Intro Aì La Science Politique 1

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R.

BOURDIN

Introduction à la science politique et histoire des idées politiques

Ordre politique ? comment se fonde-t-il ?


 Polis (cité)
Loi, transgression, sanction
 Modèles d’ordre ; paradigmes (cf Platon) ; historicité des ordres politiques
Paradigme : est paradigme ce que l’on montre à titre d’exemple, ce à quoi on se réfère
comme à ce qui exemplifie une règle et peut donc servir de modèle.
 « Qu’est-ce qu’un ordre politique ? » Ligne directrice, qu° capitale
 Genèse, formation ordre politique ?

 Cours de philo politique à travers l’histoire des idées politiques

 De Platon jusqu’à aujd

 Ancien régime : structure, ordre


1789 : disparition, reconstruire
 Sociologie politique+ philosophie politique= science politique

 Qu° implique pluridisciplinarité : croisement x disciplines (histoire, droit, sociologie,


philosophie politique, économie)

 Autre dimension : religion (toute civilisation entretient un rapport à la religion, au


sacré)
≠ phénomène humain
Modèles, paradigmes (Europe/monde occidental : judaïsme, christianisme= profondément
marqué nos civilisations, donc notre ordre politique)
Athéisme né avec l’avènement des religions
= théologie
= qu° théologique indispensable (grecs+)
= Hobbes, Spinoza (au cœur de la question de la tolérance religieuse), refondation entre
éthique et théologie politique
= politique est une question théologique et philosophique

 Platon, Aristote : sources grecques


 Sources bibliques : civilisation européenne-occidentale
 2 sources de la civilisation : Athènes, Jérusalem.
 3ème source+ : paradigme Romain (rapport au monde : juridique)
 Droit : science de l’ordre
 Dualité des pouvoirs spirituels et temporels (4ème siècle ap JC)
 Romains (au sens d’Empire Romain d’Orient jusqu’en 1453)
 Rome byzantine marquée par l’avènement du christianisme (H : animal politique ET
spirituel)
R. BOURDIN
 Fin d’un ordre politique et fin d’un ordre spirituel (église, eclesia)
Méthode d’évaluation :
- Dissertation OU commentaire de texte (3h)

Littérature première : grands classiques

Bibliographie sélective (littérature secondaire) :


- Condition de l’homme moderne, H. Arendt
- (Manuel d’histoire des idées) Histoire des idées politiques (2 volumes), Philippe
Nemo
- Jean-Jacques Chevalier (ancien, 79) (-)

 Grandes philo politiques liées à des grds moments de crises (≠ maladie ; moment
critique qui fait appel à une reprise, un ressaisissement ; positif)
 Grèce Antique (Athènes) : expérience de 2 siècles de démocratie, achevée par son
délitement
 Fin empire romain : crise, fin d’une forme politique
Christianisme : rôle unificateur, recomposition sous forme chrétienne
 Augustin (théologien chrétien 4-5ème siècles) : à la jointure entre Rome païenne et
Rome chrétienne, La Cité de Dieu
 M-Â : Thomas d’Aquin (13ème siècle), théologien qui va se réapproprier Aristote (va
christianiser Aristote).
Comment être chrétien tout en étant soucieux d’une raison politique ?
 Idéal (Platon) et vision réaliste (Aristote)
 16ème siècle : Europe conquiert le monde, grandes réformes protestantes
 Fil conducteur : concept de nature
Selon Chrétiens : nature humaine est à sauver, péchés
Aristote : vision optimiste (≠Platon, pessimiste)
 Changement statut religion= conséquence compréhension de la politique
 Moments de crises sont moments de nœuds
 Ordre politique : définition dépend du contexte historique, donc multiples modèles
 Idée commune que l’H n’évite pas sa condition politique (Aristote : H, animal
politique, c’est dans son être profond ; Hobbes, H devient un animal politique)
 Monde technicisé
 Est-il encore nécessaire que l’H soit un animal politique ?
 H a-t-il cessé d’être le propre de lui-même ?
 Il existe toutefois des continuités (humanité)
 Comment vivre ensemble ? Et comment vivre bien ? (qu° ordre politique)
Qu° philosophique et politique
R. BOURDIN

1er CHAPITRE : Les sources grecques et bibliques de la genèse de


l’ordre politique

a) PLATON
 Platon (et Aristote) : pensée de Socrate
 Débuts de la philosophie, début de l’étonnement (expression de l’attitude
philosophique) ≠ attitude technicienne
 Platon : création de l’Académie (formation d’une élite à la philo)
 Œuvres de philo politique :
- La République (+)
- La politique
- Les lois
 Lettre 7 : s’explique sur son rapport entre philosophie (stricto sensu) et politique
 Philosophie/politique : indissociable
 Fondement pose qu° de vérité
Tentation politique : recherche autonomie
 Tiraillé entre besoin de fondement/ ne pas tomber dans piège d’un fondement
tyrannique
 Il n’y a pas de politique sans fondement philosophique voire même métaphysique
(philo+ métaphysique étroitement liées)
 Platon : souci complexe d’une circulation entre qu° politique et celle
philo/métaphysique
 Ambivalence platonicienne :
- s’oppose à la démagogie tyrannique
-risque d’inventer lui-même une tyrannie de l’idée

COURS DU 25.09.17

Platon, philosophe de l’idée. (cf Hegel : idéalisme allemand), quête de l’idée directrice,
notion étalon ; fondateur d’une cité idéale, d’une polis parfaite.
Cité harmonieuse= H ne doivent pas penser à leur î privé, idée communiste (cf Marx).
Philo qui combat la démocratie (triomphe du sophisme), et pense à une totalité politique
(totalité= totalitarisme).
Tyrannie : triomphe d’un démagogue.

 Tension philo/politique : Platon ne veut pas livrer à elle-même la politique.


 Pas autonomie complète de la politique v-à-v philo : csqce sur gvt, sur polis idéal, on
ne peut pas ê responsable pol si ne sait pas ce que c’est que le politique.
Pr lui, celui à même de gouverner la cité idéale c’est le philosophe.
Le savoir commande, conditionne l’action. Pas de séparation entre champ de l’act° et
champ du savoir.
Cf Max Weber : distinguer savant et politique. Il faut choisir car bien distinct.
Celui qui agit, c’est celui qui sait.
Les 2 thèses ont leur part de vérité :
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Platon : si responsable pol ignorant, il va devenir technicien (« gouvernance », pas
d’étymologie grecque/latine). Savoir purement opératoire. Sans savoir fondamental, le
politique n’est pas dans la finalité de l’act° de gouverner.
Platon propose l’Académie.

 Projet d’une cité idéale de Platon ≠ idée de démocratie.


Démocratie= règne de l’opinion. Le média façonne l’opinion. Le journaliste a un rapport à la
vérité de faits.
Rapport faux au réel selon Platon.

Idée qu’il va développer dans La République (LR).

 LR : 10 livres.
- Qu° de la justice
- Qu° des régimes (qui permettent ou non la justice)
- Ccl : immortalité de l’âme.

 La justice : pq fondamentale ?
Elle va engager notre rapport au réel. Vérification dans dialogue de Socrate avec sophistes :
qu’est-ce qui fait le désaccord ? d’un côté, pensée que justice relative, système de
convention, dépend situation, repose sur aucune norme, défendre l’î du + fort, jamais définir
un concept normatif de justice (sophistes). Platon : norme absolue.
Qu’est-ce que la justice ? nécessité d’avoir une conception normative de la justice.
La justice n’est pas qu’une affaire de convention, il ne faut pas seulement paraître juste.
D’un côté, apparence du réel, de l’autre, vrai réel (vérité).
Pas de déf juste de la justice sans justice déterminée par le bien.
On passe du paraître à l’ê, du « faux réel » au « vrai réel ».
Réel de l’op°= apparence
Réel de vérité= vrai.
Démarche socratique= maïeutique (faire accoucher les esprits).
Justice, pas d’abord un concept, mais étonnement de ce qui est. Je suis habité par idée du
bien. Comment comprendre justice si j’ignore que je suis habité par la recherche du bien ?

Justice, concept qui requiert d’aller fouiller au fond de soi-même pour savoir ce que l’on
cherche. Qu’est-ce justice en soi ? d’abord comprendre que le bien est désirable en soi.
Quasi révélation religieuse.
Permettre à Platon de continuer sa réflexion : la justice au cœur de chacun de nous, et la
justice au cœur de la cité. Les 2 sont inséparables. Comment peut-il y avoir justice
collective s’il n’y en a pas de l’intérieur de nous-mêmes en tant qu’ind ?
Justice de l’âme/justice de la polis= liées.
La beauté de l’âme requiert qu’il y est rapport harmonieux avec ns-mêmes.
Harmonie, signification éthique, d’où importance de la justice.
Platon insiste sur justice ds ind pr qu’il y est justice ds la cité.
Pr lui, hiérarchie des âmes : tt le monde n’a pas la même constitution donc tt le monde n’est
pas fait pr gouverner.
Se vérifie par : division du W (sociologie des tâches) puisque nous n’avons pas ts mêmes
dispositions d’âmes.
R. BOURDIN
Tt être humain habité par des vertus, mais pas de même niveau= hiérarchie.
Théorie des vertus :
- Vertu première, architechtonique : sagesse (subordination complète du politique à
son fondement philosophie). Sagesse pratique (phrolésis : pudence ; sagesse de l’H
qui gouverne) dépend de la sagesse théorique (contemplation). Celui qui est habité
par sagesse, c’est philosophe => Gardien de l’Etat (ceux qui dispose de cette vertu
très élitiste).
- 2ème vertu : courage. Qui en a besoin ? C’est ceux qui doivent défendre l’Etat, la polis :
les militaires. Habités en eux-mêmes par cette vertu de courage. Cette vertu passe
après, militaires sont auxiliaires du politique, ne doivent pas se mêler de la politique.
- 3ème vertu qui rassemble gouvernants/gouvernés : tempérance. Zone inférieure de
l’âme humaine, celle qui a pr vertu de savoir obéir puisque ds toute cité, hiérarchie
des dispositions de nature (ceux qui sont aptes au gvt, ceux qui défendent cité, ceux
qui ont « appris » à savoir ê gouverné). Avoir une disposition d’âme docile. Cx qui
sont tempérants, ils le sont d’autant + dans la communauté pol car ils le sont en eux-
mêmes, appris à maîtriser leurs passions. Etres gouvernés : ê chez qui la raison a su
prendre le dessus sur les passions, la démesure (hybris). Ns sommes capables de ns
raisonner, dc de dominer la passion.

Platon, ancêtre philosophique du communisme :


Cette communauté pol idéale qui vise perfection ne peut vrmt ê atteinte.
Gouvernants doivent donner exemple.
- Communisme économique (des biens)
Les gardiens doivent tout posséder en commun. Pr Platon, voie royale pr plus de querelles,
discordes, disharmonie. (cf livre 3). Collectivisation des B.
- Communisme éducatif
P, théoricien de l’eugénisme, sélection des « races » en contrôlant unions sexuelles décidées
par magistrats au pouvoir.
Ame supérieure épouse une inférieure= dégradation.
Conception bio-psychologique et politique. Il faut reproduct° automatique du même au
même dc rationalisation des un° sexuelles= génération (≠ dégénération, dégradation).
Au nom d’un projet politique bien déterminé.
Manière de construire une fraternité des H/F de gouvernants.
Livre 5 : P prend position pr égalité H/F.

Platon défend un certain élitisme. Un gouvernement par l’élite, un gvt philosophique,


philosophes-rois : meilleur rempart contre démagogie qu’avait connu démocratie
Athénienne.
Le peuple ne peut ê ni philosophe ni élire des philosophes-rois, pas capable de choisir ses
rpz.
Transparence, destructrice d’un bon gvt (P, anti-wikileaks). Préconise gvt qui gouverne
sphère publique dans le secret.
Un gvt qui vise bien commun mais ds cadre privé, secret. Tout le contraire du régime
démocratique.
Tirer les ignorants vers la lumière. 2 mondes : élite/peuple.
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Gardiens, éducation très spéciale qui les coupent du peuple commun : passe par x
dimensions :
- Dimension esthétique : éducation musicale pr bien ordonner l’esprit des futurs
gardiens et leur donner sens rationnel (les éloigner d’une pensée floue et incertaine).
Eduquer à la musique c’est éduquer aux paroles, à l’harmonie et aux rythmes.
Art chez Platon a aussi signification politique. + Education corporelle (vise simplicité,
régularité dc au beau), combattre toute variété disharmonieuse. Régime alimentaire spécial.
- Dimension éthique : l’âme de l’enfant futur gardien st imprégné du sens du bien. Il ft
développer chez l’enf un instinct du bien.
Obj politique clair : en faire un H/F du gvt, élite doit être soustraite de l’ensemble de la
société.
Même ds nos sociétés modernes, sociologie des élites.
Elite sociale, csqce élite philosophique qui va pouvoir conduire la soc.

Qu’est-ce qui fait la vérité de l’H si ce n’est d’accéder à l’ê de l’H : allégorie de la caverne,
livre 7 de LR.
 Ceux qui vivent ds la caverne, ds l’obscurité, ceux qui ne connaissent pas idées
éternelles, la structure du cosmos, comment le cosmos pt donner forme à du
politique.
Précédés par personnes + éclairées qui tirent ces êtres inférieurs. Ce st eux qui vt élever
les H inférieurs, les tirer vers le haut, les conduire vers le soleil càd ce qui éclaire l’H.
Communication ê éclairés et ê non éclairés : contact hiérarchique. Elite séparée du commun.
Paragraphe 501-516 (cf)
Conception hiérarchique et ascendante. Miroir inversé radical d’aujd (vision de la justice
immanente aujd).
Légitimité des gouvernants repose sur capacité de leur âme très élevée (élitiste) à connaître
structure du monde et à régler la foule sur cette structure pr les conduire au bien, donc au
vrai. Légitimité par en haut et non par en bas.

Platon est philosophiquement idéaliste. Ne le fait pas décrocher cependant des pb réels :
conscience que l’ind peut dégénérer, qu’il pt passer de la justice à l’injustice.
Platon a énoncé une typologie des mauvais gvts. X types de régimes :
- 1er à s’éloigner du régime aristocratique, 1ère « maladie » de l’Etat : timocratie
gvt aristocratique repose sur vertu de la sagesse, gvt timocratique va préférer celui de
l’honneur et de la crainte. Pr Platon, 1er stade de corruption de l’âme humaine. Timocratie,
voie de transition à l’oligarchie. Timocratie, pas si mal que ça mais pas gvt de la sagesse.
Conserve traits du régime aristocratique, mais déjà corrompu.
- Oligarchie : dégradation supplémentaire. Retour aux appétits privés, à un certain
égoïsme. Oligarque pragmatique, guidé par ses î, plus guidé par les idées de la cité.
Introduit de la disharmonie, entraîne dégénérescence. Ame déréglée car ne s’intéresse qu’à
ses î personnels. Primat de l’économie et de la finance, l’emporte sur le savoir et la sagesse.
Ses î guident son action.
Division de l’âme de l’oligarque, dominé par ses passions.
Une âme déréglée dirige un ordre politique déréglé.
En face de lui, l’âme démocratique. Démocratie s’installe au pouvoir contre oligarchie (= 1er
régime qui crée la division). Démocrates défendent les pauvres contre les riches. Miroir
R. BOURDIN
inversé de l’oligarchie. Mais même logique matérialiste : ne veulent voir que les î
économiques. Pauvre ou riche, même raisonnement.
Opposition frontale. Politique utilisé à des fins d’î de 2 groupes ≠. Peut mener à guerre civile.
Justice devient impossible car mauvaise constitution philosophique.

Platon condamne démocratie : fruit d’un déclin par abandon du régime aristocratique. Mène
à la timocratie et à l’oligarchie puis à la démocratie. Baisse qualitative dans la vertu de
gouverner. Démocratie, csqce de tout cela. Entraîne seulement l’antichambre de la tyrannie
(ce qu’il condamne). Transition démocratique vers la tyrannie. Passions dominent la raison.

Egalité pour Platon est un non sens. Ordre est juste que dans une hiérarchie.
Démocratie recherche égalité. Mais égalité est passionnelle dans ce régime. Plus de
distinction entre le Bien et le Mal.

Démagogues : pendant politique des sophistes.


Promettent rétablissement ordre dans la polis. Ne sont en fait que la mauvaise herbe
tyrannique qui a fleuri entre oligarques et démocrates.
Ils sont le déclin abouti du règne des passions, d’un désir insatiable, du triomphe de la liberté
d’égalité. Démocratie conduira certainement à la tyrannie des désirs. Certains plus malins
pour s’en emparer et prendre le pouvoir, et défendre ainsi ses propres î personnels.
Âmes basses qui gouvernent, les « frelons » selon Platon.

Platon dresse typologie du déclin : psychologie individuelle et psychologie politique.


Constitution (au sens grec) : constitution physique, psychosomatique= homologique avec
constitution collective donc politique. Pas de séparation pour lui.
Constitution juridico-politique= constitution intime, interne.
L’envers de l’utopie platonicien qui est rêve d’une polis/ cité idéale. Possible que s’il y a
génération : il faut donc bien sélectionner les âmes, bien les éduquer pour transmettre le
bon gouvernement. Sinon dégénérescence. => Radicalité platonicienne.
Dès lors, typologie du déclin lui permet de justifier sa théorie de la génération.

Platon : philo politique de la radicalité.


On peut en faire une lecture réactionnaire de Platon, mais il est constructif (car il a un
projet), il est donc même révolutionnaire (son utopie est en quelque sorte une théorie de la
révolution).
Révolution : il faut régénérer l’H. L’Allégorie de la caverne est l’allégorie de la
régénérescence humaine.
P ns conduit à une théologie. Hypothèse d’un Dieu unique. Le Politique : remplacement de
Dieu dans une humanité déchue. La politique c’est le remplacement de Dieu puisqu’H s’est
éloigné d’un Dieu.

Démocratie ne permet pas de s’élever pour Platon. Dans sa métaphysique, le sensible n’est
que le règle de l’apparence. Le politique, s’il s’éloigne de l’intelligible, ne permet pas aux H
de se régénérer. Le sensible nous plongera dans la tyrannie. La montée dans l’intelligible
c’est la liberté.
R. BOURDIN

b) ARISTOTE
Biographie :
Aussi disciple de Socrate en qql sorte puisque disciple de Platon (qui lui a transmis la philo
de S), mais + jeune (plein 4ème siècle).
Pris son autonomie par / au maître Platon. Précepteur de Alexandre le Grand.
Poursuit études, recherches en histoire naturelle, de « sociologie » (intéressé par l’obs°
empirique des faits), voyages dans les îles grecques. Retour à Athènes, affranchi de la philo
de Platon. Fondateur du Lycée : installe dans un gymnase. Promenoir, donne nom de la philo
péripatéticienne.
Ecole aristotélicienne rivale de l’Académie de Platon. Mort prématurée d’Alexandre le
conduit à s’exiler (voulait éviter sort de Socrate : mort obligée). Meurt en 322, âgé de 62 ans,
à l’écart d’Athènes. Fils : Nicomaque => Ethique à Nicomaque.
S’est séparé de Platon parce qu’Aristote a conception de la nature humaine totalement
différente.
P et A : 2 paradigmes de la philosophie politique occidentale.
A : refuse, pour que l’H puisse s’élever, que cette élévation se fasse dans la séparation entre
le sensible et l’intelligible.
Réel : monde du concret, du sensible. (≠ Platon).
A admet le versant scientifique, épistémologique (= philo de la connaissance ; connaissance
permet accès au réel) de l’argument platonicien. On ne peut faire des démonstrations
qu’avec des concepts (= universel, nécessaire), on peut démontrer la réalité avec les
concepts. Domaine de la connaissance scientifique de qqc.
A l’≠, Platon en a fait une justification de sa métaphysique (séparation intelligible/sensible).
Sphère de l’idée, de l’intelligible permet d’accéder à la réalité. Ontologique, métaphysique.
Séparer l’universel (intelligible) et le particulier (sensible), on se demande comment l’idée
peut ê cause du sensible.
Pour Aristote, réalités intelligibles sont immanentes et non transcendantes : se
manifestent de l’intérieur du sensible = forme (morphè, forme en grec). Toute réalité
intelligible vient du sensible et constitue une forme.

 La forme (= l’idée platonicienne) est le principe qui organise une matière.


Au départ, il y a toute sorte de choses sur cette Terre sans vie, inanimée. Mais il y a en
réalité virtualité de vie. Ex : bois (matière) => je peux donner forme à une table (par ex).
Passage de la matière à une forme, du monde végétal à un monde construit. Naissance de la
technique (techné, grec). On passe de la nature à la construction, à l’artifice.
Début de la génération. Sensible et intelligible ne s’opposent pas, on peut les lier.
L’union de la matière et de la forme donne les individus concrets que nous sommes. Nous
sommes des âmes aussi (en plus de nos corps) = Ousia, grec : substance.
A partir de la théorie de la génération qui unit matière et forme, une théorie du devenir est
possible.
Théorie du devenir : se structure dans des binômes. Dynamis (= puissance, potentialité) et
energia (= énergie, l’acte c’est l’énergie). Passage d’une potentialité à un acte.
/ entre puissance et acte pose qu° de la cause (qui est le 1er entre la poule et l’œuf ?).
R. BOURDIN
Cause première dans l’ordre de la raison, existence d’un acte pur= Dieu lui-même ; cause de
tout. ≠ de Platon : A en vient à une théologie. Si on reste dans la sphère de l’humain, il n’y a
pas d’issue.
Idée de contingent/nécessaire :
Monde sublunaire (≠ supralunaire) (dans lequel nous sommes) soumis à la génération et à la
corruption en même temps, monde plat, fixe.
Il y a dans la nature du nécessaire, càd du déterminé, et du contingent, càd de l’imprévu (fait
place à la place de liberté en chacun de nous).
Être est soumis à la nécessité de sa forme spécifique (déterminisme d’espèces). La volonté
de l’H s’inscrit dans une nécessité déterministe.
Monde aristotélicien est un monde fixe. Aristotélisme est l’antithèse du darwinisme.
Il y a aussi du contingent dans le devenir humain : csqce dans l’aspiration de chaque H dans
la perfection. Il y a un appel à la perfection ; à l’accomplissement de notre forme en chacun
de nous. Il peut y avoir des problèmes, accidents qui empêchent de réaliser notre perfection,
d’atteindre la forme parfaite de ce que nous sommes.
Ê humain peut manquer d’atteindre sa perfection pour 2 raisons selon A :
- Soit par excès
- Soit par défaut
C’est là que se joue la liberté humaine. A déteste l’excès, les passions, la démesure (comme
tout grec). Pour atteindre sa perfection, il faut être dans le juste milieu : ne signifie pas un
compromis, juste milieu a une valeur en lui-même, c’est la possibilité d’atteindre la
perfection de notre forme respective. Il faut bannir l’excès ou le défaut.
Va justifier sa théorie des vertus. H sollicité dans sa propre liberté. L’ê humain n’est pas juste
un objet déterminé, mais aussi responsabilité morale de chacun pour choisir de s’orienter
vers un chemin plutôt qu’un autre.
Sa métaphysique (à Aristote), qui concilie sensible/intelligible, a un / différent au réel.
Le sensible est le réel lui-même : il peut en résulter des sciences. Sciences qui permettent de
déterminer l’H. L’H est marqué par des déterminismes biologiques, scientifiques… les
sciences explorent chaque particularité du sensible.
A va retenir 3 sciences pratiques (qui permettent de comprendre, d’analyser l’intelligibilité
de la forme humaine) :
- L’éthique
- La rhétorique
- La politique
3 sciences capitales pour mettre en œuvre le juste milieu par lequel l’H peut accomplir sa
forme du mieux possible.
La théorie de la génération et du devenir, s’enracinant dans le sensible (la matière
inanimée), débouche sur la constitution de sciences qui sont les haut-lieux par
l’intermédiaire desquels l’H va pouvoir s’accomplir, réaliser sa propre liberté, réaliser son
devenir de forme humaine.
Ethique et politique sont terrains d’application de la théorie de la génération et du devenir
humain. Il n’y a pas pas de philosophie séparée de l’éthique et de la politique. Toute
construction philo va s’incarner dans l’éthique et la politique, dans l’intérieur même de la
cité. = philosophie politique.

Conception du rapport au réel est ce qui oppose fondamentalement Platon et


Aristote.
R. BOURDIN

La clé pour l’accomplissement de sa forme : c’est le bonheur. L’H recherche


l’accomplissement de sa forme par le bonheur. L’H sait que ce bonheur, il ne l’obtiendra
qu’en s’associant avec les autres H.
Le bien et le bonheur chez Aristote = la même chose.
Amène les humains à avoir la capacité de distinguer et d’≠ le bien et le mal.
La recherche du bonheur est inscrite en nous, liée à notre ê. Pas un pb de volonté,
d’ambition, de calcul, c’est dans notre ê humain. Intimement parlant, nous recherchons le
bonheur, c’est notre visée.
Le mal est l’≠ du bien, donc parfaitement antinaturel.
S’il commet le mal, il va se dénaturer, compromettre l’accomplissement de sa forme donc
ne pourra atteindra sa perfection.
Ethique et politique indissociable de la métaphysique. Bonheur personnel est un bien
partagé avec les H.
 H, animal éthique et politique.

 Théorie des vertus (et des vices)


Il dira que la vertu n’est ni enfermée dans la sphère des passions mais ne se rattache pas non
plus à la raison pure, à du rationnel. Aristote se prémunit d’un rationalisme pur (la raison a
ses limites).
Il y a un entre-deux où se logent les vertus : tendance, impulsion (hexis, grec) vers la vertu
ou le vice. Une disposition, une force à agir de manière vertueuse. Indépendamment de
toute raison. Impulsion qui peut le corrompre et le mener vers le vice. L’H peut se laisser
dénaturer.
Aristote s’intéresse principalement aux vertus (autonomes par / à la raison), au nombre de 4
(1 de plus que Platon) :
- Prudence (sagesse) : en ≠ à Platon, vertu de ceux qui gouvernent. Vertu qui a une
pertinence politique. Refuse de la suspendre à la sagesse théorique. Il faut distinguer
les 2. Les H qui gouvernent n’ont pas besoin de la sagesse théorique. => Sagesse
pratique, seule compte pour bien gouverner. Le savoir philosophique cesse de
conditionner l’action politique. Pas de coupure avec sagesse philosophique mais
distance.
- Justice : reine des vertus. Vertu sociale par excellence. Il n’y a pas de justice sans / à
l’autre.
- Force : vertu de moindre importance mais à ne pas négliger. Comme chez Platon,
elles permettent de maîtriser nos passions, de dominer nos désirs mal maîtrisés, la
zone inférieure de nous-mêmes. Vertus communes à tous les H.
- Tempérance : idem.

 Question politique :
Une éthique coupée du politique, pour Aristote, n’est qu’une éthique du bonheur individuel.
Toutes les vertus qui sont des vertus de juste milieu, vont se réaliser que si l’H vit ses vertus,
que s’il vit déjà dans une communauté politique, il ne peut vivre que dans une communauté
politique. => H, animal politique.
Aristote, miroir inversé de l’H moderne.
La polis/cité est un fait de nature. Il est donc dans la nature de l’H d’ê un animal politique.
R. BOURDIN
Aristote, H de l’obs° empirique, sociologue à sa façon.
La cité avant d’ê formation conventionnelle, est déjà une réalité de nature. (≠ sophistes :
tout est affaire de convention).
Aristote observe qu’il y a 3 niveaux de sociabilité :
- L’accouplement : sociabilité naturelle. Bio-psychologique.
- Le village : x familles qui s’associent. Forme sociale intermédiaire. Pas de gvt qui les
unit donc pas suffisant. Rapports socio-économiques.
- La cité : forme politique. Inhérente à ce qu’est l’H (H, animal politique), H être qui vit
avec les autres, en vivant avec les autres il va pouvoir accomplir son bien propre et
son bien suprême, donc son bonheur et l’accomplissement de sa forme d’H.
Il accomplit son être dans sa complétude.
Niveau > : immortalité de l’âme.
≠ Politique moderne (Hobbes) : H pas naturellement politique mais va et doit le devenir (pas
le choix, c’est une nécessité).
Point commun : on n’évite pas la question politique.

H ne peut pas se contenter de la vie familiale, sociale, économique. Il faut qu’il vive dans la
cité : pour défendre son bien commun et bien vivre.

 Politique aristotélicienne est eudémoniste. Si l’éthique et politique se dissocient,


peut pas marcher. L’éthique et la politique contribuent, chacune dans leur statut de
science, à ce que l’H accomplisse sa forme.
 Il s’agit de bien vivre, le bonheur vaut pour lui-même.
Nous avons le sens du juste car le juste permet d’accéder au bien que nous cherchons : vertu
clé, cardinale.
 Amitié (mot latin, amicus, en grec, philia) : pour Aristote, l’amitié c’est pas
simplement amitié d’intérêts, mais elle appelle une gratuité. L’H se sent porté par
un / d’amitié avec les autres.

L’animalité politique s’explique par le fait que la vie politique est inhérente à ce que nous
sommes, c’est dans notre métaphysique, dans notre être profond, c’est le genre propre de
l’H, de l’animal humain.

 Nous sommes habités par le logos, la raison. Une communauté politique c’est aussi
une communauté de raison.
La nature de l’H est positive, elle est faite pour déployer de la raison et non des passions,
donc du positif. Dans la raison, nous rencontrons champ de l’éthique et de la politique. Nous
avons une conscience du juste.
La justice c’est la règle de toutes les vertus qui permet aux membres de la polis, de la
communauté politique, d’être tempérants, tournés vers l’autre (justice : vertu sociale).
Aristote peut définir + précisément son concept de vertu de justice en le déployant sous 2
aspects :
-l’aspect vertical : justice distributive => les rapports justes entre les H sont distribués par le
gouvernement de cité. Ex : la sécurité sociale.
-l’aspect horizontal : justice commutative (= échanger) => les H sont capables d’échanger
entre eux des biens.
R. BOURDIN
A la ≠ de Platon, Aristote : la forme procède de la matière. C’est dans le sensible qu’on peut
s’élever vers l’intelligible. Justice, vertu cardinale. Hiérarchie où chacun est à sa place
(comme Platon), mais justice permet d’égaliser, de corriger les inégalités qui existent au sein
de cette hiérarchie.

 Question économique :
Pour A, l’économie est la sphère de l’échange des B.
Etymologie : oikos= maison ; nomos= loi. Economie c’est la loi de la maison, a donc une
rationalité propre, c’est donc privé.
Toute la tâche de l’économie est qu’elle permette aux H d’accomplir leur forme d’H, leur
humanité, leur bonheur intrinsèque. L’économie ne doit pas déborder de son champ propre
qui est privé, doit être encadrée par la polis. Sinon, elle cesse d’être naturelle et deviendra
anti-naturelle. Au lieu de rechercher l’échange, elle va chercher vertus personnelles et elle
va devenir vicieuse, se pervertir. Chrématistique : c’est la théorie de l’échange chez Aristote.
L’économie est chrématistique. Permet à l’H de s’accomplir, dans sa limite d’H. L’H ne se
réalise comme H dans le juste milieu, ni dans l’excès ni dans par défaut.
Lorsque l’économie est bien réglée, la cité a sa base matérielle, sans être matérialiste, pour
devenir une polis qui se suffit à elle-même, càd une polis qu’Aristote appelle autarkeïa. Ils
sont autarciques.
Le moyen symbolique et matériel par excellence de cette chrématistique est la monnaie.
Permet de donner une valeur aux choses. Rôle de médiation.
Cette primauté qu’Aristote attache à l’échange économique, au nom de la justice, nous
autorise à nous poser une question aujourd’hui : libéral ou socialiste ?
Aristote peut être vu comme libéral : il ne veut pas de gouvernant qui donne l’exemple
d’une collectivisation des B. Sinon, B propres vont cultiver égoïsme et casser harmonie de la
cité. Aristote dit non, car le communiste va tuer la loi d’échange et les H sont des êtres
d’échange, naturellement portés par l’esprit de possession. Libéralisme très mesuré,
modéré. Car A a sens de justice donc de la communauté, donc de socialisme en quelque
sorte, de « social-démocratie ».
Aristote est pour une certaine forme de « nationalisation des B » : maîtrise politique de la vie
économique, sinon cité imploserait.
Critique du communiste économique de Platon.
Aristote= réformiste
Platon= révolutionnaire.

 Vie éducative :
Aristote critique communiste éducatif de Platon. Aristote n’imaginera pas une seconde qu’il
y ait des philosophes rois, des gardiens à part, qui auraient éducation spéciale.

 Question de la constitution :
Càd le bon régime d’équilibre qui permet de bien gouverner la cité.
Pour Aristote, Constitution pas pensée de la même manière que Platon. Il la pense sur un
mode d’enquête sociologique. Il observe que dans les petites unités sociales (= pas vraiment
des cités, paterfamilia), la monarchie meilleure. Autre forme de gouvernement idéale au
niveau de la cité : aristocratie, qui est vertu d’excellence du gouvernement. C’est le
gouvernement de quelques-uns, tout le monde ne peut pas avoir une âme qui s’élève au
niveau de l’excellence. Aristote n’attend pas de l’aristocrate qu’il soit un philosophe roi :
R. BOURDIN
quelqu’un qui veut la visée de bien pour tous (justice), raison éclairée pour conduire les H
vers le bien.
3ème niveau : en grec, politeïa. C’est l’équivalent de la République, gouvernement républicain,
gouvernement de la chose commune. Les H seraient rationnellement capables, bien qu’il y
ait eu échec de la démocratie, d’être gouvernés par le + grand nombre, de s’autogouverner
d’une certaine façon.
Idée que la sphère du sensible n’est pas méprisable, pas besoin d’accéder à la pure lumière
de la vérité, H capables d’accéder à suffisamment de savoir politique pour gouverner la cité.
Distinction vérité politique/ vérité purement philosophique. Pas les confondre. Mais il y a
l’idée que ces gouvernements bons, marqués par la vertu, peuvent se pervertir. Ainsi,
monarchie peut se pervertir en tyrannie, en gouvernement pour soi. Idem pour
l’aristocratie : le gouvernement des meilleurs pourrait se déployer en oligarchie.
Gouvernement généreux a un gouvernement purement intéressé, dont la valeur qui domine
est l’appât du gain, gouvernement de la richesse.
La démocratie : Aristote a même conclusion que Platon mais avec démarche différente. La
démocratie s’est mal terminée avec expérience grecque. La bonne république grecque, le
gouvernement par tous pour tous, s’est transformée en démocratie. Démocratie= mauvais
gouvernement d’après expérience faite avant. Pour un grec, république et démocratie
distincts.
Aristote va privilégier aristocratie ou politeïa : maintiennent distinctions sociales
(notamment esclavage) mais dans le but de servir l’unité de la cité, l’accomplissement de
notre forme d’H, où chacun a sa place et bénéficie de la justice, et donc peut réaliser sa
recherche du bien pour lui et pour les autres. L’idéal serait la politeïa pour Aristote.
Aristote nous plonge dans l’immanence du sensible.

Pour Aristote, esclavage est une donnée de nature : des H qui ne sont pas dotés de la même
capacité de raison comme les autres. Ils ne sont donc pas capables de participer à la polis, ils
ont une raison limitée. Ca ne veut pas dire qu’ils n’ont pas de dignité mais sont la propriété
animée de ceux qui sont libres. Ils ne sont pas exclus de l’amitié des H. Pour lui, esclave ne
signifie pas être maltraité. Il doit justement être bien traité. Mais c’est un être humain, tout
de même doté d’une raison. Dans les familles aisées, esclave était considéré, faisait partie de
la famille. Esclave par nature.
Esclave par convention : celui qui s’est retrouvé esclave. C’est la loi positive, la loi de la cité
qui l’a fait esclave. Par ex : une guerre.
Chez Aristote, esclavage est à regarder avec bcp de nuances. Pas une notion figée. Le
véritable esclave par nature c’est celui qui n’a pas possibilité de pratiquer raison à un niveau
spéculatif élevé, ce dont à besoin la cité pour être bien gouverné.
R. BOURDIN

SOURCES BIBLIQUES

 Israël : chez les Hébreux, quelque chose qui ressemble à la métaphysique.


Livre Exode, chapitre 3, verset 14 : dialogue entre personnalité d’exception, Moïse, qui entre
en dialogue avec personnalité transcendante, Yahwé. Moïse qui va bénéficier d’une
révélation.
Dans la Bible, il n’y a pas de pensée conceptuelle comme chez les Grecs, pas de théorie : il y
a une expérience qui est vécue, c’est du concret. Dans ce dialogue entre Yahwé et Moïse
(prophète envoyé par Dieu lui-même, pour délivrer son peuple de l’oppression égyptienne,
de ce gouvernement dominateur). Il y a un jeu à 3 : Moïse, Dieu, peuple hébreu.
Le prophète n’est pas un philosophe : le souffle divin vient de l’intérieur de lui-même, reçoit
un message. Le prophète va se tourner vers le peuple pour tirer vers le haut qui est pour
l’instant, une vulgaire multitude en oppression.
 Idée même de constitution d’un peuple. En Grèce à Athènes, peuple existe déjà dans
la cité. Avec Israël, le peuple n’existe pas, c’est une multitude qui est chez un autre
peuple. On n’est pas dans une métaphysique au sens grec. On est dans un néant : on
parle d’un peuple qui va se constituer. Il se forme à partir d’un appel divin via un
prophète, Moïse. Il faut faire exister le peuple.
Se tirant d’affaire de l’oppression égyptienne. Conquête : terre va permettre aux Hébreux de
se constituer comme peuple, qui sera peuple de Dieu. C’est Yahwé lui même qui les a libéré.
Différence entre Israël et la Grèce : ce peuple va se constituer sur la base d’une révélation
religieuse. Va falloir institutions religieuses : c’est par la liturgie qu’ils vont pouvoir célébrer
leur libération. Mais élément manquant : élément politique. Ce peuple va rencontrer la
question politique, va surgir dès lors où cette multitude informe s’est formé comme un
peuple par le souffle divin, prophétique. Au départ, démarche religieuse qui fait un peuple
référé à un chef, qui est Dieu lui même. Comment fonder gouvernement ? Israël, pure
théocratie. Il faut que ce peuple existe avec institutions politiques aussi.
Pour l’hébreu, tout est à faire. L’expérience biblique anticipe + la question politique que
l’expérience grecque. On n’échappe pas à la vie, à la condition politique. L’expérience
religieuse ne permet pas de contourner politique, mais de le rencontrer. Question politique
inévitable, va falloir institutions pérennes pour survivre.
Guerre fondatrice (que les Grecs n’ont pas connu) pour avoir territoire, il ne s’agit pas de
conquérir le monde, de conquérir terre pour exister. Une fois que la terre est conquise,
condition formelle avec institutions politiques nécessaires.
Se pose la question de la forme de gouvernement :
-les juges (Livre des Juges) : va s’imposer parce que le peuple d’Israël a marque
fondationnelle qui est religieuse. Homme de gvnt ne pourra jamais oublier que celui qui
gouverne en dernier lieu Israël c’est Dieu. Ne peut pas se substituer à Dieu, mais se déléguer.
Pour que déléguation ne porte pas danger de remplacement de Dieu, il y a 12 juges : qui
bénéficient d’une légitimité, d’une onction de la part du prophète.
Le peuple ne se prononce pas comme peuple, c’est une sorte d’aristocratie qui ne repose
pas sur une vertu inhérente à de belles âmes comme les grecs, mais qui repose sur légitimité
divine. Seul Dieu gouverne Israël : médiation politique qui est gouvernement des juges. Israël
est une fédération de tribus au départ, qui forme peuple commun avec langue commune.
Morcellement prouve qu’il y a une pluralité. Il ne faut pas qu’Israël perde de vue qu’il doit sa
R. BOURDIN
dignité à un être transcendant, qui est Yahwé, et qui gouverne via des médiations humaines.
C’est une expérience, concrète, vécue, qui a nourri une réflexion.

Chez les grecs, pilier philosophe et pilier politique.


Il y a 3 piliers dans la structuration du peuple israélite :
-le prophète : Moïse, législateur. Celui qui apporte la dimension éthique, éthique de fidélité
à leur Dieu.
-le prêtre : permet au peuple d’exister comme peuple en faisant mémoire de l’histoire de sa
libération.
-pilier politique : contrepartie qui est un gvt, qui s’occupe de la vie temporelle du peuple et
notamment de sa vie guerrière. Juge : pasteur et chef de guerre, s’engage à défendre son
peuple à l’intérieur et à l’extérieur. Politique qui doit être fidèle à l’éthique de Dieu. Le gvt
politique est soumis à l’alliance divine. Juges choisis par des prophètes, envoyés par Dieu lui-
même. Gvt qui obéit à une fin : le salut du peuple, qui passe par justice vécue entre les
membres du même peuple. Règles de justice sociale.
Tous les hébreux, israélites égaux devant leur Dieu : chacun est un fils de Dieu, donc égaux.
Le politique se constitue par nécessité et selon alliance de Dieu avec son peuple : alliance,
équivalent du contrat. La politique se fait par une alliance (= contrat, chez les modernes)
d’un peuple avec son Dieu. Pas d’alliance chez les Grecs : il y a des âmes d’excellence et des
âmes qui ne le sont pas.
Politique est alliance, contrat. Alliance qui peut se défaire et se renouveler : le gvt des juges
correspond à un certain type d’alliance de Yahwé avec le peuple israélite.

Peuple israélite : x inimitiés avec peuples extérieurs. Considère gvt des juges trop faible. Il
manque un gouvernement central. Pour que peuple israélite se pérennise sous forme
politique acceptable, il lui faut gvt + fort. Ce qui va entraîner changement d’alliance, de
contrat entre Dieu et son peuple.
1er Livre de Samuel, Chapitre 8 : il y a un juge prophète, Samuel, qui vient parler à Yahwé.
Politique a une fonction de salut, de maintien de l’existence du peuple, maintenir identité du
peuple israélite dans rapport de fidélité à son Dieu. Peuple I peut se suffire à lui-même mais
au nom d’une personnalité religieuse.
Or, crise de confiance : juge Samuel parle à Dieu et dit qu’Israélites veulent un roi : demande
de monarchie. Le gvt des juges ne leur suffissent pas. Y répond : ce n’est pas toi qu’ils
rejettent, c’est moi. Ils ne veulent plus que je règne sur eux : infidélité. Mais il accepte cette
infidélité sous une certaine condition : le vieux contrat se dénoue pour un nouveau contrat.
On peut discuter, négocier avec Dieu : Y mécontent mais son mécontentement fait de lui un
Dieu pragmatique. Y concède une royauté mais sous certaines conditions : Y redéfinit
contrat. Roi sous condition qu’il soit fidèle à l’alliance avec Dieu. Mode de gvt avantages (+
fort) mais aussi gros inconvénients : régime dur, autoritaire. Face à cette condition, peuple
veut quand même roi et être comme toutes les nations : à la fois, ce peuple ne peut pas être
comme les autres nations car peuple élu, et en même temps, face aux difficultés de la vie
politique et aux menaces de morts des puissances extérieures, veulent avoir un roi comme
les autres nations, appel voire besoin de monarchie. Gvt royal risque fort d’être gvt
tyrannique. Il va falloir obéir. Mais c’est le propre de cette nouvelle alliance : toute l’histoire
de la royauté israélite va être histoire de fidélité/ infidélité, jusqu’à chute définitive de
royauté de Judas. Royauté sera et finira par être un échec et même finira par dissoudre le
peuple israélite comme peuple politique : condamné à n’être qu’un peuple religieux, occupé
R. BOURDIN
par d’autres peuples, d’autres empires, car incapable de se gouverner lui même. Texte
biblique va servir de référence identitaire au lieu d’un gouvernement durable. Bible :
références politiques.
De cette expérience qui est un échec du pouvoir politique (Israël incapable d’être peuple de
Dieu et peuple politique).
Pour Israël, il va toujours subsister nostalgie de cette royauté biblique : cette nostalgie va
être célébrée par prophètes eux-mêmes et espèrent royaume purement religieux, sans
signification politique. Cette prédication des prophètes va être annoncé par Jésus lui-même :
prédication d’un royaume qui n’est pas de ce monde. Le royaume ne peut pas avoir de
signification politique, prêche autre chose. Pouvoir romain n’a rien à craindre.
Expérience I porte en son sein une expérience religieuse qui va poser ce que c’est qu’ê un
animal politique à partir d’une expérience religieuse. Face à l’échec de la convergence de
l’expérience religieuse et politique possible, autre type de révélation : chrétienne.
Expérience religieuse sera transmise par une institution d’un autre type, pas politique :
l’Eglise. Rassemblement des H à travers une institution purement religieuse, l’Eglise. E se
présente comme une institution avec ses règles propres, qui se situe en vis-à-vis des
institutions politiques, ne se confond pas avec eux. Expérience chrétienne va entraîner, non
pas ignorance de l’expérience politique (Epitre Romains, chapitre 13, Saint Paul dit dans
cette épître que tout autorité vient de Dieu ; nous payons notre dû à l’autorité politique).
Autorité religieuse pas incompatible avec autorité politique. Eglise comme forme de
sociabilité spirituelle d’H et de F permet la non confusion avec l’appartenance à un ordre
politique mais pas d’ignorance non plus. L’autorité n’échappe pas à Dieu.
Fin de toute autorité politique : c’est le bien. Toute autorité vient de Dieu, et qu’elle a une
fin : faire le bien. Ne dispense pas les chrétiens de ne pas être des sujets loyaux. Il ne doit pas
y avoir de confusion possible entre les 2, il y a une distinction qui articule les 2 réalités.

 Israël : genèse d’un ordre politique


Institutions politiques se sont formées en 2 temps :
-juges
-monarchie : fruit d’une négociation entre peuple et Yahwé (par l’intermédiaire du juge
prophète Samuel). Dieu pose ses conditions : peuple israélite doit ê fidèle à son Dieu ; roi
sera contraignant et risque de transformer son régime monarchique en régime
éventuellement tyrannique.
=> échec de la monarchie. Les rois successifs tentés d’ê infidèles à leur Dieu.
Echec d’une identité politique à Israël.

Théologisation du thème de la royauté= Israélites, par la voix du prophète, se mettent à


espérer royauté purement spirituelle et non plus politique. Ce qui donne naissance au
messianisme israélite (puis messianisme juif) : restauration d’Israël à laquelle va tenter de
répondre le prophète de Galilée, Jésus lui-même.
Idée d’alliance se renouvelle dans la figure de Jésus, confessé comme Messie.
Peuple israélite= peuple exclusivement à caractère religieux. Peuple a pour ambition d’ê
foncièrement universel et non plus délimité sur une terre. Cela ne veut pas dire que les
débuts du christianisme ignorent tout rapport à la chose politique : un certain nombre de
textes montrent que la prédication chrétienne, exclusivement religieuse, va paradoxalement
R. BOURDIN
entraîner un autre rapport au politique donc au pouvoir, à l’autorité. C’est le cas, quand
Jésus dit qu’il faut rendre à César ce qui est à César : l’attente d’un royaume messianique de
justice, exclusivement religieux, ne doit pas constituer un alibi pour ne pas ê des citoyens
loyaux. La fidélité au Messie n’interdit pas d’ê loyal à l’égard de ses hommes.

 Cette dualité dans le christianisme entraînera ce que l’on appelle de nos jours, la
laïcité.

Epitre aux Romains, Saint Paul : « Toute autorité vient de Dieu ». Rien n’échappe à la
création de Dieu. La fonction de l’autorité politique est de faire le bien. Les sujets de
l’autorité doivent donc lui obéir. L’attente chrétienne d’un règne messianique est
parfaitement compatible avec une réflexion sur les autorités politiques, dont la fin est de
réaliser le bien.
Les humains sont appelés à un salut, à un accomplissement d’eux-mêmes. Le politique n’est
pas une fin en soi, mais reste nécessaire.
Dans le Christianisme, la réflexion est dotée d’un certain pragmatisme : ne nous explique pas
ce qui est un bon régime ou un mauvais régime. Le christianisme pose seulement le
principe mais la forme de régime en place n’est pas explicitée (monarchie, aristocratie…),
elle doit juste réaliser le bien.

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