Connaissances Du Monde Contemporain
Connaissances Du Monde Contemporain
Connaissances Du Monde Contemporain
CULTURE ET CULTURES
1) La culture et ma culture
Il y a des choses qui unissent dans la culture, et des choses qui distinguent. Chacun fait des
choses originales, et acquiert des connaissances plus ou moins selon les gouts des personnes.
Ernest Renan affirme : « L’Homme peut s’arracher à son contexte, s’évader de la sphère
nationale, parler, penser et créer, sans témoigner aussi tôt de la totalité dont il émane ». Il
affirme l’autre face de la conception de la nation.
Ce sont les seuls à être moderne : Les droits de l’individu sont premiers. Ce sont les
droits affirmés de la DDHC.
1) Ils pensent donc à un être universel, ils sont donc marqués une approche messianiste
(C’est une pensée qui affirme qu’un système philosophique peut apporter le bonheur à
l’humanité toute entière).
On a vu s’affirmer de plus en plus l’idée qu’un groupe d’hommes avait la solution pour
tous les autres : démocratie libérale au 18ème siècle.
Idem en France avec le Prosélytisme Révolutionnaire (Personne qui repend sa pensée, ses
idées aux autres, afin de les faires adhérer).
2) L’autre forme de messianisme a été le colonialisme, par Robert Kipling qui parlait « du
fardeau de l’homme blanc » : La mission que se donnent les européens pour rependre la
civilisation, l’alphabétisation, l’école, la lutte contre l’esclavage.
3) La prise en charge par les américains à partir de 1918, par Wilson. Avec les 14 points de
Wilson, pour la 1ère fois, les Américains se donnent à eux même une vision universelle.
Wilson annonce que les Américains souhaitent fonder une nouvelle conception du monde
après la 1ère Guerre Mondiale. Il appelle par la suite à une SDN.
Après la fin de la Guerre Froide, en 1989, les Américains ont adopté une position qui semblait
se placer dans la lignée du Wilsonnisme. La Guerre qui a été menée contre l’Irak en
1991, a été menée au nom d’un principe qui voulait qu’un régime non démocratique ne
pouvait pas agir impunément. On avait le sentiment que la SDN a commencé d’exister qu’on
avait l’armée de l’ONU qui était une sorte de Police au sein d’une société mondiale.
Face à cela, l’UE a estimé que pour existe face aux USA, il ne fallait pas reprendre les vieux
thèmes nationalistes, mais se placer en super champion de l’universalisme libéral. Les
Européens ont décidé de devenir les modèles d’une construction pacifique, libérale, dans
lequel les droits des individus seraient poussés à un modèle unique.
2) L’internationale prolétarienne
Elle trouve ses racines par Karl Marx et Engels en 1864 dans « L’association internationale
des travailleurs » : La 1ère INTERNATIONALE.
Il s’agit de trouver une forme d’identité nationale, une autre forme d’unité. Marx veut fonder
sur autre chose que les Nations. Il va se référer à la solidarité de classe, le Prolétariat qui va
permettre de remplacer la solidarité des capitalistes par celle des prolétaires.
L’avènement d’une société du progrès, sera la société communiste, avec un monde sans
classe. La condition est que les prolétaires est une conscience de classe plus forte que la
conscience nationale.
A Terme, Marx pense à un monde universaliste, qui n’a rien à voir avec l’universalité
libérale (la liberté individuelle est primordiale). Pour Marx, surement pas car l’individualisme
génère l’égoïsme et empêche la cohésion, dissous les classes.
Marx considère que l’Homme a été arraché de ses liens qui tiennent à la nature humaine. Ce
que reproche Marx aux libéraux est de désaffilier l’individu, de le rendre seul. La seule
solidarité qui compte, est la solidarité économique.
La pensée marxiste n’est donc pas moderne, mais instaure un progressiste d’un autre genre.
Socialisme : La dimension sociale prime sur la liberté individuelle. Mais ce n’est pas un
retour à l’holisme.
Il y a donc un messianisme socialisme dès lors qu’on prétend avoir une solution au bonheur.
Les moyens ne sont pas du tout les mêmes :
- Pour le messianisme libéral : Liberté individuelle et confort, consommer, qui ne
peut exister qu’en comparant avec les autres.
- Pour Marx, il s’agit d’exalter le sens, la conscience de classe, l’appartenance à la
classe ouvrière.
Le problème est que cette conscience ne va pas de soi et que la volonté de fondre ses
intérêts personnels dans du collectif, ne pas de soi non plus.
Pour Trotski : « il faut en finir avec la fable papisto-quaker du caractère sacré de toute vie
humaine ».
Pour l’URSS : l’Homme est une dimension sociale et politique avant tout.
3) La réaction nationaliste
Cependant, en France, ce thème a été abandonné partiellement par la Gauche, alors que la
Droite qui était anti révolutionnaire s’est emparée de ce thème de la Nation. Pourquoi
cela ?
- L’affaire Dreyfus a été le moment où les Hommes de gauche, ont choisi de
défendre les droits de l’individu, contre les prérogatives des militaires (les droits
individuels contre l’Etat).
- Dans cette affaire, est-ce qu’on va prendre le risque de voir les institutions de
l’Etat (armée, justice), désavouées pour affirmer l’innocence d’un Homme, ou au
contraire préserver la nation au détriment d’un Homme ?
- A ce moment la, La Droite s’est emparé du thème, pour conserver le bien de la
Nation. Les droits du groupe passent avant les droits de l’individu.
Tout ceci a été une très grande victoire pour la Gauche, et donc pour la majorité des
Républicains.
En revanche, cela a été un coup d’arrêt net et définitif aux espoirs conservateurs, de voir
leur conception de la Nation l’emporter.
Charles Maurras a affirmé le Nationalisme Intégral : C’est bien sur une réaction contre les
droits individuels.
Cependant, dans les années 30, la presse nationaliste était encore forte. Le coup de grâce a
été porté par le régime de Vichy, car il les a restauré dans le contexte de l’occupation
allemande.
Ces nationalistes sont hostiles au principe de 1789. D’autre part, ils ne sont pas plus libéraux,
ni conservateurs.
Pour eux, la réalité suprême, c’est l’Etat, et lui seul a des droits = Forme de
totalitarisme. L’individu est assimilé à un groupe biologique ou racial. C’est donc un holisme
radical.
Toutes ces pensées ont été englouties dans la défaite de 1945, et le nationalisme semble donc
une pensée discréditée, car associée aux idéologies et aux deux guerres.
Et donc seules les visions internationalistes et universalistes semblent crédibles.
4) Le nationalisme progressiste ou le relativisme culturel contre
l’ethnocentrisme
a) La pensée de Lévi-Strauss
Dans cette conférence, il affirme d’une part que la notion de race n’a aucune valeur, que
les hommes sont tous les mêmes et qu’ils ne se différencient que par leur culture :
- Unité du genre humain
- Unité de l’être humain
- Mais des cultures différentes
Non seulement on ne peut pas hiérarchiser en fonction des races, mais on ne peut pas non plus
les hiérarchisé d’aucune façon. Les êtres humains ne sont pas non plus hiérarchisable, que les
groupes humains. On ne hiérarchise pas les cultures.
Ce qui a dérapé, c’est que les Européens étaient en avance, et donc faisaient avancer les
autres.
Jule Ferry disait : « Les races supérieurs ont des droits vis-à-vis des races inférieures. Je dis
qu’il y a des droits pour elles, parce qu’il y a des devoirs : elles ont le devoir de civiliser ».
Lévi-Strauss combat ces propos, en le condamnant d’ethno centrisme européen (le centre
est la référence). Cela a généré pour lui une oppression vers les autres : « Il y a seulement des
styles de vie particuliers, non transmissible, saisissable sous forme de production
concrète plutôt que de capacité virtuelle, et correspondant à des valeurs observables et
non pas à des vérités …. ».
Lévi Strauss récuse un aspect essentiel de la modernité : « Il ne faut pas ouvrir les autres à
la Raison, mais s’ouvrir soit même à la raison des autres » : C’est ce qu’on appelle le
relativisme culturel.
Il poursuit enfin se réflexion à l’ONU en affirmant qu’il faut l’équivalence des cultures. Il n’y
a pas de cultures supérieures à une autre, toutes sont équivalentes.
Certains auteurs ont fait remarquer qu’on risquait, dans le relativisme culturel, de
considérer comme sans valeur certaines affirmations de la modernité, comme la dignité
de tout être humain, et le respect de son corps.
L’assimilation (France) n’est pas la même chose que la logique d’intégration (USA).
La culture en France, c’est d’abord une façon de pensée commune, des références
communes qui sont proposées, imposées à des populations diverses, qui doivent fondre
dans une seule identité française.
La galaxie Gutenberg (1962) était une façon d’évoquer la façon dont le monde devait
fonctionner au plan de l’information, communication et donc de la culture :
- De l’imprimerie jusqu’en 1960, la communication était le livre.
- Depuis l’après guerre, ave l’essor de la TV, radio, cinéma, Mac Luhan considère
que l’écrit allait apparaitre désuet, car il n’avait pas la portée universelle de
l’image.
- L’émergence du média audiovisuelle allait contribuer à l’émergence d’un
village planétaire, ou va se conjuguer avec l’essor des moyens de transports, pour
rapprocher les hommes, physiquement, et être au courant des mêmes évènements.
- De plus, l’essor des NTIC, le monde du virtuel, de l’image, internet, non
seulement ont diffusé massivement les images, mais aussi permettent de
mettre en contact tout le monde, avec des horizons culturels différents.
Tout ceci contribue à accélérer l’idée qu’une culture mondiale est possible. On a donc
une synergie des acteurs et une synergie des techniques de communication, de moyen de
transports, dont la langue est en place (Anglais).
Ce qui est certains, c’est que les cadres nationaux semblent de moins en moins
pertinents, l’appartenance à telle ou telle nation, étant de moins en moins nomenclaturisée.
Sur la notion de citoyen : Elle suppose plusieurs choses. Un citoyen c’est quelqu’un
qui est sujet (étant consentant sur la loi, il se soumet à une loi qui n’a de poids que
dans la mesure où la communauté est consentante) et auteur du droit (car il consent par
le vote à la loi).
Tout ceci est dominée par la gouvernance :Des acteurs variés quant à leurs horizons
(économie, commerce, philosophie) très diversifiés sont en position d’exercer un pouvoir
institutionnels, qui ont des compétences variées, qui s’associent pour prendre des décisions,
notamment au plan métropolitain, et aussi dans un certains nombre de PED.
La Gouvernance associe des personnes élues à des gens qui n’ont pas de légitimités
démocratiques. Bien entendu la décision appartient aux élus, mais ils doivent tenir compte
des avis de ceux qui participent à la gouvernance.
La gouvernance pose donc le problème de la légitimité des autorités politiques, qui sont
finalement prise entre deux réalités :
- Ceux qui les ont élus.
- Et ceux qui participent à la gouvernance de la ville.
Cela associe donc la logique technocratique et démocratique, avec la montée en puissance des
technocrates.
En revanche la Nation s’est développée dans le monde entier. Des nations se sont
affirmées dans des espaces culturels qui les contestent :
- Indonésie, Malaisie, Pakistan, Turquie, Tunisie, Egypte : Nationalisme fort, leader
du monde musulman, sont la cible privilégiée des attentats car l’affirmation du
Nationalisme se fait au détriment de l’OUMNA (communauté des croyants
musulmans).
- La Mondialisation qui semblait avoir réalisé la mise en place d’une forme : La
Nation, a aussi généré le contraire : Une communauté globale des croyants, et
donc les nations elles-mêmes sont attaquées par des logiques culturelles mais
aussi commerciales.
Chateaubriand : « Que serait une société universelle, qui n’aurait point de pays
particulier ».
Aborder l’être humain sous l’angle de la personne est de l’approcher d’une façon différenciée.
L’être humain existe que par rapport à son groupe, car c’est le groupe qui donne la religion
dans la cité antique.
L’appartenance au groupe est fondamentale, mais avec ses différences, son côté unique.
La 1ère conséquence est que cela ouvre la porte à des classements entre les autres, des
hiérarchies entre les être : tel groupe, tel endroit.
La notion de personne génère des conflits .Elle sera conflictuelle si les être humains
estiment que c’est abusif d’être enfermé dans le même groupe (toujours paysan) :
- Pacifique en GB
- ou sanglante à la Révolution en France : 1 voix > 1 groupe vers 1 voix > 1 homme
Quand on parle d’un individu, selon Bergson « le corps vivant est un individu, et
d’aucun autre objet, on ne pourrait en dire autant ».
C’est d’abord une réalité biologique, un individu est un être vivant qui appartient à une
espèce humaine. Pas à l’origine de groupe sociaux, mais de parents humains : L’être humain
est capable de potentialités :
- De rechercher la vérité
- S’interroger sur ce qui est bien, la morale
- La recherche du beau, de l’art
- Aspiration à la liberté, je choisis…
Un individu en vaut ainsi un autre, qu’il réalise ou non ses potentialités. Nous somme tous à la
fois personne et individu.
La faille de la pensée individualiste est qu’on a du mal a accepté que des êtres humains
fassent passer avant tout leur appartenance culturelle, sociale, religieuse.
Une approche réaliste de l’être humain est une approche qui tient les deux réalités
ensemble (personnelle et individuelle).
L’époque moderne va de 1492 jusqu’au 26 aout 1789 (DDHC). Elle est moderne, car s’est
affirmée une nouvelle prétention : capacité de l’être humain à résonner et réfléchir par
lui-même.
Au cours de cette époque moderne, ces pensées sont devenues de plus en plus importantes et
ce sont épanouies au siècle des lumières du 18ème siècle, qui pousse loin cette réflexion :
- Montesquieu : Ce qu’il préfère c’est l’humanité par rapport à son propre pays.
- Contestation de l’approche holiste, les sociétés ne sont pas composées de
groupes essentiellement, mais de capacités communes de chacun.
La modernité est l’affirmation du sujet libre : JE et non NOUS.
Le christianisme apporte une révolution puisque être chrétien n’est pas du tout un
phénomène héréditaire :
- Il suffit de croire à Jésus mort et ressuscité.
Pour le christianisme, il s’agit de dire que l’être humain existait indépendamment de tel ou tel
groupe, de changer de religion.
Pendant plus de 1000 ans, l’Europe a été marqué par cette religion et qui a eu des
conséquences :
- Disparition de l’Europe au 7ème siècle
- Disparition de l’esclavage
Une Hérésie : C’est une affirmation contraire à ce que dit l’Eglise. Cette affirmation
vient de l’intérieur de l’Eglise :
- Des prêtres, des moines, intellectuels…
Il y a donc des mouvements qui s’expriment au nom de la liberté de réfléchir sur les
évangiles, les écrits, qui interprètent différemment.
Mais aucune des hérésies n’a triomphé, même 90 % du clergé qui était Arien.
Parmi ces hérésies, il y avait le manichéisme, qui affirmait les bons (spirituel) et les
mauvais. Ce manichéisme connait un regain de vigueur au 12ème siècle, avec l’hérésie de
Qatar (les purs).
Une nouvelle hérésie apparait au 16ème siècle, avec Martin Luther. C’est un moine qui est
choqué par le comportement d’autres clercs, et se révoltent contre les indulgences, en achetant
son salut éternel.
Luther a trouvé des appuis dans la société allemande. L’Eglise catholique perd le monopole
de la définition de ce qui est vrai. Il propose des petits groupes où chacun a une relation
avec Dieu qui ne soit pas contrôlé par l’Eglise. Chacun interprète la bible comme ils le
veulent.
En 1521, Luther traduit la bible en Allemand. Le protestantisme a ainsi éclaté, réfléchissant
par soi-même.
C’est avec la renaissance (16ème siècle), que l’individualisme philosophique qui couvait
au cœur de la chrétienté, prend son essor.
La Déclaration universelle des droits de l’Homme date de 1848. Composé de 29 articles dont
28 qui affirme des droits individuels :
- « L’individu a des devoirs envers la communauté dans laquelle seule le libre et
plein développement de sa personnalité est possible » : Cet article dit que
l’individu n’est rien sans communauté.
La Nation est un groupe humain qui a une conscience de son unité et aussi une volonté
de vivre ensemble.
Cette Nation constitue une réalité qui du fait de la conscience de l’unité et de la volonté de
vivre ensemble, prend des décisions qui rendent les être humains solidaires (liés entre
eux).
Une nation vis-à-vis des autres nations, est véritablement constituée lorsqu’elle aspire avoir
sa souveraineté reconnue.
La Nation est un groupe complexe. Il faut donc des catalyseurs, des éléments qui favorisent la
prise de conscience.
- Les Hussards Noirs de la République : Les instituteurs de la 3ème République : Ils menaient
un combat pour que les valeurs et les mythes de la République s’enracinent dans la
conscience des petits français.
Sieyès et les Révolutionnaires pensent que les groupes oppriment la liberté. Ils offrent donc la
liberté et l’égalité politique :
- La liberté sera de consentir aux lois, aux, règles, comme la DDHC.
- L’égalité politique.
La Nation comme l’individu est l’aboutissement d’un long passé d’efforts, de sacrifice et de
dévouement.
Une nation est une grande solidarité constituée par le sentiment des sacrifices qu’on a fait et
de ceux qu’on est disposé à faire encore.
Conclusion :
Aristote affirmait : « L’homme qui est dans l’incapacité d’être membre d’une communauté ou
qui n’en n’éprouve nullement le besoin parce qu’il se suffit à lui-même…est une brute ou un
dieu ».
Le développement économique est la mise en place d’un cycle productiviste, fondé sur le
capitalisme, avec l’innovation technologique, et une consommation de biens de plus en
plus diversifiés.
Le développement économique :
- Productivisme, consumérisme, techno scientisme
Ces principes à la base du développement économique seraient un levier sans force s’il ne
s’appuyait sur le travail des hommes et des femmes. C’est parce qu’il y a des Hommes qui
travaillent que l’ont peut produire.
Il est probable que l’ardeur du travail n’est guère naturelle chez l’Homme. Si on se
centre sur l’espace culturel de la méditerranée, le travail n’y a pas été valorisé
systématiquement.
Le travail est quelque chose dont on essaye de se dispenser chez les grecs = Civilisation
esclavagiste, qui ne valorise donc pas le travail socialement.
Dans la chrétienté médiévale, les gens qui travaillent sont au bas de l’échelle :
- Oratores
- Bellatores : Interdiction de travailler pour mieux finir les fins de mois.
- Laboratores
De plus, 150 jours chômés au 17ème siècle. L’idéal est d’être oisif ou guerrier.
Lorsque Marx commence à développer sa réflexion sur l’Histoire il faut une distinction
entre le vrai travail, et le travail aliéné par le capitalisme :
- Le travailleur est celui qui est exploité.
Donc on constate que le travail est loin d’être une valeur sociale univoque.
La question est de savoir comment est-ce que les occidentaux sont arrivés à faire du
travail une valeur sociale importante, pour s’y à donner ?
1) Les libéraux
La pensée libérale s’est développée au 18ème siècle avec Smith. Elle s’est développée dans
un contexte social marqué par la sclérose d’anciennes formes d’organisations sociales de
solidarité issues du moyen âge.
Comment affirmer qu’autour de l’intérêt général, que chacun a son rôle, que les travailleurs
sont des rouages qui ont une certaine valeur.
Pour Smith, l’intérêt général est la somme des intérêts particuliers. Chaque individu
cherchera son intérêt, son enrichissement, va contribuer à la prospérité de tous : Main
Invisible.
Les libéraux n’ont pas contribué à valorisé le travail. Il n’est qu’un moyen, mais permet
d’accéder à l’enrichissement.
2) Les socialistes
Travailler est nécessaire pour les libéraux, mais dévalorisé par la mécanisation.
Marx dénonce le travail aliéné. Il ne nie pas toute valeur au travail. Il a une valeur sociale
importante selon lui.
On parle du parti des travailleurs. Le travail favorise la conscience de classe. Par conséquent
le travail est aliéné, mais un levier révolutionnaire, et donc vecteur de l’avènement d’une
société idéale.
Simone Beauvoir affirme en 1949 dans Deuxième Sexe : « C’est par le travail que la
femme a en grande partie franchie la distance qui la séparait du mâle, c’est le travail qui
peut seul lui garantir une liberté concrète ».
1) Du désir au besoin
Baechler fait une analyse du besoin, et montre qu’il y a une grande différence entre
l’économie pré-moderne(conjuration des raretés, il ne faut manquer de rien d’essentiel, pas
de logique d’accumulation) et économie moderne (l’enrichissement devient un objectif :
Logique chrématistique).
Les besoins changent donc d’échelle, et vont devenir de plus en plus important. Ceci est
fondé sur la révolution moderne.
L’enrichissement devient une fin, un levier indispensable pour la société, car c’est dans
la mesure où tout le monde cherche à s’enrichir, que le take off a du sens.
La valorisation des aspirations individuelles a aussi une conséquence économique.
Enfin, il faut que les désirs ne restent pas des désirs. Ce qu’un groupe commence à avoir, il
faut que tout le monde l’ait, que cela devienne un besoin.
Le passage du désir au besoin est fondamental. L’individu doit stimuler ses désirs sans
limites (les besoins de l’homme sont limités, mais ses désirs sont illimités).
Dès lors que c’est un besoin, on va travailler pour. Le travail devient donc une valeur
incontournable.
Il y a eu des progrès techniques qui ont permis de satisfaire tous les besoins
primaires de la quasi-totalité de la population : Révolution Agricole et qui fait que
progressivement les pics de mortalité de famine disparaissent. Cela veut dire que
l’économie occidentale pourra dégager de la richesse qu’autre chose que la
consommation vitale.
L’expansion de désirs besoins peut être vue comme la conséquence d’un double
mouvement au plan social :
o Une soif croissance de biens matériels
o Baisse des aspirations spirituelles : Todd avec la baisse des pratiques
religieux dans le bassin parisien. Modification du classement social
(religieux, combattants...). La position sociale se définit de moins en moins
par la naissance, mais par un niveau d’aisance financière. Or, c’est le
travail qui impose cela.
Important :
Les désirs deviennent des besoins dès l’instant ou qu’on est dans une société égalitaire, et
donc moderne, où les individus ont les mêmes droits.
Cette notion de désir qui devient un besoin s’impose progressivement dès la fin du 17ème
siècle et 18ème siècle. Consommer autre chose que l’indispensable devient envisageable, et
valorise la personne dans la mesure où par la consommation de biens nouveaux, on peut
s’élever socialement, individuellement. Cet acte individuel est en conformité avec les valeurs
sociales de la personne.
Il est nécessaire de porter un regard sur la façon dont les différentes cultures conçoivent l’être
humain. Dans chaque culture, qu’est ce que la dignité de l’être humain, qu’est ce qui lui
permet de s’épanouir, d’être reconnu aux yeux des autres ? Dans quelle mesure le
travail contribue à la réalisation de soi ?
Ceci est donc la porte ouverte à la démarche scientifique. Cependant ce n’est pas une pensée
universelle.
a) Tradition grecque
Le rapport de l’homme à la nature : La civilisation grecque remonte au 10ème siècle avant JC.
- Ulysse : Il rencontre un peuple : les cyclopes. Il les méprise. Ils sont inférieurs,
incapables de réaliser par leur travail et leur industrie, ce qui est nécessaire pour se
nourrir. Ils comptent sur les Dieux.
b) Tradition biblique
Elle comporte aussi cette dimension d’un Homme qui s’élève en dominant, en étant le maitre.
Au tout début de la bible, dans la genèse, on trouve la mission des Hommes donné par Dieu :
- Emplissez la Terre et sous les Terres.
L’Homme a une mission de coopération avec Dieu. L’homme doit poursuivre le travail.
L’homme doit dominer et être celui qui organise, qui impose sa marque à toutes choses.
Invention en matière de navigation dès les 15-16 ème siècles, afin de traverser toutes les mers
du monde.
Les Européens ont développé des outils de connaissances du monde, et ont toujours
voulu imposer leur marque. Quand ils arrivent sur de nouvelles terres, ils constatent le
décalage en matière de technique, comme les Antilles en matière d’agriculture.
Pour Marx, une fois que les prolétaires ont réussi la révolution, on continuera à
travailler. C’est une valeur sociale mais aussi Humaniste, l’expression parfaite de
l’excellence de l’humanité.
Le développement de l’esprit scientifique n’est pas marqué d’un vide entre Archimède
(3ème siècle avant JC) et l’Encyclopédie au 10ème siècle.
4) BILAN
Et cela converge autour de l’idée que l’individu humain, par sa raison, son intelligence
par sa volonté de s’affirmer, de s’élever, est le grand acteur de ce développement du
travail et il le fait parce qu’il perçoit que c’est un moyen d’être reconnu socialement. Il y
a une désacralisation de la nature : Tout est observable, manipulable, triturable.
Le Tiers-Etat est une société comprenant 90-95% de la société française, avec majoritairement
des paysans. Il est très diversifié, et donc les conditions économiques du tiers état sont très
liées aux types d’activités économiques :
- Artisans
- Paysans
- Ouvriers
Les bourgeois ont un rôle économique et aspire à un rôle politique. Le mot bourgeois
vient du Moyen Age, c’est celui qui habite le bourg, un espace rempli de clochés, encerclé de
murailles. Ils sont tous travailleurs
D’où viennent-ils ? A quand remonte l’essor des villes ?
Tout cela instaure une paix relative dans les campagnes européennes, et s’accompagne donc
d’une prospérité qui se développe. Cela enrichit les campagnes, et donc l’ensemble de la
société, pendant 3 siècles de prospérité.
On voit un certain nombre de paysans qu’il faudrait penser à autre chose que la Terre,
et donc un 1er exode rural se manifeste, et donc les villes s’adonnent à des activités
commerçantes, manufacturières.
Il s’impose donc grâce à son savoir faire, l’entreprenariat, l’esprit d’entreprise. Il est
déjà le prototype de l’individu moderne, celui qui peut s’élever par son savoir faire, il ne
doit rien à personne. Il est riche et pas reconnu.
Socialement, il est très subalterne, il est méprisé et détesté, par les grands et aussi les paysans.
Pour les paysans, le bourgeois est considéré comme paresseux, puisqu’il ne produit rien,
puisque c’est un marchand. C’est donc un parasite. Il fait produire dans le monde rural, il
est donc peu estimé, car les produits fabriqués ne sont pas destinés au monde rural. Il
appartient à un autre monde.
Pour les élites aristocratiques, ces bourgeois sont des larbins, indispensables car ils
permettent au prince de procurer des produits de luxe. Ils sont au service des grands.
C’est un personnage mal perçu car appartient à aucun des mondes dominant
Il faut donc trouver les moyens de s’affirmer et donc peser sur le jeu politique :
- En se dotant de forces militaires et de prêter la milice à tel ou tel prince. Ces force
militaires communales s’associent entre elles, et va permettre de garantir leur
indépendance, avec une logique d’autonomie.
- Obtenir des princes, des libertés. Le Roi peut reconnaitre un certain nombre
d’avantage, ce qui permet au bourgeois de s’allier au pouvoir monarchique
(privilège fiscal).
- Les Rois cherchent à renforcer leur armée, il faut donc de l’argent, et donc ils
demandent aux villes. Les bourgeois pèsent donc sur la politique.
- Les villes ont besoin de continuer cette logique d’enrichissement.
Les villes posent donc les bases d’un capitalisme qui dépasse très largement les besoins de
subsistance des campagnes.
Cependant la position sociale n’est pas seulement l’affaire de puissances militaires, mais
surtout la question de valeurs, celui qui a les valeurs les plus fortes de la société.
A partir du 16ème, la bourgeoisie applique le principe suivant : « Qui voit ses principes
adoptés par l’ensemble de la société, voit ses pouvoirs s’affirmer ». L’économie n’est
donc qu’un moyen, c’est donc plutôt un combat d’idées.
Pour la 1ère fois a été reconnu les valeurs bourgeoises, et pour la 1ère fois, le bourgeois est
devenu la figure de référence, accéder à une position sociale supérieure.
Les élites bourgeoises ont été incitées à travers l’Europe, à se convertir au protestantisme pour
voir leurs valeurs reconnues.
3 freins :
Le pauvre est celui dont Dieu prend Soin. Il faut donc d’occupe des pauvres.
Ces grandes inégalités génèrent une mauvaise conscience.
Les USA sont un pays qui ignore dès le départ ces 3 freins :
- Tradition Aristocratique
- Complexe de l’argent
- Défiance vis-à-vis du pauvre
Les Américains sont des émigrants pauvres, et en arrivant sur place, ils ont voulu s’enrichir.
Ce sont des individus qui ignorent tout de l’aristocratie. Il n’y a qu’une valeur : Le
travail.
Par ailleurs, la société créée au 17ème siècle ignore et refuse toute hiérarchie ecclésiastique.
C’est un monde qui n’est pas fondé sur la notion de hiérarchie. La seule référence est la
bible. Il n’y a aucune mauvaise conscience de s’enrichir : Dieu bénit le travail.
A partir de l’indépendance Américaine, entre 1776 jusqu’en 1864 (fin guerre sécession), les
Américains franchissent les étapes qui les amène à devenir le leader industriel dans le
monde.
L’influence économique, politique, philosophique et militaire ne cesse de se rependre.
Influence augmentée pendant les 2 guerres mondiales.
Aujourd’hui, politique sur le pouvoir d’achat. Même la sphère publique et politique est
englobée dans ce système de référence.
La situation ne peut pas se résoudre, car la démocratie dans la longue durée s’appuyer sur
deux principes : Egalité et liberté :
- La liberté se développé naturellement.
- Pour l’égalité cela n’est pas naturel, car il faut une intervention correctrice
permanente, en raison de personnes + malins, + actifs.
La démocratie ne peut fonctionner que si on accélère fort (liberté) mais si on freine aussi
en même temps (égalité).
Finalement cette réalité souligne que le capitalisme est en phase avec la modernité avec
certains points, et en contraste avec d’autre :
- Pour Tocqueville, la démocratie allait de paire avec l’égalisation des conditions.
- En 2008, Krugman se penchait sur une de ces contradictions, et donc que depuis
les années 80, les USA qui se présentent comme la plus vieille démocratie, a
cessé d’être le paradis des classes moyennes (le lieu où se comblent les
inégalités). Si la démocratie génère le capitalisme, le capitalisme n’est pas
toujours un vecteur de démocratie.
Quelles peuvent être les rôles d’un Etat, étant donné qu’on ne peut pas reproduire les Etats
égalitaires, que peut-il faire ?
1) Progrès et progressisme
La notion de progrès est moderne, qui a été élaborée par une civilisation qui pensait
l’universel.
Il faut s’interroger sur que ce serait les critères occidentaux d’un progrès :
- Pour les occidentaux, le progrès se fait quand on s’affranchi de l’état de
nature ou de barbarie, l’homme fonctionne moins de façon spontanée, intuitive,
capable d’aller dans le sens d’une maitrise des instincts primaire.
Le progrès part d’un point de départ, pour aller à un terme idéal : C’est une conception
orientée de l’Histoire :
- Sartre dit : « La notion classique de progrès … suppose une ascension qui
rapproche indéfiniment d’un terme idéal ».
Le progressiste authentique est quelqu’un qui part principe pense que l’avenir apporte
le meilleur. C’est un optimiste. Le simple fait de changer est bon, même si rien ne change.
Dans le siècle des lumières, Ils proposent de penser une histoire qui va rester orienté
vers un terme idéal, mais sans s’appuyer vers la conception judéo chrétienne.
Les Progressistes considèrent que Dieu n’est pas le point de départ de l’Histoire
humaine. Ils proposent l’évolutionnisme, avec Darwin. L’être humain ne vient pas du
Saint, mais vient de mutations successives d’espèces, et c’est donc une amélioration constante
des espèces, et finalement l’humanité apparait déjà progressiste (amélioration constante).
Cette pensée corole avec le Positivisme d’A.Comte qui affirme que l’humanité est
engagée dans un perfectionnement constant. Le progrès est donc la loi de l’humanité :
- De la théologie (dieu), militaire (puissance), positif et industriel.
La fin parfaite n’est pas du ressors de Dieu, mais de l’Homme, et il mue par sa raison,
plutôt que par ses croyances, ou sa force.
Dès qu’apparait l’idée d’un progressiste non religieux, il est associé à l’idée de l’échange et
du commerce, car Montesquieu dit que le commerce est la profession de gens égaux :
- Car le commerce est un échange égal et pacifique,
- Alors que la logique guerrière est fondée sur une logique d’inégalité, de
commandement.
Marx voit la lutte des classes, une paix puisqu’il y aura égalité, mais pas de liberté ni de
commerce.
Le système totalitaire est donc rigide, pas adaptable. Il est donc révolutionnaire, on rase
pour recommencer.
Sa force :
- L’excellence théorique de la construction.
- Il n’est pas exclusivement théorique, il s’appuie sur le pointage de réalités.
Le principe de réalité n’est pas important, ce qui compte c’est la supposé perfection du
système.
Au nom d’un système à venir parfait, on s’attaque à des hommes présents convenables.
Et plus le système apparait admirable dans sa fin, plus il est légitime de tuer des
hommes.
1) Du progressisme en général
Pour Simone Weil la qualité de construction sociale est liée à la capacité des hommes à ce qui
a été réalisé.
Lorsque la guerre froid s’est terminée, un certain nombre d’auteurs se sont demandés qu’est-
ce qu’on allait mettre en place, d’où la notion d’un « nouvel ordre mondial ».
Dès 1765, John Adams considère l’établissement de l’Amérique comme le début d’un
grand dessin de la providence en vue de l’illumination et de l’émancipation de tous les
opprimés de la Terre.
- La démocratie libérale reste la seule aspiration politique qui relie des Hommes, et
pas forcément des régions et cultures.
- « Le succès de la politique et de l’économie libérale, repose fréquemment, sur des
formes irrationnelles de reconnaissance que le libéralisme était précisément
supposé dépassé. Pour que la démocratie fonctionne, les citoyens ont besoin de
développer une fierté irrationnelle ».
- Quand le système essaye de prendre les moyens de s’imposer, il est à nouveau
confronter à l’hostilité et aux échecs (USA en Irak…avec l’explosion des haines
entre religions, alors qu’avant c’était la paix).
Chacun veut être égal l’un à l’autre, mais chacun veut avoir sa fierté, ses avantages par
rapport aux autres.
Commerce génère embargo….
Liberté politique ne s’impose pas (Irak)
Il reste donc que la paix. Ne serait donc un progrès, que si ont travaillait à une société
universellement pacifique.
La construction européenne est le signe que la paix est possible dans un espace
historiquement conflictuel.
Les Européens ont abandonné la logique Hobbesienne qu’il fallait un Etat pour réguler
tout, un gendarme pour réguler les relations entre les sociétés.
Ils ont préféré un Droit International, et les Européens ont constaté qu’ils étaient les seuls à
vouloir renoncer à la logique Hobbesienne. Ils ont franchit un seul, une étape dans le sens
du progrès, puisque la paix semble être la chose incontestablement bonne à rechercher.
Clausewitz « De la guerre », exprime dans cet ouvrage, que la guerre est la poursuite de la
politique par d’autres moyens. C’est un acte de violence destiné à contraindre l’adversaire
à faire notre volonté :
- Les Européens ont non seulement refuser cela, mais aussi de se désarmer. Cela
n’est pas nouveau.
Lorsque la crise éclate en 90, avec la Yougoslavie, les dirigeants politiques européens
n’arrivent pas à trouver une solution.
Au bout du compte, dans les populations, il y a une très vive conscience de ce qu’une
guerre pourrait faire perdre et donc l’usage de la force militaire apparait risqué :
- Soit le risque de pertes humaines
- Soit le risque de voir les sociétés européennes d’être intervenues dans tel ou tel
conflit.
Cela révèle la sacralisation de la vie humaine, et la difficulté des européens à rendre leur
progressisme crédible.
- 350 000 personnes par jour pour que la planète aille mieux. Retirer les nuisibles :
Cousteau (Eugénisme).
- Le totalitarisme peut s’instaurer dans le sens ou le discours va être plus fort que les faits : A
force de répéter les mêmes discours, on arrivera à provoquer une lobotomisation des
individus, bien que cela défie l’entendement.
L’Etat doit disposer d’une administration, qui assure une fonction publique. Elle est
assumée par des individus nommés par l’Etat, l’Administration.
La notion est légitimité est la notion la plus importante. Une autorité a comme attribut
la légitimité. Cela n’est pas la légalité. Une loi peut être légale, mais pas légitimé.
- Il y une notion de justice et de morale dans la légitimité. 3 points :
1) L’exemplarité
Une autorité n’est donc pas légitime si elle se sert elle-même, si son objectif est de se
maintenir en place.
L’exemplarité est résumée par Veil dans l’enracinement : Il faut qu’il soit connu que ceux
qui commandent obéissent de leurs côtés. Il faut que toute hiérarchie soit orientée vers un but
dont la valeur et même la grandeur soit sentie de tous du plus haut au plus bas.
Tout ce qui tend à mettre une personne chargée d’une fonction autorité, la personne ne
se met pas au dessus des lois (corruption, manipulation, népotisme). Tout ceci est donc
contraire à l’exemplarité.
Si les autorités publiques ne respectent pas les règles communes, on est donc dans un cas
d’illégitimité.
2) La défense du bien commun et de l’intérêt général selon le principe de
subsidiarité
L’intérêt général est tout simplement ce qui correspond aux biens du groupe social en tant que
groupe. La nation garde sa cohésion de groupe que s’il y a des choses qui font lien, et non
une simple juxtaposition de personnes.
L’Etat est responsable de veiller à ce que le groupe reste un groupe. Dans l’intérêt
général, il y a donc des lois qui imposent une limite à la liberté de chacun.
L’intérêt général n’est pas la somme des intérêts particuliers, car on ferait aussi la
somme des conflits que les intérêts génèrent. Et donc il n’y aurait pas de cohérence
sociale, et donc pas de groupe. Mais l’intérêt général, n’exclut pas non plus les intérêts
particuliers.
13ème siècle, un Roi, Saint Louis, était fort populaire, légitime, mais il n’a jamais été élu.
L’élection n’est donc pas condition de la légitimité, mais cela peut être un outil pertinent.
De même, il y a des chefs d’Etats élus qui ne sont pas légitimes : Hitler.
L’élection est une des manifestations de la légitimité, mais ce n’est pas la seule.
De Gaulle fournit une très belle synthèse de ces propos dans le discours de Bayeux :
- Les pouvoirs publics ne valent en fait et en droits (ils sont légitimes) que si ils
s’accordent avec l’intérêt supérieur du pays (intérêt général) et si il repose sur
l’adhésion confiante des citoyens : les 3 points…
Cela a été évoqué durant l’affaire Dreyfus en 1898, dans laquelle il y avait deux choses :
- Les droits du capitaine Dreyfus injustement accusé.
- L’intérêt supérieur des institutions du pays : l’armée compromise dans la
fabrication du faux, et du Président de la République, sympathisant avec les
autorités militaires.
C’est une étape décisive dans l’affirmation de la modernité politique.
Par la suite, la DDHC, privilégie les droits individuels, seul l’article 29 privilégie la
communauté.
Cette tendance a été qualifiée de post modernité, en privilégiant les individus, au détriment de
la cohésion, contribuant à renforcer le chacun pour soi.
L’Etat moderne est donc confrontés à ces difficultés structurelles, et il ne peut en aucune
façon utiliser systématiquement la répression faxe aux intérêts de chacun. Il ne peut pas
comme il le souhaiterait, être coercitif, sous peine de voir sa légitimité baisser.
Hobbes parle de l’idée que l’être humain venant au monde est démuni. Cet Etat de nature,
l’être humain arrivant au monde, est solitaire, pauvre, brutal, méchant et limité.
Les être humains dans l’Etat de nature sont renvoyés à leurs limites individuelles pénibles à
porter. D’où « l’homme est un loup pour l’homme », c’est la loi de la jungle pour tous.
Face à cela, Hobbes constate que les hommes se sont dotés d’autorités politiques. Mais ils
utilisent la violence à leurs propres profits. Il propose donc que l’Etat ne doit pas être à la
main du plus fort, il doit être un arbitre neutre au dessus de tous les autres hommes, et
en même temps une souveraineté dans la définition de la loi commune. L’arbitre doit
être impartial.
La vérité pour Hobbes est très relative, il n’y a pas de vérité absolue qui pourrait rassembler
tout le monde, donc ce serait exercer le pouvoir contre un autre. L’Etat n’est pas la pour
dire ce qu’il pense, mais juste à dire les règles du jeu, et ne pas avoir de camp.
La loi limite les nuisances de l’état de nature. L’Etat peut être considéré comme moderne,
car le but de cet Etat est le bonheur des individus.
Comment va-t-il faire pour rester arbitre, et ne pas soutenir tel ou tel camp ? D’où
l’importance de la distinction entre la sphère publique et privée.
La sphère publique est le monde commun. Ce sont des références politiques, des symboles
communs.
La sphère privée : Des réalités qui sont particulières à des groupes d’individus qui font partie
de la société, pour participer au débat.
Ces individus dans la société sont en même temps concernés par la sphère publique et
privée (vie familiale, professionnelle, associative, religieuse).
- La sphère privée est marquée par des conflits d’intérêts, mais au sein même de chaque
famille, les principes familiales ne sont pas les mêmes, avec des codes différents.
- La sphère publique est la pour permettre ou des gens ou tout oppose, à un lieu, un
échange commun. On laissera les codes familiaux particuliers, et on adoptera les codes
communs.
L’Etat est responsable de faire exister une séparation entre les deux sphères. Il doit aussi
être garant de la pérennité de la sphère publique.
- Ce monde commun ne peut exister que si tous les individus ont conscience qu’il n’est
pas plus ou moins déguisé d’une des composantes de la sphère privée :
- Si des intérêts économiques influent et rentrent dans la sphère publique pour faire
pénétrer leurs valeurs, principes, références, beaucoup ne vont plus vouloir y
participer.
-L’Etat ne doit pas non plus massivement investir la sphère privée. Car les individus
membres de la sphère privée, se sentent écrasé, et par conséquent une hostilité croissante
envers l’Etat
b) Le principe électif
Le vote est marqué par le principe majoritaire. Il n’est pas un pis-aller, parce que le
contraire sera l’unanimité, le consensus. A ce stade de la politique, il ne peut pas être un
bon principe, car cela met fin au débat.
La véritable démocratie suppose que le débat reste ouvert. En revanche, il faut garder
l’ouverture à l’alternance.
La question qui se pose est celle du débat. Quel débat est possible à l’échelle globale ?
Pour qu’un débat soit possible, il faut un langage commun, des références communes, et qu’il
soit libre et égal, et pas obsédé par la logique de consensus.
Il y a un consensus en Europe sur le thème des droits de l’homme. Est-ce que les droits de
l’homme relient les individus marqués par une aspiration privée ?
- Pour faire un monde commun, il faut des choses collectives en commun
- Les démocraties européennes sont marquées par des valeurs très différentes :
o Monarchies
o République
o Laïcité ouverte
o Vigilance face à telle ou telle religion
o Culture libérale, ou égalitaire
- Le monde commun, entre pays de droits de l’homme, ne va donc pas de soi
finalement.
Les droits de l’homme ont donc un caractère anti politique (Manent) : Les droits de l’homme
visent à limiter les prérogatives du pouvoir monarchique absolu.
Les droits de l’homme sont donc indispensable pour veiller au respect des droits
individuels, mais ne sont pas un lien collectif, et si c’est le seul élément de lien entre les
pays, ce sera finalement un élément d’éclatement.
La notion de citoyen du monde est finalement un non sens, car il n’y a rien d’acquis.
Les DH ne constituent pas une politique, mais doivent inspirer les choix politiques.