Cours - Thermodynamique Partie 1
Cours - Thermodynamique Partie 1
Cours - Thermodynamique Partie 1
Physique
E3 : Cours de thermodynamique
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Chapitre 1 : Introduction à la thermodynamique
1. Rappel chronologique
L'étude de la physique peut se subdiviser en plusieurs grandes périodes.
17ème siècle et début du 18ème siècle. Mécanique classique : Galilée, Newton.
18ème siècle et début du 19ème siècle. Sciences de la chaleur : Celsius, Watt et Sadi
Carnot « Réflexion sur la puissance motrice du feu et les machines propres à
développer cette puissance ». Ce mémoire est à la base de la thermodynamique.
19ème siècle et début du 20ème siècle. Electricité, Magnétisme, Electromagnétisme,
Optique ondulatoire. Au cours de cette période, l'utilisation des énergies fossiles est
considérable.
20ème siècle. Energie nucléaire.
Remarque :
Origine de la terminologie
L'invention de la machine à vapeur a entraîné une étude approfondie des relations
entre les phénomènes calorifiques et mécaniques, d'où le nom de thermodynamique.
La thermodynamique peut être développée selon deux approches :
1. La thermodynamique classique ou phénoménologique.
Cette approche est macroscopique et repose sur la mesure d'un petit nombre de
grandeurs (pression, température, volume, etc...) qui caractérisent les corps étudiés.
C'est l'étude expérimentale qui a suggéré un nombre restreint de principes fondamentaux. Les
outils mathématiques sont simples et l'expérience a toujours confirmé les conséquences de ces
principes, dans les limites de la précision des outils de mesure. On doit se rappeler qu'on ne
cherche pas à décrire les mécanismes élémentaires et qu'on ignore à ce stade la nature intime
de la matière.
2. La thermodynamique statistique.
Elle est basée sur une description microscopique de la matière et des phénomènes. Elle
fait intervenir les constituants de la matière : atomes, molécules, ions, électrons, ... ainsi que
les lois fondamentales de la mécanique qui régissent les mouvements de ces particules.
La théorie cinétique des gaz (Boltzman) permet d'obtenir une interprétation macroscopique
des grandeurs comme la pression. La théorie statistique des gaz, plus élaborée et complexe,
prend en compte la nature intime des constituants et leurs spécificités propres.
Champs d'application
On fait appel à la thermodynamique dans de nombreuses applications techniques,
parmi lesquelles :
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Notamment pour concevoir de nouveaux systèmes, les dimensionner, optimiser leur
rendement.
2.1.Système thermodynamique
Selon la nature des échanges possibles entre le système et l'extérieur, on distingue trois types
de systèmes :
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”Diatherme” : elle permet l’échange de chaleur,
”Adiabatique” : elle ne permet pas l’échange de chaleur,
”Perméable” : elle permet l’échange de matière.
Trois catégories de système suivant le type d’échanges qu’ils effectuent :
« Ouvert » Paroi : perméable, diatherme, déformable
Echanges : matière, chaleur, travail
« Fermé » Paroi : imperméable, diatherme, déformable
Echanges : chaleur, travail
« Isolé » Paroi : imperméable, adiabatique, indéformable
Echanges : aucun échange
La frontière d'un système est dite adiabatique lorsqu'elle interdit les échanges de chaleur entre
le système et le milieu extérieur, diatherme lorsqu'elle laisse passer la chaleur.
a) Variables d'état
Pour décrire un système, on définit son état par des valeurs que possèdent, dans le
système, un certain nombre de grandeurs mesurables, dites variables thermodynamiques
ou variables d'état, et qui sont obligatoirement de nature macroscopique.
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thermique.
Un système est dit en équilibre thermodynamique lorsque ses paramètres d'état ont
une valeur identique en tout point du système.
En d’autres termes, un système est en équilibre thermodynamique :
Lorsqu’il n’existe plus de variation des variables d'état.
Lorsqu’il n’existe plus aucun transport de matière ou d’énergie avec le milieu
extérieur.
2.5. Transformations
Transformation ouverte : Quand l'état d'équilibre final est différent de l'état d'équilibre
initial, le système a décrit une transformation ouverte.
Transformation quasi statique : C’est une suite continue d'états d'équilibre interne pour le
système étudié. A tout instant de la transformation, les variables (xi, yi) du système sont
définies de sorte que la transformation de l’état (1) vers l’état (2) peut être représenté par
une courbe.
Transformation réversible : c’est une transformation qui peut se produire en sens inverse.
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Les transformations irréversibles : une fois la transformation réalisée, il est impossible
de revenir à l'état initial depuis l'état final de manière rapide et simple. Dans le cas
général, les états intermédiaires entre l’état (1) et l’état (2) ne sont pas des états
d'équilibre. Les grandeurs (x, y) ne sont pas définies entre les états (1) et (2).
3. Équations d'état.
Définition.
Une équation d'état est une relation qui relie entre elles les différentes variables d'état
d'un système, à l'équilibre thermodynamique (condition nécessaire pour que les variables
d'état intensives soient définies). A titre d'exemple, l'équation d'état d'une quantité déterminée
de fluide (liquide ou gaz) sera de la forme f ( P ,V , T ) 0 .
Exemple du gaz parfait : PV nRT 0 f ( P ,V , T ) 0
4. Fonctions d'état
Le système peut réaliser des transformations entre l’état thermodynamique d’équilibre initial
(1) et l’état final (2) de plusieurs façons différentes, c’est-à-dire en empruntant des chemins
différents.
En général, la variation ΔG d’une grandeur G dépend du chemin suivi pour aller de l’état
initial (1) à l’état final (2), mais en thermodynamique, il existe des fonctions f liées aux
variables d’état dont les variations f au cours d’une transformation sont indépendantes du
chemin suivi. Ces grandeurs ou fonctions sont dites fonctions d'état.
Elles sont caractérisées par :
Leur indépendance du chemin suivi par la transformation.
df est une différentielle totale exacte.
Alors, on peut écrire: f f 2 f1
Et ceci quel que soit le chemin suivi par l’évolution.
Exemple :
L’énergie interne (U), l’enthalpie (H) et l’entropie (S) sont des fonctions d’état c'est-à-dire
qu’elles ne dépendent pas du chemin suivi; mais le travail (W) et la chaleur (Q) ne sont pas
des fonctions d’état, donc ils dépendent du chemin suivi.
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5. Différentielle totale exacte
Rappel mathématiques :
Soit une fonction f = f(x, y), la différentielle de la fonction f s’écrit :
f f
df dx dy
x y y x
f
L’expression est la dérivée partielle de f. elle signifie que l’on dérive f par
x y
rapport à la variable x, l’autre variable y étant maintenue constante.
Soit dG une expression différentielle d’une fonction de plusieurs variables, (dans notre
cas on se limite à deux variables x et y pouvant s’écrire sous la forme :
dG f ( x , y )dx g ( x , y )dy
La condition nécessaire et suffisante pour qu’il existe une fonction G admettant dG
f g
comme différentielle s’écrit : .
y x
On dit que dG est une différentielle totale exacte et la fonction G correspondante porte le
nom, en thermodynamique, fonction d’état.
Dans le cas où la forme différentielle n’est pas totale et exacte, alors la notation dG ne
peut être utilisée. Dans ce cas, on conviendra d’utiliser la notation : G
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Chapitre 2: Notion de gaz parfait
1. Définition :
Un gaz parfait est un système matériel d'un grand nombre de particules
(molécules, atomes) identiques :
L'étude expérimentale des gaz a conduit à définir le modèle du gaz parfait, très utilisé en
thermodynamique. C’est un gaz qui obéit rigoureusement aux 3 lois : MARIOTTE, GAY
LUSSAC et CHARLES.
Loi de Gay-Lussac
A pression constante p, le volume V occupé par une masse donnée m de gaz est proportionnel
à sa température.
V/T = Cte
Cette loi a été énoncée en 1800 par Louis Joseph Gay-Lussac.
Loi de Charles :
A volume constant, la pression d’une masse de gaz parfait est proportionnelle à la
température T.
P/T = Cte
Ou encore, un gaz parfait est un gaz idéal qui satisfait à l’équation d’état :
PV nRT
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Où :
P : Pression du gaz
V : volume du gaz
n : nombre de moles du gaz
R : constante des gaz parfaits (R = 8.314 J/K-1.mol-1)
T : température du gaz en Kelvin
On peut écrire également : PV nRT 0 f ( P ,V , T ) 0
Dans cette équation dite équation d’état des gaz parfaits, les variables d'état ne sont pas toutes
indépendantes. En d’autres termes, chaque variable d’état (pression, volume ou température)
dépend des deux autres variables. D’où : P f (V , T ) ou V f ( P , T ) ou T f ( P ,V ) .
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b) Distribution des vitesses
On considère une enceinte immobile contenant un gaz
parfait.
La vitesse d’une molécule est : ⃗𝒗 = 𝒗𝒙 ⃗⃗⃗⃗
𝒆𝒙 + 𝒗𝒚 ⃗⃗⃗⃗
𝒆𝒚 +𝒗𝒛 ⃗⃗⃗⃗
𝒆𝒛
Si la distribution ou plutôt la répartition des vitesses est
isotrope et homogène alors la vitesse moyenne statistique
de toutes les molécules est : ⟨𝒗
⃗ ⟩ ; ⟨𝑿⟩ moyenne de la
= ⃗𝟎
grandeur .
Considérons maintenant une molécule dans notre enceinte immobile de volume V ; dans
son mouvement, la molécule a des collisions avec la paroi et avec d’autres molécules ;
dans ces dernières collisions, la vitesse de notre molécule change. Si nous l’observons
pendant un certain intervalle de temps, nous pouvons calculer l’énergie cinétique
moyenne de notre molécule. Pour cela, nous faisons l’hypothèse que la moyenne
temporelle de la vitesse quadratique est identique à la moyenne de la vitesse quadratique
effectuée sur les N molécules en un instant. Cette hypothèse est justifiée, pour autant que
l’énergie totale du système ne soit pas modifiée (pas de variation de l’énergie potentielle
extérieure, pas de changement de l’énergie interne) et que l’intervalle d’observation de la
molécule soit suffisamment longue.
𝟏
L’énergie cinétique moyenne des molécules d’un gaz est donnée par: ⟨𝑬𝒄 ⟩ = 𝒎⟨𝒗𝟐 ⟩
𝟐
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où ⟨𝒗𝟐 ⟩ est la moyenne des carrés des vitesses. Elle est déterminée par la loi de distribution
des vitesses, cette loi est donnée par Maxwell.
On peut écrire également pour N molécules : 𝒗𝟐𝟏 + 𝒗𝟐𝟐 + ⋯ + 𝒗𝟐𝑵 𝟏 𝑵
⟨𝒗𝟐 ⟩ = = ∑ 𝒗𝟐𝒊
𝑵 𝑵 𝒊
d) Pression cinétique
Soit une enceinte fermée de volume V contenant N molécules avec une densité
particulaire nV = N/V .
La pression est due aux nombreux chocs des molécules sur les parois. Les chocs
incessants entre les molécules et la paroi se traduisent par l’existence d’une force de
pression exercée par ces molécules sur la paroi.
On appellera, pression cinétique la force moyenne par unité de surface exercée sur la
paroi, du fait de tous les chocs moléculaires. Elle est donnée par :
𝟏𝑵
𝑷= 𝒎⟨𝒗𝟐 ⟩
𝟑𝑽
𝟏
𝒏𝑽 𝒎⟨𝒗𝟐 ⟩
=
𝟑
Cette équation illustre l’esprit de la théorie cinétique des gaz : elle relie une grandeur
macroscopique, la pression P, à une grandeur microscopique, la moyenne du carré, encore
appelée la moyenne quadratique, de la vitesse.
La pression exercée sur la paroi du récipient est donc proportionnelle à la densité
particulaire nV et à la valeur moyenne de l’énergie cinétique de translation des particules
constituant le gaz puisque :
𝟏𝑵 𝟐𝑵𝟏
𝑷= 𝒎⟨𝒗𝟐 ⟩ = 𝒎⟨𝒗𝟐 ⟩
𝟑𝑽 𝟑𝑽𝟐
𝟐𝑵
= ⟨𝑬 ⟩
𝟑𝑽 𝒄
Où ⟨𝑬𝒄 ⟩ est l’énergie cinétique moyenne de translation des particules.
La température est une grandeur qui rend compte de l'agitation thermique, c'est à dire de
l'énergie cinétique moyenne des molécules.
T est proportionnelle à Ec. On définit la température cinétique par la relation :
𝟏
𝑬𝒄 = 𝒎⟨𝒗𝟐 ⟩
𝟐
𝟑
= 𝒌𝑩 𝑻 -23
𝟐
kB : la constante de Boltzmann (kB = 1,38.10 J.K-1);
T est appelée la température absolue du gaz;
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A une température T donnée, toutes les molécules d’un gaz parfait, quel que soit leur
𝟑
masse ont la même énergie cinétique moyenne de translation 𝟐 𝒌𝑩 𝑻 .
Mesurer la température d’un gaz, c’est également mesurer l’énergie cinétique
moyenne de translation de ses molécules. Donc, la température n’est finalement rien
d’autre que l’énergie cinétique des particules constituant le gaz (molécules).
Dans un gaz parfait, il n’y a pas d’attractions ou de répulsions entre les molécules du gaz
(il n’y a pas à considérer une éventuelle énergie potentielle d’interaction entre particules)
donc l’énergie interne, notée U, d’un gaz parfait provient entièrement de l’énergie
cinétique des molécules individuelles. 𝒊=𝑵 𝒊=𝑵 𝒊=𝑵
Gaz monoatomique (He, Ne…) : 3 degrés de liberté de translation pour chacune des N
molécules.
𝟑
𝑼 = 𝑵 × 𝒌𝑩 𝑻
𝟐
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Gaz diatomique (H2, O2, N2…) : Pour un gaz parfait diatomique, il faut rajouter les
termes liés aux 2 degrés de rotation. Donc, 3 degrés de liberté de translation + 2 degrés
de liberté de rotation pour chacune des N molécules.
𝟓
𝑼 = 𝑵 × 𝒌𝑩 𝑻
𝟐
D’après les deux équations de l’énergie interne d’un gaz parfait, U est uniquement fonction
de la température. Toute variation U de l’énergie interne d’un gaz parfait est due
uniquement à une variation de sa température, quel que soit le processus qui a causé cette
variation de température.
2. Coefficients thermoélastiques
D’un point de vue thermodynamique, un fluide réel à l’équilibre peut être décrit par les
trois variables d’état : la pression P, la température T et le volume V. Ces paramètres ne
sont pas indépendants car ils sont reliés par l’équation d’état : f (P, V, T) = 0
Le gaz parfait est un modèle qui ne s’applique aux fluides réels que dans le domaine des
faibles concentrations et, en dehors de ce domaine, on ne peut pas donner une expression
exacte de l’équation d’état. Une approche expérimentale s’impose.
Au nombre de trois, ils traduisent l'influence d'une variable d'état sur une autre, la
troisième étant maintenue constante :
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Coefficient de compression isochore
Ces trois coefficients ne sont pas indépendants, ils sont liés par la relation :
𝛼 = 𝑃. 𝛽. 𝜒𝑇
Cette relation permet donc de calculer un coefficient si on connaît les deux autres.
Ces coefficients sont donnés dans les tables thermodynamiques, pour les corps purs. Il est
ensuite facile de remonter aux coefficients différentiels, et finalement à l'équation d'état du
corps.
Dans le cas des gaz parfaits les coefficients thermoélastiques sont facilement calculables,
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on obtient : 𝛼 = 𝛽 = 𝑇 𝑒𝑡 𝜒𝑇 = 𝑃
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3. Coefficients calorimétriques
On étudie un fluide, système fermé monophasé, qui est défini par sa pression P, son
volume massique V et sa température T. Ce système sera appelé système (P, V, T). Ces
variables sont reliées par une équation d’état :
f (P, V, T) = 0
Généralement, l'état macroscopique d'un corps pur isolé dépend de deux variables
indépendantes pouvant être choisies dans le triplet (P, V, T). On dit que le système est
divariant.
Donc, cette équation d’état peut se présenter sous les trois formes :
P = P (V, T) ; V = V (P, T) ; T = T (V, P)
Pour une transformation élémentaire quasi statique d’un système (P, V, T), la chaleur
élémentaire par unité de masse Q s’écrit en fonction de deux variables indépendantes :
δQ = cV dT + ldV
δQ = cP dT + hdP
δQ = dP + dV
Ces relations introduisent six coefficients calorimétriques : cV, cP, l, h, et .
c(T, V) : capacité calorifique massique ou chaleur massique à volume constant qui s’exprime
en (J.K –1.Kg – 1).
cp(T, P) : capacité calorifique massique ou chaleur massique à pression constante qui
s’exprime en (J.kg-1. K-1) .
l(T, V) : coefficient calorimétrique massique de dilatation à température constante qui
s’exprime en Pa.
h(T, P) : coefficient calorimétrique massique de compression à température constante qui
s’exprime en (m3. Kg – 1).
On utilise également les capacités calorifiques molaires relatives à la masse molaire M du
corps : C,m = M cV et cP,m = M cP en (J. mol – 1 K -1).
Ainsi que les capacités calorifiques relatives à la masse m du système :
CV = m cV et CP = m cP en (J.K-1)
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La température est une fonction d'état, sa différentielle peut donc s'exprimer en
fonction des 2 variables d'état P et V. Ecrivons que : T=T (P, V) et déterminons la
différentielle totale de T :
T T
dT dP dV
P V V P
Injectons cette relation dans la première équation de la chaleur δQ = cV dT + ldV
T T T T
Q cV dP dV ldv Q cV dP cV l dv
P V V P P V V P
Comparons cette expression de la chaleur avec δQ = dP + dV
Il vient :
T T
cV et cV l
P V V P
Ecrivons que : P =P ( T,V ) et déterminons la différentielle totale de P :
P P
dP dT dV
T V V T
Injectons cette relation dans la première équation de la chaleur δQ = cP dT + hdP
P P P P
Q c P dT h dT dV Q c P h dT h dV
T V V T T V V T
Comparons cette expression de la chaleur avec δQ = cV dT + ldV
Il vient :
P P
cV c P h et l h
T V V T
V V V V
Q dP dT dP Q dP dT
T P P T P T T P
Comparons cette expression de la chaleur avec δQ = cP dT + hdP
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Il vient :
V V
h et c P
P T T P
La connaissance de CP et CV permet de déterminer les autres coefficients calorimétriques. Il
vient, après regroupements :
T T T T
CV ; CP ; l C P CV ; h C P CV
P V V P V P P V
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