Chapitre III

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Chapitre III

Les troubles mentaux

Plan
Partie I - Généralités sur les troubles mentaux
Partie II - La stigmatisation des troubles mentaux

Exemple cas clinique - Henry

Alors qu’Henry est en train de courir seul dans la forêt, il ressent


une sensation de picotement dans sa gorge qui ne cesse
d’augmenter, il se dit qu’il est en train de s’étouffer, qu’il ne peut
pas demander de l’aide et qu’il va mourir seul. Il ressent une anxiété
importante, se met à trembler et s’arrête. Après quelques minutes,
son anxiété diminue, et il finit par parvenir à rentrer chez lui à pied.
Quelques jours plus tard, Henry ressent la même sensation dans sa
gorge alors qu’il est vélo, il se dit qu’il ne va pas parvenir à respirer,
qu’il va perdre le contrôle de son vélo. Cela engendre une nouvelle
attaque de panique se manifestant notamment par une forte anxiété
et des tremblements. Il prend alors un anxiolytique pour diminuer
son anxiété. Le lendemain, Henry reprend son vélo pour aller
travailler, ce qui génère chez lui la même sensation dans la gorge, et
par la suite, la même anxiété. Il finira ce jour-là son trajet à pied et
prendra la voiture par la suite pour tous ses déplacements.

A partir du cas d’Henry, veuillez identifier la ou les propositions que vous jugez
être vraie

Chapitre III 1
A. Dans cette situation le stimulus conditionné est l’anxiété
B. Dans cette situation l’anxiété est une réponse inconditionnelle
C. Dans cette situation le stimulus neutre, qui devient un stimulus conditionné, c’est la
forêt
D. Dans cette situation le stimulus inconditionnel est le fait de réaliser une activité
physique (course, vélo, …)

Partie 1 - Généralités sur les troubles mentaux

›Maladie vs Trouble = reflet de l’hétérogénéité

Le terme ‘‘troubles mentaux’’ fait référence à une grande diversité clinique


Ex: de l’insomnie à l’autisme

Troubles mentaux regroupent notamment :

→ des troubles neurocognitifs (maladie d’Alzheimer ou autres démences, …)


→ des troubles présents dès l’enfance qui perdurent à l’âge adulte
(autisme, trouble de l’attention/hyperactivité)
→ des troubles qui débutent à l’adolescence ou chez le jeune adulte
(troubles bipolaires, schizophrénie, troubles du comportement alimentaire)
→ des troubles pouvant être ‘‘ponctuels’’
(dépression, addiction…)
→ des troubles présents sur la vie entière
(trouble bipolaire, schizophrénie)
→ ….

Elargissement qui se trouve dans les classifications :

→ 1er DSM (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) = 60


→ DSM IV = 400

→ DSM 5 = près de 500

Chapitre III 2
Prévalence
Une vision élargie des troubles : trop élargie ?

Certains ‘‘nouveaux diagnostics’’ sont critiqués car trop proches des réactions dites
‘‘normales’’ : crainte du sur-diagnostic et donc de la surmédicalisation

38,2 % des européens souffriraient d’un trouble mental sur une année, soit 165
millions de personnes, tous âges confondus

Importantes difficultés à évaluer la prévalence des troubles mentaux, pourquoi ?

Problème de définitions & méthodes d’évaluation :


→ dépression : sur une année? dans la vie entière? l’intensité? à quel âge?

Qui ne répond pas aux critères de la dépression le lendemain d’un licenciement,


d’un divorce ?

L’étiologie

Pourquoi développons nous un trouble psychiatrique ?

Echecs des multiples tentatives visant à trouver UNE étiologie aux troubles

Relatif consensus sur la présence d’une étiologie multifactorielle = modèle


de vulnérabilité au stress

Certains sujets seraient très vulnérables, d’autres faiblement, voire «


invulnérables »

Modèle en faveur d’une continuité entre le normal et le pathologique

Vulnérabilité = risque variable à manifester un trouble / des symptômes

Vulnérabilité innée = génétique, conditionnant le « terrain » organique

Etudes sur les jumeaux : 90 % dans l’autisme et à près de 60 % dans la


schizophrénie et les troubles bipolaires…

Chapitre III 3
Vulnérabilité acquise = environnementale (complications obstétricales et
périnatales, affections, traumatismes, consommation de substances, précarité
…)

Quand le stress est inférieur au seuil de tolérance de l’individu il y répond,


s’y adapte et se maintient dans les limites de la normalité.

Quand il excède le seuil, il ne parvient plus à s’ajuster, et cela engendre un


état de crise, deux configurations possibles :

Vulnérabilité innée faible = période à risque mais sans conséquence

Vulnérabilité innée élevée = épisode pathologique possible

Exemples

Chapitre III 4
Exemple - Cas clinique des personnes sans logement

L’enquête Santé mentale et addictions chez les personnes sans


logement d’Ile-de-France montre qu’1/3 des sans-abris
présentent au moins un trouble psychiatrique sévère (ex. 10

Chapitre III 5
fois + de troubles psychotiques, 2 fois plus de troubles anxio-
dépressif et d’addiction,….)

Comment comprendre ces résultats ?

Les troubles graves comme la schizophrénie précèdent souvent la perte du


logement

Certains sont réactionnels à la dureté de la vie dans la rue (ex : dépression et


troubles anxieux)

→ L’environnement peut être un déclencheur et/ou un facteur de maintien

Classifier les troubles mentaux

DSM 5 – l’approche catégorielle

Précision de critères conduisant à poser un diagnostic

La présence de ces différents critères chez un individu conduit à l’inclure


dans une catégorie diagnostique

DSM 5 – l’approche catégorielle – l’exemple de la phobie

Chapitre III 6
DSM 5 – l’approche dimensionnelle

Désir de dépasser la simple catégorisation des troubles en intégrant


l’intensité des troubles

+ proche des réalités cliniques des patients = manifestations très différentes


au sein d’un même diagnostic

→ Intégration d’aspects dimensionnels dans un système catégoriel

Évaluation de la sévérité des symptômes (fréquence, nature, durée, intensité)

Évaluation de l’évolution du trouble

Possibilités d’ajouter des ‘‘précisions’’ / ‘‘Autres conditions d’attention


clinique’’ : conditions ou situations environnementales et psychosociales
pouvant avoir un impact sur le diagnostic et l’évolution du patient
(maltraitance, problèmes relationnel/économique...)

Niveau de sévérité

L’intensité de chaque composante doit être identifiée :

0. Pas présent

1. Douteux

2. Présent mais léger

3. Présent et moyen

4. Présent et grave

L’exemple des hallucinations :

Chapitre III 7
1. Douteux = sévérité ou durée insuffisante pour que l’on puisse
envisager une psychose

2. Présent mais léger = peu de pression à agir selon les voix ; la


personne n’est pas très ennuyée par les voix

3. Présent et moyen = une certaine pression à répondre aux voix ou la


personne est quelque peu ennuyée par les voix

4. Présent et grave = pression sévère à répondre aux voix ou la


personne est très ennuyée par les voix

Évaluation de l’évolution du trouble (exemple)

Spécification de l’évolution du trouble

Premier épisode (actuellement en phase aigu)

Premier épisode (actuellement en rémission partielle)

Premier épisode (actuellement en rémission complète)

Episode multiples (actuellement en épisode aigu)

...

Une révolution de la 5e version ? Pas vraiment… déjà eu des prémisses


d’élargissement pour certains diagnostics :
→ PMD (psychose maniaco-dépressive) à TBP

→ Autisme à TED (trouble envahissant du développement) – TSA


(trouble du spectre de l’autisme)

Chapitre III 8
Partie 2 - La stigmatisation des troubles mentaux
Introduction
Description ‘‘scientifique’’: Les individus présentant un trouble psychique se
distinguent du reste de la société par des modes d’appréhension du monde, des
mots, des gestes différents

Description ‘‘populaire’’: Les fous, ceux qu’on doit enfermer, ceux qu’on ne
comprend pas, qui sont anormaux

A toutes les époques, ils ont été perçus comme dangereux et nocifs pour leur
environnement et la société (Bahar, 2007) = stigmatisation de la maladie
mentale

La stigmatisation

Selon Goffman (1975), la stigmatisation est définie comme l’ensemble des réactions
négatives que portent des personnes à l’encontre d’un individu porteur d’un signe
particulier, disgracieux et/ou discréditant

Modèle de Corrigan et Watson (2002)

3 composantes à la stigmatisation sociale des troubles psychiatriques : les


stéréotypes, les préjugés et la discrimination

Chapitre III 9
→ Les stéréotypes = croyances socialement admises envers un groupe social
identifié (la violence, la dangerosité, l’incompétence, la responsabilité)
→ Les préjugés = des attitudes et des réactions émotionnelles envers le
groupe social ciblé, une réponse à la fois cognitive et affective (la peur, la
colère, l’adhésion aux stéréotypes)
→ Les discriminations = réponse comportementale (évitement, désir de
distance sociale)

Les patients peuvent internaliser les stéréotypes négatifs associés au trouble


dont il est atteint = auto stigmatisation

Modèle de Link et Phelan (2001)

La stigmatisation est un processus résultant de la convergence entre 5


composantes interdépendantes :

→ l’étiquetage
→ les stéréotypes
→ la distance sociale

→ la perte de statut
→ la discriminations

La stigmatisation surviendrait « lorsque des éléments de l’étiquetage, des


stéréotypes, de la séparation de la perte de statut et de la discrimination se
produisent ensemble dans une situation de pouvoir qui le permet »

Chapitre III 10
L’association des trois dimensions induit une perte de statut et de la
discrimination = emploi, accès aux soins

Les comportements de discrimination sont également présents dans le réseau


social, et notamment familial

Quelles sont les conséquences de la stigmatisation ?

→ La qualité de vie, l’estime de soi, l’adaptation sociale, l’observance du


traitement et l’amélioration de l’état clinique
Moteur principal = l’internalisation du stéréotype (dangerosité,
incompétences…) :

« Les personnes atteintes de troubles mentaux gardent en tête des croyances


toujours influencées par celles qu’elles avaient avant de basculer dans la
maladie, et donc empreintes de stigmatisation » Plaza

« Il existe un lien évident entre la compréhension de la maladie mentale par le


grand public et la capacité des malades à demander de l’aide, à sentir qu’ils
peuvent parler de leurs difficultés » Thornicroft et al., Lancet (2009)

« La compréhension de la maladie mentale par le grand public (…) détermine le


pronostic d’évolution de la maladie » Littlewood, Lancet (1998)
Quelle est la pathologie la plus stigmatisée ?

La schizophrénie

Signes de la schizophrénie dans le DSM 5 :

Chapitre III 11
→ Idées délirantes
→ Hallucinations

→ Pensée (discours) désorganisée


→ Comportements anormaux ou grossièrement désorganisés
→ Symptômes négatifs

Au moins deux critères sur les cinq. Au moins un des trois premiers.
Persistance des symptômes supérieure à 6 mois.

3 grands groupes de symptômes

Symptômes positifs (hallucinations, idées délirantes) [ce qu’ils ont en plus


des personnes normales, spécifique à la schizophrénie]

Symptômes négatifs (mutisme, repli social, isolement, anhédonie,


froideur…)

Désorganisation de la pensée, du langage, des émotions

+ troubles cognitifs = 90 % déficit dans au moins un domaine et 75 % dans au moins 2

Le trouble entraîne une altération des fonctions fondamentales, notamment


concernant l’identité (nom, prénom, nom des parents...), l’unicité, le rapport aux
autres, au monde…

Ex. l’idée que ses propres pensées, sentiments et actes les plus intimes sont connus ou
partagées avec les autres, que des forces naturelles ou surnaturelles influencent les
pensées

Sex ratio ? → Rapport homme/femme

Autant d’hommes que de femmes

Début des troubles ?

Fin de l’adolescence

Idem chez l’homme et la femme ?

Chapitre III 12
Hommes : 15-25 ans / Femmes : jusqu’à 30 ans

Fréquence du trouble ?

0,4 à 1,4 %

Durée de vie / à la population générale ?

- 20 % (82 ans à 66 ans)

Risque de suicide / population générale ?

x12
10 % des personnes souffrant de schizophrénie meurent par suicide
+ de 20 % font au moins une TS au cours de leur vie

Exemple cas clinique - Bruce

Schizophrénie : trouble le + stigmatisé et qui provoque le + de rejet (dangerosité,


folie…)

En comparaison avec 27 autres pays, la France fait

Un malade sur deux déclare souffrir de discrimination

50 % ont des difficultés à se faire des amis

43 % se sentent rejetés par certains membres de leur famille

29 % se sentent discriminés dans leur recherche d’emploi

Les proches aussi souffrent de discrimination

→ 1er idée reçue : Schizophrénie = violence

Image souvent véhiculée par les médias

Le risque d’être attaqué par un inconnu souffrant de schizophrénie est de


1/10 millions (autant que d’être frappé mortellement par la foudre!)

17 fois plus VICTIMES que les autres

Les sujets avec des troubles mentaux ont plus de comportements violents
mais ça s’observe seulement chez ceux qui ont une consommation
importante de toxique

Chapitre III 13
Avoir un trouble mental ne prédit pas en lui-même les comportements
violents.

→ 2e idée reçue : Schizophrénie = manque d’intelligence

De nombreux grands hommes atteints de schizophrénie

Exemple le + populaire : John Nash (1928) Mathématicien, prix Nobel


d’économie en 1994 (voir film un homme d’exception)
→ Par contre la schizophrénie peut entraines des déficits cognitifs =
symptôme du trouble et non un manque d’intelligence

Doit on annoncer le diagnostic à un patient schizophrène ?

→ Loi du 4 mars 2002 = obligation d’information du patient sur son troubles


→ Patients déprimés : les informations sur le diagnostic sont données
« systématiquement » ou » le plus souvent » par 82 % des praticiens, pour les
patients schizophrène le taux est de 3,5 %

Pourquoi autant de difficultés à l’annoncer ?

→ Trouble stigmatisé = crainte ca ait un effet défavorable sur le patient =


nécessité d’encadrer l’annonce par une info sur le trouble
→ Croyances erronées des thérapeutes : « vieilles » classifications : opposition
entre :

névrose = conscience de leur trouble


psychose = absence de conscience
→ Ce qui induit l’idée qu’ils ne peuvent pas comprendre.

Effets positifs à cette annonce :

→ Amélioration de la qualité de vie


→ Meilleure implication des patients dans le processus de soin : meilleure
observation, amélioration de l’alliance thérapeutique
→ Meilleur prévention des rechutes

Chapitre III 14
La conscience du trouble est un réel problème dans la schizophrénie

→ 2/3 ont une mauvaise conscience de leurs troubles = défaut d’insight


→ La schizophrénie est un trouble mental où les patients ont le moins conscience
de leurs troubles
Frein majeur à la prise en charge

Il n’y a pas que les patients qui ont « mauvaise réputation » beaucoup
d’idées fausses sur leur PEC :

→ Discuter les croyances et les voix rendrait + malade


→ Les schizophrènes ne sont pas assez structurés pour « raisonner »
→ Il est anxiogène de leur parler de leur maladie

Le patient est l’expert de ses troubles, comme pour toutes les pathologies
La pathologie à la mode ?

Le trouble bipolaire

Introduction

Trouble associé à beaucoup d’idées reçues (plutôt du registre de la


valorisation)

Forte médiatisation de ce trouble

Quel en sont les effets bénéfiques ?

→ Favorise « l’entrée » dans le soin

→ L’adhésion au fait que c’est une maladie

Quel sont les effets négatifs ?

→ Peut conduire à une certaine banalisation du trouble

→ A une non connaissance de la souffrance des personnes atteintes


→ Faible adhésion des patients à leur diagnostic chez les patients « non stars »
- entraver le travail d’acceptation

Signes

Chapitre III 15
Qu’est ce que c’est ?

→ Caractérisé par des altération de l’humeur


→ 4 phases possibles :

Phase maniaque

Phase hypomane

Phase euthymique

Phase dépressive

Phase maniaque

Critère A
Une période nettement délimitée durant laquelle l’humeur est élevée,
expansive ou irritable de façon anormale et persistante.

Avec une augmentation anormale et persistante de l'activité

Presque tous les jours

Pendant au moins une semaine

Critère B
Au cours de cette période, 3 signes (/7) doivent être présents avec une
intensité significative et représentant un changement notable par rapport au
comportement habituel.

Augmentation de l'estime de soi ou idée de grandeur

Réduction du besoin de sommeil (absence de fatigue ressentie malgré la


diminution du temps habituel de sommeil)

Plus grande communicabilité que d'habitude ou désir constant de parler

Fuite des idées ou sensations subjectives que les pensées défilent

Distractibilité rapportée ou observée

Augmentation de l'activité orientée vers un but (

Chapitre III 16
Augmentation de l’activité orientée vers un but (social, professionnel,…)
ou agitation psychomotrice (ex. activités sans objectifs)

Engagement excessif dans des activités à potentiel élevé de


conséquences dommageables (sport à risque, achats compulsifs…)

Critère C
Perturbation de l’humeur suffisamment grave pour entrainer une altération
marquée du fonctionnement professionnel ou des activités
sociales, et peut nécessiter une hospitalisation

Critère D
L’épisode n’est pas imputable aux effets d’une substance ou d’une autre
affection médicale

Phase hypomaniaque
→ Symptomatologie identique mais avec une intensité moindre

→ Absence d’altération importante du fonctionnement de l’individu (ex.


professionnelles, sociales)
→ Absence de conséquences importantes

Chapitre III 17
Différence manie et hypomanie

Phase dépressive

Signe 1
Humeur dépressive présente quasiment toute la journée, presque tous les
jours (ex. se sent vide, sans espoir), identifié par la personne elle même et/ou
par les autres

Signe 2
Diminution marquée de l’intérêt ou du plaisir pour toutes ou presque toutes
les activités quasiment toute la journée, presque tous les jours, signalé par la
personne et/ ou son entourage

Signe 3

Chapitre III 18
Perte ou gain de poids significatif en l’absence de régime (ex. modification
du poids excédant 5 % en un mois) ou diminution ou augmentation de
l’appétit presque tous les jours

Signe 4
Hypersomnie ou insomnie presque tous les jours

Signe 5
Agitation ou ralentissement presque tous les jours (constaté par les autres,
non limité à un sentiment subjectif)

Signe 6
Fatigue ou perte d’énergie presque tous les jours

Signe 7
Sentiment de dévalorisation ou de culpabilité excessive ou inappropriée (qui
peut être délirante), et cela presque tous les jours

La culpabilité ne doit pas se limiter au fait de se sentir coupable d’être


malade actuellement.

Signe 8
Diminution de l’aptitude à penser ou à se concentrer ou indécision, presque
tous les jours (signalé par la personne ou observé par les autres)

Signe 9
Pensées de mort récurrentes (ne se limitant pas à la peur de mourir) et/ou
idées suicidaires récurrentes sans plan précis et/ou tentative de suicide ou
plan précis pour se suicider.

Conclusion

Chapitre III 19
Prévalence

Sex ratio ? → Rapport homme/femme

Autant d’hommes que de femmes

Début des troubles ?

18-20 ans

Taux de suicide réussi ?

10 à 19 %

Chapitre III 20
Taux de TS ?

25 à 50 % selon les études

En comparaison à la population générale ?

15 %

Diagnostic

Grande hétérogénéité dans ces différentes phases en fonction des individus

Différents types :
→ Type 2 : Episodes hypomaniaques + Episodes dépressifs
→ Type 1 : Episode(s)
maniaque (s) (+/- hypomaniaque) + Episodes dépressifs

Difficultés à poser le diagnostic (surtout dès le premier épisode)


→ 10 ans de retard
→ passage par en moyenne 4,5 médecins avant de poser le diagnostic

Pourquoi ?

Problème de motif de consultation


Qui va consulter quand il se sent trop bien?

Problème de recueil de données

Quel thérapeute cherche les moments « où ca va bien » quand une personne


consulte pour un épisode dépressif?

Co-morbidité

Chapitre III 21
Les premières consultations ne concernent pas toujours la prise en
charge psychiatrique

Liens étroits avec la santé physique

En France, parmi les patients bipolaires:


→ 35% sont hypertendus (vs 12% )
→ 16% ont du diabète (vs 10%)
→ 25% ont un syndrome métabolique (vs 20%)

Partie 3 - Les troubles anxieux


L’anxiété

L’anxiété est une émotion caractérisée par l’ambiguïté de l’information ou par


l’incertitude (peur sans objet)

C’est l’anticipation d’une menace

Chapitre III 22
Conduit à un traitement sélectif de l’information → majoration du sentiment de
menace ou de danger

L’anxiété peut donc influencer l’évaluation cognitive de la situation et donc le


stress

Comme le stress elle est par nature «normale»

Elle devient pathologique lorsqu’elle est source de détresse pour l’individu qui ne
la contrôle plus (HAS, 2001).

Elle joue un rôle central dans les troubles anxieux

Les troubles anxieux

Un ensemble d’affections caractérisées par une anxiété excessive ou persistante,


entraînant une souffrance importante et entravant le fonctionnement de la vie
quotidienne.

2 fois + fréquents chez les femmes

15 et 30 ans

Chapitre III 23
Troubles anxieux généralisé TAG

Critère A
Anxiété et soucis excessifs survenant la plupart du temps durant au moins 6 mois
et touchant différents domaines

Critère B
La personne éprouve des difficultés à contrôler ses préoccupations

Critère C
L’anxiété et les soucis sont associés à 3 (ou +) des symptômes suivants : agitation
ou sensation d’être survolté/ à bout, fatigue, difficultés de concentration ou trous
de mémoire, irritabilité, tension musculaire, perturbation du sommeil

Critère D

Détresse significative et altération du fonctionnement

Critère E
Symptômes non imputables aux effets physiologiques d’une substance ou
affection médicale

Critère F
La perturbation n’est pas mieux expliquée par un autre trouble

Chapitre III 24
Attention, ça ne réduit pas au fait d’être une personne un peu inquiète

Il faut que l’inquiétude touche beaucoup de sphères de la vie, qu’elle devienne


obsédante, handicapante, intense, s’exprimant tous les jours, que ça limite la prise de
décision de l’individu qui ne parvient pas à lutter contre, et qu’elle génère des
symptômes physiques et/ou cognitifs.

Processus de maintien :
→ Intolérance à l’ incertitude les conduisant à rechercher constamment des
informations pour se rassurer et augmenter leur sentiment de contrôle, mais en
vain.
→ L’utilité de l’inquiétude = la croyance que s’inquiéter est utile et minimise le
risque de danger
→ phénomène inverse = majoration des situations de danger

Exemple cas clinique - Marie

Marie a 28 ans, elle vient consulter sous les conseils de ses


amis car elle serait selon eux « constamment inquiète ». Elle
est employée de mairie et travaille auprès d’enfants. A son
travail, elle a constamment peur de faire une erreur, d’oublier
un enfant ou de ne pas répondre parfaitement aux demandes
de l ’ institutrice. Elle est tellement mobilisée par ses
inquiétudes qu’elle en arrive à oublier les consignes de
l’enseignante concernant l’organisation de la journée. Elle est
épuisée lorsqu’elle finit le travail, ressent d’importantes
douleurs dans le cou, et se sent généralement incapable de
faire quoique ce soit.
Elle est très inquiète d’arriver en retard, elle arrive donc
généralement 1h à l’ avance. Elle a d’importantes difficultés à
dormir tous les jours où elle travaille, dominée par

Chapitre III 25
l’inquiétude de ne pas se lever à l’heure. Elle ressent une
importante boule dans le ventre les matins où elle travaille, et
ceci dès son réveil.
Ses inquiétudes sont également présentes avec ses amis, elle
se demande sans cesse l’intérêt et l’ amour que les gens ont
pour elle. Par exemple, elle ne supporte pas qu’un ami puisse
annuler au dernier moment, pour elle une annulation veut
forcément dire qu’on ne veut pas la voir. Elle est fréquemment
en conflit avec ses amis, et fait des crises de colère fréquentes.

Troubles obsessionnels compulsifs TOC

Critère A
Présence d’obsessions, de compulsions ou des deux

L’obsession = pensées ou images récurrentes et persistantes, qui s’imposent à


l’individu, qui entrainent une importante détresse, et face auxquels l’individu
tente de lutter, généralement en vain.

La compulsion = comportements répétitifs (ex. se laver) ou actes mentaux


(ex. compter) que l’individu se sent contraint de faire, en réponse à
l’obsession. Ce sont des tentatives excessives et/ou inappropriées visant à
diminuer la détresse, ou à empêcher un évènement ou une situation redoutés.

Critère B
Elles prennent un temps considérable et/ou génèrent une souffrance significative
et/ou une altération marquée du fonctionnement.

Critère C
Symptômes non imputables aux effets d’une substance

Critère D
Pas mieux expliqués par un autre trouble

Chapitre III 26
Une personne à l’idée obsédante d’être contaminée, qui s’impose à elle sans cesse
(l’obsession).

Cette idée la conduit à se laver sans cesse pour éviter d’être contaminée
(compulsion)

Différentes formes cliniques (souvent mixtes)


→ Les laveurs (rituels de lavage)
→ Les vérificateurs (vérifier qu’une porte est bien fermée, le gaz éteint…)
→ Les ruminateurs (rituels mentaux)
→ Les collectionneurs ou accumulateurs
→ ….

La phobie spécifique

Critère A
Peur ou anxiété intenses à propos d’un objet ou d’une situation spécifique

Critère B
L’objet ou la situation provoque presque toujours une peur ou une anxiété
immédiate

Critère C
L’objet ou la situation est activement évité

Critère D
La peur ou l’anxiété est disproportionnée par rapport au danger réel engendré par
l’objet ou la situation

Critère E
Générateur d’une souffrance significative ou d’une altération du fonctionnement
(social, prof,…)

Critère F
Le trouble n’est pas mieux expliqué par les symptômes d’un autre trouble mental

Attention, ça ne se réduit pas à avoir peur de quelque chose

Chapitre III 27
Il faut que ça soit intense, disproportionné, constant, incontrôlable, altérant la qualité
de vie de l’individu conduisant à des conduites d’évitement et cela malgré les
conséquences préjudiciables pour l’individu.

Ex. ne pas se rendre à un rdv important à l’étranger et se faire licencier à cause de sa


phobie de l’avion

La seule pensée, voire évocation de l’objet phobogène est suffisant pour générer de la
peur

Important de distinguer les « peurs communes » (araignées, souris, serpent, vide)


qui sont souvent peu ou pas invalidantes des phobies spécifiques qui sont
invalidantes

Exemple Cas Clinique - Mia

Mia a 29 ans. Elle vient consulter car elle souhaiterait


dépasser sa peur des piqures. Elle désire avec un enfant avec
son compagnon depuis 3 ans, mais s’y refuse à cause de cette
peur. Cela a d’ importantes conséquences sur son suivi
médical (vaccins non à jour limitant ses possibilités d’emploi,
problème de contraception…). Elle n’en parle jamais car elle
craint que les gens ne puissent pas la comprendre. Sa mère
considère d’ailleurs que « c’est de la mauvaise volonté ». Il y
a quelques semaines, elle l’a forcée à aller consulter un
médecin en lui mentant sur leur destination. Elle a alors fait
une importante crise d’angoisse lors de la consultation. Elle a
l’impression d’avoir toujours eu peur des piqures. Elle se
revoit en primaire se cacher sous la table de sa maitresse pour
ne pas subir de vaccin, vaccin qui lui a été malgré tout
administré de force, sous ses pleurs et les rires de ses
camarades de classe.

Chapitre III 28
La phobie sociale

Critère A
Peur ou anxiété d’une ou plusieurs situations sociales durant lesquelles le sujet est
exposé à l’éventuelle observation attentive d’autrui (interactions sociales,
performance, …)

Critère B
La personne craint d’agir ou de montrer des symptômes d’anxiété d’une façon qui
sera jugée négativement

Critère C
Les situations sociales provoquent presque toujours une peur ou une anxiété
intense

Critère D

Les situations sociales sont évitées ou subies avec une peur ou une anxiété
intenses

Critère E
La peur ou l’anxiété sont disproportionnées par rapport à la menace réelle

Critère F
La peur ou l’anxiété sont persistants (6 mois ou plus)

Critère G
Détresse ou une altération marquée du fonctionnement

Critère H
Les symptômes ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental, une
affection médicale ou une prise de substance

Ça ne réduit pas à être timide


Peur dans les situations sociales qui est très intense, constante, handicapante, la
personne est sans cesse dominée par la peur d’être jugée, conduisant à un évitement
des situations même si cela a d’importantes conséquences préjudiciables

Chapitre III 29
Exemple Cas Clinique - Jonathan

Jonathan a 19 ans. Il consulte pensant avoir une ereutophobie


(peur de rougir). Lorsqu’il est amené à discuter avec des gens
il dit « avoir d’un coup très chaud » et se sent « devenir tout
rouge ». Cette impression le conduit à écourter les échanges et
à s’enfuir. Il craint que les gens se rendent compte qu’il rougit
et se mettent à se moquer de lui. Il a du mal à comprendre sa
difficulté actuelle, d’autant plus que plus jeune, il était « un
leader ». A 17 ans, il se retrouve en rivalité avec un des jeunes
de son groupe d’amis puis commence à développer
l’impression d’être persécuté, se sent parfois suivi, craint que
les gens lui fassent du mal. A 18 ans il décide de quitter sa
ville natale pour « changer d’air ». Mais l’intégration dans le
sud s’avère très difficile, il a d’énormes difficultés à retrouver
des relations sociales, se sent très anxieux dans la rue, il a
l’impression que les gens ne cessent de le regarder. Lorsqu’il
entend des personnes rigoler il pense instantanément qu’on se
moque de lui. Même en consultation il a le regard fuyant, me
demande sans cesse s’il rougit, refuse de me serrer la main,
honteux d’avoir les mains moites.

Trouble de stress post-traumatique

Chapitre III 30
Critère A
Exposition à un évènement traumatique (mort effective, menace de mort, blessure
grave, violences sexuelles) d’une (ou de plusieurs) des façons suivantes :

En étant directement exposé à un ou ++ évènements traumatiques

En étant témoin direct d’un ou de ++ évènements traumatiques survenus à


d’autres personnes

En apprenant qu’un ou ++ évènements traumatiques sont arrivés à un proche

En étant exposé de manière répétée ou extrême aux caractéristiques aversives


de ou des évènements (ex. policiers)

Critère B

Présence d’un ou de ++ des symptômes suivants :

souvenirs répétitifs

rêves répétitifs

réactions dissociatives (ex. flashbacks) au cours desquelles l’individu se sent


ou agit comme la situation allaient se reproduire

détresse importante et/ou réactions physiologiques lors de l’exposition à des


indices rappelant l’évènement

Critère C
Evitement persistant des souvenirs, pensées ou sentiments liés à l’évènement ;
ainsi que des stimuli associés à l’évènement (ex. lieu, odeur, …)

Critère D
Altérations négatives des cognitions et de l’humeur, 2 ou plus des éléments
suivants : incapacité à se rappeler de certains aspects de l’évènement, croyances
négatives de manière persistantes sur soi ou le monde (ex. le monde est
dangereux, je suis faible,…), altération de la perception des causes ou des
conséquences de l’évènement (se blâme, blâme les autres,…), émotions négatives
(crainte, colère, etc…), réduction des activités et de l’intérêt pour les activités,
mise à distance des autres, incapacité à ressentir des émotions positives

Critère E

Chapitre III 31
Altération de la réactivité, 2 ou plus des éléments suivants : colère et irritabilité,
comportements impulsive ou auto destructeur, hypervigilance, sursauts, problème
de concentration, perturbation du sommeil

Critère F
Symptômes qui durent plus d’un mois

Critère G
Qui entrainent une souffrance marquée et une altération du fonctionnement

Critère H
Qui ne sont pas imputables aux effets d’une substance ou autre affection médicale

L’évènement traumatique génère:


→ Un sentiment d’arbitraire (perte de la maîtrise de sa vie)
→ De la culpabilité (tentative de trouver du sens)
→ Une rupture du sentiment d’appartenance (sentiment d’être différent)….

Exemple Cas Clinique - Martine

Martine a 42 ans. Elle a récemment était agressée par le chien


de son voisin. Elle ne comprend pas cette agression, se
demande ce qu’elle a pu faire pour que ce chien l’attaque. Elle
présente deux grosses morsures au niveau du bras et de la
cuisse, entrainant des dommages irréparables. Depuis son
agression, elle ne supporte plus de passer par cette rue, change
de trottoir dès qu’elle aperçoit un chien au loin, voire change
de direction. Elle limite au maximum ses sorties et doit
toujours être accompagnée. Elle vit dans l’inquiétude
constante de croiser un chien et de se faire de nouveau
agresser. Elle est devenue hypervigilante à la configuration
des pièces, analyse les endroits par lesquels un chien pourrait
passer.
Elle se réveille toutes les nuits, revivant son agression, sentant

Chapitre III 32
physiquement les dents de ce chien dans sa chair. Il lui arrive
que des images de l’agression lui revienne même en pleine
journée, elle s’isole alors et se met à pleurer.

Chapitre III 33

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