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Traitement Du Lupus Erythemateux Systemique Par Rituximab: Etude Retrospective de Douze Cas

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UNIVERSITE DE LIMOGES

FACULTE DE PHARMACIE

************

ANNEE 2011 THESE N°

TRAITEMENT DU LUPUS ERYTHEMATEUX SYSTEMIQUE PAR RITUXIMAB :


ETUDE RETROSPECTIVE DE DOUZE CAS

THESE POUR LE DIPLOME D'ETAT DE DOCTEUR EN PHARMACIE

présentée et soutenue publiquement

le 11 février 2011

par

Valérie VIGIER
née le 27 août 1986, à Limoges

EXAMINATEURS DE LA THESE
M. le Professeur Jacques Buxeraud ................................................................................ Président
Mme Jeanne Moreau, Maître de conférences ............................................................ Juge
Mme le Docteur Holy Bezanahary.................................................................................. Juge
UNIVERSITE DE LIMOGES

FACULTE DE PHARMACIE

************

ANNEE 2011 THESE N°

TRAITEMENT DU LUPUS ERYTHEMATEUX SYSTEMIQUE PAR RITUXIMAB :


ETUDE RETROSPECTIVE DE DOUZE CAS

THESE POUR LE DIPLOME D'ETAT DE DOCTEUR EN PHARMACIE

présentée et soutenue publiquement

le 11 février 2011

par

Valérie VIGIER
née le 27 août 1986, à Limoges

EXAMINATEURS DE LA THESE
M. le Professeur Jacques Buxeraud ................................................................................ Président
Mme Jeanne Moreau, Maître de conférences ............................................................ Juge
Mme le Docteur Holy Bezanahary.................................................................................. Juge

1
DOYEN DE LA FACULTE : Monsieur le Professeur Jean-Luc DUROUX
er
1 VICE-DOYEN : Madame Catherine FAGNERE, Maître de Conférences
ème
2 VICE-DOYEN : Monsieur Serge BATTU, Maître de Conférences

PROFESSEURS :

BENEYTOUT Jean-Louis BIOCHIMIE ET BIOLOGIE MOLECULAIRE


BOTINEAU Michel BOTANIQUE ET CRYPTOGAMIE
BROSSARD Claude PHARMACOTECHNIE
BUXERAUD Jacques CHIMIE ORGANIQUE ET THERAPEUTIQUE
CARDOT Philippe CHIMIE ANALYTIQUE ET BROMATOLOGIE
CHULIA Albert PHARMACOGNOSIE
CHULIA Dominique PHARMACOTECHNIE
DELAGE Christiane CHIMIE GENERALE ET MINERALE
DESMOULIERE Alexis PHYSIOLOGIE
DREYFUSS Gilles MICROBIOLOGIE – PARASITOLOGIE - IMMUNOLOGIE
DUROUX Jean-Luc BIOPHYSIQUE, BIOMATHEMATIQUES ET INFORMATIQUE
OUDART Nicole PHARMACOLOGIE

PROFESSEURS DES UNIVERSITES – PRATICIENS HOSPITALIERS DES DISCIPLINES


PHARMACEUTIQUES :

LACHATRE Gérard TOXICOLOGIE


MOESCH Christian HYGIENE HYDROLOGIE ENVIRONNEMENT
ROGEZ Sylvie MICROBIOLOGIE – PARASITOLOGIE – IMMUNOLOGIE

MAITRES DE CONFERENCES :

BASLY Jean-Philippe CHIMIE ANALYTIQUE ET BROMATOLOGIE


BATTU Serge CHIMIE ANALYTIQUE ET BROMATOLOGIE
BEAUBRUN-GIRY Karine PHARMACOTECHNIE
BILLET Fabrice PHYSIOLOGIE
CALLISTE Claude BIOPHYSIQUE, BIOMATHEMATIQUES ET INFORMATIQUE
CLEDAT Dominique CHIMIE ANALYTIQUE ET BROMATOLOGIE
COMBY Francis CHIMIE ORGANIQUE ET THERAPEUTIQUE
COURTIOUX Bertrand PHARMACOLOGIE, PARASITOLOGIE

2
DELEBASSEE Sylvie MICROBIOLOGIE – PARASITOLOGIE – IMMUNOLOGIE
DEMIOT Claire-Elise PHARMACOLOGIE
FAGNERE Catherine CHIMIE ORGANIQUE ET THERAPEUTIQUE
FROISSARD Didier BOTANIQUE ET CRYPTOGAMIE
JAMBUT Anne-Catherine CHIMIE ORGANIQUE ET THERAPEUTIQUE
LABROUSSE Pascal BOTANIQUE ET CRYPTOGAMIE
LEGER David BIOCHIMIE ET BIOLOGIE MOLECULAIRE
LIAGRE Bertrand BIOCHIMIE ET BIOLOGIE MOLECULAIRE
LOFTI Hayat TOXICOLOGIE
MARION-THORE Sandrine CHIMIE ORGANIQUE ET THERAPEUTIQUE
MARRE-FOURNIER Françoise BIOCHIMIE ET BIOLOGIE MOLECULAIRE
MILLOT Marion PHARMACOGNOSIE
MOREAU Jeanne MICROBIOLOGIE – PARASITOLOGIE – IMMUNOLOGIE
POUGET Christelle CHIMIE ORGANIQUE ET THERAPEUTIQUE
ROUSSEAU Annick BIOPHYSIQUE, BIOMATHEMATIQUES ET INFORMATIQUE
SIMON Alain CHIMIE GENERALE ET MINERALE
TROUILLAS Patrick BIOPHYSIQUE, BIOMATHEMATIQUES ET INFORMATIQUE
VIANA Marylène PHARMACOTECHNIE
VIGNOLES Philippe BIOPHYSIQUE, BIOMATHEMATIQUES ET INFORMATIQUE

MAITRES DE CONFERENCES DES UNIVERSITES – PRATICIENS HOSPITALIERS DES DISCIPLINES


PHARMACEUTIQUES :

DREYFUSS Marie-Françoise CHIMIE ANALYTIQUE ET BROMATOLOGIE

PROFESSEUR CERTIFIE :

MARBOUTY Jean-Michel ANGLAIS

3
REMERCIEMENTS

Au Professeur Jacques Buxeraud, pour l’honneur que vous m’avez fait en acceptant
d’être le Président du Jury de cette thèse, pour la qualité de votre enseignement,

A Madame Jeanne Moreau, pour l’honneur que vous m’avez fait en acceptant de
diriger mon travail après m’avoir orientée dans le choix de ce sujet, pour votre
gentillesse et votre enseignement,

Au Docteur Holy Bezanahary, pour l’honneur que vous m’avez fait en acceptant de
participer au Jury de cette thèse, pour votre disponibilité, votre attention et votre
aide précieuse dans l’élaboration de cette étude

4
SOMMAIRE
REMERCIEMENTS

SOMMAIRE

INTRODUCTION

LUPUS ERYTHEMATEUX SYSTEMIQUE: GENERALITES

1 HISTORIQUE

2 EPIDEMIOLOGIE

3 PHYSIOPATHOLOGIE

3.1 Mécanismes immunologiques


3.2 Influence de facteurs génétiques
3.3 Influence de facteurs environnementaux
3.4 Influence de facteurs hormonaux
4 CLINIQUE
4.1 Manifestations rhumatologiques
4.2 Manifestations dermatologiques
4.3 Manifestations rénales
4.4 Manifestations vasculaires
4.5 Manifestations neuro-psychiatriques
4.6 Manifestations cardiopulmonaires
4.7 Manifestations diverses
4.8 Manifestations biologiques
5 DIAGNOSTIC CLINICO-BIOLOGIQUE
5.1 Critères diagnostiques de l’American College of Rheumatology
5.2 Signes biologiques évocateurs
6 EVOLUTION, PRONOSTIC ET SUIVI
7 TRAITEMENTS CONVENTIONNELS
7.1 Principes généraux
7.2 Education du patient
7.3 Traitements disponibles
7.4 Indications des différents traitements

5
LE RITUXIMAB : UNE NOUVELLE APPROCHE THERAPEUTIQUE

1 GENERALITES SUR LE RITUXIMAB


1.1 L’antigène CD20 : une cible immunologique intéressante
1.2 Modes d’action
1.3 Données cliniques
2 PATIENTS ET METHODES
2.1 Patients
2.2 Critères de réponse au traitement
3 RESULTATS
3.1 Présentation clinique
3.2 Protocole
3.3 Evolution des paramètres immunologiques
3.4 Réponse clinique
3.5 Décroissance de la corticothérapie
3.6 Rechutes, traitements immunosuppresseurs associés et re-traitement par
rituximab
3.7 Tolérance du rituximab
4 DISCUSSION
4.1 Analyse de la cohorte
4.2 Analyse des résultats

CONCLUSION

BIBLIOGRAPHIE

TABLE DES MATIERES

6
ABREVIATIONS
AAN: anticorps antinucléaires
ACR: American College of Rheumatology
AMM : autorisation de mise sur le marché
Anti-ADNn : anti-ADN natif
AZA: azathioprine
BILAG: British Isles Lupus Assessment Group
C’: complément
CIC : ciclosporine
CQ : chloroquine
Créat : créatininémie
CT : corticothérapie
CYP : cyclophosphamide
GN : glomérulonéphrite
Hb : hémoglobine
HCQ : hydroxychloroquine
HD : hémodialyse
Ig IV : immunoglobulines intraveineuses
LES : lupus érythémateux systémique
MMF : mycophénolate mofétil
MP : méthylprednisolone
MTX : méthotrexate
MYF : mycophénolate sodique
NR : non répondeur
Plaq : plaquettes
ProtU : protéinurie
PTI : purpura thrombopénique immunologique
RC : rémission complète
RG: rémission globale
RP: rémission partielle
RR: rémission rénale
RRC : rémission rénale complète
RRP : rémission rénale partielle
RTX : rituximab
SAPL : syndrome des anti-phospholipides
SLEDAI: Systemic Lupus Erythematosus Disease Activity Index

7
INTRODUCTION

Le lupus érythémateux systémique (LES) est une maladie auto-immune


systémique non spécifique d’organes, d’expression clinique très variable et rythmée
par l’alternance de phases de poussée parfois graves et de phases de rémission. Sa
prévalence, estimée en France à 35 cas pour 100 000 habitants, est plus élevée chez
les sujets non caucasiens noirs, asiatiques ou hispaniques.
La connaissance de la physiopathologie reste encore incomplète mais elle est
dominée par une production importante d’auto-anticorps formant, par liaison avec
leur cible antigénique, des complexes immuns responsables de lésions tissulaires.
Le diagnostic repose sur la concordance de signes cliniques et biologiques
évocateurs dont les plus caractéristiques sont les anticorps antinucléaires. L’évolution
de la maladie est imprévisible. Certaines formes restent bénignes alors que d’autres
se compliquent d’atteintes viscérales.
Le traitement conventionnel repose sur le respect de règles de vie afin de
limiter les facteurs déclenchant des poussées et sur des traitements médicamenteux
associant le plus souvent une corticothérapie orale à des immunosuppresseurs non
sans effets indésirables.
Aujourd’hui de nouvelles thérapeutiques biologiques sont de plus en plus
utilisées. Le rituximab, anticorps monoclonal ciblant la molécule CD20 des
lymphocytes B en fait partie et apparaît comme une alternative dans la prise en
charge des LES réfractaires aux traitements classiques. Afin d’en évaluer l’efficacité et
la tolérance, nous avons mené une étude rétrospective portant sur douze patients
avec un LES réfractaire traités par rituximab dans le service de médecine interne A du
Centre Hospitalier Universitaire de Limoges. Nos résultats ont alors pu être comparés
avec ceux d’autres études rétrospectives publiées ainsi qu’avec ceux d’essais
contrôlés.

8
LUPUS ERYTHEMATEUX SYSTEMIQUE :
GENERALITES

1. HISTORIQUE
Le mot lupus vient de « loup » en latin. Le terme apparaît dès le Moyen-âge
pour désigner la forme des lésions ulcérantes rencontrées au niveau du visage et qui
ressemblent à un masque de loup.
Laurent-Théodore Biett (1781-1840), a été le premier à évoquer une
dermatose de la face qu’il décrit comme un « érythème centrifuge ». L’un de ses
élèves, Ferdinand Von Hebra (1816-1880), décrira en 1845, des foyers ronds, précis,
marqués de squames sèches des deux côtés du nez.(1) Il nomme cette dermatose
« séborrhée congestive ».
Pierre-Louis-Alphée Cazenave (1802-1877) crée le terme de « lupus
érythémateux » en 1851. En 1869, c’est au tour de Moritz Kohn-Kaposi de faire la
première description clinique d’une variante systémique. Dans un article, il écrit : « le
lupus érythémateux peut aussi survenir sous la forme d’une éruption disséminée ou
universelle, aiguë ou subaiguë, fébrile, affectant l’ensemble de l’organisme, dont
l’existence même peut être menacée et détruite. »(1)
L’année 1948 voit arriver la biologie dans le diagnostic. Puis, très rapidement,
naît le concept de maladie auto-immune suivi de la mise au point par Coons, en
1951, de la technique d’immunofluorescence qui sera appliquée à la maladie lupique
par Friou en 1957. C’est également en 1957 que les anticorps anti-ADN (acide
désoxyribonucléique) sont décrits par Cepellini et Seligmann.
Au cours des années suivantes, la maladie a été de mieux en mieux comprise
et de nouvelles notions sont nées comme celle du syndrome des anti-phospholipides
(SAPL) dans les années 1980.

2. EPIDEMIOLOGIE
Le LES est la maladie auto-immune la plus fréquente en France après le
syndrome de Gougerot-Sjögren. En l’absence d’étude épidémiologique française, on
estime son incidence en France à environ trois à quatre nouveaux cas pour 100 000
habitants par an (2) et sa prévalence à 35 cas pour 100 000 habitants.(2)
9
La maladie peut survenir à tout âge mais le plus souvent, elle se manifeste
entre 15 et 45 ans et dans 85% des cas, il s’agit de femmes en âge de procréer.
La fréquence de la maladie est plus élevée chez les populations de type non
caucasien c’est-à-dire essentiellement chez les afro-américains, asiatiques et latino-
américains chez qui les formes sont souvent plus sévères avec un taux de mortalité
plus important.(3)

3. PHYSIOPATHOLOGIE
Malgré de nombreuses publications, la compréhension de la physiopathologie
du LES reste encore incomplète. Elle s’explique par l’intervention de plusieurs facteurs
immunologiques, génétiques, environnementaux et hormonaux dans le
déclenchement et l’entretien de la maladie.
La maladie résulte d’une rupture de la tolérance au soi aboutissant à une
production importante d’auto-anticorps dirigés contre des cibles nucléaires. Le
défaut d’élimination et le dépôt dans les tissus des complexes immuns formés sont
responsables des lésions tissulaires par l’intermédiaire de l’activation du complément.

3.1. Mécanismes immunologiques

3.1.1. Formation de complexes immuns responsables de lésions


tissulaires

3.1.1.1. Production d’auto-anticorps


La présence d’anticorps antinucléaires est l’anomalie immunologique
rencontrée de façon quasi-constante. Ils peuvent être dirigés contre la chromatine ou
ses constituants (nucléosomes, ADN et protéines associées à l’ADN) ou contre des
antigènes nucléaires solubles (anticorps anti-Sm, anti-ribosomes, anti-U1-RNP, anti-
Ro/SSa et La/SSb).

10
3.1.1.2. L’apoptose comme source d’auto-antigènes
L’apoptose correspond à un ensemble de mécanismes aboutissant à la mort
cellulaire programmée sans que celle-ci n’entraîne de processus inflammatoire. Des
modèles animaux ont pu montrer que le matériel apoptotique constitue le réservoir
d’auto-antigènes dans le LES.(4) Ainsi, l’injection de corps apoptotiques ou de cellules
dendritiques ayant endocyté des corps apoptotiques, induit chez la souris,
l’apparition d’anticorps antinucléaires, de lymphocytes T autoréactifs et de dépôts
d’anticorps dans les reins.(5)

3.1.1.3. Rôle pathogène des complexes immuns formés


Les complexes immuns formés s’accumulent, se déposent dans les tissus et
activent la voie classique du complément qui induit une réaction inflammatoire avec
recrutement de cellules dendritiques, de macrophages, de polynucléaires
neutrophiles et de lymphocytes aboutissant à la destruction tissulaire.(5)

3.1.2. Rôle des cellules dendritiques


Les cellules dendritiques sont des cellules présentatrices d’antigènes
professionnelles qui existent sous deux formes : les cellules dendritiques
plasmacytoïdes et myéloïdes. Dans un premier temps, le réseau des cellules
dendritiques plasmacytoïdes est activé par la présence des complexes immuns et
sécrètent alors de grandes quantités d’une cytokine importante dans la
physiopathologie lupique, l’interféron alpha. Ce dernier est capable d’induire la
différenciation des monocytes circulants en cellules dendritiques myéloïdes dont le
rôle consiste à capter l’antigène nucléaire et à le présenter aux lymphocytes T CD4+
et aux lymphocytes B producteurs d’anticorps antinucléaires. Les auto-anticorps
produits peuvent à nouveau se fixer sur les auto-antigènes nucléaires pour former
des complexes immuns qui activent les cellules dendritiques plasmacytoïdes.

3.1.3. Rôle des lymphocytes B


Le LES est caractérisé par une hyperactivation des lymphocytes B dont les
causes semblent multiples. Pour être activés, les lymphocytes B doivent recevoir une
stimulation antigénique et un cosignal qui peut être:(5) la stimulation d’un Toll-like

11
récepteur (TLR-7 ou 9), la stimulation par le ligand de CD40 ou par le BLyS (B-
Lymphocyte-Stimulator) ou la présence de cytokines dont l’interféron alpha. Ces
différents facteurs sont présents en excès au cours du lupus et stimulent ainsi de
façon permanente l’activation des lymphocytes B.
Cependant, l’implication des lymphocytes B ne se limite pas à leur capacité à sécréter
des auto-anticorps. Ce sont également des cellules présentatrices d’antigènes moins
efficaces que les cellules dendritiques mais bien plus nombreuses(5), des cellules
sécrétrices de cytokines et des cellules capables d’activer les lymphocytes T auto-
réactifs.

3.1.4. Rôle des lymphocytes T


Les lymphocytes T des patients lupiques répondent de façon anormale à la
stimulation de leur récepteur de surface (TCR) et résistent à l’apoptose. Leur rôle dans
la physiopathologie de la maladie pourrait s’expliquer par leur implication dans
l’activation des lymphocytes B, par leur action cytotoxique et la sécrétion de
cytokines.

3.2. Influence de facteurs génétiques


L’implication de facteurs génétiques dans la prédisposition à l’auto-immunité
est suggérée par des études familiales qui montrent que le taux de concordance
entre jumeaux hétérozygotes est d’environ 5% mais augmente entre 25 et 50% chez
les homozygotes. De plus, 10% des patients lupiques ont au moins un membre de
leur famille atteint d’une forme de maladie lupique.(5)
Ceci a conduit à rechercher des gènes de prédisposition. Certains gènes vont jouer
un rôle dans l’apparition de la maladie (gènes de susceptibilité), d’autres vont être
impliqués dans l’expression clinique ou biologique de la maladie (phénotypes).(6)
Les gènes candidats, c’est-à-dire potentiellement impliqués dans la prédisposition
génétique, sont nombreux.
La principale prédisposition génétique concerne les gènes de la région HLA de
classe II. Chez les sujets caucasiens, les allèles de classe II du CMH (Complexe Majeur
d’Histocompatibilité) HLA-DR3 et HLA-DR2 sont significativement associés au LES. Le
risque relatif conféré par ces allèles est faible puisque estimé entre 1,8 et 3,2. (7)

12
La prédisposition génétique à l’apparition d’un LES est probablement majeure
chez les patients porteurs d’un déficit en fractions du complément.
Des déficits en complément sont responsables d’un défaut d’élimination des corps
apoptotiques et sont aussi susceptibles de perturber l’élimination des complexes
immuns qui ont ainsi tendance à se déposer dans les tissus.
Les déficits complets en fractions du complément (C1q, C4 ou C2) restent rares mais
prédisposent fortement au LES. En effet, le risque de développer un lupus chez des
patients ayant un déficit complet en C1q est de 90%, en C4, 75% et en C2, 33% (6).
Le fragment C1q semble avoir une place importante dans l’élimination des corps
apoptotiques en favorisant leur phagocytose par les macrophages. En cas de déficit
en C1q, les corps apoptotiques s’accumulent conduisant à une présentation accrue
de certains antigènes et notamment des nucléosomes ce qui stimule la production
d’anticorps antinucléaires et entretient le phénomène inflammatoire. Le cycle s’auto-
entretient puisque l’inflammation et les lésions tissulaires dues à l’accumulation des
complexes immuns aboutissent à nouveau à la formation de complexes immuns
entre auto-anticorps et antigènes libérés.
Les récepteurs FcγR jouent aussi un rôle dans l’élimination des complexes
immuns. Trois familles de récepteurs existent chez l’Homme : FcγRI (ou CD64), FcγRII
(ou CD32) et FcγRIII (ou CD16). Chaque famille est composée de différents récepteurs
pouvant avoir un effet activateur ou inhibiteur sur l’activation des cellules qui les
présentent à leur surface.
Ces récepteurs interviennent dans les mécanismes de cytotoxicité dépendante des
anticorps et dans la clairance des complexes immuns. Une diminution de l’affinité du
récepteur pour les IgG est susceptible de diminuer l’élimination des complexes
immuns de la circulation et donc de favoriser leurs dépôts sur les organes cibles, et
en particulier le rein.(6)

3.3. Influence de facteurs environnementaux


Les facteurs externes connus pour favoriser le développement d’un LES sont :
- physiques : rayons ultra-violets responsables de l’apoptose des kératinocytes
- chimiques : médicaments inducteurs
- infectieux dont notamment le virus d’Epstein-Barr, qui interviennent comme
activateurs du système immunitaire

13
3.4. Influence de facteurs hormonaux
Plusieurs éléments apparaissent en faveur d’une implication de facteurs
hormonaux dans l’apparition de la maladie. Tout d’abord, le lupus prédomine chez la
femme en âge de procréer, avec un sex ratio de neuf femmes pour un homme avant
la ménopause.(6) De plus, le taux de certaines hormones est susceptible d’intervenir
dans la réponse immunitaire. Ainsi, des taux augmentés de 17β-estradiol et diminués
de testostérone ont été observés chez les femmes atteintes de lupus.

Résumé du rôle des différents acteurs dans la physiopathologie du LES. D’après


Contin-Bordes et al(8)
Agression

Apoptose

Corps apoptotiques en excès

Monocytes circulants

Interféron alpha

Cellules dendritiques
myéloïdes
Cellules dendritiques
plasmacytoïdes
présentation
antigène
nucléaire

Complexes immuns Lymphocytes B Lymphocytes


CD4+autoréactifs

Anticorps antinucléaires

14
4. CLINIQUE
La maladie lupique peut avoir un début progressif avec une apparition
successive des symptômes ou à l’inverse un début brutal au cours duquel sont
d’emblée associées une altération fébrile de l’état général et des atteintes viscérales.
La symptomatologie est très polymorphe. Les manifestations viscérales
peuvent apparaître simultanément ou se succéder dans le temps et s’associent
fréquemment, au cours de l’évolution de la maladie, à des signes généraux tels que
fièvre, asthénie, anorexie, malaise et perte de poids. Ces derniers sont importants
dans la surveillance des malades et doivent inciter à rechercher une poussée
évolutive.

4.1. Manifestations rhumatologiques


Les manifestations ostéo-articulaires sont souvent inaugurales et sont
observées au moins une fois au cours de l’évolution de la maladie dans 95% des
cas.(9)

4.1.1 Manifestations articulaires


Les manifestations articulaires sont présentes dans 80 à 90% des cas.(10) Elles
peuvent se limiter à de simples arthralgies mais le plus souvent, il s’agit d’arthrites
vraies. Selon leur évolution, deux tableaux cliniques sont possibles.
La polyarthrite aiguë est la plus fréquente. Elle est bilatérale, fébrile, non
déformante et touche plusieurs articulations mais elle peut évoluer vers une forme
subaiguë, moins inflammatoire, ou vers la chronicité et peut alors simuler une
atteinte de polyarthrite rhumatoïde à la différence que la polyarthrite lupique ne
cause pas de destruction osseuse. En revanche, elle peut se compliquer de ruptures
tendineuses appelées « rhumatisme de Jaccoud » entraînant des déformations
visibles des mains : pouce en « z », doigts en col de cygne, coup de vent cubital.

4.1.2. Manifestations osseuses


Rarement, le LES peut se compliquer d’ostéonécroses aseptiques se traduisant
par une douleur mécanique d’apparition brutale.(9)

15
4.2. Manifestations dermatologiques
Les lésions cutanées sont très évocatrices de la maladie et peuvent être
schématiquement classées en deux catégories : les lésions lupiques spécifiques et les
lésions non spécifiques vasculaires ou non.

4.2.1. Lésions lupiques spécifiques


Elles regroupent trois types de lupus cutané : le lupus érythémateux aigu qui
est le plus fréquemment observé, le lupus érythémateux subaigu et le lupus discoïde
ou chronique. Dans les trois cas, les lésions sont déclenchées ou aggravées par
l’exposition solaire.

4.2.1.1. Lupus érythémateux aigu


Les lésions se caractérisent par un aspect érythémateux dit « érythème
malaire », en « aile de papillon », plus ou moins œdémateux ou finement squameux
qui ne laisse pas de cicatrice. Ces lésions peuvent rester localisées (pommettes, nez,
front, cou) ou plus rarement, être diffuses (zones photoexposées du visage, du
décolleté, des bras ou du dos des mains). Des lésions des muqueuses sont aussi
possibles touchant les gencives, le palais ou les joues.
L’ensemble de ces atteintes a une évolution bénigne, parallèle à celle des
poussées systémiques.

4.2.1.2. Lupus érythémateux subaigu


Initialement, l’atteinte est maculeuse ou papuleuse puis l’évolution tend soit
vers des lésions annulaires à bordure squameuse avec un centre hypopigmenté soit
vers une forme psoriasiforme. Les zones photoexposées sont les plus touchées.

4.2.1.3. Lupus érythémateux discoïde


Ce dernier type est la plus fréquente des formes de lupus chronique. Les
lésions discoïdes sont des papules, plaques ou placards bien limités qui associent
trois types de lésions : un érythème avec une obstruction caractéristique des
follicules pileux, des squames épaisses et une atrophie cicatricielle laissée par les

16
lésions. Le visage et notamment l’arête du nez, le cuir chevelu et les oreilles sont les
localisations préférentielles.

4.2.2. Lésions non spécifiques


 Vasculaires
Les lésions non spécifiques sont souvent la conséquence d’une atteinte
vasculaire ou thrombotique pouvant se caractériser par :
- un phénomène de Raynaud dans 15 à 45% des cas(11) qui peut aller jusqu’à une
nécrose digitale devant faire suspecter une thrombose
- des lésions évoquant un SAPL : livedo diffus, associé à la présence d’anticorps anti-
phospholipides, atteinte cardiaque, manifestations ischémiques cérébrales ou
ulcère veineux de jambe
- des lésions de vascularite se manifestant par un purpura ou une vascularite
urticarienne
- des hémorragies sous-unguéales, un érythème plantaire, des télangiectasies
périunguéales.

 Autres
Les autres lésions non spécifiques au LES et non vasculaires peuvent être :
- une alopécie diffuse, fréquente pendant les poussées.
- des lésions bulleuses exceptionnelles

4.3. Manifestations rénales


L’atteinte rénale est l’une des plus fréquentes complications du LES (30 à 50%
des patients(12)). Elle survient le plus souvent dans les cinq premières années
d’évolution de la maladie et a une importance pronostique majeure. En effet, en
Europe, le taux de survie à dix ans est de l’ordre de 94% en l’absence de
néphropathie et de 88% en cas d’atteinte rénale(13).
La néphropathie se définit par une ou plusieurs anomalies biologiques
urinaires : diminution de la clairance de la créatinine à moins de 80 ml/min et/ou une
protéinurie supérieure à 0,5 g/24h et/ou une hématurie ou leucocyturie. Une
ponction-biopsie rénale, réalisée en cas de signes d’insuffisance rénale, permet de

17
séparer les lésions glomérulaires en six grandes classes établies par l’Organisation
Mondiale de la Santé (OMS). Ces classes sont regroupées dans le tableau 1.

Glomérulonéphrite mésangiale à dépôts minimes


Classe I Glomérule normal en microscopie optique (MO) mais présence de
dépôts immuns en immunofluorescence (IF)
Classe II Glomérulonéphrite proliférative mésangiale
Hypercellularité mésangiale pure en MO avec dépôts mésangiaux en IF
Glomérulonéphrite focale
Lésions actives ou inactives, atteinte segmentaire ou globale, avec ou
sans altération mésangiale, touchant moins de 50% des glomérules
Classe III A. Lésions prolifératives focales actives
B. Lésions actives et chroniques : glomérulonéphrite focale
proliférative et scléreuse
C. Lésions chroniques inactives : glomérulonéphrite focale
scléreuse
Glomérulonéphrite diffuse
-Segmentaire quand plus de 50% des glomérules touchés ont des
lésions segmentaires
- Globale quand plus de 50% des glomérules touchés ont des
lésions globales
Classe IV 1. Lésions actives : glomérulonéphrite diffuse, segmentaire ou
globale, et proliférative
2. Lésions actives et chroniques : glomérulonéphrite diffuse,
segmentaire ou globale, proliférative et scléreuse
3. Lésions inactives et chroniques : glomérulonéphrite diffuse,
segmentaire ou focale et scléreuse
Glomérulonéphrite extramembraneuse
Classe V Les dépôts sous-épithéliaux touchent plus de 50% de la surface
glomérulaire dans plus de 50% des glomérules.
Classe V peut s’associer à une classe III ou IV.
Classe VI Sclérose glomérulaire avancée
90% ou plus des glomérules sont globalement scléreux
Tableau 1. Classification internationale des néphropathies lupiques, d’après
KAHN M-F, BARDIN T, MEYER O et al (14)

18
4.4. Manifestations vasculaires
Les principales atteintes vasculaires pouvant survenir au cours d’un LES sont :
- une hypertension artérielle
- un phénomène de Raynaud
- un SAPL, défini par l’association d’au moins un des critères cliniques et d’au moins
un des critères biologiques réunis dans le tableau 2.

Signes cliniques
1. Thrombose
Un ou plusieurs épisodes symptomatiques de thrombose artérielle, veineuse ou d’un
petit vaisseau dans n’importe quel tissu ou organe.
2. Manifestations obstétricales
- une ou plusieurs morts inexpliquées, fœtus morphologiquement normal, à la
dixième semaine de gestation ou au-delà ou
- une ou plusieurs naissances prématurées d’un nouveau-né morphologiquement
normal avant la 34ème semaine de gestation à cause d’une éclampsie ou pré-
éclampsie grave ou à une insuffisance placentaire sévère ou
- au moins trois avortements spontanés consécutifs avant la 10ème semaine de
gestation sans cause anatomique ou hormonale maternelle et sans cause
chromosomique maternelle ou paternelle

Signes biologiques
1. Anticoagulant circulant ou antiprothrombinase à deux reprises au moins espacées
de douze semaines selon les recommandations de l’ISTH (International Society of
Thrombosis and Haemostasis)
2. Anticorps anticardiolipines d’isotype IgG et/ou IgM détectés à deux reprises au
moins, espacées de douze semaines ou plus, par un Elisa standardisé, à titre moyen
ou élevé
3. Anticorps anti-β2 glycoprotéine-I d’isotype IgG et/ou IgM détectés à deux
reprises au moins, espacées de douze semaines ou plus, par un Elisa standardisé, à
titre moyen ou élevé.
Tableau 2. Critères de classification révisés du syndrome des anti-
phospholipides (15)

19
4.5. Manifestations neuro-psychiatriques
Les atteintes neuro-psychiatriques sont regroupées sous le terme de
« neurolupus » et classiquement séparées en atteintes du système nerveux central et
du système nerveux périphérique. Le neurolupus se caractérise par un grand
polymorphisme clinique et complique 30 à 60% des LES. (16) Il s’agit d’une
manifestation viscérale grave de la maladie lupique.

4.5.1. Atteintes du système nerveux central


L’atteinte est dominée par les troubles psychiatriques pouvant être observés
jusque dans 63% des lupus en phase de poussée.(17) L’expression clinique est très
variable. On peut citer des manifestations diffuses (anxiété, syndrome dépressif suivi
de troubles psychotiques aigus ou durables), des manifestations focales avec un
risque d’accident vasculaire cérébral et des crises comitiales partielles ou
généralisées.

4.5.2. Neuropathies périphériques


Les atteintes périphériques sont beaucoup plus rares. Il peut s’agir de
polyneuropathies sensitivomotrices chroniques, d’atteinte du système nerveux
autonome ou de mononévrites multiples.

4.6. Manifestations cardiopulmonaires

4.6.1. Atteintes cardiaques


Les trois tuniques peuvent être touchées :
- la péricardite est l’atteinte la plus fréquente (20 à 40% des patients(16)) et le plus
souvent sans gravité.
- l’endocardite de Liebman-Sachs est associée au SAPL, est souvent asymptomatique
mais peut se compliquer d’une infection bactérienne ou d’une thrombose valvulaire
- la myocardite est suspectée en cas d’insuffisance cardiaque, de troubles du rythme
et/ou de la conduction.

20
4.6.2. Atteintes respiratoires
Au cours de l’évolution de la maladie, plus de 50% des patients auraient au
moins une fois une manifestation pulmonaire.(18)
Dans la majorité des cas, il s’agit de pleurésies lupiques révélées le plus
souvent par des douleurs thoraciques, une toux sèche, de la fièvre et une dyspnée.
Dans les autres cas, ce sont des atteintes pulmonaires dont l’expression clinique est
variable : toux, hémoptysies, dyspnée, et parfois anomalies auscultatoires ou atteintes
des voies aériennes (laryngites, trachéites, bronchites). Enfin, des atteintes vasculaires
sont possibles : hypertension artérielle pulmonaire, exceptionnelle mais de pronostic
très sévère (45% de survie à cinq ans(18)), syndrome d’hypoxémie aigu réversible sous
corticoïdes, hémorragie alvéolaire ou thrombose dans le cas d’un SAPL.

4.7. Manifestations diverses


Le LES peut se compliquer d’autres atteintes organiques. On peut citer :
- des atteintes ganglionnaires et spléniques : adénopathies cervicales fréquentes au
moment des poussées, splénomégalie possible mais plus rare.
- des atteintes digestives et hépatiques : péritonite lupique, hépatomégalie et
cytolyse modérées, douleurs abdominales, ulcérations, perforations ou hémorragies
digestives (souvent secondaires au traitement par AINS et corticoïdes).
- des atteintes oculaires : uvéite, rétinite, névrite optique, thrombose artérielle ou
veineuse rétinienne.

4.8. Manifestations biologiques

4.8.1. Manifestations hématologiques


Les trois lignées peuvent être touchées :
- Une anémie dont les deux types les plus fréquents sont l’anémie inflammatoire
surtout au moment des poussées et l’anémie hémolytique auto-immune parfois
révélatrice.
- Une leucopénie fréquente lors des poussées qui s’explique essentiellement par
une lymphopénie ou une neutropénie.
- Une thrombopénie très rarement profonde qui peut se compliquer d’un purpura

21
Ces différentes atteintes peuvent rester isolées ou précéder l’apparition de
manifestations dermatologiques, articulaires ou viscérales.

4.8.2. Syndrome inflammatoire


Au moment des poussées, il est fréquent d’observer :
- une augmentation presque constante de la vitesse de sédimentation (VS)
- une protéine C réactive (CRP) qui reste normale ou peu élevée, une augmentation
importante doit faire rechercher une source d’infection
- une hypergammaglobulinémie et hyperalpha-2globulinémie
- une hypoalbuminémie

5. DIAGNOSTIC CLINICO-BIOLOGIQUE

5.1. Critères diagnostiques de l’American College of Rheumatology


L’association des rhumatologues américains (ACR) a établi une liste de onze
critères de classification de la maladie lupique en 1971 puis en 1982, révisée par la
suite en 1997. La survenue simultanée ou successive d’au moins quatre critères sans
limitation de temps permet d’évoquer le diagnostic de LES avec une sensibilité et une
spécificité de 96%.(19) La liste des onze critères de classification retenus par l’ACR est
présentée dans le tableau 3.(11)(16)

22
1. éruption malaire en aile de papillon
2. éruption de lupus discoïde
3. photosensibilité
4. ulcérations buccales ou nasopharyngées
5. polyarthrite non érosive
6. pleurésie ou péricardite
7. atteinte rénale : protéinurie > 0,5 g/ jour ou cylindres urinaires
8. atteinte neurologique : convulsions, psychose en l’absence de cause médicamenteuse
ou de désordre métabolique
9. atteinte hématologique : anémie hémolytique avec hyper-réticulocytose ou
- leucopénie < 4000 / mm3 retrouvée à au moins deux reprises
- lymphopénie < 1500 / mm3 retrouvée à au moins deux reprises
- thrombopénie < 100 000 / mm3 en l’absence de cause médicamenteuse
10. désordres immunologiques : présence d’anticorps
- anti-ADN natif
- anti-Sm
- anti-phospholipides : taux élevé d’anticardiolipines de type IgG ou IgM
ou présence d’un anticoagulant circulant lupique
ou sérologie syphilitique dissociée à deux reprises en 6 mois
11. titre anormal de facteurs antinucléaires en l’absence de médicaments inducteurs
Tableau 3 : Critères de classification du LES proposés par l’ACR en 1982
modifiés en 1997(11)(16)

5.2. Signes biologiques évocateurs


Parmi les signes biologiques, on peut distinguer les anomalies biologiques
non spécifiques des anomalies spécifiques immunologiques liées à la présence
d’auto-anticorps.

5.2.1. Anomalies non spécifiques


Les anomalies biologiques non spécifiques retrouvées dans le LES sont :
- des anomalies de l’hémogramme : anémie, leucopénie modérée,
thrombopénie

23
- un syndrome inflammatoire recherché par le dosage des protéines de
l’inflammation : augmentation de la VS, CRP normale ou très légèrement augmentée
- des anomalies du complément : hypocomplémentémie, détectée par le dosage
du complément hémolytique total CH50 et des fractions C3 et C4. Deux tiers des
malades ont une hypocomplémentémie.(20) Différents facteurs peuvent y contribuer :
une activation du système par les complexes immuns, la présence d’anticorps anti-
C1q ou un déficit génétique partiel ou complet en l’un des composants.(20) Il faut
distinguer les hypocomplémentémies dites primitives constitutionnelles qui
traduisent un déficit congénital non réversible en fractions du complément et les
hypocomplémentémies dites de consommation liée à une activité de la maladie.
Dans ce dernier cas, on observe une diminution rapide du complément total CH50 et
des fractions C3 et C4 qui précède souvent une poussée mais parfois
l’hypocomplémentémie persiste plusieurs mois sans incidence clinique.(20)

5.2.2. Marqueurs immunologiques spécifiques : les auto-


anticorps
Les auto-anticorps sont définis comme des anticorps dirigés contre des
constituants du soi. Ils sont produits par des lymphocytes B auto-réactifs
normalement éliminés dans la moelle osseuse au cours de la sélection négative.(21)
Dans le LES, les auto-anticorps sont dirigés contre des constituants cellulaires
variés, principalement des constituants nucléaires.

5.2.2.1. Les marqueurs diagnostiques


Les anticorps antinucléaires sont les marqueurs sériques les plus
caractéristiques. Leur cible antigénique est généralement localisée dans des
complexes supramoléculaires comme le nucléosome, le splicéosome, la particule
ribonucléoprotéique Ro et le ribosome.(21) Ils sont le plus souvent détectés par
immunofluorescence indirecte (IFI). Les fréquence et spécificité principaux anticorps
antinucléaires sont regroupées dans le tableau 4.
La présence des anticorps antinucléaires est nécessaire mais pas suffisante
pour établir un diagnostic de LES. En effet, ils peuvent aussi être retrouvés dans
d’autres maladies auto-immunes spécifiques ou non spécifiques d’organe ou dans
certains cancers et infections.(20)
24
Lorsque le test d’immunofluorescence indirecte révèle la présence d’anticorps
antinucléaires, il reste à déterminer leur cible antigénique. La distribution de la
fluorescence dans le noyau peut y aider. Le plus souvent, la fluorescence est de type
homogène ou moucheté. Un aspect homogène correspond habituellement à des
anticorps anti-ribonucléoprotéines, anti-ADN natif ou anti-histones. L’aspect
moucheté doit faire rechercher des anticorps spécifiques d’antigènes nucléaires
solubles, anti-U1 RNP, anti-Sm et plus rarement anti-Ro/SSa ou anti-La/SSb.(22)

Type Fréquence Spécificité


Antinucléaires
98% Non
totaux
Anti-ADNn 70-95% ++
Anti-histones 30-80% Non
Anti-
74-85% ++
nucléosomes
Anti-Sm 10-30% +++
Anti-RNP 40% Non
Anti-Ro/SSa 30-50% Non
Anti-La/SSb 18-28% Non
Tableau 4. Fréquence et spécificité des principaux anticorps antinucléaires.(22)(23)

 Anticorps anti-acides nucléiques


- Anticorps anti-ADN natif
Leur dosage est indispensable en cas de positivité des anticorps antinucléaires
et ils font partie des critères de classification définis par l’ACR. 70 à 95% des patients,
selon les sources(9)(21), ont au moins une fois des anticorps anti-ADN natif au cours de
l’évolution de la maladie.

- Anticorps anti-histones
Les histones sont des protéines basiques au nombre de cinq réunies en
octamère autour duquel s’enroule une double hélice d’ADN. L’ensemble forme un
nucléosome. Les nucléosomes sont des sous-unités empilées qui composent les
fibres de chromatine.(20) Ces anticorps sont retrouvés dans 30 à 80% des sérums
lupiques selon les tests utilisés.(21) Ils ne sont pas spécifiques mais intéressants par
leur présence quasi-constante au cours des lupus induits.

25
- Anticorps anti-nucléosomes
Les anticorps anti-nucléosomes représentent un bon marqueur puisqu’ils sont
retrouvés chez 74 à 85% des patients lupiques au moment du diagnostic et dans 30 à
65% des cas, ils sont présents chez des patients sans anticorps anti-ADN natif
décelables.(20) Leur spécificité est proche de 95% mais ils sont autant présents dans le
lupus spontané qu’induit. Leur recherche est indiquée en cas de signes cliniques
évocateurs et positivité des anticorps antinucléaires mais en l’absence d’anti-ADN
natif.

 Anticorps spécifiques d’antigènes nucléaires solubles


Les anticorps dirigés contre des antigènes nucléaires solubles reconnaissent
des peptides antigéniques présents à la surface de complexes (splicéosome ou
complexe ribonucléoprotéique Ro) formés par des molécules ribonucléoprotéiques.
On regroupe sous ce terme:

- Anticorps anti-Sm et anti-U1 RNP


Les anti-Sm et anti-U1 RNP sont dirigés contre le splicéosome. Le splicéosome
est un complexe supramoléculaire composé de molécules d’ARN U (U1, U2, U4, U5 et
U6) associées à des protéines qui sont soit spécifiques à chaque particule U (UsnRNP)
soit communes à toutes les particules UsnRNP. Ces dernières appelées aussi Sm sont
au nombre de huit (B’, B, D1, D2, D3, E, F et G).
Les anti-Sm sont dirigés contre les huit protéines Sm communes aux cinq
molécules d’ARN U. Ces anticorps sont hautement spécifiques du lupus et
constituent même un des critères biologiques de la classification de l’ACR. Leur
prévalence varie selon les ethnies étudiées (10% des sujets caucasiens et 30% des
sujets noirs(22)) et selon la technique utilisée.
Les anti-U1 RNP sont présents dans 40% des lupus mais peuvent aussi être
observés au cours des connectivites mixtes.(22)

- Anticorps anti-PCNA
Ces anticorps sont dirigés contre la protéine PCNA (Proliferating Cell Nuclear
Antigen), protéine auxiliaire de l’ADN polymérase delta. Ils sont très spécifiques du
lupus LES mais retrouvés dans environ 3 à 5%(21) des sérums lupiques.

26
- Anticorps anti-Ro/SSa et anti-La/SSb
Ces deux types d’anticorps reconnaissent les protéines SSa et SSb qui
constituent, en liaison avec de l’ARN, la protéine ribonucléoprotéique Ro. Les
anticorps anti-La/SSb sont toujours associés aux anti-Ro/SSa mais la réciproque n’est
pas vraie.
Les anti-SSa sont retrouvés chez 30 à 50% des sérums lupiques mais n’en sont
pas spécifiques puisqu’ils sont présents chez 20 à 30% des sérums de polyarthrite
rhumatoïde et jusqu’à 90% des sérums du syndrome de Gougerot-Sjögren.(21)
Les anti-SSb sont plus rares (18 à 28% des sérums lupiques(21)) et sont le plus
souvent un marqueur d’un syndrome de Sjögren associé.

5.2.2.2. Les marqueurs pronostiques

 Anticorps anti-phospholipides
Les anticorps anti-phospholipides sont dirigés contre les phospholipides ou
contre des protéines plasmatiques isolées ou complexées aux phospholipides. Ils
sont retrouvés chez 20 à 30% des patients(20). Il peut s’agir de deux types d’anticorps :
des anticoagulants circulants de type lupique (LA) et / ou des anti-cardiolipines. Ils ne
sont pas spécifiques du lupus mais aussi présents au cours du SAPL. Leur persistance
est liée à la survenue de manifestations cliniques : thromboses veineuses ou
artérielles et / ou complications obstétricales.

 Anticorps anti-Ro/SSa et La/SSb


Ces deux types d’anticorps sont capables de traverser la barrière placentaire et
de provoquer un lupus néonatal caractérisé par des atteintes cutanées,
hématologiques, hépatiques et/ou un bloc auriculoventriculaire congénital pouvant
être mortel. Une surveillance échographique fœtale tous les 15 jours entre la 16ème et
la 24ème semaine d’aménorrhée est indispensable chez les femmes lupiques enceintes
porteuses d’anticorps anti-Ro/SSa ou anti-La/SSb.

27
 Anticorps anti-C1q
Retrouvés chez 50% des lupus, ils entraînent une hypocomplémentémie
profonde.(22) Ils constituent un marqueur important dans le diagnostic des
néphropathies lupiques.

 Anticorps anti-ribosomes
Ils sont dirigés contre des protéines ribosomales P0, P1 et P2 entrant dans la
constitution de la grande sous-unité des ribosomes. Leur présence semble associée à
des atteintes neuropsychiatriques et plus particulièrement à des états dépressifs.

6. EVOLUTION, PRONOSTIC ET SUIVI


L’évolution de la maladie est imprévisible et polymorphe. On peut distinguer
des formes qui restent bénignes, principalement cutanéo-muqueuses et d’autres qui
se compliquent et s’aggravent de manifestations viscérales notamment rénales et
neurologiques.
Le pronostic s’est considérablement amélioré grâce au diagnostic des formes
frustres et à une meilleure utilisation des thérapeutiques disponibles. Le taux de
survie à cinq ans était inférieur à 50% en 1955 pour être aujourd’hui supérieur à
90%(13). Cependant, le taux de mortalité reste tout de même quatre fois supérieur à
celui de la population générale de même âge(13).
Les complications rénales et/ou neurologiques, le sexe masculin, une origine
non caucasienne ou l’association à un SAPL sont des facteurs de mauvais pronostic.
L’analyse des causes de mortalité montre, outre l’activité propre de la maladie,
la part croissante des infections notamment opportunistes, de l’athérome accéléré et
des néoplasies, soulignant les risques de l’utilisation prolongée des corticoïdes et des
immunosuppresseurs.(16)
Une surveillance régulière de la maladie est indispensable. D’une manière
générale, la fréquence des examens recommandée est :(2)
- tous les trois à six mois en période de quiescence
- tous les mois en cas de lupus évolutif et notamment en cas d’atteinte viscérale
grave
- tous les trois mois, une bandelette urinaire à la recherche d’une protéinurie est
pratiquée en consultation et entre temps, par le patient

28
Les examens biologiques nécessaires sont :(2)
A chaque consultation : hémogramme, ionogramme, créatininémie, albuminémie,
CRP, protéinurie des 24 heures en cas de protéinurie à la bandelette urinaire, dosage
des anticorps anti-ADN natif et des fractions C3 et C4 du complément.
Une fois par an, les bilans glucidique et lipidique sont vérifiés et les anticorps anti-
phospholipides dosés. Des examens spécifiques au suivi de certains traitements sont
aussi nécessaires et notamment un suivi ophtalmologique lors du traitement par
antipaludéens de synthèse.

7. TRAITEMENTS CONVENTIONNELS

7.1. Principes généraux


Le traitement a plusieurs objectifs :(24)
- à court terme, il s’agit d’assurer un confort quotidien et de préserver les fonctions
vitales dans les poussées graves
- à moyen terme : s’opposer à l’évolution imprévisible des atteintes viscérales,
empêcher les récidives thrombotiques, préserver l’insertion socio-professionnelle
- à long terme : limiter les séquelles et les effets délétères différés des traitements.

7.2. Education du patient


La prise en charge de la maladie passe obligatoirement par l’éducation du
patient. Le malade doit garder à l’esprit que le lupus est une maladie chronique et
évolutive mais qui, aujourd’hui, peut être maîtrisée par le respect de mesures
éducatives et thérapeutiques. Deux grandes règles sont nécessaires pour que le
patient adhère à son traitement : lui apprendre les signes d’alerte avant-coureurs
d’une poussée et l’informer sur les effets indésirables des médicaments et les moyens
de les prévenir.
Les mesures importantes à respecter sont les suivantes :
- photoprotection : Il est conseillé d’appliquer une protection solaire maximale
contre les UVA et UVB toutes les deux heures et de se protéger le visage et le corps
par des vêtements, de préférence en tissu serré, et un chapeau. La seconde

29
recommandation consiste à éviter l’exposition au soleil entre 12 et 16 heures ainsi
que les lieux où la réverbération est forte.
- arrêt du tabac : Le tabac augmente faiblement mais significativement le risque de
survenue d’un LES et interfère avec l’efficacité de l’hydroxychloroquine. Il est donc
important d’encourager le patient à arrêter complètement en lui apportant l’aide
nécessaire.
- vaccination(13) : Les complications infectieuses constituent la deuxième cause de
mortalité des patients lupiques, il est donc important de suivre avec attention les
vaccinations. On craint toujours de stimuler les lymphocytes autoréactifs par un
antigène vaccinal mais il a été démontré que la vaccination antipneumococcique et
anti-Haemophilus influenzae B est possible même en cas de traitements
immunosuppresseurs.
Les conseils en matière de vaccination sont les suivants : vacciner en-dehors des
périodes de poussées ou d’infections concomitantes ; respecter les vaccinations
obligatoires qui sont la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite ; les vaccinations
recommandées sont le pneumocoque et la grippe ; la vaccination contre l’hépatite B
peut être faite chez les patients à risque sans antécédents de poussée liée à cette
vaccination ; enfin, les vaccins vivants ou atténués (poliomyélite orale, rougeole,
oreillons, rubéole, varicelle, fièvre jaune et BCG) sont contre-indiqués chez les
patients immunodéprimés c’est-à-dire recevant plus de 20 mg/jour de corticoïdes
et/ou étant sous immunosuppresseurs.
- contraception : En raison du risque élevé de poussée grave chez la mère, des
conséquences pour le fœtus et de la tératogénicité de différents traitements, la
nécessité d’une contraception efficace doit être abordée avec toutes les femmes
lupiques en âge de procréer.

7.3. Traitements disponibles

7.3.1. Anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et aspirine


Les AINS et l’aspirine à 2 ou 3 g/jour sont utiles dans le traitement des
arthralgies et des arthrites peu intenses. Les principaux effets indésirables des AINS
sont digestifs, neurosensoriels, cutanés et rénaux.

30
7.3.2. Antimalariques de synthèse
Les antimalariques de synthèse disponibles en France sont la chloroquine
(CQ) ou Nivaquine®, comprimés à 100 mg et l’hydroxychloroquine (HCQ) ou
Plaquénil®, comprimés à 200 mg. L’HCQ est la molécule la plus majoritairement
utilisée grâce à ses différents effets bénéfiques. Non seulement, il s’agit d’une
molécule efficace dans le traitement des formes articulaires et cutanéo-muqueuses
mais aussi sur des formes plus graves, notamment rénales. Elle permet également de
réduire le risque de nouvelles poussées et a une activité anti-thrombotique,
hypolipémiante et une efficacité sur la prévention de la déminéralisation osseuse
induite par les corticoïdes.(25)

7.3.2.1. Indications et posologies


Les indications et posologies des deux antipaludéens de synthèse, HCQ et CQ
sont regroupées dans le tableau 5.

Posologies
Indications
hydroxychloroquine chloroquine
Une dose journalière Une dose journalière
Traitement d’appoint ou
usuelle inférieure à 7 usuelle inférieure à 5
prévention des rechutes
mg/kg est en général mg/kg est en général
des lupus systémiques
suffisante suffisante
200 à 400 mg/jour, voire 100 à 200 mg/jour jusqu’à
600 mg/jour en cas de disparition des lésions et
non réponse après un jusqu’à 400 mg/jour en
Traitement du lupus
mois de traitement, cas de non réponse puis la
érythémateux discoïde ou
jusqu’à disparition des posologie est réduite à
subaigu
lésions puis la posologie 100 mg/jour pendant
est réduite à 100 mg/jour plusieurs mois après
pendant plusieurs mois obtention de la rémission.
Tableau 5. Indications et posologies de la chloroquine et de
l’hydroxychloroquine

31
7.3.2.2. Effets indésirables et contre-indications
Les contre-indications et effets indésirables des antipaludéens de synthèse
restent assez rares.
L’effet indésirable le plus grave mais qui reste exceptionnel et qui constitue la
seule contre-indication absolue est le risque de rétinopathies. Ainsi, un suivi
ophtalmologique régulier doit être systématiquement proposé. En l’absence de
consensus, le suivi conseillé est celui proposé par la Société Française
d’Ophtalmologie. Un examen ophtalmologique et deux examens parmi vision des
couleurs, champ visuel central 10° et électrorétinogramme maculaire doivent être
réalisés :
- tous les six mois si le médicament est utilisé depuis plus de dix ans,
- tous les ans s’il est utilisé depuis plus de cinq ans ou à dose supérieure à 6,5
mg/kg/jour, si le patient a plus de 65 ans ou souffre d’insuffisance rénale ou
hépatique,
- tous les 18 mois dans tous les autres cas.(2)
Tout signe d’atteinte rétinienne (trouble du champ visuel ou de la vision des
couleurs) impose l’arrêt du traitement.
En-dehors des effets visuels, les antimalariques restent plutôt bien tolérés et
les désagréments digestifs de type nausées ou vomissements peuvent être évités en
prenant le médicament après les repas.

7.3.3. Corticoïdes
Les corticoïdes restent le traitement de référence dans la majorité des formes
de LES. Le traitement des formes viscérales reposent sur la corticothérapie associée
ou non à des immunosuppresseurs. La corticothérapie orale peut aussi être justifiée
dans les formes mineures en cas de persistance des symptômes articulaires à dose
inférieure à 0,3 mg/kg/jour de prednisone ou Cortancyl® qui est le corticoïde oral de
référence, sa biodisponibilité étant plus régulière que celle de la prednisolone ou
Solupred®. Selon l’indication, la dose va de quelques milligrammes de Cortancyl®
oral au gramme de méthylprednisolone ou Solumédrol® en intraveineux.(26)
L’utilisation des corticoïdes peut être redoutée en raison de leurs nombreux
effets indésirables mais qui peuvent être souvent prévenus par le respect de règles
hygiéno-diététiques et un suivi clinique.

32
Le risque d’ostéoporose cortisonique doit être prévenu et traité par le
maintien d’une activité physique allant de 30 à 60 minutes par jour et par une
alimentation riche en calcium (l’apport journalier en calcium doit être de 1500 mg),
limitée en glucides et supplémentée en vitamine D. Un traitement par
bisphosphonates peut être ajouté. L’étidronate à 400 mg (Didronel®) et le
risédronate à 5mg (Actonel®) ont l’AMM dans la prévention de la perte osseuse en
cas de corticothérapie supérieure à trois mois par voie générale et à dose supérieure
à 7,5 mg par jour d’équivalent-prednisone. L’étidronate doit être pris en cures de 14
jours par trimestre en cas de facteurs de risque d’ostéoporose associés,
d’antécédents de fracture ou de tassement après un traumatisme minime ou en cas
d’ostéopénie densitométrique.(23)
L’alimentation doit également être :
- pauvre en lipides pour réduire le risque d’athérosclérose
- supplémentée en potassium en cas de fortes doses
- limitée en glucides en raison du risque de diabète sous-jacent surtout chez des
patients en surpoids ou avec des antécédents familiaux.
- désodée pour ne pas aggraver la rétention hydrosodée qui peut provoquer une
simple prise de poids jusqu’à des œdèmes périphériques ou à une hypertension
artérielle.(23)
Au niveau clinique, un suivi ophtalmologique annuel permet de surveiller
l’apparition d’un glaucome cortisoné et tout foyer infectieux doit être
systématiquement traité.

7.3.4. Immunosuppresseurs
Les immunosuppresseurs sont réservés au traitement des atteintes viscérales
graves ou corticodépendantes et notamment des néphropathies et des atteintes
neuro-centrales. Ils sont alors associés à une corticothérapie à fortes doses.
Leur utilisation reste cependant limitée en raison des risques oncogène et
infectieux.
Les deux molécules de référence sont le cyclophosphamide (CYP), Endoxan®
et l’azathioprine (AZA), Imurel®. Le méthotrexate (MTX), Novatrex® est aussi
employé mais dans des indications plus limitées.

33
7.3.4.1. Cyclophosphamide, Endoxan®(27)
Le CYP fait partie de la classe des agents alkylants, entravant la réplication de
l’ADN par la formation de liaisons entre bases puriques et pyrimidiques. Il agit
préférentiellement sur les lymphocytes B et sur la production d’auto-anticorps ce qui
l’a conduit à être utilisé dans le LES. C’est le traitement de référence des
complications sévères du lupus et surtout des formes prolifératives de
glomérulonéphrite lupique. Sauf exception, le CYP est toujours administré en
association à une corticothérapie débutée à fortes doses.
Les bolus intraveineux sont administrés selon le schéma suivant : six perfusions
mensuelles initiales à 0,7 g/m² suivies par un traitement de consolidation constitué
généralement de trois perfusions bimestrielles puis de deux perfusions trimestrielles.
Le traitement dure 18 mois au total.
Les effets indésirables principaux sont digestifs (nausées, vomissements et
possible ulcération), hématologiques avec une neutropénie réversible et une
lymphopénie quasi-constante, un risque élevé d’infections (notamment zostériennes
et infections à cytomégalovirus), un risque d’aménorrhée définitive, une oncogénèse
et une toxicité vésicale qui se manifeste par une hématurie pouvant parfois engager
le pronostic vital.
La grossesse est une contre-indication formelle au traitement par CYP.

7.3.4.2. Azathioprine, Imurel®


L’AZA est un analogue des purines, interférant avec leur synthèse. Il ne s’agit
pas d’un traitement utilisé dans les poussées graves mais peut être considéré soit
comme un agent de relais après un traitement d’induction par CYP, soit comme un
produit permettant une épargne cortisonique dans certains LES rebelles mais non
viscéraux, soit enfin comme un immunosuppresseur de substitution chez la femme
enceinte.(27) Il est en général utilisé à la dose de 2 à 3 mg/kg/jour par voie orale.(24)
Les effets indésirables sont les risques de cytopénie et d’infections.

7.3.4.3. Méthotrexate, Novatrex®(27)


Cet agent anti-métabolique, inhibiteur des folates, empêche la synthèse des
purines et a une efficacité sur les manifestations cutanées et articulaires en général
après quatre à huit semaines de traitement.
34
Les indications du MTX se limitent aux formes cutanéo-articulaires ayant un
niveau de corticodépendance trop élevé et après échec de l’HCQ. Le problème de ce
traitement est le risque élevé de rechutes après l’arrêt du traitement sans garantie de
succès d’une reprise.
Les effets indésirables possibles sont une toxicité hépatique et un risque de
cytopénie.

7.3.4.4. Mycophénolate mofétil (MMF), Cellcept®(27)


Les études expérimentales du MMF ont montré un effet bénéfique sur des
modèles de lupus murins et son efficacité chez l’homme semble confirmée en
particulier dans le traitement des glomérulonéphrites résistantes au CYP. Dans
l’ensemble, il s’agit d’un médicament relativement bien toléré dont les effets
indésirables sont dominés par des diarrhées et des infections qui ne nécessitent que
rarement l’arrêt du traitement.

Le CYP fait toujours office de molécule de référence dans le traitement des


formes viscérales notamment rénales. Ses effets délétères tendent cependant à
modifier le schéma traditionnel d’administration pour le remplacer par des
protocoles allégés et à le relayer rapidement par des molécules moins toxiques
comme l’AZA ou le MMF.

7.3.5. Thérapeutiques biologiques


Le principe de ces traitements repose soit sur une soustraction passive des
auto-anticorps, la plasmaphérèse, soit sur une régulation inhibitrice de leur
production, les immunoglobulines polyvalentes intraveineuses.

7.3.5.1. Plasmaphérèse
Le but de cette technique est l’élimination des auto-anticorps et des
complexes immuns circulants en association à un traitement immunosuppresseur
pour limiter le risque de rechute. Son efficacité peu convaincante et sa mauvaise
tolérance (risque accru d’infections, surcharge hydrosodée) en font une

35
thérapeutique réservée aux formes multi-viscérales non contrôlées par de fortes
doses de corticoïdes et notamment en cas de SAPL.

7.3.5.2. Immunoglobulines polyvalentes intraveineuses


L’utilisation des immunoglobulines intraveineuses dans le LES est surtout
proposée pour contrôler les thrombopénies auto-immunes corticodépendantes ou
résistantes. Malgré des résultats plutôt encourageants, il s’agit d’un traitement lourd,
coûteux et présentant des effets indésirables comme un risque important de rechute
à l’arrêt, une hypotension, une insuffisance rénale aiguë ou encore une vascularite.
Ces données en font une thérapeutique réservée à des formes hématologiques ou
viscérales ou aux poussées évolutives pendant une grossesse.

7.4. Indications des différents traitements

7.4.1. Formes mineures


Le traitement des formes mineures articulaires et cutanées implique aspirine et
AINS dans le traitement des rhumatismes inflammatoires chroniques et
antimalariques de synthèse en traitement curatif et prévention des rechutes. La
persistance de symptômes articulaires peut nécessiter une corticothérapie à dose
inférieure à 10 mg/jour de prednisone. En revanche, une atteinte cutanée résistante
aux antimalariques de synthèse ne constitue pas une indication à la
corticothérapie.(11)

7.4.2. Formes viscérales


La prise en charge des manifestations viscérales repose sur la corticothérapie
parfois associée à un traitement immunosuppresseur. En cas de poussées graves, un
bolus de méthylprednisolone, Solumédrol®, par jour pendant trois jours consécutifs
précède souvent un relais par prednisone orale. La posologie usuelle initiale de
prednisone est de 1 mg/kg/jour dans le traitement des formes graves et de 0,5
mg/kg/jour dans le traitement des sérites.(24) La corticothérapie d’attaque est en
général prescrite pour une durée la plus courte possible, de quatre à six semaines au
maximum. La dose minimale efficace d’entretien doit être recherchée par diminution

36
progressive des doses par palier de 10% tous les dix à quinze jours. Une
corticothérapie d’entretien de 0,10 à 0,20 mg/kg/jour peut être maintenue plusieurs
années en association à l’HCQ.(24)
Dans les néphropathies prolifératives et les atteintes neurologiques centrales, un
traitement immunosuppresseur est presque toujours associé afin d’améliorer le
pronostic vital.

7.4.3. Cas particuliers

7.4.3.1. Le SAPL(13)
La prévention primaire du SAPL, en cas de présence d’anticorps anti-
phospholipides asymptomatiques, ne repose sur aucun consensus thérapeutique.
L’aspirine à dose anti-agrégante est utilisée et dans les situations à haut risque de
thrombose veineuse, une héparinisation peut être proposée. En cas de thromboses
récentes, la prévention secondaire est assurée par les anti-vitamine K (AVK) au long
cours avec un objectif d’INR (ratio normalisé international) entre 3 et 3,5 s’il s’agit
d’une forme artérielle et entre 2,5 et 3 pour les formes veineuses. En cas de rechute
thrombotique sous AVK, l’aspirine peut être associée.

7.4.3.2. La grossesse(28)
Les médicaments autorisés et interdits pendant la grossesse sont regroupés
dans le tableau 6. Les corticoïdes et l’AZA peuvent être poursuivis en cas de
manifestations sévères. Le CYP doit être arrêté trois à six mois avant le début
programmé de la grossesse. Une poussée est traitée par une augmentation de la
dose de corticoïdes.

Médicaments autorisés Médicaments interdits


Corticoïdes CYP
Aspirine à faible dose MTX
HCQ MMF
AZA AINS et aspirine à forte dose au cours du
Héparines troisième trimestre
Tableau 6. Médicaments autorisés et interdits pendant une grossesse lupique.(28)

37
LE RITUXIMAB: UNE NOUVELLE APPROCHE
THERAPEUTIQUE

Les traitements conventionnels du LES font appel à une corticothérapie seule


ou associée à des traitements immunosuppresseurs. Ces thérapeutiques sont
efficaces mais ne sont pas dénuées d’effets indésirables à plus ou moins long terme.
Dans ce contexte, l’apparition de nouvelles molécules immunosuppressives semble
intéressante et notamment celle du rituximab, anticorps monoclonal anti-CD20, dont
la cible antigénique constituée par les lymphocytes B en fait un traitement de grand
intérêt.
Le rituximab connu sous le nom de spécialité MabThera® a été le premier
anticorps monoclonal approuvé par la FDA (Food and Drug Administration) en 1997
pour le traitement de cancers. Il a depuis démontré son efficacité dans le traitement
du lymphome non hodgkinien B et est de plus en plus utilisé au cours de maladies
auto-immunes dont la polyarthrite rhumatoïde qui constitue une indication de
l’AMM. Il est également largement utilisé dans le traitement de LES réfractaires aux
autres thérapeutiques mais cette indication est hors AMM.

1. GENERALITES SUR LE RITUXIMAB

1.1 L’antigène CD20 : une cible immunologique intéressante


Le rituximab est un anticorps monoclonal chimérique dirigé spécifiquement
contre l’antigène transmembranaire CD20, marqueur spécifique des lymphocytes B
du stade pré-B à celui de cellules B matures. Il n’est, par contre, pas présent à la
surface des cellules pro-B ni des plasmocytes.
Le CD20 est une protéine de 297 acides aminés non glycosylée à l’état basal
possédant quatre domaines transmembranaires, deux extrémités N et C terminales et
un domaine extracellulaire.(29) Sa fonction reste encore floue mais il semblerait qu’il
soit impliqué dans la régulation des flux calciques à travers la membrane
cytoplasmique des lymphocytes B. Une fois activé par des anticorps (dont le
rituximab) dirigés contre sa portion extra-membranaire, le CD20 module la

38
concentration intra-cytoplasmique de calcium et permet la différenciation du
lymphocyte B car les variations de la concentration de calcium déterminent le
passage d’un cycle cellulaire à l’autre.
Le rituximab se compose des régions variables Fab d’un anticorps murin dirigé
spécifiquement contre le CD20 fusionnées avec des domaines constants Fc d’une
chaîne lourde IgG1 et d’une chaîne légère κ humaines.

1.2. Modes d’action


Le rituximab provoque une destruction sélective des lymphocytes B. En effet,
le fragment Fab du rituximab se fixe à l’antigène CD20 des lymphocytes B et son
domaine Fc peut fixer des cellules cytotoxiques et entraîner la lyse lymphocytaire.
Cette déplétion lymphocytaire est possible par trois mécanismes principaux :
l’apoptose, la cytotoxicité cellulaire dépendante des anticorps (ADCC pour Antibody
Dependant Cell Mediated Cytotoxicity) et la cytotoxicité dépendante du complément
(CDC).
- L’apoptose des lymphocytes B s’explique par la fixation du rituximab sur le
CD20 par son fragment Fab qui provoque un changement de conformation de la
cible à l’origine d’une augmentation du flux calcique vers le milieu intracellulaire avec
pour conséquence un blocage du cycle cellulaire en phase S.(29)
- L’ADCC est possible par l’intervention de différentes cellules effectrices :
monocytes, macrophages, cellules NK qui vont fixer la portion Fc du rituximab grâce
à leurs récepteurs à la portion Fc (FcγR) dont il existe trois formes : les récepteurs
activateurs des cellules effectrices de haute affinité FcγRI, des récepteurs activateurs
de faible affinité FcγRIIIa et des récepteurs inhibiteurs FcγRIIb. Ce polymorphisme des
récepteurs pourrait être une explication de la variabilité de l’efficacité du rituximab.
En effet, il a été démontré que la présence d’une valine en position 158 du récepteur
FcγRIIIa à la place d’une phénylalanine confère au récepteur une affinité dix fois plus
grande pour le rituximab. Ainsi, dans un groupe de lymphomes folliculaires, une
rémission complète est plus souvent observée chez les patients dont le
polymorphisme du FcγRIIIa est caractérisé par une valine en position 158.(30) De plus,
en présence d’un récepteur de faible affinité, la quantité de rituximab nécessaire à
une déplétion lymphocytaire B optimale, c’est-à-dire moins de 1% de lymphocytes B

39
circulants, est dix fois supérieur à celle nécessaire lorsqu’il s’agit d’un patient porteur
de l’allèle de haute affinité.(29)
- La CDC explique la lyse cellulaire par l’activation du complément. En effet, le
fragment Fc du rituximab active le complément par fixation à la fraction C1q.
Le lymphocyte B est une cellule présentatrice d’antigènes qui produit
également de nombreuses cytokines pro-inflammatoires. La déplétion lymphocytaire
B induite par le rituximab diminue donc la présentation des antigènes par les
lymphocytes B aux lymphocytes T et limite donc l’activation des lymphocytes T.
D’autre part, si la production de cytokines pro-inflammatoires est réduite, la réaction
inflammatoire liée à la maladie auto-immune est atténuée.

1.3. Données cliniques

1.3.1. Indications actuelles


Les indications mentionnées dans l’AMM sont :
- les lymphomes non hodgkiniens pour lesquels le Mabthera® peut être utilisé en
monothérapie ou en association à une chimiothérapie
- les leucémies lymphoïdes chroniques pour lesquelles le Mabthera® est utilisé en
association à une chimiothérapie pour le traitement des patients présentant une
leucémie lymphoïde chronique n’ayant pas été traités précédemment ou une
leucémie en rechute ou réfractaire.
- la polyarthrite rhumatoïde active et sévère, en association au MTX, chez des
patients adultes ayant présenté une réponse inadéquate ou une intolérance aux
traitements de fond, dont au moins un anti-TNF.

1.3.2. Utilisation du rituximab dans le LES


Il n’existe pas de consensus concernant le protocole d’administration du
rituximab. Selon les cas, les cures peuvent être réalisées en deux perfusions
intraveineuses de un gramme à quinze jours d’intervalle ou en une perfusion de 375
mg/m² de surface corporelle par semaine pendant quatre semaines consécutives,
avec ou sans immunosuppresseurs associés. La posologie la plus fréquente est celle
qui consiste à administrer 375 mg/m²/semaine pendant quatre semaines. Il s’agit du

40
schéma utilisé dans le traitement du lymphome non hodgkinien. Cependant,
l’extension de l’AMM du MabThera® à la polyarthrite rhumatoïde réfractaire tend à
développer la posologie de 1000 mg en deux perfusions à quinze jours d’intervalle.
Dans son référentiel national de bon usage du rituximab, l’AFSSAPS (Agence
Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé) définit les situations
temporairement acceptables d’utilisation du rituximab comme les LES réfractaires aux
immunosuppresseurs et/ou aux échanges plasmatiques et les recommandations
d’experts pour l’utilisation du rituximab au cours du LES sont les suivantes:(31)
 Le rituximab est une alternative thérapeutique dans les cas de LES réfractaires
à un traitement associant corticoïdes et immunosuppresseurs avec une
atteinte rénale proliférative (classes III, IV et V) ou avec cytopénie auto-
immune sévère réfractaire (PTI ou anémie hémolytique auto-immune) ;
 Le rituximab est une alternative thérapeutique dans les cas de LES avec
atteinte grave du système nerveux central réfractaire aux traitements
conventionnels associant corticoïdes et CYP ;
 Le rituximab peut aussi être une alternative thérapeutique dans les formes
articulaires réfractaires, les atteintes cutanées sévères et réfractaires ne
répondant pas à l’association corticoïdes et immunosuppresseurs ;
 Le rituximab peut aussi être une alternative thérapeutique en cas de LES avec
atteinte viscérale grave ayant une contre-indication au CYP ;
 Le rituximab pourrait enfin être une alternative thérapeutique dans les formes
de LES avec un seuil élevé de corticodépendance, quelles que soient les
situations cliniques ou viscérales.

1.3.3. Contre-indications
Afin de rechercher toute contre-indication au rituximab, un ensemble
d’experts a édité une liste de recommandations à suivre. Elles sont résumées dans le
tableau 7.(31)
Les principales contre-indications du Mabthera® sont une hypersensibilité à la
substance, à l’un des excipients ou aux protéines murines, la grossesse, une infection
sévère chronique et/ou récidivante et une insuffisance cardiaque ou une maladie
cardiovasculaire sévère non contrôlée. Cette dernière précaution est prise en raison
de cas de troubles cardiovasculaires observés lors des essais du rituximab dans la

41
polyarthrite rhumatoïde. Il s’agissait cependant de patients ayant des antécédents
cardiovasculaires et la fréquence de cet évènement était sans différence significative
par rapport aux patients traités par placebo.(31)

 Interrogatoire pour vérifier l’absence de :


- antécédents d’insuffisance cardiaque sévère ou de maladie cardiovasculaire
sévère non contrôlée
- antécédents d’infections sévères, chroniques et/ou récidivantes
- antécédents de cancer solide
- maladies associées pour lesquelles l’utilisation de corticoïdes serait un risque
thérapeutique
 Examen clinique pour vérifier l’absence de :
- Infection évolutive
- Signes d’insuffisance cardiaque décompensée ou de maladies cardiaques
ischémiques
- Hypertension artérielle mal équilibrée
 Vaccinations :
Une mise à jour des vaccinations doit être proposée et notamment une vaccination
antipneumococcique. Les vaccins viraux vivants sont à proscrire, les non vivants sont
possibles mais le taux de réponse peut être diminué. Il est nécessaire, si possible, de
compléter les vaccinations un mois avant de débuter le rituximab. La vaccination
antigrippale annuelle est recommandée mais doit être reculée autant que possible
après la dernière dose de rituximab.
 Examens complémentaires systématiques en première intention :
- Electrocardiogramme
- Hémogramme
- Electrophorèse des protéines sériques
- Dosage pondéral des immunoglobulines
- Sérologies hépatites B et C
- Radiographie du thorax
 Examens conseillés :
- Typage lymphocytaire (taux des lymphocytes B et T)
- Sérologie VIH
Tableau 7. Liste des recommandations à suivre pour rechercher
systématiquement les principales contre-indications du rituximab(31)

42
1.3.4. Tolérance
Le rituximab apparaît plutôt bien toléré et le nombre d’effets indésirables
rapportés reste faible. Des réactions sont cependant fréquentes en cours de
perfusion, en particulier pendant la première administration. Il s’agit notamment de
fièvre, frissons, hypertension artérielle, nausées, rash cutané éventuellement
prurigineux, bronchospasme… La prémédication par corticoïdes, anti-histaminiques
H1 et paracétamol permet de réduire la fréquence de ces manifestations. La
surveillance doit être accrue en cas d’antécédents d’allergie. En-dehors de ces
réactions immédiates, les principaux effets indésirables sont :
- une augmentation du risque d’infections essentiellement virales. Parmi les
infections les plus rapportées, on peut citer des infections des voies respiratoires, des
réactivations d’herpès simplex virus, du virus de la varicelle et du zona, du virus de
l’hépatite B pouvant conduire à des hépatites fulminantes. Une augmentation de la
réplication du virus de l’hépatite C peut aussi survenir après traitement par rituximab.
Chez les patients à haut risque infectieux c’est-à-dire ayant un traitement
immunosuppresseur depuis des années et ceux ayant une lymphopénie CD4+
inférieure à 200/mm3, il peut être discuté de la mise en place d’une prophylaxie de la
pneumocystose par Bactrim®.
- un risque de neutropénie. Ainsi, en cas de neutropénie (inférieure à 1,5 G/L)
et/ou de thrombopénie (inférieure à 75 G/L), la prudence est recommandée même si
la neutropénie induite par le rituximab répond bien aux facteurs de croissance
granulocytaires (G-CSF).(31)
- il n’a pas été rapporté d’augmentation du risque de néoplasie sous
rituximab.(31)
- d’exceptionnels cas de leucoencéphalite multifocale progressive (LEMP)
mortelle. La LEMP est une maladie progressive entraînant une démyélinisation du
système nerveux central déclenchée par l’activation du virus JC qui ne provoque une
LEMP que chez les patients immunodéprimés. En 2007, le laboratoire Roche
commercialisant le MabThera® a informé de la survenue de deux cas mortels de
LEMP chez des patients souffrant de LES traités par MabThera®. Dans les deux cas,
les patients étaient traités depuis longtemps par des immunosuppresseurs. Ainsi,
l’apparition de symptômes neurologiques chez un patient traité par MabThera® pour
un LES doit faire évoquer le diagnostic de LEMP et entraîner une prise en charge par

43
un neurologue. Si le diagnostic est avéré, le traitement par MabThera® doit être
arrêté et tout autre immunosuppresseur associé doit être réduit ou interrompu. Un
traitement antiviral doit être envisagé mais malheureusement aucun traitement ne
s’est montré efficace. La causalité entre MabThera® et LEMP n’a pas pu être établie
mais l’utilisation doit cependant rester très prudente chez des patients
immunodéprimés ayant un taux de CD4+ inférieur à 100/mm3.
En conclusion, les données de tolérance semblent plutôt rassurantes mais il est
évident que nous manquons de recul par rapport à des effets indésirables à très long
terme. La mise en place de registres de patients traités par rituximab pour une
maladie auto-immune par le Club Rhumatismes et Inflammations sous l’égide de la
Société Française de Rhumatologie permettra une meilleure connaissance de la
tolérance notamment lorsqu’il s’agit de patients traités en-dehors des essais
cliniques.(31)

1.3.5. Pharmacocinétique(29)
Le rituximab induit une déplétion lymphocytaire B marquée 24 à 48 heures
après la première perfusion. La demi-vie du rituximab est estimée à 120 heures. La
récupération d’un pool lymphocytaire normal ne survient pas avant neuf à douze
mois après la fin du traitement. La déplétion lymphocytaire varie d’un patient à
l’autre pour une même dose de produit. Le polymorphisme des récepteurs FcγR
évoqué précédemment peut être l’une des explications de la variabilité de l’efficacité.

44
2. PATIENTS ET METHODES

OBJECTIF : Etude rétrospective de l’efficacité et de la tolérance du rituximab chez


douze patients présentant un LES réfractaire

2.1. Patients
Les dossiers de douze patients avec un LES remplissant les critères de l’ACR
suivis dans le service de médecine interne A du Centre Hospitalier Universitaire de
Limoges et ayant reçu un traitement par rituximab entre février 2003 et septembre
2010 ont été étudiés.
Les patients ont tous :
- plus de 17 ans au moment du traitement
- un LES répondant aux critères de l’ACR
- reçu des perfusions de rituximab dans le cadre d’un LES réfractaire aux autres
traitements conventionnels.
Après avoir été définies, les données nécessaires ont été recueillies dans le
service de médecine interne A qui assure le suivi des patients. Les données
recherchées étaient :
- démographiques (âge, sexe, origine ethnique)
- cliniques (facteurs de risque cardiovasculaire, atteintes cliniques dues au LES,
évolution de la maladie)
- biologiques (critères d’activité de la maladie : anti-ADN natif et
hypocomplémentémie, paramètres sanguins et urinaires)
- les traitements antérieurs à l’administration de rituximab
- indication, protocole thérapeutique, traitements concomitants ou instaurés en
relais thérapeutique du rituximab et effets indésirables du rituximab
- évolution de la maladie après traitement (notions de réponse clinique et
déplétion lymphocytaire)
Lorsque le suivi des patients le permettait, ces données ont été relevées au
moment du traitement par rituximab puis après trois, six mois et un an. Les derniers
résultats disponibles de chaque patient, datant de 2010 pour la majorité, ont
également été utilisés.
45
2.2. Critères de réponse au traitement

 réponse clinique
 Réponse complète : amélioration complète des symptômes présentés initialement
et retour à l’état normal
 Réponse partielle : amélioration d’au moins 50% des symptômes par rapport à
l’état initial

 réponse clinicobiologique spécifique d’organes

- réponse rénale(32)
 Réponse rénale complète se définit par une protéinurie inférieure à 0,5g/24 heures
associée à une normalisation ou une stabilisation de la créatininémie et à une
absence d’anomalie du sédiment urinaire.
 Réponse rénale partielle se définit par une amélioration d’au moins 50% de tous
les paramètres rénaux anormaux avant le traitement par rituximab
 Un patient est dit non répondeur lorsque les anomalies persistent et que les
critères cités ci-dessus ne sont pas remplis.

- réponse hématologique(33)
Dans le cadre d’un PTI, il a été défini que :
 Une réponse complète correspond à un taux de plaquettes supérieur à
150 000/mm3
 Une réponse partielle correspond à un taux compris entre 50 000 et 150 000/mm3
ou multiplié au moins par deux si la valeur avant traitement était inférieure à
50 000/mm3
 Une non réponse équivaut à un chiffre inférieur à 50 000/mm3

 Durée d’une rémission clinique


La durée d’une rémission est définie comme la période à partir du moment où les
critères de la réponse sont remplis jusqu’à l’observation d’une rechute.

46
 Déplétion lymphocytaire B
La déplétion en lymphocytes B est définie comme un taux de CD19+ circulants
inférieur ou égal à 5/mm3 en valeur absolue ou à un taux inférieur ou égal à 1% des
lymphocytes totaux circulants.

3. RESULTATS
La cohorte étudiée regroupe dix femmes et deux hommes dont l’âge moyen
au moment du début du traitement par rituximab est de 34 ans (18 à 45 ans). La
durée médiane d’évolution de la maladie est de l’ordre de 14 ans (5 à 27 ans). Parmi
les douze patients, sept sont caucasiens, deux patientes sont d’origine asiatique, deux
patients sont sud-américains, la dernière est algérienne.
Les caractéristiques générales des patients sont présentées dans le tableau 8
et les antécédents individuels de chaque patient sont regroupés dans le tableau 9.

3.1. Présentation clinique

3.1.1. Atteintes cliniques


Les manifestations cliniques présentées par les patients sont néphrologiques
(n=9), cutanéo-muqueuses (n=9), articulaires (n=9), hématologiques (n=4),
cardiaques (n=4), digestives (n=1) et un SAPL secondaire s’y associe chez six patients
(patients 1, 3, 4, 7, 11 et 12).

47
Démographie
Age médian, années 35 ans (18 - 45 ans)
Sexe, femmes/hommes 10/2
Sujets caucasiens 7/12 (58%)
Sujets asiatiques 2/12 (17%)
Sujets sud-américains 2/12 (17%)
Sujets nord africains 1/12 (8%)
Durée d’évolution médiane, années 14 ans (5 – 27 ans)
Traitements antérieurs
Prednisone 12/12 (100%)
HCQ 9/12 (75%)
Immunosuppresseurs 9/12 (75%)
Azathioprine 5/12 (42%)
Cyclophosphamide 8/12 (67%)
Mycophénolate mofétil 4/12 (33%)
Mycophénolate sodique 2/12 (17%)
Méthotrexate 2/12 (17%)
Ig intraveineuses 4/12 (33%)
SAPL secondaire 6/12 (50%)
dont SAPL avec antiprothrombinase 3/6
anticardiolipine 3/6
Le rituximab
nombre total de cures 18
Indication
Articulaire 2/18 (11%)
Rénale 12/18 (66%)
Hématologique 4/18 (22%)
Schéma d’administration
Une seule cure : 7/12 (58%)
1g x 2 2/12 (17%)
375mg/m² x 4 5/12 (42%)
Deux cures : 5/12 (42%)
1g x 2 puis 375mg/m² x 4 2/12 (17%)
375mg/m² x 4 puis 1g x 2 1/12 (8%)
375mg/m² x 4 pour les deux cures 2/12 (17%)
Trois cures : 1/12 (8%)
Traitements associés ou en relais
Prednisone 16/18 (83%)
Hydrocortisone 1/18 (6%)
Bolus de corticoïdes 8/18 (44%)
Hydroxychloroquine 13/18 (72%)
Immunosuppresseurs 12/18 (66%)
Azathioprine 7/18 (39%)
Cyclophosphamide 1/18 (6%)
Mycophénolate mofétil 4/18 (22%)
Mycophénolate sodique 1/18 (6%)
Ciclosporine 2/18 (11%)
Ig intraveineuses 4/18 (22%)

Tableau 8. Caractéristiques générales des patients : démographie, traitements


antérieurs, activité et clinique de la maladie et schéma thérapeutique de
l’administration du rituximab

48
3.1.2. Traitements antérieurs à l’administration du rituximab
Avant traitement par rituximab, l’ensemble des patients a préalablement été
traité par de la prednisone orale au long cours dont la dose d’attaque est
généralement de 1 mg/kg/jour avant d’être progressivement diminuée par paliers
pour atteindre la dose minimale efficace. Trois quart des patients (9/12) ont pris de
l’HCQ entre 200 et 400 mg/jour. Les trois patients restants n’ont pas eu d’HCQ car
deux avaient une atteinte ophtalmologique contre-indiquant l’utilisation et la
dernière patiente recevait initialement un traitement pour un PTI sans autre atteinte
lupique diagnostiquée. Tous les patients ont aussi bénéficié d’un traitement
immunosuppresseur ou immunomodulateur au préalable. La molécule la plus utilisée
est le CYP en bolus intraveineux de 800mg à 1g/mois chez huit patients sur douze
puis viennent l’AZA, 100 à 150mg/jour per os (cinq patients), le MMF (quatre patients)
et MYF (deux patientes) le plus souvent à 2g/jour et le MTX chez deux patients à
15mg/semaine.
Quatre patients ont reçu des perfusions d’immunoglobulines intraveineuses avant
leur traitement par rituximab (patients 3, 8, 11 et 12). La majorité de ces patients (8,
11 et 12) était suivie pour un PTI qu’il fallait traiter dans l’urgence au cours d’une
hospitalisation pour une chute des plaquettes. Pour la patiente 3, il s’agissait de
prolonger l’efficacité des traitements.
Certains de ces traitements antérieurs ont eu des effets indésirables. Au moins
quatre des patients ont dû arrêter temporairement ou définitivement l’HCQ
responsable de complications ophtalmologiques. L’arrêt définitif concerne une
patiente qui, après une intolérance digestive à l’HCQ, a été mise sous chloroquine à
l’origine d’une dégradation de l’électrorétinogramme ayant imposé un arrêt de
quelques mois. A la reprise du traitement, un bloc auriculo-ventriculaire complet
imputé à la chloroquine est diagnostiqué nécessitant un arrêt définitif des
antipaludéens de synthèse. Un des patients n’a jamais pris d’HCQ en raison d’une
hémorragie maculaire antérieure.
La corticothérapie au long cours est également responsable de la survenue de
troubles métaboliques tels qu’un diabète insulinodépendant chez un patient, de prise
de poids et de formation d’œdèmes chez au moins une des patientes et de
dyslipidémies. Les effets sont particulièrement visibles chez l’une des patientes qui
présente une cataracte cortisonique bilatérale et une nécrose bilatérale des têtes

49
fémorales et humérales responsables d’une impotence fonctionnelle. Plusieurs
patients souffrent aussi d’imprégnation cortisonique se traduisant par un faciès
cushingoïde.
Parmi les molécules immunomodulatrices utilisées, la thalidomide a provoqué une
toxicité neurologique chez une patiente.
Aucune complication infectieuse grave ayant nécessité une hospitalisation ni aucune
néoplasie n’ont été diagnostiquées pendant la période d’observation. Une seule
patiente (patiente 3) a dû être hospitalisée pour des infections récidivantes dont une
cystite interstitielle ayant nécessité la mise en place d’un Bricker.

3.1.3. L’administration de rituximab


Au total, 18 cures de rituximab ont eu lieu pour l’ensemble des patients. Sept
patients ont reçu une seule cure de rituximab et parmi eux cinq selon le protocole
375 mg/m²/semaine pendant quatre semaines consécutives et les deux autres selon
le second protocole consistant en 1g/jour à quinze jours d’intervalle. Les cinq autres
patients ont dû bénéficier d’une seconde cure à la suite d’une récidive, le schéma
d’administration des deux cures était le suivant :

Nombre de patients 1ère cure 2ème cure


2 1g à J0 et J15 375 mg/m²/semaine x 4
2 375 mg/m²/semaine x 4 375 mg/m²/semaine x 4
1 375 mg/m²/semaine x 4 1g à J0 et J15

Enfin, parmi les patients ayant eu besoin d’une seconde cure, une patiente a reçu une
troisième cure selon le schéma 1g à quinze jours d’intervalle.
Les indications générales du rituximab étaient rénales à 66%, hématologiques
à 22% et articulaires pour deux des 18 cures soit 11%.
La durée médiane de suivi après la première administration du rituximab est
de 49,5 mois (12 à 84 mois).

50
3.1.4. Les antécédents des patients (tableau 9)
Les facteurs de risque cardiovasculaire recherchés étaient une hypertension
artérielle, un diabète, un tabagisme et une dyslipidémie. Il a également été déterminé
les patients en surpoids grâce à leur indice de masse corporelle (IMC) calculée au
moment du traitement par rituximab. Sur douze patients, quatre souffrent
d’hypertension artérielle légère à modérée, trois sont fumeurs, la moitié présente une
dyslipidémie et trois ont des antécédents de diabète dont un diabète cortico-induit.
Selon la définition de l’OMS, une corpulence normale correspond à une valeur d’IMC
comprise entre 18,5 et 25, le surpoids à un IMC entre 25 et 30 et l’obésité à un IMC
supérieur à 30. D’après cette définition, la moitié des patients a un problème de
poids. Cinq patients sont en surpoids et la patiente 12 souffre d’une obésité
modérée.
Au moment du traitement par rituximab, les atteintes cliniques les plus
fréquentes chez les douze patients sont :
- rénales : neuf glomérulonéphrites lupiques dont une de stade II (patiente 1), trois
de stade III (patients 3, 4 et 6), quatre de stade IV (patientes 5, 7, 9 et 10) et une de
stade V (patiente 2). Quatre patients ont aussi un syndrome néphrotique (patients 2,
4, 9 et 10).
- cutanéo-muqueuses chez huit patients
- hématologiques : deux anémies, une cytopénie auto-immune, trois purpura
- vasculaires : quatre phénomènes de Raynaud, deux antécédents de thrombose et
un de phlébite.
- articulaires chez dix patients, le plus souvent, il s’agit de polyarthralgies
inflammatoires
- cardiaques chez cinq patients dont deux myocardites et cinq péricardites
- digestives chez la patiente 3 avec une cholécystite aiguë, une hépatite chronique et
une occlusion du grêle responsable d’une vascularite péritonéale
Trois patientes ont un LES associé à une autre maladie auto-immune. Il s’agit
de deux syndromes de Gougerot-Sjögren, une thyroïdite auto-immune et une
myasthénie auto-immune.
Trois patientes présentant un PTI ont subi une splénectomie. Une de ces
interventions était antérieure au traitement par rituximab (patiente 8), les deux autres
(patientes 11 et 12) ont eu lieu respectivement neuf et six mois après le traitement.

51
Age au
moment du Facteurs de risque Evolution
Traitements Traitements
patient Diagnostic traitement cardiovasculaire et du LES Atteintes cliniques
immunosuppresseurs antérieurs adjuvants
par RTX, sexe, pathologies associées (années)
ethnie
- CT
- CYP : 8 bolus IV de 750mg/mois
GN stade II, péricardite aiguë, livedo et
LES avec 39, F, Tabac (1996 à 1997) HCQ : 200 à
1 22 Raynaud, polyarthrite avec synovite,
SAPL caucasienne IMC=17,9 - MTX non toléré 400mg/j
thrombopénie, anémie non hémolytique
- AZA : 50 à 100mg/j (1999-2000
puis 2004-2006)
- CT
Tabac GN stade V active avec syndrome - CYP : bolus IV à dose cumulée
18, F,
2 LES HTA (160/100) 7 néphrotique, œdèmes, HTA, anémie, de 8,68g (2003) HCQ : 400mg/j
cambodgienne
IMC=23,7 myocardite lupique - MYF : 2160mg/j (2007)

- CT
Alopécie, aphtose, GN stade III, - HCQ vite
IMC=18,3 - AZA 50 mg/j pendant un mois
LES avec 42, F, péricardite, cholécystite aiguë, hépatite arrêtée
3 Terrain atopique, 10 en 2005 mais aggravait
SAPL cambodgienne chronique, vascularite péritonéale, - cures d’Ig IV
asthme, stérilité l’augmentation des enzymes
infections urinaires à répétition 1g/kg/j
pancréatiques
- CT
Douleurs polyarticulaires inflammatoires,
- AZA 100mg/j (2003-2006)
LES avec péricardite, thrombose veineuse
4 28, H, chilien IMC=21,2 8 - MMF 2g/j (9mois en 2006) HCQ 400mg/j
SAPL poplitée, pneumopathie fébrile, GN
- CYP : 7 bolus de 1g/mois (2006-
stade III et syndrome néphrotique
2007)
- CT
- CYP per os 120 puis 100mg/j en
Lésions érythémato-maculeuses sur les
1983
36, F, Hypercholestérolémie zones photoexposées et engelures,
5 LES 27 - CYP en bolus IV en 1992 HCQ 400mg/j
caucasienne IMC=27,1 aphtoses, Raynaud, cytopénie auto-
- MYF en 2005
immune, arthralgies, GN stade IV
- CYP 500mg IV tous les 15j de
juin à août 2006
- CT
Dyslipidémie mixte
Hémorragie maculaire et maculopathie - CYP : bolus à dose cumulée de
38, H, HTA (141/91)
6 LES 15 séquellaire, GN stade III, atteinte 12g de 1995 à 1997
caucasien Diabète cortico-induit
bilatérale des métacarpophalangiennes - AZA : 150mg/j jusqu’en 2003
IMC=26
- MMF 2g/j jusqu’en 2009
52
- CT
HTA (160/100) - AZA : 100mg/j puis 50mg un
LES avec
IMC=19 jour sur deux (2002-2004) puis
SAPL, Thrombose veineuse rétinienne,
27, F, Petite dyslipidémie 75mg/j (2005-2006) et 50mg/j
7 Gougerot- 13 douleurs interphalangiennes proximales HCQ : 400mg/j
caucasienne Syndrome de (septembre à octobre 2006)
Sjögren et et lombaires, GN stade IV très active
Gougerot-Sjögren et - CYP : bolus de 1g/mois pendant
Hashimoto
Hashimoto 9 mois puis 750mg/trimestre
(2004-2005)
Purpura fin des membres, alopécie,
- cures d’Ig IV
28, F, IMC=24,9 gingivorragies, lombalgies, cervicalgies, - dexaméthasone 40mg/j
8 LES et PTI 5 70g
colombienne Splénectomie en 2007 lésions très sévères de vascularite pendant 4 jours
nécrosante
- CT
Polyarthrite fluxionnaire, vespertilio, - CYP : 9 cures de 1g/mois (2000-
lésions squameuses et prurigineuses sur 2002) puis 800mg tous les 2 mois - HCQ : 400
HTA (155/90) le visage, bulleuses sur le thorax et (2002) mg/j (1989-
45, F,
9 LES IMC=26,3 21 placards suintants sur les mains, - thalidomide 50mg/j (1995-1997) 1992)
caucasienne
Hypercholestérolémie alopécie, livedo, Raynaud sévère, - MTX 15mg/semaine (3mois en - CQ : 300mg/j
péricardite et myocardite, GN stade IV 2000) (1994)
très active avec syndrome néphrotique - MMF 2g/j (2 mois en 2000)

Cataracte bilatérale, GN stade IV, - CT


28, F, IMC=27,2 syndrome néphrotique, polyarthralgies, - CYP : 6 bolus 0,6mg/m²/mois
10 LES 11
algérienne Dyslipidémie pleuropéricardite, éruption palmo- (2004)
plantaire - MMF 2g/j (2005-2006)
Tabac
IMC=25,7 Arthralgies diffuses, PTI, Raynaud, - HCQ :
38, F,
11 LES et SAPL Diabète gestationnel, 15 érythème prurigineux de la zone - CT 400mg/j
caucasienne
myasthénie auto- périorbitaire - cures d’Ig IV
immune
IMC=33,4
Dyslipidémie mixte
LES avec Phlébite poplitée, lucite, alopécie, - HCQ 400
Antécédents de
SAPL et 34, F, ulcérations buccales, purpura, arthralgies puis 200mg/j
12 diabète 15 - CT
Gougerot- caucasienne diffuses, deux fausses couches - cures d’Ig IV
Syndrome de
Sjögren spontanées et un enfant mort-né 1g/kg/j (2004)
Gougerot-Sjögren

Tableau 9. Caractéristiques individuelles des douze patients avant traitement par rituximab
53

SAPL : syndrome des anti-phospholipides ; F : femme ; H : homme ; IMC : indice de masse corporelle ; HTA : hypertension artérielle ; GN : glomérulonéphrite ; HCQ :
hydroxychloroquine ; CQ : chloroquine ; CT : corticothérapie ; AZA : azathioprine ; CYP : cyclophosphamide ; MMF : mycophénolate mofétil ; MYF : mycophénolate
sodique ; MTX : méthotrexate ; Ig IV : immunoglobulines intraveineuses ; PTI : purpura thrombopénique immunologique
3.2. Protocole
Un protocole concernant l’administration en quatre perfusions de 375
mg/m²/semaine pendant quatre semaines a été établi au CHU de Limoges en 2005. Il
prévoit les points suivants:
- une prémédication 30 à 60 minutes avant chaque perfusion comportant du
paracétamol 1g en voie intraveineuse de quinze minutes et de la Polaramine® 5mg
en intraveineuse lente
- la première perfusion doit être réalisée à un débit de 50 mg/heure, augmenté
ensuite par paliers de 50mg/heure toutes les 30 minutes jusqu’à un maximum de
400mg/heure.
- en cas d’évènements, la perfusion doit être ralentie ou arrêtée
- les constantes à surveiller toutes les 15 minutes pendant une heure puis toutes les
heures sont la température, la tension artérielle, la fréquence cardiaque et la
fréquence respiratoire
- au cours des perfusions ultérieures, la vitesse peut être directement de 100
mg/heure puis augmentée de 100mg/heure toutes les 30 minutes jusqu’à un
maximum de 400 mg/heure.
Les indications des 18 cures de MabThera® sont les suivantes:
- une glomérulonéphrite est l’indication de onze cures :
 Glomérulonéphrite de stade III chez les patients 3 (une cure), 4 (une
cure), 6 (une cure) et 10 (pour sa première cure)
 Stade IV chez les patients 5 (une cure), 7 (une cure), 9 (deux cures)
 Stade V chez les patientes 2 (deux cures) et 10 (pour sa troisième cure)
- un LES articulaire très réfractaire aux autres traitements pour une patiente (patiente
1)
- des épisodes répétés de thrombopénie (8, 11 et 12)
Le protocole suivi pour chacun des douze patients est résumé dans le tableau
10.
Les doses de rituximab varient de 2 à 6,8g et ont été administrées entre février
2003 et septembre 2010.
Une corticothérapie orale est associée au rituximab dans presque tous les cas
(17 cures sur 18).

54
Moins de la moitié des cures de rituximab (7/18) a été précédée ou associée à
des bolus de corticoïdes. Pour quatre cures, le bolus a été administré en parallèle à la
perfusion de rituximab et pour les trois autres, dans les jours précédant la cure.
Huit des douze patients ont reçu du rituximab associé ou relayé par un
immunosuppresseur ce qui correspond à douze cures. Il s’agissait d’AZA 75 à 100
mg/jour pour sept cures, de MMF à 2g/jour pour quatre cures, de cinq bolus
intraveineux de CYP à 1g (un bolus en association puis un tous les trois mois à quatre
reprises) et de MYF à 2160 mg/jour au cours d’une cure. La CIC a également été
utilisée à 300 puis 170 mg/jour après la deuxième cure de la patiente 10 suite à un
arrêt d’AZA devant une majoration de la protéinurie. Cette même patiente est la
seule à avoir bénéficié d’une troisième cure de rituximab qui a été suivie d’un
traitement par CIC à la posologie de 150 mg/jour. La patiente 8 a débuté un
traitement par AZA 150 mg/jour près de deux ans après sa cure de rituximab pour
traiter une atteinte neurologique périphérique alors que son PTI qui était l’indication
de la cure était toujours en rémission.
Il n’a pas été prescrit d’immunosuppresseurs à la suite du traitement par
rituximab à la patiente 3 en raison du risque infectieux puisqu’il s’agit d’une patiente
faisant des infections à répétition, aux patientes 11 et 12 car l’indication du
traitement était un PTI pur sans autre activité lupique et à la patiente 9 en raison d’un
suivi chaotique effectué dans plusieurs établissements.
Parmi les autres traitements adjuvants utilisés simultanément au rituximab ou
en relais, on note l’HCQ au cours de treize cures et l’injection d’immunoglobulines
intraveineuses au cours de quatre cures dont l’indication était hématologique.
Afin de limiter les risques infectieux, les perfusions de rituximab ont été
associées à une prophylaxie antibiotique et/ou vaccinale au cours de dix des cures.
Pour huit cures, l’antibiotique utilisé est la phénoxyméthylpénicilline, Oracilline®, à
raison de 2 000 000 d’unités/jour en voie orale. Le Bactrim® forte est le second
antibiotique prescrit en association à l’Oracilline® dans deux cas et seul dans le
dernier cas. Il s’agit d’une prophylaxie anti-pneumocystose mise en place quand une
lymphopénie CD4+ importante est observée. La vaccination antipneumococcique a
été relevée chez trois patients : après une seconde cure de rituximab chez la patiente
12, environ deux mois avant le traitement par rituximab chez la patiente 8 et trois
mois avant chez la patiente 1.

55
Dose Bolus de
Indication du Immunosuppresseurs
Patient Protocole totale de corticoïdes Prophylaxie
MabThera® associés ou en relais
rituximab associés
- 1g J1 et J15 (février 2006)
1ère cure : un bolus Oracilline® et
- 375mg/m²S1S2S3S4 (avril
1 Poussée articulaire 4,160g de Solumédrol® RTX + AZA 100mg/j Pneumo-23®
2008)
250mg en parallèle avant la 2ème cure
- 1ère cure : MYF
- 1g J1 et J15 (septembre - Oracilline®
2160mg/j arrêté avant
2007) après la 1ère cure
2 GN stade V 4,640g Bolus de 600mg la 2ème cure
- 375mg/m²S1S2S3S4 (juillet ème - Bactrim après la
-2 cure : relais par
2008) 2ème cure
AZA 75mg/j
375mg/m²S1S2S3S4 (février
3 GN stade III 2,085g Non RTX seul Non
2006)
RTX + 1 bolus de CYP
4 GN stade III 1g J1 et J15 (mars 2007) 2g Non 1g puis 4 par la suite Oracilline®
Puis MMF 2g/jour
MMF 2g/j six mois
après et pendant 1 an
375mg/m²S1S2S3S4 Bactrim® et
5 GN stade IV 2,310g Oui bolus avant puis AZA 100 mg/j
(septembre 2006) Oracilline®
pendant 30 mois
avant reprise de MMF
3 bolus
Bactrim® et
6 GN stade III 1g J1 et J15 (décembre 2009) 2g Solumédrol® 1g en Relais par MMF 2g/j
Oracilline®
parallèle
Relais par AZA
375mg/m²S1S2S3S4 100mg/j
7 GN stade IV 2,240g 3 bolus avant Oracilline®
(décembre 2006) 4 semaines après puis
75 mg/j
375mg/m²S1S2S3S4 (avril AZA 150mg/j 22 mois Oracilline®
8 PTI 2,805g Non
2007) après RTX Pneumo-23®
- 375mg/m²S1S2S3S4 (février
2003)
9 GN stade IV - 375mg/m²S1S2S3S4 5,120g RTX seul Non
(octobre 2004)
56
- 1ère cure: RTX +
MMF 2g/j
- 375mg/m²S1S2S3S4 (avril
1ère cure: GN stade III Un bolus de 100mg - 2ème cure : relais par
2006) Oracilline® et
2ème cure : GN III avant le 1er AZA 150mg/j changé
10 ème - 1g J1 et J15 (juillet 2007) 6,8g Bactrim® après la
3 cure : GN stade V et gramme de la 3ème par CIC 300mg/j puis
- 1g J1 et J15 (septembre 3ème cure
atteinte cutanée cure entretien à 170mg/j
2010)
- 3ème cure : CIC
150mg/j

375mg/m²S1S2S3S4 (juillet
11 PTI 2,655g Non RTX seul Oracilline®
2008)

Pneumo-23®
375mg/m²S1S2S3S4 (avril
après la 2ème
2005)
12 PTI 5,6g Non RTX seul cure
375mg/m²S1S2S3S4
Oracilline® après
(décembre 2006)
splénectomie

Tableau 10. Protocole choisi pour l’administration du rituximab aux douze patients : indication, dose cumulée,

association et prophylaxie.

GN : glomérulonéphrite ; PTI : purpura thrombopénique immunitaire ; RTX : rituximab ; MMF : mycophénolate mofétil ;

MYF : mycophénolate sodique ; CIC : ciclosporine ; AZA : azathioprine; CYP : cyclophosphamide


57
3.3. Evolution des paramètres immunologiques

3.3.1. Déplétion lymphocytaire B


Les valeurs de déplétion lymphocytaire sont détaillées dans le tableau 11.
Le suivi des sous-populations lymphocytaires n’a pas été systématique chez
tous les patients. Il a pu être relevé une valeur de CD19+ à un moment donné chez
onze patients sur douze, aucune valeur n’a été relevée chez la patiente 12. Les
données relevées permettent seulement de dire que sur ces dix patients, une
déplétion lymphocytaire a été atteinte chez six d’entre eux soit 60% mais il n’est
impossible de déterminer le délai d’obtention ni la durée de la déplétion.
Quatre des six patients n’ayant reçu qu’une seule cure de rituximab ont atteint
une déplétion lymphocytaire en CD19+. La durée moyenne de la déplétion chez ces
patients ne peut être définie en raison de l’absence de suivi.
Les résultats de la patiente 10 qui a reçu trois cures montrent qu’elle a atteint
une déplétion un mois après sa troisième cure.

3.3.2. Anticorps anti-ADN natif et complément


Le taux d’anti-ADN natif est négatif s’il est inférieur à 35 UI/ml, douteux entre
35 et 55 UI/ml et positif au-delà de 55 UI/ml.
Un complément normal correspond à une valeur de CH50 comprise entre 400
et 680 UI, de C3 entre 0,75 et 1,40 g/l et de C4 entre 0,10 et 0,34 g/l.
Avant traitement par rituximab, huit patients avaient un taux d’anti-ADN natif
positif, un taux était douteux, un n’a pas été déterminé et deux étaient négatifs.
Après traitement, sur les huit taux positifs, six ont diminués mais sont restés positifs,
un s’est négativé et un est devenu douteux. Le taux douteux avant traitement est
devenu négatif en fin de suivi et sur les deux taux qui étaient négatifs, un l’est resté,
l’autre a augmenté car la patiente concernée (patiente 5) était en période de poussée
en fin de suivi.
Avant traitement par rituximab, sept patients avaient un complément normal
et il l’est resté pour tous. En revanche, cinq patients avaient une
hypocomplémentémie. En fin de suivi, le complément était normalisé chez 100% des
patients.

58
Evolution des paramètres biologiques avant RTX / fin de suivi
CT (mg/j)
Avant RTX
Patient Amélioration clinique Titre
/ dernière ProtU Créat Hb Plaquettes CD19+
d’anti- C’
valeur (g/24h) (µmol/l) (g/dl) (/mm3) (/mm3)
ADNn
-après la 1ère cure : rémission
43 N 0,095 46 36
pendant deux ans
1 8/6 / / / / (2 ans après
-après la 2ème cure : examen clinique
Nég N 0,085 56 1ère cure)
parfait deux ans après
-après la 1ère cure : à un an,
réapparition des oedèmes, 602
HTA=22/15, prise de 15kg 98 hypo Autour de 3 97 10 /
2 -après 2ème cure : bon état général, 50 / 5 / / / / / 1
récupération de la fonction rénale 60 N 2,70 194 11,5 (4 mois après
(mais association à plusieurs séances la 2ème cure)
de dialyse)
douleurs abdominales persistent et
60
les bilans pancréatiques et 1000 N 5,3 61 9,9
(à 2ans ½)
3 hépatiques restent perturbés. Une 10 / 8 / / / / /
/
amélioration clinique n’est ressentie 200 N 4,17 97 10,9
4
qu’après des cures d’Ig IV.
Atteinte rénale bien stabilisée 382 hypo 2,26 78 13,1 276 000
1
4 Rémission rénale complète depuis 15 / 7 / / / / / /
(à 6 mois)
3ans ½ 99 N 0,170 81 15,3 345 000
- cicatrisation des lésions buccales,
ré-épidermisation Mais rechute après 29 N 2,58 64 10
7% des LB
5 2 ans ½ puis après 3 ans : nouvelle 10 / 20 / / / / /
(août 2010)
poussée cutanéo-muqueuse 90 N 0,239 62 11,3
- Normalisation de la fonction rénale
Fonction rénale normalisée
Amélioration des douleurs
200 hypo 2,84 66 12,4 80 000 84 (veille de
articulaires mais persistance
6 15 / 15 / / / / / / la 1ère
d’oedèmes
100 N 0,331 72 12,6 134 000 perfusion)
Disparition de la thrombopénie
Stabilité du lupus après 10 mois
La clinique est normale depuis le
RTX. Il n’y a plus d’arthralgies ni de
signes cutanés spécifiques. La 200 Hypo 0,515 53 12,2 245 000 3
7 2/5
fonction rénale s’est normalisée à / / / / / / (à un an)
part une petite protéinurie 126 N 0,168 73 13,7 324 000
glomérulaire habituelle.
59
209 Hypo 17 000
Disparition de la thrombopénie, 466
8 / / /
rémission du PTI depuis 3 ans ½ 0/7 (à 1an ½)
13 N 362 000
Situation clinique améliorée mais pas
N 7 112 9,4
parfaite. 60
9 Nd / 8 / / / / /
Fonction rénale altérée mais (2010)
48 N 0,272 86 9,4
stabilisée

Les douleurs articulaires persistent


après la 1ère cure, un an après,
poussée cutanéo-muqueuse.
La fonction rénale se dégrade après 149 N 3,76 47 11,2 277 000 0
10 10 / 10
la 2ème cure, les arthromyalgies / / / / / / (1 mois après
persistent. 48 N < 0,05 84 10,6 241 000 3ème cure)
Après la 3ème cure, amélioration des
lésions cutanées, des arthralgies et
de l’atteinte rénale
Bon état général mais RTX inefficace
sur la thrombopénie. Une
splénectomie est décidée 6 mois 95 000
Nég N Nég 73 14,6 0
11 après devant l’absence 5/0 /
/ / / / / (à 4 mois)
d’amélioration. L’intervention a 273 000
Nég N Nég 68
permis de maintenir le taux de
plaquettes entre 250 000 et 300 000.
2 cures réalisées en l’absence
d’amélioration de la thrombopénie.
6 mois après la 2nde cure, la 105 N Nég 61 12,8 68 000
12 splénectomie est décidée permettant 6/0 / / / / / /
une rémission de la thrombopénie. 62 N Nég 61 13,4 293 000
En 2010, le lupus et le SAPL sont
équilibrés.

Tableau 11. Résultats clinico-biologiques et décroissance de la corticothérapie

Nég : négatif ; CT : corticothérapie ; C’ : complément ; protU : protéinurie ; créat : créatininémie ; Hb : hémoglobine ; SAPL : syndrome
des anti-phospholipides ; RTX : rituximab ; HTA : hypertension artérielle ; Ig IV : immunoglobulines intraveineuses ; Nd : non déterminé
Valeurs normales :
- hémoglobine : 12-15g/dl (femme) et 13-17 g/dl (homme) - anti-ADN natif : positifs au-delà de 55 UI/ml
3
- plaquettes : 150 000 à 400 000/mm douteux entre 35 et 55 UI/ml
- créatininémie : 45-105 µmol/l (femme) et 65-115 µmol/l (homme) négatifs inférieurs à 35 UI/ml
- protéinurie : négative - complément : CH50 entre 400 et 680 UI
60

C3 entre 0,75 et 0,40 g/l


C4 entre 0,10 et 0,34 g/l
3.4. Réponse clinique

3.4.1. Réponse articulaire


Une seule patiente (patiente 1) a été traitée à deux reprises pour des poussées
articulaires. Les deux cures espacées de 26 mois lui ont permis d’obtenir une
rémission articulaire complète. Après la première cure, la réponse a duré 24 mois
avant une nouvelle poussée qui n’a pas cédé aux infiltrations. Depuis la seconde cure,
c’est-à-dire depuis 29 mois, la patiente est à nouveau en rémission articulaire
complète.

Réponse à la Rémission
1ère cure Réponse en fin de
Patient Rechute Retraitement à une Rechute suivi,
ème
6 mois 1 an 2 cure durée
(mois)
1 RC RC Oui Oui RC Non RC, 32

Tableau 12. Réponse clinique articulaire au rituximab


RC : rémission complète

3.4.2. Réponse rénale


Sur les douze patients, huit étaient traités par rituximab pour une atteinte
rénale. Parmi les huit patients, cinq ont rechuté et trois ont eu une nouvelle cure. La
patiente 10 est la seule à avoir reçu une troisième cure de rituximab.
A six mois de la première cure, six patients sur huit (75%) ont répondu au
traitement dont trois patients par une RC (37,5%) et trois patients par une RP. Le suivi
de la patiente 2 s’est avéré difficile car elle a été perdue de vue pendant six mois
entre ses deux cures. C’est pourquoi la réponse clinique à six mois n’a pas pu être
déterminée. La dernière patiente (9), n’a pas répondu à six mois.
A douze mois, cinq patients sur les huit traités étaient en rémission (63%).
Deux des réponses partielles obtenues à six mois ont évolué en RC et les trois RC se
sont poursuivies. La patiente 9 qui n’avait pas répondu à six mois connait toujours un
échec du traitement à un an. La patiente 2 a nécessité une seconde cure de rituximab

61
moins d’un an après la première et la patiente 3 qui avait connu un début de RP a six
mois, a vu sa protéinurie s’aggraver et devenir ininterprétable en raison de la
présence de sa poche de Bricker responsable d’infections urinaires à répétition. Ainsi,
à un an du rituximab, les cinq patients répondeurs sont en RC.
Parmi les cinq patients répondeurs à la première cure de MabThera®, deux
patientes (5 et 10) qui avaient obtenu une RRC ont rechuté. Cependant, la rechute de
la patiente 5 n’est pas rénale mais cutanée suite à une exposition solaire non
protégée. Une augmentation de posologie de la corticothérapie a suffit à faire
disparaître les lésions cutanées. La patiente 10 a été traitée à nouveau pour une
rechute rénale associée à une poussée cutanéo-muqueuse. A la suite de ce deuxième
traitement, une RRP et une amélioration des atteintes cutanées ont été obtenues.
Parmi les trois patientes (2, 3 et 9) n’ayant pas répondu ou répondu par une RP
à la première cure, deux ont étaient traitées une seconde fois (2 et 9) et seule la
patiente 9 a obtenu une RRP. La patiente 2 n’a pas connu de résultats après la
seconde cure et a dû être dialysée à raison de trois puis deux fois par semaine
pendant un an pour récupérer sa fonction rénale et lui permettre d’obtenir
aujourd’hui une RRP.
La patiente 10 est la seule des douze patients à avoir nécessité une troisième
cure de MabThera® en septembre 2010 à la suite d’une rechute rénale, cutanée et
d’une pleurésie. A trois mois de cette troisième cure, elle semble bien répondre au
traitement et est en RRC.
Les résultats les plus récents relevés pour chacun des huit patients traités
initialement pour une atteinte rénale, montrent qu’actuellement sept peuvent être
considérés comme étant en rémission rénale dont cinq en RRC et deux en RRP. La
durée moyenne de réponse rénale est de 34,8 mois (3 à 60). Au vu des résultats
biologiques obtenus chez la patiente 2, il peut sembler difficile de parler de
rémission rénale. Cependant, il faut préciser que son suivi est très compliqué
puisqu’elle ne se présente pas à ses consultations de contrôle mais son état clinique
est malgré tout satisfaisant aujourd’hui. De plus, sa fonction rénale a pu être
récupérée par des séances d’hémodialyse dont elle est aujourd’hui complètement
sevrée.

62
Réponse à la Rémission
1ère cure rénale en
Stade Réponse Rechute et
Re- fin de
Patient de la Rechute à une re-
6 traitement suivi,
GN 1 an 2ème cure traitement
mois durée
(mois)
2 V Nd Oui Oui HD RRP
3 III RRP In Oui Non In
4 III RRC RRC Non RRC, 45
Oui
5 IV RRP RRC Non RRC, 41
(cutanée)
6 III RRC RRC Non RRC, 12
7 IV RRC RRC Non RRC, 48
9 IV NR NR Oui Oui RRP RRP, 60

10 V RRP RRC Oui Oui RRP Oui RRC, 3

Tableau 13. Réponse rénale au rituximab


Nd : non déterminé ; In : ininterprétable ; RRC : rémission rénale complète ; RRP :
rémission rénale partielle ; NR : non répondeur ; HD : hémodialyse

Si l’on s’intéresse au taux de réponse clinique en fonction du stade de


classification de l’OMS de la glomérulonéphrite, on note que sur huit patients traités
pour une néphrite lupique dont trois pour une néphrite de stade III, trois pour une
néphrite de stade IV et deux pour une néphrite de stade V, les taux de rémission
rénale sont respectivement de 100%, 67% et 100% comme il l’est décrit dans le
tableau 14.

Réponse
Stade Nombre rénale à un RRC RRP
an
III 3 2 (67%) 2 (67%)
IV 3 3 (100%) 2 (67%) 1 (33%)
V 2 2 (100%) 1 (50%) 1 (50%)

Tableau 14. Réponse rénale en fonction de la classification OMS de la néphrite


lupique
RRC : rémission rénale complète ; RRP : rémission rénale partielle

63
3.4.3. Réponse hématologique
Une atteinte hématologique était l’indication des cures de rituximab des
patientes 8, 11 et 12. Dans les trois cas, il s’agit d’un PTI. Il est important de noter que
les trois patientes ont subi une splénectomie antérieure au traitement par rituximab
chez la patiente 8 et ultérieure au traitement chez les deux autres patientes, neuf
mois après la cure chez la patiente 11 et six mois après la deuxième cure chez la
patiente 12.
Sur trois patientes, une seule (patiente 8) a répondu au traitement par
rituximab par une RC puisque son taux de plaquettes s’est toujours maintenu à des
valeurs supérieures à 300 000/mm3 depuis. Dix-sept mois après la cure, elle a fait une
rechute neurologique périphérique (vascularité nécrosante lupique) sans atteinte
hématologique. Actuellement, le PTI est toujours en RC et ce depuis 41 mois. La
patiente 11 n’a pas répondu et a subi une splénectomie. La patiente 12 a obtenu une
RP après sa première cure puisque son taux de plaquettes s’est maintenu au-delà de
50 000/mm3 et a même été doublé par rapport à la valeur initiale à plusieurs reprises.
Après une rechute à 25 000 plaquettes/mm3, elle a reçu une seconde cure de
rituximab qui ne s’est pas avérée efficace. Chez les patientes 11 et 12, l’inefficacité du
rituximab associé à des cures d’immunoglobulines intraveineuses a conduit à
pratiquer une splénectomie qui a permis un maintien du taux de plaquettes au-delà
de 200 000 voire 300 000/mm3. Les deux patientes sont ainsi en RC depuis
l’intervention.

Réponse à la Rémission
1ère cure Réponse à en fin de
Patient Rechute Retraitement une 2ème suivi,
6 mois 1 an cure durée
(mois)
Oui (sans
8 RC RC Non RC, 44
PTI)
Non :
11 NR Oui RC, 20
splénectomie
Oui et
12 RP RP Oui NR RC, 42
splénectomie
Tableau 15. Réponse hématologique au rituximab
RC : rémission complète ; RP : rémission partielle ; NR : non répondeur ; PTI : purpura
thrombopénique immunologique

64
3.5. Décroissance de la corticothérapie
L’évolution de la posologie de la corticothérapie de chaque patient est notée
dans le tableau 11.
Sept patients sur douze (58%) prennent aujourd’hui une dose plus faible de
prednisone que celle qu’ils ne prenaient avant le traitement par rituximab. La
patiente 9 dont la dose exacte de corticoïdes juste avant le traitement n’a pas été
relevée est prise en compte dans ces sept patients puisqu’elle avait repris une
corticothérapie trois mois avant sa première cure de rituximab à la dose de 1
mg/kg/jour ce qui équivaut à 70 mg/jour. Pour les six autres patients, la baisse de
corticothérapie est nette passant d’une dose initiale moyenne de 16 mg/jour (5 à 50
mg/jour) à une posologie moyenne actuelle de 4 mg/jour (0 à 8 mg/jour). Les
patientes 11 et 12 ont pu être sevrées de toute corticothérapie à la suite de leur
splénectomie.
Pour deux patients (6 et 10), la dose actuelle est la même que celle avant
traitement par rituximab. A la sortie d’hospitalisation pour la réalisation de sa cure de
MabThera®, le patient 6 a vu sa posologie de prednisone passer de 15 à 80 mg/jour
avant une diminution progressive jusqu’à 15 mg/jour. La tentative de passage en-
dessous de 15 mg/jour s’est soldée par une réapparition de douleurs articulaires qui
laisse supposer une corticodépendance de la maladie à 15 mg/jour. Le LES rénal de la
patiente 10 reste stable à la dose de 10 mg/jour en-dehors des périodes de poussées
où la dose doit être augmentée.
Enfin, la dose d’entretien de corticoïdes des trois derniers patients (5, 7 et 8)
est aujourd’hui supérieure à celle d’avant traitement par rituximab. Pour la patiente 5,
la dernière posologie de 20 mg/jour correspond à l’augmentation de la dose pour
traiter sa rechute cutanée survenue en fin de suivi. De même, pour la patiente 7, la
posologie de base (2mg/jour) a été augmentée au moment de la poussée rénale puis
a été diminuée progressivement jusqu’à 5 mg/jour, dose qui a permis le maintien
d’une RC sans nouvelle rechute. Enfin, la patiente 8 qui n’avait initialement qu’une
atteinte hématologique sans aucune autre manifestation lupique et traitée par
immunoglobulines intraveineuses, splénectomie et rituximab, a dû commencer une
corticothérapie quand une vascularite nécrosante lupique s’est déclarée.

65
3.6. Rechute, traitements immunosuppresseurs associés et re-
traitement par rituximab
Sur douze patients traités par rituximab, huit suivent encore aujourd’hui un
traitement par immunosuppresseurs. La moitié est sous AZA, trois sont sous MMF et
une patiente est traitée par CIC.
Les rechutes, délais de rechute et re-traitement par rituximab des douze
patients sont résumés dans le tableau 16.

Patient 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Indication du
Artic Rénal Rénal Rénal Rénal Rénal Rénal PTI Rénal Rénal PTI PTI
RTX
Immuno
Oui Oui Non Oui Oui Oui Oui Oui Non Oui Non Non
Suppresseurs
Rémission RC RP IN RC RC RC RC RC RP RC NR RP
Rechute Oui Oui Oui Non Oui Non Non Oui Oui Oui Oui Oui
Délai de
rechute 24 9 31 16 20 15 20
(mois)
Re-traitement Oui Oui Non Non Non Non Non Non Oui Oui Non Oui
Indication du Rénal
Artic Rénal Rénal PTI
re-traitement et cut
Tableau 16. Traitements immunosuppresseurs, réponse clinique, rechute et re-
traitement par rituximab
RC : rémission complète ; RP : rémission partielle ; NR : non répondeur ; IN :
ininterprétable ; artic : articulaire ; cut : cutané ; PTI : purpura thrombopénique
immunologique
Au total, sur dix patients ayant répondu à une première cure de rituximab, sept
ont rechuté avec un délai moyen de 19,3 mois.
Il est impossible de parler de rechute pour les patientes 3 et 11 puisque la
preuve d’une efficacité du rituximab n’a pas été faite. La patiente 12 dont la réponse
à la première cure était faible a finalement était re-traitée par rituximab comme
dernière alternative à la splénectomie qui n’a pas tardé à être réalisée. Les deux
patientes 11 et 12 qui sont considérées comme non répondeuses au rituximab en fin
de suivi, n’ont pas eu de traitement immunosuppresseur en relais mais un traitement
immunomodulateur sous forme d’injections intraveineuses d’immunoglobulines. La
troisième patiente (patiente 8) traitée pour un PTI et qui a débuté un traitement
immunosuppresseur près de deux ans après le rituximab pour une complication
lupique neurologique, connait une rémission durable de son PTI.
66
Sur les huit patients (2, 3, 4, 5, 6, 7, 9 et 10) traités pour une atteinte rénale,
quatre ont rechuté après une première réponse au traitement (2, 5, 9 et 10) avec un
délai moyen de 18,8 mois et parmi eux deux n’étaient pas traités par un relais
immunosuppresseur. Les trois autres patients qui n’ont pas connu de nouvelles
poussées après l’administration de rituximab ont eu un traitement
immunosuppresseur et sont les seuls patients traités pour l’indication rénale à avoir
obtenu une réponse rénale complète dès six mois.
Enfin, la dernière patiente (patiente 1) traitée par rituximab pour une atteinte
articulaire, a rechuté 24 mois après sa première cure puis a été re-traitée par
rituximab pour une nouvelle poussée articulaire réfractaire aux infiltrations. La
réponse clinique après les deux cures de MabThera® relayées par de l’AZA a été
complète et observée dès six mois.

3.7. Tolérance du rituximab


La tolérance globale du rituximab au cours des 18 cures a été très satisfaisante.
Les réactions immédiates liées à la perfusion et à court terme ont concerné
trois patients. La patiente 8 a présenté des céphalées et des douleurs musculaires à la
suite de sa première perfusion de rituximab. Les deux autres patients (6 et 9) ont
souffert d’infections dans la semaine suivant les injections. La patiente 9 a été
particulièrement touchée puisqu’elle a présenté des syndromes infectieux après
chacune des trois perfusions de sa seconde cure de rituximab.
Deux patientes (3 et 12) ont présenté des complications infectieuses à plus
long terme. Il s’agissait d’infections bactériennes des voies respiratoires pour la
patiente 12 dans les mois suivant le traitement. Quant à la patiente 3, quatre ans
après le rituximab, elle a présenté une varicelle et souffre d’infections urinaires à
répétition mais qui peuvent être imputées à la présence de sa poche de Bricker.
Les effets indésirables survenus à la suite de l’administration du rituximab sont
regroupés dans le tableau 17.

67
Patient Cure de RTX Délai d’apparition Symptômes
3 1ère 4 ans Varicelle et infections urinaires
Infection virale fébrile avec arthralgies et
6 1ère Une semaine
courbatures
8 1ère Après la 1ère perfusion Céphalées, douleurs musculaires
Dans la semaine suivant :
- la 1ère perfusion - placard infectieux chaud et douloureux
ème apparu après un coup d’ongle sur la jambe
9 2
- la 2ème perfusion - fièvre, placard érythémateux douloureux
sur la hanche
- la 3ème
perfusion - candidose buccale et cystite
- épisode fébrile : pneumopathie basale
ère ème - 8 mois après la 1ère cure
12 1 +2 bactérienne avec fièvre et myalgies
- 5 mois après la 2nde cure
- pharyngite fébrile
Tableau 17. Effets indésirables rapportés à la suite de l’administration de
rituximab dans notre étude

4. DISCUSSION

4.1. Analyse de la cohorte


Notre cohorte regroupe des sujets caractéristiques d’une population lupique. Il
s’agit d’une majorité de femmes et de sujets d’âge jeune au moment du diagnostic
du LES. De plus, les patients sont d’origine ethnique variée même si la majorité est de
type caucasien. La présence de sujets latino-américains et asiatiques est intéressante
car il a été déterminé que la fréquence de la maladie est plus élevée dans ces
populations et les formes de LES plus graves, de mortalité plus élevée que chez les
caucasiens.(3)
Les atteintes cliniques présentées par nos patients sont le plus souvent multi-
viscérales à l’exception des trois patientes traitées pour un PTI chronique qui
n’avaient pas d’autre manifestation lupique au moment du traitement par rituximab.

4.2. Analyse des résultats

4.2.1. Analyse de l’efficacité du rituximab


La durée médiane de suivi de notre cohorte après administration de la
première cure de rituximab est de 49,5 mois. Ce suivi prolongé permet une analyse

68
de la réponse clinique au traitement à plus long terme. Ceci est un avantage puisque
les effets d’une immunosuppression peuvent n’apparaître qu’après plusieurs années
tout comme certains effets indésirables retardés comme une néoplasie.

4.2.1.1. Analyse de la réponse globale au traitement


L’absence d’utilisation d’index d’activité de la maladie rend l’interprétation de
l’efficacité délicate. Cependant, si l’on se réfère à la proportion de rémissions
cliniques obtenues telles que définies dans notre partie « patients et méthodes », il
est possible de dire que l’activité de la maladie a été réduite après traitement chez
une majorité de patients.
A six mois de suivi de nos patients, nous avons obtenu 75% de répondeurs
parmi lesquels 42% avaient une RC et 33% une RP.
A douze mois, le taux de réponses globales est de 67% dont 58% de RC et 8%
de RP. Ces taux sont en baisse par rapport à ceux obtenus à six mois en raison d’une
patiente qui, ayant préalablement présenté une RP, a vu ses résultats devenir
ininterprétables.
A la fin de l’étude (après 49,5 mois), 75% des patients (9/12) sont en rémission
dont 58% (7/12) en RC et 17% (2/12) en RP. Le taux de non répondeurs s’élève à 17%,
il s’agit de deux patientes traitées pour un PTI réfractaire. Le traitement par rituximab
n’a pas permis d’atteindre les critères d’une rémission hématologique et ce n’est
qu’après splénectomie qu’une normalisation durable du taux de plaquettes a pu être
obtenue.
Nos résultats sont dans la moyenne de ceux obtenus dans d’autres études non
contrôlées portant sur une cohorte d’au moins dix patients traitée pour des atteintes
rénales et extra-rénales.
En 2009, Ramos-Casals et al(34) ont fait une mise à jour des données
disponibles de l’efficacité du rituximab dans le LES en analysant les résultats publiés
de 26 cas rapportés et neuf études non contrôlées entre 2002 et 2007. L’étude qui
regroupe 188 patients a obtenu un taux de rémission globale de 91%.
Parmi les études retenues, une se rapproche de la nôtre par son caractère
rétrospectif, le nombre de patients étudiés et leurs atteintes multi-viscérales ainsi que
par les résultats obtenus. Il s’agit de l’étude de Gottenberg et al(35) portant sur treize
patients avec atteintes cardiaques, rénales, articulaires, hématologiques et/ou

69
vasculaires ayant reçu un traitement associant 375mg/m²/semaine de rituximab
pendant quatre semaines à un traitement immunosuppresseur variable selon les
patients. Après huit mois de suivi, sur treize patients, neuf (69%) ont obtenu une
réponse clinique dont sept (54%) une RC (définie par un score SLEDAI compris entre
0 et 2) et deux (15%) ont obtenu une RP (diminution d’au moins 50% du score
SLEDAI). Contrairement aux nôtres, les critères de rémission sont ici définis en
fonction d’un score d’activité. Les résultats obtenus dans l’étude de Gottenberg et
al(35) à huit mois et les nôtres obtenus à six et même douze mois coïncident.
Enfin, deux études plus récentes ont également analysé de manière
rétrospective l’efficacité du rituximab dans le traitement de LES réfractaires. D’une
part, dans l’étude menée par Lu et al(36), une plus grande cohorte a été étudiée
puisqu’elle regroupait 50 patients ayant un LES réfractaire traités par 1g de rituximab
à quinze jours d’intervalle en association à 750 mg de CYP et 100 à 250 mg de
méthylprednisolone. Selon les critères de rémission définis en fonction du score
BILAG, 19 patients sur 50 ont obtenu une RC (38%) et 21 une RP (42%).
D’autre part, l’étude de Catapano et al(37) a évalué l’efficacité du rituximab administré
à 31 patients à la dose de 375 mg/m²/semaine pendant quatre semaines chez quinze
patients et de 1g à quinze jours d’intervalle chez les seize autres. Des bolus de CYP
ont été administrés avant le rituximab à quinze patients. Tous les patients sont traités
pour des LES réfractaires dont onze ont une néphropathie lupique active. Après un
suivi médian de 30 mois, 87% des patients ont obtenu une rémission (27/31), 55%
sont en RC (17/31) et 32% en RP (10/31). Ces résultats sont meilleurs que ceux des
autres études citées et que nos propres résultats. Les bolus de CYP chez la moitié des
patients auraient pu y contribuer.
Malgré l’absence d’homogénéité dans les critères de rémission et les
protocoles, il est possible de se rendre compte qu’en fin de suivi, une amélioration
clinique et une diminution de l’activité de la maladie ont été mises en évidence dans
chacune de ces études y compris la nôtre. En fin de suivi des études citées
précédemment, une réponse clinique a été obtenue chez 69 à 87 % des patients et il
s’agit de RP pour 15% à 42% et de RC pour 38 à 55%. Nos résultats sont donc tout à
fait concordants.

70
Dans les études rétrospectives publiées, le schéma thérapeutique le plus utilisé
est celui pratiqué dans le lymphome non hodgkinien qui consiste en l’administration
d’une dose de 375mg/m² de surface corporelle/semaine pendant quatre semaines
consécutives. Il en est de même dans notre étude où cette posologie a été utilisée
douze fois sur les dix-huit cures de rituximab réalisées.
A la suite des douze cures au cours desquelles la posologie du rituximab selon
le schéma du lymphome non hodgkinien a été utilisée, cinq RC (42%), trois RP (25%),
trois non réponses (25%) ont été obtenues et un résultat n’a pas pu être interprété
(patiente 3). Au total, ce protocole a été suivi d’un taux de réponse clinique de 67%.
Le second schéma posologique possible est celui emprunté à la polyarthrite
rhumatoïde à la dose de 1g de rituximab à 15 jours d’intervalle. Cette posologie
utilisée pour six cures de rituximab, a permis d’obtenir un taux de rémission globale
de 83% dont quatre RC (67%), une RP (17%) et une réponse n’a pas été déterminée
(patiente 2).
Ainsi, dans notre étude, l’utilisation de la posologie à la dose 1g de rituximab à
15 jours d’intervalle a été suivie d’un meilleur taux de rémission globale. Pourtant,
d’après les études de Ramos-Casals(34) et de Murray(38), il y aurait une différence
significative du taux de réponse clinique en faveur du schéma posologique du
lymphome par rapport au schéma utilisé dans la polyarthrite rhumatoïde (94% vs
83% selon Ramos-Casals(34)). Ceci est suggéré par l’étude de Looney et al(39) qui a
réparti les 18 patients de la cohorte en trois groupes de six : un groupe reçoit une
dose faible de rituximab (une perfusion de 100mg/m²), le deuxième groupe une dose
intermédiaire (une perfusion de 375mg/m²) et le dernier groupe reçoit une forte dose
(375mg/m²/semaine à quatre reprises). Les résultats montrent que le premier groupe
a obtenu de moins bons résultats cliniques et a atteint une déplétion lymphocytaire
limitée. Cette étude suggère de meilleurs résultats avec la posologie de quatre doses
hebdomadaires de 375mg/m² mais seule une étude contrôlée permettra de
confirmer une meilleure efficacité de ce protocole par rapport à celui de la
polyarthrite rhumatoïde.

71
4.2.1.2. Analyse de la réponse spécifique d’organes

 Réponse rénale
Les résultats de la réponse rénale de notre étude sont comparables à ceux
obtenus dans d’autres études rétrospectives ayant évalué l’efficacité du rituximab
dans le traitement des néphrites lupiques.
A six mois, 75% de nos patients avaient répondu et ils étaient autant à être en
RRC qu’en RRP (37,5%).
A douze mois, en raison des résultats rendus ininterprétables de la patiente 3,
le taux de réponse globale était de 63% et pour tous les patients, il s’agissait d’une
RRC.
En fin de suivi, sur nos huit patients traités pour une poussée rénale, sept ont
obtenu une rémission rénale (88%) dont 63% une RRC et 25% une RRP. Selon l’étude
de Ramos-Casals et al(34), parmi les 188 patients, 103 ont été traités pour une
néphrite lupique et le taux de réponse est de 91%. Sur 48 patients dont les résultats
histopathologiques ont été déterminés et ayant répondu au traitement, 33% sont en
RRP et 67% en RRC. Nos résultats sont donc tout à fait en accord.
L’étude de Catapano et al(37) portant sur 31 LES réfractaires dont onze
néphrites lupiques actives, fait état d’un taux de réponse rénale de 91% incluant 36%
de RRC et 55% de RRP après un suivi médian de trente mois.
Enfin, dans l’étude de Lindholm et al(32), 31 patients présentant principalement
des glomérulonéphrites actives (n=17) et des atteintes hématologiques dont dix PTI
et quatre anémies hémolytiques, ont été traités par 375 mg/m²/semaine à quatre
reprises de rituximab en association à leur traitement immunosuppresseur antérieur
poursuivi jusqu’à l’obtention d’une rémission. Après douze mois, le taux de
rémissions rénales était de 65% comprenant 12% de RRC et 53% de RRP.
Le taux de réponses globales après douze mois de suivi dans l’étude de
Lindholm et al(32) et dans la nôtre sont similaires, 65% et 63% respectivement. Les
études de Ramos-Casals et al(34) et de Catapano et al(37) dont la durée de suivi était
plus longue, ont obtenu un taux de réponse de 91% contre 88% pour nous à la fin du
suivi. Le taux de réponse globale est donc comparable. Par contre, pour ce qui est
des pourcentages de RRP et RRC, nos résultats concordent avec ceux de Ramos-

72
Casals et al(34) mais pas avec ceux de Catapano et al(37) pour lequel le taux de RRP est
supérieur à celui des RRC.

 Réponse articulaire
Une seule patiente (patiente 1) a été traitée par rituximab pour une atteinte
articulaire réfractaire à deux reprises. Le traitement relayé par AZA a permis d’obtenir,
après chacune des deux cures, une RC rapide et prolongée qui a duré 24 mois après
la première cure, 32 mois après la seconde. La rémission persiste encore en fin de
suivi.

73
Durée
Nombre Protocole (nombre
Traitements médiane
Auteurs de Population de patients Critères d’efficacité Résultats
associés de suivi
patients concernés)
(mois)
RRC=protéinurie<0,5g/24h+absence
LES CYP IV (15) et de sédiment+créat stable ou réduite 87% RG (27/31) et 55%
Catapano et 375 mg/m²/sem x4
réfractaires MP (2) avant la RRP=réduction 50% RC 32% RP
(37) 31 (16) 30
al, 2010 dont 11 GN 1ère perfusion de protéinurie+créat stable ou réduite+ 91% RR (10/11) dont 36%
1g J1 et J15 (15)
actives RTX <30 hématies dans le sédiment au RRC et 55% RRP
fort grossissement
69% RG dont 7 RC (54%)
SLEDAI
Gottenberg et AZA (2), HCQ et 2 RP (15%)
RC=SLEDAI de 0 à 2
(35) 13 LES 375 mg/m²/sem x4 (1), MP (2), CYP 8 SLEDAI diminué de 11 à 5
al, 2005 RP=diminution du SLEDAI d’au moins
(1), CIC (1) Réduction de CT : 27 à 8
50%
mg/j
65% RR à 12 mois dont
RRC=créat et albuminémie 53% RRP et 12% RRC
Lindholm et al, 17 GN actives, N+sédiment urinaire 5 normalisations
(32) 31 10 PTI, 4 AHAI 375 mg/m²/sem x4 CYP, MMF 22 inactif+protéinurie<0,5g/24h complètes du taux de
2008
réfractaires RRP= >50% amélioration des plaquettes en 6 mois
paramètres anormaux à l’entrée Réduction des anti-ADN
natif
BILAG
Sur 45 patients suivis à 6
RC=changement d’un BILAG A ou B
LES peu ou pas mois : 19 RC (38%), 21
Lu et al, 750 mg CYP en C ou D pour tous les organes
répondeurs RP (42%)
(36) 50 1g J1 et J15 100 à 250 mg RP=changement d’un BILAG A ou B
2009 aux IS Diminution des anti-ADN
MP en C ou D pour un organe mais
classiques natif de 106 à 42 UI/ml en
persistance d’un A ou B pour les
moyenne
autres
Tableau 18. Résultats des études non contrôlées publiées sur l’efficacité du rituximab dans le traitement du LES rénal et
extra-rénal

LES : lupus érythémateux systémique ; GN : glomérulonéphrite ; PTI : purpura thrombopénique immunologique ; AHAI : anémie hémolytique
auto-immune ; IS : immunosuppresseurs ; CYP : cyclophosphamide ; AZA : azathioprine ; MP : méthylprednisolone ; RTX : rituximab ; MMF :
mycophénolate mofétil ; CIC : ciclosporine ; HCQ : hydroxychloroquine ; RG : réponse globale ; RC : rémission complète ; RP : rémission partielle ;
RR : rémission rénale ; RRC : rémission rénale complète ; RRP : rémission rénale partielle ; BILAG : British Isles Lupus Assessment Group ; SLEDAI :
Systemic Lupus Erythematosus Disease Activity Index ; créat : créatininémie ; N : normal ; CT : corticothérapie
74
 Réponse hématologique
Deux des trois PTI traités ont été mis en rémission (67%) après la première
cure de rituximab pendant une durée moyenne de 18 mois. Il s’agit d’une RP et d’une
RC. Les deux patientes répondeuses ont rechuté et une a reçu une seconde cure à
laquelle elle n’a pas répondu. Cependant, comme il a déjà été dit, la rechute d’une de
ces deux patientes était neurologique et pas hématologique, elle est donc en RC sur
le plan de son PTI depuis 41 mois. Une augmentation et un maintien du taux de
plaquettes au-delà de 50 000/mm3 ont été observés chez les patientes 8 et 12
répondeuses après respectivement quinze jours et un mois.
La patiente 11 qui n’a pas du tout répondu et la patiente 12 qui n’a pas
répondu à sa seconde cure de rituximab ont subi une splénectomie qui a permis
l’obtention d’une RC. Ainsi, en fin de suivi, le taux de rémission des PTI pouvant être
attribuée au rituximab n’est que de 33%.
Peu d’études ouvertes rétrospectives portant sur l’efficacité du rituximab dans
le PTI réfractaire au cours d’un LES ont été trouvées. Dans l’étude de Ramos-Casals,
sur les 188 patients, 53 présentaient une atteinte hématologique dont 12 une
thrombocytopénie auto-immune. Onze patients sur douze ont obtenu une rémission
soit un taux de réponse de 92%.
Godeau et al(40) ont évalué, dans une étude prospective, ouverte et
multicentrique, le cas de 60 patients adultes candidats à la splénectomie ayant un PTI
chronique (taux de plaquettes inférieur à 30 000/mm3 depuis au moins six mois). Le
traitement consiste en une dose hebdomadaire de 375mg/m² de rituximab à quatre
reprises et tous les autres traitements antérieurs sont arrêtés. A un an, 40% des
patients ont obtenu une RC et 3% une RP. A deux ans, le taux de RC est de 33% et
celui de RP est de 7%.
Une étude rétrospective et multicentrique danoise menée par Braendstrup et
al(41) a évalué l’efficacité du rituximab sur le traitement du PTI réfractaire chez 35
patients. Quatre patients ayant été traité deux fois, le taux de réponse est déterminé
sur un total de 39 cures. Le rituximab a permis un taux de réponse de 44% (17 sur 39)
dont 18% de RC (7 sur 39), 15% de RP (6 sur 39) et 10% de réponses mineures (4 sur
39). Pour neuf des treize rémissions complètes ou partielles, le délai de réponse était
de une à deux semaines, les autres ont répondu en trois à huit semaines.

75
L’efficacité et la tolérance du rituximab dans le traitement du PTI chronique
ont aussi été mesurées dans une autre étude rétrospective incluant 57 patients
adultes ayant tous un taux de plaquettes inférieur à 30 000/mm3. Cooper et al(42) ont
complété les données obtenues au cours de deux études précédentes menées sur 23
patients à New-York et 34 patients à Rome en faisant un suivi médian
supplémentaire de 44 semaines. L’évaluation aboutit à un taux de réponse globale de
54% (31 sur 57) de patients ayant atteint un taux de plaquettes supérieur à
50 000/mm3. Le taux de RC s’élève à 32% et celui de RP à 23%. Vingt-neuf réponses
sur 31 ont été obtenues huit semaines après la première perfusion de rituximab et 16
des 18 RC se sont maintenues pendant une durée médiane de 72,5 semaines.
Enfin, l’étude rétrospective de Peðalver et al(43) portant sur un effectif plus
important de 89 PTI réfractaires à plusieurs traitements a montré une efficacité du
rituximab chez 49 patients. Ainsi, le taux de réponse globale est de 55% dont 46% de
RC et 9% de RP. La majorité (40%) des patients répondeurs ont obtenu une réponse
dans la première semaine de traitement et 87% des répondeurs avaient répondu
dans les cinq premières semaines.
En résumé, les résultats de ces différentes études aboutissent à un taux de
rémission moyen de 48% en fin de suivi (40 à 55%) avec 32% de RC (18 à 46%) et
14% de RP (7 à 23%).
Ces différentes études, y compris la nôtre, ont utilisé le schéma thérapeutique
du lymphome non hodgkinien à 375mg/m² de surface corporelle et par semaine
répétés pendant quatre semaines consécutives. Ce protocole a permis de bons
résultats. Cependant, une étude multicentrique de phase 2 de Zaja et al(44) a montré
qu’avec une plus faible dose de rituximab, la déplétion et le taux de réponse sont
similaires à ceux observés avec le dosage standard mais que les réponses sont
obtenues plus lentement. L’étude porte sur 28 patients adultes avec un PTI réfractaire
ou en rechute traités par une dose fixe de 100 mg/m²/semaine de rituximab répétés
pendant quatre semaines. Le taux de réponse est de 75% (21 sur 28) avec 43% de RC
(12 sur 28) et 32% de RP (9 sur 28). Dix patients ont même atteint une normalisation
complète du taux de plaquettes supérieure à 150 000/mm3. Le temps médian mis
pour obtenir une réponse globale est de 31 jours et de 44 jours pour atteindre une
réponse complète.

76
Nombre Durée de
Protocole (nombre de Traitements
Auteurs de Population suivi Critères d’efficacité Résultats
patients concernés) associés
patients (mois)
100 mg MP RC = augmentation du taux de
Braendstrup 375 mg/m²/sem x4 ou 50 à 100 plaquettes >150 000/mm3 44% de réponse (17/39) dont
et al, 35 PTI réfractaires 4 patients traités deux fois mg RP = augmentation > 50 000/mm3 18% RC (7 RC), 15% de RP (6
(41)
2005 donc 39 cures au total prednisolone RM = augmentation sans dépasser RP) et 4 RM (10%)
orale 50 000/mm3
RC = augmentation du taux de
plaquettes >150 000 à 2 occasions
Cooper et PTI d’au moins consécutives à 1 semaine d’intervalle 54% de réponse dont 32%
(42) 57 375 mg/m²/sem x4 13
al, 2004 3 mois RP = augmentation entre 50 000 et RC (18/57) et 23% RP (13/57)
150 000 à 2 occasions consécutives à 1
semaine d’intervalle
RC = taux plaquettes >50 000/mm3 et au
moins doublement de la valeur initiale à
1 et 2 ans après la 1 ère perfusion de RTX A 1an : RC=40% (24/60),
Tous
Godeau et PTI chroniques RP = taux entre 30 000 et 50 000 RP=3% (2/60)
traitements 3
(40) 60 candidats à la 375mg/m²/sem x 4 24 plaquettes/mm et au moins doublement A 2 ans : RC=33% (20/60),
al, 2008 antérieurs
splénectomie de la valeur initiale RP=7% (4/60) et 25 patients
stoppés
NR = nécessité d’un autre traitement ont été splénectomisés
pour maintenir la rémission y compris
une autre cure de RTX
PTI réfractaires
Peñalver et à plusieurs RC = taux de plaquettes > 100 000/mm3
375mg/m²/sem x 4 (77) 49/89 réponses (55%)
(43) 89 traitements (47 RP = taux entre 50 000 et 100 000/mm3
al, 2006 375mg/m²/sem x 1 à 6 (12) 41 RC (46%) et 9 RP (9%)
patients RM = taux entre 30 000 et 50 000/mm3
splénectomisés)
21/28 réponses (75%)
RC=43% (12/28) et RP=32%
RC = taux de plaquettes > 100 000/mm3 (9/28)
Zaja et al, PTI réfractaires et arrêt de la CT 7/21 rechutes
(44) 28 100 mg/m²/sem x 4
2008 ou récidivants RP = taux de plaquettes entre 50 000 et Temps médian d’obtention
100 000/mm3 et arrêt de la CT d’une réponse=31jours et
d’une RC=44jours

Tableau 19. Résultats d’études non contrôlées sur l’efficacité du rituximab dans le traitement du PTI

PTI : purpura thrombopénique immunologique ; MP : méthylprednisolone ; RC : rémission complète ; RP : rémission partielle ; RM : rémission
77

mineure; NR : non répondeur ; CT : corticothérapie


4.2.1.3. Conclusion des résultats
La comparaison de nos résultats avec ceux obtenus dans les autres études
rétrospectives reste difficile en raison d’une hétérogénéité dans les protocoles
d’administration du rituximab, les traitements concomitants, la durée de suivi et la
définition des critères de rémission avec une absence d’utilisation de score d’activité
de notre part.
Cependant, si l’on se réfère aux études citées et retenues pour leur design
proche du nôtre c’est-à-dire des études rétrospectives présentant une cohorte d’au
moins dix patients avec des atteintes multi-viscérales réfractaires aux traitements
immunosuppresseurs conventionnels, nos résultats sont tout à fait concordants.
En ce qui concerne les deux principales indications de notre étude, le
rituximab a démontré une efficacité dans le traitement des néphrites lupiques et un
peu moins dans le traitement des PTI. En effet, le taux global de rémission rénale
dans notre étude et les autres est proche de 90%. Par contre, en fin de suivi, notre
taux de rémission des PTI n’est que de 33% alors qu’il est de 44 à 55% dans les autres
études rétrospectives mais la comparaison est à nuancer étant donnée la faible
représentativité des PTI dans notre cohorte et le fait que les études retenues font état
d’une efficacité du rituximab dans le traitement de PTI sans association à un LES.
Enfin, une seule patiente a reçu deux cures de rituximab pour traiter des
poussées articulaires réfractaires. Le traitement s’est avéré très efficace puisque une
RC rapide et prolongée a été obtenue à deux reprises.

4.2.2. Analyse de la tolérance


Dans notre étude, l’administration de rituximab a été bien tolérée. Les
réactions immédiates ont été quasi-inexistantes. Une seule patiente s’est plainte de
céphalées immédiatement après la perfusion de rituximab. Cette excellente tolérance
immédiate peut être attribuée à la prémédication qui consiste en l’administration de
1g de paracétamol par voie intraveineuse.
A court terme, c’est-à-dire dans la semaine suivant la perfusion, cinq épisodes
infectieux ont été rapportés : trois infections bactériennes dont une infection urinaire,
une infection virale respiratoire et une infection buccale fongique.
A plus long terme, une patiente a présenté une pneumopathie et une
pharyngite respectivement quelques mois après sa première et sa seconde cure. Une
78
autre patiente a présenté une varicelle quatre ans après le traitement par rituximab.
Aucun décès ni néoplasie n’ont été déplorés ni aucun effet grave ayant mis la
vie en danger. L’ensemble des infections a évolué favorablement grâce à un
traitement adapté.
La neutropénie est un effet indésirable connu du rituximab qui n’a été relevé
chez aucun des patients de notre étude. Un seul patient (patient 6) a présenté une
neutropénie huit mois après sa cure de rituximab mais elle a été attribuée à une
réactivation de son LES avec des douleurs articulaires et non au rituximab.

Auteurs Tolérance
ère
Pendant la 1 perfusion : 4 réactions modérées
(tachycardie, hypotension…) mais 2 cas plus sévères dont
Braendstrup et al, 2005 un choc anaphylactique. Après les perfusions, 5 réactions :
(41)
nervosité, gonflement des extrémités, exanthème, crampes
et diarrhée. 2 décès par pneumonie et insuffisance
respiratoire
Cooper et al, 2004(42) 1 bronchospasme
16 effets indésirables sans gravité dont une sigmoïdite
réversible et 8 effets jugés sans rapport avec le RTX : 1
Godeau et al, 2008(40) décès par IDM, 3 fibrillations auriculaires, 2 cancers (colon,
pancréas), 1 syndrome de Guillain-Barré et 1 colique
néphrétique
2 décès dus au caractère réfractaire de la maladie
Gottenberg et al, 2005
(35) 2 neutropénies, 2 thromboses veineuses et 1 embolie
pulmonaire
2 décès (cardiomyopathie et infection pulmonaire), 1
Lindholm et al, 2008 (32)
ostéite de la mâchoire, 1 maladie sérique, 1 infection
1 maladie sérique, 2 décès (péricardite et détresse
Lu et al, 2009 (36)
respiratoire), 1 pneumonie, 1 hyponatrémie
Réactions immédiates : 2 rashs cutanés et 2 épisodes
Peñalver et al, 2006(43)
fébriles
(45)
Sfikakis et al, 2005 1 méningite à Streptococcus pneumoniae
Tableau 20: Effets indésirables du rituximab dans différentes études non
contrôlées
RTX : rituximab ; IDM : infarctus du myocarde

79
Les effets indésirables les plus fréquemment rapportés dans les études sont :
- des complications infectieuses : cutanées (zona, éruption photosensible),
respiratoires (pneumonie), urinaires, cardiaques (péricardite et endocardite)
- l’apparition d’anticorps antichimériques
- des neutropénies
Les effets indésirables documentés après administration du rituximab dans les études
publiées sont regroupés dans le tableau 20.
Parmi les épisodes infectieux relevés, les infections graves restent rares.
Cependant, des cas d’infections sévères voire mortelles ont été rapportés. Il s’agit
notamment de cas de pneumonies documentés dans les études de Lu et al (36) ou
Braendstrup et al(41) dont des cas mortels comme dans l’étude de Lindholm et al(32).
Sfikakis et al(45) ont également rapporté le cas d’un patient ayant développé une
méningite à Streptococcus pneumoniae et Ng et al(46) un cas de pneumonie à
pneumocoque responsable d’une septicémie. De telles situations rappellent que la
vaccination antipneumococcique avant traitement par rituximab est recommandée.
Dans notre étude, trois patientes ont été particulièrement touchées par des
problèmes infectieux. La patiente 3 a eu la varicelle quatre ans après le traitement par
rituximab ainsi que des cystites à répétition favorisées par la présence de sa poche de
Bricker. La patiente 9 a présenté des épisodes infectieux après chacune des trois
premières perfusions de sa seconde cure. Tout d’abord, à la suite d’un coup d’ongle
sur la jambe gauche à la mise en place d’un bas de contention, l’hématome a évolué
vers l’infection. Puis, après la seconde cure, un nouveau placard infectieux
érythémateux sur la hanche dans un contexte septique et fébrile est apparu. Enfin,
après la troisième cure, nouvel épisode infectieux avec une candidose buccale et une
cystite. L’ensemble de ces évènements a bien évolué après une antibiothérapie. Enfin,
la patiente 12 a eu des infections à plus long terme après ses deux cures. En effet,
respectivement huit mois après sa première cure et cinq mois après la seconde, elle a
souffert d’une pneumopathie basale bactérienne fébrile avec myalgies et d’une
pharyngite avec fièvre et adénopathie cervicale.
Il est intéressant de noter que ces trois patientes sont les seules chez qui une
couverture antibiotique n’a pas été mise en place à la suite du traitement par
rituximab.

80
En ce qui concerne la vaccination antipneumococcique, seulement trois dossiers en
faisaient état et dans deux cas sur trois, elle a été réalisée avant la cure de rituximab.
Le rituximab a donc été relativement bien toléré avec notamment une
tolérance immédiate satisfaisante. Comme attendu, les complications les plus
fréquentes sont infectieuses avec une majorité d’infections respiratoires et urinaires
mais aussi un cas de varicelle. Les patientes ayant subi le plus d’évènements
infectieux étaient fortement immunodéprimées et n’avaient pas eu
d’antibioprophylaxie. Ce dernier élément met en évidence l’importance de la
prévention des infections. En effet, les patients traités par rituximab associé à des
traitements immunosuppresseurs sont exposés à un risque accru d’infections.
Cependant, dans notre cohorte, il n’a pas été relevé un nombre significatif de
complications infectieuses et ceci grâce à la prophylaxie par Oracilline® ou Bactrim®
mise en place en relais de 10 des 18 cures de rituximab. La faible proportion de
patients vaccinés contre le pneumocoque s’explique par le fait que le traitement par
rituximab est le plus souvent décidé dans l’urgence lorsque le patient est en phase de
poussée aiguë. Or, la vaccination n’est pas recommandée au moment des poussées
par crainte d’aggraver les manifestations du lupus. Dans la mesure du possible, il est
préférable d’attendre au moins un mois après la vaccination avant de commencer le
traitement par rituximab.
Ainsi, si un protocole standardisé d’administration du rituximab devait être
établi, il devrait déterminer si les vaccinations antipneumococcique et antigrippale
doivent être systématiques chez les patients lupiques en période de stabilité afin de
devancer toute nouvelle poussée grave nécessitant un traitement par rituximab. Pour
ce qui est de l’antibioprophylaxie, nos résultats apportent une preuve de ses
bénéfices dans la prévention des complications infectieuses.
Des décès ont été rapportés dans des études à la suite de l’administration du
rituximab mais il reste difficile de déterminer s’ils sont la conséquence du traitement
ou plutôt de l’activité de la maladie qui semble être l’hypothèse privilégiée.

81
4.2.3. Données récentes de la littérature par rapport aux
indications du rituximab dans le LES
Les deux essais Explorer et Lunar sont des études contrôlées, randomisées et
en double aveugle qui ont évalué l’efficacité et la tolérance du rituximab versus
placebo chez des patients lupiques. Les résultats obtenus ne sont pas aussi
encourageants que ceux de notre étude et des très nombreuses études rétrospectives
non contrôlées.

4.2.3.1. Etude Explorer


Son objectif était d’évaluer les effets du rituximab chez des patients présentant
un LES extra-rénal d’activité modérée à sévère pendant 52 semaines.
Cette étude multicentrique, randomisée et en double aveugle a porté sur 257
patients dont les critères d’inclusion étaient : avoir un lupus défini par la présence de
quatre critères de l’ACR, actif c’est-à-dire avoir un score BILAG A (activité sévère) ou
deux scores BILAG B (activité modérée de deux organes), suivre un traitement
immunosuppresseur à doses stables à l’entrée pouvant être poursuivi pendant l’essai,
être âgé de 16 à 75 ans et avoir des anticorps antinucléaires positifs. Les patients
ayant une atteinte du système nerveux central, une atteinte rénale active ou toute
autre atteinte active nécessitant une corticothérapie supérieure ou égale à 1
mg/kg/jour ou un traitement récent par CYP étaient exclus ainsi que les femmes
enceintes ou prévoyant une grossesse et les sujets ayant des antécédents de cancer
ou d’infection sévère récidivante ou chronique.
Après randomisation, 169 patients ont reçu quatre doses de 1g de rituximab
en intraveineux à J1, J15, J168 et J182 et 88 ont reçu le placebo selon le même schéma
d’administration. Une corticothérapie de 0,5 à 1 mg/kg a été ajoutée en fonction du
score BILAG déterminé à l’entrée. Chaque injection était accompagnée d’une
administration intraveineuse de paracétamol, diphenhydramine et
méthylprednisolone à 100 mg.
La définition d’une réponse clinique est liée principalement à la valeur de
l’index BILAG. Une réponse clinique complète (RC) est définie comme l’obtention
d’un score BILAG C ou mieux pour tous les organes à 24 semaines sans poussées
sévères et le maintien de la réponse pendant les 52 semaines sans poussées.

82
Une réponse clinique partielle (RP) est définie comme l’obtention d’un BILAG C ou
mieux à la 24ème semaine et le maintien de la réponse sans nouveau score A ou B
pendant 16 semaines consécutives ou un score B pour au maximum un organe à la
24ème semaine sans nouveau A ou B jusqu’à la semaine 52 ou un maximum de deux
scores BILAG B à la semaine 24 sans nouveau A ou B jusqu’à la semaine 52 pour les
patients dont le BILAG à l’entrée était de un score A associé à au moins deux scores
B, deux scores A ou quatre scores B.
A la 52ème semaine, le nombre de réponse (RC et RP) était similaire entre les
deux groupes :

Placebo Rituximab
RC 15,9% 12,4%
RP 12,5% 17,2%

L’analyse de la réponse clinique au niveau des sous-groupes de populations


afro-américaines et hispaniques montre que la réponse de ceux ayant reçu le placebo
est moins bonne par rapport à la population générale (9,4% de RC et 6,3% de RP)
mais parmi ceux ayant reçu le rituximab, la réponse a été globalement meilleure
(13,8% de RC et 20% de RP).
Le suivi des paramètres biologiques montre que, dans le groupe placebo, les taux de
CD19+ sont restés stables pendant les 52 semaines (>100 cellules/µl) alors que dans
le groupe rituximab, une déplétion rapide en CD19+ (<5 cellules/µl) après deux
semaines a été observée. De plus, parmi les patients ayant débuté l’étude avec un
taux détectable d’anticorps anti-ADN natif, ceux ayant reçu le rituximab ont connu
une diminution plus significative de ce taux que les patients traités par placebo (76%
contre 55%). De la même façon, les patients ayant commencé avec un taux bas de
complément ont eu une augmentation plus importante des fractions dans le groupe
rituximab.

83
Durée
Nombre Protocole (nombre
Traitements de
Etudes de Population de patients Critères d’efficacité Résultats
associés suivi
patients concernés)
(mois)
BILAG Nombre de RC et RP
RC=BILAG C ou mieux similaire à 52 semaines
pour les 8 organes à 24 entre les 2 bras
LES extra-
169 patients RTX vs 0,5 à 1 mg/kg/j semaines et maintien Dans le groupe RTX :
rénaux
88 placebo prednisone + jusqu’à 52 semaines sans déplétion rapide à 2
Explorer(47) 257 d’activité 12
1g IV à J1, J15, J168 et traitements IS poussées semaines, réduction des
modérée à
J182 habituels RP=BILAG C ou pas plus anti-ADN natif et
sévère
d’un organe avec un B ou augmentation des
pas plus de 2 B quand 1 fractions du C’ plus
A+2B, 2A ou 4B à l’entrée importantes
RC=normalisation de la
créat, sédiment urinaire
MMF 2-3g/j +
inactif, rapport Amélioration sérologique
2 doses IV 1g
72 RTX vs 72 Upr/Ucr<0,5 plus importante dans le
de MP relayées
GN plabebo RP=créat<15% par groupe RTX mais pas de
Lunar(48) 144 par prednisone 12
prolifératives 1g IV à J1, J15, J168 et rapport à la valeur différences cliniques des
0,75 mg/kg/j
J182 initiale, pas d’aggravation taux de patients
puis diminuée
du sédiment, 50% répondeurs
à 10 mg/j
d’amélioration du rapport
Upr/Ucr

Tableau 21. Résultats des études Explorer et Lunar

RC : rémission complète ; RP : rémission partielle ; RTX : rituximab ; MMF : mycophénolate mofétil ; IS : immunosuppresseur ;
GN : glomérulonéphrite ; IV : intraveineuse ; BILAG : British Isles Lupus Assessment Group ; vs : versus ; créat : créatininémie ;
Upr/Ucr : protéinurie/créatininurie ; C’ : complément
84
Des réactions immédiates à la perfusion ont eu lieu dans les mêmes
proportions dans les deux groupes au cours de la première perfusion mais ont été
moins nombreuses dans le groupe placebo au cours de la seconde perfusion. Quatre
maladies sériques ont été développées dans le groupe rituximab, aucune dans le
groupe placebo. Les neutropénies ont été plus nombreuses dans le groupe rituximab.
Les évènements infectieux ont été retrouvés en proportion équivalente (82,2%
rituximab vs 83%) mais la proportion d’évènements infectieux sévères était de 17%
dans le groupe placebo contre 9,5% dans le groupe rituximab. Enfin, un mort dans le
bras placebo et trois dans le bras rituximab ont été relevés, de cause inconnue.

4.2.3.2. Etude Lunar


L’objectif de cet essai randomisé, en double aveugle, rituximab versus placebo
portant sur 144 patients atteints de néphrites lupiques prolifératives était de
démontrer l’effet bénéfique du rituximab sur l’induction d’une rémission rénale
complète (RRC) ou partielle (RRP) à 52 semaines.
Les sujets ont été répartis par ethnies (population noire versus les autres). Les
critères d’inclusion étaient : avoir un lupus défini par les critères de l’ACR, avoir une
néphrite proliférative active ou chronique de classe III ou IV, avoir un rapport
protéinurie sur créatininurie > 1 et avoir entre 18 et 75 ans. Les patients ayant plus de
50% de glomérules sclérosés et/ou présentant une fibrose interstitielle, un débit de
filtration glomérulaire inférieur à 25ml/min, des manifestations sévères du système
nerveux central ou une thrombocytopénie sévère étaient exclus.
Après randomisation, 72 patients ont reçu le placebo et 72 le rituximab. Le
schéma d’administration est de 1g de rituximab ou de placebo à J1, J15, J168 et J182 en
association à un traitement standard comprenant 3g/jour de MMF et des corticoïdes
à hautes doses qui consistent en deux doses intraveineuses de 1g de
méthylprednisolone relayées par 0,75 mg/kg/jour de prednisone orale diminuée par
la suite à 10 mg/jour pendant seize semaines.
Une RRC est définie comme une normalisation de la créatininémie associée à
des sédiments urinaires inactifs et à un rapport protéinurie sur créatininurie inférieur
à 0,5. Une RRP est définie comme une créatininémie inférieure ou égale à 15% par
rapport à la valeur de base sans aggravation des sédiments urinaires et avec une
amélioration de 50% du rapport protéinurie sur créatininurie.

85
A 52 semaines, le pourcentage de réponse rénale entre les deux groupes a
été :
Placebo Rituximab
RRC 30,% 26,4%
RRP 15,3% 30,6%

L’amélioration sérologique (diminution des anticorps anti-ADN natif et


augmentation des fractions du complément) a été statistiquement meilleure dans le
groupe rituximab.
La tolérance a été similaire dans les deux groupes avec un taux d’infections sévères
de 17% dans le groupe placebo et de 16% dans le groupe rituximab. Deux décès par
sepsis et pneumonie sont survenus dans le groupe rituximab, aucun dans le groupe
placebo.

4.2.3.3. Conclusion
Les résultats des essais Explorer et Lunar contrastent avec les résultats très
encourageants des nombreuses études non contrôlées publiées. Selon Looney(48),
Ramos-Casals(49) ou Conti et al(50), ces résultats décevants peuvent être expliqués par
différents facteurs.
L’un des plus gros problèmes concerne les critères d’inclusion des patients qui
sont bien différents de ceux des études ouvertes. Dans la pratique clinique, le
rituximab est réservé à des LES réfractaires aux autres thérapeutiques
immunosuppressives alors que dans l’étude Explorer, les patients inclus devaient
avoir un LES actif, à l’exception d’une atteinte rénale ou neurologique, sans qu’il ne
s’agisse de LES réfractaires. De plus, le fait que les patients entrent dans l’essai avec
une atteinte très active, a nécessité un traitement par de fortes doses de corticoïdes
et d’immunosuppresseurs ce qui a pu améliorer les résultats obtenus dans le bras
placebo. Concernant toujours les traitements concomitants, le CYP a été exclu alors
qu’il est énormément utilisé et avec succès dans de nombreuses études ouvertes. De
plus, l’utilisation dans l’étude Lunar, de MMF dans les deux bras peut être à l’origine
de l’absence de différence significative entre les groupes placebo et rituximab. En
effet, il a été démontré que le MMF est un traitement d’induction efficace d’une
rémission au cours du LES.

86
Un autre problème épinglé par les auteurs concerne la durée de suivi. En effet,
dans les deux études contrôlées, la durée de suivi est limitée à 52 semaines. Or, les
effets bénéfiques d’une immunosuppression dans le traitement d’un LES rénal
peuvent n’apparaître qu’après plusieurs années et la durée moyenne d’obtention
d’une réponse rénale est souvent d’un à deux ans. Les effets observés sont alors
seulement ceux de la corticothérapie à hautes doses.
La cohorte de l’étude Explorer est aussi bien différente puisqu’elle regroupe
des patients originaires essentiellement des Etats-Unis, du Canada et d’Amérique du
sud alors que dans les études publiées, il s’agit de patients majoritairement
européens. L’étude des sous-populations dans les deux essais a montré un bénéfice
du rituximab sur le LES plus important chez les afro-américains qui sont une
population qui a généralement plus d’échecs aux traitements conventionnels.
Enfin, le choix de l’index BILAG comme critère d’efficacité est discuté et
n’apparaît pas comme le score optimal à utiliser dans un essai contrôlé.
Dans l’étude Lunar, les critères de rémission rénale sont acceptables mais une durée
de suivi plus longue aurait été nécessaire.
Malgré les résultats peu encourageants des essais Explorer et Lunar, il est
difficile d’admettre que le rituximab ne soit pas efficace dans le traitement du LES au
vu des réponses obtenues dans les nombreuses études ouvertes (y compris la nôtre)
et cas cliniques publiés.

4.2.4. Bénéfices apportés par un immunosuppresseur administré


de manière concomitante puis en relais du rituximab
Dans notre étude, chez les patients dont le protocole thérapeutique associait
le rituximab à un immunosuppresseur, l’immunosuppresseur utilisé était très variable.
Ceci rend une analyse des résultats obtenus en fonction de ces traitements très
difficile.
Certains arguments plaident pour une incidence du traitement
immunosuppresseur sur l’obtention d’une rémission clinique :
- toutes les cures ayant associé rituximab et immunosuppresseurs ont abouti à une
rémission dont huit RC et une RP.
- quatre patientes n’ont eu aucun traitement immunosuppresseur et parmi elles, la
patiente 3 dont les résultats sont ininterprétables et les patientes 9, 11 et 12 qui sont

87
les seules à ne pas avoir répondu à une cure de rituximab. Les patientes 9 et 12 ont
reçu deux cures et bien que sans immunosuppresseurs, ont obtenu une réponse mais
qui n’est restée que partielle.
- parmi les patients traités pour une néphrite lupique, les trois seuls ayant obtenu
une RRC (4, 6 et 7) dès six mois, prenaient un immunosuppresseur.
- la patiente 5 qui avait préalablement répondu au traitement par une RP, est passée
en RC quelques mois après introduction de MMF.
- les trois patients qui n’ont pas eu de nouvelles poussées depuis le traitement par
rituximab avaient un traitement immunosuppresseur.
Cependant, la présence d’un immunosuppresseur en relais du rituximab ne
semble pas avoir eu d’incidence sur le taux de rechute. En effet, sur les sept patients
ayant rechuté après une première réponse au traitement par rituximab, cinq avaient
un immunosuppresseur en relais du rituximab. Les deux patientes (patientes 9 et 12)
restantes qui ont donc rechuté après un traitement par rituximab seul, n’ont pas
rechuté plus rapidement que les patients ayant rechuté sous immunosuppresseurs.
En effet, le délai moyen de récidive chez les patients initialement répondeurs et sous
immunosuppresseurs est de 19 mois alors que chez les patientes 9 et 12, il est de 20
mois.
De plus, la patiente 8 traitée pour un PTI, a obtenu une RC dès six mois alors qu’elle a
débuté un traitement par AZA seulement deux ans après sa cure de MabThera® pour
une poussée neurologique périphérique. L’AZA a permis de traiter la poussée lupique
et la RC du PTI s’est maintenue.
De même, la patiente 12 a répondu à sa première cure de rituximab par une
rémission hématologique partielle alors qu’elle n’a reçu aucun immunosuppresseur
en relais.
En ce qui concerne une meilleure efficacité selon la molécule
immunosuppressive utilisée, il parait difficile de faire ressortir un traitement par
rapport aux autres. En effet, comme dans de nombreuses études, notre cohorte est
très hétérogène en ce qui concerne les traitements associés au rituximab. Quatre
molécules immunosuppressives ont été utilisées en relais. Le MMF ou le MYF ont été
utilisés au cours de cinq cures dont quatre se sont conclues par une RC (celle de la
patiente 2 étant non déterminée). Le CYP n’a été utilisé qu’à une occasion et la
réponse a été complète. Les six cures au cours desquelles l’AZA a été associé au

88
rituximab ont abouti à quatre RC et deux RP. Enfin, la CIC a été le relais thérapeutique
de deux cures dont une a donné une RP et l’autre une RC chez la même patiente.

4.2.4.1 Cyclophosphamide (CYP)


Dans les études publiées sur le traitement par rituximab de LES réfractaires,
l’immunosuppresseur le plus souvent utilisé comme traitement d’entretien est le CYP.
Dans notre cohorte, un seul patient a été traité par une association rituximab et bolus
de CYP. Le traitement a permis une RC dès le deuxième mois après le traitement.
Les bénéfices cliniques d’une association rituximab-CYP ou à un autre
immunosuppresseur reste un sujet controversé.
D’après l’étude de Ramos-Casals(34) et al, un meilleur taux de réponse est observé
chez les patients recevant un traitement concomitant par CYP (98% contre 82% pour
ceux qui n’en reçoivent pas).
Une étude randomisée ouverte comprenant 19 patients avec une glomérulonéphrite
lupique proliférative a été publiée en 2009 par Li et al(51). Son objectif était d’évaluer
si l’association rituximab-CYP est plus efficace que le rituximab seul comme
thérapeutique d’induction. Les patients ont été répartis en deux groupes : dans le
premier, neuf patients n’ont reçu que du rituximab à 1g et dans le second dix
patients ont reçu 1g de rituximab et un bolus de 750 mg intraveineux de CYP. Le
même traitement a été répété après quinze jours et dans chaque groupe,
l’administration de rituximab était précédée de 250 mg de méthylprednisolone
intraveineuse. Les résultats à 48 semaines de suivi ont permis de démontrer une
efficacité et une tolérance du rituximab seul ou en association au CYP comme
traitement inducteur comme cela est également le cas dans les études de
Gunnarsson(52), Leandro(53) ou Looney(39) qui ont toutes conclu à une efficacité et une
bonne tolérance de l’association rituximab-CYP.

89
Cependant, il n’a pas été possible de mettre en évidence une supériorité d’un groupe
par rapport à l’autre en termes d’efficacité à 48 semaines. Une amélioration clinique,
histopathologique des néphrites à la biopsie rénale et biologique ont été observées
mais sans différence significative entre les deux groupes. La durée médiane de
déplétion lymphocytaire bien que légèrement plus longue dans le groupe avec CYP
n’a pas été statistiquement différente d’un groupe à l’autre. Une étude comportant
une cohorte plus importante et une durée de suivi plus longue pourrait permettre de
confirmer ou non ces résultats.

4.2.4.2 Mycophénolate mofétil (MMF) et mycophénolate


sodique (MYF)
Dans notre étude, le MMF et le MYF ont été utilisé en relais du rituximab
uniquement dans des indications rénales. C’est d’ailleurs le traitement d’entretien le
plus utilisé pour l’indication rénale. Les indications étaient trois glomérulonéphrites
lupiques de stade III (patients 4, 6, 10) une de stade IV (patiente 5) et une de stade V
(patiente 2). A l’exception d’un résultat difficilement interprétable en raison d’un
problème de suivi (patiente 2), ce traitement a permis d’obtenir quatre RC soit 80% et
parmi les patients ayant initialement répondu, une seule patiente a rechuté après 15
mois. La durée des rémissions s’étend de 12 à 45 mois. Dans un cas, le MMF a été
utilisé après des bolus de CYP.
Le cas de la patiente 5 est intéressant puisque le MMF n’a été introduit que six
mois après sa cure de rituximab. Cependant, dès le cinquième mois suivant la cure,
une RRP était obtenue et c’est six mois après introduction du MMF que la rémission
est devenue complète. De plus, chez le patient 4, le traitement par MMF relayait une
série de bolus intraveineux de CYP qui elle-même faisait suite à la cure de rituximab.
Au moment de l’introduction du MMF, la néphrite était déjà en RC. Ces deux
situations tendent à montrer que le MMF a été le traitement d’entretien de la
rémission initiée par le rituximab.
Dans la littérature, rares sont les études qui se sont intéressées au MMF
comme traitement d’entretien après induction de la réponse par le MabThera®. Une
étude prospective menée par Boletis et al(54) sur 10 patientes atteintes de néphrites
lupiques prolifératives et traitées par 375mg/m²/semaine de rituximab pendant
quatre semaines associé à 2g/jour de MMF, a obtenu après 38 mois de suivi, 70% de

90
RRC et 10% de RRP. Le taux de réponse globale est donc de 80% ce qui est
exactement en accord avec nos résultats. A l’exception de son caractère prospectif,
cette étude est très proche de la nôtre en ce qui concerne le nombre de patients, le
protocole et les critères de rémission. Une seconde étude prospective de Pepper et
al(55) a démontré une efficacité du rituximab associé au MMF dans le traitement des
glomérulonéphrites lupiques. Les 18 patients inclus avaient une néphrite de stade III,
IV ou V et ceux ayant une atteinte nécessitant une hémodialyse ou une atteinte
rapidement progressive étaient exclus. Le traitement a consisté en deux perfusions de
1g de rituximab à quinze jours d’intervalle et 500 mg de méthylprednisolone
intraveineux ont été ajoutés à chaque perfusion de rituximab chez huit patients. Le
relais se faisait par du MMF débuté à 1g/jour puis ajusté selon les patients. Le taux de
réponse globale a été de 78% (14/18 patients) mais deux patients ont rechuté et
quatre patients n’ont pas répondu. Ainsi, après un suivi de douze mois, 67% des
patients (12/18) étaient en rémission incluant autant de rémissions complètes que
partielles. De plus, après rituximab, six patients ont pu être sevrés de la
corticothérapie, six ont eu une réduction de la posologie de prednisolone et six
autres ont gardé la même dose (maximum 10 mg/jour).

4.2.4.3 Azathioprine (AZA)


Dans notre étude, l’AZA a été utilisé en relais de sept cures de rituximab chez
six patients. Les indications du traitement par Imurel® étaient rénales pour trois
patients (glomérulonéphrites de stade III, IV et V), neurologiques pour une patiente
et articulaires pour une patiente. Enfin, chez la dernière patiente, un traitement
d’entretien de la rémission rénale par MMF avait été efficace pendant un an avant
que des infections répétées dues à un taux très bas de CD4+ ne poussent à changer
pour l’AZA. Après deux ans et demi, des poussées cutanéo-articulaires se sont
développées, maîtrisées difficilement par l’AZA. Le MMF a alors été réintroduit. Chez
cette patiente, AZA comme MMF ont permis de maintenir une RRC sans rechute
rénale depuis 41 mois.
En ce qui concerne les trois autres patients (2, 7 et 10) traités par AZA pour
une néphrite lupique, deux RRP et une RRC ont été obtenues. Aucun d’entre eux n’a
rechuté. Cependant, après 11 mois de RP, la patiente 10 a connu une aggravation de

91
sa néphropathie à la ponction biopsie rénale (PBR) qui a poussé à changer pour la
CIC.
Il est important de noter que chez la patiente 7, l’AZA n’a été introduit en relais que
quatre semaines après le rituximab. Or, une RRC était déjà obtenue dès la fin de la
deuxième perfusion de rituximab. Ceci montre que le MabThera® a bien été un
traitement d’induction de la réponse rénale et que l’AZA a participé au maintien de
cette réponse.
L’AZA est classiquement utilisé dans le traitement des poussées cutanéo-
articulaires. C’est d’ailleurs cet immunosuppresseur qui a été choisi pour relayer le
rituximab au cours des deux cures dont l’indication était articulaire. Dans cette
indication, la réponse au traitement a été une RC rapide (dès six mois) et durable
avec disparition des douleurs articulaires. Lors de la première cure, la durée de la RC
était de deux ans et depuis la seconde cure, la patiente est toujours en RC (depuis 32
mois).
Enfin, l’AZA a été instauré chez la patiente 8 deux ans après sa cure de
rituximab (dont l’indication était un PTI) pour une manifestation lupique
neurologique périphérique. La poussée a pu être maîtrisée et la RC du PTI s’est
poursuivie. Dans ce cas, il est également démontré que le rituximab a bien été le
déclencheur de la rémission hématologique et l’AZA n’a été qu’un traitement
d’entretien de la réponse.
Ainsi, le traitement par AZA a permis le maintien de cinq RC et de deux RP.
L’atteinte articulaire a rechuté au bout de 24 mois, une atteinte rénale s’est aggravée
entraînant un changement d’immunosuppresseur et une poussée neurologique a été
traitée.

4.2.4.4 Conclusion
Au vu de cette analyse, il n’apparaît pas que l’association du rituximab à un
immunosuppresseur ait une incidence significative sur le taux de rechute mais
pourrait permettre de réduire le délai d’obtention d’une RC et d’en prolonger la
durée.
Il n’a pas été trouvé d’études dans la littérature s’intéressant au traitement
d’entretien d’une rémission clinique après une induction par rituximab et aucune
étude contrôlée ayant pour objectif de déterminer les bénéfices d’une association

92
rituximab-immunosuppresseur n’a, jusqu’ici, été menée. Pourtant, nos résultats
plaident pour un intérêt des immunosuppresseurs dans le maintien d’une rémission
après une phase d’induction par rituximab et plus particulièrement du MMF dans
l’entretien d’une rémission rénale. Ces éléments méritent d’être explorés à l’avenir
dans des essais contrôlés.

93
CONCLUSION

Comme nous l’avons vu, le LES est une maladie auto-immune non spécifique
d’organe fréquente dont la prévalence est plus élevée chez les femmes et les sujets
non caucasiens. Le LES se caractérise par une physiopathologie qui résulte de
l’intervention de différents mécanismes immunologiques, génétiques,
environnementaux et hormonaux, par un diagnostic basé sur la concordance de
signes cliniques et biologiques et par une expression clinique très polymorphe.
La prise en charge médicamenteuse des formes viscérales associe
classiquement une corticothérapie orale à un traitement immunosuppresseur. Cette
association est à l’origine d’effets indésirables fréquents et certaines formes de LES
peuvent y être résistantes. C’est pourquoi, il est devenu nécessaire d’envisager de
nouvelles options thérapeutiques.
Le rituximab, MabThera®, d’abord indiqué dans des maladies onco-
hématologiques, est depuis quelques années utilisé dans des maladies auto-
immunes. Après avoir démontré son efficacité dans la polyarthrite rhumatoïde au
cours de plusieurs essais prospectifs randomisés, son utilisation a été étendue au
traitement du LES réfractaire.
Notre étude rétrospective a regroupé douze patients traités par rituximab dans
le cadre d’un LES réfractaire. Les indications étaient rénales, articulaires et
hématologiques. La durée de suivi très importante (près de 50 mois) a permis une
analyse plus complète de l’efficacité clinique et de la tolérance du rituximab à plus
long terme.
Après 49,5 mois de suivi, 75% (9/12) des patients ont obtenu une rémission
clinique dont 58% une rémission complète et 17% une rémission partielle. Sur les
huit patients traités pour une néphrite lupique, le taux de réponse est de 88% et la
rémission est complète pour 63% (5/8) et partielle pour 25% (2/8). Les deux cures de
rituximab dont l’indication était articulaire ont abouti à 100% de rémission complète.
Dans le cadre des PTI, les résultats obtenus avec 33% de rémission en fin de suivi, ne
sont pas aussi bons que ceux obtenus dans d’autres études publiées mais il a été
difficile de les comparer puisqu’il n’a pas été trouvé d’autres études rétrospectives
ayant analysé l’efficacité du rituximab dans le PTI associé à un LES. Nos résultats

94
prometteurs concordent avec ceux d’autres études rétrospectives de design similaire.
Les études prospectives Explorer et Lunar ont rapporté des résultats décevants mais
comme nous l’avons vu, plusieurs problèmes de méthodes leur sont reprochés.
La tolérance a été très satisfaisante avec peu d’effets indésirables rapportés à
l’exception d’infections sans gravité.
Notre étude s’est également intéressée aux bénéfices apportés par l’association et le
relais du rituximab par un traitement immunosuppresseur. Nos résultats ne
permettent pas de conclure à une influence sur le taux de rechute mais vont dans le
sens d’un bénéfice dans l’obtention et le maintien d’une rémission complète. Ces
hypothèses mériteront d’être explorées dans des essais contrôlés prospectifs.

95
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100
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS .................................................................................................................................................. 4
SOMMAIRE............................................................................................................................................................... 5
ABREVIATIONS ...................................................................................................................................................... 7
INTRODUCTION .................................................................................................................................................... 8
LUPUS ERYTHEMATEUX SYSTEMIQUE: GENERALITES ............................................................................ 9
1 HISTORIQUE ................................................................................................................................................ 9
2 EPIDEMIOLOGIE ......................................................................................................................................... 9
3 PHYSIOPATHOLOGIE ............................................................................................................................. 10
3.1 Mécanismes immunologiques .................................................................................................. 10
3.1.1 Formation de complexes immuns responsables de lésions tissulaires .............. 10
3.1.1.1 Production d'auto-anticorps........................................................................................ 10
3.1.1.2 L'apoptose comme source d'auto-antigènes........................................................ 11
3.1.1.3 Rôle pathogène des complexes immuns formés ................................................ 11
3.1.2 Rôle des cellules dendritiques........................................................................................... 11
3.1.3 Rôle des lymphocytes B ....................................................................................................... 11
3.1.4 Rôle des lymphocytes T ........................................................................................................ 12
3.2 Influence de facteurs génétiques ........................................................................................... 12
3.3 Influence de facteurs environnementaux ............................................................................ 13
3.4 Influence de facteurs hormonaux ........................................................................................... 14
4 CLINIQUE .................................................................................................................................................... 15
4.1 Manifestations rhumatologiques............................................................................................ 15
4.1.1 Manifestations articulaires ..................................................................................................... 15
4.1.2 Manifestations osseuses ......................................................................................................... 15
4.2 Manifestations dermatologiques ......................................................................................... 16
4.2.1 Lésions lupiques spécifiques .............................................................................................. 16
4.2.1.1 Lupus erythémateux aigu ............................................................................................... 16
4.2.1.2 Lupus erythémateux subaigu........................................................................................ 16
4.2.1.3 Lupus erythemateux discoïde ....................................................................................... 16
4.2.2 Lésions non spécifiques ........................................................................................................ 17
4.3 Manifestations rénales ................................................................................................................. 17
101
4.4 Manifestations vasculaires .......................................................................................................... 19
4.5 Manifestations neuro-psychiatriques ..................................................................................... 20
4.5.1 Atteintes du système nerveux central ............................................................................. 20
4.5.2 Neuropathies périphériques ............................................................................................... 20
4.6 Manifestations cardiopulmonaires .......................................................................................... 20
4.6.1 Manifestations cardiaques ................................................................................................... 20
4.6.2 Manifestations respiratoires ................................................................................................ 21
4.7 Manifestations diverses ............................................................................................................... 21
4.8 Manifestations biologiques ........................................................................................................ 21
4.8.1 Manifestations hématologiques ........................................................................................ 21
4.8.2 Syndrome inflammatoire ...................................................................................................... 22
5 DIAGNOSTIC CLINICO-BIOLOGIQUE .............................................................................................. 22
5.1 Critères diagnostiques de l'American College of Rheumatology ............................... 22
5.2 Signes biologiques évocateurs ................................................................................................. 23
5.2.1 Anomalies non spécifiques .................................................................................................. 23
5.2.2 Marqueurs immunologiques spécifiques: les auto-anticorps ................................ 24
5.2.2.1 Les marqueurs diagnostiques ....................................................................................... 24
5.2.2.2 Les marqueurs pronostiques......................................................................................... 27
6 EVOLUTION, PRONOSTIC, SUIVI ....................................................................................................... 28
7 TRAITEMENTS CONVENTIONNELS .................................................................................................. 29
7.1 Principes généraux ........................................................................................................................ 29
7.2 Education du patient .................................................................................................................... 29
7.3 Traitements disponibles .............................................................................................................. 30
7.3.1 Anti-inflammatoires non stéroïdiens et aspirine ......................................................... 30
7.3.2 Antimalariques de synthèse ................................................................................................ 31
7.3.2.1 Indications et posologies ............................................................................................... 31
7.3.2.2 Effets indésirables et contre-indications .................................................................. 32
7.3.3 Corticoïdes ................................................................................................................................. 32
7.3.4 Immunosuppresseurs ............................................................................................................. 33
7.3.4.1 Cyclophosphamide, Endoxan® ................................................................................... 34
7.3.4.2 Azathioprine, Imurel® ..................................................................................................... 34
7.3.4.3 Méthotrexate ....................................................................................................................... 34
7.3.4.4 Mycophénolate mofétil, Cellcept® ............................................................................ 35

102
7.3.5 Thérapeutiques biologiques................................................................................................ 35
7.3.5.1 Plasmaphérèse .................................................................................................................... 35
7.3.5.2 Immunoglobulines polyvalentes intraveineuses ................................................... 36
7.4 Indications des différents traitements ................................................................................... 36
7.4.1 Formes mineures...................................................................................................................... 36
7.4.2 Formes viscérales ..................................................................................................................... 36
7.4.3 Cas particuliers.......................................................................................................................... 37
7.4.3.1 Le syndrome des antiphospholipides ....................................................................... 37
7.4.3.2 La grossesse ......................................................................................................................... 37
LE RITUXIMAB: UNE NOUVELLE APPROCHE THERAPEUTIQUE ........................................................ 38
1 GENERALITES SUR LE RITUXIMAB ...................................................................................................... 38
1.1 L'antigène CD20: une cible immunologique intéressante ............................................. 38
1.2 Modes d'action ............................................................................................................................... 39
1.3 Données cliniques ......................................................................................................................... 40
1.3.1 Indications actuelles ............................................................................................................... 40
1.3.2 Utilisation du rituximab dans le lupus érythémateux systémique ....................... 40
1.3.3 Contre-indications ................................................................................................................... 41
1.3.4 Tolérance..................................................................................................................................... 43
1.3.5 Pharmacocinétique ................................................................................................................. 44
2 PATIENTS ET METHODES ..................................................................................................................... 45
2.1 Patients .............................................................................................................................................. 45
2.2 Critères de réponse au traitement .......................................................................................... 46
3 RESULTATS .................................................................................................................................................. 47
3.1 Présentation clinique .................................................................................................................... 47
3.1.1 Atteintes cliniques ................................................................................................................... 47
3.1.2 Traitements antérieurs à l'administration du rituximab ............................................ 49
3.1.3 L'administration de rituximab ............................................................................................. 50
3.1.4 Les antécédents des patients .............................................................................................. 51
3.2 Protocole ........................................................................................................................................... 54
3.3 Evolution des paramètres immunologiques ....................................................................... 58
3.3.1 Déplétion lymphocytaire B ..................................................................................................... 58
3.3.2 Anticorps anti-ADN natif et complément ........................................................................ 58
3.4 Réponse clinique ............................................................................................................................ 61

103
3.4.1 Réponse articulaire ................................................................................................................. 61
3.4.2 Réponse rénale ......................................................................................................................... 61
3.4.3 Réponse hématologique ...................................................................................................... 64
3.5 Décroissance de la corticothérapie ......................................................................................... 65
3.6 Rechute, traitements immunosuppresseurs associés et re-traitement par
rituximab ............................................................................................................................................. 66
3.7 Tolérance du rituximab ................................................................................................................ 67
4 DISCUSSION .............................................................................................................................................. 68
4.1 Analyse de la cohorte ................................................................................................................... 68
4.2 Analyse des résultats .................................................................................................................... 68
4.2.1 Analyse de l'efficacité du rituximab.................................................................................. 68
4.2.1.1 Analyse de la réponse globale au traitement ........................................................ 69
4.2.1.2 Analyse de la réponse spécifique d'organes .......................................................... 72
4.2.1.3 Conclusion des résultats ................................................................................................. 78
4.2.2 Analyse de la tolérance ......................................................................................................... 78
4.2.3 Données récentes de la littérature par rapport aux indications du
rituximab dans le lupus érythémateux systémique ...................................................... 82
4.2.3.1 Etude Explorer ..................................................................................................................... 82
4.2.3.2 Etude Lunar .......................................................................................................................... 85
4.2.3.3 Conclusion ............................................................................................................................ 86
4.2.4 Bénéfices apportés par un immunosuppresseur administré de manière
concomitante puis en relais du rituximab ........................................................................ 87
4.2.4.1 Cyclophosphamide, Endoxan® ................................................................................... 89
4.2.4.2 Mycophénolate mofétil, Cellcept® ............................................................................ 90
4.2.4.3 Azathioprine, Imurel® ..................................................................................................... 91
4.2.4.4 Conclusion ............................................................................................................................ 92
CONCLUSION ....................................................................................................................................................... 94
BIBLIOGRAPHIE.................................................................................................................................................... 96
TABLE DES MATIERES ......................................................................................................................................101

104
SERMENT DE GALIEN

Je Jure en présence de mes Maîtres de la Faculté et de mes condisciples :

- d’honorer ceux qui m’ont instruit dans les préceptes de mon art et de leur
témoigner ma reconnaissance en restant fidèle à leur enseignement
- d’exercer, dans l’intérêt de la santé publique, ma profession avec conscience et
de respecter non seulement la législation en vigueur, mais aussi les règles de
l’honneur, de la probité et du désintéressement ;
- de ne jamais oublier ma responsabilité, mes devoirs envers le malade et sa
dignité humaine, de respecter le secret professionnel.

En aucun cas, je ne consentirai à utiliser les connaissances et mon état pour


corrompre les mœurs et favoriser les actes criminels.

Que les hommes m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses.

Que je sois couvert d’opprobre et méprisé de mes confrères, si j’y manque.

105
106
RESUME Les traitements conventionnels du lupus érythémateux systémique (LES) associent une
corticothérapie orale à des immunosuppresseurs pouvant être responsables d’effets indésirables. Le
rituximab, anticorps monoclonal dirigé contre la molécule CD20 des lymphocytes B, est de plus en plus
utilisé dans le LES réfractaire.
Patients et méthodes : Afin d’évaluer l’efficacité et la tolérance du rituximab dans le LES, nous avons étudié
de manière rétrospective les données démographiques, cliniques et biologiques de douze patients avec un
LES réfractaire suivis dans le service de médecine interne A du Centre Hospitalier Universitaire de Limoges.
Résultats : Dix femmes et deux hommes ont été traités par rituximab pour des atteintes rénales à 61%
(incluant des glomérulonéphrites de stade III, IV et V), articulaires à 11% et hématologiques à 22% (purpura
thrombopénique immunologique). Pour huit patients sur douze, le rituximab a été relayé par un
immunosuppresseur. Après un suivi médian de 49,5 mois, le taux de rémission clinique est de 75% (58% de
rémission complète et 17% de rémission partielle). L’efficacité s’est confirmée dans les atteintes rénales et
articulaires avec un taux de réponse respectif de 88% et 100%. Sur dix patients répondeurs, sept ont rechuté.
La tolérance est satisfaisante avec des épisodes infectieux sans gravité. Le rituximab apparaît comme une
alternative thérapeutique efficace dans les LES réfractaires dont les modalités d’utilisation restent à préciser.

TITRE EN ANGLAIS: Treatment of systemic lupus erythematosus with rituximab: a retrospective study of
twelve cases

ABSTRACT Conventional treatment of systemic lupus erythematosus (SLE) combines oral corticosteroids
with immunosuppressive drugs which can be responsible for adverse events. Rituximab, a monoclonal
antibody directed against CD20 of B cells, is used more and more frequently in refractory SLE.
Patients and methods: In order to evaluate the efficacy and safety of rituximab in SLE, we retrospectively
analyzed demographic, clinical and biological data of twelve patients with refractory SLE monitored in the
Internal Medicine A department of the Limoges University Hospital.
Results: Ten women and two men were treated with rituximab for renal involvement (61%) (including lupus
nephritis type III, IV and V), articular involvement (11%) and hematological involvement (22%) (immune
thrombocytopenic purpura). Of the twelve patients, eight received rituximab combined with
immunosuppressive drugs as maintenance treatment. At 49.5 months of median follow-up, the overall rate
of clinical response was 75%; 58% of patients reached complete remission and 17% partial remission. Efficacy
was confirmed in renal and articular involvement with a response rate of 88% and 100% respectively. Of ten
responsive patients, seven relapsed. Safety was acceptable with the occurence of mild infections. Rituximab
appears to be an effective therapeutic option for the management of refractory SLE but its modalities of use
need to be clarified.

MOTS-CLES: rituximab - lupus érythémateux systémique -

DISCIPLINE: Pharmacie

ADRESSE DE L’UFR : Faculté de pharmacie - 2, rue du Docteur Marcland - 87025 LIMOGES cedex

107

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