NARRATOLOGIE

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La narratologie

Pour bien cerner l’apport de la narratologie, il importe de saisir la distinction entre


trois entités fondamentales : l’histoire, le récit et la narration. Globalement, l’histoire
correspond à une suite d’événements et d’actions, racontée par quelqu’un, c’est-à-
dire le narrateur, et dont la représentation finale engendre un récit. De fait, la
narratologie est une discipline qui étudie les mécanismes internes d’un récit, lui-
même constitué d’une histoire narrée.

L’étude du discours du récit vise à dégager les principes communs de composition


des textes, principes qui tendent à l’universalité. On tente ainsi de voir les relations
possibles entre les éléments de la triade récit/histoire/narration. Ces relations
prennent forme, notamment, au sein de quatre catégories analytiques : le mode,
l’instance narrative, le niveau et le temps.

2. THÉORIE

2.1 ORIGINE ET FONCTION

Les travaux de Gérard Genette (1972 et 1983) s’inscrivent dans la continuité des
recherches allemandes et anglo-saxonnes, et se veulent à la fois un aboutissement
et un renouvellement de ces critiques narratologiques. Rappelons que l’analyse
interne, à l’instar de toute analyse sémiotique, présente deux caractéristiques. D’une
part, elle s’intéresse aux récits en tant qu’objets linguistiques indépendants, détachés
de leur contexte de production ou de réception. D’autre part, elle souhaite démontrer
une structure de base, identifiable dans divers récits.

À l’aide d’une typologie rigoureuse, Genette établit une poétique narratologique,


susceptible de recouvrir l’ensemble des procédés narratifs utilisés. Selon lui, tout
texte laisse transparaître des traces de la narration, dont l’examen permettra d’établir
de façon précise l’organisation du récit. L’approche préconisée se situe, évidemment,
en deçà du seuil de l’interprétation et s’avère plutôt une assise solide,
complémentaire des autres recherches en sciences humaines, telles que la
sociologie, l’histoire littéraire, l’ethnologie et la psychanalyse.

REMARQUE : LA NARRATOLOGIE : ENTRE LE TEXTUALISME ET LA


PRAGMATIQUE

Prenant la forme d'une typologie du récit, la narratologie élaborée par


Gérard Genette se pose aux yeux de maints spécialistes de la question
comme un appareil de lecture marquant une étape importante dans le
développement de la théorie littéraire et de l'analyse du discours. En
faisant de la voix narrative une notion autour de laquelle s'articulent
toutes les autres catégories, l'auteur fait du contexte de production d'un
récit une donnée fondamentale.
2.2 LE MODE NARRATIF

L’écriture d’un texte implique des choix techniques qui engendreront un résultat
particulier quant à la représentation verbale de l’histoire. C’est ainsi que le récit met
en œuvre, entre autres, des effets de distance afin de créer un mode narratif précis,
qui gère la « régulation de l’information narrative » fournie au lecteur (1972 : 184).
Selon le théoricien, tout récit est obligatoirement diégésis (raconter), dans la mesure
où il ne peut atteindre qu’une illusion de mimésis (imiter) en rendant l’histoire réelle
et vivante. De sorte, tout récit suppose un narrateur.

Pour Genette, donc, un récit ne peut véritablement imiter la réalité ; il se veut


toujours un acte fictif de langage, aussi réaliste soit-il, provenant d’une instance
narrative. « Le récit ne “ représente ” pas une histoire (réelle ou fictive), il la raconte,
c’est-à-dire qu’il la signifie par le moyen du langage […]. Il n’y a pas de place pour
l’imitation dans le récit […]. » (1983 : 29) Ainsi, entre les deux grands modes narratifs
traditionnels que sont la diégésis et la mimésis, le narratologue préconise différents
degrés de diégésis, faisant en sorte que le narrateur est plus ou moins impliqué dans
son récit, et que ce dernier laisse peu ou beaucoup de place à l’acte narratif. Mais,
insiste-t-il, en aucun cas ce narrateur est totalement absent.

2.2.1 LA DISTANCE

L’étude du mode narratif implique l’observation de la distance entre le narrateur et


l’histoire. La distance permet de connaître le degré de précision du récit et
l’exactitude des informations véhiculées. Que le texte soit récit d’événements (on
raconte ce que fait le personnage) ou récit de paroles (on raconte ce que dit ou
pense le personnage), il y a quatre types de discours qui révèlent progressivement la
distance du narrateur vis-à-vis le texte (1972 : 191) :

1. Le discours narrativisé : Les paroles ou les actions du personnage sont intégrées


à la narration et sont traitées comme tout autre événement (- distant).

Exemple : Il s’est confié à son ami ; il lui a appris le décès de sa mère.

2. Le discours transposé, style indirect : Les paroles ou les actions du personnage


sont rapportées par le narrateur, qui les présente selon son interprétation (- +
distant).

Exemple : Il s’est confié à son ami ; il lui a dit que sa mère était décédée.

3. Le discours transposé, style indirect libre : Les paroles ou les actions du


personnage sont rapportées par le narrateur, mais sans l’utilisation d’une conjonction
de subordination (+ - distant).

Exemple : Il s’est confié à son ami : sa mère est décédée.

4. Le discours rapporté : Les paroles du personnage sont citées littéralement par le


narrateur (+ distant). Style direct.

Exemple : Il s’est confié à son ami. Il lui a dit : « Ma mère est décédée. »
2.2.2 FONCTIONS DU NARRATEUR

À partir de la notion de distance narrative, Genette expose les fonctions du narrateur


en tant que telles (1972 : 261). En effet, il répertorie cinq fonctions qui exposent
également le degré d’intervention du narrateur au sein de son récit, selon
l’impersonnalité ou l’implication voulue.

1. La fonction narrative : La fonction narrative est une fonction de base. Dès qu’il y a
un récit, le narrateur, présent ou non dans le texte, assume ce rôle (impersonnalité).

2. La fonction de régie : Le narrateur exerce une fonction de régie lorsqu’il commente


l’organisation et l’articulation de son texte, en intervenant au sein de l’histoire
(implication).

3. La fonction de communication : Le narrateur s’adresse directement au narrataire,


c’est-à-dire au lecteur potentiel du texte, afin d’établir ou de maintenir le contact avec
lui (implication).

4. La fonction testimoniale : Le narrateur atteste la vérité de son histoire, le degré de


précision de sa narration, sa certitude vis-à-vis les événements, ses sources
d’informations, etc. Cette fonction apparaît également lorsque le narrateur exprime
ses émotions par rapport à l’histoire, la relation affective qu’il entretient avec elle
(implication).

5. La fonction idéologique : Le narrateur interrompt son histoire pour apporter un


propos didactique, un savoir général qui concerne son récit (implication).

Le mode narratif de la diégésis s’exprime donc à différents degrés, selon


l’effacement ou la représentation perceptible du narrateur au sein de son récit. Ces
effets de distance entre la narration et l’histoire, notamment, permettent au narrataire
d’évaluer l’information narrative apportée, « comme la vision que j’ai d’un tableau
dépend, en précision, de la distance qui m’en sépare […]. » (1972 : 184)

2.3 L’INSTANCE NARRATIVE

L’instance narrative se veut l’articulation entre (1) la voix narrative (qui parle ?), (2) le
temps de la narration (quand raconte-t-on, par rapport à l’histoire ?) et (3) la
perspective narrative (par qui perçoit-on ?). Comme pour le mode narratif, l’étude de
l’instance narrative permet de mieux comprendre les relations entre le narrateur et
l’histoire à l’intérieur d’un récit donné.
2.3.1 LA VOIX NARRATIVE

Si le narrateur laisse paraître des traces relatives de sa présence dans le récit qu’il
raconte, il peut également acquérir un statut particulier, selon la façon privilégiée
pour rendre compte de l’histoire. « On distinguera donc ici deux types de récits : l’un
à narrateur absent de l’histoire qu’il raconte […], l’autre à narrateur présent comme
personnage dans l’histoire qu’il raconte […]. Je nomme le premier type, pour des
raisons évidentes, hétérodiégétique, et le second homodiégétique.» (1972 : 252)

En outre, si ce narrateur homodiégétique agit comme le héros de l’histoire, il sera


appelé autodiégétique.

2.3.2 LE TEMPS DE LA NARRATION

Le narrateur est toujours dans une position temporelle particulière par rapport à
l’histoire qu’il raconte. Genette présente quatre types de narration :

1. La narration ultérieure : Il s’agit de la position temporelle la plus fréquente. Le


narrateur raconte ce qui est arrivé dans un passé plus ou moins éloigné.

2. La narration antérieure : Le narrateur raconte ce qui va arriver dans un futur plus


ou moins éloigné. Ces narrations prennent souvent la forme de rêves ou de
prophéties.

3. La narration simultanée : Le narrateur raconte son histoire au moment même où


elle se produit.

4. La narration intercalée : Ce type complexe de narration allie la narration ultérieure


et la narration simultanée. Par exemple, un narrateur raconte, après-coup, ce qu’il a
vécu dans la journée, et en même temps, insère ses impressions du moment sur ces
mêmes événements.

2.3.3 LA PERSPECTIVE NARRATIVE

Une distinction s’impose entre la voix et la perspective narratives, cette dernière


étant le point de vue adopté par le narrateur, ce que Genette appelle la focalisation.
« Par focalisation, j’entends donc bien une restriction de “ champ ”, c’est-à-dire en
fait une sélection de l’information narrative par rapport à ce que la tradition nommait
l’omniscience […]. » (1983 : 49) Il s’agit d’une question de perceptions : celui qui
perçoit n’est pas nécessairement celui qui raconte, et inversement.
Le narratologue distingue trois types de focalisations :

1. La focalisation zéro : Le narrateur en sait plus que les personnages. Il peut


connaître les pensées, les faits et les gestes de tous les protagonistes. C’est le
traditionnel « narrateur-Dieu ».

2. La focalisation interne : Le narrateur en sait autant que le personnage focalisateur.


Ce dernier filtre les informations qui sont fournies au lecteur. Il ne peut pas rapporter
les pensées des autres personnages.

3. La focalisation externe : Le narrateur en sait moins que les personnages. Il agit un


peu comme l’œil d’une caméra, suivant les faits et gestes des protagonistes de
l’extérieur, mais incapable de deviner leurs pensées.

L'approfondissement des caractéristiques propres à l’instance narrative, autant que


celles du mode narratif, permet de clarifier les mécanismes de l’acte de narration et
d’identifier précisément les choix méthodologiques effectués par l’auteur pour rendre
compte de son histoire. L’utilisation de l’un ou l’autre de ces procédés
narratologiques contribue à créer un effet différent chez le lecteur. Par exemple, la
mise en scène d’un héros-narrateur (autodiégétique), utilisant une narration
simultanée et une focalisation interne, et dont les propos seraient fréquemment
présentés en discours rapportés, contribuerait sans aucun doute à produire une forte
illusion de réalisme et de vraisemblance.

2.4 LES NIVEAUX

Ces divers effets de lecture sont le fait de la variation des niveaux narratifs,
traditionnellement appelés les emboîtements. À l’intérieur d’une intrigue principale,
l’auteur peut insérer d’autres petits récits enchâssés, racontés par d’autres
narrateurs, avec d’autres perspectives narratives. Il s’agit d’une technique plutôt
fréquente, permettant de diversifier l’acte de narration et d’augmenter la complexité
du récit.

2.4.1 LES RÉCITS EMBOÎTÉS

La narration du récit principal (ou premier) se situe au niveau extradiégétique.


L’histoire événementielle narrée à ce premier niveau se positionne à un second
palier, appelé intradiégétique. De fait, si un personnage présent dans cette histoire
prend la parole pour raconter à son tour un autre récit, l’acte de sa narration se
situera également à ce niveau intradiégétique. En revanche, les événements mis en
scène dans cette deuxième narration seront métadiégétiques.

Exemple (fictif) : Aujourd’hui, j’ai vu une enseignante s’approcher d’un groupe


d’enfants qui s’amusaient. Après quelques minutes, elle a pris la parole : « Les
enfants, écoutez bien, je vais vous raconter une incroyable histoire de courage qui
est arrivée il y a plusieurs centaines d’années, celle de Marguerite Bourgeois… »

Le tableau qui suit présente les niveaux narratifs dans un récit.


Les niveaux narratifs dans un récit

OBJETS NIVEAUX CONTENUS NARRATIFS

Intrigue principale Extradiégétique Narration homodiégétique (« je »)

Histoire événementielle Intradiégétique Histoire de l’enseignante et des enfants

Acte de narration
Intradiégétique Prise de parole de l’enseignante
secondaire

Récit emboîté Métadiégétique Histoire de Marguerite Bourgeois

2.4.2 LA MÉTALEPSE

Il arrive également que les auteurs utilisent le procédé de la métalepse, qui consiste
en la transgression de la frontière entre deux niveaux narratifs en principe étanches,
pour brouiller délibérément la frontière entre réalité et fiction. Ainsi la métalepse est-
elle une façon de jouer avec les variations de niveaux narratifs pour créer un effet de
glissement ou de tromperie. Il s’agit d’un cas où un personnage ou un narrateur situé
dans un niveau donné se retrouve mis en scène dans un niveau supérieur, alors que
la vraisemblance annihile cette possibilité. « Tous ces jeux manifestent par l’intensité
de leurs effets l’importance de la limite qu’ils [les auteurs] s’ingénient à franchir au
mépris de la vraisemblance,et qui est précisément la narration (ou la représentation)
elle-même ; frontière mouvante mais sacrée entre deux mondes : celui où l’on
raconte, celui que l’on raconte. » (1972 : 245)

Pour reprendre l’exemple précédent, l’intervention du narrateur homodiégétique de


l’intrigue principale dans l’histoire métadiégétique de Marguerite Bourgeois serait un
cas de métalepse. Marguerite Bourgeois est une héroïne du 17ème siècle, qui a
fondé la Congrégation Notre-Dame, à Montréal, pour l’instruction des jeunes filles. Il
est ainsi impossible que le narrateur contemporain (« aujourd’hui ») se retrouve mis
en scène dans cette histoire enchâssée, campée en Nouvelle-France.

2.5 LE TEMPS DU RÉCIT


On a vu que le temps de la narration concernait la relation entre la narration et
l’histoire : quelle est la position temporelle du narrateur par rapport aux faits
racontés ? Genette se penche également sur la question du temps du récit :
comment l’histoire est-elle présentée en regard du récit en entier, c’est-à-dire du
résultat final ? Une fois de plus, plusieurs choix méthodologiques se posent aux
écrivains, qui peuvent varier (1) l’ordre du récit, (2) la vitesse narrative et (3) la
fréquence événementielle afin d’arriver au produit escompté. L’emploi calculé de ces
techniques permet au narrataire d’identifier les éléments narratifs jugés prioritaires
par les auteurs, ainsi que d’observer la structure du texte et son organisation.

2.5.1 L’ORDRE

L’ordre est le rapport entre la succession des événements dans l’histoire et leur
disposition dans le récit. Un narrateur peut choisir de présenter les faits dans l’ordre
où ils se sont déroulés, selon leur chronologie réelle, ou bien il peut les raconter dans
le désordre. Par exemple, le roman policier s’ouvre fréquemment sur un meurtre qu’il
faut élucider. On présentera par la suite les événements antérieurs au crime, les faits
survenus qui permettent de trouver l’assassin. Ici, l’ordre réel des événements ne
correspond pas à leur représentation dans le récit. Le brouillage de l’ordre temporel
contribue à produire une intrigue davantage captivante et complexe.

Genette désigne ce désordre chronologique par anachronie. Il existe deux types


d’anachronie :

1. L’analepse : Le narrateur raconte après-coup un événement survenu avant le


moment présent de l’histoire principale.

Exemple (fictif) : Je me suis levée de bonne humeur ce matin. J’avais en tête des
souvenirs de mon enfance, alors que maman chantait tous les matins de sa voix
rayonnante.

2. La prolepse : Le narrateur anticipe des événements qui se produiront après la fin


de l’histoire principale.

Exemple (fictif) : Que va-t-il m’arriver après cette aventure en Europe ? Jamais plus
je ne pourrai voir mes proches de la même façon : je deviendrai sans doute acariâtre
et distant.

Par ailleurs, les analepses et les prolepses peuvent s’observer selon deux facteurs :
la portée et l’amplitude. « Une anachronie peut se porter, dans le passé ou dans
l’avenir, plus ou moins loin du moment “ présent ”, c’est-à-dire du moment où le récit
s’est interrompu pour lui faire place : nous appellerons portée de l’anachronie cette
distance temporelle. Elle peut aussi couvrir elle-même une durée d’histoire plus ou
moins longue : c’est ce que nous appellerons son amplitude. » (1972 : 89)

Les anachronies peuvent avoir plusieurs fonctions dans un récit. Si les analepses
acquièrent souvent une valeur explicative, alors que la psychologie d’un personnage
est développée à partir des événements de son passé, les prolepses peuvent quant
à elles exciter la curiosité du lecteur en dévoilant partiellement les faits qui
surviendront ultérieurement. Ces désordres chronologiques peuvent aussi
simplement remplir un rôle contestataire, dans la mesure où l’auteur souhaite
bouleverser la représentation linéaire du roman classique.

2.5.2 LA VITESSE NARRATIVE

D’autres effets de lecture peuvent être procurés par la variation de la vitesse


narrative. Genette prend appui sur les représentations théâtrales, où la durée de
l’histoire événementielle correspond idéalement à la durée de sa narration sur scène.
Or, dans les écrits littéraires, le narrateur peut procéder à une accélération ou à un
ralentissement de la narration en regard des événements racontés. Par exemple, on
peut résumer en une seule phrase la vie entière d’un homme, ou on peut raconter en
mille pages des faits survenus en vingt-quatre heures.

Le narratologue répertorie quatre mouvements narratifs (1972 : 129) (TR : temps du


récit, TH : temps de l’histoire) :

1. La pause : TR = n, TH = 0 : L’histoire événementielle s’interrompt pour laisser la


place au seul discours narratorial. Les descriptions statiques font partie de cette
catégorie.

2. La scène : TR = TH : Le temps du récit correspond au temps de l’histoire. Le


dialogue en est un bon exemple.

3. Le sommaire : TR < TH : Une partie de l’histoire événementielle est résumée dans


le récit, ce qui procure un effet d’accélération. Les sommaires peuvent être de
longueur variable.

4. L’ellipse : TR = 0 ; TH = n : Une partie de l’histoire événementielle est


complètement gardée sous silence dans le récit.

Inutile de préciser que ces quatre types de vitesse narrative peuvent apparaître à
des degrés variables. Aussi peuvent-ils se combiner entre eux : une scène dialoguée
pourrait elle-même contenir un sommaire, par exemple. L’étude des variations de la
vitesse au sein d’un récit permet de constater l’importance relative accordée aux
différents événements de l’histoire. Effectivement, si un auteur s’attarde peu,
beaucoup ou pas du tout sur un fait en particulier, il y a certainement lieu de
s’interroger sur ces choix textuels.

2.5.3 LA FRÉQUENCE ÉVÉNEMENTIELLE


Une dernière notion est à examiner en ce qui concerne le temps du récit. Il s’agit de
la fréquence narrative, c’est-à-dire la relation entre le nombre d’occurrences d’un
événement dans l’histoire et le nombre de fois qu’il se trouve mentionné dans le récit.
« Entre ces capacités de “ répétition ” des événements narrés (de l’histoire) et des
énoncés narratifs (du récit) s’établit un système de relations que l’on peut a priori
ramener à quatre types virtuels, par simple produit des deux possibilités offertes de
part et d’autre : événement répété ou non, énoncé répété ou non. » (1972 : 146)

Ces quatre possibilités conduisent à donc à quatre types de relations de fréquence,


qui se schématisent par la suite en trois catégories (1972 : 146) :

1. Le mode singulatif : 1R / 1H : On raconte une fois ce qui s’est passé une fois.
nR / nH : On raconte n fois ce qui s’est passé n fois.

2. Le mode répétitif : nR / 1H : On raconte plus d’une fois ce qui s’est passé une fois.

3. Le mode itératif : 1R / nH : On raconte une fois ce qui s’est passé plusieurs fois.

Le tableau qui suit constitue une synthèse de la typologie narratologique de Genette.

Synthèse de la typologie narratologique de Genette


CATÉGORIES ÉLÉMENTS
COMPOSANTES
ANALYTIQUES D’ANALYSE

Discours
Discours
LA Discours transposé, Discours
transposé, style
DISTANCE narrativisé style rapporté
indirect libre
LE MODE indirect
NARRATIF
LES Fonction
FONCTIONS Fonction Fonction de Fonction Fonction
DU narrative de régie communi- testimoniale idéologique
NARRATEUR cation

LA VOIX Narrateur Narrateur Narrateur


NARRATIVE homodiégétique hétérodiégétique autodiégétique

LE TEMPS DE
L’INSTANCE Narration Narration Narration Narration
LA
NARRATIVE ultérieure antérieure simultanée intercalée
NARRATION
LA
PERSPECTIV La focalisation La focalisation La focalisation
E zéro interne externe
NARRATIVE

LES RÉCITS Extra- Intra-


Méta-diégétique
LES NIVEAUX EMBOÎTÉS diégétique diégétique
NARRATIFS
LA
Transgression des niveaux narratifs
MÉTALEPSE
L’ORDRE L’analepse La prolepse La portée L’amplitude
LA VITESSE
La pause La scène Le sommaire L’ellipse
LE TEMPS DU NARRATIVE
RÉCIT LA
FRÉQUENCE
Mode singulatif Mode répétitif Mode itératif
ÉVÉNE-
MENTIELLE

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