Da TD 2
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Dans cet arrêt en date du 21 juin 2013 (n°352427), le Conseil d’État a clarifié de
manière didactique le nouveau rôle du rapporteur public dans le contentieux
administratif. Cette décision revêt une importance significative pour les justiciables,
car elle met en lumière le rôle singulier de ce magistrat aux fonctions particulières.
Le Conseil d’Etat est alors invité à répondre à la question qui est de savoir si les
conclusions du rapporteur public doivent être soumises aux parties avant
l’audience en vertu du principe du caractère contradictoire de la justice.
Il s’agit alors pour le Conseil d’Etat de savoir quelles obligations pèsent sur le
rapporteur public à l’instance vis-à-vis des parties.
En effet, dans cet arrêt, le Conseil d’État a réitéré sa traditionnelle position issue
des arrêts « Gervaise », du 10 juillet 1957 (n° 26517, rec. p. 466) et « Mme
Esclatine », du 29 juillet 1998 (n° 179635 et 180208), en précisant que les missions
du rapporteur public sont : « d’exposer les questions que présente à juger le
recours sur lequel il conclut et de faire connaître, en toute indépendance, son
appréciation, qui doit être impartiale, sur les circonstances de fait de l’espèce et les
règles de droit applicables ainsi que son opinion sur les solutions qu’appelle,
suivant sa conscience » permettant ainsi de consolider et sécuriser sa place dans
le procès administratif. Ce faisant, la juridiction rappelle également ce que le
rapporteur public n’est pas : une partie au procès représentant l’administration. Il
s’agit d’une confusion qui a pu trouver sa source dans la dénomination de la
fonction du rapporteur public qui avant 2009 était désigné par le nom de
« commissaire du gouvernement ».
Quand bien même le rapporteur public n’est pas lié au principe du caractère
contradictoire de la phase d’instruction, le Conseil d’État établit tout de même un
cadre sur le déroulement de la communication du sens de ces conclusions.
La première partie du sixième considérant fait référence à l'arrêt Sogedame du 18
décembre 2009 qui avait clarifié l'objectif de l'article R. 711-3 concernant la
communication aux parties du sens des conclusions du rapporteur public.
En effet, la communication du sens des conclusions aux parties, comme prévue
par l'article R. 711-3 du Code de Justice Administrative, vise plusieurs objectifs.
Tout d'abord, comme le rappel le Conseil d’État elle a pour objet de « mettre les
parties en mesure d’apprécier l’ opportunité d’assister à l’audience publique, de
préparer, le cas échéant, les observations orales qu’elles peuvent y présenter,
après les conclusions du rapporteur public, à l’appui de leur argumentation écrite et
d’envisager, si elles l’estiment utile, la production, après la séance publique, d’une
note en délibéré ».
Or, la Haute juridiction confirme également que « les parties ou leurs mandataires
doivent tre mis en mesure de conna tre, dans un d lai raisonnable avant
l’audience, l’ensemble des l ments du dispositif de la d cision que le rapporteur
public compte proposer la formation de jugement d’adopter, l’exception de la
r ponse aux conclusions qui rev tent un caract re accessoire » montrant par
l’utilisation du verbe « devoir » une obligation imposé au rapporteur d’informer les
parties sur le sens de ses conclusions de plus « avant l’audience ».
En pratique, cela signifie que le rapporteur public doit transmettre ses conclusions
avant l'audience afin de respecter l'obligation de communication. Cette
communication doit être effectuée dans un temps permettant aux parties de décider
s'il est opportun d'assister à l'audience publique et, le cas échéant, de présenter
des observations orales.
L'introduction de la notion de "délai raisonnable" dans cet arrêt constitue une
innovation, car elle ne découle pas expressément de l'article R. 711-3. Aucune
précision n'est donnée quant à la définition de ce délai raisonnable, ce qui en fait
une notion parfaitement floue et indéterminée.
Ainsi, il est regrettable de constater que malgré l'élan impulsé par cet arrêt en
faveur d'une procédure administrative plus équitable, il se heurte à une
jurisprudence incertaine et résistante. Il reste encore à trouver un équilibre plus
stable entre la nécessité de sécurité juridique et la préservation des droits à un
procès équitable. Bien que cet arrêt soit prudent, il marque néanmoins un premier
pas dans cette direction.
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