Brigittehartmann
Brigittehartmann
Brigittehartmann
RAPPORTDERERCHERCHE
PRÉSENTÉ
PAR
BRIGITTE HARTMANN
AVRIL 2001
L’auteur conserve néanmoins ses droits de propriété intellectuelle, dont son droit d’auteur, sur
cette œuvre. Il est donc interdit de reproduire ou de publier en totalité ou en partie ce
document sans l’autorisation de l’auteur.
ii
INTRODUCTION ................................................................... 1
1 CHAPITRE 1
LA PROBLÉMATIQUE 3
1. 1 Le milieu d'éducation populaire ..................................... .. 3
1.2 L'apprentissage autonome comme objectif en
1 éducation populaire .. ....... .......... ..... ............................. . 7
1.3 La démarche pédagogique ........................................... . 8
1.3.1 Une démarche différente à celle de l'école
officielle . . . . . . . . . . . . . .. .. . . . . . . . . .. . . . . . . .. . . .. . . . . . . . .. . .. . . . .. . .. . .. 8
1.3.2 Les activités d'apprentissage dans le contexte
des organismes d'éducation populaire ... ... ... ... ... ..... 9
1.4 Les usagers des services d'éducation populaire .. .. .. .. .. . .. .. .. 10
1.4.1 Le profil socio-économique des usagers . . . . .. .. . . . . . . . . . . . 10
1.4.2 Leur perception de l'école . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . 11
1.4.3 Les besoins des usagers .. .. .. .. .. .. . .. .. .. . .. . .. . .. .. .. .. .. .. . 12
1.5 Question générale de recherche ..................................... . 13
1 1.6 Le but et les objectifs de recherche ................................. . 13
iii
1
CHAPITRE Il
CADRE THÉORIQUE : L'ANDRAGOGIE ET LE PROFIL DE L'ADULTE
DES MILIEUX POPULAIRES
2.1 La conception de l'andragogie et l'apprentissage
chez l'adulte . . . . . . . . . . .. . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . .. . .. . . . .. . . . . .. 15
2.2 Les caractéristiques de l'adulte apprenant ..... ... ..... .... .... ... . 18
1 3.2.3 Les théories cognitives ............ ... .. .... .. ....... .. .. .... ... .
3.2.3.1 La théorie de la gestalt ....................... .. ...... .
31
32
CHAPITRE IV
MÉTHODE DE LA RECHERCHE
4.1 Le type de recherche ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... .. 56
4.2 Les individus ciblés par l'étude ... ... ... .. . ... ... ... .. . ... .. . ... ... ..... 57
4.3 L'instrument de mesure de la motivation ... ... ... ... ... .. . ... ... ... ... 58
4.4 La cueillette des données .. . ... ... . .. . . . .. . ... .. . . .. .. . . . . .. . . .. .. . . .. ... . 61
1 4.5
4.6
L'analyse des données ...... ....................... ........ .. .. ... .... ...
Limites du champ d'investigation
62
63
CHAPITREV
PRÉSENTATION ET ANALYSE DES RÉSULTATs
5.1 Description du profil socio-économique des
usagers interrogés . . . . . . . .. . . . . .. . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . .. . .. .. . . . . . . . . . . ... 65
1 5.2 Résultats de la recherche sur la motivation ... ... ... ... ... ... ... ....
5.2.1 Premiers contacts : pourquoi l'individu a-t-il
66
1
v
1
de motivation à la fin d'une série d'activités 93
1 CHAPITRE VI
CONCLUSION
6. 1 Andragogie et motivation . . . . . . . .. . .. . . . . .. . . . . . . . .. . .. . . . . . . . . . . . . .. . . .. 97
6.2 Question de recherche et instrument de mesure . . . . .. . . . . . . . . . . . . . 99
APPENDICE 1
ENTREVUE SEMI-DIRIGÉE 104
APPENDICE2
ENTREVUE STRUCTURÉE 106
APr:>ENDICE 3
EXEMPLES D'ÉNONCÉS POUR LES DIFFÉRENTS TYPES DE
MOTIVATION ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... .. . ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... 107
1
1
1
vi
Figure
3.4 Échelle de motivation sur un continuum ... ... .. . ... ... ... .. . ... ... 51
1 5.2 Le niveau de motivation initial ... .... .. ..... ...... ... . .... ... .... .. . . 74
5.3 Le taux de motivation pendant les activités ... ... ... .. . .. . ... .. . . 83
1
RÉSUMÉ
Cette recherche s'intéresse à la motivation des individus à recourir aux services de formation
dans les organismes autonomes d'éducation populaire plutôt que la formation officielle
d'éducation institutionnalisée. Cette clientèle d'adultes, provenant de milieux défavorisés
économiquement et culturellement, contacte les organismes populaires non pour s'insérer
dans un processus éducatif comme ces organismes ont pour mission de le faire à travers
leurs activités, mais pour trouver un remède immédiat à certains de ses problèmes. Pourtant
1 malgré cette contradiction, un grand nombre d'usagers participent aux activités de formation.
On peut se demander ce qui motive ces individus?
Pour répondre à la question de recherche, nous avons entrepris une étude sur terrain avec
des entrevues semi-dirigées pour nous permettre de recueillir des données sur la motivation
des usagers à participer aux activités. Nous avons complété cette démarche par une
entrevue structurée qui nous a permis de décrire le profil socio-économique de l'enquêté. Le
contenu des entretiens a été analysé en fonction du continuum d'autodétermination défini par
Vallerand (1993).
Selon nos résultats, les usagers étaient généralement motivés extrinsèquement (régulation
externe introjectée) lorsqu'ils contactent un organisme d'éducation populaire. Au fur et à
mesure qu'ils participent aux activités éducatives, leur auto-détermination augmente. Ce
changement d'auto-détermination est dû à un changement de perception de soi. Dans
plusieurs cas, nous avons observé que le plaisir d'apprendre devient une récompense
déterminante du nouveau comportement. Il informe l'individu sur son efficacité et ses
sentiments de compétence et d'autodétermination augmentent en conséquence. Ces
personnes développent un goût d'apprendre davantage et continuent à participer aux
activités éducatives pour ensuite aider à leur tour d'autres usagers en crise.
INTRODUCTION
1
Question générale
Notre clientèle n'est pas une clientèle traditionnelle. Elle n'a pas comme
souci prioritaire son insertion dans un processus d'apprentissage. Malgré
nos objectifs qui mettent l'accent sur le développement de l'autonomie de
l'individu pour améliorer sa participation active et démocratique dans la
société, ce que paraît rechercher cette population est avant tout la solution
immédiate à un problème concret qui la préoccupe. Composée
principalement d'adultes, cette clientèle, pour la majorité, n'a pas un
diplôme de niveau secondaire. En général, décrocheuse de l'école
officielle, elle est récupérée occasionnellement par les organismes
d'éducation populaire.
Nous avons peu d'information sur le profil des individus qui utilisent nos
services. Les observations des intervenants en éducation populaire n'ont
pas été vérifiées et les différents discours des auteurs sur ce thème sont
souvent fort évasifs ou ne visent que la clientèle de l'école officielle. Pour
1 voir si nos objectifs éducatifs sont adaptés à notre clientèle, il faut d'abord
connaître cette dernière.
1
1 2
1
3 -
CHAPITRE!
LA PROBLÉMATIQUE
1 Hautecoeur (1990, p. 134) est d'avis qu'« on est donc loin d'une société du
«tout écrit» et d'un consensus culturel sur l'importance de la compétence
Dans les organismes où nous avons travaillé depuis huit ans, le nombre
de personnes qui participent aux activités peut atteindre jusqu'à mille trois
cents personnes par organisme. Malheureusement, il est impossible de
savoir combien de ces personnes se sont impliquées plus qu'une fois,
combien ont abandonné avant la fiA de l'aetivité et qu'elle était précisement
leur provenance socio-économique.
Nous disons que l'intervenant est très proche du milieu parce qu'il connaît
bien les problèmes que vivent ses clients, soit parce qu'il vient du même
milieu et a vécu lui-même des situations semblables soit parce qu'il s'est
impliqué activement dans le milieu, ce qui lui a permis d'apprendre
beaucoup sur les situations difficiles que vivent les usagers. Dans tous les
9
Nous nous référons ici à l'ensemble des activités déployées par les
organismes d'éducation populaire autonomes pour déclencher et
perpétuer chez leurs usagers un processus d'apprentissage orienté vers
l'autosuffisance : séances de formation , cafés-rencontres, service
téléphonique d'information, assistance individuelle.
Pour les fins de notre recherche, les usagers des services d'éducation
populaire qui nous intéressent ou les clients, comme bon nombre
d'intervenants les appellent (nous préférons le terme usager qui a une
connotation moins marchande), sont des adultes provenant de milieux
défavorisés économiquement et culturellement. En général, ces adultes
survivent avec un revenu sous le seuil de la pauvreté et sont très souvent
des chômeurs occupant parfois des emplois précaires ou encore, ce sont
des bénéficiaires de l'aide sociale. Peu d'entre eux détiennent un diplôme
du secondaire. La plupart présentent des degrés variés d'illettrisme qui se
manifestent par une incapacité à lire et à comprendre certains documents
11
Malgré la recherche de solutions toutes faites par les usagers des services
offerts par les organismes d'éducation populaire, notre objectif, au
13
1
1.6 Le but et les objectifs de recherche
CHAPITRE li
CADRE THÉORIQUE:
1 de ses limites.
1
16
Louise Marchand (1982) continue dans le même sens que Agruso. Elle
explique la différence entre la pédagogie et l'andragogie, et l'importance de
1 cette différence quand on travaille avec des adultes. Elle montre comment
la pédagogie provoque un apprentissage dirigé par le professeur alors que
l'andragogie constitue plutôt un auto-apprentissage avec un agent d'aide.
Dans le premier cas, Je professeur déterminerait le contenu et la façon
d'apprendre, dans le second cas, la personnalité étant plus élaborée,
l'apprentissage exigera l'indépendance. Avec les enfants, l'enseignant
reste l'expert, alors qu'avec les adultes, l'étudiant constitue lui-même une
certaine forme d'expertise. Si l'apprentissage se veut homogène pour un
groupe d'enfants, ce ne peut être le cas pour un groupe d'adultes car
l'apprentissage ne peut se développer qu'à partir des intérêts individuels et
des problèmes concrets vécus par chacun. Si l'enseignement avec les
Pine et Horne (1969) ont développé des principes qui devraient guider
l'apprentissage chez les adultes, et notamment un principe qui insiste sur
l'importance de connaître les besoins des apprenants.
Marchand (1982) soutient aussi que les besoins sont importants et que, de
ce fait, les principes en andragogie doivent prendre en considération que
l'apprenant est plus autonome et a, lui-même, des ressources riches. Il
s'occupe moins de contenu que de l'accomplissement de tâches et de
solution de problèmes. Il est motivé par une stimulation interne construite à
partir de ses besoins. Sa démarche vers l'autonomie et sa prise en charge
1 sont influencées par ces caractéristiques souvent traduites en besoins.
Selon ces principes andragogiques, notre recherche sur le profil de
motivation des adultes en milieu populaire prend un sens. Pour aider
l'adulte à déclencher son processus d'apprentissage, Louise Marchand
1 (1982) montre que l'éducateur doit bien connaître ce dernier, donc bien
connaître ses besoins et sa motivation.
1 l'individu a des possibilités qu'il n'avait pas auparavant» (p. 36). Ce pouvoir
est perceptible et peut influencer la perception que l'individu a de lui-même.
18 -
1
Pour faire le lien entre le plaisir et l'apprentissage, Dufresne-Tassé (1981 b)
décrit le plaisir avant, pendant et après l'apprentissage. L'individu anticipe
du plaisir au début d'un apprentissage. Au moment où il apprend, il a du
plaisir qui ressemble à une satisfaction lorsqu'il utilise des capacités déjà
acquises. Enfin, la réalisation d'un apprentissage constitue aussi un
plaisir. Cet auteur insiste beaucoup sur le plaisir par rapport à
23
l'apprentissage parce que ce concept réfère à la motivation qui, selon elle,
relève de la responsabilité de l'apprenant.
Nous avons une première idée, encore floue, sur la motivation à apprendre
des adultes des milieux populaires. Selon ce que nous avons vu,
l'apprentissage semble plus probable si la motivation est alimentée par un
besoin et un sentiment de plaisir. Ces deux éléments semblent en relation
étroite avec la conception de soi de l'adulte, elle-même affectée par la
perception que l'individu a du processus éducatif dans lequel il s'insère et
1 par celle de son niveau d'aspiration et d'autonomie. Pour mieux cerner
leurs motivations à apprendre par le biais des activités d'éducation
1 populaire, il nous faut maintenant cerner d'une manière plus précise, plus
articulée, la structure théorique de la motivation.
1
24 -
CHAPITRE Ill
CADRE THÉORIQUE:
1 LA MOTIVATION
1
La première phase de ce processus est la motivation et elle se manifeste
1 par des désirs et des volontés qui poussent l'individu à satisfaire un
besoin. Avec la naissance et la persistance d'un besoin, un environnement
25
est créé qui prédispose l'individu à prendre une action dans une certaine
direction. Selon Vallerand et Thill, la motivation «représente le construit
hypothétique utilisé afin de décrire les forces internes et/ou externes
produisant le déclenchement, la direction, l'intensité et la persistance du
comportement» (Vallerand et Thill, 1993 p. 18).
1 1996, p. 37).
3.2.1 L'associationnisme
1
27
1 survie.
29 -
3.2.2 Le béhaviorisme
Cette théorie est aussi utilisée pour expliquer la motivation. L'être humain
est motivé par les récompenses externes et les punitions. Cette
31
1 environnement.
35 -
1 Besoin
/tualisation Besoin
activé par un désir
de croissance et de
développement
Besoin d'estime
/rsonnelle
Besoin d'amour
/d'appartenance
Besoins activés
; - - - p a r des états de privation
Besoin
de sécurité
Besoi/
phyysiologique
Connaissances antérieures
~~~~~~es"'
Etc. ~
Réussite
ou
/ Attribution__.. Dimensions
à une cause de la cause
' Attentes
Estime de soi
Choix
C'est ici que notre recherche commence à prendre un appui solide sur le
concept de la motivation. Les usagers des services d'éducation populaire
ont connu beaucoup d'échecs et d'expériences négatives dans leur
processus éducatif. Leurs attentes, avant de prendre contact avec un
organisme, se situent à quel niveau de standard ? Après les premiers
contacts, est-ce qu'ils ont réussi à apprendre plus que ce à quoi ils
s'attendaient? Leur autodétermination peut-elle augmenter?
1La définition du concept goa/ donnée par Deci (1975), que nous traduisons par le
mot but, peut porter à confusion. D'abord, l'auteur le définit comme un
comportement ou une série de comportements complétés. Ensuite, il le compare
avec la notion de outcome de Vroom qui indique le résultat ou la fin. Comme il
l'explique plus loin, cette notion a plusieurs ordres. Selon Deci, le deuxième ordre
est la récompense ou la conséquence du premier, donc le premier est le but.
42
The term goal as 1 have used it, relates close/y to the notion of first-
order outcomes in the Vroom sense, though Vroom spoke of one
behavior's leading to severa/ outcomes. These various first-order
outcomes are aspects of the goal, and any goal may have severa/
aspects. These aspects may be subgoals-that is, milestones in a
chain of behaviors-or they may occur simultaneously upon the
completion ofthebehaviors. » (Deci, 1975, p. 117-118).
Stimulus Awareness
Inputs of potential +--~_..•
satisfaction behavior
1 intrinsèque.
1
45
1
46 -
1 252).
47 -
La régulation externe
1
49 -
L'introjection
L'identification
1 L'intégration
1
50 -
3.3.3.3 L'amotivation
1
51 -
3.4 Conclusion
Les usagers des services d'éducation populaire semblent mus par une
certaine motivation lorsqu'ils contactent nos organismes. Les situations de
crise décrites dans le premier chapitre nous laissent croire qu'ils sont régis
davantage par une motivation extrinsèque (élément qu'il nous faudra
rechercher par le biais d'un questionnaire), mais il nous faudra encore
préciser le type particulier de motivation extrinsèque auquel elle se
rattache. Quel niveau d'autodétermination existe chez l'individu au moment
où il décide de chercher de l'aide ? Le fait de continuer les activités
éducatives, constitue-t-il un indice que le niveau d'autodétermination chez
l'individu augmente ? Il serait pertinent de savoir si, au moment où il cesse
de suivre des activités, l'individu le fait parce qu'il se trouve dans un état
d'amotivation ou est-ce qu'il le fait parce qu'il se sent autonome et
compétent pour résoudre ses propres problèmes ?
CHAPITRE IV
MÉTHODE DE LA RECHERCHE
Les organismes dans lesquels nous avons fait enquête sont limités aux
organismes volontaires d'éducation populaire à Rouyn-Noranda qui offrent
des services d'éducation populaire sur les droits sociaux. Ces organismes
incluent le Regroupement des chômeurs, l'Association coopérative
d'économie familiale et le Regroupement d'entraide pour les personnes
assistées sociales.
Les sujets ont été sélectionnés et suivis pendant une période d'un an. Les
critères de sélection ont été donnés aux intervenants de chaque
regroupement pour nous aider à faire nos premiers contacts avec nos
sujets. Au début des activités et séances de formation, l'intervenant prenait
les premières informations des usagers. Si l'usager rentrait dans le cadre
58.
Nous avons ciblé une trentaine de sujets pour notre recherche, mais nous
n'avons pu en suivre seulement que dix-neuf jusqu'à la fin des activités. La
participation des usagers était volontaire, et de ce fait, il était souvent
difficile de ne pas perdre le contact avec le sujet. Certains perdaient leur
intérêt ou leur préoccupation initiale changeait.
La majorité des usagers impliqués dans la recherche ont été ceux qui ont
participé à une série d'activités d'apprentissage pendant quatre à six
semaines, et ce, à raison d'une séance de deux heures par semaine. Le
suivi jusqu'à la fin a été plus difficile chez ceux qui rencontraient des
intervenants sur une base individuelle et chez ceux qui participaient à des
activités sporadiques une fois par mois ou par deux mois.
ont utilisés sur leur échelle, nous avons pris des citations égales et
typiques de notre milieu de recherche. En associant les citations avec les
définitions de chaque niveau de motivation, nous avons adapté l'échelle à
nos besoins.
1
60 -
1 L'amotivation
On m'a dit de venir ici pour chercher de l'aide.
-L'abandon de l'activité.
Je pensais qu'en venant ici, les intervenants pouvaient
régler mon problème.
Les activités ne sont pas celles auxquelles je m'attendais.
J'apprenais beaucoup avec /es premières activités, mais
maintenant elles ne m'apportent plus rien.
Nous avons poursuivi la recherche sur le terrain avec des entretiens semi-
dirigés pour recueillir les données sur la motivation des usagers à
participer aux activités des organismes d'éducation populaire (appendice
1). Les données sont recueillies à partir du discours présenté par les
individus, discours complété par des observations sur leur comportement
au moment de l'enquête. Ces entretiens ont été suivis par une entrevue
structurée pour décrire le profil socio-économique de l'enquêté (appendice
2).
-au moment où l'individu s'est présenté pour la première fois aux activités
éducatives,
-après des activités précises de formation sans que cette dernière soit
pour autant terminée,
Nous avons choisi de recueillir les données par des entrevues semi-
dirigées plutôt qu'avec un questionnaire fermé relié à une échelle de
motivation parce que la population ciblée présente un niveau d'illettrisme
important. Un questionnaire fermé exige un effort de lecture qui peut
éventuellement limiter le recueil de données à une partie seulement des
sujets, notamment ceux qui sont le moins défavorisés culturellement.
62
Le nombre d'entrevues à faire n'a pas été déterminé d'avance. Nous avons
contacté environ trente individus dans les nouveaux groupes commençant
une formation et nous avons ensuite fait un suivi sous forme d'entrevues
avec dix-neuf des individus intéressés à coopérer.
Une autre limite importante qui pourrait biaiser l'analyse finale des
données est due au fait que la participation aux entrevues (recueil des
données) reste sur une base volontaire. Nous ne pouvons pas avoir de
données sur la motivation des personnes qui refusent de consacrer une
partie de leur temps à une entrevue ou de celles dont on perd trop vite le
contact.
CHAPITRE V
Parmi les sujets, âgés entre 27 ans et 53 ans, seulement 16 % ont terminé
leur secondaire V. Un grand nombre d'usagers, 61 %, se sont rendus au
secondaire IV et au secondaire Ill avant de décrocher, mais 6 %
n'atteignaient que le secondaire 1. Deux tiers de ceux qui avaient terminé le
secondaire V avaient décroché du système régulier et étaient entrés dans
un programme aux adultes.
n'avaient pas d'emploi. Dans tous les cas, les usagers se sont présentés
aux organismes, non pas pour l'activité en soi, mais, comme l'ont bien
montré Vallerand et Thill (1993), plutôt pour en retirer quelque chose une
fois l'activité terminée. Leurs comportements ont été déterminés par un
choix basé sur leur situation ou un contrôle externe et donc, pour cette
raison, nous pouvons parler de comportements motivés extrinsèquement
(Deci et Ryan, 1985).
68
60
1 50
o Situation de crise
• Emploi
40
30 ..
o Information sur un
problème
20
69 -
Pendant les années où nous avons œuvré comme intervenante dans les
organismes d'éducation populaire, nous avons associé les situations de
crise avec une baisse de revenu et une baisse de l'estime de soi,
1 notamment lorsque la personne perd ses droits aux prestations de l'État ou
son emploi. Nous avons recueilli quelques exemples concrets de ces
situations pendant la recherche.
Ignorant les droits et les obligations de certaines lois sociales, tous les
individus, en crise sauf un, se sont fait exclure des prestations, et ne
pouvaient plus subvenir à leurs charges familiales et financières.
L'inadmissibilité aux programmes sociaux était reliée à des raisons
administratives, parfois à des erreurs commises par les fonctionnaires,
mais aussi à des omissions des prestataires eux-mêmes relatives à leurs
ob_ligations légales. Quelques problèmes administratifs courants semblent
avoir été dus à des erreurs dans les dates ou chiffres sur les relevés
d'emploi et dans les livres de paie des employeurs qui ne fournissaient
pas toujours les relevés d'emploi à la fin d'une embauche. D'autres fois,
c'est l'usager qui avait dérogé aux lois et règlements et qui perdait son droit
à l'assistance gouvernementale sans avoir la chance de corriger son
comportement. Un problème qui revenait souvent, c'est la situation de
l'usager qui quitte un emploi parce qu'il n'est plus capable de tolérer
certaines conditions, selon lui, abusives, sans avoir au préalable cherché
un autre emploi. Ce geste lui coûte son droit aux prestations. Dans tous
ces cas, que cela soit relatif à des erreurs administratives ou soit le fait
qu'un usager n'ait pas rempli ses obligations, la personne a subi une
baisse de revenu qui a provoqué sa situation de crise.
1
70
1 Les parties en caractères gras, des extraits cités plus bas, manifestent
chacune différents niveaux de motivation, l'absence ou le degré
d'autodétermination à apprendre au moment des premiers contacts avec
les organismes.
1 On m'a dit, que .. ici, on peut arranger mon problème. J'avais tous
mes papiers et je voulais donner ça à quelqu'un. J'étais pressé. On
m'attendait en ville. Je croyais que c'était à eux de le faire, c'est leur
1 job, pas la mienne (extrait d'entrevue avec C).
1
Régulation externe: Le comportement est régularisé par des sources de
contrôle extérieures à la personne, comme des récompenses matérielles
Je suis venu ici parce qu'on m'a dit . . . mon agent au bureau du
1 CSST m'a dit de venir. Lui, il ne pouvait pas m'aider. Il dit que c'est
à cause de l'autre loi. Lui, il n'a plus de contrôle. C'est du vol. Ils
disent tous qu'ils ne peuvent plus rien faire. C'est la faute de l'autre.
Je me sens lésé par la loi (extrait d'entrevue avec H).
des papiers et pas une cent. Je suis venu pour qu'on m'explique
quoi faire avec (extrait d'entrevue avec N).
1
74
1
35 Cl Amotivation
• Régulation externe
1 25
o Régulation introjectée
20
o Régulation identifiée
1 15
• Régulation intégrée
10
o Motivation intrinsèque
5
0
Letaux de
motivation
pendant la
situation de
crise
1
1
75 -
5.2.1.2 Les attentes avant les premiers contacts avec les organismes
Il était difficile d'avoir des données fiables sur les attentes des usagers
avant leur premier contact. En effet, nous avons constaté que notre enquête
a révélé un discours sur ce que les participants ont vécu et non sur leurs
attentes. Comme la plupart des individus ont été contactés après leur
première visite, leur discours décrivait davantage ce qu'ils avaient appris
sur le fonctionnement des services que sur ce qu'ils pensaient initialement
recevoir comme aide. Certains usagers ayant participé à l'entrevue à leur
arrivée, ont exprimé quelques attentes particulières. En général, ces
personnes s'attendaient à recevoir une aide grâce à laquelle ils auraient pu
simplement transmettre leur dossier à un intervenant qui se serait
totalement occupé de résoudre leur problème. De plus, certains croyaient
recevoir un service, d'une part où l'intervenant s'occuperait du problème
légal, d'autre part, où l'intervenant prendrait le temps d'écouter l'usager et
On m'a dit, que, ici, on peut arranger mon problème. J'avais tous
mes papiers et je voulais donner ça à quelqu'un (extrait d'entrevue
avec personne C).
1
1
76 -
Voici des extraits qui démontrent une image négative de soi au moment où
les usagers contactent l'organisme et au moment où la motivation de ces
personnes présentait le plus bas niveau d'autodétermination.
Ils disent tous qu'ils ne peuvent plus rien faire. C'est la faute de
1 l'autre. Comment tu veux que je comprenne tout ça. Ils font exprès
pour nous mêler. Ils ne veulent pas qu'on comprenne. Ils seraient
1
78
Pendant les années où nous avons travaillé avec les usagers, nous avons
perçu, au moment de leur participation aux activités, des changements de
comportement. Notre recherche nous a permis d'analyser et de confirmer
ces impressions.
Nous allons tout d'abord parler des observations non verbales chez les
usagers. Au moment des premiers contacts, le participant était souvent
angoissé devant ce qui pourrait lui arriver. Il était déprimé, hésitant, méfiant
du service, agressif contre la société en général et quelquefois même
contre l'intervenant. Il nous arrivait rarement de le voir sourire ou plaisanter
1 durant son premier contact. Il était plutôt agité, remuait nerveusement ses
bras ou ses jambes, jouait avec les objets du bureau et dans le cas des
1 fumeurs, fumait cigarette sur cigarette. Au début, la personne posait des
questions d'un ton sec pour vérifier la légitimité des services de
l'organisme mais ces questions, dans l'ensemble, noyées dans le
ressentiment, constituaient davantage une plainte.
1
80
J'ai vu qu'il y avait des affaires que mon agent d'aide sociale m'avait
jamais dites. Que je n'étais pas au courant de ça! C'était, on
m'annonçait des choses. Puis là, il est venu un moment donné
comme un genre de petit doute. Puis là, bien, je continuais à
argumenter puis là j'ai vu. Puis quand j'ai appelé mon agent d'aide
sociale puis que je suis revenu avec les références qu'elle m'avait
données, des points de repères, là j'ai bien vu que là mon agent -
houpelaïe- tout ce que l'autre m'avait dit, que moi, je transmettais
mais sans savoir que j'avais appelé ici, que oui effectivement, la
fille qui m'a donné l'information avait raison ... Quand j'ai vu la fille
qui m'a aidé, moi aussi, je vais l'essayer, moi aussi si je suis pas
capable d'aider quelqu'un. Ça m'a aidé à résoudre mon problème,
82
1
83
Le taux de
motivation
pendant les
activités
84
1
86
45
40
35
30
25
20
15
10
0
Amotivation Régulation Régulation Régulation Régulation Motivation
externe introjectée identifiée intégrée intrinsèque
D'après les données que nous avons recueillies, pendant le temps où les
usagers ont participé aux activités d'éducation populaire, la perception de
soi a augmenté. D'ailleurs, leur perception de soi était directement liée à
une perception de leur compétence, ce qui a augmenté leur sentiment
d'autodétermination. Au moment des premiers contacts, nous n'avons pas
posé de questions directement reliées à la perception de soi. les données
concernant cet aspect ont été retrouvées dans le discours des individus
alors qu'ils parlaient de ce qu'ils avaient aimé et comment ils s'étaient
sentis pendant leur participation aux activités.
1 Enfin, sans que nous ayons directement cherché des données sur la
perception de compétence et la perception de soi, nous avons trouvé, dans
les discours des usagers, un lien direct entre ces deux dernières notions et
la motivation. Au moment des premiers contacts, l'individu manifestait une
perception de soi négative et un sentiment d'incompétence ainsi qu'un
faible niveau d'autodétermination. Cependant, son autodétermination a
augmenté pendant les activités à mesure que sa perception de soi se
modifiait. En effet, plus il se sentait compétent et plus il pouvait interagir
avec son environnement, plus il se percevait positivement, en contrôle de
ses comportements et autodéterminé à apprendre. Les individus avec une
perception de soi très positive s'engageaient dans l'activité et persévéraient
jusqu'à la fin.
seule, avant non. J'ai été voir pour trouver des informations puis
après ça, bon bien, avec le temps, j'ai compris bien des choses. Il y
a des choses que je fais aujourd'hui que je n'aurais pas fait il y a 5
ans (extrait d'entrevue avec personne 1).
Les données que nous avons recueillies ont été moins pertinentes que les
autres données de la recherche. Quand l'usager parlait de son expérience
à la fin des activités, le plus souvent il donnait une appréciation des
activités. Toutefois, parmi ceux qui ont parlé de leur expérience
d'apprentissage, nous avons trouvé que trente-sept pour-cent (37%) des
usagers restaient motivés intrinsèquement à apprendre, vingt-sept pour-
cent (27%) avaient une régulation intégrée, dix-huit pour-cent (18%) avaient
une régulation identifiée et un autre dix-huit pour-cent (18%) avait une
régulation introjectée. Ceux qui cessaient de participer se sentaient
autonomes et compétents pour résoudre des problèmes dans le futur.
Certains continuaient à participer pour apprendre plus et aider d'autres
usagers en difficulté. Parmi ces données, nous n'avons pas trouvé
d'individus qui quittaient avec une absence totale de motivation ou de
l'amotivation. Tous les participants avaient une certaine autodétermination
Ce qui suit est un rappel de chaque type de motivation trouvé à cette étape
avec un échantillon des entrevues pour chacun des types.
Bien je vais savoir que je ne suis pas toute seule. On peut aller voir
quelqu'un pour nous aider quand on a des problèmes. Tu te sens
plus fort. Ça donne de la confiance. Ça te valorise (extrait avec
personne A).
Là, je me suis dit: j'ai fait un bon coup quand j'ai appelé là Ouais.
J'ai donc bien fait. Puis là je me disais si j'ai d'autres problèmes,
moi, je vais savoir où aller. Je voulais tout avoir les cartes en main.
Puis à cette heure il n'y a plus un agent qui me bat. Je me sens
valorisée. Je suis fière de donner mon information à mes clients.
Je me sens fière, contente ... ah oui! ... ah oui! (extrait d'entrevue
avec personne 8).
• Régulation externe
D Régulation introjectée
o Régulation identifiée
• Régulation intégrée
o Motivation intrinsèque
Le taux de
motivation à la fin
1 des activités
93
Pendant les activités éducatives, activités qui ont comme but d'aider à
rendre les usagers plus autonomes faces aux lois sociales, tous les
usagers ont augmenté leur niveau d'autodétermination et même dans
plusieurs cas, ont développé un certain plaisir à apprendre. Une majorité
de personnes, soixante-huit pour-cent (68%), se trouvaient à ce moment de
l'étude motivées intrinsèquement ou avec une régulation intégrée.
1
Amotivation Régulation Régulation Régulation Régulation Motivation
externe introjectée identifiée intégrée intrinsèque
CHAPITRE VI
CONCLUSION
solution ponctuelle à ses problèmes. D'un autre côté, nous offrons dans
nos organismes des activités de formation qui ne semblent pas répondre
aux besoins de la clientèle observée par les différents intervenants.
Pourtant malgré cette contradiction apparente, un grand nombre
d'usagers participent aux activités. Avec cette recherche, nous avons
cherché à mieux connaître ce qui motive notre clientèle à participer aux
1 activités éducatives. La recherche a eu comme but d'identifier le profil de
motivation des usagers des services d'éducation populaire en décrivant
la dynamique motivationnelle à différentes phases de leur participation
aux activités éducatives.
Avec différents auteurs qui ont étudié la motivation, nous avons vu que les
perceptions de soi influencent la motivation de l'individu à apprendre.
D'abord, selon Weiner (Viau, 1994), l'échec et le succès d'une activité
98
allant du plus bas niveau au plus haut. C'est donc à partir de l'échelle de
motivation de Vallerand (1993) que nous avons élaboré notre échelle de
motivation adaptée aux perceptions des usagers des organismes
d'éducation populaire.
Pour plusieurs usagers, surtout ceux qui ont manifesté une motivation
intrinsèque en continuant à participer pour le plaisir d'aider d'autres
usagers en crise, nous pouvons croire que selon la troisième proposition
de Deci (1975), la récompense a eu un pouvoir informatif plus déterminant
101
Depuis le début de cette étude, nous avons eu, en marge de notre question
de recherche, le désir de vérifier quelques perceptions des usagers par
rapport à l'école et au travail. Puisque, ce désir ne constituait pas l'objectif
principal de notre analyse, nous n'avons pas recueilli assez de données
sur le sujet pour tirer des conclusions notoires, mais ce que nous avons
entrevu nous permet d'envisager une recherche future sur la question.
1 Parmi les auteurs que nous avons étudiés, Charles Côté (1993) soutient
que l'adulte des milieux populaires a une image négative de l'école.
Toutefois, selon les données recueillies, les usagers ne manifestent pas
cette image. Quand nous leur demandons ce qu'ils pensent de l'école et
s'ils ont aimé l'école, nous sommes surprise de la réponse. Tous les
sujets ont soutenu un discours positif sur l'école. En effet, nous trouvons
des mots à connotation positive comme bien, important, correctes. Quand
les usagers répondaient à la question qui les invitait à dire ce qu'ils
pensaient de l'école, le mot bien a été répété quatorze fois sur les dix-neuf
fois que la question a été posée.
«L'école, euh ... c'est bien. C'est très important pour les enfants.
Sans l'école, les enfants ne pourront pas trouver des emplois. Ça
occupe les enfants. Ils traînent moins dans la rue... Les jeunes
apprennent des choses correctes là-bas.» (extrait d'entrevue avec
personne C).
102
C'est pas pour moi. J'aime faire les choses avec mes mains ...
J'étais une gentille élève fait que c'est sûre que je détestais pas
l'école, mais c'était trop loadé. Y avait rien qui m'intéressait... Non,
y'a des cours que c'était plate; carrément je m'ennuyais à l'école,
comprenais rien. Pas le temps pour ça ... Je n'étais pas très bon. Je
n'ai rien appris. (extraits d'entrevues avec différents usagers)
1
103
Un autre sujet qui a été abordé avec les participants était leurs perceptions
du travail. Comme pour la perception de l'école, les usagers avaient un
discours positif sur ce sujet. En effet, ils ont manifesté leur goût de
travailler, de s'impliquer activement dans la société. Ils n'ont pas apprécié
les moments où ils étaient sans emplois. Selon eux, tous les jours où ils
ne travaillaient pas, ils espéraient de toutes leurs forces trouver un emploi.
Cependant, lorsque nous avons demandé aux participants de parler des
emplois qu'ils avaient occupés, leur discours a changé de ton. La majorité
d'entre eux, a décrit des expériences généralement négatives.
Comment peuvent-ils aimer travailler quand leur vécu a été plutôt négatif ?
Nous n'avons toujours pas assez de données pour répondre à cette
question dans la présente recherche. Cependant, nous pouvons croire que
les raisons d'un tel discours sont similaires à celles du discours sur
l'école.
APPENDICE1
Entrevue semi-dirigée
1. Premiers contacts
1
106 -
APPENDICE2
Entrevue structurée
1.1 Quels sont les différents types d'emploi que vous avez
eus?
1
107 -
APPENDICE3
3 Ces exemples d ' énoncés sont bâtis selon le tableau 1 de Valerand «Exemples
d'Énoncés pour Chacune des 7 Sous-Échelles de l'EMS» dans VALLERAND, R., BRIERE, N.,
Développement et Validation d'un Instrument de Mesure par Questionnaire de
Motivation Intrinsèque, Extrinsèque d'amotivation pour le Domaine des Sports,
UQAM, 1990, p. 16.
108 -
BIBLIOGRAPHIE
Deci, Edward. 1975. lntrinsic Motivation. New York: Plenum Press, 324 p.
Spradley, J.P. 1980. Participant Observation. New York: Holt, Rinehart and
Wilson, p. 73-99.
113
Verner, Coolie et Alan Booth. 1964. Adult Education. Washington: Center for
Applied Research in Education, lnc., 118 p.
Weiner, Bernard. 1980. Human Motivation. New York: Holt, Rinehart and
Winston, 480 p.
114