NARRATOLOGIE
NARRATOLOGIE
NARRATOLOGIE
2. THÉORIE
Les travaux de Gérard Genette (1972 et 1983) s’inscrivent dans la continuité des
recherches allemandes et anglo-saxonnes, et se veulent à la fois un aboutissement
et un renouvellement de ces critiques narratologiques. Rappelons que l’analyse
interne, à l’instar de toute analyse sémiotique, présente deux caractéristiques. D’une
part, elle s’intéresse aux récits en tant qu’objets linguistiques indépendants, détachés
de leur contexte de production ou de réception. D’autre part, elle souhaite démontrer
une structure de base, identifiable dans divers récits.
L’écriture d’un texte implique des choix techniques qui engendreront un résultat
particulier quant à la représentation verbale de l’histoire. C’est ainsi que le récit met
en œuvre, entre autres, des effets de distance afin de créer un mode narratif précis,
qui gère la « régulation de l’information narrative » fournie au lecteur (1972 : 184).
Selon le théoricien, tout récit est obligatoirement diégésis (raconter), dans la mesure
où il ne peut atteindre qu’une illusion de mimésis (imiter) en rendant l’histoire réelle
et vivante. De sorte, tout récit suppose un narrateur.
2.2.1 LA DISTANCE
Exemple : Il s’est confié à son ami ; il lui a dit que sa mère était décédée.
Exemple : Il s’est confié à son ami. Il lui a dit : « Ma mère est décédée. »
2.2.2 FONCTIONS DU NARRATEUR
1. La fonction narrative : La fonction narrative est une fonction de base. Dès qu’il y a
un récit, le narrateur, présent ou non dans le texte, assume ce rôle (impersonnalité).
L’instance narrative se veut l’articulation entre (1) la voix narrative (qui parle ?), (2) le
temps de la narration (quand raconte-t-on, par rapport à l’histoire ?) et (3) la
perspective narrative (par qui perçoit-on ?). Comme pour le mode narratif, l’étude de
l’instance narrative permet de mieux comprendre les relations entre le narrateur et
l’histoire à l’intérieur d’un récit donné.
2.3.1 LA VOIX NARRATIVE
Si le narrateur laisse paraître des traces relatives de sa présence dans le récit qu’il
raconte, il peut également acquérir un statut particulier, selon la façon privilégiée
pour rendre compte de l’histoire. « On distinguera donc ici deux types de récits : l’un
à narrateur absent de l’histoire qu’il raconte […], l’autre à narrateur présent comme
personnage dans l’histoire qu’il raconte […]. Je nomme le premier type, pour des
raisons évidentes, hétérodiégétique, et le second homodiégétique.» (1972 : 252)
Le narrateur est toujours dans une position temporelle particulière par rapport à
l’histoire qu’il raconte. Genette présente quatre types de narration :
Ces divers effets de lecture sont le fait de la variation des niveaux narratifs,
traditionnellement appelés les emboîtements. À l’intérieur d’une intrigue principale,
l’auteur peut insérer d’autres petits récits enchâssés, racontés par d’autres
narrateurs, avec d’autres perspectives narratives. Il s’agit d’une technique plutôt
fréquente, permettant de diversifier l’acte de narration et d’augmenter la complexité
du récit.
Acte de narration
Intradiégétique Prise de parole de l’enseignante
secondaire
2.4.2 LA MÉTALEPSE
Il arrive également que les auteurs utilisent le procédé de la métalepse, qui consiste
en la transgression de la frontière entre deux niveaux narratifs en principe étanches,
pour brouiller délibérément la frontière entre réalité et fiction. Ainsi la métalepse est-
elle une façon de jouer avec les variations de niveaux narratifs pour créer un effet de
glissement ou de tromperie. Il s’agit d’un cas où un personnage ou un narrateur situé
dans un niveau donné se retrouve mis en scène dans un niveau supérieur, alors que
la vraisemblance annihile cette possibilité. « Tous ces jeux manifestent par l’intensité
de leurs effets l’importance de la limite qu’ils [les auteurs] s’ingénient à franchir au
mépris de la vraisemblance,et qui est précisément la narration (ou la représentation)
elle-même ; frontière mouvante mais sacrée entre deux mondes : celui où l’on
raconte, celui que l’on raconte. » (1972 : 245)
2.5.1 L’ORDRE
L’ordre est le rapport entre la succession des événements dans l’histoire et leur
disposition dans le récit. Un narrateur peut choisir de présenter les faits dans l’ordre
où ils se sont déroulés, selon leur chronologie réelle, ou bien il peut les raconter dans
le désordre. Par exemple, le roman policier s’ouvre fréquemment sur un meurtre qu’il
faut élucider. On présentera par la suite les événements antérieurs au crime, les faits
survenus qui permettent de trouver l’assassin. Ici, l’ordre réel des événements ne
correspond pas à leur représentation dans le récit. Le brouillage de l’ordre temporel
contribue à produire une intrigue davantage captivante et complexe.
Exemple (fictif) : Je me suis levée de bonne humeur ce matin. J’avais en tête des
souvenirs de mon enfance, alors que maman chantait tous les matins de sa voix
rayonnante.
Exemple (fictif) : Que va-t-il m’arriver après cette aventure en Europe ? Jamais plus
je ne pourrai voir mes proches de la même façon : je deviendrai sans doute acariâtre
et distant.
Par ailleurs, les analepses et les prolepses peuvent s’observer selon deux facteurs :
la portée et l’amplitude. « Une anachronie peut se porter, dans le passé ou dans
l’avenir, plus ou moins loin du moment “ présent ”, c’est-à-dire du moment où le récit
s’est interrompu pour lui faire place : nous appellerons portée de l’anachronie cette
distance temporelle. Elle peut aussi couvrir elle-même une durée d’histoire plus ou
moins longue : c’est ce que nous appellerons son amplitude. » (1972 : 89)
Les anachronies peuvent avoir plusieurs fonctions dans un récit. Si les analepses
acquièrent souvent une valeur explicative, alors que la psychologie d’un personnage
est développée à partir des événements de son passé, les prolepses peuvent quant
à elles exciter la curiosité du lecteur en dévoilant partiellement les faits qui
surviendront ultérieurement. Ces désordres chronologiques peuvent aussi
simplement remplir un rôle contestataire, dans la mesure où l’auteur souhaite
bouleverser la représentation linéaire du roman classique.
Inutile de préciser que ces quatre types de vitesse narrative peuvent apparaître à
des degrés variables. Aussi peuvent-ils se combiner entre eux : une scène dialoguée
pourrait elle-même contenir un sommaire, par exemple. L’étude des variations de la
vitesse au sein d’un récit permet de constater l’importance relative accordée aux
différents événements de l’histoire. Effectivement, si un auteur s’attarde peu,
beaucoup ou pas du tout sur un fait en particulier, il y a certainement lieu de
s’interroger sur ces choix textuels.
1. Le mode singulatif : 1R / 1H : On raconte une fois ce qui s’est passé une fois.
nR / nH : On raconte n fois ce qui s’est passé n fois.
2. Le mode répétitif : nR / 1H : On raconte plus d’une fois ce qui s’est passé une fois.
3. Le mode itératif : 1R / nH : On raconte une fois ce qui s’est passé plusieurs fois.
Discours
Discours
LA Discours transposé, Discours
transposé, style
DISTANCE narrativisé style rapporté
indirect libre
LE MODE indirect
NARRATIF
LES Fonction
FONCTIONS Fonction Fonction de Fonction Fonction
DU narrative de régie communi- testimoniale idéologique
NARRATEUR cation
LE TEMPS DE
L’INSTANCE Narration Narration Narration Narration
LA
NARRATIVE ultérieure antérieure simultanée intercalée
NARRATION
LA
PERSPECTIV La focalisation La focalisation La focalisation
E zéro interne externe
NARRATIVE