Philosophie Générale. Partie II Introduction
Philosophie Générale. Partie II Introduction
Philosophie Générale. Partie II Introduction
Partie de N. Monseu
Plan de la séance introductive
Dimension de retrait
Paradoxe d’une question
L’humain est lui-même
questionnement
de la question
Qu’est-ce qu’une expérience?
L’expérience est
composée de
deux dimensions
1. Notion
empiriste de
l’expérience
identifiée à
l’expérience
sensible
2.
Comportement
actif par
rapport à ce
que nous
recevons, par la
pensée; le
jugement,
l’évaluation,…
Dans son ouvrage Vérité et méthode (1960), Hans-Georg Gadamer caractérise la
structure de l’expérience: « Faire une expérience » consiste à s’ouvrir à
quelque chose qu’on ne connaît pas encore et qui va transformer notre manière
de voir.
• Une expérience reçoit de la valeur
dans la mesure où elle est confirmée
Expérience et vérifiable
scientifique • Une expérience reçoit de la valeur
dans la mesure où il est possible de la
répéter
• Une expérience est valide jusqu’au
Principe moment où elle n’a pas été réfutée
par une autre expérience
d’ouverture de • Une expérience est donc par
l’expérience définition ouverte: elle dépend d’une
confirmation et peut être modifiée
« Cette douleur enténébra mon cœur, et partout je ne voyais que mort. La patrie
m’était un supplice, la maison paternelle un étrange tourment, tout ce que
j’avais partagé avec lui s’était tourné sans lui en torture atroce. Mes yeux le
réclamaient de tous les côtés, et on ne me le donnait pas, et je haïssais toutes
choses, parce qu’elles ne l’avaient pas et ne pouvaient plus me dire : ‘‘Le voici, il
va venir’’, comme quand il vivait et qu’il était absent. J’étais devenu moi-même
pour moi une immense question, et j’interrogeais mon âme : pourquoi était-elle
triste, et pourquoi me troublait-elle si fort ? Et elle ne savait rien me répondre. Et
si je lui disais : ‘‘Espère en Dieu’’, elle avait raison de ne pas obéir, parce qu’il
était plus vrai et meilleur, l’homme si cher qu’elle avait perdu, que le fantôme en
qui on lui ordonnait d’espérer. Seules les larmes m’étaient douces, et avaient pris
la place de mon ami dans les délices de mon âme. » (Augustin, Confessions)
1. Nous vivons
l’événement qui
nous arrive
2. L’événement
comme rupture
3. L’événement « Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d’être vécue, c’est répondre à la question fondamentale de la
comme exigence qui philosophie. Le reste, si le monde a 3 dimensions…vient ensuite. Ce sont des jeux: Il faut d’abord répondre. Je
nous presse juge que le sens de la vie est la plus pressante des questions » (Camus)
4. L’événement
comme pouvoir de
singularisation
« Excepté l’homme, aucun être ne s’étonne de sa propre existence ; c’est pour tous une chose si naturelle qu’il
ne le remarque même pas. […] Son étonnement est d’autant plus sérieux que, pour la première fois, il
s’approche de la mort avec une pleine conscience, et qu’avec la limitation de toute existence, l’inutilité de tout
effort devient pour lui plus ou moins évident. De cette réflexion et de cet étonnement naît le besoin
métaphysique qui est propre à l’homme seul. L’homme est un animal métaphysique. Sans doute, quand sa
5. L’événement fait conscience ne fait encore que s’éveiller, il se figure être intelligible sans effort ; mais cela ne dure pas
question longtemps. […] Avoir l’esprit philosophique, c’est être capable de s’étonner des événements habituels et des
choses de tous les jours, de se poser comme sujet d’étude ce qu’il y a de plus général et de plus ordinaire.
[…] Si notre vie était infinie et sans douleur, il n’arriverait peut-être à personne de se demander pourquoi le
monde existe, et pourquoi il a précisément cette nature particulière ; mais toutes choses se comprendraient
d’elles-mêmes. »
❖ Le confinement comme expérience métaphysique : « Où suis-je? »
Bruno latour: « Où suis-je? Leçons du confinement à l’usage des terrestres, Les empêcheurs de penser en rond, Paris, 2021.
« C’est tout le système respiratoire planétaire qui se trouve « L’individu dans le monde, c’est toujours un hapax littéraire, un
perturbé et à toutes les échelles, qu’il s’agisse du masque cogito de théâtre, on le sait depuis Descartes. Et donc chaque
derrière lequel nous haletons, aussi bien que la fumée des fois qu’un individu se présente comme tel et revendique un droit
incendies, de la répression policière ou de l’écrasante de propriété exclusive sur quelque bien, cela devrait nous faire
température imposée jusque dans l’Arctique. Le cri est rire. » (p. 62)
unanime : « Nous étouffons ! ». (p. 142). « Mais, ensuite, cet ici-bas est devenu « matière ». Rien de
matériel bien sûr dans cette « matière » puisque tous les soucis
d’engendrement en étaient par principe évincés. C’est toute
l’étrangeté de l’idée de « chose étendue » – de res extensa – pour
définir le comportement des objets du monde, avec l’idée plus
étrange encore de poser en face d’elle une « chose pensante » –
la res cogitans. Il est évident que personne, malgré tous les
efforts pour étendre partout cette « chose étendue », n’a jamais
vécu selon une telle dichotomie, si contraire à l’expérience. » (p.
67).
C. Le corps terrestre de l’humain
Peu à peu, nous apercevons que le mot « Terre » ne désigne pas une planète parmi d’autres selon
l’ancienne localisation comme si c’était un nom commun à de nombreux corps célestes, mais un
nom propre, qui rassemble tous les existants – mais ils ne sont justement jamais rassemblés en un
tout – qui ont un air de famille parce qu’ils ont une origine commune et qu’ils se sont étendus,
répandus, mélangés, superposés, un peu partout, en transformant de fond en comble, en ravaudant
incessamment leurs conditions initiales par leurs inventions successives. Il se trouve que chaque
terrestre reconnaît dans ses prédécesseurs ceux qui ont créé les conditions d’habitabilité dont il
bénéficie – la forêt pour les arbres, la mer pour les algues – et qu’il s’attend à devoir se préoccuper
de ses successeurs. (p. 36-37).
Avant, je disais « corps vécu » pour désigner la saisie subjective du même ensemble de choses vues
de l’intérieur, alors que mon vrai corps, mon corps « objectivé » ou même « réifié » comme on
disait naguère, demeurait solidement « biologique ». Je voudrais maintenant pouvoir utiliser le
terme de « corps vécu » pour pointer vers la multitude des vivants qui s’assemblent provisoirement
de façon assez durable pour me permettre de prolonger de quelque temps mon existence.
Le corps vécu, le corps des vivants, et donc le corps des mortels, désigne maintenant la matérialité
même de ce que je suis. C’est vrai de mon intérieur comme de mon extérieur, de l’ancien corps
« subjectif » comme de l’ancien corps « objectif ». Si l’oxygène que je respire provient des
bactéries, les poumons qui le respirent proviennent de ces lignées immensément longues qui s’en
sont saisies comme d’une chance. Et moi, c’est la chance que j’ai de surfer quelque temps sur cette
vague immense que je désigne comme « mon corps ». (p. 126).
Avoir un corps, c’est apprendre à être affecté. L’antonyme de « corps », ce n’est ni « âme » ni
« esprit », ni « conscience » ni « pensée », mais « mort ». […] Nous sommes tous, mâles et femelles,
des corps engendrés et mortels qui devons nos conditions d’habitabilité à d’autres corps engendrés
et mortels de toutes tailles et de toutes lignées. (P.127).
D. Conclusion : le confinement est l’occasion de redonner à l’« ici bas » sa dignité en
montrant que nous sommes des vivants terrestres qui devons apprendre à habiter « où »
nous nous trouvons de manière différente.
La crise écologique est une crise des sociétés humaines et de l’organisation de notre manière de
vivre ensemble
La crise écologique est une crise des vivants (défaunation, changement climatique, disparition
d’espèce, incendies de forêts, diminution d’oiseaux…)
La crise écologique est une crise de la relation des humains aux vivants. L’humain n’est pas un
vivant isolé des autres vivants, un être absolument unique qui peut s’affirmer en tant qu’unique au
milieu de tous les vivants. Il est profondément relié au monde non seulement « dans » lequel il vit
mais aussi « dont » et à partir duquel l’humain est ce qu’il est.
4 dimensions de l’expérience de la philosophie
« Le moment est venu que l’homme se fixe son but. Le moment est
venu pour l’homme de planter le germe de son espoir le plus haut. »