctionnelles moindres dans les
domaines de l’habillage et des déplacements.
En résumé, la réhabilitation de ces patients est ponctuée de trois traits essentiels. Le premier
correspond à la période clé des 3 mois post AVC, où la récupération est un facteur pronostic de
l’évolution ultérieure. La précocité du diagnostic conditionne donc la rapidité de mise en œuvre des
moyens de rééducation et des chances de récupération. Le second est la levée de l’anosognosie qui
va conditionner l’implication du patient dans sa prise en charge rééducative et la mise en place de
moyens de compensation. Le troisième souligne les difficultés permanentes rencontrées pour
étendre les acquis de la rééducation au domaine des activités de la vie quotidienne.
Enfin, un autre élément conditionnant la réhabilitation est la présence ou non de troubles associés à
la N.S.U.
12
II. L’évaluation
13
Afin d’explorer tous les champs possibles de la N.S.U., de nombreuses épreuves ont été proposées.
Je ne citerai que les épreuves les plus utilisées ou présentant un intérêt particulier.
A. Observations cliniques :
Ce sont d’abord les observations du patient dans le milieu qui vont bien souvent constituer les
signes d’appel et amener à proposer au patient des tests afin de mieux cerner ses troubles.
Les observations porteront sur :
- La posture, l’orientation oculaire, l’orientation de la tête et du tronc
- L’attention et l’orientation aux stimuli provenant du côté négligé (stimuli visuels, auditifs et
tactiles)
- La sous-utilisation d’un hémi-corps de manière spontanée (akinésie motrice).
- Les conduites d’exploration en milieu
- Les déplacements autonomes
- Les comportements dans les actes de la vie quotidienne
B. Epreuves visuo-graphiques :
- Dessin : Les dessins spontanés ou sur copie de patients négligents peuvent mettre en évidence une
asymétrie de réalisation : oubli ou mauvaise réalisation de la partie gauche, transposition sur la
droite de détails situés à gauche, utilisation de la seule partie droite de la feuille. La copie de
plusieurs dessins alignés peut révéler une négligence centrée sur l’objet.
Dessin spontané : marguerite, maison, cube, bonhomme, papillon, horloge …
Dessin sur copie : scène d’Ogden, 1985, figure de Rey (Pillon, 1981).
- Bissection de lignes : La tâche consiste à marquer le milieu d’une ligne horizontale. Les patients
négligents gauche déplacent le milieu de la ligne vers la droite, au contraire des sujets contrôles qui
présentent une discrète déviation vers la gauche. Cette déviation est plus importante pour les lignes
situées dans l’hémi-espace gauche (Heilman & Valenstein, 1979). Elle peut être réduite en indiçant
l’extrémité du côté négligé.
Les épreuves les plus répandues sont :
- Schekenberg & al., 1980 : 20 lignes de 10 à 20 cm présentées au milieu, à gauche et à droite,
sur une même page.
- Harvey, Milner et Roberts (1995a) : 24 lignes de 2,5, 5, 10 et 20 cm présentées centralement
sur 2 pages. Lignes présentées au milieu, à gauche ou à droite du sujet.
14
- Tests de barrages : Les tests de barrage sont couramment utilisés dans l’évaluation de la
négligence. Le sujet doit détecter des items cibles répartis sur une feuille de papier et les barrer (ou
les entourer). Les sujets négligents gauche omettent de barrer des stimuli controlésionnels et ont
tendance à utiliser une stratégie de recherche allant de la droite vers la gauche, ou plus anarchique.
Tests : barrages de lignes (Albert, 1973), barrage de lettres (Massironi & al., 1988), test des
cloches (Gauthier & al., 1989), barrage d’étoiles (Wilson, 1987).
- Ecriture : Dans le cas de la N.S.U., les troubles se traduisent par l’utilisation d’une marge gauche
anormalement grande. Des erreurs (paragraphies) peuvent concerner la partie gauche des mots
(omissions, substitutions ou additions de lettres et/ou de jambages). Les barres des « t » et les points
sur les « i » peuvent être oubliés.
C. Epreuves visuo-perceptives :
- Figures enchevêtrées : (Gainotti & al., 1991). Il s’agit pour le patient d’identifier sur chaque
planche cinq objets entremêlés appartenant au même champ sémantique. Deux des objets sont
situés sur la droite et deux sur la gauche, le cinquième étant médian et englobant les quatre autres.
C.f. protocole d’évaluation.
- Epreuve de lecture : Il peut s’agir de la lecture d’un texte, de mots ou de non-mots isolés. La
« dyslexie spatiale » peut se traduire par une lecture que de la partie droite, et les retours à la ligne
s’avèrent difficiles, le patient ayant du mal à détecter le début de la nouvelle ligne. Des erreurs
peuvent être constatées à la lecture de mots (paralexie) : soit non lecture de la partie gauche
(délétion), surtout quand la partie droite du mot peut avoir un sens par elle-même, ou en cas de mot
composé, soit le plus souvent par substitution de lettres aboutissant à un mot ayant
approximativement la même longueur que le mot cible.
15
- Epreuves informatisées :
* Le Test d’Evaluation de l’Attention (TEA) (Zimmermann & Fimm, 1992), sur ordinateur P.C.,
comprend un subtest spécifique de la négligence : Dans une tâche de détection de stimuli latéralisés,
les omissions et/ou l’asymétrie des temps de réaction peut ainsi mettre en évidence une négligence
discrète non révélée par les tests usuels papier-crayon.
* Dans un autre domaine, un dispositif composé d’une rampe de 19 diodes électroluminescentes
disposées horizontalement sur un demi-cercle, permet de mettre en évidence un déficit
campimétrique ou une extinction (Beis, André & Saguez, 1994). Le sujet placé au centre du
dispositif fixe un point central et doit détecter l’allumage d’une ou de plusieurs diodes.
- Place de Milan (Bisiach et coll. 1978) : il a été demandé aux patients de décrire de mémoire la
place de la cathédrale de Milan à partir d’un point donné. Les détails de cette place situés à gauche
étaient omis par les patients. Toutefois, quand le point de vue imaginaire était inversé de 180°, les
détails précédemment négligés pouvaient être cités, alors que les détails précédemment cités étaient
omis.
E. Héminégligence corporelle
16
Le test de la préhension aveugle (Isaac & al.) évalue les difficultés à percevoir le positionnement
dans l’espace du membre supérieur. Il s’agit d’un test réalisé les yeux fermés, le patient étant
habituellement assis. Le membre controlésionnel est posturé lentement par l’examinateur de telle
sorte que la main se situe dans l’espace de préhension habituel. La consigne est de trouver le pouce
controlésionnel avec la main ipsilésionnelle. Un échec indique l’existence d’un trouble perceptif
(proprioception) ou l’existence d’une négligence directionnelle.
L’une des manœuvres les plus connues pour tester l’existence d’une négligence personnelle est le
test proposé par Bisiach & al. (1986b). La composante perceptive étant faible, ce test évalue surtout
la représentation qu’a le patient de son corps ainsi que la composante motrice directionnelle. C.f.
protocole d’évaluation.
F. Evaluation fonctionnelle
Bien que ces épreuves paraissent mieux approcher la réalité fonctionnelle, ils en demeurent toujours
trop éloignés, probablement en raison des influences que peut avoir la situation de test sur le
comportement des patients, notamment au regard de leur capacité d’attention. C’est pourquoi, afin
de détecter l’existence de l’anosognosie et préciser ses niveaux de gravité, il a été proposé
d’interroger les patients ainsi que leur entourage familial, sur les difficultés qu’ils rencontrent dans
certaines activités quotidiennes. L’appréciation de l’écart entre les réponses du patient et celles de
son entourage s’est révélée un moyen efficace pour préciser l’existence de l’anosognosie et son
niveau de sévérité. Récemment, l’échelle Catherine Bergego (ECB) a été conçue en retenant 10
items parmi les activités quotidiennes les plus fréquentes. C.f. protocole d’évaluation.
17
G. Limites des évaluations
Les considérations énoncées ci-dessus m’ont motivé dans la réalisation d‘un protocole d’évaluation
et je me suis fixé les critères suivants :
18
A ma connaissance, seule la batterie d’évaluation de la négligence (BEN) de Rousseaux M. et coll.
(2001) présente des tests standardisés avec un échantillon de population important (450 sujets). Je
me suis donc appuyé sur celle-ci. Aux tests de cette batterie, il a été ajouté des paramètres
qualitatifs pour certains d’entre eux. Enfin, je n’ai pas retenu l’épreuve de la carte de France en
raison d’une forte sensibilité à l’origine géographique et aux connaissances culturelles des sujets.
Pour tenir compte de l’aspect hétérogène des troubles, j’ai été amené à ajouter et à créer d’autres
conditions d’observation :
Passation :
Pour les épreuves visuo-perceptives et visuo-graphiques, l’examinateur doit respecter quelques
règles élémentaires : le patient doit être confortablement installé en position assise, en évitant une
inclinaison du tronc d’un côté ou de l’autre. La feuille de test doit être présentée en situation
médiane par rapport à l’axe du corps et veiller à ce que le patient ne la déplace en cours d’épreuve.
L’examinateur doit également se placer face au patient, pour ne pas créer un indiçage latéralisé.
L’indiçage :
Il peut être pertinent d’utiliser un indiçage dans le cas d’un échec à une épreuve afin de déterminer
quelles stratégies de rééducation pourront être efficaces pour le patient.
L’indiçage peut être verbal : exemple : « Regardez à gauche », visuel : trait vertical rouge d’un côté
ou de l’autre, numérotation des lignes dans le cadre de l’épreuve de lecture, sensitif : poids sur
l’épaule du patient, moteur : utilisation de la main côté négligent …
L’indiçage pourra être proposé pour les épreuves suivantes : Autotopognosie, extinction, test des
cloches, scène d’Ogden, test de l’horloge, figures enchevêtrées, bissection de lignes, lecture et
écriture.
19
Remarque : dans le cas de certaines épreuves, il est mentionné résultat « pathologique ». Il s’agit
d’un score nettement déviant par rapport à la population générale mais non systématiquement
spécifique d’une N.S.U. (exemple : les temps de passation). Seules certaines variables sont
spécifiques à la N.S.U. De plus, les variables peuvent évoluer en fonction de l’âge, du niveau
d’éducation, de la latéralité, de la main active. Seules les principales corrections sont énoncées ci-
après. Pour plus de détails, se reporter à l’étude de Rousseaux M. et coll. (2001).
Enfin, à tous ces tests, il conviendra de repérer les signes cliniques éventuels et de prendre en
compte les troubles associés. L’ensemble des épreuves du protocole est décrit ci-après :
1. Anosognosie:
L'évaluation de l'anosognosie est basée sur le test de Bisiach (1986a). Elle porte sur les modalités
motrice et visuelle.
Questions posées aux patients: « Pour quelles raisons êtes-vous hospitalisé(e), quelles sont vos
difficultés actuelles? ». Si le patient ne mentionne pas spontanément une gêne motrice ou visuelle
unilatérale; une question spécifique est posée: « Votre force du côté gauche (droit) est-elle
normale? » et « Votre vision à gauche (droite) est-elle normale? ».
Remarque : Si le déficit n’est pas reconnu après la question spécifique, les autres épreuves seront
administrées et la question sera alors reposée en fin de bilan.
L’échelle ECB permet aussi d’apprécier la présence d’une anosognosie par la différence entre le
score de l’examinateur et le score d’autoévaluation par le patient lui-même. C.f. échelle ECB.
20
2. Déviation de la tête et des yeux:
L'évaluation de l'attitude corporelle spontanée porte globalement sur la position des yeux et de la
tête (Rode et al., 1995).
L'échelle comporte 4 niveaux de cotation :
- 0: attitude normale
- 1: déviation spontanée réductible
- 2: déviation réductible sur incitation
- 3: déviation non réductible.
Cette évaluation nécessite des observations cliniques complémentaires : position (couchée, assise,
debout), position de la tête par rapport au tronc et position des yeux par rapport à la tête. Il
conviendra de noter une réorientation éventuelle en présence d’un stimulus central comme par
exemple la présence du thérapeute en face. De plus, il sera nécessaire d’être attentif à la position du
corps. Par exemple dans le cas d’une personne hémiplégique gauche, un affaissement du côté
gauche peut entraîner une modification de la position de la tête. Il conviendra donc de stabiliser le
tronc et l’assise de la personne afin d’observer si des modifications de la position de la tête et des
yeux se produisent.
3. L'héminégligence corporelle:
* Test de Bisiach et al., (1986): Le patient reçoit la consigne suivante « En gardant le tronc bien
droit, en me regardant et en posant les mains sur le bureau (dans l'alignement des épaules), je vais
vous demander d'aller toucher votre main gauche (main controlésionnelle) avec votre main droite ».
21
* Une épreuve sur la connaissance du corps sera proposée (autotopognosie) : A partir du toucher, il
est demandé au patient ayant les yeux fermés de nommer la partie du corps touchée par
l’examinateur et à partir du dessin de nommer la partie désignée. Le dessin représentant un corps vu
de face. C.f. annexe 1.
Interprétation : Il conviendra d’analyser les erreurs ainsi que le temps de latence des réponses et de
déterminer la présence d’une éventuelle asymétrie entre la gauche et la droite.
4. Extinction:
L'extinction est évaluée pour les modalités visuelle, auditive et tactile. Les modalités auditive et
tactile seront explorées les yeux fermés.
Placé face au patient, l'examinateur effectue des stimulations successives à droite et/ou à gauche
d'une durée d'environ 2 secondes. Les stimulations visuelles consistent en de légers mouvements
des index placés dans chaque espace visuel, les stimulations auditives sont des bruissements de
doigts près de chaque oreille et les stimulations tactiles sont des pressions d'un doigt sur le dos de
chaque main.
22
Chaque stimulation peut être présentée à droite, à gauche, ou des deux côtés simultanément, selon
une séquence prédéterminée (6 stimulations au total pour chaque modalité, deux de chaque type :
G-D-G-G/D-D-G/D).
Le patient reçoit la consigne de nommer le(s) côté(s) de la (ou des) stimulation(s).
Le score total pour chaque modalité et chaque type de stimulation (soit à droite, soit à gauche, soit
simultanément des deux côtés) va de 0 (toutes les stimulations sont bien identifiées) à 2 (aucune
stimulation n'est identifiée correctement).
23
- Le nombre total d'omissions
- La colonne de la première cloche entourée
- Temps de passation (de la première cloche entourée au moment où le patient rend la feuille).
Interprétation : On considère qu’un résultat est pathologique (score > au percentile 95) :
- Lorsque le premier barrage s’effectue après la cinquième colonne.
- Le nombre d’omissions totales est > 5 pour les 20-34 ans ou > 6 pour les 35-49 ans ou > 7
pour les 50-80ans.
- La différence des omissions (OG-OD) >2 (ou > 3 dans le cas d’un nombre d’années
d’études du patient ≤ à 8 ans depuis le C.P.).
- Le temps de passation > 183 secondes.
Remarques : Cette épreuve peut poser des difficultés chez les patients présentant une acuité visuelle
réduite, du fait de la taille des stimuli. Ce test peut alors être présenté sur une feuille A3. Les
normes ne sont alors plus valides dans ce cas. Il conviendra de ne pas plier la feuille ce qui pourrait
induire un indiçage pour le patient.
De plus, ce test est très sensible à un trouble attentionnel non latéralisé ainsi qu’à la fatigabilité.
Dans ce cas, une version sans distracteurs avec seulement les cloches sera alors proposée.
Indiçage : Si la différence d’omissions gauche - droite est élevée, une planche avec indiçage sera
proposée : trait rouge vertical à gauche ou alors planche avec dessins rouges à gauche et bleus à
droite. C.f. annexes 2 et 9.
La consigne est: « Je vais vous montrer un dessin. Vous recopierez l'ensemble de ce dessin sur cette
feuille. Vous m'avertirez quand vous aurez fini ».
24
L'évaluation est quantitative selon une échelle à 5 niveaux:
- 0: reproduction sans oubli
- 1: omission de la cheminée ou de la fenêtre gauche (version A) ou droite (version B)
- 2: omission de la partie gauche (A) ou droite (B) de l'arbre ou de la maison
- 3: omission totale de l'arbre gauche (A) ou droit (B)
- 4: omission de l'arbre gauche (A) ou droit (B), plus une autre partie gauche (A) ou droite
(B) du dessin.
Interprétation : Un résultat peut être considéré comme pathologique si la note est > 0 (ou >1 dans le
cas d’un nombre d’années d’études du patient ≤ à 12 ans depuis le C.P.) ou le temps de passation
est > 190 secondes. Remarque : la copie de plusieurs dessins alignés peut mettre en évidence une
négligence centrée sur l’objet (omissions de la partie gauche de toutes les figures représentées, y
compris celles de droite, dans le cas d’une héminégligence gauche).
7. Dessin de l’horloge :
Passation : Feuille format A4 sur laquelle est dessiné un cercle de 10 cm de diamètre, placée à plat
verticalement devant le sujet.
Consigne : « Je vous demande de placer les chiffres des heures (de 1 à 12) à l’intérieur de cette
horloge, sur la feuille que je place devant vous ».
Evaluation :
* Score global : L’évaluation est semi-quantitative avec une échelle à 3 niveaux :
- 0 : cadran de l’horloge correctement complété
- 1 : cadran incomplet à gauche
- 2 : aucun chiffre du cadran n’est placé à gauche
* Différence d’omissions : Calculer la différence des omissions à gauche et à droite (OG – OD).
* Temps de réalisation (en secondes)
Interprétation : Un sujet est considéré comme pathologique si le score global > 0 ou si la différence
d’omissions > 0 ou si le temps > 70 secondes.
25
8. Epreuve de dessin spontané :
Le dessin spontané peut mettre en évidence une asymétrie de réalisation : oubli ou mauvaise
réalisation de la partie gauche, transposition sur la droite de détails situés à gauche, utilisation de la
seule partie droite de la feuille. On proposera au patient de dessiner alors une marguerite, une
maison ou un papillon.
9. Bissection de lignes :
Le test est composé de lignes noires de un millimètre d’épaisseur, chacune centrée horizontalement
sur une feuille de papier A4. La longueur est de 5 cm pour les lignes 2 et 3 et de 20 cm pour les
lignes 1 et 4 (batterie de dépistage de Rousseaux M. et coll. (2001)).
Consigne : « Je vous demande de couper chacune des lignes en son milieu, de façon à la diviser, le
plus précisément possible, en deux parties égales ».
Correction : L’erreur d’estimation de bissection de chaque ligne est mesurée en mm par rapport au
point central. Les erreurs à droite sont notées en valeurs positives, celles de gauche en valeurs
négatives. Les variables sont exprimées en valeur absolue (en mm) et en valeur relative (valeur de
la déviation / demi longueur de ligne * 100 : en %).
26
Figures 1G 2G C 3D 4D
Planche 1
Planche 2
Planche 3
Planche 4
Planche 5
Moyenne ordre d’identification G: D:
Omissions à gauche /10
Omissions à droite /10
Omissions totales /25
Omissions G-D (-10 à +10)
Interprétation : Une valeur > 0 peut être considérée comme pathologique pour les omissions totales
et pour la différence des omissions gauches et droites.
L’ordre d’identification a été ajouté à la version originale du test afin de renseigner sur la stratégie
d’exploration du patient et permet ainsi une mesure qualitative.
27
12. Ecriture :
Celle-ci s’effectue sur une feuille de papier standard A4 en présentation verticale.
Consigne : « Je vous demande d’écrire vos nom et prénom, sur la ligne suivante votre adresse, et
sur la dernière ligne votre profession (ou la date du jour en l’absence de profession) ».
Veiller à ce que le patient écrive effectivement sur trois lignes.
Variables : largeur (en centimètres) de la marge la plus importante dans les différentes lignes.
Cette épreuve a pour but de mettre en avant une éventuelle déformation des représentations
mentales de l’espace. Il sera demandé au patient de décrire l’environnement de sa chambre.
Consigne : « Vous allez vous représenter votre chambre, comme si vous la voyiez lorsque vous êtes
assis dans votre lit. Puis vous me décrirez tout ce que vous voyez à votre droite (puis à gauche).
Durée : 1 minute pour chaque côté.
Noter l’ensemble des réponses afin de les comptabiliser pour chaque côté.
Interprétation : l’analyse des résultats permettra de mettre en évidence d’éventuels oublis ou des
indices évoquant une représentation déformée de l’espace environnant.
28
14. Test Burning House :
Marshall and Halligan, (1988).
Le test suivant permet de déterminer qu’il n'y a pas cécité d'une partie du champ visuel ni
impossibilité à identifier une catégorie de stimulus. Deux images d'une même maison dont une est
en feu, sont présentées au patient, à qui on demande tout d’abord si les maisons sont identiques. En
cas de réponses « identiques », on lui demande dans laquelle il préfèrerait vivre. Si le patient
désigne la maison intacte, quelle que soit la disposition des images dans son champ visuel, et
soutient également que les deux maisons sont identiques, on est en présence d’une N.S.U. sans
hémianopsie. C.f. annexe 5.
Description : Il s’agit d’une épreuve de poursuite visuelle où le sujet doit suivre une ligne parmi
d’autres lignes entremêlées le plus rapidement possible. Une première épreuve demande au sujet de
suivre des lignes (8 en tout) de gauche vers la droite et une deuxième épreuve de la droite vers la
gauche (les figures des deux épreuves étant symétriques). Le temps de parcours est chronométré.
L’analyse porte sur la différence des temps de parcours réalisés entre les deux épreuves afin de
déceler une éventuelle asymétrie. C.f. annexes 6 et 7.
29
16. Conduites exploratoires en milieu :
Afin de déterminer l’éventuelle présence d’une négligence dans l’espace péri-personnel et extra-
personnel, il sera demandé oralement au patient de chercher des objets ou dans le cas d’un
déplacement non possible de les désigner (dans la chambre du patient et/ou en salle de
psychomotricité).
Observations à relever : si le patient se déplace, dans quel sens se tourne-t-il pour explorer ou pour
aller chercher les objets?
Epreuve : les sujets doivent dénommer et désigner les objets situés dans leur chambre ou dans la
salle de psychomotricité. L’examinateur se tient derrière le patient. La cotation se fait grâce à une
feuille sur laquelle est représenté un demi-cercle dont le patient serait le centre, prédécoupé en
quatre secteurs par des rayons situés à 45, 90 et 135°. En s’appuyant sur une normalisation chez 47
sujets contrôle (Stone & al., 1991a), les auteurs ont fixé le score seuil pathologique à 50°.
Après chaque item, les planchettes sont de nouveau disposées différemment, le patient ayant les
yeux fermés. Le patient est averti d’une disposition différente des planchettes.
30
Observations à relever : Temps pour désigner ou saisir l’objet.
Exploration : Ou se porte le regard à l’ouverture des yeux ? Existe-t-il une compensation avec
rotation du tronc et/ou de la tête plus marquée pour un côté ?
Motricité intentionnelle : Quelle main pointe ou saisit l’objet ? Négligence motrice ? Le pointage
(ou la saisie) avec l’une ou l’autre main est-il retardé, ralenti, hypométrique, dès lors qu’il est
réalisé dans l’hémichamp déficitaire (hypokinésie) ?
31
Cotation pour chaque item :
0 : correspond à l’absence d’héminégligence pour la tâche considérée.
1 : SNU discret, caractérisé par une légère asymétrie dans l’exploration de l’espace, le patient
débutant la tâche par le côté droit, allant lentement vers la gauche, par étapes progressives et avec
hésitations ; le trouble est fluctuant, occasionnel, pouvant n’apparaître qu’en cas de fatigue ou
d’émotions.
2 : SNU modéré. Le déficit d’exploration de l’espace est net et constant, avec des omissions
franches et régulières de stimuli situés à gauche.
3 : SNU sévère. Le patient ne franchit pratiquement jamais la ligne médiane, ou de façon inefficace.
Chez les patients hémiplégiques, le degré de dépendance fonctionnelle peut être tel que certaines
questions deviennent incôtables, le patient ne faisant pas lui-même la tâche considérée. Dans ces
cas, la question est considérée comme invalide. Le score moyen total est calculé par la moyenne
obtenue aux questions valides, multipliée par 10 pour obtenir un score maximal de 30 (score total x
10 et divisé par le nombre de questions valides). C.f. annexe 11.
32
III. La rééducation
33
A. De la théorie à la rééducation :
Il s’agit tout d’abord de cerner les objectifs : la rééducation et la réadaptation des patients
héminégligents en comporte trois. Le premier est de lutter contre l’anosognosie très souvent
associée à la phase initiale et parfois bien après. Le second est d’obtenir une récupération ou des
compensations des fonctions perturbées et le troisième est de permettre la généralisation des acquis
dans toutes les situations de la vie pratique quotidienne. Cependant, il est des cas où il est illusoire
de vouloir combattre l’anosognosie, notamment en phase sévère. La prise en charge s’orientera
alors dans premier temps vers un aspect de prévention des conséquences de la N.S.U. au niveau
corporel et psychologique.
34
* Le modèle vectoriel de Kinsbourne (1987-1993): Le modèle précédent suppose une dichotomie
stricte dans le traitement de l’espace, chaque hémisphère orientant l’attention dans l’espace
controlatéral. Kinsbourne a proposé un modèle selon lequel il existerait chez le sujet normal un
équilibre entre les deux hémisphères, chacun générant un vecteur attentionnel horizontal vers
l’espace controlatéral, avec une inhibition mutuelle réciproque. La négligence résulterait d’un
déséquilibre de la balance inter-hémisphérique, libérant un gradient attentionnel vers l’espace
ipsilésionnel, et donc un biais systématique vers la droite. La particularité de ce modèle est de
prédire une supériorité de l’hémisphère gauche pour l’orientation de l’attention.
D’autres modèles existent comme celui de Mesulam (1985) et celui de Posner (1990). Tous ont
cependant un point commun en avançant un trouble de l’orientation de l’attention.
35
Le deuxième est centré sur le stimulus, dépendant du point de vue ou de l’orientation, mais
indépendant de la position dans le champ visuel. Le troisième est centré sur l’objet tridimensionnel,
indépendamment de son orientation ou de sa position par rapport à l’individu. Une altération de
chacun de ces niveaux pourrait donner lieu à une négligence qualitativement différente.
Il est actuellement difficile de trancher entre toutes ces hypothèses tant elles semblent divergentes.
Ces théories insistent en fait sur des aspects différents de la N.S.U. plutôt que de s’exclure.
36
Le thérapeute guide et rythme les mouvements d’exploration visuelle du patient, pour l’aider à
lutter contre l’attraction vers le côté non négligé. Il fournit en permanence au patient une
information sur ses performances.
Il existe un consensus sur l’efficacité incontestable sur les épreuves cliniques papier-crayon mais le
transfert des effets dans la vie quotidienne reste discutable. La difficulté à obtenir un transfert dans
la vie quotidienne est peut-être due à une atteinte spécifique de l’orientation automatique de
l’attention vers le côté négligé.
37
* Agir sur les référentiels spatiaux : les manipulations sensorielles
La recalibration (réétalonnage) des coordonnées égocentriques peut être obtenue de nombreuses
façons : par stimulations optocinétiques, le stimulus se dirigeant vers la gauche améliore la
négligence tandis que celle-ci s’aggrave quand le stimulus s’oriente vers la droite ; par stimulations
caloriques vestibulaires par instillation d’eau dans le conduit auditif ipsilatéral ou controlatéral à la
lésion ; par stimulation électrique transcutanée sensitive latérocervicale gauche ; par vibrations
proprioceptives appliquées sur les muscles de la nuque controlatéraux à la lésion ; par rotation
guidée du tronc par la méthode Bon Saint Come ou par rotation prolongée du côté négligé ; par
l’occultation d’une partie du champ visuel (caches oculaires).
L’usage de ces techniques conduit à une correction du comportement de négligence, partielle voire
totale mais pratiquement toujours transitoire, sauf si une méthode d’apprentissage est associée.
La méthode de l’adaptation prismatique, s’appuyant sur une adaptation visuo-motrice, a par contre
montré des améliorations durables et est utilisable chez les patients anosognosiques car faisant
appel à des mécanismes inconscients.
38
* Traitements pharmacologiques :
A ce jour, aucun traitement pharmacologique n’a fait preuve de son efficacité dans la N.S.U. Les
agonistes dopaminergiques ont été proposés par certaines équipes, mais il est difficile de conclure
en l’absence d’étude contrôlée de qualité.
Il est de prime abord difficile de répondre à cette question, les écrits dans ce domaine étant à ma
connaissance inexistants. C’est donc plus le fruit d’une réflexion personnelle, à partir des éléments
théoriques et de quelques écrits sur la rééducation que j’expose ci-après.
En second lieu, la N.S.U. étant rarement le seul trouble présent chez ces patients cérébrolésés, il
sera nécessaire de prendre en compte les éventuels troubles associés et de fixer les axes prioritaires
de la prise en charge.
39
Lorsque la phase sévère sera dépassée, le psychomotricien pourra mettre en place des techniques de
compensation et de rééducation. De façon générale, il s’agira de cerner, grâce à l’évaluation, quelles
sont les composantes de la N.S.U. qui sont déficitaires et quels sont les mécanismes mis en cause
afin de mieux cibler l’approche thérapeutique.
De manière générale, tous les exercices entraînant des sollicitations sensori-motrices de l’hémicorps
négligé seront à privilégier. Le thérapeute devra faire attention à se placer du côté négligé.
Dans une autre approche, les activités bi-manuelles et les jeux impliquant le transfert d’objets d’une
partie de l’espace à une autre s’inscrivent dans une prise en charge particulièrement adaptée à la
N.S.U.
Il pourra aussi être proposé des exercices sur la posture et l’équilibre, qui sont bien souvent des
domaines largement déficitaires non seulement à cause de la N.S.U. mais surtout du fait des
troubles sensori-moteurs associés. Le thérapeute pourra agir sur le feed-back que le patient peut
avoir de son orientation posturale.
Concernant les déplacements, un travail sur l’orientation spatiale peut s’avérer nécessaire : il s’agira
de travailler à la fois sur le référentiel égocentrique et le référentiel géocentrique. Cet entraînement
pourra s’effectuer en salle de rééducation, lors de déplacements plus « écologiques » au sein de
l’institut, voire même au domicile du patient dans une phase de réhabilitation sociale.
40
Il a été montré l’efficacité de la technique du soliloque pour les troubles attentionnels. La
verbalisation des tâches peut permettre de stabiliser le comportement. Le patient peut ainsi
s’approprier une phrase du style : « il faut que je regarde à gauche ». Il peut dans un premier temps
dire la phrase à voix haute puis on s’acheminera vers une intériorisation progressive. Toutefois,
pour éviter une saturation de la part du patient, il sera important de définir dans quelles situations la
phrase peut-être utilisée et notamment à quel moment dans les tâches d’exploration et les
déplacements.
Pour faciliter la prise de conscience par le patient de son déficit et ainsi la levée de l’anosognosie,
l’utilisation du feed-back vidéo peut s’avérer efficace. Le patient effectuera des tâches simples, et à
la projection du film, il lui sera demandé d’analyser ses erreurs. La vidéo est à préférer au miroir qui
ne permet pas évidemment au patient de percevoir la partie négligée. De plus, la vidéo peut
permettre d’agir sur les représentations de l’espace. Par exemple, une séquence filmée d’exploration
d’un lieu connu du patient sera ensuite visualisée par ce dernier. L’aspect séquentiel du balayage de
l’exploration, d’un hémi-espace à l’autre, peut ainsi aider le patient dans la recherche d’indices à
sélectionner afin de prendre en compte la partie de l’espace non perçue auparavant.
41
IV. Etudes de cas et discussion
42
Durant ma troisième année en formation de psychomotricité, j’ai effectué mon stage en
responsabilité thérapeutique dans le Centre de Rééducation Fonctionnelle de Saint Blancard, dans le
département du Gers. Au sein du service de Neuro-Rééducation, j’ai effectué la prise en charge de
patients tout au long de l’année et ainsi j’ai pu mettre en pratique l’objet de ce mémoire. Dans un
premier temps, je présenterai le centre ainsi que les services où j’ai travaillé, puis je développerai
les études de cas de patients auxquels j’ai administré le protocole d’évaluation et leur prise en
charge thérapeutique.
Le centre comporte quatre services accueillant les patients : le service convalescence, le service
rééducation, le service éveil et le service neuro-rééducation.
Ces deux derniers reçoivent principalement des patients cérébrolésés, c'est-à-dire des personnes
ayant subi un traumatisme crânien ou un accident vasculaire cérébral (A.V.C.) ou des affections
encéphaliques tumorales, infectieuses ou dégénératives.
Service neuro-rééducation :
Ce service reçoit des patients cérébrolésés et des patients ayant un traumatisme médullaire. Il
accueille notamment certaines personnes sortant du service éveil en fonction de leur degré
d’autonomie. Il est centralisé autour d’une salle de rééducation et de la piscine, complété par les
salles d'ergothérapie et d'orthophonie.
L’équipe paramédicale est constituée de 3 infirmières, 6 aides soignantes, un kinésithérapeute, une
orthophoniste, une ergothérapeute et une psychomotricienne.
Service éveil :
Après une phase de coma, le début de la période d’éveil correspond schématiquement à l’ouverture
des yeux et à une respiration spontanée. A ce stade, les patients cérébro-lésés, à la sortie du service
de réanimation et de neurochirurgie, sont pris en charge au sein du service d'éveil. C’est un service
fermé, composé de 15 lits disposés en rotonde. Cette organisation permet d’assurer une surveillance
médicale soutenue dispensée par un médecin chef de service, 6 infirmières, 13 aides soignantes et
un brancardier. L’équipe thérapeutique est constituée 2 kinésithérapeutes, 2 orthophonistes, 2
ergothérapeutes et une psychomotricienne. A ce service sont rattachés 8 autres lits où les patients
plus autonomes peuvent déambuler librement (service post-éveil).
43
B. Etudes de cas :
1. Monsieur J :
a) Anamnèse :
Monsieur J est un patient de 66 ans, qui a été hospitalisé fin août 2006 dans un service de
neurochirurgie, pour des céphalées semblant remonter à environ 15 jours et rattachées à un
traumatisme modéré (plongeon en mer dans une vague). Le scanner objective un hématome sous
dural droit hyperdense et relativement modéré mais à l’origine d’un effet de masse, nécessitant
rapidement une intervention avec évacuation de l’hématome et pose d’un volet décompressif.
Un autre scanner révèlera une ischémie hémisphérique droite dans le territoire sylvien avec
l’hypothèse d’une cause cardio-embolique dans le cadre d’un flutter auriculaire. Il s’ensuit une
période de coma prolongé où le patient est sous neurosédation, avec un éveil mi-septembre. Le
patient est alors réactif voire conscient avec un mouvement de la main droite à la demande mais
avec un déficit à gauche. Des complications pulmonaires nécessitent alors une trachéotomie jusqu’à
fin septembre. Un EEG conduit à placer le patient sous traitement anti-épileptique. Début octobre,
le patient est conscient et répond aux ordres. Il présente alors un déficit de l’hémicorps gauche et
des troubles phasiques. Mi-octobre, les troubles du langage s’améliorent et les mesures d’isolement
sont supprimées.
Fin octobre, le patient est alors admis dans le service éveil du CRF. Au bilan d’entrée, le patient est
conscient, calme mais avec une vigilance fluctuante et une fatigabilité majeure. Il présente une
communication simple adaptée et cohérente, se rappelant de son accident ; une motricité spontanée
et volontaire des quatre membres ; une hémiparésie à gauche avec ébauche du signe de Babinski ;
une absence de trouble sensitif majeur et pas de trouble oculo-moteur.
Au début de son séjour au CRF, le patient est décrit par les infirmières comme ayant parfois un
comportement fluctuant sur la journée, pouvant être adapté comme confus.
Un scanner en novembre révèle des lésions séquellaires pariéto-occipitales droites sans signe
évolutif ainsi que de petites séquelles en projection du bras antérieur de la capsule interne droite.
Kinésithérapie : L’hémiparésie a bien progressé. Elle est discrète avec un appui unipodal à gauche
un peu moins tenu (assez fluctuant). Le patient ne présente plus de fatigue à l’effort.
44
- Trouble de la reconnaissance des objets et de leur texture sans trouble de la sensibilité
élémentaire à gauche, pour les membres supérieur et inférieur.
- Anosognosie importante (il essaye souvent de se justifier face à ses difficultés).
- Apraxie de l’habillage.
Ergothérapie : Il est observé une grande lenteur dans toutes les activités, mais si Mr J est dans la
précipitation, il fait alors des erreurs. Il tient parfois des propos invraisemblables mais avec un
discours très construit (problème de repérage temporel ?).
- Signes d’un syndrome de l’hémisphère mineur moyen et postérieur : anosognosie,
astéréognosie à gauche, troubles praxiques visuo-constructifs, apraxie idéatoire et
idéomotrice, apraxie de l’habillage pouvant être compensée par l’attention,
héminégligence. Pas de troubles gnosiques.
- Trouble neurovisuel : hémianopsie latérale homonyme gauche.
- Pas de trouble mnésique sauf pour la figure de Rey simplifiée.
- Dessin du bonhomme mieux structuré qu’en novembre (c.f. annexes 12 et 13).
Situation professionnelle : retraité, mais avant l’accident, il continuait à écrire des articles pour
plusieurs journaux.
45
b) Evaluation :
Sachant que je réalisais mon mémoire sur la N.S.U., les thérapeutes du service éveil m’ont alors
parlé de Mr J et proposé de faire une évaluation. J’ai rencontré le kinésithérapeute, la
psychomotricienne ainsi que l’ergothérapeute qui ont tous avancé des signes de négligence spatiale
chez Mr J. : aux épreuves de barrage, aux tests visuo-constructifs, et surtout un comportement
tendant à ignorer l’orientation vers la gauche dans ses déplacements.
L’ensemble des tests a été administré début février, durant trois séances de une heure sur deux
semaines.
Mr J m’est apparu comme un patient calme, avec un discours cohérent, faisant part d’une réelle
coopération dans le cadre de l’évaluation et de la rééducation.
En dehors des épreuves, j’ai pu observer quelques signes cliniques de N.S.U. chez Mr J:
- il « oublie » de déplier la branche gauche de ses lunettes lorsqu’il veut les mettre et rectifie son
oubli après avoir porté les lunettes à son visage. On peut se demander s’il s’agit d’une hémi-
inattention centrée sur l’objet et/ou d’une négligence motrice.
- A la deuxième séance lorsqu’il arrive, je remarque qu’il a « oublié » de baisser le bas de son
pantalon à gauche. En l’absence de trouble sensitif révélé, on peut supposer ici la présence d’une
hémi-inattention somesthésique.
- Afin d’évaluer ses capacités d’orientation, je lui demande de m’attendre dans la pièce à côté à sa
gauche en lui indiquant à travers la vitre. C’est alors qu’il veut sortir par une porte en face de lui
accédant à une autre pièce, négligeant totalement la porte à sa gauche par laquelle il est venu.
- L’accompagnant jusqu’à sa chambre, j’ai pu remarquer qu’il négligeait la possibilité d’aller sur sa
gauche, prenant un chemin détourné pour aller jusqu’à l’ascenseur. D’autres signes importants de
désorientation spatiale sont à noter, le patient ayant des difficultés à trouver la porte de sa chambre
alors qu’elle est sur sa droite.
46
TESTS SCORES OBSERVATIONS
1 ANOSOGNOSIE Déficit moteur 0/3 « Je ne peux pas courir et pb préhension main gauche »
Déficit visuel 0/3 « Je ne vois pas à gauche » (révélé par sa fille)
2 DEVIATION DE LA TETE ET DES YEUX 0/3
1) Anosognosie : Le patient parle spontanément de ses troubles : il ne peut pas courir et a des
difficultés de préhension fine pour la main gauche mais qui s’améliorent. Il ne voit pas à gauche,
cependant seul, il n’a pas pris conscience de son trouble ; c’est sa fille qui s’en est aperçue.
On ne peut donc pas noter une anosognosie concernant les troubles sensori-moteurs. Par contre, il
n’a pas conscience de ses troubles dus à la N.S.U. On peut donc parler d’anosognosie de la N.S.U.
2) Déviation de la tête et des yeux : aucun signe de déviation dans la posture mais on peut noter une
orientation préférentielle pour la droite lors des observations en situations plus « écologiques ».
4) Extinction :
* Vision : Dans le cas d’une stimulation bilatérale, la détection est réalisée uniquement à droite. On
ne peut pas conclure à une extinction car aucun stimulus n’est détecté à gauche. Sur demande, il
peut regarder sur la gauche ce qui permet de supposer la présence d’une hémianopsie avec l’examen
suivant : il lui est demandé de regarder en face de lui et s’il voit l’index de l’examinateur bouger sur
sa gauche (champ visuel périphérique). Or il répond qu’il ne le voit pas.
* Audition : Dans le cas d’une stimulation bilatérale, la détection est réalisée uniquement à droite
alors que les stimuli sont identifiés isolément, ce qui révèle donc d’une extinction auditive.
* Sensibilité : Dans le cas d’une stimulation bilatérale, la détection est réalisée uniquement à droite
une fois sur deux alors que les stimuli sont identifiés isolément. Lorsqu’il détecte les deux stimuli, il
dit qu’il « sent moins fort » à gauche. Cela montre une extinction sensitive modérée pour les
membres supérieurs et inférieurs.
5), 6), 7), 8) 9) et 12) Les épreuves visuo-graphiques objectivent une négligence importante tant
d’un point de vue quantitatif que qualitatif : De nombreuses omissions sont réalisées dans l’espace
gauche. Début d’exploration de façon marquée à droite. Positionnement de la feuille de dessin à
droite. Négligence centrée sur l’objet (maison de la scène d’Ogden). Dessin à l’extrême droite de la
feuille. Déviation importante de 24% (24%, 0 %, 24% et 22% respectivement pour les lignes de 20,
5, 5 et 20cm) pour la bissection de lignes (score pathologique à 6,5%).
48
Nous pouvons remarquer que l’espace gauche est mieux préservé pour l’horloge, le dessin spontané
et l’écriture, qui sont des épreuves où le sujet n’est pas subordonné à une analyse perceptive
préalable. La composante attentionnelle prédominerait alors sur la composante intentionnelle.
C.f. annexes 9 et 10 (cloches et scène d’Ogden).
10) Figures enchevêtrées : Peu d’erreurs, mais la moyenne de l’ordre d’identification objective une
exploration commençant par la droite. De plus, le test révèle une négligence centrée sur l’objet (non
systématique), le patient ne percevant dans un premier temps que la partie droite de certains objets.
11) Lecture : Des omissions en début de ligne à gauche, des difficultés à revenir à la ligne (lenteur
d’exploration) ainsi que le saut d’une ligne montrent des troubles importants qui ont été nommés
« dyslexie spatiale » ou « dyslexie périphérique » par certains auteurs (Riddoch, 1990).
Le patient dit spontanément deviner certains mots avant d’avoir lu leur début à gauche. On peut
supposer que la lecture de « non-mots » aurait révélée de plus grandes difficultés.
Lorsque je demande au patient s’il lit depuis qu’il est au centre, il me répond que non car il n’a
jamais été un grand lecteur. L’examen mnésique n’ayant pas relevé de déficit quant à la mémoire
autobiographique du patient, s’agit-il d’un déni et peut-être d’une conduite d’évitement (le patient
étant journaliste écrivain) ?
14) Test Burning House : Le patient déclare les deux maisons identiques (non perception de la
fumée à gauche). Je lui demande s’il ne voit pas une différence : après un certain temps, il précise
qu’il y a une fenêtre en plus sur celle du haut et cherche à se justifier en disant qu’il avait vu mais
que la forme des maisons est identique. Devant une réalité si évidente, le patient adopte-t-il alors un
comportement de déni ou est-ce l’expression de son mode de perception (identification globale
plutôt qu’une analyse des détails et en particulier en présence d’éléments à gauche) ?
15) Poursuite oculaire : Le test est inadapté, le patient ne pouvant suivre les lignes, passant à une
autre ligne. L’épreuve est alors réalisée avec un suivi des lignes avec le doigt : le temps est alors
plus long de la droite vers la gauche, l’exploration vers la gauche étant donc beaucoup plus lente.
49
16) Conduites exploratoires en milieu : on peut noter un seul oubli de la table sur la gauche. Il
commence l’exploration en face de lui puis à gauche et termine à droite. Le patient, ayant pris
conscience de ses troubles, a déjà mis en place des stratégies de compensation : il me dit
spontanément « j’ai tendance à regarder à droite, donc je me force à regarder à gauche ».
18) Déplacements : Lors du parcours d’obstacles, aucun choc n’est à observer et la prise de l’objet
est réalisé avec la main gauche. Par contre, en début de parcours, le patient montre un
comportement spectaculaire : il fait le tour complet d’un plot vers la droite au lieu d’aller
directement à gauche. Pendant la marche, l’amplitude du balancement du bras gauche est moindre
que celle du bras droit.
19) Echelle ECB : L’évaluation a été réalisée conjointement avec d’autres thérapeutes.
Elle révèle des difficultés discrètes dans pratiquement tous les domaines, des difficultés modérées
lors des repas et des difficultés sévères pour retrouver des trajets ou des lieux familiers lorsque le
patient doit se diriger vers la gauche. Le patient ne rapporte que des difficultés minimes pour la
toilette (il oublie parfois de se raser la moitié gauche du visage), les repas ainsi que dans les trajets.
Cette différence souligne donc une anosognosie importante. Pour plus de détails, c.f. annexe 11.
50
Synthèse :
L’évaluation de Mr J, à 5 mois ½ de son accident, permet d’objectiver des troubles importants de
N.S.U. tant sur le plan quantitatif que qualitatif. Les observations cliniques sont conformes sur de
nombreux points à ce qui est décrit dans la littérature et viennent appuyer le diagnostic.
Tout d’abord, l’hémi-inattention : elle est présente dans les modalités visuelle, auditive et
somesthésique. Elle affecte l’espace péri-personnel et extra-personnel, l’espace personnel (ou
corporel) étant légèrement affecté. C’est davantage le champ visuel inférieur gauche qui est négligé.
La scène d’Ogden ainsi que le test des figures enchevêtrées ont révélé une négligence centrée sur
l’objet.
L’extinction s’exprime de façon importante pour la modalité auditive et de façon modérée pour la
modalité sensitive. On ne peut pas conclure quant à la modalité visuelle étant donné la présence
d’une hémianopsie latérale homonyme.
L’hémiakinésie (ou négligence motrice) est assez discrète et fluctuante : amplitude du balancement
du bras gauche moindre que celle du bras droit pendant la marche, sous-utilisation motrice du bras
gauche en l’absence de déficit moteur.
La négligence spatiale est présente avec un défaut d’exploration sur la gauche. Le patient compense
depuis peu son déficit mais une orientation préférentielle persiste et des déplacements erratiques
sont observés.
A la N.S.U. s’associent les troubles suivants : un syndrome de l’hémisphère mineur avec un tableau
apraxique (idéomotrice, idéatoire, constructive et d’habillage), une astéréognosie, des troubles de la
reconnaissance et de l’utilisation de l’espace, une désorientation topographique.
De plus, on peut noter la présence d’une anosognosie qui va peu à peu laisser place à des
comportements de réinterprétation et de justification face à l’évidence de certaines de ses
difficultés. On peut alors se demander s’il s’agit de comportements de déni ?
Mr J présente une hémianopsie latérale homonyme (bilan ergothérapeute). Ce trouble visuel majore
les difficultés du patient. Le patient ayant une négligence centrée sur l’objet, cela suscite une
interrogation quant à l’impact de l’hémianopsie dans l’exploration de l’espace péricorporel et
extracorporel.
Dans tous les tests, une lenteur d’exploration très importante a été observée. On peut se demander si
cette lenteur est imputable à des troubles attentionnels et/ou à des difficultés perceptives ?
51
Si l’on met les troubles rapportés en relation avec les différentes théories, on peut alors parler dans
ce cas de négligence attentionnelle et intentionnelle. Cependant, la composante
attentionnelle/perceptuelle serait dominante en raison des observations réalisées pour les épreuves
visuo-graphiques. Par contre, d’après les données recueillies, on peut supposer qu’il n’y a pas de
négligence représentationnelle.
Si l’on compare la localisation des lésions du patient avec celles décrites dans la littérature, on
retrouve des lésions corticales pariéto-occipitales droites avec de surcroît des lésions sous-corticales
au niveau de la capsule interne droite.
A 5 mois ½ de l’accident, les troubles sont importants et les chances de récupération sont
théoriquement plus faibles, la période charnière de 3 mois étant dépassée.
Le retour sur ses résultats a permis au patient de prendre conscience en partie de ses troubles. Le
lendemain des tests, il disait à un autre thérapeute qu’il avait pris conscience de « quelque chose
d’important » concernant ses difficultés à gauche.
La sortie du patient du CRF, à sa demande et à celle de sa famille, était prévue à courte échéance,
pour un retour à domicile avec une mise en place d’aides adaptées. La prise de conscience par le
patient de ses troubles me paraissait prioritaire afin qu’il puisse mettre en place des stratégies de
compensation. Les axes de travail pour la prise en charge ont donc été la rééducation de la N.S.U. et
de la désorientation spatiale, les autres troubles étant pris en charge par les autres thérapeutes.
52
La première séance ayant lieu une semaine après la fin de l’évaluation, Mr J avait tendance à sous-
estimer voire ignorer les troubles dus à la N.S.U. Je lui ai donc proposé de revoir les résultats des
tests et expliqué que son trouble n’était pas seulement visuel mais qu’il s’agissait de difficultés
d’exploration de l’espace gauche. Mr J a alors rapidement repris conscience de ses difficultés et a
participé activement par la suite à la prise en charge.
Il a tout d’abord été proposé au patient un entraînement à l’exploration visuelle dans l’hémichamp
gauche. Puis a suivi un travail sur l’orientation spatiale qui s’est appuyé sur l’exercice précédent et
les points forts du patient, à savoir les capacités préservées de représentation de l’espace. J’ai donc
utilisé comme interface le plan permettant la connaissance du milieu, afin de faciliter les attentes du
patient sur l’environnement dans ses déplacements. Ce moyen de compensation a permis ensuite de
travailler sur une généralisation au milieu dans les déplacements. La technique de l’indiçage spatio-
moteur a été mise à profit avec un exercice sur la stéréognosie ainsi qu’avec un travail sur les
coordinations visuo-motrices. Ce dernier a porté sur l’orientation de l’attention vers la gauche et sur
le désengagement de l’orientation de la droite vers la gauche. Finalement, la difficulté a été
accentuée avec une tâche visuo-constructive complexe. Enfin, un apprentissage spécifique d’un
domaine de la vie quotidienne a été abordé : la lecture.
53
Cet exercice permet de par le pointage avec la main gauche, d’utiliser l’indiçage spatio-moteur et
aussi d’effectuer un travail sur la négligence motrice.
Orientation spatiale :
* Travail sur les déplacements au sein du CRF :
Mr J empruntait seulement un trajet sur sa droite entre l’ascenseur et la salle de rééducation,
ignorant l’existence d’un trajet beaucoup plus court sur sa gauche. Je lui ai demandé dans un
premier temps de dessiner un plan de l’étage avec ses déplacements. Il a alors omis, entre autre
l’espace comprenant le trajet mentionné. Nous sommes allés sur place et à la sortie de l’ascenseur, il
a été invité à explorer à gauche. Mr J a tout d’abord été surpris et hésitant, révélant ne pas connaître
auparavant cet endroit. Puis l’exploration a été réalisée dans l’autre sens. Pour terminer, le trajet
auparavant ignoré a été dessiné sur le plan et à des fins de généralisation, le patient a été engagé à se
forcer à explorer à sa gauche dans ses déplacements avec l’utilisation de la phrase intériorisée.
* Trajets au sol :
Cet exercice s’appuie sur un test de Zazzo. 9 plots sont disposés en carré à 2 m les uns des autres et
sont représentés sur une tablette graphique. Il s’agit d’effectuer les trajets dessinés auparavant sur la
tablette en les mémorisant ou en apportant la tablette dans les déplacements. Le patient montre des
difficultés importantes dans le repérage spatial et aussi pour mémoriser les trajets. Ses difficultés
s’accentuent quand il doit s’orienter vers la gauche. Un travail sur la prise d’informations dans le
milieu à des fins de repères et la transposition aux quatre points cardinaux (NSOE) permettra une
amélioration sensible des déplacements. Mr J percute parfois les plots avec son pied gauche alors
que pour le parcours psychomoteur, il les évitait. Cette observation illustre la fluctuation des signes
de N.S.U., le trouble pouvant apparaître dans des tâches complexes comme c’est le cas ici où
l’attention est fortement sollicitée sur une autre tâche. Cela montre les limites de la technique de
compensation avec un plan en déplacement. Il serait préférable d’apprendre au patient à gérer
l’utilisation du plan dans le temps, c'est-à-dire de préférence entre deux phases de déplacements.
Ces deux exercices permettent d’agir sur les représentations de l’espace ainsi que sur l’exploration
du milieu en déplacement. De plus, la réalisation de plans permet un travail dans le domaine visuo-
constructif.
54
Stéréognosie :
Cet exercice intervient dans le cadre de stimulations sensori-motrices de la main gauche. Il consiste
à reconnaître les yeux fermés, des objets manipulés dans les mains. Mr J arrive à reconnaître les 10
objets présentés aussi bien avec la main droite qu’avec la main gauche. Cependant, l’ouverture de la
pince à linge par exemple est difficile avec cette dernière. Afin d’affiner la reconnaissance, des
objets plus petits sont proposés (pièces d’un jeu de Quarto). Les pièces sont facilement identifiées
avec la main droite mais on observe pour la main gauche une difficulté à déterminer la localisation
de l’extrémité des pièces et donc de leur longueur. Deux séances après, une légère amélioration est
notée mais on peut se demander si elle est seulement spécifique aux pièces proposées.
Cet exercice a pu montré une récupération de l’astéréognosie qui était précisée dans le bilan en
ergothérapie et en kinésithérapie.
Coordinations visuo-motrices :
Plusieurs exercices ont été proposés pour travailler les coordinations visuo-motrices et surtout
l’orientation de l’attention vers la gauche. Tout d’abord, il s’agit d’attraper et de lancer une balle de
tennis. Les lancés sont effectués à droite et à gauche du patient, afin de produire des variations de
l’orientation de l’attention d’un hémichamp à l’autre. Cet exercice plaît beaucoup à Mr J qui est
joueur de tennis. Il présente de bonnes capacités visuo-motrices en regard de son handicap
(hémianopsie et N.S.U.). Toutefois, le lancer doit être effectué en « cuillère » à sa gauche pour qu’il
puisse attraper la balle. Si celle-ci est lancée vers son côté gauche mais proche de la ligne médiane,
le patient utilise souvent sa main droite. L’utilisation de la main adaptée permet alors de travailler
alors la négligence motrice.
Le « jonglage » à une balle puis à deux balles a été proposé afin de travailler sur le désengagement
de l’orientation de la droite vers la gauche. Le jonglage à deux balles n’est pas réalisable, le patient
présentant une latence trop importante pour orienter son attention de la droite vers la gauche.
Visuo-construction :
Jenga : Ce jeu consiste à enlever une par une de petites planches en bois constituant une tour. Pour
accentuer la difficulté, la tour est placée à gauche du patient et il doit utiliser sa main gauche.
Le patient présente des difficultés à se représenter le côté de la tour qu’il ne voit pas. Il lui arrive de
heurter le haut de la tour avec son bras gauche alors que son attention est portée sur un autre endroit
de celle-ci. Après avoir pris conscience de ce phénomène, Mr J peut momentanément compenser
son déficit mais il l’oublie rapidement et ne fait plus attention à son bras gauche. Ces observations
peuvent être mises en relation avec les résultats de l’évaluation, à savoir que plus la tâche est
complexe dans la perception, plus la N.S.U. s’actualise.
55
Lecture :
En raison, d’éventuelles conduites d’évitement, il a été proposé alors à Mr J de lire un article de son
choix dans le journal. Le patient adopte une stratégie de compensation : il utilise une feuille blanche
qu’il place sous la ligne qu’il lit. Cependant les nombreuses colonnes des articles augmentent les
difficultés du patient pour revenir à la ligne et il commence la lecture à la deuxième colonne. Je lui
propose alors d’utiliser un « outil » avec un indiçage permettant un repérage et un ancrage visuel à
gauche (feuille avec une barre rouge à gauche). Ainsi, le patient a pu ensuite lire entièrement un
article avec beaucoup moins de difficultés. Par contre, il aurait été intéressant de diminuer
progressivement l’intensité de l’indiçage mais faute de temps, cela n’a pas été réalisable.
Lorsque j’ai proposé au patient qu’il garde « l’outil de lecture » afin qu’il puisse l’utiliser ailleurs
que dans la prise en charge, il n’a pas voulu prétextant qu’une feuille blanche suffisait. Cet outil,
pourtant efficace, était apparemment socialement inacceptable car trop révélateur de ses difficultés.
Durant les séances, j’ai pu constater une apraxie majeure de l’habillage, le patient adoptant parfois
des conduites d’évitement en voulant garder par exemple sa veste en séance pour éviter de la
remettre après. Devant un tel comportement, j’ai jugé bon ne pas verbaliser quant à ces difficultés
afin de ne pas surajouter à la prise de conscience de ses troubles et éviter ainsi un impact
émotionnel trop important. Face à l’incapacité pour le patient de remettre sa veste, il lui a été
simplement proposé une aide.
Bilan de la rééducation :
Le patient, conscient de ses troubles, a mis en œuvre rapidement des stratégies de compensation et a
montré des progrès sensibles dans le cadre de la prise en charge.
A 4 semaines du bilan de la N.S.U., le patient n’a pas été réévalué en raison de sa sortie du centre.
Mais ne pourrait-on pas penser que la prise de conscience de ses troubles ainsi que les stratégies de
compensation mises en place lui permettraient d’améliorer nettement ses résultats aux épreuves du
protocole d’évaluation ?
56
Cependant en si peu de temps, la rééducation a-t-elle entraînée une généralisation dans la vie
quotidienne du patient ?
Quelques éléments permettent de répondre à cette question : Le patient dit utiliser depuis peu le
trajet « à gauche » entre la salle de rééducation et l’ascenseur mais il s’agit là d’un apprentissage
spécifique. Il rentre chez lui le week-end et va quelquefois au marché. C’est selon lui un lieu
intéressant où il doit faire preuve d’une attention importante et toujours selon lui, il ne rencontre pas
de difficultés. Par contre, en s’y rendant, il lui arrive parfois quelques « mésaventures » comme de
s’engager par erreur dans une impasse et de faire le tour de celle-ci en la longeant par la droite.
Ces observations amèneront de nouveau à verbaliser quant à l’exploration spatiale et la surveillance
du milieu au cours de ses déplacements et donc sur sa sécurité.
Par ailleurs, on peut se demander si le patient ne sous-estime pas certaines de ses difficultés, en
raison de certains comportements de réinterprétation et de justification face à l’évidence de celles-
ci.
Concernant les stratégies de compensation, un paradoxe mérite d’être relevé. Mr J raconte non sans
humour, s’être cogné sur son côté droit en faisant trop attention à sa gauche.
57
2. Monsieur R :
a) Anamnèse :
Monsieur R est un patient de 46 ans, hospitalisé aux soins intensifs début septembre 2006 pour un
traumatisme crânien grave, suite à un choc direct dans un contexte de rixe et oenolique. Il s’ensuit
une phase de coma (score de Glasgow : GCS = 5) avec un réveil progressif. Le scanner réalisé à
l’admission du patient montre un hématome sous dural aigu fronto-pariétal gauche, exerçant un
effet de masse sur le parenchyme avec un refoulement du système ventriculaire et un engagement
sous falcique nécessitant une évacuation en urgence par voie pariétale. Il révèle également un
hématome sous cutané pariéto-occipital gauche. Son état a nécessité une trachéotomie ainsi qu’une
gastrostomie jusqu’à début octobre.
Début octobre, le patient est admis dans le service éveil. Au bilan d’entrée, le patient répond aux
ordres simples. Il est confus et très désorienté avec des épisodes d’agressivité. Il est opposant aux
soins et ne veut pas manger. Une mise en danger nécessite l’installation du patient sur un matelas au
sol. On note une aphasie et la présence de stéréotypies verbales. Sur le plan moteur, le patient
présente une hémiplégie droite sévère, non proportionnelle, prédominante au membre supérieur.
Concernant les réflexes, on note un signe de Babinski à droite et des réflexes rotulien et achiléen
ébauchés à droite. Le tonus musculaire est flasque au membre supérieur droit et le membre inférieur
droit est hypotonique mais avec un clonus de la cheville rapidement épuisable. A la mobilisation de
l’épaule droite, le patient se plaint de douleurs (antécédents chirurgicaux).
Durant son séjour au service éveil, Mr R va présenter une labilité de l’humeur avec des passages à
l’acte agressifs : il lance des objets mais jamais directement envers des personnes. Une
héminégligence ainsi qu’une hémianopsie latérale homonyme droite sont diagnostiquées. Ses
problèmes comportementaux s’améliorent par la suite, le patient est alors admis au service de
Neurorééducation en janvier 2007.
58
* Synthèse fin janvier 2007 : Mr R est suivi en kinésithérapie, ergothérapie et psychomotricité.
Kinésithérapie : Le patient présente une hémiplégie droite proportionnelle (déficit plus distal que
proximal). Il marche seul sans aide avec un léger fauchage. Le pied droit présente un oedème. Un
petit trouble de l’équilibre est actualisé dans le sens antéro-postérieur. On note une tendance à se
tenir en triple flexion au membre supérieur droit. Pas de problème de sensibilité sauf au niveau de la
main droite. Il a tendance à oublier son hémicorps droit en regard de ses possibilités motrices.
Ergothérapie : Les troubles phasiques sont plus modérés avec des persévérations et des paraphasies
mais n’empêchent pas une communication verbale simple.
- Sensibilité : trouble de la sensibilité profonde au niveau de la main avec une force de serrage non
contrôlée.
- Somatognosie : pas de difficultés.
- Astéréognosie : non reconnaissance avec la main droite.
- L’hémianopsie latérale homonyme droite persiste.
- On note une récupération au niveau de la négligence unilatérale.
- Apraxie : présence d’une apraxie constructive complexe.
- Le test d’attention Zazzo est trop difficile en raison d’une fatigabilité.
- Sur le plan mnésique : un trouble de la mémoire visuelle et de la mémoire de travail, un trouble de
la mémoire rétrograde partiel (il ne se rappelle pas les séances mais ne rencontre pas de difficultés
au quotidien). Non connaissance de la date : ce n’est pas une désorientation mais un trouble
phasique.
- Le test de Wisconsin objective un trouble des stratégies : il ne passe que trois séries puis se
bloque avec un nombre important de persévérations.
Le patient est demandeur quant à son évolution, il se projette. Mr R est autonome pour les actes de
la vie quotidienne. Il est seulement nécessaire de lui couper la viande.
59
b) Evaluation :
Mr R participe activement à toutes les séances. Il est dans une optique de rééducation.
Par contre, c’est un patient qui se dévalorise beaucoup : il verbalise devant toute nouvelle situation
qu’il ne va pas y arriver. Il sous estime largement ses capacités. Il est très soucieux de son image
auprès des thérapeutes. Il arrive parfois énervé puis se calme rapidement dès que la séance est
commencée. Il verbalise parfois sur ses problèmes relationnels avec certains patients et il présente
beaucoup de difficultés à accepter un voisin de chambre.
Coordinations motrices générales : Au niveau des déplacements, Mr R présente une marche avec un
polygone de sustentation élargi et une longueur du pas diminué avec fauchage à droite.
Lors de la marche, le balancement du bras droit n’est pas spontané mais est possible si le patient en
prend conscience (hypertonie au niveau de l’épaule). La montée et la descente des escaliers
s’effectuent sans aide dans le cadre des séances mais avec une certaine appréhension.
Coordinations statiques : L’équilibre unipodal est maintenu 15 secondes sur le pied gauche et 2 à 3
secondes sur le pied droit. A l’épreuve de la poussée, l’équilibre bipodal est maintenu avec un
dosage tonique de contre-réaction et une résolution tonique adaptés lors de la poussée latérale.
L’équilibre antéro-postérieur est plus difficile à maintenir.
60
Activités bi-manuelles très limitées: possibilité d’attraper un ballon.
Motricité fine : Membre supérieur droit : la fermeture et l’ouverture de la main sont possibles avec
difficulté et lenteur. Le déliement digital est impossible. La pince pouce index est inefficace (pouce
en flexion). La prono-supination est limitée en amplitude surtout pour la supination. L’extension du
poignet est également limitée en amplitude. Certaines épreuves du LOMDS ont été administrées
pour la main gauche : Pointillage: 93 (>80 : 3 points). Labyrinthe: 45’’ (2 points). Tri d’allumettes:
54’’ (2 points). Mettre les pièces dans la boite: 17 (3 points).
L’écriture main gauche est difficile en lettres attachées mais reste lisible.
Latéralité manuelle : droite (antérieure à l’accident). Du fait de son handicap, il utilise actuellement
la main gauche dans toutes les activités manuelles.
Sensibilité : trouble proprioceptif au niveau de la main droite : non conscience de la position des
doigts et du poignet.
Maîtrise des concepts droite/gauche et devant/derrière : Connaissance gauche/droite sur lui, sur
autrui et entre objets. Il peut se décentrer tout en utilisant un référentiel égocentrique.
Visuo-construction : Figure de Rey : A l’épreuve de copie : score de 28/36 (- 2,2 D.S.) avec un type
de construction de type IV (proche en proche) : centile 10, et des omissions à droite. Le patient
verbalise « qu’il en a marre » et dit qu’il a terminé. Par conséquent, on ne peut attribuer les
omissions à droite à la N.S.U. A l’épreuve de mémoire : 16/36 (- 1,2 D.S.) avec une stratégie
toujours de proche en proche.
Les résultats concernant le protocole d’évaluation de la N.S.U. sont récapitulés dans le tableau page
suivante.
61
TESTS SCORES OBSERVATIONS
1 ANOSOGNOSIE Déficit moteur 0/3
Déficit visuel 1/3 Déficit reconnu après question spécifique
2 DEVIATION DE LA TETE ET DES YEUX 0/3
3 HEMINEGLIGENCE CORPORELLE Yeux fermés 1/3 Très légère hésitation pour aller toucher sa main
Yeux ouverts 0/3 droite
AUTOTOPOGNOSIE Sur soi Echecs G: 0 D: 0
Temps de latence G: / D: /
Sur dessin Echecs G: 0 D: 0
Temps de latence G: / D: /
4 EXTINCTION Visuelle Non Hémianopsie latérale homonyme droite
Auditive Non
Tactile Oui (GD : 2/2) Aux membres supérieurs
5 CLOCHES Omissions à gauche 1 / 15
Omissions à droite 1 / 15 Pas de stratégie d’exploration (“picore” dans la
Omissions au centre 0/5 feuille)
Omissions totales 2 / 35
Omissions G – omissions D 0
Colonne 1ère cloche 3
Temps de passation 262 sec Lenteur mais réalisé avec main gauche
6 SCENE D’OGDEN Score 0 /4
Temps 240 sec Lenteur mais réalisé avec main gauche
7 HORLOGE Score 0/2
Omissions G – omissions D 0
Temps 105 sec Lenteur mais réalisé avec main gauche
8 DESSIN SPONTANE Asymétrie Non
9 BISSECTION DE LIGNES Lignes 1 et 4 (20 cm) + 4,2 mm > + 4,2 % Note : avec main gauche
Lignes 2 et 3 (5 cm) - 0,15 mm > - 0,6 %
10 FIGURES ENCHEVETREES Omissions à gauche 0 / 10
Omissions à droite 0 / 10
Omissions totales 0 / 25
Omissions G-D (-10 à +10) 0
Moyenne ordre identification G : 26 D : 27
11 LECTURE Omissions EG – ED
Ajouts EG – ED Inadapté Perte de la lecture (lettres reconnues mais pas les
Substitutions EG- ED mots)
Temps
12 ECRITURE Marge 2 cm Ecrit difficilement avec sa main gauche (droitier)
(test non adapté)
13 REPRESENTATION DE L’ESPACE Oublis et/ou déformations Non
62
c) Négligence spatiale unilatérale : description des épreuves et analyse des résultats
1) Anosognosie : le patient évoque des problèmes mnésiques, « pas de problème de vision », des
difficultés de l’avant bras droit, il ne peut pas déplier ses doigts, des douleurs au niveau du coup de
pied droit, il boite. Il a donc conscience de ses difficultés motrices mais au niveau visuel, il prétend
spontanément de lui-même ne pas avoir de difficultés. Les difficultés phasiques (surtout sur le
versant expression) sont apparemment à mettre en cause dans cette réponse non adaptée, puisqu’il
répond par la suite qu’il ne voit pas bien à droite.
3) Héminégligence corporelle : Pour toucher sa main droite les yeux fermés, on relève une très
légère hésitation en phase terminale du mouvement. Les yeux ouverts, le geste est fluide. C’est donc
plus le déficit proprioceptif au niveau de la main et du poignet qui est à mettre en cause.
Pas de difficultés au niveau topognosique.
4) Extinction :
* Vision : Dans le cas d’une stimulation bilatérale, la détection est réalisée uniquement à gauche.
On ne peut pas conclure à une extinction car aucun stimulus n’est détecté à droite. Mise en évidence
d’une hémianopsie latérale homonyme droite.
* Audition : pas d’extinction.
* Sensibilité : Dans le cas d’une stimulation bilatérale, la détection est réalisée uniquement à gauche
alors que les stimuli sont identifiés isolément. Cela révèle une extinction sensitive uniquement pour
les membres supérieurs.
5), 6), 7), 8) 9) et 12) Les épreuves visuo-graphiques sont réalisées avec la main gauche ce qui
explique la lenteur, le patient étant droitier. Aucun signe de négligence ni de difficulté visuo-
spatiale n’est présent. Au test des cloches, le patient n’adopte pas de stratégie d’exploration. Il
“picore” dans la feuille. Ceci peut expliquer, avec de plus des problèmes attentionnels, les 2 oublis.
Du fait des difficultés motrices de la main droite, je tenais la feuille où le patient dessinais. Lorsque
j’ai cessé de tenir la feuille, le patient a spontanément et rapidement posé sa main droite dessus. Cet
élément est un argument allant à l’encontre d’une hypothèse de négligence motrice.
10) Figures enchevêtrées : aucune erreur, et la moyenne de l’ordre d’identification ne montre pas
d’orientation préférentielle.
63
15) Poursuite oculaire : le test révèle une grande lenteur d’exploration (+ 5 D.S.). Le temps pour
aller de gauche à droite est plus long : écart de 1,18 secondes correspondant à + 3 D.S.
L’exploration visuelle vers la droite demande donc plus de temps que vers la gauche.
Cependant, on ne peut attribuer ce trouble à la N.S.U. du fait de la présence d’une hémianopsie et
d’une éventualité de troubles oculomoteurs.
19) Echelle ECB : seule la percussion d’obstacles sur son côté droit est mentionnée par le patient et
relevée par les thérapeutes (score : 1/30). Il n’y a donc pas d’anosognosie.
L’échelle a aussi été remplie par la psychomotricienne du service éveil pour la date où le patient
entrait dans le service éveil (octobre 2006). Le score est alors de 12/30 avec une intensité modérée
pour l’exploration et de la déviation de la tête, un oubli de l’hémicorps droit, une indifférence aux
bruits venant de la droite, des heurts, une difficulté dans les déplacements pour se diriger vers la
droite ainsi qu’une difficulté à retrouver des objets sur sa droite. Ceci permet de mettre en évidence
une nette régression des troubles.
Synthèse :
Selon le bilan psychomoteur ainsi que les bilans des autres thérapeutes, Mr R présente une
hémiplégie droite avec les troubles suivants : troubles de l’équilibre et des coordinations
dynamiques générales dont la marche, troubles moteur et proprioceptif de la main droite, trouble
des coordinations visuo-motrices main droite, trouble des praxies visuo-constructives, troubles
mnésiques, trouble attentionnel, trouble des fonctions éxécutives, une aphasie (surtout sur le versant
expression), une hémianopsie latérale homonyme ainsi que des troubles anxio-dépressifs.
64
Concernant la N.S.U., les résultats du protocole d’évaluation apportent peu d’éléments en faveur
d’un trouble. Le patient ne présente apparemment pas d’hémi-inattention dans l’espace proche
comme dans l’espace éloigné, pas de négligence dans la représentation de l’espace, pas de trouble
concernant l’exploration visuelle, le patient compensant son hémianopsie.
La poursuite oculaire est plus lente vers la droite, mais comme il a déjà été mentionné, ce déficit ne
peut-être imputé seulement à une éventuelle N.S.U.
Par contre, on note une extinction tactile mais uniquement aux membres supérieurs.
Quant à la vie quotidienne, les rares heurts à droite pourraient être dus à l’hémianopsie latérale
homonyme et aux troubles attentionnels.
En conclusion, les troubles importants de N.S.U., mentionnés à l’entrée dans le service éveil, ont
nettement régressé voire complètement disparu 3 mois plus tard et ce à 5 mois de l’accident.
65
d) Prise en charge thérapeutique :
Compte tenu de ces éléments, la prise en charge n’a donc pas porté sur la N.S.U.
Devant un tableau déficitaire dans de nombreux domaines, il a été nécessaire de définir les axes
prioritaires de la prise en charge : l’autonomie dans les déplacements ainsi que la motricité
manuelle de la main droite.
Concernant les déplacements, la rééducation a porté sur l’équilibre et les coordinations dynamiques
générales, et en particulier sur la marche et les déplacements dans les escaliers.
Quant à la motricité manuelle de la main droite, des exercices de stimulations sensori-motrices ont
été proposés. Par ailleurs, le patient a été fortement incité à utiliser la main droite dans les activités
de la vie quotidienne : boire à un verre, serrer la main, ouvrir les portes… Malgré cette incitation, il
n’utilise que rarement cette main.
La rééducation des déficits du champ visuel repose en partie sur des exercices de stimulation dans le
champ aveugle utilisant la présentation de cibles que le patient doit détecter, localiser, discriminer et
dénommer (Chokron S., 1998). C’est pourquoi en raison de la présence d’une hémianopsie latérale
homonyme, il a été proposé au patient l’exercice avec le pointeur laser (voir rééducation de Mr J).
Le patient devait pointer la cible avec la main droite. Il a été observé une orientation rapide du
regard et de la tête vers la droite lorsque le patient ne pouvait voir de prime abord la cible.
Contrairement à Mr J, il n’a donc pas de difficultés à engager son attention vers la droite et
compense donc son handicap par une « surexploration » de l’hémichamp déficitaire.
Une réévaluation de la N.S.U. a été réalisée en mai 2007. Faute de temps, seules les épreuves où un
trouble était relevé ont été administrées (extinction et poursuite oculaire).
L’extinction sensitive aux membres supérieurs a disparu.
Concernant la poursuite oculaire, l’exploration vers la droite est toujours plus lente, mais pour les
raisons évoquées précédemment, on ne peut imputer ce trouble seulement à une éventuelle N.S.U.
Malgré une légère récupération des fonctions motrices de la main droite, le patient utilise toujours la
main gauche pour les activités manuelles. Mais le handicap moteur est tel qu’il ne permet toujours
pas de statuer sur une éventuelle négligence motrice.
Enfin, hormis la sous-utilisation de la main droite, le patient ne présente pas de difficultés dans la
vie quotidienne qui pourraient être imputables à une N.S.U.
66
C. Discussion :
Dans un premier temps, la discussion portera sur le protocole d’évaluation, puis elle s’articulera sur
les troubles associés, les modes de compensation et la rééducation, et enfin sur l’évolution des deux
patients.
* Protocole d’évaluation : Etant donné le nombre d’épreuves, seuls quelques éléments de réflexion
sont proposés.
Questionnaire sur l’anosognosie : Ce questionnaire peut dans certains cas ne pas s’avérer assez
sensible. Il évalue seulement la prise de conscience ou non du patient de ses troubles sensori-
moteurs. Par exemple, Mr J rapporte un trouble visuel (hémianopsie) mais il n’a pas conscience de
la N.S.U. De plus, dans le cas de troubles multiples, le patient peut accorder plus d’attention à une
difficulté, omettant de mentionner spontanément un autre trouble. On voit rapidement les limites de
tels procédés d’évaluation standardisés pour l’anosognosie. En fait, le clinicien s’attachera à
observer les écarts entre ce que le patient rapporte de ses troubles et ce qu’il est lui-même en mesure
d’observer, d’évaluer ou ce que rapporte les proches du patient.
Déviation de la tête et des yeux et épreuve de Bisiach: Ces épreuves ne sont apparemment pas très
sensibles et destinées à diagnostiquer des signes cliniques s’actualisant dans les phases sévères de la
N.S.U.
Extinction : Facile à mettre en œuvre, cette épreuve permet de faire l’hypothèse d’une éventuelle
hémianopsie pour la modalité visuelle, ce trouble neuro-visuel devant être confirmé par un
ophtalmologue. De plus, l’éventuelle extinction concernant la modalité auditive peut renseigner sur
les difficultés du patient à localiser une source sonore.
67
Bissection de lignes : Les résultats de Mr J illustrent l’effet du contexte conformément à
l’hypothèse de Marshall R.S. et al. (1998), à savoir que la perception du milieu d’une ligne n’est pas
relative à la longueur absolue mais aux différences de longueurs de lignes présentées. Pour des
lignes courtes présentées après des lignes longues, on observe chez des patients ayant une
héminégligence gauche, une bissection dirigée plus vers la gauche voire même parfois à gauche du
milieu effectif (effet « cross-over »). Or, à la deuxième ligne, Mr J « coupe » exactement la ligne en
deux (0 % pour une ligne de 5 cm) alors que précédemment, il réalise une déviation de 24% pour
une ligne de 20cm, puis les déviations suivantes sont de 24% et 22%.
Une tendance importante à généraliser l’information spatiale d’un stimulus à un autre pourrait donc
être une caractéristique unique du syndrome de N.S.U.
Lecture de texte et écriture : Ces activités étant courantes dans la vie quotidienne, ces épreuves me
semblent intéressantes dans le sens où elles se rapprochent de situations « écologiques ».
Espace représenté d’un environnement familier : La chambre étant un lieu où le patient évolue
généralement dans toutes les directions, il a par conséquent accès, malgré son déficit, à une assez
bonne représentation du lieu. Comme cela a été montré avec le cas de Mr J, la description ou le
dessin d’un plan, d’un trajet que le patient emprunte régulièrement, pourrait s’avérer plus pertinent.
Test de poursuite oculaire : Pour un des deux patients, cette épreuve s’est révélée trop compliquée
de par ses difficultés de perception. Pour ces raisons ainsi que l’association fréquente de troubles
attentionnels, une simplification quant à l’aspect perceptif serait donc à envisager.
Afin de valider ce test dans le diagnostic d’un des aspects de la N.S.U., il serait nécessaire d’étudier
une cohorte de patients aussi bien avec une N.S.U. gauche que droite, avec et sans hémianopsie.
68
Néanmoins, dans le cas où une corrélation serait démontrée entre les résultats à ce test et la N.S.U.,
il serait indispensable d’écarter pour chaque patient présentant des résultats significatifs, tout autre
trouble neuro-visuel et oculomoteur.
Le test a fait l’objet d’une étude auprès de 33 sujets sains, de 18 à 57 ans et des deux sexes (17
femmes et 16 hommes). Il a été procédé à une analyse statistique des données avec le logiciel SPSS.
Celui-ci a objectivé un effet du sexe [F(1, 31) = 5,15 ; p<0,05], un effet de l’item [F(7, 217) = 19,1 ;
p<0,0001], un effet du sens de lecture [F(1, 31) = 13,4 ; p<0,001] et un effet du sexe par rapport au
sens de lecture [F(1, 31) = 7,6 ; p<0,01].
Les résultats ont pu aussi montrer que le temps de poursuite oculaire est sensiblement identique
dans un sens comme dans l’autre.
Exploration visuelle et coordinations visuo-motrices : Lorsque j’ai réalisé cette épreuve, j’avais
prévu un certain nombre d’observations qui se sont avérées trop nombreuses en pratique. Les plus
pertinentes seraient alors d’établir si le sujet a des difficultés à franchir la ligne médiane dans son
exploration, s’il y a une différence de temps importante dans l’exploration des deux hémichamps et
quelle main pointe ou saisit l’objet. Cette situation se révèle particulièrement utile pour actualiser
une éventuelle négligence motrice.
Evaluations des déplacements : Le parcours d’obstacles paraît intéressant pour observer des troubles
importants de N.S.U. Cependant nous sommes dans un cadre structuré d’évaluation et par exemple
Mr J compense activement son trouble. Cette épreuve permet néanmoins de donner une idée de la
sévérité des troubles et des capacités d’adaptation du sujet. Ces propos soulignent d’autant plus
l’intérêt de l’observation du patient dans des déplacements plus « écologiques ». La comparaison
avec les déplacements lors du parcours pourrait alors permettre d’apprécier les facteurs qui sont en
jeu respectivement.
Echelle ECB : Lors du recueil des informations auprès des différents thérapeutes, j’ai pu constater
une part de subjectivité de l’évaluation quant au degré d’intensité des troubles.
De plus, le temps pour recueillir toutes les informations s’avère long. Néanmoins, cette échelle est
indispensable à l’évaluation du retentissement des troubles dans la vie quotidienne.
69
Ce protocole d’évaluation peut au premier abord paraître long et fastidieux à administrer. Le
nombre d’épreuves est important mais rappelons que le syndrome de N.S.U. est complexe et que
chacun des tests peut révéler une composante ou un aspect différent de ce syndrome. Cerner chaque
dimension de la N.S.U. paraît essentiel afin d’orienter au mieux l’approche thérapeutique.
N’oublions pas aussi que les troubles sont fluctuants et dépendent de nombreux paramètres. Par
conséquent, ils peuvent s’actualiser à un moment donné ou dans une situation particulière et ne pas
être révélés par ailleurs. Enfin, certaines de ces épreuves stimulent le patient vers l’hémi-espace
négligé et par conséquent, elles présentent dès lors un aspect rééducatif.
* Troubles associés :
Le cas de Mr R a donné un aperçu de la difficulté à définir l’impact des troubles associés tels que
les troubles moteurs et sensitifs et par exemple de définir si la négligence motrice était présente.
L’hypothèse avancée avec d’autres thérapeutes, paraissant la plus probable, serait la prépondérance
du trouble sensitivo-moteur. Pour rappel, la main droite présente des difficultés motrices ainsi qu’un
trouble proprioceptif important ne permettant pas au patient de percevoir la position de son poignet
et de ses doigts. L’utilisation de la main gauche irait dans le sens de « l’économie » du geste,
expliquant la non utilisation de la main droite.
Ces deux patients, présentent une Hémianospsie Latérale Homonyme (H.L.H.). On peut se
demander quelle est l’importance de ce trouble neuro-visuel dans l’exploration de l’espace et
comment il peut majorer la N.S.U. chez Mr J. De plus, ce patient montre des signes de négligence
sur l’objet, c'est-à-dire qu’il a tendance à négliger la partie gauche d’un objet quel que soit sa
disposition dans l’espace. Il est alors difficile de savoir si cette négligence est due en partie à
l’hémianopsie ou à la N.S.U. Néanmoins, il est certain que l’impact de l’H.L.H. n’est pas à sous-
estimer dans l’exploration de l’espace péricorporel et extracorporel.
Alors que ces deux patients présentent peu de troubles associés, on peut aisément imaginer les
difficultés à réaliser un diagnostic, dans le cas où sont présents des troubles attentionnels importants
ou des troubles somatognosiques ou des troubles sensistivo-moteurs plus sévères. De plus, comme
j’ai pu le constater auprès d’un autre patient présentant une aphasie sévère, les troubles de la
communication peuvent considérablement compliquer l’évaluation.
70
* Modes de compensation et rééducation :
Avec le cas de Mr J, j’ai pu observer la mise en place de compensations lors des tests et lors des
séances de rééducation. On peut supposer que le fait de se trouver en face d’un thérapeute modifie
le comportement du patient et favorise la mise en place de moyens de compensation ainsi que
l’augmentation du niveau attentionnel. Cependant, on peut se questionner quant à la généralisation
de ces compensations dans la vie quotidienne.
Alors que le thérapeute peut agir en rééducation sur l’attention volontaire, la généralisation de la
rééducation quant à l’orientation automatique de l’attention serait plus discutable. Elle constituerait
une des principales difficultés de la rééducation des patients présentant une N.S.U.
Je me suis aussi interrogé sur un éventuel phénomène de saturation du patient quant à la stimulation
du côté négligé. Il m’a semblé alors nécessaire de doser les stimulations entre les deux hémi-
espaces, les exercices avec le pointeur laser ainsi que les exercices sur les coordinations visuo-
motrices et les trajets au sol allant dans ce sens.
Concernant la rééducation de l’hémianopsie, la plupart des techniques proposées sont basées sur la
stimulation dans le champ aveugle. La rééducation sensori-motrice et les exercices de coordinations
visuo-motrices du côté « aveugle » favoriseraient de ce fait la récupération du déficit.
Parfois, j’ai été étonné par les capacités visuo-motrices de ces patients du fait de leur hémianopsie.
Je n’ai pu m’empêcher de faire le rapprochement avec le phénomène « blindsight » (ou vision
aveugle). En effet, il a été démontré chez certains patients hémianopsiques, l’existence de capacités
résiduelles dans le champ aveugle, ceux-ci pouvant notamment localiser et pointer des stimuli en
l’absence de perception consciente (Perenin & Jeannerod, 1975 ; Zihl, 1980).
71
* Evolution des deux patients :
Pour rappel, Mr J a subi des lésions cérébrales dans la région pariéto-occipitale droite et Mr R des
lésions dans les régions pariéto-occipitale et fronto-pariétale gauche. Ils présentent tous deux une
hémianopsie latérale homonyme mais chacun d’un côté différent. Peu après leur entrée dans le
service éveil, des signes d’appel d’une N.S.U. sont avancés et conformes à la littérature. Bien que
les éléments sur la localisation des lésions cérébrales ne soient pas précis et que les volumes
lésionnels ne soient pas avancés, ces similitudes amènent à comparer leur évolution réciproque :
A 5 mois ½ de son accident, Mr J présente encore des troubles importants de N.S.U, retentissants
dans les activités de la vie quotidienne. Par contre chez Mr R, les troubles ont apparemment
disparus et ce à 5 mois de l’accident.
Cette évolution différente confirme la tendance générale décrite dans la littérature, à savoir que chez
les patients cérébrolésés droits, les troubles sont plus durables alors que chez les cérébrolésés
gauches, on observe généralement une rémission rapide.
72
V. Conclusion
Quelques éléments ont été avancés quant à la pertinence du protocole. Cependant, pour pouvoir
juger pleinement de ses intérêts et de ses limites, il serait nécessaire d’appliquer ce protocole à un
grand nombre de patients et notamment d’étudier son administration à plus courte échéance de
l’accident.
Un intérêt majeur du protocole d’évaluation et notamment des tests papier-crayon a été illustré par
le cas de Mr J. Il a permis de mettre en évidence la N.S.U. et par retour des résultats au patient, il a
eu un rôle important dans la levée de l’anosognosie.
La plupart des tests couramment utilisés s’intéressent à la modalité visuelle. Cependant, la modalité
auditive n’est pas à sous-estimer et gagnerait à être approfondie dans son évaluation. En effet, un
patient avec une hémi-inattention et/ou une extinction auditive aura des difficultés à localiser une
source sonore et donc des troubles supplémentaires dans son interaction avec l’environnement.
73
Le cas « typique » de Mr J présentant une N.S.U. sans trouble sensitivo-moteur m’a permis de
prendre pleinement conscience de ce syndrome complexe. Il pourra ainsi m’aider à mieux discerner,
dans les cas de troubles importants associés, les signes cliniques imputables à la N.S.U.
Enfin, j’ai pu apercevoir l’aspect rééducatif auprès de ce patient ce qui m’a permis de jeter un pont
entre certaines données théoriques et la pratique. Cette prise en charge a notamment soulevé en moi
un questionnement quant à l’implication de ce syndrome dans la vie quotidienne des patients ainsi
que sur la nécessité de les accompagner dans la phase de réhabilitation sociale.
74
VI. Bibliographie
BARTOLOMEO P., CHOKRON S., DEGOS J.D. – Lésions pariétales droites, négligence spatiale
et référentiel égocentrique. Paris, Revue Neurologique, 2000, 156, 2 :139-143
BEIS J.M., ANDRE J.M., PAYSANT J., LE CHAPELAIN L., BRET D., THISSE M.O. – Troubles
du traitement des informations spéculaires chez des patients cérébrolésés droits présentant une
héminégligence gauche. Paris, Revue Neurologique, 2003, 159, 6-7 : 663-669.
BERGEGO C., AZOUVI P., SAMUEL C., MARCHAL F., LOUIS-DREYFUS A., JOKIC C.,
MORIN L., RENARD C., PRADAT-DIEHL I. DELOCHE G. - Validation d’une échelle
d’évaluation fonctionnelle de l’héminégligence dans la vie quotidienne: L’échelle CB. Paris,
Annales de Réadaptation et de Médecine physique, 1995, 38 : 183-189.
BOUCART M., HENAFF M.A., BELIN C. – Vision : Aspects perceptifs et cognitifs. Marseille,
Solal, 1998.
DAURIAC-LE MASSON V., MAILHAN L., LOUIS-DREYFUS A., DE MONTETY G., DENYS
P., BUSSEL B. AZOUVI P. – Double dissociation entre négligence unilatérale gauche et
anosognosie. Paris, Revue Neurologique, 2002, 158, 4 :427-430.
DURAND E., PRADAT-DIEHL P., MARCHAL F., OLIVIER S., MAKIELA E., TAILLEFER C.,
MIGEOT H., AZOUVI P. - Étude comparative de trois échelles d'évaluation fonctionnelle de
l'héminégligence spatiale. Paris, Annales de Réadaptation et de Médecine physique, 1999, 42 : 200-
206.
FRUHMANN BERGER M., PROB R.D., ILJ U.J., KARNATH H.O. - Deviation of eyes and head
in acute cerebral stroke. BMC Neurology 2006, 6:23
75
GIL R. – Neuropsychologie (abrégés). 4° édition. Paris, Masson, 2006.
PELISSIER J., BUSSEL B., BRUN V. – Innovations thérapeutiques et hémiplégie vasculaire. Paris,
Masson, 2005.
PELLAT J., CARBONNEL S., CHANAL J., CHARNALLET A., NICOUL B., GAIO J.M. –
Négligence tactile et visuelle. Paris, Revue Neurologique, 1986, 142, 10 : 793-795.
PERENNOU D., BRUN V., PELISSIER J. – Les syndromes de négligence spatiale. Paris, Masson,
1998.
RODE G., ROSSETTI Y., BADAN M., BOISSON D. – Rôle de l’action dans la rééducation du
syndrome d’héminégligence. Paris, Revue neurologique, 2001, 157, 5 : 497-505.
RODE G., PERENIN M.T., BOISSON D. – Négligence de l’espace représenté : Mise en évidence
par l’évocation de la carte de France. Paris, Revue neurologique, 1995, 151, 3 : 161-164.
ROUSSEAUX M., BEIS J.M., PRADAT-DIEHL P., MARTIN Y., BARTOLOMEO P., BERNATI
T., CHOKRON S., LECLERCQ M., LOUIS-DREYFUS A., MARCHAL F., PERENNOU D.,
PRAIRIAL C., RODE G., SAMUEL C., SIEROFF E., WIART L., AZOUVI P. – Présentation
d'une batterie de dépistage de la négligence spatiale. Paris, Revue neurologique, 2001, 157,
11 :1385-1400.
SACKS O. – L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau. Paris, Editions du seuil, 1988
SERON X., VAN DER LINDEN M. – Traité de neuropsychologie clinique. Tome I. Marseille,
Solal, 2000.
SERON X., VAN DER LINDEN M. – Traité de neuropsychologie clinique. Tome II. Marseille,
Solal, 2000.
VIGOUROUX R.A., BONNEFOI B., KHALIL R. – Réalisations picturales chez un artiste peintre
présentant une héminégligence gauche. Paris, Revue neurologique, 1990, 146, 11 : 665-670.
WIART L., DARTIGUES J.F., RICHARD I., GIROIRE J.M., DEBELLEIX X., MAZAUX J.M.,
BARAT M. – Troubles psycho-affectifs de l’hémiplégique gauche. Rôle de l’héminégligence et
implications thérapeutiques. Paris, Annales de Réadaptation et de Médecine physique, 1994, 37 :
15-23.
77
VII. Annexes
Autotopognosie (dessin):
78
Test des cloches avec indiçage gauche : (échelle réduite)
79
Test des cloches seules :
80
Figures enchevêtrées : dessins 1 à 5 et exemple (échelle réduite)
81
Test Burning House :
82
Epreuve de poursuite oculaire :
Protocole : Donner les consignes tout en laissant un cache sur la partie centrale de la feuille de test.
1 A
2 B
3 C
4 D
5 E
6 F
7 G
8 H
9 I
10 J
11 K
12 L
Consignes :
Gauche vers Droite : « A gauche de la feuille se trouve une série de nombres allant de 1 à 12
(montrer). A chaque nombre correspond une ligne qui se poursuit vers la droite et auquel
correspond une lettre allant de A à L (montrer). Lorsque je vous dirai un nombre, vous devrez
suivre des yeux la ligne correspondante et me dire la lettre correspondante à droite. Si vous faites
une erreur, je vous le dirai et vous recommencerez. Vous devez être le plus rapide possible. Avez-
vous bien compris ? Êtes-vous prêt ? Le 4 ! …ok ! Le 7 … »
Avant de lui demander un nombre, s’assurer que le sujet ait le regard porté sur la gauche de la
feuille, sinon lui préciser. Il ne doit pas suivre les lignes avec le doigt. S’il a des difficultés à
nommer les lettres (aphasie), il peut dire « top » et annoncer la lettre après ou la montrer.
S’assurer que le sujet ne présente pas une fatigue oculaire importante avant de passer à la version
Droite vers Gauche.
Droite vers gauche : « Nous allons refaire la même chose mais cette fois-ci de la droite vers la
gauche. Je vous dirai un nombre situé à droite (montrer) et vous devrez me dire la lettre
correspondante à gauche. Avez-vous bien compris ? Êtes-vous prêt ? Le 4 ! …ok ! Le 7 … »
Remarques : Respecter l’ordre d’administration Gauche vers Droite puis Droite vers Gauche.
Demander en fin de passation s’il y a présence d’une fatigue oculaire.
83
Epreuve de poursuite oculaire :
1 A
2 B
3 C
4 D
5 E
6 F
7 G
8 H
9 I
10 J
11 K
12 L
16 M 17 F 20 D (Œil 13 G (Œil
Pop. Gén. (Hommes) (Femmes) droit) gauche)
MoyGD - MoyDG Moyenne 0,19 0,34 0,05 0,20 0,17
Ecart-type 0,34 0,28 0,33 0,37 0,30
GD Moyenne Moyenne 5,72 5,52 5,91 5,71 5,72
Ecart-type 0,72 0,69 0,72 0,71 0,77
DG Moyenne Moyenne 5,53 5,17 5,86 5,51 5,55
Ecart-type 0,76 0,61 0,76 0,72 0,86
Total erreurs Moyenne 0,29 0,45 0,10 0,46 0,00
Ecart-type 0,64 0,33 0,32 0,78 0,00
84
SCORES AUX EVALUATIONS CLINIQUES ET COMPORTEMENTALE DE LA N.S.U.
TESTS SCORES
1 ANOSOGNOSIE Déficit moteur /3
Déficit visuel /3
2 DEVIATION DE LA TETE ET DES YEUX /3
3 HEMINEGLIGENCE CORPORELLE Yeux fermés /3
Yeux ouverts /3
AUTOTOPOGNOSIE Sur soi Echecs G: D:
Temps de latence G: D:
Sur dessin Echecs G: D:
Temps de latence G: D:
4 EXTINCTION Visuelle Oui / Non
Auditive Oui / Non
Tactile Oui / Non
5 CLOCHES Omissions à gauche / 15
Omissions à droite / 15
Omissions au centre /5
Omissions totales / 35
Omissions G – omissions D
Colonne 1ère cloche
Temps de passation sec
6 SCENE D’OGDEN Score /4
Temps sec
7 HORLOGE Score /2
Omissions G – omissions D
Temps sec
8 DESSIN SPONTANE Asymétrie Oui / Non
9 BISSECTION DE LIGNES Lignes 1 et 4 (20 cm) mm > %
Lignes 2 et 3 (5 cm) mm > %
10 FIGURES ENCHEVETREES Omissions à gauche / 10
Omissions à droite / 10
Omissions totales / 25
Omissions G-D (-10 à +10)
Moyenne ordre identification G: D:
11 LECTURE Omissions EG – ED
Ajouts EG – ED
Substitutions EG- ED
Temps sec
12 ECRITURE Marge cm
13 REPRESENTATION DE L’ESPACE Oublis et/ou déformations Oui / Non
14 BURNING HOUSE Maisons identiques ? Oui / Non
Préférence maison intacte ? Oui / Non
15 POURSUITE OCULAIRE Temps moyen GD et DG sec sec
16 CONDUITES EXPLORATOIRES EN MILIEU Signes de NSU Oui / Non
17 EXPLORATION VISUELLE ET Signes de NSU Oui / Non
COORDINATIONS VISUO-MOTRICES
18 DEPLACEMENTS Signes de NSU Oui / Non
19 ECHELLE ECB Thérapeute / 30
Patient / 30
Score d’anosognosie
85
Test des cloches : Mr J 05/02/07 (les cloches avec une croix représentent les oublis)
86
Scène d’Ogden : Mr J 05/02/07
87
88
Dessin du bonhomme : Mr J 02/11/06
89
Dessin du bonhomme : Mr J 09/01/07
90
Dessin du vélo : Mr R 10/06
91
Test de barrage de lettres : Mr R 10/06 (les « H » barrés représentent les oublis)
92
Epreuve de la carte de France : Mr R 10/06
93
Ce mémoire a été supervisé par Nathalie Noack
94
Résumé :
La négligence spatiale unilatérale (N.S.U.) est un syndrome neuropsychologique complexe
observable au décours d’une lésion cérébrale. Elle est caractérisée par un déficit de perception et
d’exploration envers des stimuli placés dans l’espace controlatéral à la lésion cérébrale.
La première partie de ce document présente les différents aspects de ce syndrome. La deuxième
partie décrit les moyens d’évaluation utilisés et la mise au point d’un protocole d’évaluation. Les
fondements théoriques de la rééducation et les différentes techniques sont ensuite abordés. La
dernière partie porte sur l’évaluation de deux patients cérébrolésés à distance de leur accident ainsi
que sur la rééducation d’un des patients.
Summary :
Unilateral Spatial Neglect is an observable complex neuropsychological syndrome in the fall of a
brain damage. It is characterised by a deficit to perceive and orient towards stimuli located in the
hemispace contralateral to a cerebral damage.
The first part of this document presents the various aspects of this syndrome. The second part
describes the used means of evaluation and the clarification of a protocol of evaluation. The
theoretical foundations of the rehabilitation and the various techniques are then approached. The
last part concerns the evaluation of two patients having a brain damage at distance of their accident
as well as the rehabilitation of one of the patients.
95